CHAPITRE VIII











Le cosmonef filait vers Polaris III. L’équipage des corsaires-vampires convoyait les rescapés du « Pou-de-l’Espace », dont l’épave était demeurée sur Wra, et, à bord, on avait soigneusement arrimé le précieux anthropotron, qu’il importait de ramener sur la Terre.

Le chef des forbans, lui-même, pilotait. Il avait mis un de ses navires à la disposition de Martinez. Dompté par le supplice de l’immortalité, son âme délivrée empreinte d’un gratitude inconnue envers ceux qui avaient daigné faire cesser un pareil état, il était prêt à tout pour les satisfaire. Aussi les mènerait-il jusqu’à la planète habitée la plus proche. On débarquerait le physicien et son équipe à proximité d’une cité, d’où ils pourraient ensuite se faire rapatrier vers le système solaire.

Martinez était songeur. Il avait sauvé l’anthropotron et il pensait que son appareil original, le colosse double, l’attendait dans son atelier-laboratoire.

Mais oserait-il, de nouveau, envoyer des humains au-delà du mur de la lumière ?

Il avait eu la grande peine de voir mourir l’ingénieur Wasil, puis Dan, l’astronavigateur. Leurs corps étaient demeurés sur Wra. Rescapés du méta-temps, ils n’avaient pu se réaccoutumer à la vie du Cosmos. Du moins pouvait-on espérer que leurs âmes étaient retournées dans une éternité de paix, autre chose que la conservation sans espoir de la banale existence humaine.

Ginelli pouvait respirer, en songeant qu’un jour viendrait où il aurait, lui aussi, la satisfaction de voir finir les tourments de la vie, et Axel Steef, lui, à l’opposé de son compagnon, était avide de recommencer, sur la planète-patrie, une existence dont il n’avait pas su apprécier l’avantage.

Jim et Diane, eux, ne se souciaient guère de retourner plus loin que la lumière. Le présent leur suffisait.

Avec Martinez, ils pouvaient se féliciter de leur action sur le chef des corsaires-vampires, origine de leur salut.

— Tout de même, remarqua Jim, si les autres avaient refusé de nous croire, ou de nous obéir… s’il avait fallu entamer la lutte, aurions-nous laissé leur chef dans le méta-temps ?…

— Vous savez bien que non, chéri, se hâta de dire Diane. La vie purement consciente d’un être qui se croit éternel, sans amour, sans action, sans espoir, c’est bien la plus atroce des situations. Peut-être est-ce cela, l’enfer, et non pas un gouffre de feu peuplé de diables d’opéra… Et même si notre pire ennemi y est plongé, il ne saurait y avoir d’autre éventualité que de travailler à sa délivrance…











FIN