Vers une compréhension holistique
et holographique
des phénomènes psychiques
6.1. DANS LE VIDE RÉSIDE L’ORDRE, ET DE L’ORDRE NAÎT LA CONSCIENCE
L’ordre implicite n’est pas une création exclusive des théories et des hypothèses de David Bohm, mais il peut trouver une confirmation peut-être plus concrète dans une autre déduction – cette fois aussi bien théorique qu’expérimentale – de la mécanique quantique. Il s’agit du « champ du point zéro », cet immense océan d’énergie en constante ébullition, également appelé « mousse quantique » que le physicien hollandais Hendrick Casimir parvint à découvrir avec une célèbre expérience où deux plaques très proches l’une de l’autre étaient soumises à une pression anormale. Cette pression était provoquée par l’énergie du vide qui génère des fluctuations, dont l’une pourrait avoir généré l’univers même. En effet, la compréhension que Bohm avait de la réalité physique finit par prendre en considération ce concept de vide qui est aussi pris en compte dans d’autres approches de la physique et qui constitue le noyau central des religions orientales, le « prana ». Pour Bohm, l’espace ne représente pas un vide géant à travers lequel évolue la matière, mais l’espace dans toutes ses parties est aussi réel que la matière qui évolue à travers lui. L’espace et la matière sont intimement liés. En effet, des calculs effectués sur la quantité connue comme « énergie du champ zéro » suggèrent que chaque centimètre cube d’espace vide contient plus d’énergie que toute la matière connue dans l’univers, tandis que les modèles actuels de physique théorique et de cosmologie prévoient que l’« énergie obscure » provienne directement du vide et constitue 73 % de l’énergie produite par l’univers. Ces résultats ne laissaient pas Bohm indifférent, lui qui trouva un lien entre cet immense océan d’énergie apparemment vide et ce règne infini et caché qu’il appelait l’ordre implicite. L’énergie qui jaillit mystérieusement du vide est la manifestation d’un monde latent, hyperdimensionnel et atemporel, où réside la conscience de l’univers. Le monde latent est donc le siège de la création et le mouvement holographique n’est autre que le processus de la création. Les processus de matière/énergie du monde manifesté dans lesquels nous vivons et les processus d’information active qui proviennent du monde latent montrent que ces deux mondes sont intimement liés. Dans cette vision, la conscience même, celle que l’humanité aussi peut pénétrer dans son essence la plus intime à travers l’élaboration des processus de la pensée, n’est autre que le pilote de la réalité. À ce propos, Bohm affirmait :
À un niveau très profond, la matière et la conscience sont complètement inséparables et liées, exactement comme dans un jeu vidéo où le joueur et l’écran sont unis par la participation à un processus commun. Dans cette perspective, l’esprit et la matière sont deux aspects d’un seul et même tout et ne sont pas plus séparables que ne le sont la forme et le contenu. À des niveaux plus profonds, la conscience de l’humanité est une. C’est une certitude virtuelle car dans le vide aussi, la matière est une, et si nous ne le voyons pas, c’est parce que nous sommes aveugles devant cette réalité… Je voudrais dire que dans mon travail scientifique et philosophique, mon intérêt principal a été de comprendre la nature de la réalité en général et de la conscience en particulier comme un tout cohérent, qui n’est jamais statique et complet, mais qui est un processus sans fin de mouvement et d’ouverture… Comme une observation attentive le montre, il est possible de sentir un sens de flux dans le courant de la conscience qui n’est pas différent du sens de flux dans le mouvement de la matière en général. La pensée ne pourrait-elle donc pas être une partie de la réalité comme un tout ?
David Bohm a bien démontré dialectiquement que la réalité physique consiste réellement en une réinterprétation de la réalité qui va bien au-delà de la nouvelle physique révolutionnaire du début du XXe siècle. Les physiciens contemporains peuvent aussi ignorer le travail de Bohm (comme beaucoup l’ont fait), mais ils ne peuvent échapper à ses conséquences. L’approche scientifique de Bohm vise la recherche de la vérité et, avec la reformulation du concept d’« ordre » en physique, il a ouvert les fondements épistémologiques de la science. En utilisant ses profondes intuitions, il a conçu une réalité qu’il faut saisir en suivant un parcours « ontologique » qui a sa racine dans l’ordre implicite et dans le mouvement holographique. Dans cette conception, celle qu’on appelle l’« épistémologie », qui est l’étude de ce que nous savons et de la façon dont nous le savons, est entièrement remplacée par l’« ontologie », qui est justement l’étude de ce qui existe réellement. Cette étude n’est possible que si le penseur se fond avec la pensée. Une conception qui, pour l’instant, ne peut être définie comme une théorie, mais seulement comme une hypothèse ; une hypothèse pourtant si puissante et prenante, et qui présente des analogies déconcertantes avec des découvertes réelles de la physique comme l’énergie du point zéro ou la multidimensionnalité de la théorie des supercordes, qu’elle peut bouleverser les bases mêmes de la physique. Il ne s’agit pas d’une nouvelle façon de penser la physique, mais de fait d’une nouvelle physique.
