Deuxième partie
Un avenir français, la voie du redressement

Décrire nos souffrances, c’est certainement le plus simple de la réflexion qui a conduit à rédiger ce livre. Trouver les remèdes aux difficultés de notre pays, c’est encore relativement aisé. On pourrait se dire qu’à partir de là, il n’y a plus qu’à convaincre et à reconstruire. Reste que, trahis par des générations d’hommes politiques qui, sans vergogne, les unes après les autres, n’ont pas respecté leurs promesses, et se sont abaissées à toutes les lâchetés et les compromissions ; la confiance dans les institutions, élément indispensable de l’équilibre républicain, s’est étiolée au même rythme que celui des espérances déçues. On l’a vu : parce qu’ils symbolisent le meurtre de la parole donnée en politique, Nicolas Sarkozy ou Jacques Chirac ont porté à l’attachement de notre peuple à la chose publique un coup dur, que d’aucuns craignent fatal.

Le mépris que Sarkozy éprouve pour l’honneur de sa fonction, de la grâce que lui ont faite les Français, en le désignant comme leur président, comme leur représentant devant la planète entière, contribue pour beaucoup aussi à nourrir la défiance envers les hommes politiques. Quel respect peut-on accorder à un chef d’État qui, une fois élu, a immédiatement commencé à insulter les sans-grades et les oubliés en jouant crânement au nouveau riche ? Plus généralement, quelle considération peut-on avoir pour un homme qui a décidé de se mettre au service de ses amis du CAC 40 ?

Le service de la patrie oblige à une certaine retenue, à une ascèse : j’ose le mot. Cette vocation implique une forme de distance, non pas avec la réalité que connaissent nos concitoyens, mais bien avec les puissances de l’argent, des médias, de la banque dont nous savons tous qu’elles sont liées.

Sans doute le long éloignement de ma formation politique des jouissances du pouvoir, jointe à une certaine méfiance personnelle pour tout ce qui brille, m’ont-ils préparé à cette attitude d’éloignement ? Je pense plus encore que mon expérience d’élue locale, à Hénin-Beaumont, dans un de ces coins de France si dévasté par les évolutions économiques et sociales des dernières décennies, a contribué à renforcer mon sens de l’humilité.

Tout cela me permet de cultiver cette sincérité dont je crois qu’elle est un des fondements de l’engagement politique véritable, l’une des valeurs irremplaçables pour quiconque espère un jour mener une action résolue au service de l’intérêt général. Je crois très profondément que sans être sincère, un homme ou une femme politique ne peut aller au bout des idées qu’il défend, se heurtant toujours plus vite et douloureusement que prévu à des contraintes qu’il ne se sent pas la force de dépasser.

La vérité a son propre poids et elle se ressent au-delà des mots et des proclamations.

Je le disais dans À contre flots, mon premier livre, je crois que la politique, c’est de l’amour, l’amour des gens de son pays, de leur vie, de leurs coutumes, de sa langue, de ses réussites comme de ses échecs, de ses grandeurs comme de ses petitesses. Et de la France moi, je prends tout, des Gaulois aux Céfrans qui veulent devenir Français à part entière, de la monarchie à la République, de la colonisation à la décolonisation, des cathédrales à la loi de laïcité de 1905. Mais vous seul, lecteur, électeur, vous pourrez juger de ma sincérité et choisir de croire en mon engagement qui repose sur des valeurs essentielles qu’il convient de réhabiliter.