Nous partîmes pour Milan en fin de matinée. Nous ne voulions pas courir le risque d’arriver en retard au rendez-vous. La température n’était pas descendue d’un seul degré. J’avais laissé ma Skoda Felicia au soleil et mon associé, sitôt après avoir posé ses miches sur le siège bouillant, fit des commentaires peu amènes sur mon intelligence. Il revenait juste du kiosque à journaux où, en plus de la revue de décoration, il avait acheté divers quotidiens. Il se mit à les feuilleter et à les commenter.
— Le 20 juin les grands de ce monde vont se réunir à Gênes. Tu le savais ?
— Oui. J’ai entendu dire qu’ils sont en train de quadriller la ville pour empêcher les types comme toi de foutre le boxon.
— Je me demandai juste si ça valait le coup d’aller à la manif ou pas.
— La chaleur te ramollit le cerveau, Max. Tu sais très bien que t’es sur le fil du rasoir. Rien que d’éternuer, tu retournes direct en taule.
— Il y aura des dizaines de milliers de personnes. Et puis je serai avec le groupe du commerce équitable. Tous des pacifistes.
— Qu’est-ce que tu racontes ? Une partie du mouvement a annoncé à la télé qu’il essaiera d’aller jusqu’à la zone interdite…
— La zone rouge(6).
— Exact. Et il y aura à coup sûr des affrontements avec les flics.
— Mais moi je serai avec l’autre partie du mouvement.
— T’as oublié ce qui s’est passé à Naples en mars, lors du dernier sommet, éclatai-je. Les flics ont tapé sur toutes les tronches qui se trouvaient devant eux et ils n’ont pas demandé aux mecs à quelle partie du mouvement ils appartenaient. Et à cette époque, c’était un gouvernement de centre-gauche, imagine ce qui peut se passer à présent avec la droite au pouvoir.
— Le Genoa Social Forum(7) a demandé des garanties et est en pourparlers avec le ministère de l’intérieur. Il n’arrivera rien.
— Tu crois pas à ces conneries, j’espère. Dis plutôt que t’as déjà décidé d’y aller.
— Je t’ai dit que j’étais en train d’y réfléchir.
— Tu fais comme tu veux, mais compte pas sur ma bénédiction.
Un silence chargé de tension plana. Au bout d’un moment, le Gros se remit à commenter les infos. Il plia le journal et me montra un article.
— Lis un peu ça.
— Je conduis, répliquai-je avec impolitesse.
— “Meurtres sous silence, lut-il. Des détenus meurent en Italie faute de soins.”
— Je t’en supplie, ne recommence pas avec la taule.
— La liste est courte. Ce sont uniquement les morts de cette année. Prison de Enna : il avait cinquante-neuf ans, la suspension de sa peine pour maladie lui a été communiquée le matin même de son décès. Milan : un détenu atteint d’une longue maladie meurt d’une embolie ; il avait demandé à être soigné dans une structure extra-pénitentiaire. Palerme : un détenu décède suite à une intervention chirurgicale effectuée à l’infirmerie de la prison. Ils lui ont oublié la sonde dans le ventre…
— Ça arrive aussi aux gens “normaux”, l’interrompis-je.
— N’empêche qu’il est mort… Prato, une infirmière placée sous contrôle judiciaire pour non-assistance à un détenu espagnol victime d’un infarctus. Il avait quarante-cinq ans. Vigevano : mort d’une embolie à soixante ans ; les médecins n’avaient pas jugé opportun de l’hospitaliser.
— Ferme-la, Max.
— Écoute encore ça. Padoue : ils pensaient qu’il simulait un infarctus. Ils ne l’ont cru que lorsque le second infarctus l’a tué. Padoue encore : un détenu maghrébin décède à la suite d’une grève de la faim. Il avait maigri de vingt-cinq kilos mais personne n’a jugé bon de le mettre sous perfusion, malgré une décision du juge à cet effet. Et je t’épargne les suicides. Ils sont en augmentation. Mais il y a quand même une bonne nouvelle. Ils ont débloqué 830 milliards de lires pour construire 22 nouvelles taules.
