Troisième partie
La refonte de l'école, un enjeu premier

C’est à la jeunesse de France que je consacre cette dernière partie. Elle est l’avenir du pays, c’est donc vers elle que je me tourne. Moi qui crois en la France, je crois naturellement en sa jeunesse. Je connais ses souffrances, je suis élue d’une région où de nombreux jeunes Français peinent à entrer dans la vie active, à s’y faire une place. Beaucoup d’entre eux ont le sentiment d’être sacrifiés. La jeunesse souffre même sûrement plus que la moyenne des Français de la politique de renoncement de nos élites. Elle profitera davantage encore des bénéfices du redressement national que je dessine. Celui-ci ne donnera cependant tous ses fruits qu’à la condition de prendre le problème de bout en bout, et qu’on s’intéresse à ce qui est à la base de nombreuses difficultés pour la jeunesse : l’école. L’école a deux facettes : quand elle fonctionne bien, elle permet le renouvellement des décideurs et la promotion sociale ; quand en revanche elle fonctionne mal, elle est un puissant outil de perpétuation, voire d’aggravation, des inégalités.

L’école devrait assurer l’avenir de la nation et préparer les réussites de demain. Elle devrait offrir aux jeunes Français, notamment issus des milieux populaires, une possibilité de faire valoir leurs mérites et de rendre tous leurs projets possibles. Elle devrait former des citoyens libres et éclairés. Pourtant, l’école n’est plus en mesure de relever tous ces défis. Disons-le franchement, l’école a été laissée à la dérive. Peu à peu, au cours de ces trente dernières années, se sont constituées des enclaves scolaires où règnent le désordre et la violence, à l’instar des quartiers où sont implantés ces établissements, souvent très touchés par l’immigration de masse. Peu à peu les gouvernements de gauche comme de droite ont baissé les bras, cédant à la démagogie en laissant le niveau des élèves s’effondrer. Peu à peu, les valeurs ont déserté l’école.

La situation est grave, mais il est possible de relever la tête et de reconstruire l’école, de la maternelle au lycée. Des professeurs attachés à leur vocation, qui ont souvent le courage d’aller à l’encontre des consignes de leur hiérarchie, n’ont jamais baissé les bras et continuent de se battre pour l’avenir de nos enfants. Des parents d’élèves courageux luttent pour que les choses changent. Le peuple français tout entier reste extrêmement attaché à ce pivot de la nation que constitue l’école de la République. Avec l’aide de tous, je commencerai par réformer en profondeur l’école primaire, en créant un nouveau type d’établissement public. Les directeurs d’école auront les moyens d’accomplir leurs missions. L’école souffre avant tout d’un laisser-aller général. Il faut proposer, face à cette dérive, un relèvement des exigences à l’école, dans tous les domaines : la discipline, les savoirs et les valeurs.

Platon a écrit : « Lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien ni de personne, alors c’est là en toute beauté et en toute jeunesse le début de la tyrannie. »

Ce qui n’était à l’époque qu’une réflexion philosophique est aujourd’hui devenu la réalité au quotidien dans bon nombre d’établissements scolaires. Depuis une trentaine d’années, l’insécurité à l’école n’a cessé de progresser, de l’ordre de 10 % par an, d’après les chiffres officiels. La discipline est une valeur en recul, il n’est pas rare qu’un cours entier se fasse dans le brouhaha, ou que des professeurs se voient insultés, quand ils ne sont pas agressés par leurs élèves ou les parents. Cette situation ne peut plus durer. Il va de soi qu’on ne peut rien transmettre quand les conditions élémentaires de sécurité et d’ordre ne sont pas réunies.

