14

 

Il marchait depuis presque trois heures, lentement, prudemment, essayant de suivre les traces dans l’obscurité croissante, quand il entendit le bruit. Il se figea sur place et retint son souffle en écoutant. C’était un bruit de soprano, émis par un être vivant… humain ou autre, qui provenait d’une grande distance ; il dura peut-être trois ou quatre secondes, s’arrêta brutalement au milieu d’une note et fut suivi d’une suite chaotique d’échos sonores. Leaphorn demeura immobile sur le sable du fond du canyon, analysant les échos qui allaient en s’affaiblissant. Une voix humaine ? Peut-être le cri aigu d’un lynx. Cela semblait provenir de l’endroit où ce canyon se jetait dans un autre, plus large, environ cent cinquante mètres plus bas. Mais que ce fût d’un côté ou de l’autre de ce second canyon, d’au-delà ou d’au-dessus, il en était réduit à des suppositions. Les échos sonores avaient été confus.

Il écouta encore un moment et n’entendit rien. Le bruit semblait avoir surpris jusqu’aux insectes et aux oiseaux du soir qui les chassaient. Il commença à courir aussi silencieusement qu’il en était capable vers la jonction des deux canyons, le murmure que faisaient les semelles de ses chaussures sur le sable produisant l’unique bruit au cœur du silence inquiétant. À l’intersection il s’arrêta, regardant à droite et à gauche. Il y avait assez longtemps qu’il se trouvait dans ces canyons pour se sentir pris d’une impression inhabituelle et dérangeante : celle d’avoir perdu tout sens de l’orientation, de ne pas savoir exactement où il était, que ce soit par rapport aux points cardinaux ou en termes de repères géographiques. Il en comprenait la cause : un horizon qui se dressait à la verticale au-dessus de sa tête ajouté aux virages constants des couloirs percés dans la roche. Le fait de le comprendre ne rendait pas cela plus facile à vivre. Lui qui ne s’était jamais égaré de sa vie ne savait pas où il était exactement. Il pouvait dire qu’il se dirigeait approximativement vers le nord. Mais il n’était pas certain de pouvoir revenir directement au hogan de Tso sans parcourir du chemin inutilement. Cette incertitude s’ajoutait encore à son sentiment de malaise général. Loin au-dessus de lui, les sommets des falaises rougeoyaient encore des derniers reflets du soleil couchant, mais dans le fond il faisait presque noir. Il s’assit sur une grosse pierre, alla chercher une cigarette dans un paquet qui se trouvait dans sa poche de chemise et la plaça sous son nez. Il inhala l’arôme du tabac puis remit la cigarette dans le paquet. Il n’allait rien allumer. Il resta simplement assis là, laissant ses sens travailler pour lui. Il avait faim. Il repoussa cette pensée. Au niveau du sol, il n’y avait plus de vent comme c’était souvent le cas au crépuscule dans le désert. Là où il se trouvait, à soixante mètres au-dessous de la surface de la terre, l’air descendait vers le fond du canyon, poussé par l’atmosphère de plus en plus fraîche qui provenait des pentes plus élevées. Il entendit le chant des insectes, la stridulation du criquet des rochers et, de temps en temps, l’appel d’une chouette. Un engoulevent passa juste à côté de lui, à la recherche de moustiques, sans se préoccuper de l’homme immobile. Une fois de plus, Leaphorn devint conscient du murmure lointain et régulier de la rivière. Le bruit était plus proche maintenant, c’était celui de l’eau sur les rochers et il était canalisé et enserré par les falaises. Pas à plus de deux kilomètres et demi, estima-t-il. Normalement, l’air sec et léger du désert ne porte que peu d’odeurs. Mais au fond du canyon il était humide de telle sorte que Leaphorn pouvait identifier l’odeur du sable mouillé, le parfum résineux du cèdre, la vague senteur des aiguilles du pin pignon, et une douzaine d’arômes trop faibles pour pouvoir être identifiés. Les dernières lueurs moururent au sommet des falaises.

