CHAPITRE III
Quand on ignore de combien de temps on dispose avant la réalisation d’un événement attendu, il n’existe pas deux façons de s’y prendre, il n’y en a qu’une : faire vite !
C’est ce que nous faisons. Les armes, Dieu merci, ne manquent pas à la ferme. Ni les munitions. Ni les explosifs. Ni le matériel annexe indispensable pour s’en servir.
On travaille comme des brutes, mais on achève de mettre au point, en trois jours, un système défensif qui, s’il ne nous donne pas la victoire, fera de sacrés ravages dans les rangs de l’ennemi. Du véritable ennemi enfin révélé, pire, pour n’importe quel clan donné, que n’importe quel clan adverse et combien plus nombreux, combien mieux entraîné à tuer et à détruire : les « hachis ». Les meutes fanatisées, robotisées, au service du nouveau régime.
On les voit également – plus fort que nous, on les regarde – parader à la tridi et défiler en ordre impec – un rang égale un seul pas, une seule tête visible, en enfilade – et faire, avec quelle sauvagerie, leurs démonstrations de maniement d’armes.
Impressionnant, c’est le mot ! Impressionnant que quelques centaines d’instructeurs triés sur le volet, soutenus par une propagande obsédante, puissent réduire à ça des êtres vivants. Réputés intelligents. Supposés accessibles aux émotions humaines…
Crevé, jusqu’au bout des orteils, par les efforts de la journée, je relève, paresseusement, la phrase qui vient d’être dite :
— Mais ils sont sensibles aux émotions humaines ! Enfin… à certaines d’entre elles ! L’harmonie d’un beau défilé… emmené par une musique militaire riche en cuivres et en percussions ! Le sentiment d’appartenir à quelque chose qui les dépasse… de composer, avec ces milliers et ces milliers d’autres, une puissance dont ils sont habités, par feed-back…
Wolf ricane en montrant ce qui se passe à présent sur l’holobloc de la tridi :
— Le superpied de recevoir un badge ou une décoration à la con… sous les yeux de tous les autres connards !
Johnny, Hoggy, Maud et beaucoup d’autres se marrent, un peu nerveusement, et Minh se fend d’un sourire qui, l’espace d’un instant, illumine son visage lisse et rond d’Asiatique, sous ses longs cheveux noirs et raides.
— Cessez de rigoler comme ça, bande de débiles ! Y a pas si longtemps qu’on ne se bat plus, entre nous, pour des questions « d’honneur », entre guillemets, et de suprématie ou même simplement d’amour-propre !
Il m’a pratiquement piqué ma réplique, et j’enchaîne sur sa lancée :
— Les décorations, les badges, les galons, les étoiles, les promotions à des grades supérieurs n’en étant jamais que les symboles concrets… officiellement décernés, comme dit Wolf, sous les yeux de tous les autres connards ! En plus de cette sensation rassurante de ne pas être seul et réduit à ses propres moyens… d’appartenir à un tout puissant… plus puissant que soi, dans tous les cas… les mecs ont toujours eu besoin de ces témoignages publics et de ces fanfreluches !
Dangereuses fanfreluches ! Que n’a-t-on fait faire, au cours de l’histoire, à des tas de gens, pour un titre, un bout de ruban, une nomination, un prix ! Même le mot est révélateur et souligne que tout le monde a le sien. Celui auquel on peut l’acheter. Souvent pas cher. Pour une de ces fanfreluches, expressions vaines de valeurs illusoires…
Brusquement, je fais claquer mes doigts, jaillis hors de mon siège en traînant mes courbatures.
— Bon Dieu ! On philosophe ! On discourt ! On rigole ! Et on passe à côté de l’essentiel !
Je marque une pause, à la recherche des mots justes, tandis que les questions fusent de toutes parts :
— Qu’est-ce qu’il raconte ?
— Qu’est-ce que tu veux dire, Chris ?
— Où est-ce que tu veux en venir ?
Je désigne la tridi, par-dessus mon épaule. Réussis à cracher, en trois bulles :
— Ce que je veux dire, c’est que ces mecs-là… ont tout de même quelque chose, oui…quelque chose à nous apprendre !
Là, c’est le big bordel, la clameur, la pagaille monstre !
— Les Hitlerjugend !
