CHAPITRE II











Jim jugea la situation d’un coup d’œil. Les deux hommes se trouvaient maintenant hors de l’immense vallée, sur le versant opposé de la montagne, à deux kilomètres au moins du point d’atterrissage de l’astronef, qu’ils n’apercevaient pas.

Des ombres passaient, indiquant que les nuages s’accumulaient, très bas au-dessus d’eux. Mais ce n’était pas ce qui inquiétait Jim. Le danger consistait dans les curieuses coupoles mouvantes qui avaient surgi tout à coup et offraient à l’œil un dispositif d’encerclement indiquant une volonté certaine.

— Quels sont ces damnés champignons ?

Des champignons ! C’était bien la comparaison qui s’imposait. Les coupoles, jaillis spontanément, paraissaient des cryptogames géants vus en dessus.

Jim n’apercevait plus les immenses dômes de la montagne. Mais il semblait bien que les « champignons », autour d’eux, étaient semblables aux vastes constructions, en beaucoup plus petit évidemment.

— Il faut regagner le « Pou »…

Ils commencèrent à dévaler de roc en roc. Le soleil « Mu » se voilait derrière les nuages cuivrés, qui offraient maintenant un aspect évoquant plutôt le plomb. Mais, au fur et à mesure qu’ils descendaient, Jim et Steef commençaient à comprendre.

Les coupoles abritaient chacune un personnage, un être qu’ils distinguaient mal, et qui portait la grande chose en équilibre sur la tête.

— Des hommes… Ou tout au moins quelque chose qui leur ressemble !

Des hommes en effet. Une race d’êtres maigres et cependant musclés, au visage farouche, qu’on distinguait mal sous la coupole, laquelle était à la fois un casque et peut-être un parasol, bien que ses dimensions parussent insolites.

Vêtus de pagnes faits d’une fibre vraisemblablement végétale, ils n’avaient pour armes que des tubes, eux aussi d’origine végétale, analogues à de gros bambous. Mais ces tubes attenaient à des poches, sortes d’outres, le tout évoquant un pistolet énorme et grossier.

Les deux Terriens étaient anxieux. Les yeux des hommes de la planète sans nom, étincelant dans des visages creux, sous l’ombre des coupoles individuelles, indiquaient des intentions nettement hostiles.

Steef tourmentait, à sa ceinture, un revolver désintégrateur, d’un modèle réduit, mais efficace.

— Ne tire pas, surtout… Après tout, ce sont de pauvres types,.. Vivre sur un monde pareil…

— Mais ils nous barrent la route ! cria Steef.

C’était vrai. Sous leurs immenses chapeaux, bien plus vastes que les couvre-chefs des Asiatiques terriens, les androïdes primitifs se hâtaient de barrer la retraite. Steef agita son arme.

— Il ne faut pas attaquer !

— Prends garde, Jim… Ils ont des armes… Nous ne savons pas ce qu’elles valent !

Ils le surent un instant après, Jim ayant fait mine de forcer le barrage.

Un des hommes-coupoles, sans doute dans un but d’intimidation, dressa le tube à outre qu’il portait. Un jet de feu jaillit qui fit instinctivement reculer les Terriens.

— Mille planètes !… Ils lancent du feu !

— Les rayons que nous avons vus autour des grandes coupoles !

Jim, en dépit de sa répugnance, sortit lui aussi son arme :

— Tant pis ! S’ils veulent nous brûler, nous en viendrons aux grands moyens, bien que je n’aime guère cela !…

Mais le combat n’eut pas lieu. Un auxiliaire tout à fait inattendu vint au secours des Terriens.

Plusieurs hommes-coupoles exécutaient des mouvements bizarres, laissant croire qu’ils étaient atteints de torticolis. Jim crut comprendre qu’ils tentaient de regarder en l’air, ce qui était peu pratique avec leurs invraisemblables chapeaux.

Un petit bruit sec résonna. Un choc isolé, suivi de plusieurs autres tout à fait semblables. Cinq ou six hommes-coupoles avançaient sur les Terriens mais la poussière brillante de la planète, étoilée de taches rosâtres évoquant des plaies malsaines, était soudain criblée de points noirâtres.

