7

L’aube montait, telle une fumée grise, sur le lac couvert de neige.

Debout à la fenêtre, j’ai pensé que j’avais vu mon père dans l’attitude exacte où je me tenais à présent. Je ne suis pas aussi gros qu’il l’était, même si mon ventre aussi a tendance à pendouiller maintenant. Mais qui me voyait ? Personne d’autre qu’Harriet, qui avait calé trois oreillers derrière son dos.

Je pensais à ce qui s’était produit juste après que son cri m’avait réveillé et qu’elle m’avait frappé au visage.

J’étais un homme presque nu dans un paysage d’hiver, voilà ce qu’on pouvait en dire.

J’avais envie de descendre jusqu’au lac enneigé que je voyais et d’y creuser un trou. La douleur de l’eau glaciale me manquait. Mais je savais que je ne le ferais pas. Je resterais dans la chambre avec Harriet. Nous allions nous habiller, prendre le petit déjeuner et poursuivre notre voyage.

Je pensais au rêve d’Harriet, celui dont elle s’était réveillée avec un grand cri. Ce qu’elle m’en avait dit paraissait totalement confus. Comme si, partie à la recherche de son rêve, elle n’en trouvait que des débris. Quelqu’un la transperçait de clous parce qu’elle refusait de renoncer à son corps. Quelqu’un s’entêtait à vouloir lui arracher la poitrine. Elle s’était débattue, elle était dans une pièce, ou peut-être un paysage, entourée de gens dont elle ne reconnaissait pas le visage. Leurs paroles ressemblaient à des sons menaçants émis par des oiseaux.

Son cri m’avait réveillé. J’avais voulu la toucher pour l’apaiser, ou peut-être m’apaiser, moi, mais elle était encore dans cette zone grise où l’on ne sait pas encore qui l’a emporté, de la réalité ou du rêve. C’est pour cela qu’elle m’avait frappé, elle se défendait contre les silhouettes informes qui voulaient lui arracher la poitrine. Le coup, brutal, m’avait rappelé mon agression, à Rome, et la douleur que j’avais ressentie alors.

Mais cette fois, je n’avais pas le nez cassé.

Je me suis fourré du papier toilette dans les narines, j’ai enroulé autour de mon cou une serviette trempée d’eau froide et, après un moment, le saignement a pris fin. Harriet a frappé à la porte de la salle de bains en demandant si elle pouvait m’aider. J’ai répondu que non. Je voulais être seul. Quand je suis revenu dans la chambre avec mes bouchons de papier dans les narines, elle était à nouveau allongée. Elle avait ôté sa chemise de nuit, qui pendait au montant du lit. Elle a suivi mon regard.

— Je ne l’ai pas fait exprès, a-t-elle dit.

— Bien sûr que non. Tu étais dans ton rêve.

— Quelqu’un essayait de me couper en morceaux. Ma partie du lit est trempée de sueur. C’est pour ça que j’ai enlevé ma chemise.

J’ai approché une chaise de la grande fenêtre donnant sur le lac et je me suis assis. Il faisait encore nuit. Un chien aboyait au loin.

Des aboiements brefs, comme un signal intermittent. Ou comme on parle quand personne ne vous écoute.

 

Harriet m’a raconté son rêve.

Je la regardais en pensant que c’était la même femme que j’avais connue et aimée autrefois. Bien qu’elle soit en même temps très différente. Je me suis demandé ce qui me faisait penser cela. Puis j’ai compris : sa voix n’avait absolument pas changé. À l’époque, je lui disais souvent qu’elle pourrait toujours gagner sa vie comme standardiste. Elle avait la plus belle voix téléphonique que j’aie jamais entendue.

— Des cavaliers me guettaient dans la forêt, me racontait-elle à présent. Ils sont passés à l’attaque, je n’avais aucune possibilité de me défendre. Mais c’est fini. Vraiment. Certains cauchemars ne reviennent jamais. Ils se vident de leur puissance et après, ils n’existent plus.