— Les hachis ? Quelque chose à nous apprendre ?
— À nous !
— T’es pas louf, non ?
— Il est dingue !
— Complètement barjo, Chris !
— T’as bossé trop fort, depuis quèques jours !
Pas à la suite, tout ça, mais ensemble, les répliques s’entre-bousculant et s’entre-chevauchant, pêle-mêle, dans un vacarme indescriptible.
Je saute sur une table et finis par ramener le silence, à grands coups de gueule.
— Essayez de piger, tas de minus ! Et comment qu’ils ont quelque chose à nous apprendre ! Mais vous allez tous vous remettre à brailler, c’est sûr… si j’appelle ça l’esprit de corps ou le sens de la discipline !
Je calme, d’un geste classique des deux mains, la rumeur renaissante.
— Bouclez-la encore un moment, vous voulez ? Bouclez la tridi, par la même occasion ! On a assez vu leurs sales gueules pour ce soir ! Et tâchez de me suivre où je veux vous emmener… c’est pas tellement loin !
Ils se taisent, et je récapitule en détachant bien les syllabes :
— Depuis l’avènement du nouveau régime… depuis qu’on a dû fuir les Quartiers Balkanisés des mégalopoles… tous ceux qui ont pu se tirer avant les grandes rafles et les expéditions massives dans les usines de travaux forcés…qu’est-ce qu’on a fait ?
Je laisse peser le silence, un instant. Juste assez longtemps pour que personne ne réponde à ma place :
— On a survécu. On s’est contentés de survivre, à la va-comme-je-te-pousse !
Une voix s’esclaffe, provocatrice :
— C’était important, non ?
J’approuve sans sourciller :
— Primordial ! Quand on est mort, on est foutu, c’est incontestable ! Et depuis bientôt trois ans, ç’a déjà été un sacré travail que de rester en vie ! Avec, pendant tout ce temps, l’impression que le gouvernement se résignait. Était disposé à nous laisser vivre, dans le maquis, comme on avait vécu, en marge, dans les Q.B. ! Grave erreur… Le gouvernement préparait sa riposte. Il dressait les hachis. Il en faisait cette machine à tuer bien soudée, bien lubrifiée, qui lorsqu’elle serait bien au point, viendrait nous péter la gueule ! Ce jour est arrivé… Après l’opération nettoyage par le vide des Quartiers Balkanisés, celle des maquis a démarré, l’autre semaine… et précisément là où personne ne l’attendait ! Par ces attaques assez ignobles contre les fermes à l’ancienne… qui seules nous permettent de survivre, l’hiver ! Les résultats… certains d’entre vous les connaissent mieux que moi. Ils étaient aux premières loges…
Johnny, tout faraud, intercale :
— Ça, tu peux le dire ! On leur a filé une drôle de peignée !
Je renvoie du tac au tac :
— Mais ceux de la F.A. y ont laissé des drôles de plumes ! Et dans combien d’endroits ça s’est passé comme ici ? Sans écouter les chiffres claironnés par la tridi, on peut admettre que dès ce premier contact, les nôtres ont été largement perdants. En bonshommes et en…
De nouveau, ça plonge la tête la première, du côté de Johnny :
— Pas « les nôtres », Chris ! Ici, on a fait plus que jeu égal !
Le genre de perche qu’il n’est pas permis d’ignorer, quand on veut démontrer quelque chose :
— Parce que « les nôtres », pour toi, c’est toujours ceux de ton clan, point final ! Voilà ce qu’ils ont à nous apprendre, les hachis ! À ne pas continuer ce qu’on a fait pendant ces trois ans-là, comme Minh vous l’a souligné tout à l’heure : nous bagarrer entre bandes rivales… pour des conneries ! Sûr, on est là tout un petit groupe qui avons pigé que c’étaient des conneries… Mais vous croyez qu’on est nombreux dans ce cas ? Vous croyez que ça ne continue pas, d’un bout à l’autre du pays ?
Je promène un sourire vachard, à la ronde.