Je relèverai très fortement l’exigence d’autorité à l’école. L’école est un lieu à part, sécularisé, dans la République, ce n’est pas un simple appendice de la société. Il faut donc en revenir à des principes élémentaires : à l’école tout le monde n’est pas au même niveau, le professeur est au-dessus de l’élève, le parent d’élève n’est pas le client du professeur. La valeur centrale de respect de l’enseignant retrouvera toute sa place à l’école. Cela passe par des gestes simples : se lever quand le professeur entre en classe, bannir le tutoiement de l’enseignant par l’élève. Les professeurs pourront s’appuyer sur leur administration et leur hiérarchie dans le rétablissement de leur autorité. L’insécurité à l’école sera traitée de la même manière que l’insécurité en général : tolérance zéro. Dans les collèges et les lycées où cela se justifie, les chefs d’établissement seront autorisés à fouiller les élèves suspects et à installer des portiques de détection des métaux. Les parents dont les enfants entreront à l’école avec un objet dangereux pourront être sanctionnés financièrement. Dans les cas les plus graves, les allocations familiales pourront leur être supprimées.

Je prendrai également les dispositions nécessaires afin de mettre l’élève en condition d’apprendre. Parce qu’un jeune dans l’enceinte scolaire est d’abord un élève, il doit se com-porter comme tel, ce qui suppose de ne pas tout tolérer. Ainsi, un code vestimentaire strict doit être établi dans tous les établissements, le téléphone portable doit être prohibé, du primaire au lycée.

L’élève remis à sa vraie place, celle de l’écoute, le professeur pourra plus facilement assurer sa mission première de transmission des savoirs. Son statut sera revalorisé significativement, parce qu’un pays n’a pas d’avenir quand il maltraite ses professeurs. Revalorisation financière, mais aussi revalorisation symbolique, à laquelle les enseignants tiennent beaucoup. À la moindre agression, même verbale, de la part d’un élève ou d’un parent d’élève, la sanction sera immédiate et exemplaire par sa dureté. C’est en replaçant l’autorité du professeur au cœur de l’éducation, en faisant en sorte qu’il soit respecté, qu’on redressera la situation. Les parents seront associés à ces efforts pédagogiques : il s’agit de l’intérêt de leurs enfants. Pour ceux qui ne maîtrisent pas notre langue, des cours de français obligatoires seront instaurés. Ils pourront ainsi franchir le seuil de l’école et dialoguer avec l’équipe éducative.

Et puis, dans la vie, il n’y a pas que la seule activité intellectuelle. Le travail manuel doit avoir le droit au même respect. Aussi, je m’attacherai à la revalorisation des filières techniques et manuelles. La possibilité de l’apprentissage à quatorze ans sera rétablie. Le collège unique, qui aura été un terrible échec, sera supprimé progressivement au cours du quinquennat.

Parfois, on agira de façon non homéopathique : si l’établissement est trop abîmé, si il y règne une ambiance trop délétère, si le découragement règne parce que la violence y est massive et quotidienne, parce que les professeurs ne s’y sentent plus en sécurité, parce que le savoir a déserté depuis longtemps la cour de récréation, l’établissement sera détruit. Les établissements irrécupérables doivent être physiquement reconstruits ailleurs : plus intelligemment, dans des quartiers moins ghettoïsés. Parfois, ce n’est qu’en faisant table rase d’un passé trop lourd que l’on peut envisager l’avenir avec confiance. Détruire un établissement et en reconstruire un neuf, rebâtir une dynamique de savoirs, c’est parfois la seule façon de tourner une page, et de redonner l’espoir à ceux qui n’y croient plus.

Mais la France ne se limite pas à la banlieue et à ses difficultés. La moitié des Français vivent dans des communes de moins de dix mille habitants. L’Éducation nationale devra faire une place toute particulière aux problèmes des zones rurales et périurbaines. Elle mettra en place des mécanismes de péréquation nécessaires à une vraie égalité entre les élèves sur le territoire national. La décision de fermer les collèges de moins de deux cents élèves à la campagne sera revue. La proximité a des immenses vertus, qu’il faut savoir reconnaître. Le deuxième chantier à ouvrir d’urgence concerne les savoirs. Inutile de le nier : le niveau des élèves baisse d’année en année. Des études confirment ce sentiment commun. Le ministère de l’Éducation nationale a publié en janvier 2009 une étude réalisée en 1987 puis en 2007 auprès de quatre mille élèves de CM2.