— Je sais que tu es très malade.

Je n’avais pas eu l’intention de lui dire ça. C’est sorti tout seul. Harriet me dévisageait sans comprendre.

— Il y avait une lettre dans ton sac à main. Je cherchais une explication à ta chute sur la glace. J’ai trouvé la lettre et je l’ai lue.

— Pourquoi ne le dis-tu que maintenant ?

— J’avais honte d’avoir fouillé dans ton sac. Si quelqu’un me faisait ça, je serais fou de rage.

— Tu as toujours fouillé. Tu as toujours été comme ça.

— Ce n’est pas vrai.

— Si. Écoute. Nous n’avons plus les moyens de mentir. Ni toi, ni moi. Je me trompe ?

J’ai rougi. Elle avait raison. J’ai toujours fouillé dans les affaires des autres. Et ouvert leur courrier, avant de recoller l’enveloppe. Ma mère avait ainsi une collection de lettres datant de sa jeunesse, où elle se confiait à une amie. Elle avait noué un ruban autour de ces lettres et dit qu’il faudrait les brûler après sa mort. Je l’ai fait, mais pas avant de les avoir lues. Je m’intéressais au journal intime de mes petites amies, je fouinais dans leurs tiroirs, j’étais capable de fouiller le bureau de mes confrères. Il est des patients dont j’ai soigneusement exploré le portefeuille. Je ne prenais pas d’argent. C’était autre chose que je voulais. Les secrets de chacun. Ses points faibles. À son insu.

La seule à m’avoir pris sur le fait était Harriet.

Nous étions chez sa mère. Profitant d’un moment où j’étais seul, j’avais ouvert le premier tiroir d’un secrétaire quand Harriet est revenue sans bruit et m’a demandé ce que je fabriquais. Elle avait découvert que j’avais pour habitude d’inspecter son sac à main, a-t-elle dit. Ç’a été l’un des pires instants de ma vie. Je ne sais plus ce que j’ai répondu. Nous n’en avons jamais reparlé. Je n’ai plus touché à ses affaires. Mais j’ai continué à m’insinuer dans l’existence de mes amis et confrères. Voilà qu’Harriet me rappelait qui j’étais.

Elle a lissé la couverture et m’a fait signe de venir m’asseoir près d’elle. Le fait de la savoir nue sous le drap, soudain, m’a excité. Je me suis assis. J’ai posé la main sur son bras. Elle avait là, sur l’avant-bras, des taches de naissance qui formaient un motif. Je le reconnaissais. Tout est pareil, ai-je pensé. À l’intérieur de tout ce temps qui a passé, nous sommes restés les mêmes.

Harriet avait repris la parole :

— Je ne pouvais pas te le dire. Tu aurais pensé que c’était pour ça que j’étais venue. Pour te demander un secours alors que c’est sans espoir.

— Il y a toujours un espoir.

— Je ne crois pas aux miracles, et toi non plus. S’ils se produisent, parfait. Mais y croire, les attendre, c’est juste une façon de gaspiller le temps qu’il nous reste. Je vivrai peut-être un an, peut-être la moitié d’un an. En tout cas, je crois pouvoir tenir quelques mois encore avec le déambulateur et les antalgiques. Mais ne viens pas me parler d’espoir. Pas à moi.

— Ils font sans cesse des progrès. À une vitesse surprenante parfois.

Elle s’est redressée contre les oreillers.

— Ce que tu es en train de me dire, là : est-ce que tu y crois ?

Je n’ai pas répondu. Je me suis souvenu qu’elle m’avait dit un jour que la vie ressemblait aux chaussures. On ne pouvait pas imaginer qu’elles nous allaient si tel n’était pas le cas. Les chaussures trop petites font partie de la réalité.

