Chapitre 2
L’« Empire du Bien » est d’abord dans nos têtes

La diabolisation de la Nation

« Le marché s’installe, y compris dans nos cerveaux, obligés de comparer en permanence les prix et les services : hier les forfaits de téléphones portables, demain les abonnements au gaz, comme si notre intelligence du monde devait être absorbée par un buvard permanent de consommation permettant de rendre plus naturelle la transformation du monde en marchandise. Et puis il y a les écoles que l’on met en concurrence pour pouvoir orienter dès le plus jeune âge ses enfants vers les meilleurs lycées, qui eux-mêmes préparent aux meilleures universités. Il y a aussi les hôpitaux, les villes, les régions que l’on classe pour apprendre comment échapper au destin perdant de qui ne privilégie pas à chaque instant son salut indivi-duel. »
Serge Halimi,
Le Grand Bond en arrière, Fayard, 2004.

 

« Les nations ne sont pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé, elles finiront. La confédération européenne, probablement, les remplacera. Mais telle n’est pas la loi du siècle où nous vivons. À l’heure présente, l’existence des nations est bonne, nécessaire même. Leur existence est la garantie de la liberté, qui serait perdue si le monde n’avait qu’une loi et qu’un maître. »

Ernest Renan, « Qu’est-ce qu’une nation ».
 

S’agissant du phénomène de la mondialisation ultralibérale, et en raison de la diabolisation de la Nation ancrée dans leur cerveau depuis l’enfance, de nombreux hommes et femmes de valeur s’avèrent incapables de remettre en cause le système. La défense de la Nation est devenue pour eux synonyme de chauvinisme, de rejet de l’autre, de risque de guerre.

Sans doute ce « surmoi antinational » peut-il s’expliquer partiellement par les douloureux souvenirs de la Seconde Guerre mondiale.

Cependant, ne peuvent-ils se souvenir que si la nation française avait été un peu moins conciliante avec Hitler en 1936, puis en 1938, de grandes souffrances auraient pu être évitées ? Ne peuvent-ils se souvenir que c’est au nom de la Nation que le Général de Gaulle s’est levé contre la capitulation ?

On conçoit une prévention antinationale chez la droite d’argent, qui a toujours cherché à affaiblir l’État pour mener ses affaires tranquillement, ou chez une école de pensée de gauche pour qui l’État est nécessairement l’auxiliaire du « Grand Capital ».

Mais chez les prétendus Gaullistes, le ralliement à l’idéologie mondialiste est proprement sidérant. Que des députés qui ont voté le Traité de Lisbonne osent se prétendre encore gaullistes, donc attachés à l’indépendance nationale, défie le sens commun.

Les intellectuels de gauche, quant à eux, devraient en théorie comprendre qu’aujourd’hui l’État est le seul à pouvoir défendre les peuples contre la finance mondialisée et l’emprise ultralibérale sur les esprits, et que le libre-échange généralisé, étendu à l’immigration, est une arme contre les plus faibles.

Ainsi un intellectuel comme Pierre Rosanvallon reconnaît que les inégalités qui se sont creusées depuis vingt ans menacent la démocratie, qu’elles génèrent une décomposition sociale, entraînent la montée de la xénophobie, la défiance des électeurs envers les institutions, et favorisent la corruption.

La sourde délégitimation de l’impôt, y compris à gauche, rend plus difficiles les efforts de redistribution si l’on ne restaure pas le sens du bien commun et la réciprocité. Rappelons-nous que sous Raymond Barre le taux marginal de l’impôt atteignait 65 %, contre 41 % aujourd’hui, bien sûr hors niches et bouclier fiscaux !

Pierre Rosanvallon partage aussi l’idée qu’« il est urgent pour cela de renationaliser la démocratie non pas par le refus des autres et du monde extérieur mais par le développement de la cohésion sociale ». On pourrait donc croire qu’il est donc un opposant résolu du système.

Et bien non ! Pour M. Rosanvallon, soutenir la nécessité de maintenir des barrières douanières pour protéger nos emplois et notre sécurité sociale comme le font la très grande majorité des États du monde, et en particulier la Chine, les États-Unis, ou le Brésil, « c’est refuser les autres et le monde extérieur ».

Tout de gauche qu’il soit, M. Rosanvallon est furieusement imprégné de métaphysique néolibérale. Il n’est pas étonnant qu’il soit le fondateur de la Fondation Saint-Simon, qui a orchestré la conversion de la gauche française au néolibéralisme avec des concepts aussi choquants que « la préférence pour le chômage », concept selon lequel les Français préféreraient la conservation de leur modèle social à la baisse du chômage : comme j’espère l’avoir montré, le chômage est la conséquence de la politique néolibérale mondialiste, et le modèle social français en est la cible, et non la cause.

Je pourrais par provocation lui opposer du reste que l’internationalisme de Marx ne consiste pas en une détestation des Nations mais, en réalité, en une coordination internationale de luttes menées par les classes populaires dans leur cadre national.

Cela n’a donc rien à voir avec un « antinationalisme » quelconque.

Ma conviction est que l’amour de la Nation française, et l’idée que la Nation est le cadre naturel de l’action politique, ne sous-entendent ni ne sous-tendent, aucune confrontation avec d’autres amours et d’autres convictions nationales.

Aujourd’hui se dessine le retour aux États-nations comme cadres de résistance à la volonté du système. Comme cadre naturel de la Nouvelle résistance à l’oppression, de cet indispensable combat contre le totalitarisme marchand qui s’acharne à défaire les structures politiques fortes, école, valeurs, tout ce qui jusqu’aux années soixante-dix empêchait l’atomisation de la société et préservait les peuples des formes aggravées d’oppression et d’exploitation que nous constatons chaque jour davantage.

Cette volonté que l’on perçoit chez les Français de retrouver, de rebâtir l’unité de la Nation, procède d’une même matrice, de Jeanne d’Arc à Henri IV, de Richelieu à de Gaulle. Comme en procède la volonté de dresser à nouveau des barrières morales, politiques et économiques à ce déferlement insensé d’égoïsme et de cupidité effrénés. Reconstruire la Nation, c’est à la fois retrouver le seul cadre protecteur des peuples, mais aussi permettre la reconstruction des identités individuelles enracinées, nécessité absolue pour survivre à l’assaut des agents du mondialisme et de l’univers marchand, de ce libéralisme dévoyé où tout s’achète et tout se vend, des marchandises aux hommes, des idées aux consciences.

Nous voilà bien loin du nationalisme, du bellicisme ou du chauvinisme sectaire, de la « beauf attitude », du béret-baguette, dont voudraient nous affubler les fidèles employés du système ou, ce qui est pire encore, beaucoup de citoyens de bonne foi, égarés par une propagande de tous les instants.

Cette sorte « d’alternationalisme » qui est en train de naître et que j’appelle de mes vœux articule une résistance bien plus efficace à la mondialisation sauvage que tous les mouvements altermondialistes boboïsés. Ceux-ci croient que la restauration de la démocratie, la justice économique, la protection de l’environnement pourraient être obtenues par des citoyens isolés qui, au pays des Bisounours, feraient une grande ronde autour du monde… Non !

Et, face au FMI, à l’OMC, au G20, aux institutions financières, à la Banque mondiale, aux lobbies bardés de dollars et à la grande distribution mondialisée, l’arrachage des plantes OGM, les jets de pierre sur les policiers lors de la conférence de Davos, ou la fabrication de chèvre frais biologique, ne paraissent pas de nature à faire reculer à eux seuls le capitalisme ultralibéral mondialisé, et à transformer Goldman Sachs ou J.P. Morgan en institutions de bienfaisance.

Seules des nations libres et indépendantes, rassemblant leurs peuples dans une communauté de destin et poursuivant leurs intérêts nationaux, la France défendant les intérêts des Français, l’Allemagne défendant les intérêts des Allemands, seules des nations fortes et indépendantes peuvent mener avec confiance le dialogue et les coopérations nécessaires à la survie de leurs peuples face au nouvel ordre mondialiste.

Sans nation, berceau de l’État républicain, point de salut face à la nouvelle tyrannie mercantile, destructrice de valeurs et d’identités, transformant les citoyens en consommateurs hébétés et déracinés, fragmentés en quelques tribus communautaristes, incapables de résister à ce Léviathan moderne.

C’est d’ailleurs une des raisons de mon opposition aux identitaires de toute nature. Je comprends leur volonté de privilégier, dans le combat pour le ré-enracinement, les communes, les provinces face à un État ayant abandonné tout souci de protection de l’identité nationale. Mais agir ainsi dans les circonstances présentes, c’est participer involontairement à la destruction de la Nation française, un des seuls États unitaires en Europe au profit d’une fédération de régions ; c’est faire le jeu, évidemment, de l’organisation de Bruxelles.

Or l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne ou la France ont déjà du mal à résister à la pression mondialiste en tant qu’États constitués.

Croit-on que la Bavière, La Lombardie la Catalogne ou la Bretagne seront plus fortes que des États-nations pour résister à l’« Empire du Bien » ?

La culpabilisation du peuple français, condition de la fabrication de l’« Homme nouveau »

« Ce pouvoir est aussi le pouvoir sur d’autres êtres humains, sur les corps mais surtout sur les esprits. Le pouvoir sur la matière n’est pas important, notre maîtrise de la matière est déjà absolue. Ce qui importe, c’est de commander à l’esprit. La réalité est à l’intérieur du crâne… Le réel pouvoir, le pouvoir pour lequel nous devons lutter jour et nuit, est le pouvoir non sur les choses, mais sur les hommes ». George Orwell, 1984.
 

Le combat mondialiste a besoin de culpabiliser les Français, de leur faire honte de ce qu’ils sont. Nos concitoyens, légitimement inquiets de l’arrivée sur leur sol de plusieurs millions d’étrangers en à peine quelques décennies, furent accusés d’étroitesse d’esprit par les élites, elles-mêmes à l’abri dans leurs cossus appartements de la Rive Droite ou de la Rive Gauche, loin des quartiers d’immigration…

Le Français populaire devenait le « franchouillard », trop borné pour comprendre la société idéale qu’on lui préparait malgré lui. De l’immigration, il ne percevait que les inconvénients, la pression sur sa sécurité, ses revenus et son cadre de vie ? On lui répondait qu’il était xénophobe, sujet à des relents coloniaux…

Il était désormais interdit de considérer que la France, ce sont aussi les clochers et les cathédrales par héritage, et que l’irruption soudaine dans notre paysage de signes prosélytes tels que les mosquées cathédrales ou les minarets ne sont pas nécessairement souhaitables. Le Français fut mis en accusation dans ses valeurs, au plus profond de lui-même. Il vit son identité collective malmenée, et son pays traîné parfois dans la boue. On lui expliqua que la France avait mis en esclavage des peuples entiers, que ceux qu’ils prenaient pour des héros nationaux, comme Napoléon, n’étaient en réalité que des tyrans sanguinaires, et que lui, le « souchien », portait sur ses seules épaules le poids de la colonisation. La France de la Seconde Guerre mondiale fut quasiment réduite à Vichy, oubliant les Justes et l’héroïque Résistance. On fêta en grandes pompes Trafalgar, mais on passa sous silence Austerlitz…

La suppression de l’enseignement de l’Histoire et de la Géographie voulue en classe de Terminale S va dans le même sens : il s’agit de forger un homme coupé de ses racines et de l’Histoire de son pays, un « citoyen du monde » déraciné, sans identité, malléable par la publicité de masse et se définissant par son mode de consommation et sa capacité à produire de la technique.

Le « seuil de tolérance » en matière d’immigration, que François Mitterrand estimait déjà atteint en 1989, a aujourd’hui largement explosé et se traduit par un appauvrissement général, une hyperviolence de plus en plus marquée, et la multiplication des zones de non-droit.