— J’ai parlé de discipline et d’esprit de corps, et j’ai eu le plaisir de vous entendre gueuler ! Maintenant, je dirai simplement : solidarité ! Ou bien on commence à piger, comme les hachis l’ont appris par d’autres méthodes, que « les nôtres », c’est pas seulement ceux qui sont là, ceux de notre clan, mais tous ceux qui partagent notre sort et notre mode de vie… ou face au rouleau compresseur des Hitlerjugend, on est cuits, mes cocos ! Du hachis ! Voilà ce qu’ils feront de nous, les hachis ! De la chair à saucisse ! Par petits tas ! À moins qu’on pige, comme on a pigé ici… qu’à trois clans réunis, on est plus fort qu’à un seul… et qu’en nous réunissant tous, on aura peut-être encore une chance… une sur je ne sais trop combien et franchement… je préfère ne pas le savoir !
Quelqu’un dit enfin, il y en a toujours un, dans ces cas-là, pour dire la connerie qui s’impose :
— Ce que tu voudrais… c’est nous réunir… tous ensemble ? L’armée du maquis… face à l’armée du gouvernement !
Je soupire :
— Qui parle d’armée ? On ne va pas refaire Austerlitz… ou Waterloo ! Notre guerre, à nous, c’est la guérilla. Notre atout, la dispersion. Ce que je préconise, c’est la dispersion dans l’union, ou l’union dans la dispersion, comme il vous plaira… Une chose que nous aurions dû réaliser tout de suite… sans attendre près de trois aimées !
Je secoue la tête. Mesurant, rétrospectivement, ce gouffre de trois années, et ne comprenant pas comment il a pu se faire que ce soit seulement aujourd’hui, après plus de mille jours et sous la pression de circonstances exceptionnelles, que s’impose une idée aussi simple… Il est vrai que survivre, seulement survivre dans un univers chaotique dont personne ne fixe plus les règles, est une occupation absorbante. Une occupation à plein temps ! Sans doute les fallait-il, ces trois années, pour que la situation se décante et qu’on soit tous là, cette nuit, à réfléchir et discuter de cette manière ?
Passant une main tremblante sur mon front moite, je poursuis avec une certaine lassitude :
— Ce qui m’a beaucoup frappé, il y a quinze jours, en débarquant devant la F.A. des Gordon, c’est que je n’étais au courant de rien. Et que je pouvais très bien me faire descendre, à cause de cette ignorance, si Johnny et ses gars avaient été plus chatouilleux de la gâchette ! Tout ça parce qu’on s’était beaucoup déplacés, au cours des semaines précédentes, et par un hasard comme il s’en produit à tout bout de champ, qu’on n’avait pas eu l’occasion d’entendre les dernières nouvelles ! Si nous voulons la garder, cette fameuse chance, il ne faut pas que ça puisse se reproduire. Pour aucun d’entre nous. Hormis celui de rester en vie, notre problème essentiel ne sera certainement pas, à partir d’aujourd’hui, de réunir une armée !
Je cherche machinalement, du regard, le gars qui nous a sorti cette bourde et conclus dans un souffle :
— Il va être de tisser, d’une côte à l’autre, un réseau serré… aussi serré que possible… Un véritable réseau de communication !
* *
*
Tout étant fin prêt, dans la mesure des moyens dont nous disposons, pour recevoir les hachis, on s’attelle, dès le lendemain, au problème évoqué la nuit précédente.
Et relativement facile à résoudre, au moins dans un premier stade.
Rien n’est plus commun, en effet, que ces petits émetteurs-récepteurs du type walkie-talkie, hautement miniaturisés et pourvus, aujourd’hui, de piles à très longue durée. Capables de porter à distance plus ou moins grande, selon la configuration du terrain. Une distance qui, dans le meilleur des cas, n’excède pas quelques kilomètres.
C’est peu, mais en émettant régulièrement, sur les fréquences comprises dans ce que l’on appelait, jadis, la Citizens’ Band, nous pouvons toucher des correspondants à l’écoute sur un territoire qui – compte tenu d’un rayon moyen de six kilomètres – représente, en surface, plus de cent kilomètres carrés.
Un million de mètres carrés.
Dix mille hectares.
Même en tablant, dans le « maquis », sur un nombre d’habitants au kilomètre carré qui n’a plus rien de commun avec ce qu’il était naguère, c’est tout de même un terrain suffisant pour interférer, presque à coup sûr, avec les conversations de personnes en train de communiquer à distance réduite.