— T’as fini ?
— Oui… Mais combien il va en crever encore ?
— Les gens se foutent pas mal de ce qui se passe en cabane.
— Toi aussi ?
— Assez, oui. Lorsque t’es derrière les barreaux, tu penses qu’à une chose : sortir de là le plus rapidement possible et sans trop de casse. Et quand t’es libre, tu veux seulement oublier. Des autres, tu t’en tapes. C’est chacun pour soi.
— Moi, je veux pas oublier.
— Tant pis pour toi. De toute façon, ça changera rien. Dans ce pays, les prisons ne peuvent qu’empirer.
— C’est pas une raison.
— Je vais te raconter un truc. Un jour, un violeur de gosses est arrivé. Ils l’ont mis en quartier d’isolement avant son interrogatoire. Il était terrorisé. Les carabiniers lui avaient expliqué ce qui arrivait à des gars comme lui en taule et les surveillants ont commencé à le faire flipper. Il a fini par faire une corde avec un drap, il l’a attachée aux barreaux de la fenêtre et se l’est passée autour du cou. Seulement il n’avait pas le courage de sauter du tabouret. Deux gardiens ont ouvert la porte et sont entrés juste à ce moment-là. Ils l’ont aidé à se pendre. L’un a donné un coup de pied dans le tabouret et l’autre s’est accroché à ses jambes pour faire du poids.
— Comment tu sais que ça s’est passé comme ça ?
— Parce que j’ai tout vu. J’étais dans la cellule d’en face. Lorsqu’on m’a interrogé, j’ai dit que quand les deux gardiens avaient ouvert la porte, le type pendouillait déjà aux barreaux.
— Putain, Marco. Comment t’as pu ?
— Tu voulais que je fasse quoi ? Que je dise la vérité ? Personne ne m’aurait cru et tous les matons de toutes les foutues taules de ce pays se seraient sentis obligés de me foutre sur la gueule.
— Une exécution dans les règles et ils s’en sont tirés… grogna Max indigné.
— Comme toujours. Et maintenant, arrête de me prendre la tête.
Femelledocile avait choisi le bon endroit. À cette heure de l’après-midi, la gare centrale fourmillait de monde et il était impossible de remarquer une personne en train de nous observer. Max se plaça devant la pharmacie, feignant de lire une revue. Moi, en revanche, je me postai devant un grand kiosque à journaux, faisant semblant d’être intéressé par les magazines. Je ne pus m’empêcher de remarquer le vaste assortiment de collections proposées. Chaque semaine, on pouvait acheter des petits soldats, des santons, des voiturettes et autres petits objets en plastique avec lesquels remplir son salon. Les gens sont de plus en plus débiles, pensai-je avant de reporter mon regard sur le secteur des revues porno.
J’espérai que Femelledocile se manifesterait rapidement.
Par chance, la femme, après avoir épié mon associé une dizaine de minutes, se décida à y aller et se présenta à lui. Le Gros lui tendit la main, puis indiqua ma direction. Je m’approchai. Elle me salua d’un geste de la tête.
— Suivez-moi, dit-elle en marchant vers l’escalator qui menait au niveau inférieur.
Elle sortit de la gare, tourna à gauche, traversa la rue et pénétra dans un bar.
Nous nous assîmes dans une petite salle vide et commandâmes à boire. Je pus enfin la considérer bien en face. C’était une femme de quarante ans, maigre et élégante. Son visage n’était pas beau mais intéressant, avec de grands yeux noisette. Elle devait être pleine de fric, parce que son tailleur, son sac et ses sandales étaient griffés. Elle portait des boucles d’oreilles en diamant et or blanc, et une alliance.
— Je ne vous dis pas comment je m’appelle, annonça-t-elle tout de suite.
— D’accord.
— Comment avez-vous fait pour me trouver ?
— On est entrés dans la messagerie électronique d’Antonina. On a lu les e-mails que vous avez échangés.
Je tirai de ma poche la fleur de corde. Elle la regarda.