Le temps passait lentement, apportant à l’homme qui attendait bruits et odeurs, mais pas la répétition du cri, si toutefois ça en avait été un, et rien qui pût lui fournir une indication sur l’endroit où Monture-en-Or avait pu aller. Des étoiles apparurent dans la tranchée au-dessus de sa tête. Une d’abord, brillant solitairement, puis une douzaine, des centaines, des millions. Les étoiles de la constellation Ursa Minor devinrent visibles et Leaphorn eut un sentiment de soulagement en sachant à nouveau avec précision dans quelle direction il allait. Tout à coup il se redressa, l’oreille aux aguets. Venant de sa gauche, plus bas dans le canyon sombre, il y avait un faible bruit rythmé. Des grenouilles qui saluaient la nuit d’été. Il marcha lentement, posant les pieds sur le sol avec précaution, s’avançant dans le canyon en direction du bruit presque imperceptible que faisaient les grenouilles. L’obscurité lui procurait un avantage. Quand bien même elle annihilait le sens de la vue, la nuit amplifiait l’importance de l’ouïe. Si elle avait gardé les secrets de Tso pendant cent ans, la grotte devait être cachée à la vue. Mais s’il y avait des gens dedans, ils feraient du bruit à moins qu’ils ne soient endormis. L’obscurité le protégerait et il pouvait progresser presque sans faire de bruit sur le sable du lit du canyon.

Mais il y avait aussi un désavantage. Le chien. Si le chien était quelque part dans le canyon même, il le sentirait à une distance de deux cents mètres. Leaphorn supposait que la grotte se trouvait en hauteur, quelque part dans la paroi de la falaise comme c’était généralement le cas pour les grottes et, avec cet air humide, son odeur ne monterait probablement pas. Si l’animal se trouvait dans la grotte, Leaphorn pouvait passer inaperçu. Il tira néanmoins son pistolet et s’avança en le tenant à la main, chien à demi armé et cran de sûreté enlevé. Il avançait, tendu, s’arrêtant systématiquement au bout de quelques mètres pour écouter et pour s’assurer que sa respiration demeurait lente et silencieuse.

Il n’entendait presque rien : le bruit léger que faisaient ses propres semelles quand il les posait prudemment sur le sable, l’aboiement distant d’un coyote qui chassait quelque part au-dessus de lui à la surface du sol, l’appel occasionnel d’un oiseau de nuit et, finalement, quand la brise du soir se leva, le souffle de l’air autour des rochers, le tout sur l’arrière-fond musical composé par le chant des grenouilles. Une fois, il sursauta en entendant la fuite soudaine d’un rôdeur. Et puis, au milieu d’une enjambée, il entendit une voix.

Il s’immobilisa, prêtant l’oreille pour continuer à entendre. Il s’était agi d’une voix masculine qui était venue de plus bas dans le canyon et avait dit quelque chose de bref. Trois ou quatre mots rapides. Un peu plus loin sur le fond du canyon il pouvait distinguer la forme d’un affleurement de granite. Le canyon s’incurvait à cet endroit-là, bifurquant brusquement vers la droite pour contourner le granite. Contre son coude, sur sa gauche, la paroi de la falaise s’ouvrait, formant une petite déclivité dans laquelle poussaient des buissons. Prendre ses repères était une précaution automatique typique de Leaphorn : il s’assura que, de jour, il pourrait retrouver cet endroit. Cela fait, il se concentra à nouveau sur ce qu’il entendait.