Avec un ensemble exceptionnel, tous les hommes-coupoles s’abattaient sur le sol. Ahuris, les Terriens les virent se recroqueviller, adoptant une position quasi-fœtale, à peu près impossible à prendre pour un homme normal, à moins qu’il ne fût fervent disciple du Yoghi.

Les androïdes de Cassiopée s’y prenaient de telle sorte qu’ils se tenaient blottis contre le sol, le chapeau-coupole, par ses dimensions, couvrant totalement l’ensemble du corps.

Ainsi, on ne les distinguait que fort mal et ils avaient, en effet, l’aspect d’énormes champignons.

Mais sur ces champignons, les gouttes tombaient, comme sur le sol de la planète. Et les taches sombres, sous les yeux de Jim et d’Axel Steef, viraient au violet, puis au rouge et, évoluant encore, s’étalaient comme des abcès.

Jim qui, comme son compagnon, était protégé par sa combinaison et son casque, jeta une exclamation. Il arracha sa moufle, tendit la main et, aussitôt, la retira avec une grimace.

— Qu’est-ce que tu fais ?

— A l’astronef ! Vite !

Jim remettait vivement la moufle. Axel, surpris, cherchait à savoir.

— Il faut réintégrer le « Pou » !

— Mais eux ?…

— Tant qu’il pleuvra, ne comprends-tu pas ? ils ne seront pas à craindre ! Courons !

Il poussait Steef devant lui. Le jeune homme obéit sans très bien saisir et ils se mirent à galoper à travers les rochers. Ils frôlèrent le groupe des hommes-coupoles, tapis sous leurs hémisphères protecteurs, qui ne bougèrent même pas à leur passage.

Un instant après, ils les avaient devancés et couraient à travers les roches, apercevant bientôt la silhouette amie du « Pou-de-l’espace ».

— Vite !… La pluie cesse déjà ! Ils vont nous poursuivre !

Haletants, ils arrivèrent près du petit navire. Warek, qui les avait aperçus, ouvrait le sas et s’apprêtait à descendre, pour éventuellement leur venir en aide :

— Non ! Ne descends pas ! hurla Jim. Tu n’as rien sur toi !

Le Martien, en effet, ne portait qu’une légère combinaison de bord.

Surpris, il demeura dans l’ouverture. Derrière lui, apparaissaient les visages anxieux de Diane, de Martinez. Les deux arrivants, à bout de souffle, pénétrèrent en trombe.

— Que se passe-t-il ?

On leur montra les coupoles mouvantes apparaissant à travers les roches du paysage tourmenté. Ils eurent quelque peine à distinguer les hommes qui utilisaient de pareils éléments comme couvre-chefs.

— Surtout, dit tout d’abord Jim, que personne ne sorte dès qu’il tombe une seule goutte d’eau ! Cette planète est vraiment infernale ! Professeur ! J’ai voulu vérifier… Mais nom d’un météore ! Ma main me cuit !

Il tendait les doigts. A la naissance des phalanges, la brûlure apparaissait, très nette.

— Une goutte de pluie ? Mais vous êtes brûlé comme par un acide ?…

— Exactement ! Voyez nos vêtements !… Regardez, autour de nous, cette terre qui a été arrosée de quelques gouttes… Toutes, elles font tache !… Elles laissent ces traces lépreuses, sur le minerai, comme sur le métal. Elles rongent les vêtements… et mon épiderme…

Sans mot dire, Diana s’affairait autour de Jim. Déjà, elle préparait un pansement réactif, avec l’intracorol, ce baume inventé par un savant vénusien et qui possédait la propriété de reconstituer en un délai très bref les cellules détruites.

Tandis qu’elle traitait la main qu’il avait délibérément brûlée pour se « rendre compte », Warek et Steef examinaient les combinaisons. Il faudrait colmater les traces de la pluie corrosive et déjà les deux hommes s’y employaient.