— J’ai quelque chose à te demander, a-t-elle repris — avant d’éclater de rire, de façon complètement imprévue. Tu ne pourrais pas retirer ces bouchons que tu as dans le nez ?

— C’est ça, ce que tu voulais me demander ?

— Non.

Je suis allé à la salle de bains et j’ai retiré mes bouts de mouchoir trempés. Ça ne saignait plus, mais j’avais encore mal au nez, il y aurait un bleu et une bosse. Le chien aboyait toujours, dehors.

Je suis retourné m’asseoir sur le lit.

— Je veux que tu t’allonges à côté de moi, a dit Harriet. C’est tout.

J’ai obéi. Son odeur était forte. Je sentais le contour de son corps à travers le drap. J’étais à sa gauche. Ç’avait toujours été comme ça entre nous. Elle a tendu la main et éteint la lampe de chevet. Il était entre quatre et cinq heures du matin. La lumière d’une lanterne allumée près de la fontaine, dans la cour, filtrait à travers le rideau.

— Je veux vraiment le voir, ce lac que tu m’avais offert. Je n’ai jamais reçu de bague de toi. D’ailleurs, je n’en aurais pas voulu, je pense. Mais tu m’as donné le petit lac. Je veux le voir avant de mourir.

— Tu ne vas pas mourir.

— Bien sûr que si. Il arrive un moment où on n’a plus la force de nier ce qui arrive. La mort, d’ailleurs, c’est la seule chose évidente qui existe, dans la vie. Même un fou le sent, quand c’est l’heure de partir.

Elle s’est tue — la douleur n’était jamais loin —, puis elle a continué :

— Je me suis souvent demandé pourquoi tu ne m’as rien dit. Par exemple, que tu avais rencontré une autre femme, ou que tu ne voulais plus de moi. Ça, j’aurais pu le comprendre. Mais pourquoi n’as-tu rien dit ?

— Je ne sais pas.

— Bien sûr que si. Tu savais toujours ce que tu faisais, même quand tu prétendais le contraire. Pourquoi t’es-tu caché ? Où étais-tu pendant que je t’attendais à l’aéroport ? J’y suis restée des heures. Même quand il n’y a plus eu qu’un vol charter retardé pour Ténériffe, j’y étais encore. Il m’est arrivé de penser que tu étais peut-être caché derrière un pilier, à m’observer en rigolant tout seul.

— Pourquoi aurais-je ri ? J’étais déjà parti à ce moment-là.

Elle a paru réfléchir.

— Tu étais déjà parti ?

— Même heure, même vol, un jour plus tôt.

— Tu l’avais prémédité ?

— Je ne savais pas s’il y aurait de la place. Je suis allé à l’aéroport, c’est tout. Un passager manquait à l’appel, j’ai pu changer mon billet.

— Je ne te crois pas.

— C’est la vérité.

— Non. Tu n’étais pas comme ça. Tu ne faisais rien sans l’avoir bien préparé. Tu disais qu’on ne pouvait pas se permettre de saisir les occasions au vol, quand on était chirurgien. Tu disais que tu étais chirurgien de la tête aux pieds. Je sais que tu avais tout prévu. Comment peux-tu me demander de croire un mensonge pareil ? Tu es resté le même. Aucun changement. Tu passes ta vie à mentir. Je m’en suis aperçue trop tard.

Sa voix était aiguë, elle criait. J’ai essayé de la calmer en lui disant de penser un peu à ceux qui dormaient à côté.

— Je me fiche des voisins. Raconte-moi comment quelqu’un est capable de se comporter comme tu l’as fait avec moi.

— Je te l’ai dit. Je ne sais pas.

— Est-ce que tu l’as refait avec d’autres ? Est-ce que tu les as attrapées dans tes filets et laissées s’en dépatouiller comme elles pouvaient ?

— Je ne sais pas de quoi tu parles.

— C’est tout ce que tu as à me dire ?