Dans l’obscurité, il perçut un bruit de course, et un halètement. Cela venait directement sur lui. En une fraction de seconde les glandes sécrétant l’adrénaline la déversèrent dans son sang. Il eut le temps de faire reculer le chien du pistolet avec son pouce et de lever à demi son calibre 38. Puis, surgissant des ténèbres, arriva la forme massive du molosse dont les yeux et les dents réfléchissaient la lumière des étoiles avec une blancheur humide étrange. Leaphorn parvint à se jeter de côté vers la trouée de la falaise et à tirer brusquement sur la détente. Dans le tonnerre du coup de pistolet, le chien fut sur lui. Il l’atteignit à la hauteur de l’épaule. En raison du plongeon que Leaphorn avait amorcé, l’impact se produisit suivant un certain angle. Au lieu d’être renversé sur le dos avec l’animal au-dessus de lui, il tourna latéralement sur lui-même en étant projeté contre la falaise. Les crocs du chien déchirèrent sa veste au lieu de sa gorge, et l’élan du bond l’emporta au-delà du policier navajo. Celui-ci se retrouva dans la crevasse, luttant furieusement pour escalader pierres et buissons. Le chien, grondant maintenant pour la première fois, s’était repris et pénétrait dans la crevasse à sa poursuite. Leaphorn se hissa avec l’énergie du désespoir, le chien juste en dessous de lui mais suffisamment en dessous pour que ses jambes qui se débattaient dans le vide soient en sécurité, une marge d’un mètre peut-être. Il s’agrippa de la main droite à la première racine venue et de la gauche chercha précautionneusement une prise plus haute qu’il trouva. Il se hissa en se contorsionnant et atteignit une étroite corniche. Là, le chien ne pouvait absolument pas l’atteindre. Il se retourna et regarda en bas. Dans cette crevasse, les ténèbres du fond du canyon étaient totales. Il ne distinguait rien en dessous de lui. Mais l’animal était là, son grondement était devenu un petit jappement de frustration. Leaphorn respira à fond, retint un moment son souffle avant de le relâcher, dominant sa panique. Il ressentait la nausée propre à tout organisme envahi par l’adrénaline. Il n’avait pas le temps de céder à ce malaise ni à la colère qui remplaçait maintenant la peur. N’ayant pour l’instant plus rien à craindre du chien, il était néanmoins totalement à la merci de son propriétaire. Il fit une rapide analyse de la situation. Il avait perdu son pistolet. L’animal l’avait percuté au moment où il le levait et l’avait fait tomber de sa main. Il n’avait pas, apparemment, atteint le chien, mais le bruit du coup de feu avait dû au moins le surprendre et l’assourdir… et lui donner du temps à lui. Plus besoin de s’efforcer de demeurer caché. Il décrocha la lampe-torche qu’il portait à la ceinture et examina la situation. Le chien était dressé sur ses pattes de derrière, juste en dessous de lui, les pattes de devant contre le roc. Il était aussi énorme qu’il s’y était attendu. Leaphorn n’était ni très calé sur les chiens ni particulièrement intéressé par eux, mais celui-là, estima-t-il, était un bâtard issu du croisement entre deux des espèces les plus grandes ; danois et chien-loup irlandais peut-être. Quel que soit le mélange, cela avait donné un pelage long, une taille plus haute que celle d’un homme quand l’animal était debout sur ses pattes de derrière comme c’était actuellement le cas, et une tête massive et hideuse. Leaphorn inspecta la pente qu’il avait escaladée. Elle grimpait suivant une forte déclivité : apparemment une ancienne fente causée dans la falaise par une secousse sismique. Des eaux de ruissellement s’y étaient déversées, des débris y étaient tombés, et un assortiment de cactus, de buissons de créosote, d’herbe-aux-lapins et d’herbes diverses avaient pris racine au milieu des rochers. L’endroit avait deux avantages : il offrait une cachette et était trop pentu pour que le chien puisse monter. Son désavantage l’emportait largement sur eux. C’était un vrai piège. La seule sortie était du côté du chien. Leaphorn chercha de la main autour de lui une pierre qui ait la taille adéquate pour servir de projectile. Celle qu’il parvint à desceller d’entre les deux rochers sur lesquels il était perché était plus petite qu’il ne le souhaitait, environ de la taille d’une petite orange écrasée. Il fit passer sa torche dans sa main gauche, la pierre dans la droite et observa sa cible. Le chien avait recommencé à gronder. Ses dents et ses yeux luisaient en réfléchissant la lumière. Il fallait qu’il le touche au front, et qu’il le touche fort. Il lança la pierre.