Ses résultats sont sans appel : aussi bien en lecture qu’en calcul ou en orthographe, le niveau a chuté. Quand les élèves faisaient en moyenne onze fautes à une dictée en 1987, ils en font aujourd’hui quinze, avec le même texte. Certains nient toujours cette baisse du niveau : ils sont aveugles ou idiots. D’autres la reconnaissent, mais l’expliquent par la démocratisation et la massification de l’enseignement. Cet argument aurait peut-être pu être recevable dans les années cinquante. Mais pas aujourd’hui. En 1987, l’enseignement était déjà tout autant massifié qu’aujourd’hui, et pourtant le niveau était bien meilleur.

Il y a urgence, parce que cet affaissement des savoirs pénalise d’abord ceux à qui les parents n’ont pas les moyens d’offrir des cours particuliers, ou de transmettre naturellement leurs propres connaissances. Il pénalise l’avenir de la nation. La France a besoin d’ingénieurs performants, de bons techniciens, de jeunes bien formés et cultivés. Les élites de gauche comme de droite mettront toujours leurs enfants dans les meilleurs lycées, là où le niveau ne baisse jamais, et où ils habitent. Voilà pourquoi on ne peut compter sur elles depuis toutes ces années. Aujourd’hui, 95 % des élèves de grandes écoles sont issus de deux cents écoles maternelles des beaux quartiers, sur les dix-huit mille que compte le pays. C’est inacceptable !

Il y a des solutions pour inverser la tendance. La laïcité, c’est non seulement la neutralité religieuse, mais aussi la neutralité politique. Elle sera appliquée avec la plus grande fermeté. L’école doit être un sanctuaire, mettant à l’abri des modes et des lubies. Il faut cesser de faire de l’élève français le cobaye des pédagogistes, des disciples de la méthode globale, et des professeurs Nimbus de tout poil. Ils ont tué les méthodes traditionnelles d’enseignement, celles qui ont fait leurs preuves. Ces gens-là, que le pouvoir continue d’écouter religieusement, ont empoisonné l’école pendant des années, et leurs préceptes suicidaires ont ruiné le destin de milliers d’écoliers. L’enfant ne construit pas son savoir par lui-même. Il faut sortir au plus vite de ce courant de pensée ravageur, ce qu’a été incapable de faire Nicolas Sarkozy contrairement à ce qu’il avait promis. Le ministre de l’Éducation nationale, Luc Châtel, a encore récemment déclaré que l’école devait être en priorité « un lieu de vie ». C’est beau comme du Jack Lang, mais c’est dramatiquement faux.

Non, l’école doit être avant tout un lieu de transmission des savoirs et des connaissances ! Un lieu d’étude et de récompense du travail… Un lieu où est appris le goût de l’effort ! Les élèves seront notés, de zéro à vingt. Le baccalauréat retrouvera son caractère sélectif. Cet examen national, sans contrôle continu, permet l’égalité. Les méthodes classiques d’enseignement redeviendront obligatoires pour que cesse le carnage de l’illettrisme. L’apprentissage de la lecture sera syllabique. L’histoire sera apprise de façon chronologique. La géographie sera enseignée sur des cartes, en commençant par celle de la France.