La destruction de l’École et l’abandon de la culture classique

« La clef de l’intégration, c’est depuis la fin du XIXe siècle

l’esprit républicain et l’école. […] L’école reste la clef pour retisser le corps social et le sentiment national. » Jacques Le Goff, entretien avec le journal Réforme, 20 juin 2007.
 

L’état actuel de l’école de la République et les raisons de son effondrement généralisé participent de la même entreprise de destruction.

Là aussi, on pourrait de prime abord naïvement considérer que la dégradation de l’école est une sorte de mouvement mécanique, une des manifestations de la décadence qui serait le destin obligé de toute société, puisque nous avons appris avec Paul Valéry que « les civilisations elles aussi sont mortelles ».

Je ne le croyais pas, à la fois par intuition et par caractère.

La lecture de Jean-Claude Michéa a été pour moi très éclairante sur ce point. Je tiens à préciser ici que je l’ai découvert à la suite de conversations, de débats passionnés qui m’ont opposée à certains de mes amis sur des sujets aussi importants que la laïcité, la République, le libre-échange, ou la fin de l’euro.

Je n’ai jamais eu le plaisir de rencontrer ce penseur et lui présente par avance toutes mes excuses s’il s’offense de ce que je trouve dans ses ouvrages sur l’école mais aussi sur le libéralisme, j’y viendrai plus tard, tant de démonstrations fulgurantes.

Son L’Enseignement de l’ignorance et ses conditions modernes débute par une citation du sociologue américain Christopher Lasch tirée de La Culture du narcissisme : « L’éducation de masse qui se promettait de démocratiser la culture jadis réservée aux classes privilégiées a fini par abrutir les privilégiés eux-mêmes. La société moderne qui a réussi à créer un niveau sans précédent d’éducation formelle a également produit de nouvelles formes d’ignorance. Il devient de plus en plus difficile aux gens de manier leur langue avec aisance et précision, de se rappeler les faits fondamentaux de l’histoire de leur pays, de faire des déductions logiques, de comprendre des textes écrits autres que rudimentaires. »
 

Ce constat établi en 1979 est chaque jour qui passe d’une d’actualité plus criante.
Mais ce développement de l’ignorance généralisée ne résulte pas d’un malheureux dysfonctionnement de notre société. Bien au contraire, il est une des conditions nécessaires au développement de la société ultralibérale.

L’école d’aujourd’hui, avec son pédagogisme insensée, sa méthode semi-globale, la théorie des ensembles, la transformation des enseignants en témoins de l’apprentissage de l’élève par lui-même, fait partie du projet d’« homme nouveau » nécessaire au développement du système ultralibéral.

C’est une responsabilité qu’on ne peut bien évidemment faire porter à l’immense majorité des enseignants. La plupart d’entre eux sont effarés par les méthodes qu’on leur impose et souhaiterait un retour à des formes plus classiques d’instruction de l’élève.

Non, la responsabilité en incombe aux gouvernants, alliés aux féodalités syndicales, qui obligent l’immense majorité du corps enseignant à appliquer des méthodes qui formeront des ignorants dont le système a précisément besoin. Pour que notre société adoratrice de l’argent-roi fonctionne, il faut que notre école soit à même de fabriquer, comme le note très bien Jean-Claude Michéa, un esprit « égoïste et calculateur » et, je cite, « à ce titre libéré des “préjugés”, “superstitions” ou “archaïsmes” qu’engendrent nécessairement, selon l’hypothèse libérale, toutes les sortes de filiation « d’appartenances ou d’enracinement ».
 

Pas besoin d’être un philosophe aussi percutant que Jean-Claude Michéa pour concevoir que l’égoïsme ne peut en aucune manière constituer une « valeur », c’est-à-dire la raison pour laquelle un sujet pourrait décider en fonction des circonstances de sacrifier une partie de ses intérêts, voire sa vie même.

Ce système d’éducation aboutit à l’impossibilité pour un homme de concevoir la notion de sacrifice, de renoncement ou de don, seuls concepts qui peuvent donner un sens réel à la vie tant il est vrai que « l’homme ne vit pas que de pain ». Si l’on allait au bout de cette logique, il n’existerait plus de hauts fonctionnaires ou de politiques qui croient au service public, plus de juges incorruptibles, plus d’entrepreneurs désireux de créer de l’emploi, plus d’éducateurs mus par la vocation… Au bout de cette logique, il y a tout simplement l’enfer. L’enfer ultralibéral.

Tout se déduit donc de cette nécessité : plus d’enseignement de morale civique à l’école, un enseignement de l’Histoire édulcoré ou travesti…

Il faut simplement apprendre une langue de communication simple, efficace pour être un bon serviteur de la machine économique, posséder des notions techniques utiles aux processus de production de biens ou de services, et surtout utiles au fonctionnement d’une économie financiarisée. Évidemment, on se débarrasse peu à peu de la culture classique, le Latin, le Grec, la Littérature, la Philosophie, l’Histoire, on élimine ces éléments « dévastateurs » qui sont la base d’une culture classique, d’un raisonnement autonome et de l’objectif central qui était autrefois celui de notre école républicaine, former un « honnête homme », disposant d’un esprit critique, capable de discernement, apte à se diriger lui-même.

Le Général de Gaulle ne disait-il pas que « la culture générale c’est l’école du commandement » ? Former une conscience critique, ce serait faire tout à la fois le cimetière des émissions de télé-réalité, l’affaiblissement du rôle de la publicité, ce serait au fond former des résistants au règne de la marchandisation de tout et de tous.

Et que l’on n’ose pas soutenir ce méprisable argument réactionnaire qui consiste à dire que si l’on fait de la télé-réalité c’est que les téléspectateurs la demandent. Je rappellerai que « L’Odyssée de l’espèce », série remarquable, a été vue par plus de 8 millions de téléspectateurs, et que se sont vendus plus de cent vingt-cinq mille DVD de la série.

Les élites, bénéficiaires et thuriféraires du mondialisme

« À dire vrai, ces dégoûtés et ces furieux ne se recrutent pas au hasard dans la population Ils appartiennent de préférence à ce qu’il est convenu d’appeler les « élites ». Ils composent deux groupes assez distincts qui tiennent des discours différents, notamment par leur degré de radicalité. Il y a ceux qui sont chargés de diriger le pays, pour lesquels il s’agit d’en finir avec une exception française devenue insupportable à leurs yeux. Et puis il y a ceux qui sont chargés de penser pour lui. Chez ceux-là, c’est d’en finir avec la France tout court qu’il s’agit Les deux discours ont beau ne pas être tenus dans les mêmes quartiers, ils procèdent de la même source. Ils sont semblablement des produits de décomposition du vieil universalisme français, malmené par les circonstances, mais encore solidement ancré. Déréglé, devenu erratique, le voilà qui se retourne contre sa matrice. » Marcel Gauchet, Le Point, 13 janvier 2011.
 

« Le bouclier fiscal c’est l’expression d’un choix de société qui valorise la réussite. »

Nicolas Sarkozy, discours de Saint-Quentin, 24 mars 2009.

On entend souvent dire de notre époque qu’elle est celle de la fin des idéologies. C’est un tort. Comme nous l’avons vu, le projet qui gouverne actuellement la France est celui du mondialisme, idéologie triomphante, plus puissante en réalité que toutes celles qui ont traversé le XXe siècle, plus forte parce qu’avançant sous le masque de la raison et de la science économique, et encourageant l’exacerbation de l’intérêt. Au service de l’asservissement de la nation, des élites coupées du peuple, voire ennemies du peuple, travaillent sans relâche à l’abandon des souverainetés, à la dissolution des solidarités et à la destruction des valeurs nationales.

Y a-t-il encore une solidarité de classe en France ? On pourrait en douter : le mouvement ouvrier s’est disloqué à mesure que le Parti communiste s’effondrait, notre pays affiche désormais un nombre de jours de grève par habitant inférieur à l’Allemagne, ou même aux États-Unis. Les syndicats ne regroupent ni ne représentent plus grand monde.

Il existe pourtant un corporatisme plus vivace que jamais : celui de nos élites, qui affichent presque ouvertement désormais une véritable solidarité de caste. Cette affirmation et l’analyse qui suivra me vaudront sûrement une franche acrimonie de la part de ce milieu, mais il vaut mieux dire les choses pour les résoudre plutôt que de se compromettre pour espérer la tranquillité.

Le retour en force de Jean-Marie Messier comme conseil aux grands patrons du public comme du privé, malgré ses condamnations formelles, l’illustre. Les affaires de mœurs Roman Polanski et Frédéric Mitterrand, qui ont secoué l’automne 2009, ont fini de le démontrer : quand l’un des siens est en danger, la caste au pouvoir attaque.

Finance, médias, politiques, gauche, droite, tout se confond. Ainsi, de BHL au Figaro, en passant par les états-majors du PS et de l’UMP, tous ou presque ont participé aux deux opérations d’exfiltrage organisées en urgence : « il faut sauver le soldat Polanski » au premier acte, puis au second, au risque de lasser, « il faut sauver le soldat Mitterrand ». Le tapis rouge du 20 heures de TF1 fut même déroulé au ministre de la Culture pour qu’il vienne s’expliquer, la larme à l’œil, sur un livre pour le moins ambigu. Qu’il affirme parcourir des milliers de kilomètres (la mondialisation a décidément bien des charmes) pour aller payer à Bangkok ceux qu’il décrit dans son autobiographie comme des « gosses » mais qui sont en fait, comme il l’a dit sans rire ce soir-là, des « boxeurs thaïlandais de son âge ou cinq ans de moins », n’a été mis en doute par aucun « grand journaliste ». Frédéric Mitterrand ne pouvait qu’être innocent, et tous ceux qui osaient continuer à en douter devaient subir les foudres, par exemple, d’un Alain Duhamel (plus haineux que jamais) ou se voyait reprocher de participer à une infâme « chasse à l’homme » populiste… La corporation des élites ne recula devant rien à ce moment pour venir en aide à l’un de ses camarades. Ces deux épisodes ont une nouvelle fois mis en évidence la collusion d’élites supposées au départ avoir des convictions politiques opposées.

Je le répète, cette élite est aussi bien politique que médiatique et financière. Après deux décennies de bourrage de crâne ultralibéral et mondialiste, son homogénéité idéologique est solide. Les grandes campagnes de presse, l’engagement des grands patrons, lors des quelques référendums auxquels eurent encore droit les Français ces dernières années, le montrent de façon paroxystique : le Traité de Maastricht, bien ; l’euro, bien ; le refus par le peuple suédois de l’euro, pas bien du tout ; la Constitution européenne, bien : les refus de cette Constitution par les seuls peuples consultés par référendum (français et hollandais), pas bien du tout. Son décalque, le Traité de Lisbonne, permettant de s’asseoir sur ces refus populaires, très bien ! Je note au passage que ce traité inique puisque contraire au référendum fut voté en France par 93 % des parlementaires, et bénéficia, on s’en souvient, d’un soutien médiatique extraordinaire. Quant au peuple irlandais, ayant mal voté lui aussi, il fut prié de manière pressante, en pleine crise financière et sous la menace, de revoter correctement car la Constitution nationale ne permettait pas de le contourner par voie parlementaire !