Elle sembla atteindre le chien entre l’œil gauche et l’oreille. L’animal poussa un gémissement et battit en retraite sur la pente.

Au début il crut que le chien avait disparu. Puis il le vit ; la lumière se reflétait dans ses yeux, juste à l’extérieur de l’entrée de la crevasse. Toujours à bonne portée de cailloux. Il chercha une autre pierre derrière lui, puis éteignit brusquement sa lumière. Sur le lit du canyon, derrière le chien, il voyait une faible lueur ; la lumière d’une torche qui dansait au rythme des pas de la personne qui la tenait.

— Voilà le chien, dit une voix. Ne dirige pas la lumière sur lui, Tull. Ce salopard a un pistolet.

Le faisceau de la torche s’éteignit brusquement. Leaphorn se mit à grimper lentement en silence. Il entendit la même voix parler doucement au chien. Puis une seconde voix :

— Il doit être dans cette crevasse, là, dit l’homme appelé Tull. Le chien l’a forcé à se réfugier en hauteur.

La première voix dit :

— Je te l’avais bien dit que ce chien gagnerait sa pitance.

— Jusqu’à maintenant il a été emmerdant, déclara Tull. Il me fout la trouille, cette espèce de saloperie.

— Ça ne risque absolument rien. Lynch l’a dressé lui-même. C’était la vedette de Safety Systems. (Il rit.) En tout cas, avant que je commence à lui refiler de la nourriture en douce.

— Bordel ! fit Tull. Regarde sur quoi je viens de poser le pied. C’est son flingue ! Le chien a arraché le flingue de ce salaud-là.

Il y eut un court silence.

— C’est bien celui-là, dit Tull. Il a servi.

La torche se ralluma. La main de Leaphorn, au bout de son bras tendu, explorait une ouverture entre les rochers. Il se hissa encore plus haut dans la fente, se redressa en faisant attention et regarda en bas. Il vit un rond de lumière sur le fond sableux du canyon ainsi que les jambes de deux hommes. Puis la lampe fut braquée vers le haut, son faisceau se déplaçant sur les rocs et la végétation en dessous de lui. Il se baissa à nouveau. Le faisceau lumineux passa, éclairant de son reflet l’endroit où il se tenait. Sur la gauche de l’emplacement où il était accroupi, et au-dessus de lui, un immense pan de rocher s’était détaché de la paroi de la falaise. Derrière, il serait plus à l’abri et il y avait la faible possibilité qu’il trouve un passage pour escalader jusqu’en haut.

La première voix criait dans sa direction.

— Tu ferais aussi bien de descendre ! disait-elle. On va tenir le chien.

Leaphorn demeura silencieux.

— Allez, reprit la voix. Tu ne peux pas sortir de là et si tu ne descends pas ça va finir par nous foutre en colère.

— On veut juste te parler, dit la voix de Tull. Qui tu es, bon Dieu, et qu’est-ce que tu fous ici ?

Les voix se turent, attendant une réponse. Les mots résonnèrent des deux côtés du canyon puis moururent.

— C’est une arme de la police, dit la première voix. Un calibre 38. Il n’y a eu qu’un seul coup de tiré. Celui qu’on a entendu.

— Un flic ?

— Ouais, c’est ce que je dirais. Peut-être celui qui est venu tourner autour du hogan du vieil homme.

— Il va pas descendre, dit Tull. Je crois pas qu’il descende.

— Non, dit Première Voix.

— Tu veux que j’aille le chercher ?

— Bon Dieu, non. Il t’écraserait le crâne avec une pierre. Il est plus haut que toi et tu ne verrais même pas le coup venir dans le noir.

— Ouais, fit Tull. Alors on attend le matin ?

— Non. On aura des choses à faire, demain matin, répondit Première Voix.