De sas avait été soigneusement fermé, si bien que l’astronef faisait bloc. Martinez, par un hublot de dépolex, cristal aussi résistant que la masse de platox, le métal de la carène, regardait l’étrange paysage.

— Ainsi, sur cette planète, l’eau brûle…

Déjà, son esprit de chercheur tentait une synthèse. Au fur et à mesure que Jim Hoggie et Axel Steef racontaient ce qu’ils avaient observé, le professeur cherchait à échafauder ses hypothèses.

— Tout ce qui est eau, ici, présente un aspect insolite, à l’opposé des propriétés de l’« aqua simplex » connue dans la Galaxie… Est-ce parce que ce monde innommé est le « point », la jonction ombilicale entre deux continuum espace-temps ?… Pas invraisemblable !… Je m’explique les coupoles géantes, construites aussi haut que possible, au-dessus des zones nuageuses… Elles doivent servir d’habitations, ou même de dômes surplombant les habitations de ces primitifs… Eux-mêmes ne se déplacent que porteurs de casques géants, leur donnant l’aspect de cryptogames… Justement pour être préservés de la moindre goutte de pluie… Cela brûle, ils ne le savent que trop… La moindre trace humide, ici, est un péril…

Il rêvait tout haut, pour ses compagnons.

Jim, qui ne perdait pas de vue le côté pratique des choses, remerciait Diane de ses soins, puis :

— Professeur… Voyez-vous arriver nos gens ?

— Non, dit Martinez. L’horizon est désert… Ils vous auront poursuivis jusqu’à ce qu’ils découvrent le « Pou »… Et la machine leur aura fait peur… Cette masse luisante, parfaitement polie dans son ensemble qui…

Il s’interrompit et tous les autres comprirent qu’il venait de découvrir quelque chose d’important.

— Diable, dit Martinez, redevenant aussi réaliste que doit l’être un cosmonaute, la pluie a quelque peu mouillé la carène… Voyez !

Tous se hâtèrent aux hublots. On voyait, sur ce que Martinez avait appelé la masse polie de l’astronef, des traces évoquant une rouille légère.

— Maudite pluie ! gronda Jim. Serait-elle radioactive ?

— Je ne le pense pas. La radio-activité a toujours une origine précise. Ici, je crois simplement que ce phénomène est corrélatif à une inversion des valeurs naturelles…

— Faudrait-il croire alors que le feu y rafraîchit, et que ces pauvres êtres – pourtant nos frères humains – s’y abreuvent de gaz incandescents ?

Martinez eut un geste large et vague, qui ne concluait rien. Il constatait mais, comme tout authentique savant, ne voulait pas se risquer en explications maladroites.

Les autochtones ne parurent pas. Le soleil Mu descendait sur l’horizon. Les rares nuages s’étaient bientôt dissipés et le ciel vert de la planète tournait au mauve crépusculaire.

Martinez estimait que la pluie devait être, heureusement, un phénomène fort rare. Mais maintenant, il désirait très vivement procéder à une analyse de l’élément liquide. Mais on décida d’attendre au lendemain pour tenter une nouvelle incursion. La source redoutable était assez éloignée et il ne fallait pas s’aventurer à la nuit dans un monde aussi diabolique. On frémissait à l’idée de marcher seulement dans la plus petite mare.

Ils évoquaient les astronefs retrouvés errant dans l’espace, coques bizarrement entamées, cadavres calcinés à l’intérieur. N’étaient-ce point là les victimes de la planète sans nom, et le Feu Inconnu, qualifié souvent de légendaire, n’était-il pas bien réel, se présentant sous l’agréable et inoffensive apparence de l’onde ?

Un navire spatial atterrissait au soleil Mu et son équipage risquait un plongeon… ou bien, trompé par la nuit ou quelque phénomène imprévu, piquait directement dans un lac, une mer quelconque. C’était la catastrophe !

Tout en surveillant les environs pour prévenir une éventuelle attaque, Martinez et ses compagnons entreprirent d’examiner la carène empreinte de l’eau diabolique. La rouille était légère, quelques rares gouttes ayant seulement touché l’astronef. Ces bizarres mucosités naturelles présentaient un aspect très particulier. Martinez réfléchit et décida de les brûler délibérément, en passant la carène à la flamme – très réduite – d’un chalumeau.