L’aspect certainement le plus déroutant de la pensée de Bohm, c’est que l’ordre implicite n’est pas seulement une réalité hyperdimensionnelle qui gouverne le monde de la matière, mais qu’il représente le siège même de la conscience et de tous les phénomènes qui lui sont liés. Comme le monde latent n’est autre que l’« intériorité » de l’univers qui interagit directement avec le monde manifesté dont nous sommes apparemment les observateurs passifs, la physique de Bohm prévoit non seulement l’existence d’une intériorité consciente, une entité intelligible avec la nouvelle physique, mais aussi une interaction directe et continue entre cette intériorité et l’état conscient de l’univers, c’est-à-dire le monde manifesté dans lequel nous vivons. L’ordre implicite rappelle certainement beaucoup l’« inconscient collectif » de Carl Gustav Jung, dont une grande partie ne peut être révélée au niveau conscient. Par exemple, les archétypes ne peuvent être directement appréhendés, si ce n’est sous la forme de symboles qui apparaissent dans l’art, les rêves et dans différentes cultures. Il semble alors que l’œuvre de Bohm représente un effort pour rendre philosophiquement et (en perspective) scientifiquement intelligible ce que Jung avait pressenti dans son activité de psychologue analytique, un effort qu’avait aussi entrepris, même si par des chemins différents, son collègue physicien Wolfgang Pauli, mais que Bohm développe sur une échelle plus grande du point de vue conceptuel. Bohm se rattache ainsi à la pensée de Jung :
En étendant le concept de totalité à l’homme, nous voyons que chaque être humain participe de façon inséparable à la société et à la planète comme un tout. Ce qu’il est possible de suggérer ultérieurement, c’est qu’une telle participation se réalise dans un esprit collectif plus grand, et peut-être à la fin dans un esprit d’une portée encore plus vaste qui en principe soit aussi capable d’aller indéfiniment au-delà de l’espèce humaine comme un tout. Cela peut être corrélé à certaines des notions proposées par Jung.
6.2. PHÉNOMÈNES PSYCHIQUES ET AUTRES BIZARRERIES SONT L’EXPRESSION D’UN HOLOGRAMME
Bohm aspirait à construire une théorie réelle du tout. Son objectif était de parvenir à la formulation d’un modèle mathématique, mais il était auparavant nécessaire de bien comprendre tous les aspects du problème. Il se peut que l’une des prochaines étapes de la physique théorique consiste justement à mieux développer les calculs de la topologie algébrique pour créer la véritable théorie du tout, celle qui, en considérant observateur et observé, penseur et pensée, comme un ensemble lié, puisse permettre de détailler minutieusement le concept de conscience non pas comme une entité séparé de l’univers, mais comme un facteur lié à la matière et à l’énergie, exactement comme la photosynthèse chlorophyllienne est le résultat de l’interaction de la lumière avec la matière biologique. Cela pourrait aussi être une métaphore qui, apprise directement des phénomènes naturels, nous enseigne que la lumière est le meilleur symbole en mesure de représenter le concept de conscience.
Mais si la conscience est ce principe générateur qui, en provenant de l’ordre implicite, crée un lien avec l’ordre explicite de notre réalité évidente, si l’ordre implicite est le règne où opère le potentiel quantique, et si le potentiel quantique opère de façon non locale (c’est-à-dire instantanée) en mettant l’univers dans son ensemble en communication avec lui-même, alors la conscience, en se fixant à toutes les créatures, peut fonctionner comme moyen de communication entre tous les êtres de l’univers à travers un processus d’« association » qui concerne tout l’être, et où la pensée et la sphère émotionnelle se compénètrent de façon complète.