— Le Maître des nœuds, susurra-t-elle en regardant autour d’elle. Où l’avez-vous eue ?
— C’est Giraldi qui l’a trouvée dans la chambre où Helena a été enlevée.
— Maintenant il a disparu lui aussi. Tout le monde a disparu, dit-elle avec angoisse.
Puis son visage se contracta en une grimace. Elle était sur le point de s’effondrer mais elle parvint à se maîtriser. Elle respira à fond.
— Vous ne pouvez pas imaginer ce que j’ai vécu.
— Le moment est peut-être venu de tout nous raconter depuis le début, l’encouragea mon associé.
Elle but une gorgée de café froid et commença de parler. Elle avait connu Helena, pour des raisons professionnelles, dans le domaine de la mode. Elle lui avait plu tout de suite. Jusqu’à ce moment-là, elle n’avait jamais eu le courage d’affronter sa bisexualité mais l’Allemande avait déclenché en elle le désir d’aimer une femme. Et le modèle se laissait volontiers draguer. Un soir, après un défilé, elle alla dîner avec Helena et son mari. Mariano Giraldi lança le sujet du sadomasochisme et l’invita à les suivre chez eux. Une fois passé l’embarras initial, elle dit que ça ne l’intéressait pas d’être dominée et encore moins d’avoir un rapport à trois. Alors Mariano lui proposa de lui apprendre à devenir une maîtresse. Il se limiterait à regarder. Elle était hésitante mais Helena la reluquait avec envie. Elle accepta. Et ce fut la première et la dernière fois qu’elle fit l’amour avec l’Allemande. Giraldi lui fit connaître Antonina Gattuso et ce fut avec elle qu’elle apprit l’art de la domination. Néanmoins Barbie Slave n’était pas aussi belle qu’Helena et elle passa une annonce sur un site que lui avait conseillé Mariano. Plusieurs femmes lui répondirent. Elle les rencontra mais elle n’eut de rapports, d’ailleurs peu satisfaisants, qu’avec une seule d’entre elles. Jusqu’au jour où elle connut Cristiana, vingt-quatre ans, débordante de sensualité. Elles se rencontrèrent trois fois dans autant d’hôtels de Milan. Au quatrième rendez-vous, se présenta un homme d’une cinquantaine d’années, grand, brun, avec une sale gueule. Pour la convaincre de le laisser entrer dans la chambre, il prétendit être le père de Cristiana. Ensuite, il sortit de la poche de son veston une cassette vidéo, l’obligea à la regarder puis commença à parler chantage. Il lui montra une liste des personnes qui pourraient recevoir la copie de la vidéo où elle dominait Cristiana. Le premier nom était celui de son mari. Suivaient ceux des membres de sa famille les plus proches, de ses collègues de travail et pour finir ceux de ses voisins. Elle se sentit perdue. Ne pas céder au chantage signifiait sa perte. En secouant la tête, elle avait répondu que sa réputation n’avait pas de prix. Puis elle lui avait demandé ce qu’elle devait faire en échange de son silence. Elle se sentait anéantie. Elle chercha une autre issue mais dut obéir. Elle n’avait pas le choix. Comme Cristiana. Elle aussi avait été victime du même horrible chantage. L’homme passa un coup de fil et peu de temps après deux autres types frappèrent à la porte. L’un était jeune, avec un corps sculpté par la musculation, l’autre maigrichon. Ce dernier sortit une caméra de son sac tandis que son collègue se déshabillait. Ils lui firent endosser un masque de peau et l’attachèrent au lit ; c’est ainsi qu’elle tourna son premier film SM. Il y avait un an et demi de cela. Elle avait ensuite eu l’occasion de connaître le reste du Gang Bang, comme ils appelaient leur bande composée de six membres. Le chef, elle ne l’avait jamais vu en face. Il arrivait uniquement lorsqu’elle avait les yeux bandés. Il était appelé avec respect le Maître des nœuds parce que, comme ils lui avaient expliqué, c’était un disciple de l’école de Chimuo Nureki, le sensaï du kinbaku, l’antique art japonais du bondage. C’était lui qui s’occupait de l’attacher et de la mise en scène du film. Les participants variaient en fonction du thème. Elle était devenue leur esclave, dans le vrai sens du terme. Ils pouvaient lui faire ce qu’ils voulaient, même s’ils avaient toujours eu le souci de ne pas dépasser les limites et de garantir son anonymat en la masquant. Par la suite, ils la contraignirent à attirer dans une chambre d’hôtel, où une caméra avait été cachée, Antonina Gattuso qui était arrivée accompagnée de maître Mariano, lequel, ayant à son tour subi leur chantage, avait impliqué sa femme.