Il imaginait qu’en raison de ce curieux renversement de valeur (qu’il s’obstinait à attribuer au fait qu’on se trouvait au point de jonction) le feu devait être le meilleur antidote contre l’eau brûlante. Il eut la satisfaction de voir que, sous l’effet d’une forte chaleur, la lèpre aqueuse disparaissait.

Martinez exultait de ce résultat. Warek, qui ne dédaignait pas l’humour quelque peu noir, suggéra à Jim de traiter sa main à la flamme, mais le cowboy, en riant très fort, repoussa une telle thérapeutique.

En attendant de savoir si les indigènes avalaient ou non du feu à leur petit déjeuner, on convint que la nuit pourrait amener des surprises et qu’il ferait bon de veiller. Les hommes, d’un commun accord, repoussèrent le concours de Diane, malgré ses protestations.

— Dormez, Diane. Nous pouvons avoir besoin de notre infirmière !

Martinez, lui aussi, se vit refuser son tour de garde. Mais le savant, très énervé à l’idée d’atteindre le point de jonction, ne devait guère fermer l’œil. Après les émotions qu’ils avaient connues et qui les avaient distraits de l’obsession du but fantastique qu’ils s’étaient donné, il importait de se préparer à risquer le voyage hors du continuum espace-temps.

Jim veilla le premier. Puis Steef. Warek devait prendre la veille durant les dernières heures de la nuit. La planète sans nom étant d’une masse estimée à l’intermédiaire entre celles de la Terre et de la Lune, et sa rotation régulière, il s’agissait d’une nuit d’environ sept à huit heures. En relevant Steef, Warek apprit simplement que la seule chose anormale apparue dans les ténèbres, un peu après que Jim se fut couché, était l’apparition de grandes traces lumineuses.

Steef, qui avait repéré les singuliers pistolets des indigènes-champignons, en attribuait l’origine à de telles armes. Mais cela s’était passé très loin, vers la montagne, et n’avait pas duré.

Il y avait encore à peu près deux heures de nuit, d’après-les estimations de Martinez qui avait étudié la question. Warek, muni d’armes thermiques, à effet désintégrateur, entreprit d’attendre le lever de Mu.

La nuit était claire et quasi privée d’étoiles. Pas un nuage, ce qui était rassurant. Le Martien, qui avait beaucoup bourlingué à travers l’espace, songeait qu’il n’avait jamais mis le pied sur un monde aussi désolé, sous une voûte céleste aussi vide. Cette partie de la constellation de Cassiopée était vraiment déshéritée, et ses habitants bien à plaindre, de vivre avec la présence angoissante du Feu Inconnu.

Mais ne savaient-ils pas s’en servir, si l’eau diabolique était aussi impropre à la consommation qu’aux ablutions ? Ces primitifs savaient construire, fabriquer les casques-champignons et aussi les pistolets lance-flammes.

Warek évoquait tout cela quand, vers les rocs qui prenaient, dans l’ombre, des allures plus impressionnantes que sous l’âpre soleil, il vit jaillir des lueurs sanglantes.

Le Martien était un androïde courageux, curieux de nature. Il ne s’était pas pardonné d’avoir cédé à l’envoûtement des Fascinants et la honte lui montait souvent au front, face à Jim et à Diane, surtout, lorsqu’il pensait à l’attitude que la lumière-drogue lui avait fait adopter devant eux.

Résolu à savoir ce que fabriquaient les hommes-champignons, et aussi mû par le souci de se racheter de sa faiblesse vis-à-vis de ses compagnons (il était fier et ombrageux comme tous ses coplanétriotes), Warek quitta subrepticement l’astronef et se mit en marche en direction des lueurs.

Elles dansaient, allaient, venaient. Le Martien y voyait très bien, presque comme en plein jour. Il savait qu’il fallait éviter à tout prix de mettre le pied dans une flaque, ou le lit d’un ruisseau.