C’est sous cet aspect que les « pouvoirs phychiques » comme, par exemple, la synchronicité, la clairvoyance, la vision à distance, la télépathie et la psychokinésie, peuvent être considérés comme des manifestations de cette conscience universelle qui réside dans l’ordre implicite. En effet, Bohm, dans la seconde partie de sa vie, notamment durant sa relation avec Krishnamurti et parallèlement à son effort avec les techniques de topologie algébrique pour créer une thèse quantitative du mouvement holographique, prit les pouvoirs psychiques en considération comme de possibles « preuves expérimentables » de phénomènes non locaux générés directement par le potentiel quantique. Le déclenchement du phénomène psychique a lieu à des niveaux de réalité où les consciences qui interagissent semblent se comporter comme deux électrons dans un système quantique. La comparaison avec le paradoxe EPR est immédiate. Bohm pensait que l’électron était une entité très complexe qui n’a rien à voir avec un point sans structure. Les électrons, tout comme toutes les particules subatomiques, sont capables d’utiliser des informations, celles qu’ils reçoivent du potentiel quantique et donc de l’ordre implicite. L’électron répond à un « sens » inhérent à l’information qu’il reçoit : il s’agit donc d’une caractéristique non seulement de la conscience, mais de toute la matière. D’après Bohm, cette union intrinsèque de la conscience et de la matière, peut par exemple fournir une explication possible des phénomènes de psychokinésie. Il affirme :
Sur cette base, la psychokinésie pourrait avoir lieu si les processus mentaux d’une ou de plusieurs personnes étaient à nouveau focalisés sur des “sens” qui sont en harmonie avec les processus de base qui pilotent les systèmes matériaux dans le cadre desquels cette psychokinésie doit être enclenchée.
Il faut bien se rappeler que la psychokinésie, d’après Bohm, ne s’active pas comme un processus causal, c’est-à-dire comme une séquence de causes et d’effets, qui est une relation typique qui concerne toutes les forces connues de la physique standard. Au contraire, elle serait le résultat d’un type de « résonance de sens » aux caractéristiques inévitablement non locales, ou un type d’interaction non locale semblable – mais pas la même – à celle qui permet à un couple de photons jumeaux de manifester le même angle de polarisation. Pour être exact, Bohm pensait que des phénomènes comme la télépathie et la psychokinésie n’étaient pas un simple phénomène de non-localisation quantique comme celui que l’on relève dans le paradoxe EPR, mais une forme plus profonde et complexe de non-localisation, une espèce de « super non-localisation ». Il est de plus important de souligner que pour Bohm, les « phénomènes paranormaux », même s’ils sont en apparence impossibles à connaître selon le paradigme de la physique standard, ne faisaient pas partie du domaine de l’irrationnel, mais peuvaient être compris comme une science dans le cadre du modèle holographique. En effet, Bohm refusait l’existence de l’irrationnel, parce qu’elle allait contre la connaissance de type informatif de l’univers. Cet « irrationnel dans la matière » qui avait été identifié par son éminent collègue Wolfgang Pauli, notamment lorsqu’il étudiait avec Jung le phénomène de la synchronicité, était selon Bohm explicable dans le cadre d’un modèle largement exhaustif de l’univers, un modèle dont la « causalité » se réalise dans l’action d’un potentiel quantique et ses effets non locaux. Donc, les phénomènes psychiques aussi, même si de façon plus complexe que les phénomènes standards de la mécanique des quanta, s’articulent à partir du monde implicite, même si ce n’est pas à travers du déterminisme mécaniste de l’école newtonienne.
En considérant les conséquences de ses recherches, il n’est pas surprenant que Bohm se soit aussi profondément intéressé au paranormal. En effet, avec ses autres collègues physiciens qui collaboraient avec la Society for Psychical Research, il suivit avec enthousiasme les expériences avec le médium Uri Geller tandis que ce dernier affirmait pouvoir plier les métaux avec son esprit. Il s’aperçut toutefois rapidement que c’était un terrain miné pour un physicien, et son collègue Basil Hiley l’aida délicatement à ne pas se laisser embobiner par qui affirmait, avec une suffisance louche, avoir des pouvoirs psychiques. Bohm était tellement intéressé, en tant que théoricien, à démontrer l’unité entre l’esprit et la matière, qu’il était souvent disposé à tenir pour vrai toutes les expériences alors que de nombreuses n’étaient que des trucages. De toute façon, et même si l’on tient compte des données crédibles, les expériences avec Geller ne conduisirent à aucun résultat positif. Les intuitions de Bohm sur les phénomènes psychiques étaient sans aucun doute fondées, mais les « réponses expérimentales » étaient à l’époque minées par un rapport signal/bruit résolument trop faible pour pouvoir être pris au sérieux.
