Hud s’attendait à des protestations mais, sans discuter, Dana le conduisit dans l’arrière-boutique où était aménagée une petite cuisine avec une table et quelques chaises. La pièce embaumait le chocolat.
— Hilde a fait cuire des brownies, expliqua-t-elle avant de se rappeler que c’était les gâteaux préférés de Hud et qu’elle avait l’habitude de lui en confectionner en suivant une recette de sa mère. Tu en veux ?
— Non, merci, mais j’accepterais volontiers un café, répondit-il.
D’une main tremblante, elle les servit avant de s’installer en face de lui. Il la regarda tenir sa tasse entre ses mains et souffler dessus comme s’il s’agissait d’un feu.
— Alors, qui est-ce ? lança-t-elle.
— Ginger Adams.
En entendant ce nom, Dana pâlit.
— Ginger, murmura-t-elle en fermant les paupières.
Hud se redressa pour s’emparer du sucrier. Il n’aimait pas vraiment le café. Comment un breuvage qui sentait si bon pouvait-il avoir un goût aussi amer ?
Il prit le temps d’ajouter du lait et du sucre avant de lever le nez. Dana avait rouvert les yeux et le dévisageait intensément, comme si elle tentait de deviner ses pensées. Si elle l’avait pu, elle aurait sans doute été étonnée de constater qu’il n’avait qu’elle en tête. Le souvenir de leurs étreintes le hantait.
— As-tu parlé à Angus ? s’enquit-elle.
— Pas encore.
Elle se raidit.
— Leur amour était condamné d’avance et n’a pas duré. Et Ginger n’est pas la cause du divorce de mes parents.
Il ne répondit rien, se demandant si elle essayait de protéger son père. Ou sa mère. Il avait bien connu Mary Cardwell et ne l’imaginait pas tuer qui que ce soit. Mais étant shérif, il n’ignorait pas que sous la pression de certaines circonstances, n’importe qui pouvait être poussé à ce genre d’extrémités.
Et Mary était une tireuse hors pair.
— Je sais que j’ai l’air de défendre papa, mais Ginger l’avait laissé tomber bien avant qu’elle ne quitte la ville avec le mari d’une autre, comme tout le monde l’avait cru à l’époque.
— Ginger l’avait laissé tomber ?
Prenant conscience de son erreur, Dana se mordit la lèvre. Elle venait de donner à Angus une bonne raison d’assassiner la jeune femme. Aucun homme n’aimait se faire quitter. Surtout par une maîtresse qui lui avait coûté son mariage. Et pour couronner le tout, son père possédait un calibre.38.
— Angus t’avait-il dit que Ginger s’était amourachée d’un type marié ? demanda-t-il.
Elle haussa les épaules.
— Je ne me souviens pas de la personne qui m’en a parlé.
Il l’observa attentivement. Etait-il exact que Ginger avait fréquenté le mari d’une autre ? Vu le goût affiché de la jeune serveuse pour les hommes mariés, cela n’avait rien d’impossible. Mais il devinait que Dana cherchait à protéger quelqu’un.
— Qui était ce gars ? En as-tu une idée ? reprit-il.
Dana secoua la tête et se replongea dans la contemplation de son café. Quoi qu’elle essayât de cacher, il l’apprendrait un jour. Tôt ou tard, pensa-t-il.
En attendant, il devait rencontrer Kitty Randolph à propos de son émeraude.
*
— J’ai besoin de sortir faire une course, annonça Dana lorsque Hilde revint. Peux-tu garder la boutique ?
— Ça va ? Je viens de voir Hud sortir d’ici.
— Les ossements découverts dans le puits sont ceux de Ginger Adams, il était venu me l’annoncer.
Hilde fronça les sourcils.
— Ginger Adams ? Ne me dis pas que c’est la Ginger avec qui ton père…
— Si, répliqua Dana en enfilant son manteau. Je reviens.
Angus possédait un petit chalet près de la rivière sur la route de Bozeman.
Lorsque Dana s’engagea sur le chemin forestier qui menait à l’endroit, elle remarqua la camionnette de son père devant la barrière et se gara à côté. Comme elle sortait de son véhicule, un écureuil bondit devant elle pour s’élancer en haut d’un arbre. L’air sentait le sapin.