— Donc, quand Helena a été enlevée, Giraldi savait qu’il allait rencontrer la bande du Maître des nœuds ? demandai-je.
— Je ne sais pas. Il devait s’agir sûrement du premier rendez-vous, vu qu’il avait été fixé dans un hôtel.
— Et vous, vous les rencontriez où ?
— D’habitude, ils passaient me prendre à un arrêt de tram du Corso Sempione. Ils me faisaient mettre une paire de lunettes avec des verres teintés et m’emmenaient dans un studio équipé au sous-sol d’une petite maison ou d’un immeuble.
— Ici, à Milan ?
— Oui. Le trajet durait quinze, vingt minutes.
— Si j’ai bien compris, il s’agit d’une bande qui fait chanter des nanas pour les faire jouer dans des films porno destinés au marché illégal.
— Oui. Mais pour eux, ce n’est pas seulement du business. Ces porcs s’amusent et ce Maître des nœuds est une sorte de chef spirituel. Il ne fait que parler des principes du sadomasochisme japonais et de son sensaï.
— C’est-à-dire ?
— Le sadomasochisme au Japon ne prévoit pas le plaisir réciproque. C’est de l’autorité, de la domination absolue sur les femmes qui, selon ces connards, ont trop de pouvoir dans la société.
— Combien de femmes étaient impliquées ?
— Je n’en ai aucune idée. Je n’ai tourné qu’avec Cristiana et Antonina.
— Pourquoi pensez-vous qu’ils aient enlevé Helena ?
La femme prit une cigarette dans mon paquet.
— Je ne sais pas. Même si à force d’y réfléchir, je me suis fait ma petite idée.
— On écoute.
— Helena était très belle. Elle avait un corps parfait. Difficile de trouver une femme comme elle dans le milieu des esclaves. Je crois qu’ils l’ont enlevée pour tourner plein de films dans un crescendo de violence.
— Vous êtes convaincue qu’ils l’ont torturée à mort ?
— Oui. Les films les plus recherchés sont ceux où les esclaves sont torturées par dilatations ano-vaginales. Avec Antonina, Cristiana et moi, ils se sont contentés d’utiliser de petits objets pour éviter de lacérer les tissus, ce que nous n’aurions pas été en mesure d’expliquer à nos maris. Mais je crois qu’avec Helena ils ont pratiqué le fist fucking jusqu’à la tuer.
Mon associé et moi, nous échangeâmes un coup d’œil. Le fist fucking, la pénétration avec la main, était une pratique extrêmement dangereuse. Et un moyen terrible pour dire adieu à la vie.
— Vous pensez que la bande a fait un saut qualitatif ?
— Oui. Les snuff, ces films qui se concluent par la mort de la victime, sont très demandés sur le marché clandestin, bien qu’ils coûtent les yeux de la tête.
— Il y a une chose que je ne comprends pas, intervins-je. Si pour Helena et Giraldi, il s’agissait du premier rendez-vous, pourquoi la bande avait-elle déjà planifié l’enlèvement ? Jusqu’alors, ils s’étaient comportés différemment, en utilisant une caméra planquée pour organiser le chantage.
— C’est vrai. Je suis convaincue que c’est Antonina qui leur a parlé d’Helena comme modèle sadomaso. Peut-être qu’elle s’est aussi procuré des photos ou qu’elle a donné son adresse. Elle haïssait la femme de Giraldi. Elle voulait maître Mariano pour elle seule. Lorsqu’elle m’a téléphoné pour m’avertir qu’elle avait été enlevée, elle était presque euphorique.