Continuons : l’immigration, bien ; le libre-échange généralisé, bien ; les protections aux frontières, pas bien ; le vote des Suisses pour l’interdiction des minarets, pas bien du tout. Sur tous les grands sujets, il est désormais très facile d’anticiper les positions des dirigeants politiques, qu’ils viennent du PS, du Modem ou de l’UMP. Prévoir les éditoriaux du soir et du lendemain matin ? C’est une activité quasi monotone. Quelques noms résument ce système : Bouygues par exemple, propriétaire de TF1 et ami personnel du pouvoir ; Bolloré, acteur important de la Télévision numérique terrestre (TNT) et de la presse gratuite, même chose ; Lagardère, actionnaire de référence d’EADS mais aussi propriétaire d’Europe 1 et de plusieurs quotidiens régionaux, actionnaire important de Canal +, idem ; Pinault, actionnaire majoritaire du groupe PPR et propriétaire du Point ; Arnault, actionnaire majoritaire de LVMH et propriétaire du quotidien économique Les Échos. Tout comme la famille Dassault (dont deux représentants siègent au Parlement sous l’étiquette UMP), propriétaire d’un groupe d’armement largement dépendant des commandes publiques et propriétaire du Figaro, dont le directeur de la rédaction est ouvertement engagé, aux côtés de Messieurs Pebereau et Fourtou, deux « parrains » des milieux d’affaires parisiens, dans un comité informel pour la réélection de Nicolas Sarkozy. Avoir un pied dans la presse, un autre en politique et un troisième dans les affaires, c’est important, notamment pour Édouard de Rothschild, actionnaire de référence de Libération. Et que dire de Mathieu Pigasse, patron de la banque Lazard, soutien de Dominique Strauss-Kahn et actionnaire important du Monde, ou de Pierre Bergé, autre actionnaire important du Monde et mécène en son temps de Ségolène Royal.
Telle journaliste d’une radio de service public aujourd’hui conseillère de la finaliste de l’élection présidentielle de 2007, tel ancien directeur de rédaction d’un hebdo de gauche devenu conseiller de Nicolas Sarkozy… La liste est sans fin. L’escapade sur le yacht d’un milliardaire déjà cité, après la célébration tapageuse de sa victoire au Fouquet’s, fut d’ailleurs un signal décomplexé à ses amis qu’envoya le chef de l’État dès le lendemain de son élection.

En tant que responsable politique, ce qui me paraît le plus intéressant est la consistance idéologique de cette caste au pouvoir ; elle croit profondément au projet mondialiste, et à tout ce qui en découle : marche forcée vers l’Europe de Bruxelles, libre-échange, dilution des peuples via la mise en concurrence féroce et l’immigration. Pas un gouvernement ces trente dernières années n’est allé à contre-flots. Toute la « grande presse » pousse dans la même direction, au grand dam, je le sais pour échanger avec eux, de nombre de journalistes qui, profondément malheureux, aimeraient briser ce mur idéologique. L’élite financière bien sûr approuve ce modèle, parce qu’il sert objectivement les intérêts des grands patrons mondialisés, CAC 40 et MEDEF réunis.

Le corollaire de cette défense du mondialisme est le détachement de la France et de son peuple. Les élites au pouvoir vivent déjà dans un monde différent, celui de « la France d’après ». Les considérations nationales, la volonté populaire, voilà qui ne les préoccupe pas beaucoup. La France en général ne les intéresse plus vraiment : elle est « moisie » pour Philippe Sollers, elle est la mère du fascisme et de tous les maux de ce siècle pour Bernard-Henri Lévy, elle est « franchouillarde » pour beaucoup, et coupable pour tous, coupable de tout, l’esclavage, la colonisation, la collaboration.

Nicolas Sarkozy lui-même a-t-il vraiment la France au cœur ? Est-il habité par sa fonction, conscient qu’il prolonge mille cinq cents ans d’histoire, dont sa fonction le rend dépositaire, ou simplement heureux comme pourrait l’être un gagnant du Loto ou un cadre d’entreprise nouvellement promu PDG ?

La façon dont le joggeur en t-shirt « NYPD » a rabaissé la fonction présidentielle, son usage approximatif de notre langue alors qu’il devrait en être un défenseur acharné, son alignement systématique sur les positions américaines, en font vraiment douter. Le doute s’insinuait déjà le 11 septembre 2006 à New York, quand le ministre de l’Intérieur Sarkozy dénonça « l’arrogance française » et la « grandiloquence stérile » qui aurait selon lui caractérisé le refus courageux de notre pays de s’engager trois ans plus tôt derrière la bannière étoilée en Irak (un des points positifs du maigre bilan des deux mandats de Jacques Chirac). Se dire fier d’être baptisé « Sarkozy l’Américain » quand on est président de la République française, voilà qui en dit long.

L’élite au pouvoir n’a plus guère de lien spirituel avec la France, ni d’intérêt pour son peuple, peuple que Jean-Pierre Raffarin a obligeamment affublé du sobriquet de « France d’en bas », sans en percevoir sans doute la connotation méprisante. L’élite se promène dans le monde d’en haut, pratiquant le nomadisme cher à Jacques Attali – il fut le premier à parler d’objet-nomades –, ce conseiller de François Mitterrand devenu muse de Nicolas Sarkozy. L’hyper-classe enfume, spécule, papillonne, de Los Angeles à Paris, en passant par Londres, Dubaï et New York.

La situation en France paraît même parfois plus grave que dans d’autres pays : selon un sondage réalisé par le CSA en janvier 2011 auprès des catégories favorisées dans six pays, les élites françaises sont les dernières, sur l’échantillon, à considérer le service de l’intérêt général de leur pays comme un objectif important à atteindre pour réussir sa vie (58 % contre par exemple, 95 % au Maroc, 92 % en Inde, 78 % aux États-Unis ou même 70 % en Allemagne) et les avant-dernières pour ce qui est de considérer la conformité avec des principes moraux comme un critère d’une vie réussie.

Elles sont aussi les seules, avec les élites chinoises, à penser que les relations sont plus importantes pour réussir que l’intelligence.
 

« On ne refera pas la France par les élites, on la refera par la base » disait déjà Georges Bernanos. Quand je vois le spectacle affligeant que ces riches privilégiés nous offrent aujourd’hui, j’en suis plus que jamais convaincue. Est-ce « populiste » que de croire cela ? Oui, si être populiste c’est croire en le peuple, et vouloir le servir. C’est en tout cas, je crois, être réaliste.

L’émergence de cette hyper-classe mondialisée est de l’intérêt bien compris d’un capitalisme financier transnational, qui a besoin d’élites de cet acabit pour prospérer et abattre les protections nationales, les seules efficaces, je le redis. Elle incarne aussi, sans ce que ce soit contradictoire, une nouvelle version de la terrifiante coupure entre le peuple français et ses dirigeants, qui a plusieurs fois dans le passé plongé notre pays dans le chaos.
Notre actuelle situation n’évoque-t-elle pas en effet la période de la Fronde au milieu du XVIIe siècle ?

Alors que le pouvoir royal, incarné par un enfant, s’affaiblissait, les grands féodaux d’hier, c’est-à-dire les banquiers, les financiers, les grands patrons du CAC 40 d’aujourd’hui, luttèrent de toutes leurs forces pour finir de dissoudre l’État aux fins de mettre les richesses du pays en coupe réglée.

Ils poussèrent à l’augmentation des impôts nécessaires pour payer leurs dépenses somptuaires, se firent attribuer les sources de revenus de la Monarchie, accaparèrent des emplois rémunérateurs, des offices, des fiefs et des apanages, sources de revenus colossaux, assez comparables aux rémunérations des dirigeants d’aujourd’hui.

L’État, ou ce qu’il en restait, ne servait plus qu’à réprimer ceux qui contestaient et n’avait pour unique fonction que de prélever les impôts sur le peuple pour combler l’avidité des puissants d’alors.

L’histoire de notre monde actuel, ce sont des États-nations qui se délitent, sous les coups de boutoir du mondialisme : les gouvernants abdiquent et deviennent, consciemment ou pas, les collaborateurs des financiers et des spéculateurs qui désormais mènent le monde.

La politique, pour le capitalisme financier ultralibéral, ce n’est plus qu’une aide utile au monde du profit. Le Cabinet du Président de la République, ou celui d’un ministre, devient un accélérateur de carrière pour devenir à terme dirigeant d’une banque ou d’une société du CAC 40, et utiliser ainsi à son profit les réseaux qu’on s’est constitué dans l’appareil d’État.

Cette connivence entre les puissances de l’argent et ceux qui ont détourné les pouvoirs de la puissance publique au profit de leurs intérêts de caste, est un mélange mortifère pour nos sociétés démocratiques.

Ensemble, ils bénéficient de cette accumulation de richesse invraisemblable, extorquée à la très grande majorité de nos concitoyens. Ensemble, haut fonctionnaire devenu banquier, banquier devenu député puis ministre, ils prélèvent chaque jour un peu plus sur l’économie réelle c’est-à-dire notre travail quotidien, notre sécurité sociale, l’école de nos enfants, pour combler les déficits produits par leurs erreurs et par la spéculation qu’ils ont laissé prospérer, puisqu’elle leur profitait. Notre Histoire de France n’est pas le souvenir romantique entretenu par quelques nostalgiques réactionnaires confits dans la naphtaline et obsédés par un hier inventé. Notre Histoire de France, c’est une expérience et une leçon pour aujourd’hui. Elle nous rappelle que la France a connu des situations comparables, ce qui bien sûr ne rend pas la nôtre moins inconfortable ou moins difficile, mais nous laisse espérer aussi que les solutions existent, puisqu’en fin de compte le jeune Louis XIV a eu raison de la Fronde.

Car, comme le disait Paul Valéry, la France chancelle, tombe, mais toujours se relève et reprend sa grandeur. C’est une autre des raisons pour lesquelles les élites cherchent à nous désapprendre l’Histoire de France : c’est bien sûr pour nous arracher à notre identité et faire de nous de simples consommateurs. Plutôt que des citoyens responsables, il vaut mieux des moutons. Il faut nous faire croire qu’il n’existe pas de solution à la crise, à leur crise.

La politique au service du mondialisme

« Que vaut-il mieux ? Une usine Renault au Maroc qui donne du travail à six mille Marocains sur place (avec deux cent cinquante cadres français) et contribue au développement du pays ? Ou six mille travailleurs immigrés de plus dans une usine Renault en France ? » Lionel Luca, député des Alpes-Maritimes, 6 janvier 2012.
 

« Deux épiciers qui se fournissent chez le même grossiste », voilà comment Philippe Séguin parlait de la gauche et de la droite au moment du référendum sur le Traité de Maastricht.

Comme on l’a vu, l’image est très juste. Depuis longtemps, ces deux camps, aujourd’hui dominés par le PS et l’UMP, suivis de leurs satellites et obligés EELV et Modem, ne s’opposent plus sur l’essentiel. Ils partagent le même projet mondialiste, et le même renoncement à la souveraineté de la France et de son peuple.

Il importe de savoir de quelle manière le pouvoir en France servira les intérêts de cette hyper-classe mondialisée.

À la tête de l’État, Nicolas Sarkozy fait évidemment partie de la caste des dominants. Fasciné par l’argent, par le pouvoir financier et par tout ce qui symbolise la richesse, y compris et peut-être même surtout dans ses manifestations les plus vulgaires et désolantes, il n’a ainsi pas hésité, au mois de février 2007, avant même son élection, à déclarer : « Je serai un président comme Louis de Funès dans Le Grand Restaurant : servile avec les puissants, ignoble avec les faibles. J’adore. » Même prononcée au deuxième degré, cette phrase dit tout. Parmi les proches du chef de l’État, une galaxie de conseillers plus ou moins occultes lui sert de relais avec le monde financier, entretenant cette collusion d’intérêts dévastatrice : Nicolas Bazire, chez LVMH, Henri de Castries à la tête d’AXA, et bien sûr l’inoxydable Alain Minc, omniprésent dans les contre-allées du pouvoir. C’est lui par exemple qui a tenté, en sa qualité de parrain des élites françaises, de les disculper en déclarant cyniquement que le livre L’Oligarchie des incapables (de Sophie Coignard et Romain Guibert) « aurait beaucoup gagné à décrire comment se comportent les élites dans d’autres pays », car « en comparaison, la France est un pays plutôt vertueux ».

À gauche, ils sont nombreux à pouvoir concurrencer Nicolas Sarkozy au petit jeu de la connivence avec le monde de l’argent : Dominique Strauss-Kahn, occupé lors de son passage au FMI à entretenir ses réseaux au niveau international pour mieux – croyait-il alors – assurer son retour triomphal, est la meilleure illustration du fait que sur ce terrain, comme sur beaucoup d’autres, les frontières sont très poreuses entre la droite et la gauche.