— J’essaie d’être honnête.

— Tu mens, il n’y a pas un mot de vrai dans ce que tu dis. Comment fais-tu pour te supporter ?

— Je n’ai rien d’autre à dire.

— Ce que je voudrais savoir, c’est ce que tu as dans la tête.

Elle a touché mon front.

— Il y a quoi, là-dedans ? Rien du tout ? Que du noir ?

Elle s’est recouchée, en me tournant le dos. J’espérais que la scène était finie.

— Tu n’as vraiment rien à me demander ? Pas même pardon ?

— Pardon.

— Si je n’avais pas été si malade, je t’aurais frappé, battu. Je ne t’aurais plus laissé un instant de tranquillité. Tu as presque réussi à démolir ma vie. J’aurais juste voulu que tu dises quelque chose — n’importe quoi, mais qui aurait pu m’aider à comprendre.

Je n’ai pas répondu. Je me sentais peut-être plus léger — les mensonges sont toujours comme des poids, même s’ils paraissent immatériels au début. Harriet a remonté les couvertures jusqu’à son menton. J’ai demandé doucement :

— Tu as froid ?

Sa voix était calme quand elle m’a répondu :

— Toute ma vie, j’ai eu froid. J’ai recherché la chaleur partout, dans les déserts et les pays tropicaux, mais j’ai toujours eu une petite stalactite accrochée au-dedans. Beaucoup de gens trimballent du chagrin, d’autres des inquiétudes. Moi, c’était une stalactite. Toi, c’est une fourmilière dans le salon d’une maison de pêcheur.

— Je ne me sers jamais de cette pièce. Je ne la chauffe même pas en hiver, et l’été je me contente d’aérer. Mes grands-parents y sont morts tous les deux. Dès que j’y entre, je crois entendre leur respiration et sentir leur odeur. Un jour j’ai découvert qu’il y avait des fourmis. Quand j’ai rouvert la porte quelques mois plus tard, elles avaient commencé à construire une fourmilière. J’ai laissé faire.

Harriet s’est retournée et m’a regardé.

— Que s’est-il passé ? Ce n’est pas du baratin, je veux vraiment savoir. Pourquoi as-tu emménagé sur l’île ? D’après ce que m’a dit l’homme qui m’a conduite jusque chez toi, tu y es depuis près de vingt ans.

— Jansson est une canaille. Il exagère toujours. Ça fait douze ans que j’habite sur l’île.

— Un chirurgien qui prend sa retraite à… cinquante-quatre ans ?

— Je ne veux pas en parler. Il y a eu quelque chose.

— À moi tu peux le dire.

— Je ne veux pas.

— Je serai bientôt morte.

Je lui ai tourné le dos en pensant que je n’aurais jamais dû lui céder. Ce n’était pas le lac qu’elle voulait, c’était moi.

Je n’ai pas eu le temps de réfléchir davantage.

Elle s’est lovée contre moi. La chaleur de son corps m’a enveloppé, remplissant d’un coup ce qui me faisait depuis si longtemps l’effet d’une absurde coquille vide. Nous avions toujours dormi ainsi. Je la portais sur mon dos jusqu’au sommeil. Un instant j’ai pu penser que nous n’avions jamais cessé de dormir ainsi. Depuis près de quarante ans : un étrange sommeil dont nous nous réveillions à peine.

— Que t’est-il arrivé ? Tu peux me le dire maintenant.

— J’ai commis une erreur catastrophique pendant une intervention. Après coup, j’ai dit que je n’en étais pas responsable. J’ai été jugé. Pas par un tribunal, mais par la Direction nationale de la santé. Cela m’a valu un avertissement que je n’ai pas supporté. Voilà ce que je peux dire pour l’instant. Ne m’en demande pas plus.

— Alors parle-moi du petit lac.

Sa voix n’était plus qu’un murmure.

