11

E O N E T E D O U Z I E M E D R A G O N

— Alors sortons d'ici, lança Ryko.

11 hissa Dillon sur ses jambes. Le garçon semblait en proie à un profond malaise.

— Je vais bien, affirma-t-il d'un ton rude en repoussant les mains du géant.

Ryko recula.

— Je suppose que l'illusion du dragon Rat n'a pas de prise sur vous?

La voix de Dillon était basse, haineuse.

— Même si Ido puise dans mon énergie, je peux encore appeler mon dragon.

Ils se tournèrent vers moi en m'entendant m'approcher péniblement.

— Il te vide de ton pouvoir? m'exclamai-je.

Était-ce ce qu'il m'avait fait ? Était-il en mesure d'infliger ce traitement à tout le monde? Dillon hocha la tête en désignant le livre noir.

— C'est ce texte qui lui a appris la méthode.

Puis il sourit, en montrant les dents comme un animal blessé.

— Il ne sera pas content de le perdre.

Ryko observa le livre avec inquiétude.

— Eh bien, réjouissons-nous de l'avoir maintenant. Peut-être sera-t-il utile pour contrer Ido.

Il nous conduisit vers la porte. Dillon prit de l'avance, impatient de sortir de sa prison. Je le suivis tandis que Ryko fermait la marche. Mon oppression diminua lentement à mesure que nous progressions dans le couloir. À l'instant d'émerger à l'air libre, je sentis Ryko agripper mon épaule.

C'est alors qu'un coup en pleine poitrine me coupa le souffle. Je tombai à quatre pattes. Impossible de respirer. Affolée, je vis Ryko se tordre de douleur, en proie aux illusions du dragon Rat. Mon 452

C H A P I T R E 2

bras me fit soudain affreusement mal et j'essayai de trouver assez d'air pour hurler :

— Lâche-le !

A travers mes larmes, je reconnus Dillon. Il criait en tirant sur le livre noir. Il m'avait frappée. L'étau dans ma poitrine se desserra enfin, je pris une profonde inspiration. Penché sur mon corps, il tentait fébrilement de glisser ses doigts sous les perles blanches.

— Qu'est-ce que tu fabriques? demandai-je en haletant.

Je me débattis et son corps frêle s'affala lourdement sur ma hanche. Une violente douleur irradia ma jambe infirme.

— J'ai besoin d'avoir quelque chose à quoi il tienne, dit-il en tri-turant mon bras. Pour pouvoir négocier.

Devant tant de sottise, une énergie furieuse m'envahit.

— Négocier? hurlai-je. Imbécile!

J'essayai de le frapper au visage, mais il se rejeta en arrière et mon poing ne fit qu'effleurer son oreille. La folie décuplait ses forces. Il plaqua ma main sur le sol et la coinça sous son genou. Du coin de l'œil, je vis Ryko ramper vers nous, les yeux exorbités par la souffrance.

— Ido ne négociera pas avec toi, lançai-je. Il te tuera.

— C'est pour ça qu'il me faut ce livre.

Ses doigts se serrèrent comme un étau. Il tira sur les perles, et je sentis qu'elles cédaient.

— Non ! Il faut que tu viennes avec nous.

— Avec toi ? ricana-t-il. Une fille ? Un faux Œil du dragon ? Je sais tout sur toi.

Il réussit à détacher quelques perles.

— Tu n'as aucune chance contre lui.

Fermant les yeux, il respira profondément. Il allait appeler le dragon Rat.

— Non ! criai-je, affolée à l'idée qu'Ido puisse sentir sa présence.