La gauche a renoncé aux travailleurs, et la droite à la Nation. Les écrans de fumée lancés périodiquement pour tenter d’entretenir l’illusion, qu’ils soient roses ou tricolores, ne masquent pas la réalité. Je le rappelais dans les pages précédentes, la Constitution européenne a été validée par le vote de plus de neuf parlementaires sur dix, quand le peuple était venu massivement aux urnes voter non à 55 %. Les parlementaires ont désavoué le peuple. Jusqu’aux péripéties de l’été 2011, le Parti socialiste prévoyait de faire son candidat de Dominique Strauss-Kahn, patron du Fonds monétaire international (institution mondialiste s’il en est, qui n’a eu de cesse depuis vingt ans de contraindre les États à liquider leurs services publics, leurs protections extérieures, ainsi qu’à massacrer le pouvoir d’achat des classes moyennes). Le fameux « consensus de Washington », qui résume les orientations ultralibérales du FMI et de l’OMC, où officie Pascal Lamy, un autre socialiste, pourrait être rebaptisé « consensus de Paris », tant les partis qui se partagent les postes dans notre pays depuis plusieurs décennies sont en phase. Abandon des travailleurs, quand Lionel Jospin bat le record de privatisation de la Ve République : Air France,

France Télécom, Thomson, CIC, CNP, Autoroutes du Sud de la France, etc. Abandon de la nation, quand la droite confie les clés de la maison à des autorités supranationales irresponsables, qui prétendent présider aux destinées des peuples. Abandon en commun de la démocratie, quand les résultats des référendums sont niés et le principe même de la consultation directe du peuple remis en question. À cet égard, le vent de folie qui a parcouru nos élites après la votation suisse sur les minarets, et dont le résultat n’a rien de scandaleux en soi, est des plus révélateurs.

L’hyper-classe mondialisée n’est donc ni particulièrement de gauche, ni particulièrement de droite ; elle cumule plutôt les défauts des deux orientations ! Elle transcende très largement ces familles politiques, qui ne sont plus rien d’autre que des écuries présidentielles, réceptacles des vanités et des ego de dirigeants à bout de souffle. La politique d’« ouverture » de Nicolas Sarkozy valide d’ailleurs ce que j’affirme, démontrant aux Français que la collaboration entre personnalités supposées de bords différents s’effectue sans la moindre difficulté. Que Bernard Kouchner, un des symboles du courant soixante-huitard, ait participé au gouvernement de celui qui avait promis pendant sa campagne d’en « liquider l’héritage » révèle l’étendue de la collusion idéologique, et ce faisant de l’escroquerie électorale.
Un ministre incarne mieux que quiconque cette souplesse de l’échine : Éric Besson, qui du jour au lendemain passa des bras de Ségolène à ceux de Nicolas, du PS à l’UMP, sans que cela ne lui pose aucun problème. Ce diagnostic est fait aussi à la sortie des grandes écoles, ENA en tête, où ce sont davantage des considérations tactiques et électorales qui déterminent la couleur de l’encartage des futurs dirigeants.

D’ailleurs, que la gauche ou la droite soit aux commandes, cela laisse désormais de marbre le grand patronat transnational. Du moment que l’affiche n’est pas bousculée, que les seconds tours écartent mécaniquement les candidats opposés au système, et que le peuple se voit proposé un faux choix entre bonnets blancs et blancs bonnets, ils ne trouvent rien à y redire.

Le peuple indésirable

« Les propositions institutionnelles du traité constitutionnel - les seules qui comptaient pour les conventionnels - se retrouvent intégralement dans le traité de Lisbonne, mais dans un ordre différent, et insérés dans les traités antérieurs. […] Dans le traité de Lisbonne, rédigé exclusivement à partir du projet de traité constitutionnel, les outils sont exactement les mêmes. Seul l’ordre a été changé dans la boîte à outils. La boîte, elle-même, a été redécorée […] Mais soulevons le couvercle, et regardons dans la boîte : les outils sont bien là, tels que les avait soigneusement élaborés la Convention européenne, des outils innovants et performants. »

Valéry Giscard d’Estaing, Le Monde, 26 octobre 2007.
 

« Il faut expliquer au peuple que si nous avions dit oui en 2005, nous ne serions peut-être pas dans une situation aussi dramatique qu’aujourd’hui. […] Si nous avions voté oui en 2005, nous aurions une gouvernance efficace, et nous ne traverserions peut-être pas les difficultés incroyables d’aujourd’hui ».

Laurence Parisot, France 5, 9 octobre 2011.
 

Les Français, ayant parfois l’intuition que les élites jouent avec leur avenir, tentent parfois de changer la donne : ils sont vite refoulés.

C’est ce qu’a démontré l’épisode du référendum sur la Constitution européenne, qui s’était transformé alors en un véritable « propagandum », pour reprendre le mot d’un ancien Premier ministre socialiste. L’entre-deux-tours de l’élection présidentielle de 2002 avait lui aussi des accents soviétoïdes.

Dans ces deux cas, qui ne furent que la partie visible de l’iceberg, aucune opération de lavage de cerveau ne fut épargnée au peuple, sommé d’aller glisser le bulletin adéquat dans l’urne. Il y a un « toujours plus » dans le déni de démocratie. Dans ces grands moments de communion antidémocratique, les élites politiques, médiatiques et financières mobilisent. Toutes les « pravdas », de gauche et de droite, bruissent à l’unisson. Les promesses volent, les anathèmes aussi, les subventions clientélistes également, quant aux menaces, elles sont un recours, si nécessaire ; l’apocalypse est annoncée en cas de vote non désirable.

Dans ces conditions, le fossé entre les élites et le peuple ne peut que s’élargir. Une étude récente réalisée par l’institut TNS montre que 57 % des Français ne jugent pas « à la hauteur de leurs responsabilités » les élites, contre 48 % dix ans plus tôt. Ils sont même 76 % à constater une divergence d’intérêts entre les élites et le peuple. Ce sondage est intéressant aussi parce qu’il démontre que ce sont bien les pratiques des élites qui sont dénoncées, et non leur existence : 84 % des sondés jugent la présence d’une élite indispensable. La réaction des Français est mûre et réfléchie, et j’ajouterai lucide.

Ce courant de révolte – qui existe bel et bien – a besoin de trouver un mode d’expression électoral efficace.

Aujourd’hui, l’abstention sert au principal de refuge à la masse des déçus, des révoltés, des dégoûtés et de oubliés ; structurellement, sur vingt ans, elle n’a cessé de croître. Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, comme je l’ai dit, les records sont battus les uns après les autres, signe d’une profonde désespérance, après la volonté éphémère d’y croire, qui caractérisa la présidentielle : la plus forte abstention de la Ve République aux Législatives a été enregistrée en juin 2007, aux Municipales en mars 2008, aux Européennes en juin 2009, aux Régionales en 2010, aux Cantonales en 2011, sans compter l’écroulement de la participation aux élections prud’homales de 2008.
 

Déboussolé, ne percevant aucune issue, le peuple français pour l’heure se résigne. Il choisit assez largement le silence plutôt que la dissidence électorale, qu’incarne le choix du changement véritable. Mais j’en suis convaincue, il suffit d’une étincelle pour que la flamme du peuple français se ravive. Et cette étincelle, aujourd’hui, je la vois.

La presse : le quatrième pouvoir au service du vrai pouvoir

« En fait, et pour l’essentiel, la dégradation progressive et profonde de la situation française depuis 1974 s’explique par la domination et la répétition incessante de “vérités établies”, de tabous indiscutés, de préjugés erronés, admis sans discussion, dont les effets pervers se sont multipliés et renforcés au cours des années. Cette domination se traduit par un incessant matraquage de l’opinion par certains médias financés par de puissants lobbies plus ou moins occultes. »

Maurice Allais, op. cit.

 

« En ne rencontrant que des “décideurs”, en se dévoyant dans une société de cour et d’argent, en se transformant en machine à propagande de la pensée de marché, le journalisme s’est enfermé dans une classe et dans une caste. Il a perdu des lecteurs et son crédit. Il a précipité l’appauvrissement du débat public. Cette situation est le propre d’un système : les codes de déontologie n’y changeront pas grand-chose. »

Serge Halimi, Les Nouveaux Chiens de garde, Liber-Raisons d’agir, 1997, 2005.
 

L’aristocratie journalistique, composée de quelques maîtres à penser et d’éditorialistes indéboulonnables, grisée par un sentiment de proximité avec les dirigeants, fréquentant les mêmes cénacles qu’eux, est au service direct des élites. Cette nomenklatura en fait même partie et se montre particulièrement acharnée à défendre le système. C’est bien d’ailleurs ce qui explique l’exceptionnelle longévité de quelques spécimens zélés, capables de survivre à tous les changements au sommet du pouvoir, de cultiver des amitiés avec tout ce que la planète politique et financière compte d’influences, sans jamais baisser la garde dans la défense des valeurs sacrées du système.

Alain Duhamel est un excellent représentant de cette fine fleur de la presse française, fanée depuis longtemps, mais toujours aussi envahissante : officiant depuis plus de quarante ans auprès de tous les pouvoirs, il n’a eu de cesse de servir la soupe et de mépriser, à mon humble avis, tout ce qui peut ressembler à une véritable opposition au système.

Également au service des élites, véritables relais des injonctions médiatiques, il y a les « sous-élites », les idiots utiles du système, catégorie relativement large dans laquelle chacun risque un jour de sombrer s’il ne prend garde à entretenir un rapport critique avec l’idéologie dominante et s’il se laisse abuser par les aumônes que celle-ci voudra bien lui consentir. Ces comparses n’ont guère d’influence sur les décisions qui sont prises, mais n’en sont pas moins indispensables dans la mesure où ils défendent becs et ongles l’ordre établi, menant un inlassable travail de modelage des représentations du peuple, et par là, influençant le cours de notre vie politique. Ils contribuent pour beaucoup à noyauter le débat public français, en l’enfermant dans le cadre très étroit de la bien-pensance dont ils sont les ardents défenseurs. Leur fidélité est entretenue par les élites politiques qui parviennent aisément à les amadouer en leur distribuant quelques miettes, hélas goulûment avalées.

On retrouve dans cette catégorie tous ceux qui contribuent à maintenir en place les logiques de domination actuelles. Chefs d’entreprise, cadres dirigeants, hauts fonctionnaires, nombreux sont ceux qui défendent un système dont ils ont l’impression, souvent à tort, de bénéficier, sans jamais dépasser les bornes du prêt-à-penser et du politiquement correct. Davantage diplômés que la moyenne, souvent passés par le formatage idéologique des grandes écoles, grands consommateurs de médias, facilement perméables au discours des élites parce qu’ils ont le sentiment d’être les seuls à le comprendre, ils participent au maintien et à la transmission des quelques idées convenues qui forment l’architecture du cadre de pensée politique officielle. Prenons l’exemple du dossier de l’assurance-maladie. Que pensera un lecteur averti du Figaro ou de Libération, ayant donc une culture économique générale, et ne connaissant pas de difficultés financières particulières ? Il n’envisagera comme pistes de réforme que celles que lui rappelle la doxa officielle depuis des années, à savoir deux types de mesures : continuer de dérembourser les prestations et les médicaments, et/ou augmenter les cotisations sociales. Cet archétype du bien-pensant n’aura bien souvent pas assez de liberté intellectuelle pour se poser les vraies questions, exigeantes et porteuses de solutions, mais taboues dans notre débat public.

Quelle part de notre richesse dépense-t-on et souhaite-t-on dépenser pour la santé ? Doit-on continuer de financer l’assurance-maladie uniquement en prélevant des cotisations sur les salaires ou doit-on élargir l’assiette à d’autres revenus ? Quelle somme et quel gâchis représente la fraude sociale ? Quel est le rôle dans la dérive des dépenses des laboratoires pharmaceutiques ? Quelles priorités en matière de dépenses de santé doit-on établir ?