Puis le silence s’installa. Le faisceau lumineux fouilla la crevasse de plus en plus haut, oscillant de droite à gauche, atteignit la cachette de Leaphorn puis monta encore. Leaphorn se retourna et regarda vers le haut. Loin au-dessus de lui la lumière jaune se réfléchissait sur des portions de falaise intactes. Mais la fissure, vit-il, montait jusque tout en haut.

Quatre pas prudents à découvert et la lumière l’épingla. Il grimpa désespérément, aveuglé par la lumière, vers la crevasse située derrière le pan de rocher. Des coups de feu retentirent soudain, assourdissants dans cet espace confiné, et des balles sifflèrent en ricochant sur la pierre autour de lui. Puis il fut derrière le pan de rocher, la respiration haletante, tandis que la lumière de la torche se réfléchissait sur la falaise.

— Qu’est-ce que t’en penses ? demanda Tull.

— Merde. Je pense qu’on l’a raté.

— C’est sûr qu’y va pas descendre maintenant, dit Tull.

— Hé ! mon mec ! dit Première Voix. T’es coincé dans ton trou. Si tu ne descends pas on va foutre le feu aux buissons qui sont là et te forcer à sortir. T’entends ?

Leaphorn ne répondit pas. Il envisageait les différentes possibilités. Il était certain que s’il sortait ils allaient le tuer. Est-ce qu’ils allaient faire un feu ? Peut-être. Est-ce qu’il pourrait survivre en restant là ? Cette fente le protégerait en partie des flammes, mais le feu monterait en rugissant dans la crevasse un peu comme dans une cheminée et consumerait l’oxygène. S’il ne mourait pas à cause de la chaleur, ce serait de suffocation.

— Vas-y, allume-le, dit Première Voix. Je t’ai dit qu’il ne va pas descendre.

— Ouais, mais merde, dit Tull. Un feu ça risque pas d’attirer du monde dans le coin ?

Première Voix rit.

— La seule lumière qui va sortir de ce canyon va monter à la verticale, dit-il. Il n’y a personne pour la voir à soixante-cinq kilomètres à la ronde, et d’ici le matin, toute la fumée se sera dissipée.

— Voilà de l’herbe sèche, dit Tull. Une fois qu’elle aura pris, ce qui est humide brûlera aussi. C’est pas si mouillé que ça.

Leaphorn avait pris sa décision sans le faire de manière consciente. Il ne descendrait pas pour se faire truffer de plomb. Les hommes, en dessous de lui, allumèrent le brasier dans un tapis de broussailles et de bouts de bois que les eaux avaient charriés et qui s’étaient coincés à l’entrée de la crevasse. En quelques instants, l’odeur des buissons de créosote et de la résine de pin pignon en feu atteignit les narines de Leaphorn. Le feu en bas devait faire un écran devant le champ visuel des deux hommes. Il les regarda. Le chien qui se tenait à côté d’eux recula de manière inquiète devant les flammes, mais toujours en gardant les yeux levés : ses oreilles pointues étaient dressées et ses yeux étaient jaunes à la lumière du foyer. Sur sa gauche se tenait un solide gaillard avec un pantalon et une veste en jean. Il avait un fusil automatique de l’armée posé sur le bras et se servait de sa deuxième main pour se protéger le visage de la chaleur. Son visage paraissait tout de travers, déformé par quelque chose, et le seul œil que Leaphorn pouvait voir regardait vers le haut dans sa direction avec curiosité. Tull. L’autre homme était plus petit. Il portait une chemise à manches longues mais pas de veste, avait des cheveux noirs coupés assez court, et les flammes se reflétaient sur la monture en or de ses lunettes. Et derrière les verres Leaphorn vit un visage navajo vide d’expression. La lumière était faible et vacillante, cette vision avait été fugitive et les lunettes à monture en or avaient pu entraîner son imagination trop loin. Mais Leaphorn se retrouva confronté au fait que l’homme qui essayait de le tuer ressemblait au frère Benjamin Tso de l’ordre des Moines Mineurs.