Six kilomètres de rayon moyen ne représentant qu’une distance minimale, de toute manière. La réalité est probablement très supérieure.
Le travail, à partir de ces premiers contacts, va consister à convaincre ces correspondants de hasard. Les gagner à notre cause. Obtenir qu’ils la diffusent, de telle sorte que notre message fasse boule de neige. Une boule de neige à deux dimensions, sans doute. Disons plutôt flaque d’huile. Et que cette flaque d’huile puisse s’étendre, d’une côte à l’autre, sur toute la largeur du pays, la hauteur du continent. Travail de patience et de longue haleine, mais il faut bien commencer quelque part…
En fait, le phénomène prend, très vite, une ampleur considérable. Comme si les « nouveaux cibistes » – ainsi que l’on ne tarde guère à les rebaptiser – avaient, sans le savoir, toujours attendu cette initiative organisatrice et coordinatrice.
Succès rapide qui fait regretter de ne pas l’avoir prise beaucoup plus tôt. Pourquoi pas trois ans auparavant ? Mais ces regrets étant parfaitement stériles, personne ne s’y attarde…
Peu à peu se révèlent, de surcroît, au hasard des relais successifs, de véritables « mini-réseaux » existant déjà, entre fermes à l’ancienne, dans certains districts. Avec des émetteurs-récepteurs stables de puissance et de portée très supérieures.
Simultanément, s’organise une chasse au matériel de radio, aussi banal qu’abondant, en cette ère électronique. Et grâce aux bons vieux télécours, tous ceux de notre génération, ou presque, savent trouver leur chemin dans le labyrinthe microscopique des mini-transistors et des microprocesseurs. Peuvent câbler un montage, vérifier, modifier les circuits les plus complexes, jouer avec plus ou moins d’adresse du microfer à souder, appliquer, avec plus ou moins de génie, les techniques de pointe. Un autre facteur qui promet beaucoup, dans ce proche avenir où nous pourrons développer, décupler, voire centupler la portée actuelle de nos relais. Au moyen d’émetteurs plus ambitieux « bricolés » par les plus doués de chaque bande ou de chaque ferme à l’ancienne. On ne réclame pas des lendemains qui chantent. On veut simplement qu’ils parlent, nous permettent de parler à des auditeurs de plus en plus nombreux, sur des territoires de plus en plus vastes.
En quatre jours, nous sommes engagés jusqu’aux yeux dans des conversations par relais successifs qui sont parfois très confuses, mais n’en font pas moins passer le message et progresser l’entreprise. On commence, même, à envisager de remettre en service certaines lignes de vidéophone. Bref, on bouge et on bouge collectivement. Dans cette agitation brouillonne qui caractérise la reprise en main des situations incontrôlées, livrées, depuis trop longtemps, à leur propre anarchie. Mais de laquelle se dégagera, peu à peu, un plan d’ensemble. On ne démêle pas, du jour au lendemain, un tel sac de nœuds.
Simultanément, on surveille, d’un œil, tout ce qui se passe à la tridi. On ne l’a que trop négligée, la tridi, durant nos années d’errance. Elle reflète exactement la société des casims et des marsups, celle des villes tentaculaires, concentrationnaires, dont les banlieues envahissantes reprennent chaque année un peu du terrain éphémèrement récupéré par la nature. La société sur laquelle règne aujourd’hui ce gouvernement totalitaire que j’ai contribué, moi le premier, à mettre en place ! Que nous avons tous contribué à mettre en place ! Qui a su nous manipuler, se servir de nous, à une certaine époque. Et qui veut nous éliminer, à présent, parce que nous sommes seuls à pouvoir l’abattre ou sinon l’abattre, entamer le processus de sa désagrégation, à plus ou moins longue échéance.
Maud et quelques-unes des autres filles s’acquittent avec conscience de ce monitoring constant. Établissent, à partir de là, des rapports concis, concentrés, qui peignent, de cette société, un tableau notablement différent de celui que nous avons connu, avant de prendre le maquis.