Sur un autre dossier comme l’euro, ce sont des réactions quasi hystériques que nous verrons se déployer chez nos chiens de garde du système. La réflexion sur l’utilité de la monnaie unique, les méfaits qu’elle peut engendrer pour notre économie et l’intérêt qu’il y aurait à l’abandonner ? Il y a une impossibilité de la conduire sereinement. Ce sont vraiment là des dogmes de la pensée euro-mondialiste qu’il convient de ne jamais transgresser. Ces sujets suscitent des réactions épidermiques de défense, excluant toute discussion honnête et intelligente. Aidées par des médias dominants et organisés, et par les soutiens de bobos qui échappent aux cruautés de notre ordre économique et social, les élites politiques, de droite comme de gauche, bénéficient donc d’un vaste consensus, allant quasiment du sommet à la base de notre échelle sociale. Mais pour tenir, elles doivent aussi travailler en permanence à l’illusion qu’elles tirent leur légitimité d’un jeu démocratique irréprochable. Ce qui n’est pas le cas.

L’UMPS : l’illusion de l’alternance au service du projet mondialiste

« Si un jour l’imagination politique, l’exigence et la volonté politiques ont une chance de rebondir, ce ne peut-être que sur la base de l’abolition radicale de cette distinction fossile qui s’est annulée et désavouée elle-même au fil des décennies, et qui ne tient plus que par la complicité dans la corruption ».

Jean Baudrillard.
 

« Le traité de Maastricht fait la quasi-unanimité de l’ensemble de la classe politique. Les hommes politiques que nous avons élus sont tout de même mieux avertis que le commun des mortels. »
Élisabeth Badinter, « Vu de Gauche », septembre 1992.
 

Au cours des trois dernières décennies passées, aucun gouvernement, qu’il soit de droite ou de gauche, n’a remis en cause la course à l’Europe supranationale, aux transferts de souveraineté, toujours plus nombreux, ou au démantèlement des protections douanières ; pas un n’a envisagé un instant la renégociation par la France, dans son intérêt, des traités européens (Lionel Jospin avait certes annoncé pendant la campagne législative de 1997 qu’il refuserait le Traité d’Amsterdam, mais il trahit cette promesse dès la semaine suivante de son arrivée à Matignon !). Aucun non plus ne s’est opposé au mouvement de privatisations et de démantèlement (sous couvert de libéralisation) des services publics orchestrés par la Commission européenne. Aucun n’a mis fin à la politique d’ouverture des frontières et d’immigration incontrôlée. Aucun ne s’est voulu rempart contre la déréglementation de la finance, son recours de plus en plus déraisonnable au levier de l’endettement et à des produits financiers de plus en plus complexes et spéculatifs. Tous ont capitulé face au « divin marché ».

Je reconnais qu’il n’est pas toujours facile d’admettre que le monde qu’on a connu, qu’on s’est plu à analyser selon une grille de lecture longtemps pertinente, n’existe plus. Je n’ai pour ma part aucun état d’âme à le dire : le clivage entre la gauche et la droite n’existe plus. Il brouille même la compréhension des enjeux réels de notre époque. Certes, il permet aux boutiques politiciennes de continuer de se partager le « marché » de l’offre politique, et constitue une rente précieuse pour quelques politologues à l’inspiration limitée, mais il ne correspond plus à la réalité.

Depuis quelques décennies, le vrai clivage qui sépare les hommes politiques en deux camps est celui-ci : il y a ceux qui croient en la France et ceux, beaucoup plus nombreux, qui n’y croient plus.

C’est le schéma qui marque traditionnellement les moments décisifs de notre Histoire. Le second camp rassemble les adeptes de la religion mondialiste.

Comme souvent, les Français sont moins dupe que leurs élites. En 1981, seul un tiers d’entre eux jugeait « dépassé » le clivage gauche/droite. Ils sont aujourd’hui près de 60 % ! La succession depuis trente ans des gouvernements « de gauche » et « de droite » a fait certainement prendre conscience à nos concitoyens de la perméabilité très forte entre leurs programmes respectifs, et surtout entre leurs pratiques, sans qu’ils parviennent toutefois pour le moment à s’extraire totalement de cette différence artificielle, lorsqu’il s’agit d’aller voter.

La principale illustration de cette tromperie politique perpétuelle réside, je l’ai dit, dans la fameuse « alternance » qui se joue à chaque élection nationale, entre les deux camps au pouvoir, et ce depuis les débuts de la Cinquième République. Elle consiste à donner le sentiment d’un affrontement politique âpre entre deux projets antagonistes, alors même que ces projets, dans leurs orientations fondamentales, sont jumeaux. Ce sont deux déclinaisons d’un même thème, mondialiste et antinational.

C’est le sens du terme « UMPS », qui décrit d’un raccourci commode l’absence d’alternative réelle offerte par l’alternance UMP/PS, les deux partis (et leurs alliés) s’inscrivant dans ce qu’Alain Minc a appelé un « cercle de raison », qui est en réalité la meule toujours en mouvement du mondialisme bien assimilé.

Liés par leurs idées, leurs représentations communes de l’ordre économique et social, et leurs conceptions également dociles de l’action publique, les deux partis dominants et leurs satellites ont besoin de cette théâtralité de la vie politique, de ce faux affrontement mis en scène entre deux familles politiques proches.

À les entendre, tout les opposerait, sur tous les sujets. Tenus le 22 avril 2007, les propos des deux candidats qualifiés pour le second tour de l’élection présidentielle reflètent bien cette hypocrisie nécessaire à l’illusion démocratique. Ségolène Royal : « Nous aurons le 6 mai prochain un choix clair entre deux voies très différentes » ; Nicolas Sarkozy : « En me plaçant en tête de ce premier tour et en plaçant Madame Royal en deuxième position, [les électeurs ont marqué] clairement leur souhait d’aller au bout du débat entre deux idées de la nation, deux projets de société, deux systèmes de valeurs, deux conceptions de la politique. »
 

Naturellement, les médias ne sont pas en reste quand il s’agit de commenter et faire vivre sous nos yeux ces joutes politiques factices : ils ne déjouent jamais l’escroquerie intellectuelle qu’ils relaient. Au contraire, ils l’alimentent en la dramatisant, contribuant à faire croire que la véritable opposition politique se joue dans notre pays entre la gauche et la droite. Ainsi par exemple, à chaque élection présidentielle, la presse commande-t-elle très en amont du scrutin des intentions de vote entre les deux candidats qu’elle a choisis pour l’affrontement final du second tour : Chirac/Jospin en 2002, Sarkozy/Royal en 2007. En 2012 ce devait être Sarkozy/Strauss-Kahn, ce sera Sarkozy/Hollande, ce qui n’est pas bien différent. L’essentiel est de commencer très en amont, avant même que le scénario ne soit connu, à planter le décor de la pièce qui sera jouée aux Français.

Dans la mesure où il reste tout de même difficile de cacher l’évidente collusion entre les projets de chaque camp sur les sujets fondamentaux (appartenance à la zone euro, décentralisation et désengagement de l’État, immigration, politique étrangère indexée sur celle des États-Unis, etc.), l’illusion démocratique est renforcée en permanence par l’accent mis sur les oppositions, parfois réelles, qui subsistent sur des sujets secondaires, en particulier sociétaux comme le mariage homosexuel par exemple, sujets certes importants, mais très éloignés des grandes orientations politiques et économiques qui engagent l’avenir des Français.

Par ailleurs, à chaque fois qu’un camp est aux manettes, celui d’en face sert sciemment les intérêts de son soi-disant « ennemi » (en plus des siens bien entendu), en simulant l’opposition à des mesures qu’il aurait pourtant de toute évidence prises lui-même s’il avait été aux commandes. Ainsi par exemple, quand Claude Guéant nous sort de faux chiffres en matière d’immigration, tendant à faire croire que l’on réduit les flux d’immigration légale, la gauche lui reproche une prétendue dureté en matière d’immigration. Elle feint aussi de s’émouvoir des trente-trois mille reconduites à la frontière officiellement enregistrées en 2011, alors que tout le monde sait que ce chiffre, au demeurant très faible par rapport à l’étendue du problème, cache un gros mensonge. Nombre de personnes sont en effet comptabilisées plusieurs fois : une large partie des reconduites concerne en effet des Européens de l’Est qui, ayant séjourné en France de manière irrégulière, acceptent de partir, afin de bénéficier de la prime au retour ! Ils reviennent peu après sur le territoire, avant de se faire à nouveau expulser pour repasser par la case départ ; ces immigrants jouent ainsi au chat et à la souris avec la police, tout en bénéficiant de la complicité du préfet, ravi de pouvoir faire ainsi artificiellement gonfler les statistiques officielles de son département. Le Parti socialiste est d’autant plus de mauvaise foi qu’aucun de ses dirigeants n’ignore que Nicolas Sarkozy est en échec total dans sa gestion de l’immigration clandestine : elle est en réalité en pleine explosion, et entraîne un nombre record de régularisations, le gouvernement n’ayant pas plus de fermeté en la matière que les précédents. La gauche, pourtant très implantée en Seine-Saint-Denis, aura-t-elle ainsi l’honnêteté de dire publiquement que la préfecture de ce département emploie six personnes à temps plein chargées uniquement de procéder aux régularisations sur ce territoire, et que les autorités préfectorales estiment le nombre de clandestins dans ce seul département à cent cinquante mille ?

Quant aux rares hommes politiques de droite ou de gauche qui prétendent avoir découvert les méfaits de l’entreprise mondialiste, ils soutiennent maintenant le contraire de tout ce qu’ils ont soutenu précédemment. Les voilà désormais qui s’affirment pour le contrôle de la finance qu’ils ont, socialistes en tête, dérégulée à tour de bras depuis près de quarante ans !
Ces beaux esprits s’affirment aussi pour une réindustrialisation de notre pays, alors qu’ils se sont acharnés à supprimer toutes les barrières douanières et tous les obstacles à la libre circulation des marchandises depuis Maastricht, favorisant dès lors les délocalisations et la suppression d’un nombre effarant d’emplois industriels.

Les tenants de la « droite populaire » s’affirment comme des combattants anti-immigration alors qu’ils appartiennent à une famille politique qui, depuis les années soixante-dix, favorise l’immigration pour complaire le patronat. Ces députés de la droite populaire votent tous les budgets immigrationnistes, tous les traités européens nous privant de notre souveraineté en matière de contrôle des frontières, soutiennent un gouvernement qui supprime chaque année trois mille postes de policiers et gendarmes, et veulent nous faire croire dans le même temps qu’ils défendent l’identité nationale, l’indépendance de la France et la sécurité des Français ! Messieurs Mariani et Luca, hérauts de la droite dite populaire, ces élus menacés directement par le Front national dans leurs circonscriptions, découvrent soudainement les difficultés auxquelles sont confrontés les Français ! Quant aux duellistes Montebourg et Mélenchon, partisans affichés de la démondialisation, rabatteurs des classes populaires vers le PS, ce sont de pures arnaques électoralistes ! Nous savons déjà qu’ils appelleront tous à voter au second tour – si l’occasion se présente – pour François Hollande, ou à défaut pour un autre candidat partisan du même système européiste et mondialiste, quelles qu’aient été les postures adoptées pendant la campagne présidentielle.

S’ils osent, avec un culot phénoménal, soutenir un discours si contraire à la réalité des choses, c’est qu’ils comptent sur l’absence de mémoire des électeurs. Et elle existe, malheureusement, il faut en convenir. Cette amnésie a permis en 2007 à Nicolas Sarkozy, maire de Neuilly à partir de 1983, ministre du Budget de 1993 à 1995, porte-parole du gouvernement de 1993 à 1995, ministre de la Communication de 1994 à 1995, président du RPR pendant l’année 1999, ministre de l’Intérieur de 2002 à 2004, ministre de l’Économie et des Finances pendant l’année 2004, président du Conseil général des Hauts-de-Seine de 2004 à 2007, président de l’UMP de 2004 à 2007, ministre de l’Intérieur de 2005 à 2007… de se présenter comme un homme nouveau. Jeune politicien frais émoulu de nulle part, alors qu’il avait autant de titres et de médailles sur le torse qu’un Maréchal de l’Armée rouge, il n’aurait aucune responsabilité dans la politique menée par ses amis et alliés de 1974 à 2007 ? Ce fut l’arnaque de l’année.