Sachez par ailleurs qu’on a supprimé progressivement des heures d’enseignement dans les matières essentielles, comme le français. En 1976, un élève qui sortait du collège avait reçu deux mille huit cents heures d’enseignement du français depuis son entrée en CP. En 2004, c’était deux mille heures, soit huit cents de moins, l’équivalent de deux ans et demi de cours ! À cela s’ajoute la décision récente de supprimer encore des heures en primaire, de ne plus accepter la plupart du temps les enfants de moins de trois ans en maternelle, d’augmenter la place grandissante du sport et des langues étrangères dès les petites classes, au détriment du français et du calcul. Concernant les langues étrangères, ce grignotage incessant des heures de français n’a produit aucun résultat tangible. Le Monde a publié en 2009 une étude qui montre que le niveau en anglais des jeunes Français n’a pas du tout progressé en dix ans. Il faut donc cesser de saupoudrer les heures de cours avec des gadgets au détriment de l’apprentissage de notre langue nationale dans les petites classes. Et préférer par exemple le financement au collège d’un long voyage d’étude, en immersion totale, en Angleterre, en Espagne ou en Allemagne par exemple. Ce n’est qu’en pratiquant une langue sur place qu’on l’apprend véritablement. En parallèle, on pourra récupérer des heures de cours au bénéfice des matières de base. Et le non-remplacement d’un enseignant partant à la retraite sur deux cessera. L’intégralité des départs à la retraite sera remplacée. Il n’y aura cependant pas de créations de postes supplémentaires, dans un souci de responsabilité budgétaire. Les efforts de réduction d’effectifs seront concentrés sur l’administration de l’Éducation nationale. On doit mieux répartir les professeurs et faire en sorte qu’ils soient tous devant une classe, mais on ne doit pas détruire l’école sous prétexte d’économies ridicules, chiffrées à 150 millions d’euros par an, alors que d’autres économies bien plus amples, celles que j’ai exposées dans les pages précédentes, ne sont jamais envisagées.

Je souhaite enfin parler des valeurs. Parce que l’école, ce n’est pas seulement un lieu où l’on apprend des savoirs. On y apprend aussi à devenir un citoyen, un Français à part entière. Malheureusement, ce n’est plus le cas aujourd’hui dans nombre d’établissements. Dans ceux bien sûr qui concentrent tous les problèmes de l’immigration massive : comment enseigner convenablement quand on est face à une classe composée de dix-sept nationalités différentes et où les élèves ne parlent plus français le soir quand ils rentrent chez eux ?

Cette difficulté est exacerbée dans ces établissements, mais elle existe aussi ailleurs, à des degrés divers. La transmission des valeurs doit devenir une priorité. Elle se fera plus aisément quand on aura renforcé les exigences en matière de discipline, parce qu’on aura inculqué aux élèves les valeurs de respect, de travail, d’effort, d’attention à son prochain, d’humilité ainsi que le goût du travail bien fait. Mais l’école doit apporter quelque chose de plus. C’est à l’école que le futur citoyen doit apprendre le respect et l’amour de son pays, la France. Un pays qui n’a pas confiance en lui, qui ne s’aime pas, ne peut pas aller de l’avant. Pour cela, il faut sortir d’une vision dépréciée de notre Histoire nationale. Non l’Histoire de France ne se résume pas au triptyque esclavage/colonisation/collaboration. Oui, la France, qu’elle soit royale, impériale ou républicaine, est belle, admirable, digne d’être respectée. Forger à l’école un citoyen critique, mais fier de son pays. Ce n’est qu’ainsi qu’on pourra envisager l’avenir avec sérénité et confiance. « Pour reprendre foi à la France, espérer dans son avenir, il faut remonter son passé, approfondir son génie naturel » écrivait Michelet dans Le Peuple. Cette vérité n’a pas pris une ride.

Je me tourne à présent vers nos jeunes compatriotes, et je leur demande de déjouer les pièges qu’on leur tend, de refuser de rejoindre les petites cases dans lesquelles on aimerait les mettre. Visez toujours plus haut que les cibles qu’on vous propose ! Méfiez-vous du prêt-à-penser médiatique. Il a pour but de faire passer pour jeunes et modernes des opinions qui ne sont en réalité que celles d’une élite soucieuse de conserver sa position privilégiée. Repérez les raccourcis mensongers : « Union européenne égal paix ; nation égal guerre » par exemple… Je m’adresse en particulier aux « jeunes de banlieue ».

Ne vous laissez pas caricaturer par ceux qui se présentent comme vos amis, mais qui en réalité vous méprisent : vous valez bien mieux que la sous-culture « rap/foot/boxe » dans laquelle on voudrait vous enfermer. Je m’adresse aussi à ceux des bourgs et des villages. Jeunes de France misez sur vous-mêmes, sur votre intuition et votre intelligence. Elles seules nous aideront à relever le défi de la France, de sa liberté et de sa grandeur. Ne devenez jamais comme nos élites actuelles, croyez en la France !