Aujourd’hui, en particulier avec des recherches très sérieuses menées au PEAR Lab de Princeton, par des physiciens et des chercheurs comme Russel Targ, Harold Puthoff, Robert Jahn et Brenda Dunne, ces réponses expérimentales semblent avoir plus de fondements, même s’il semble malheureusement que les hypothèses théoriques qui sont à la base de la physique et métaphysique de David Bohm, ne se soient pas développées de conserve au point de permettre une confrontation directe entre la théorie et l’observation (c’est et cela restera la façon de faire en physique). De toute façon, dans l’attente que quelqu’un reprenne en main la théorie de Bohm pour poursuivre d’où il s’était arrêté, il existe déjà des données expérimentales qui semblent prouver l’interaction entre l’esprit et la matière. Les résultats montrent qu’il existe de fait une espèce d’« intention mentale » aux caractéristiques collectives en mesure d’influencer la distribution moyenne d’un générateur de nombres aléatoires. Cela confirme expérimentalement le concept selon lequel l’esprit humain peut influencer directement les distributions de probabilités qui sont à la base des processus quantiques. C’est très significatif car les distributions de probabilité quantique sont de véritables « champs d’information non physiques » qui possèdent des propriétés spatio-temporelles non locales. Le lien avec le concept de potentiel quantique élaboré par Bohm semble très étroit, mais pour l’instant il ne l’est qu’au niveau qualitatif car il manque encore un modèle théorique quantitatif en mesure de décrire de manière consistante la dynamique des phénomènes psychiques dans le cadre d’un ordre implicite où il n’existe pas de séparation spatiale ou temporelle.
6.3. LE CERVEAU COMME HOLOGRAMME
Le scientifique d’autres disciplines qui a fourni le support le plus important au modèle holographique de David Bohm est sans aucun doute le neurophysiologue américain Karl Pribram de l’université de Stanford. Au cours de ses activités indépendantes dans le domaine de la recherche sur le cerveau, Pribram aussi s’est convaincu de la nature holographique de la réalité. Il a été poussé à développer ce modèle, le même que Bohm a développé en physique, pour étudier où et comment la matière était stockée dans le cerveau. Pendant des dizaines d’années, de très nombreuses recherches ont montré que plutôt qu’être confinées dans une région particulière, les mémoires semblent littéralement dispersées à travers le cerveau. La façon dont le cerveau codifie les mémoires est une énigme des neurosciences. Le cerveau ne fonctionne pas comme le disque dur d’un ordinateur : si on en enlève une partie, la mémoire n’est pas perdue, mais transférée à d’autres régions. En 1960, Pribram tomba sur le concept d’holographie et se rendit compte qu’il avait trouvé l’explication à ce mystère que les neuroscientifiques avaient cherché jusqu’à cet instant. Ce fut ainsi que Pribram proposa un modèle holographique pour le cerveau, sur la base d’une explication théorique de la façon dont les impulsions neurales sont relevées et emmagasinées à la surface du cerveau. Pribram parvint en effet à la conclusion que les mémoires ne sont pas codifiées dans les neurones, ou en petits groupes de neurones, mais sous forme d’impulsions nerveuses qui se croisent dans tout le cerveau comme les dessins d’interférence de lumière laser se croisent dans toute la région d’un morceau de pellicule contenant une image holographique. En d’autres termes, Pribram en arrive à conclure que le cerveau est un hologramme. Le modèle holographique de Pribram est en mesure d’expliquer aussi comment le cerveau peut traduire l’avalanche de fréquences qu’il reçoit à travers les sens (fréquences de lumière, fréquences sonores et ainsi de suite) dans le monde concret de nos perceptions. Coder et décoder des fréquences est exactement ce que fait un hologramme. Ce dernier fonctionne comme une espèce de « lentille », une espèce de système de traduction en mesure de convertir un amas de fréquences apparemment sans signification dans une image cohérente. Pribram pense que le cerveau fonctionne de la même façon et utilise des principes holographiques pour convertir mathématiquement les fréquences qu’il reçoit à travers les sens dans le monde interne de nos perceptions. Le modèle de Pribram a sûrement reçu plus de soutien parmi les neurophysiologues que parmi les physiciens. Mais Pribram, en plus de traiter le même modèle holographique que Bohm, en explique en détail certains