Il en est de même pour François Bayrou, qui se présente lui aussi – et à chaque élection – en débutant, en perdreau de l’année, alors qu’il a été ministre de l’Éducation nationale sous trois gouvernements de droite, député des Pyrénées-Atlantiques depuis 1986, deux fois président du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques…

Il a lui aussi assumé, depuis son entrée en politique et sans barguigner, toutes les décisions européistes et mondialistes qui ont amené à la situation dans laquelle nous nous trouvons.

Le changement que je souhaite, que nous espérons tous, passe par leur départ, puisqu’il faudra changer de politique et non pas changer de degré dans l’échelle de la rigueur. En politique, ce n’est pas comme en cuisine, ce n’est pas dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes.

Les politiciens de l’UMPS, du modem, du Front de gauche, ou des Verts servent tous l’idéologie responsable de la crise, ils l’ont appliquée, justifiée, défendue. Ils sont donc évidemment les plus mal placés pour la résoudre, malgré leurs contorsions politiques.

Le verrouillage du jeu

« Cette oligarchie-là a l’opportunisme furtif et presque honteux. Il faut avant tout préserver l’illusion démocratique, celle qui fait croire au cochon de votant que placer son bulletin dans une urne lui donne une once d’influence sur son avenir. Mais l’oligarchie doit placer ses pions de façon à s’accommoder aussi bien d’un pouvoir législatif socialiste ou libéral, quitte à lui tordre le bras si nécessaire, et surtout à favoriser des majorités consensuelles qui auront à cœur de ne pas revenir sur les avantages que la majorité précédente lui aura octroyés. » Vincent Bénard, économiste libéral
 

Dans cette volonté d’écraser la démocratie sous les faux-semblants d’une alternance, qui n’en est en réalité pas une, le bipartisme relève de l’objectif politique ultime. Nombre de manœuvres témoignent en effet de ce que la limitation de l’offre politique à deux partis seulement, en l’occurrence le duopole officiel PS-UMP, constitue un verrouillage toujours recherché, et ce que l’un ou l’autre des deux camps soit au pouvoir.

C’est évidemment d’abord par les modes de scrutin aux différentes élections qu’on agit : la proportionnelle, qui permettrait à de nombreux partis alternatifs d’être représentés, est ainsi toujours combattue. Elle n’est évidemment pas à l’ordre du jour pour les élections législatives, malgré les promesses du candidat Sarkozy en la matière, et on menace même sa survivance dans les élections régionales ou européennes. Ainsi, en 2014, les prochains conseillers territoriaux seront élus, du fait de la réforme des collectivités locales voulue par l’UMP, au scrutin majoritaire pour 80 % des sièges et à la représentation proportionnelle de liste pour les seuls 20 % restants : inutile de dire que ce mode d’élection a pour objectif la prééminence des deux partis officiels.

Une autre manœuvre destinée à orienter la vie politique française vers le bipartisme réside dans les règles de calcul du temps d’accès aux médias, notamment télévisuels. Il est ainsi totalement scandaleux que les dispositions du CSA prévoient, pour les formations qui n’appartiennent ni à la majorité ni à l’opposition et qui ne sont pas représentées au Parlement, qu’il soit de la responsabilité des chaînes de leur assurer « un temps d’intervention équitable au regard des différents éléments de leur représentativité (nombre d’élus, résultats des différentes consultations électorales…) ». Résultat des courses : quand chaque semaine ou presque le JT de TF1 reçoit un ministre du gouvernement Sarkozy, je n’y ai été invitée qu’une seule fois depuis le début de ma carrière politique. Et encore a-t-on choisi de me faire passer un vendredi, jour de la plus faible audience. Notre mouvement n’est pas le seul concerné par cette inégalité flagrante : le NPA, Debout la République de Nicolas Dupont-Aignan, ou encore Lutte ouvrière n’ont quasiment aucun temps d’antenne. Inutile de le nier, tous les moyens sont bons pour enfoncer tout ce qui ne se fond pas dans le moule UMPS.

Autre illustration de cette volonté de cadenasser le jeu électoral en France, encore plus inquiétante du point de vue de la démocratie, la scandaleuse loi de 1976 imposant la publicité des parrainages accordés par les élus aux candidats à l’élection présidentielle. Combinée à la montée en puissance de l’intercommunalité qui rend les maires de petites communes encore plus dépendants des partis, elle est aujourd’hui une arme redoutable aux mains de l’élite oligarchique dans la sélection des candidats à l’élection présidentielle.

Ainsi, l’UMP et le PS, qui détiennent via le scrutin majoritaire l’essentiel des grandes villes de France, tiennent-ils sous leur coupe les maires de ces communes, mais aussi, indirectement, tous ceux des petites communes dépendant des subsides liés à l’intercommunalité. Les deux grands partis peuvent ainsi faire la pluie et le beau temps sur l’offre électorale de la campagne présidentielle, ce qui est peu admissible en terme de démocratie.

Ainsi, avantagera-t-on tel petit candidat qui constituera des réserves de voix notables pour le second tour, empêchera-t-on tel autre candidat gênant pour le système, quand bien même il pèse 20 % dans les intentions de vote : toutes les manipulations sont rendues possibles par ce système discret et inique.

Les électeurs, malheureusement, peinent à éviter le piège de ce bipartisme qu’on leur a fait entrer à coups de marteau dans la tête. Ainsi entend-on fréquemment au sujet de la gestion de l’économie par Nicolas Sarkozy : « Évidemment je suis déçu, mais qu’est-ce que ce serait si Ségolène Royal était au pouvoir ? » Endoctrinés, ils parviennent difficilement à concevoir qu’il existe d’autres offres politiques possibles à côté du duopole officiel.

La fin de la gauche

« Je suis socialiste mais mon programme ne l’est pas ».

Lionel Jospin, candidat à l’élection présidentielle de 2002.
 

L’écroulement du monde socialiste et de son système de pensée, qui a débuté dans l’univers des intellectuels à partir du soulèvement de Budapest en 1956, puis de sa répression, ainsi qu’avec la déstalinisation et le choc provoqué par le rapport Khrouchtchev, a favorisé l’avancée constante de la doctrine ultralibérale mondialiste. À cela une raison : aucune pensée articulée ne s’y opposait plus. On a ainsi assisté en France à l’écroulement du Parti communiste, qui est passé de plus de 30 % des voix au lendemain de la guerre à un infime 2 % à peine aujourd’hui. La fin du Bloc de l’Est a contribué au déclin du PC, mais aussi et surtout l’abandon par ce parti de la défense des travailleurs français. Rappelez-vous le « produisons français » des années soixante-dix, rejeté aux rayons des vieilles lunes au profit d’une acceptation revendiquée de l’immigration – dont nous savons pourtant qu’elle est mortifère pour les travailleurs de notre pays.

Georges Marchais n’écrivait-il pas au recteur de la Grande Mosquée de Paris dans une lettre reproduite dans L’Humanité du 6 janvier 1981 : « La présence en France de près de quatre millions et demi de travailleurs immigrés fait que la poursuite de l’immigration pose aujourd’hui de graves problèmes (…) C’est pourquoi nous disons qu’il faut arrêter l’immigration, sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage (…) Je précise bien qu’il faut stopper l’immigration officielle et clandestine (…) Se trouvent entassés dans ce qu’il faut bien appeler des ghettos, des travailleurs et des familles aux traditions, aux langues, aux façons de vivre différentes. Cela crée des tensions, et parfois des heurts entre immigrés de divers pays. Cela rend difficile leurs relations avec les Français (…) Quand la concentration devient très importante (…), la crise du logement s’aggrave, les HLM font cruellement défaut et de nombreuses familles françaises ne peuvent y accéder. Les charges d’aide sociale nécessaires pour les familles immigrées plongées dans la misère deviennent insupportables pour les budgets des communes. »

C’est l’abandon de ces positions, positions qu’il est presque sacrilège d’évoquer à voix haute aujourd’hui, plus encore que la chute du mur de Berlin, qui aura tué le Parti communiste français.

Et c’est ce qui fait aussi de Jean-Luc Mélenchon un constant « idiot utile » du système. Car ses proclamations de principes antilibérales sont en contradiction frontale avec sa défense de l’Europe supranationale et de l’immigration, sans compter son « oui » à Maastricht. Et je lui reproche d’égarer quelques travailleurs de bonne foi, transformés sans le savoir en supplétifs du mondialisme, cette doctrine qui travaille précisément à leur malheur !

Qui doutera un instant de l’appel de Jean-Luc Mélenchon à voter pour François Hollande au deuxième tour si cette éventualité se présente ?

Si ce dernier est « un capitaine de pédalo », Jean-Luc Mélenchon est bien le chef plagiste !

Il n’y a donc plus d’alternative de Gauche. Son acceptation de la mondialisation comme fin ultime de l’histoire économique l’a tuée. Pourquoi la Gauche, défenseur traditionnel des classes populaires, des pauvres, des exclus, opposante résolue aux excès du capitalisme financier, s’est-elle ralliée avec armes et bagages à la mondialisation libérale ?

Pourquoi n’est-elle plus qu’un alibi pour riches honteux, comme les exploiteurs d’hier avaient leurs bonnes œuvres ? Pourquoi a-t-elle quitté le terrain de la défense des classes populaires, des ouvriers, pour s’évaporer dans la défense de « l’exclu » ou du « sans-papiers » perdant jusqu’au sens même du mot exploité ?

Pourquoi ne se distingue-t-elle plus véritablement de la droite que sur des questions telles que le mariage des homosexuels et leur « droit à l’adoption » ? C’est là encore Jean-Claude Michéa – qu’il veuille bien me pardonner de le « nationaliser » – qui dans L’Impasse Adam Smith m’a aidée à théoriser les constatations que je fais de manière empirique depuis des années. Cette mort programmée de la gauche trouve son origine dans les années soixante-dix. Elle résulte de la combinaison des idées de Mai 68 avec le retour en force, à la même époque, des idées économiques libérales.

La Gauche, depuis sa naissance, a mené constamment d’immenses combats de libération. Elle a débuté son histoire politique au nom de la Raison, contre les vérités révélées : les Philosophes et les Encyclopédistes s’attaquèrent à l’Église, « l’Infâme » puisqu’ils considéraient qu’elle opprimait les consciences. Ce combat intellectuel, métaphysique devrais-je dire, s’accompagna d’une lutte pour réduire les inégalités, améliorer le niveau de vie des plus pauvres.

En un mot, la Gauche se voulait le champion de la lutte contre toutes les oppressions, qu’elles soient économiques ou idéologiques. Ce combat se voulait scientifique et rationnel : la Gauche se voulait le parti du Progrès, du Mouvement, de la Modernité… Rappelons-nous au passage de la prétention des libéraux au même caractère rationnel et scientifique de leurs théories.

La Gauche appelait à la libération de l’Homme de toutes les contraintes nationales, religieuses, familiales qui pesaient sur lui… Rappelez-vous la prétention des libéraux à dégager l’Homme de tout ce qui l’empêche d’être un consommateur rationnel sur un marché libre.

Ce parallélisme des idéologies fut masqué à la majorité des consciences par un paradoxe, et une formidable erreur d’analyse commise par la Gauche libérale.

