Préface

 

Shinji, fils de pêcheur et orphelin, dans une petite île du Japon, tombe amoureux de Hatsue, fille de pêcheur aussi, mais de famille infiniment plus aisée. Leurs amours presque enfantines — ils ont quinze et seize ans —, d’abord clandestines et chastes, deviennent impossibles, à cause de la calomnie et de la jalousie d’une fille amoureuse de Shinji. On essaie de les séparer. Ils résisteront.

C’est un roman d’une fraîcheur extraordinaire, dans une atmosphère de bois de pins et de grand vent, dans une odeur d’embruns, un vacarme de tempête, et la paix des beaux jours lorsque la mer est calme. Le moins surprenant n’est pas que ce Daphnis et Chloé de l’autre bout du monde soit dû au romancier cruel, féroce même, du Pavillon d’Or et du Marin rejeté par la mer.

Yukio Mishima (pseudonyme de Kimitake Hiraoka) est né en 1925 à Tôkyô. Son œuvre littéraire est aussi diverse qu’abondante : essais, théâtre, romans, nouvelles, récits de voyage. Il a écrit aussi bien des romans populaires qui paraissaient dans la presse à grand tirage que des œuvres littéraires raffinées. Il a joué et mis en scène un film qui préfigure sa propre mort.

Il avait obtenu les trois grands prix littéraires du Japon. Il avait écrit son grand œuvre, une suite de quatre romans qui porte le titre général de La Mer de la Fertilité. En novembre 1970, il s’est donné la mort d’une façon spectaculaire, au cours d’un seppuku, au terme d’une tentative politique désespérée qui a frappé l’imagination du monde entier.