aspects. Le caractère le plus surprenant du modèle holographique cérébral de Pribram s’exprime quand on le compare à la théorie de Bohm. Si l’aspect concret du monde n’est autre qu’une réalité secondaire et si ce qui se passe est effectivement une apparence confuse de fréquences, et si le cerveau est aussi un hologramme qui sélectionne certaines de cette masse de fréquences et les transforme mathématiquement en perceptions sensorielles, alors que reste-t-il de la réalité objective ? Elle cesse d’exister. Cela rappelle un peu ce que disent les religions orientales lorsqu’elles affirment que, sous le nom de Maya, le monde matériel n’est qu’une illusion, même si nous pouvons penser que nous sommes des êtres physiques qui évoluent dans le monde physique. Cela aussi est une illusion. Et alors, nous ne sommes rien d’autre que des « récepteurs » qui fluctuent dans un kaléidoscope de fréquences, et ce que nous extrayons de cet océan d’informations et que nous transformons dans la réalité physique de tous les jours n’est autre qu’un canal parmi tant d’autres qui peuvent être extraits d’un super hologramme. C’est peut-être le système culturel même dans lequel nous sommes plongés, un système qui nous rend souvent aveugles par rapport à des méthodes alternatives de perception de la réalité, qui nous pousse à choisir un canal préférentiel. La perception et le décodage d’un canal particulier d’information pourraient donc dépendre d’un acte intentionnel de notre part lié à des conditionnements sociaux. Mais si cet acte intentionnel s’orientait dans une autre direction, quelle information notre cerveau décoderait-il ?
6.4. HOLOGRAMMES CÉRÉBRAUX QUI ATTIRENT D’ÉTRANGES FRÉQUENCES
Ce nouveau cadre révolutionnaire de la réalité, qui représente la synthèse des visions du physicien théoricien David Bohm et du neurophysiologue Karl Pribram, a conduit à la création d’un nouveau paradigme, le « paradigme holographique », et même si de nombreux scientifiques ont fait preuve de scepticisme à son sujet, beaucoup d’autres, parmi lesquels l’éminent astronome britannique Martin Rees, l’ont considéré favorablement au point de développer ultérieurement ce modèle. Ces scientifiques de la nouvelle ère de l’humanité, un groupe de plus en plus important, pensent que c’est le modèle qui se rapproche le plus de la réalité. Ce qui esttrès intéressant et déconcertant, c’est que le modèle holographique peut résoudre certains mystères – justement les phénomènes psychiques – qui n’ont jamais été expliqués par la science. Dans cette perspective, ce qui pour l’instant est à tort défini comme « paranormal » pourrait devenir une partie des lois naturelles, une nature très hétéroclite, mais entièrement représentable par les lois physiques, dont bon nombre transcendent encore notre compréhension. Que se passe-t-il si, de cette cascade de fréquences qu’il reçoit, le cerveau extrait des canaux d’information différents de ceux qu’il acquiert normalement ? Il pourrait accéder à d’autres niveaux de réalité, avec lesquels il pourrait communiquer, semble-t-il, de manière non locale.
Mais si l’interaction non locale œuvre parmi tous les esprits qui parviennent à décoder correctement le contenu informatif transmis par certains canaux cérébraux, alors, justement en raison de la loi de non-localisation, toutes les créatures de l’univers peuvent participer à ce processus, quelle que soit la distance à laquelle elles se trouvent. Cela pourrait expliquer les présumées communications télépathiques advenues entre certaines personnes très douées et de possibles « entités extraterrestres ». Ce mécanisme – contrairement à ce que soutiennent les procédures standard du projet SETI (Search for Extraterrestrial Intelligence) selon lesquelles seules l’émission et la réception de signaux électromagnétiques de civilisations technologiques vivant sur des planètes lointaines sont possibles – pourrait être le modèle standard de communication entre des civilisations intelligentes et conscientes de l’univers. Une méthode qui, à la différence des signaux électromagnétiques conçus par la physique classique qui ne se propagent qu’à la vitesse de la lumière, permettrait une communication réellement instantanée. Cela reviendrait à mettre à profit les merveilleux mécanismes générés dans l’ordre implicite de Bohm. Le physicien nucléaire George Linhart évoque également cette possibilité, parmi d’autres grands sujets plus classiquement bio-astronomiques, dans son livre très original qui traite de la vie extraterrestre.