La Gauche, dans son combat pour la liberté, pour les libertés, considérait que le capitalisme libéral, n’ayant de libéral que le nom, reposait essentiellement sur les structures de coercition que représentaient pour elle la Nation, l’Église, l’Armée, l’École, la Famille.
La Gauche considérait donc le système capitaliste comme une structure par nature réactionnaire, tournée vers, et appuyée sur les forces du passé. Il fallait donc pour le combattre attaquer tous ses fondements : Nation, Église, Armée, École, Famille. Selon la pensée de gauche, ces structures « reproduisaient », au sens de Bourdieu, l’univers mental de l’oppression capitaliste, maintenaient un contrôle des consciences qui permettait plus sûrement que les fusils ou les mitrailleuses le maintien de l’exploitation des travailleurs par les puissants.

Fatal paradoxe pour la Gauche, puisqu’elle faisait ainsi le jeu du système, abattant à son profit les remparts qui pouvaient le contenir. Car nous l’avons vu, le capitalisme libéral mondialisé en marche est une structure de « modernisation » irrésistible.
Le capitalisme libéral est un tsunami qui a détruit successivement les régimes féodaux, le capitalisme entrepreneurial et familial, les monarchies, les régimes totalitaires, les économies mixtes et le Bloc de l’Est !

Nation, Église, Armée, École, Famille, Traditions, tout va progressivement s’écrouler, dans les années quatre-vingt à 2000, devant le Léviathan en marche. Celui-ci fera du citoyen, du croyant, du patriote, de l’élève, du parent, un consommateur décérébré qui sera livré pieds et poings liés aux lois aveugles du système marchand, à la loi du profit maximum, assuré conjointement par les délocalisations et par l’immigration.

Ainsi donc, par une sorte de renversement de toutes ses valeurs, la Gauche, KO debout, deviendra-t-elle l’auxiliaire zélée du libéralisme en marche, participant avec entrain à la destruction de toutes les lignes de défense qu’avaient mis en place nos aînés, à la mondialisation dérégulée, au commerce, à la marchandisation universelle des hommes et des consciences.

Il fallait donc liquider le Général de Gaulle, icône de l’indépendance nationale, de l’économie mixte, du patronat et des syndicaux nationaux, du Plan et de son contrôle des forces économiques ; il fallait aussi détruire le Parti communiste français de Georges Marchais, défenseur du « produisons français » et opposé à l’immigration. PCF, hélas, complètement discrédité par son soutien à la tyrannie soviétique. Il fallait pulvériser l’école de la République, berceau de tant d’hommes et de femmes de qualité, édifice jadis au service de la Nation et cultivant la notion d’esprit et de service publics.

Il fallait s’acharner à détruire la famille, berceau de la transmission des savoirs et des traditions, matrice de l’instruction civique et de la morale sociale, au profit de familles multiformes et de l’enfant-roi, considéré dorénavant comme un prolongement narcissique de soi, voire un objet de divertissement.

Il fallait également et surtout, détruire la Nation, « le bien de ceux qui n’en n’ont pas », et la dépouiller de sa substance, immatérielle.

Ainsi, libéralisme et socialisme communiaient-ils enfin dans l’asservissement de l’État, immolé au profit d’intérêts privés.

La suite logique de ce renversement de toutes les valeurs se déroula ainsi : la Gauche abandonna peu à peu la défense des classes populaires, des travailleurs, des exploités, oui j’ose le mot, pour la défense monomaniaque de l’exclu du Tiers-monde et du sans-papiers, tellement plus exotique et plus valorisante sur le plan intellectuel. Abandonner la défense du travailleur français, ce beauf raciste et inculte qui allait bientôt, et c’était une raison supplémentaire de l’abandonner, donner massivement ses voix au Front national, devint logique pour les grandes âmes de la Gauche.

Le sarkozysme, « stade suprême » du mondialisme ?

« Dans le spectacle quotidien du gouvernement, spectacle à la fois hilarant et inquiétant, il n’est pas un geste, pas une déclaration derrière lesquels on ne sente le travail d’une équipe, et qui ne soient calculés pour faire croire au bon peuple que le pouvoir est au service de tous quand, de toute évidence, il est l’expression des grandes puissances financières ».

Bertrand Meheust, La Politique de l’oxymore, La Découverte, 2009.
 

Dans le cadre politique foncièrement antidémocratique qui est aujourd’hui celui de la vie politique française, le sarkozysme ne présente, du point de vue idéologique, aucun caractère particulier. Il ressemble à s’y méprendre au « chiraquisme », ou encore au « jospinisme », pour prendre les exemples les plus récents.

Il respecte les fondamentaux de la doctrine mondialiste au pouvoir depuis l’élection de Valéry Giscard d’Estaing en 1974 : foi dans l’ultralibéralisme, volonté d’affaiblir l’État par le haut (Europe) et par le bas (décentralisation), mise à sac des services publics, destruction de notre identité nationale par le communautarisme issu de l’immigration ; sur l’essentiel, l’idéologie au pouvoir, hier comme aujourd’hui, reste stable et vise à adapter la France au projet mondialiste, dans ses structures économiques et sociales, dans ses principes politiques, dans sa chair, en brisant sa singularité et sa capacité de résistance.

Il n’y a guère qu’en politique étrangère que le sarkozysme innove, en officialisant l’asservissement de notre diplomatie à celle des États-Unis.

Le sarkozysme, s’il ne se distingue pas dans le fond de la politique menée avant lui, se caractérise tout de même par un raffermissement très net du caractère antidémocratique des conditions dans lesquelles s’exerce le pouvoir en France. Le sarkozysme est d’une certaine manière au système de domination que nous connaissons ce que le rococo est au baroque, à savoir une forme totalement débridée et délirante du style d’origine, avant sa probable extinction, amenée par ses propres excès.

Il va en effet plus loin que d’autres avant lui dans l’organisation d’une opposition factice entre la droite et la gauche, et dans l’instrumentalisation du débat public, pour épater la galerie. Le sarkozysme, du point de vue de la méthode, est une entreprise très aboutie et perfectionnée de mystification des électeurs, beaucoup plus efficace que les tentatives plus « amateurs » mises en place avant l’arrivée de l’équipe actuelle au pouvoir. On a beaucoup menti aux Français depuis plus de trente ans, mais jamais autant, et avec un cynisme aussi assumé, qu’aujourd’hui.

Le mensonge est d’ailleurs consubstantiel à la présidence sarkozyste dans la mesure où cette entreprise politique s’est fondée dès la campagne électorale de 2007 sur une duperie fondamentale et originelle : celle qui a consisté à faire croire aux Français que Nicolas Sarkozy était novice dans l’exercice du pouvoir, blanc comme l’agneau, alors que c’était un ministre blanchi sous le harnais.

Dès le début de sa campagne présidentielle, le ton était donné : aucun devoir de vérité ne contraignait le candidat, qui s’autorisait à prononcer selon les audiences des discours contradictoires tout en éludant systématiquement la question de son bilan à la tête de différents ministères depuis 2002. S’agissant des interventions programmatiques du candidat UMP, personne ne parlait mieux à l’époque des faiblesses du candidat Nicolas que celui qui allait devenir son ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, Éric Besson. Ainsi, l’ancien soutien de Ségolène Royal déclarait-il sur le plateau de Ripostes le 14 janvier 2007 : « Il a écrit beaucoup de livres, il a prononcé beaucoup de discours et il y a les traces de son action de ministre. Moi je veux bien que par une sorte d’angélisme, un discours d’un après-midi efface dix ans, vingt ans d’engagement… Celui qui, ce matin, a dit une chose d’intéressante, c’est Monsieur Balladur qui dit à Nicolas Sarkozy : “Faites attention de ne pas dire de choses trop contradictoires ”. Autrement dit, il n’est pas dupe, Monsieur Balladur, il a bien compris que Nicolas Sarkozy est en train de dire tout et l’inverse de tout sur quasiment tous les sujets. » C’est aussi Éric Besson qui tonna le plus contre le bilan du candidat UMP place Beauvau : une augmentation de 43 % des atteintes aux personnes comme ministre de l’Intérieur, soit un bilan particulièrement peu probant.

Une fois l’Élysée conquis, il s’agissait de faire durer l’illusion d’un responsable public différent, en rupture avec ses prédécesseurs, incarnant le retour du volontarisme en politique, et pour cela tous les moyens ont été bons. Nicolas Sarkozy n’a pas abandonné sa stratégie d’« enfumage » ; il lui a au contraire donné une envergure industrielle en professionnalisant ses techniques de manipulation de l’opinion. Plus que jamais depuis 2007, le pouvoir trompe les citoyens.

Chez le Président de la République, tout est affaire de communication. Cela commence par ses initiatives : elles ne sont jamais prises en fonction de l’intérêt général ou mises en cohérence avec les précédentes. Elles sont uniquement décidées par le biais d’enquêtes d’opinion qui déterminent l’agenda présidentiel. Celui-ci varie sans cesse au gré de ce que révèlent les sondages commandés par l’Élysée, ou de ce que peut souffler à l’oreille du Président quelque conseiller particulièrement averti, ce qui contribue à un double effet : nourrir en permanence le public d’une actualité présidentielle, forcément en phase avec la préoccupation du moment, et détourner l’attention du même public de l’échec de la précédente mesure, forcément non aboutie, puisque déjà oubliée lorsque la suivante arrive. Nicolas Sarkozy cherche ainsi à donner le tournis aux citoyens. Envoyant sans cesse des messages destinés à montrer qu’il est sur tous les fronts et toujours en mouvement, il contribue à un effet de saturation hypnotique chez l’électeur moyen qui n’est prié de ne retenir qu’une seule chose : le président s’active, essaie de faire bouger les lignes ; peu importe s’il n’y arrive pas systématiquement, au moins aura-t-il essayé…

Mais pour tenir, le sarkozysme n’agit pas seul. Il s’appuie sur un montage en triangle particulièrement astucieux : le premier sommet du triangle, c’est l’Élysée, qui fixe l’agenda et la stratégie de communication, le deuxième ce sont les médias, qui relaient complaisamment le message présidentiel et organisent les conditions d’un débat biaisé, le dernier sommet étant constitué de sondages qui viennent confirmer que le président est sur la bonne voie.

Le schéma est simple à comprendre : un problème se pose à un moment donné, Nicolas Sarkozy annonce immédiatement une mesure phare, en général sans consistance aucune et sans implication réelle possible, mais symbolique et capable de frapper les esprits ; celle-ci est ensuite abondamment relayée par la presse qui se félicite du volontarisme présidentiel, et considérée comme étant conforme à ce que souhaitent les Français – un sondage venant à l’appui de cette assertion. La bonne volonté des médias s’explique quand on sait que de très bons amis du président dirigent les groupes de presse les plus importants, les principaux titres, et les plus grandes chaînes. Quant à l’utilisation des enquêtes d’opinion, elle est particulièrement facilitée par le montage mis au point par Patrick Buisson, conseiller du Président, et révélé par le rapport de la Cour des comptes de juillet 2009 : les sondages réalisés par l’institut Opinionway, officine qui ne travaillait quasiment que pour l’UMP et les journaux dits de droite, payés à la fois par l’Élysée et le Figaro, étaient directement pilotés par le dit conseiller, qui s’octroyait avec son cavalier de flanc droit Étienne Mougeotte un pouvoir discrétionnaire total sur la rédaction des questions.

Prenons encore quelques exemples de l’enfumage généralisé auquel se livre le pouvoir en place, et auquel il parvient avec plus ou moins de succès.

Un sujet capital concentre en soi une bonne part du mensonge présidentiel et fait l’objet d’une manipulation à jet continu de l’opinion, que personne n’est parvenu jusqu’ici à démonter : l’Europe. Cela fait des années que l’on cache aux Français la réalité du carcan européen dans lequel notre pays s’est enchaîné sans l’accord du peuple. Mais de la part du président de la République, sur cette question, il ne semble plus y avoir aucune limite dans la volonté de tromper le peuple. Ainsi, la dernière campagne des élections au Parlement européen a-t-elle été l’occasion d’une hypocrisie sans nom : l’Europe de Bruxelles fut critiquée de toute part par l’UMP, pour sa léthargie face à la crise, pour son dogmatisme (aucune aide d’État possible, aucune marge de manœuvre au niveau national en matière de politique industrielle), et plus largement pour son rôle de catalyseur dans les dérives financières contemporaines.