— Vous vous êtes fait également une petite idée des raisons de leur disparition ?
— Ils ont dû faire une fausse manœuvre.
— Il y a autre chose qui m’échappe, dis-je. Pourquoi n’ont-ils pas fait disparaître Giraldi en même temps que sa femme ?
Cette fois, ce fut Max qui répondit :
— La seule explication plausible, c’est qu’ils n’avaient pas l’intention de tuer Helena. Ils l’ont enlevée pour l’avoir à disposition pour des vidéos plus violentes, et elle a dû mourir accidentellement. Ils ont ensuite été obligés d’éliminer aussi Mariano et sa petite amie parce qu’ils pouvaient devenir des témoins dangereux.
— Vous devriez faire attention, recommandai-je. S’ils vous contactent à nouveau, avertissez-nous immédiatement. On se chargera de votre protection.
— Je ne pense pas qu’ils me rappellent, rétorqua-t-elle. Pour eux, je ne représente aucun danger. Vous êtes les premières et les dernières personnes à qui j’ai raconté cette histoire, en dehors de mon psychiatre naturellement, parce que je sais que vous n’en parlerez pas. Antonina m’avait écrit que vous apparteniez à la pègre ou à quelque chose de ce genre.
— Donc votre réputation est plus importante que la vie de trois personnes ! l’apostropha Max qui était vexé d’avoir été traité de mafieux.
Je le fusillai du regard, mais la femme ne s’était pas vexée.
— Vous ne croyez pas si bien dire. Désormais, je peux recommencer à vivre. Si je vais à la police, je n’ai plus qu’à me suicider ou à m’enfermer dans un couvent…
Max allait répliquer mais je ne lui en laissai pas le temps.
— Pouvez-vous nous fournir quelques éléments utiles pour identifier les hommes de la bande ?
Elle sortit une feuille de son sac.
— C’est la liste des pseudonymes qu’ils ont utilisés pour me contacter.
— Ils ne se sont jamais appelés par leur prénom ?
— Jamais. Mais je suis sûre d’une chose : aucun d’eux n’était du Sud ou étranger.
— Même le Maître des nœuds ?
— Non. Il avait une voix profonde et un fort accent milanais.
— Vous vous souvenez du numéro de la plaque d’immatriculation de la voiture qui passait vous chercher ?
La femme fit non de la tête.
— Désolée, je n’y ai jamais prêté attention. Mais c’était une Y10 vert foncé.
Max tira de sa poche un petit bloc-notes et un stylo.
— Décrivez les types de la bande que vous avez vus. Même le plus petit détail peut nous être utile.
Une demi-heure plus tard, la femme, s’en alla pâle et fatiguée. Cela avait dû être pénible pour elle de reparcourir les étapes de cette affaire. Mon associé commanda son troisième thé froid. Moi, un Coca avec du rhum.
— Sale histoire, commentai-je. Espérons que son psy soit à la hauteur.
— Faut qu’on trouve le moyen d’arrêter ce Maître des nœuds et sa bande, éclata Max avec colère.
— Le seul à pouvoir le faire, c’est Rossini. À coups de flingue.
— Absolument !
— Encore faut-il qu’il le veuille. Tu sais comment il est. Lui aussi, il a ses problèmes de réputation.
— Je suis certain que quand on lui aura expliqué les prouesses de ce Maître des nœuds, il acceptera.
— C’est possible. Sauf qu’on a peu de cartes en main et que la bande a déjà dû changer de zone.
— Mais pas d’activité. T’as entendu ce qu’a dit Femelledocile. Pour eux, le sadomasochisme, c’est pas que du business.
— Ça va pas être simple de les retrouver.
— On doit continuer à surveiller les annonces des sites. Dès qu’ils se manifestent sous un des pseudos que nous a donnés la gonzesse, on les tient.
— J’ai une autre idée : prospecter le marché pornographique illégal.
— On connaît quelqu’un ?
— Une vieille connaissance de cellule. Si Rossini lui parle, je crois qu’il pourra nous aider.