Cela est sans aucun doute un domaine qui à l’avenir pourrait fournir des réponses au modèle de Bohm. Mais comme le modèle de Bohm, qui par sa nature prévoit l’existence d’une réalité multidimensionnelle, évoque aussi la possibilité de plusieurs niveaux de réalité, la communication télépathique pourrait avoir lieu non seulement entre des intelligences qui résident sur des planètes lointaines dans notre univers, mais aussi entre des intelligences qui vivent dans des dimensions différentes ou, comme le prévoit l’astronome Martin Rees, dans des univers différents qui ensemble constitueraient une mégastructure cosmique dénommée « multivers ».
Mais la non-localisation ne s’arrêterait pas à la communication d’information. Le psychisme pourrait accéder directement au champ du point zéro et, en y puisant de l’énergie, créer des formes matérielles ou énergétiques dans n’importe quel point de l’univers et où que se trouve l’esprit qui s’est connecté au champ. Des hypothèses de ce genre sont étudiées par différents chercheurs comme, par exemple, le scientifique et ex-astronaute Edgar Mitchell. Ce dernier, sur un plan pour l’instant purement spéculatif, mais en soi légitime, pense que tous les phénomènes psychiques comportent un effet de résonance non local entre le cerveau et le vide quantique, et qu’ils permettent donc d’accéder à un contenu informatif directement à partir de la même structure holographique de l’univers. De ce point de vue, il est possible d’expliquer aussi bien la psychokinésie que la perception extrasensorielle en général, mais aussi les voyages astraux, les expériences de mort imminente, les visions, les apparitions et aussi la preuve éventuelle de la réincarnation. Toutefois, Mitchell aussi ne développe ces idées que sous forme d’hypothèses, du moment où il est bien conscient que cette spéculation n’a pas encore été confirmée par de nouveaux modèles physiques.
Dans ce domaine, c’est-à-dire dans l’étude scientifique du paranormal, aujourd’hui encore sont menées de nombreuses recherches, , notamment celles pressenties par Bohm et examinées du point de vue neurophysiologique par Pribram, dans l’espoir (chez certains, on peut parler de foi) que le paranormal rentre dans un modèle descriptible des lois de la physique, de la biophysique et de la neurophysiologie. Dans un univers où les cerveaux individuels sont réellement des portions indivisibles d’un hologramme plus grand et où chaque chose est liée de façon non locale, où un champ quantique guide la réalité, la télépathie pourrait elle-même être considérée comme la porte qui conduit au niveau holographique de la réalité.
Le biologiste Rupert Sheldrake dans sa théorie de la « résonance morphogénétique », qui unirait tous les êtres vivants dans une symbiose profonde avec de possibles effets télépathiques, s’inspira beaucoup de la théorie de Bohm sur l’ordre implicite. Il parla souvent avec Bohm et considéra que l’ordre implicite n’était autre qu’une reformulation du « monde des idées » de Platon.
Le paradigme holographique de Bohm/Pribram peut être élargi à la biologie de l’être humain et notamment à la médecine. Si l’apparente structure physique de notre corps n’est autre qu’une projection holographique de la conscience, il est clair que chacun de nous est plus ou moins responsable de sa santé, tandis que la médecine traditionnelle n’agirait que sur les effets, mais pas sur les causes qui génèrent le mal. De ce point de vue, même les guérisons miraculeuses de maladies incurables pourraient être dues à des processus dynamiques de la conscience qui à leur tour génèrent des processus dynamiques ou des changements dans l’hologramme du corps.
Si nous prenons conscience que toute la réalité se fonde sur un gigantesque hologramme auquel nous sommes liés en tant que récepteurs, alors il semble ne pas y avoir de limites à notre capacité d’altérer la structure de la réalité, ce qui revient à dire que nous ne sommes pas de passifs observateurs d’un univers qui fonctionne à retardement – celui décrit par la physique traditionnelle quand elle se concentre sur l’ordre explicite en ignorant l’ordre implicite – mais, si nous nous laissons guider par un acte intentionnel, les créateurs de cette réalité.
On peut sans aucun doute déduire tout cela de la physique et de la métaphysique de David Bohm, lui qui a posé les bases philosophiques et scientifiques qui pourraient permettre à l’humanité du futur d’accomplir ce qui est souvent défini comme un « saut quantique » vers une connaissance plus élevée de la réalité. Une réalité non seulement connue, mais aussi directement vécue en tant que citoyens de l’univers.