— Il est noir. On dit qu’il n’a pas de fond, et il n’a pas non plus de rivage. Un obscur cousin pauvre des grands et beaux lacs aux eaux claires. On a du mal à croire qu’il existe, que ce n’est pas juste une goutte d’encre gâchée par la nature. J’ai vu mon père y nager une fois quand j’étais petit. Ça, je te l’ai raconté. Mais je ne t’ai jamais dit ce que j’ai compris ce jour-là. J’ai compris ce que c’était que la vie. Les gens sont proches pour être séparés, c’est tout.

— Y a-t-il des poissons dans ce lac ?

— Je ne sais pas. Mais s’ils existent, ils doivent être tout noirs. Invisibles dans la noirceur de l’eau. Des poissons noirs, des grenouilles noires, des araignées d’eau toutes noires. Et tout au fond, si fond il y a : une anguille solitaire qui remue lentement dans la vase.

Elle s’est serrée plus fort contre moi. J’ai pensé qu’elle était mourante, que sa chaleur se transformerait bientôt en froid insidieux. Qu’avait-elle dit ? Une stalactite au-dedans ? La mort était donc pour elle de la glace, rien d’autre. La mort n’est jamais la même pour l’un ou pour l’autre, l’ombre qui nous suit se présente à nous sous des déguisements variés. J’ai voulu me retourner vers elle et la serrer de toutes mes forces. Mais quelque chose m’en a empêché. Peut-être craignais-je encore ce qui m’avait poussé à la quitter autrefois ? Une trop grande intimité, des sentiments que je ne maîtriserais pas ?

Je n’en savais rien. Mais peut-être voulais-je malgré tout savoir, maintenant.

 

J’ai dû m’assoupir. Quand j’ai repris conscience, elle était assise sur le bord du lit. À mon épouvante, je l’ai vue tomber à genoux et commencer à ramper en direction de la salle de bains. Elle était nue, les seins lourds, le corps plus vieux que je ne l’avais imaginé. Rampait-elle ainsi parce qu’elle était trop fatiguée pour marcher ou parce qu’elle ne voulait pas me réveiller avec le bruit du déambulateur ? Je ne sais pas. Des larmes me sont montées aux yeux. Elle a refermé la porte ; je n’y voyais plus clair. Quand elle l’a rouverte, elle avait réussi à se mettre debout. Mais ses jambes flageolaient. Elle est revenue se coucher contre moi.

— Je ne dors pas, ai-je dit. Je ne sais plus ce qui se passe.

— Tu as reçu une visite imprévue sur ton île. Une bonne femme surgie de ton passé s’est présentée sur la glace. Et te voilà tout à coup en train de remplir une promesse.

J’ai senti une odeur d’alcool pendant qu’elle parlait. Cachait-elle une bouteille dans ses affaires de toilette ?

— Certains médicaments ne sont pas compatibles avec l’alcool, ai-je dit. La plupart, même.

— Si je devais choisir, je choisirais l’alcool.

— Tu te caches.

— J’ai remarqué que tu avais remarqué. Mais je préfère continuer comme ça.

— Qu’est-ce que tu bois ?

— De l’aquavit suédois ordinaire. Demain il faudra que tu t’arrêtes à Systembolaget. Mes réserves s’épuisent.

Nous sommes restés allongés l’un contre l’autre à attendre le matin.

Elle s’assoupissait par intermittence. Le chien qui aboyait s’était tu. Je me suis relevé, je suis retourné me poster devant la fenêtre. J’ai pensé que j’étais devenu mon père. À cinquante-cinq ans de distance, nous nous fondions l’un dans l’autre et ne formions plus qu’un.

Au bord du petit lac, j’avais vu sa solitude. À présent, je comprenais qu’elle était aussi la mienne.

Ça me faisait peur. Je n’en voulais pas.

Je ne voulais pas être un homme qui se trempait dans un trou d’eau glacée pour vérifier s’il était encore vivant.