Tout cela alors que Nicolas Sarkozy, l’UMP et les autres partis du même tonneau faisaient ce qui était en leur pouvoir pour pousser en sous-main à l’adoption la plus rapide possible du Traité de Lisbonne, qui grave dans le marbre la folie libre-échangiste de l’Europe. Difficile d’aller plus loin dans l’esbroufe !

Autre sujet, le débat sur l’identité nationale. De toute évidence, ainsi que je l’analysais dans une tribune que Le Monde a publiée en décembre 2010 (la première et la dernière d’ailleurs), sur ce dossier, l’enfumage a échoué. Lancé afin de fidéliser une partie de l’électorat de droite abusé lors de la dernière élection présidentielle, ce débat obéissait à la même logique que celle qui prévaut à toutes les initiatives présidentielles du quinquennat et que nous dénonçons ici. Sauf que la machine de communication s’est apparemment grippée. Difficile de savoir ce qui a empêché l’arnaque sarkozyste cette fois de fonctionner : la révélation du scandale Opinionway ? La mise en cause de l’éminence grise Buisson ?

L’essoufflement du Président ? L’opiniâtreté de nos militants ? Certainement tout cela à la fois… Mais toujours est-il qu’à cette occasion, peut-être pour la première fois depuis des années, les masques sont tombés et la stratégie de Nicolas Sarkozy a été déjouée.

Par ses outrances et ses intrigues, l’exercice sarkozyste du pouvoir a deux types de conséquences. En premier lieu, il nuit considérablement à la confiance que peuvent avoir les Français dans leurs dirigeants. Il va sans dire que tout ce que nous avons dénoncé, si l’on n’y met fin, ne pourra que concourir à un affaiblissement de la participation lors des consultations électorales. Si l’on ne lutte pas contre la déliquescence démocratique que connaît notre pays, exacerbée par le quinquennat actuel, les Français risquent fort de sombrer dans une défiance définitive à l’égard de l’offre politique.

Mais le Sarkozysme a aussi le mérite de permettre une identification facile des faiblesses du système, et donc d’offrir des angles d’attaque plus évidents.

Cela est heureux, car nous ne pourrons, dans le cadre de la campagne présidentielle, et par la suite dans tous les autres cadres, réformer la France qu’à partir du moment où les Français auront une claire conscience des réalités du système qui les opprime. C’est ma conviction fondamentale.

Les élites rattrapées par la crise

« Au moment où une monarchie va s’écrouler, plusieurs phénomènes peuvent être observés. Et d’abord la noblesse tend à se dissoudre. […] Un mortel affaiblissement se fait sentir à tous au dehors comme au dedans ; les grandes choses de l’État sont tombées, les petites seules sont debout, triste spectacle public ; plus de police, plus d’armée, plus de finances ; chacun devine que la fin arrive. De là, dans tous les esprits, ennui de la veille, crainte du lendemain, défiance de tout homme, découragement de toute chose, dégoût profond. Comme la maladie de l’État est dans la tête, la noblesse, qui y touche, en est la première atteinte ! »

Victor Hugo, préface de Ruy Blas.
 

« Il y a beau temps que les Français cherchent désespérément un secours sans cesse promis par des prétendants trop sûrs d’eux. Ils savent maintenant qu’ils ne le trouveront plus dans un débat politicien dérisoire […] Les ambitions demeurent, l’impuissance s’étale, la vulgarité aussi. Le peuple dit : “assez !” Le pouvoir s’évanouit. » Marie-France Garaud, op. cit.
 

S’attaquer faiblement aux problématiques essentielles du pays, affronter l’inertie des esprits, ou la puissance de feu des banques, ou l’immigration clandestine, c’est improductif ; c’est la méthode Dalida ! Des « paroles, paroles, » à peine prononcées, déjà oubliées, pour éviter d’attaquer les causes. Nous avons vu que cette crise, comme toutes les précédentes, trouve son origine dans trois éléments essentiels se renforçant l’un l’autre, dans une relation d’interdépendance caractéristique d’un système.

La libéralisation générale des échanges de biens, de service, d’instruments financiers et d’êtres humains, d’abord ; la dérégulation financière, ensuite ; l’immigration incontrôlée enfin, voilà le trépied infernal de la crise.

Nous avons connu une accumulation de mauvais choix politiques et économiques, ou plus exactement de mauvais choix économiques réalisés par des hommes politiques soumis à une idéologie libérale devenue religion.

Tous nos gouvernants, de droite comme de gauche, ont abdiqué devant les institutions financières.

Ainsi, ils renoncent chaque jour un peu plus à favoriser l’éducation, c’est-à-dire l’instrument indispensable à tout être humain pour s’élever au-dessus de sa condition. « Quand vous semez dans le vaste champ de la République vous ne devez pas compter le prix de la semence : après le pain, l’éducation est le premier besoin du peuple » affirmait Danton.
 

Nos hommes politiques ne sont plus que des relais serviles d’établissements financiers, pour qui seuls comptent la notation triple A et la sécurisation de la dette. Mais le Général de Gaulle doit se retourner dans sa tombe, lui qui pensait que « la politique de la France ne se fait pas à la corbeille », lui qui dédaignait ouvertement les « gnômes de Zurich ». Pour maintenir ce système qui ne profite qu’à quelques-uns, ils détruisent toute l’organisation économique et sociale construite sur ce vaste compromis qu’était le programme du CNR en 1945.

Organiser la liberté d’entreprendre oui, la liberté d’investir bien sûr, le droit de se constituer un patrimoine à l’évidence, mais dans le respect des justes équilibres qui conduisent à la nécessaire égalité sociale, fondement de toutes les sociétés démocratiques.
Laisser se constituer des oligopoles géants, des ententes sur les prix entre les producteurs, ouvrir tous les espaces à une grande distribution monopolisant le commerce, favoriser l’accumulation de fortunes scandaleuses et galvauder la morale publique, permettre à la finance de se constituer des rentes et de privatiser la monnaie, de spéculer sans limites sur les produits agricoles, c’est préparer le cimetière de la démocratie.

Cette dérive de l’économie la transforme en un vaste casino, totalement déconnecté de la réalité productive, la vraie, la seule qui compte, celle qui doit assurer du bien-être des peuples qui produisent et consomment.

Ainsi se constitue jour après jour une société ultralibérale et mondialisée, qui n’est que la façade de la dictature économique que l’hyper-classe mondialisée exerce avec un égoïsme noir, et ce au détriment de la classe moyenne et des classes populaires.

Revenons un instant sur les discours de Toulon, de Toulon 1 comme de Toulon 2 prononcé par le Président Sarkozy. Ces discours, le président de la République aurait dû les intituler « L’Aveu » !

Car voilà que Nicolas Sarkozy fustige soudain les méfaits d’un capitalisme débridé, les intérêts à court terme, la mondialisation débridée. « Il est plus de joie au paradis pour un pêcheur qui se repent que pour dix justes » affirme l’Écriture. Certes, mais il oublie que ce qu’il condamne, il a participé à le créer et à le défendre depuis trente ans qu’il exerce ses mandats politiques. Il oublie de dire que la situation s’est aggravée sous son mandat, non pas parce que la crise s’est durcie (car la crise est le produit de l’action politique menée depuis trente ou quarante ans), mais bien parce que seul un changement radical, qu’il ne peut arriver à impulser, peut résoudre cette crise. Les solutions préconisées par lui ne sont rien d’autre qu’une capitulation en rase campagne de la France face à l’Allemagne, dans le droit fil de cette Droite de l’argent qui a toujours galvaudé l’intérêt national, dans le droit fil de la droite que le Général de Gaulle a toujours méprisée. La géographie lui donne du reste une terrible leçon puisque l’Histoire ne semble pas lui parler. C’est à Toulon en effet que la flotte française se saborda en 1942, et c’est à Toulon que Nicolas Sarkozy abdiqua encore un peu plus la souveraineté de la France en tant qu’État-nation, le 1er décembre 2011.

Si Nicolas Sarkozy et les hommes qui l’entourent, si François Hollande et son équipe, si l’ensemble des candidats qui vont se présenter à l’élection présidentielle ne peuvent apporter de solutions à cette crise, c’est qu’ils s’inscrivent tous, à l’exception peut-être de Nicolas Dupont-Aignan, dans le même logiciel de pensée.

Ils sont imprégnés de la même idéologie, des mêmes conceptions qui transcendent la fausse opposition que nous jouent la droite et la gauche.

Si gauche et droite appliquent la même politique, et considèrent que le futur est scientifiquement défini et tend vers le règne universel du marché, à quoi sert-il de voter ?

Puisque gauche et droite acceptent que seuls la logique mondialiste et le libéralisme soient l’alpha et l’oméga de l’organisation économique mondiale, faut-il garder un parlement élu ? C’est bien parce que je ne partage pas les principes de cette idéologie que j’ai entamé mon combat politique, aidée par tous les militants, et que j’affronte l’ensemble du Système. D’abord accompagnée de quelques-uns, rares au début, j’ai vu grossir l’avant-garde de l’immense foule des Français qui se sont réveillés et disent non. Mais il faut convaincre encore et toujours plus, pour qu’ensemble, tous unis dans cet élan démocratique sans lequel rien n’est possible, nous puissions refermer la parenthèse libéralo-mondialiste qui nous a ruinés, et retrouver le chemin de la croissance, du plein-emploi, et de la justice sociale.

Nous voilà maintenant arrivés au terme de notre analyse. Cette crise est le résultat de choix économiques et politiques que l’on a tenté de nous faire prendre pour la nécessaire prise en compte d’une vérité scientifique. La libéralisation généralisée des échanges, sans aucune limitation, aboutit à la constitution d’excédents financiers monstrueux provoqués par les déséquilibres commerciaux entre pays à forte protection sociale et pays à bas coûts de production, et à un insupportable accroissement des inégalités. La dérégulation financière a permis au secteur privé de créer ex-abrupto de la monnaie à l’instar des États, de spéculer sans limitations en prenant en otage les dépôts des épargnants ; elle a permis la constitution de fortunes colossales sans la moindre création de richesse.

Les États s’en sont remis au Marché pour assurer leur financement, qui est devenu plus cher et dépendant des agences de notation, organismes privés, soumis eux aussi aux lois du Marché, alimentant ainsi une rente captée par la classe mondiale des plus favorisés.

Le Marché, poursuivant sa logique infernale, s’est attaqué aux États-nations, qui seuls possédaient les moyens de limiter la guerre internationale de tous contre tous, moteur de cette course effrénée au profit maximum, asservie aux seules fins égoïstes d’une classe mondialisée de riches oisifs accaparant toujours plus de biens.

La combinaison de ces différents facteurs a créé les conditions d’une spéculation financière mondiale incontrôlable. Le pitoyable spectacle que donnent les gouvernants aujourd’hui s’explique parce qu’ils continuent d’honorer et de servir des causes dont ils déplorent les effets, sans jamais remettre en question le Moloch dont ils sont les valets.

Les seules solutions envisagées par eux pour sortir de cette situation, c’est de faire payer les Peuples par l’impôt, la baisse du niveau de vie et de la protection sociale. Au citoyen et au contribuable de se priver, d’accepter le chômage, les délocalisations, l’immigration pour renflouer les pertes des banques, des financiers et des spéculateurs pour assurer la survie des produits spéculatifs qu’ils ont élaborés et vendus aux plus riches.
C’est au cri de « sauvons l’euro jusqu’au dernier de vos emplois, de vos dernières économies, de vos retraites et de votre sécurité sociale » qu’ils devraient, par souci d’honnêteté, se présenter aux élections qui s’annoncent !

Permettez-moi je vous prie de vous offrir un autre chemin, d’autres solutions et une autre espérance !