Mais, comme Jim et Steef, il ne trouvait qu’un sol aride, criblé par la corrosion consécutive aux pluies de feu.

Près des rochers, il progressa en rampant.

Silencieux et souple, tel un reptile, le Martien fut bientôt en mesure d’apercevoir les humanoïdes de Cassiopée.

Il les découvrit tels que ses camarades les avaient décrits : leurs corps minces et musclés prenant des tons rougeâtres dans la lueur des lance-flammes qu’ils agitaient – Warek se demanda d’abord pourquoi – selon ce rythme qu’on appelle, chez les Terriens, « à tort et à travers ».

Etait-ce une danse rituelle ? Les hommes-champignons tournaient et dirigeaient les flammes en l’air, comme s’ils « balayaient » l’atmosphère. Puis ils brûlaient le sol, les rochers, le terrain, si bien que l’air, le sol, tout autour d’eux devait être totalement envahi par une singulière puissance thermique.

Warek fronçait le sourcil, sous son casque transparent.

Il comprenait.

— Ils assèchent… Ils luttent contre l’humidité. Peut-être se produit-il ici, en dépit de la sécheresse ambiante, un phénomène analogue à celui de la rosée, fraîcheur matinale des planètes bien connue dans le système solaire.

Warek évoqua Mars, sa lointaine patrie et soupira. Mais ce n’était pas le moment de jouer au romantique. Il importait de savoir pourquoi les indigènes craignaient tellement l’humidité et surtout ce qu’ils étaient en train de faire.

Car les yeux du Martien découvraient que les brûleurs d’air n’étaient pas les seuls. D’autres grattaient le sol, soulevaient des rocs, amenaient des pierres qu’ils entassaient, élevant comme une sorte de remblai.

C’était un chantier, et les lance-flammes n’étaient sans doute que les torchères dudit lieu de travail. Warek s’enhardit, au risque de se découvrir.

Il fut bientôt très près, escalada une petite corniche où il se tint à plat-ventre, pour mieux voir.

Tout de suite, il tressaillit.

Un point flamboyant, mouvant, apparaissait, à flanc de colline. Et, de ce point inexplicable, un serpent de feu rutilait, parvenant à peu près à l’endroit où travaillaient les indigènes. Là, c’était non plus un point, non plus un serpent rutilant, mais une véritable flaque, large d’au moins vingt mètres, colmatée, semblait-il, par le remblai en construction.

Warek, clignant des yeux, chercha un bon moment avant de comprendre.

Puis il vit que, sous la lueur des torches fulgurantes, d’autres autochtones creusaient le sol, fabriquant en hâte un grossier fossé qui passait entre les rochers et qu’ils façonnaient dans une direction bien déterminée.

Celle de la plaine. Celle du terrain où, moins de mille mètres en contrebas, le « Pou-de-l’Espace », planté sur sa partie caudale, offrait sous le ciel qui commençait vaguement à verdir sa silhouette de poisson du ciel.

Un soubresaut agita Warek. Il dégringola, se laissant presque tomber de la corniche. Il rampa, déchirant ses mains et meurtrissant ses membres sous la combinaison et les moufles de nylon blindé qui elles résistaient.

Il suait à grosses gouttes, sous le casque. Dès qu’il fut légèrement dans l’ombre des grands rocs, il se redressa et, au mépris de toute prudence, il se mit à courir en direction de l’astronef.

Il arriva en trombe, n’eut que le temps de fermer le sas et se mit à hurler :

— Debout ! Tous !… Nous sommes en péril !…

Martinez, qui ne dormait pas, bondit. Diane, Jim et Alex Steef arrivaient, eux avec les yeux bouffis de sommeil.

Ils virent le visage énergique du Martien qui reflétait une émotion intense :

— Les hommes-champignons !… Ils creusent un canal… Ils détournent le cours d’eau brûlante que vous avez repéré… Dans une heure, dans quelques instants peut-être, ils libéreront le réservoir qu’ils ont grossièrement façonné… Et un torrent va rouler vers nous… un torrent du Feu Inconnu !…