— Premier point, il semble que la télématique ait progressé à pas de géant, durant ces dernières années. Personne ne se déplace plus sans nécessité impérieuse et dans ce cas, il faut un laissez-passer, une autorisation officielle. Le télétravail, les téléconférences, la télécommande de la plupart des usines permettent aux techniciens de rester chez eux…
Quelqu’un s’exclame, touché par l’évidence :
— C’est vrai qu’on ne voit plus beaucoup de véhicules particuliers, roulants ou volants…
Johnny gouaille :
— T’as vu ça de ta fenêtre, toi ! Tu te réveilles ! Laisse Maud continuer, tu veux ?
Elle enchaîne :
— Le mot d’ordre, derrière tout ça, c’est naturellement l’économie d’énergie… On rappelle, à tout bout de champ, l’absurdité de ces anciens systèmes qui faisaient transporter chaque jour, sur des trajets immuables, des millions de tonnes de viande humaine, simplement pour les acheminer jusqu’aux lieux de travail et les ramener chez eux, le soir. Aujourd’hui, on vit auprès de son travail ou on le télécommande. D’où l’économie de milliards d’unités-transport d’êtres humains…
Je l’embrasserais, Maud, quand elle résume comme ça, sérieusement, le fruit des observations de la journée. Nous n’avons pas beaucoup de temps pour nous, depuis le déclenchement de ce programme. J’intercale avec un sourire :
— Elle a bon dos, l’économie d’énergie ! Il est évident que le véritable objectif est un contrôle de plus en plus étendu des déplacements personnels et des réunions privées d’individus… hors de toute possibilité d’écoute ! Quoi d’autre ?
Maud passe la parole à Myra, la copine de Wolf. Qui déclare en se référant à ses notes :
— Première diffusion, aujourd’hui, du premier épisode d’un nouveau feuilleton tridivisé… Titre : « Intervention Flash »… Avec la participation active des hachis… Prévu en je ne sais combien d’épisodes, mais dès le premier, l’objectif est clair !
Elle et Maud se renvoient la balle, brossant au fil des répliques un scénario dont la finalité s’impose, elle aussi, avec une criante évidence :
— Un instrument de propagande… un de plus…
— Qui sous le couvert de la fiction, ne vise qu’à nous présenter, nous autres, ceux des maquis, comme des ordures à peine humaines…
— Sadiques, lubriques, assoiffés de sang et de destruction…
— Débraillés, dégueulasses…
— Un ramassis de petites putains nymphomanes et de brutes ignobles ne pensant qu’au vol et au viol…
— Face aux homologues des hachis bien propres, bien sanglés dans leurs beaux uniformes…
— Le regard limpide et l’attitude chevaleresque, en toutes circonstances !
— Vis-à-vis d’une population passive… admirative et reconnaissante !
— Mais que les atrocités commises par ceux des maquis contraignent… même si ça déchire leurs petits cœurs sensibles… à se montrer impitoyables !
O.K., nous n’avons pas la tête dure et le procédé n’est pas neuf. Il a beaucoup servi dans le cours de l’histoire. Depuis les manuels scolaires en passant par les « romans d’aventures » accréditant la thèse de « l’ennemi héréditaire », à grands coups de clichés et d’images frappantes. Jusqu’aux médias dont l’efficacité, la puissance d’impact n’a jamais cessé de croître. Les journaux et les magazines. Le cinéma. Puis la télé. Puis la tridi. Un martèlement, un matraquage insidieux, continu. Imparable !
Les Infidèles Exterminateurs de Chrétiens, au temps des croisades. Les Chiens d’Anglais, pour Jeanne d’Arc ! Les Sales Boches, lors des deux premières guerres mondiales. Sans oublier, à l’occasion de la deuxième, les Horribles Russes Patibulaires aux sangs affreusement mêlés, aux physionomies bestiales… face aux bons Aryens d’Adolf Hitler !
Et de ce côté-ci de l’Atlantique, les Indiens Barbares et Cruels. Inutile de multiplier les exemples. La diffusion de ce feuilleton prépare le public, c’est certain, pour quelque opération de vaste envergure dont les premières attaques de « fermes à l’ancienne » n’étaient que la répétition générale. De simples coups de sonde dans une conjoncture globale riche en inconnues…
Quelque chose me dit que nous avons intérêt à suivre attentivement les prochains épisodes de cette « Intervention Flash ».
Si nous voulons être prêts quand elle se produira, dans une réalité plus ou moins imminente !