Quand elle frappa, n’obtenant pas de réponse, elle tourna la poignée. Bien sûr, elle s’ouvrit. Personne ne fermait sa maison à clé par ici. En entrant, elle s’aperçut que la porte arrière, qui donnait sur le cours d’eau, était entrebâillée. Son père devait être sorti pêcher.
Elle promena les yeux sur les alentours mais il n’était nulle part en vue. Retournant à l’intérieur, elle s’approcha de l’armoire dans laquelle Angus rangeait ses armes.
Elle contenait plusieurs fusils de chasse, quelques revolvers et une dizaine de boîtes de cartouches et de balles. Mais pas de calibre .38.
— Qu’est-ce que tu cherches ?
En reconnaissant la voix paternelle, Dana sursauta et se retourna, étonnée de son ton.
— Tu m’as fait peur, papa !
Elle eut le temps de voir son expression avant qu’il ne lui sourie. N’avait-il pas l’air inquiet ?
— Tu as besoin de m’emprunter une arme ? demanda-t-il en s’avançant.
— Je me demandais où tu avais mis ton.38.
Il la dévisageait comme si elle lui parlait dans une langue étrangère et elle insista.
— Celui que tu gardes toujours dans ce meuble.
— Je vois que tu as trouvé la clé…
— Tu la caches au même endroit depuis que j’ai neuf ans. Alors ? Où l’as-tu rangé ?
— Pourquoi le veux-tu ?
— Vas-tu me dire où il est, oui ou non ? lança-t-elle, l’estomac noué.
— Il n’est pas dans le tiroir de l’armoire ?
Son père n’avait jamais su mentir.
— Papa, es-tu en train de me dire que tu ne l’as plus ?
Elle n’avait pas de mal à imaginer ce que Hud en déduirait.
Mais Angus reprenait avec un haussement d’épaules.
— Pourquoi t’en soucier ? Il n’avait aucune valeur, de toute façon.
— Dois-je te rappeler que Ginger Adams a été tuée avec un revolver de calibre .38 et que ses restes ont été découverts sur notre ranch ?
A ces mots, il changea de couleur.
— Ginger ? répéta-t-il d’une voix blanche. Ginger ?
Au bord du malaise, il attrapa une chaise et s’y laissa choir.
Son émotion était sincère. Comme sa surprise. Il ne savait pas que la jeune serveuse était la victime du puits.
Livide, il leva les yeux vers sa fille.
— Es-tu sûre qu’il s’agit d’elle ?
Elle hocha la tête. Son père avait-il vraiment aimé cette femme ?
— Papa, Hud voudra certainement examiner les .38 de tous ceux qui ont été en relation avec Ginger, tu le sais.
— Mais je n’ai aucune idée de l’endroit où il est. Je crois que je l’ai perdu.
— Vraiment ? s’exclama-t-elle, horrifiée, songeant à ce qu’en penserait Hud.
De nouveau, Angus haussa les épaules mais cette fois, elle vit à son expression qu’il lui cachait quelque chose. Protégeait-il quelqu’un ?
Comme elle restait silencieuse, il reprit :
— Qu’attends-tu de moi ?
Le cœur de Dana se serra. Elle aurait voulu qu’il lui dise qu’il regrettait ce qu’il avait fait. D’avoir fait éclater leur famille. En revanche, elle n’avait surtout pas envie d’apprendre qu’il avait tué Ginger. Ni qu’il protégeait son assassin.
— Jordan et toi vous intéressiez tous les deux à Ginger, dit-elle avec difficulté.
Il sursauta.
— Tu le savais ?
Elle l’avait découvert par hasard. Un jour, elle avait surpris Jordan embrassant une femme dans la rue, non loin du bâtiment qui abriterait par la suite la mercerie. Comment aurait-elle pu ne pas reconnaître Ginger Adams à ses cheveux d’un roux flamboyant ?
— Ce n’est pas ce que tu crois, poursuivit Angus sur la défensive. Je n’ai jamais… Ecoute, je ne peux pas parler à la place de ton frère…
Tel père, tel fils. Ecœurée, Dana secoua la tête en s’asseyant à côté de lui.
— Ginger était une charmante jeune femme, reprit-il.
— Tu étais marié ! Et Jordan n’était qu’un gosse.
— Ta mère et moi étions séparés. Je continuais à vivre au ranch pour que vous, les enfants, ne vous doutiez de rien. Quant à Jordan, il avait dix-huit ans à l’époque, ce n’était plus un gamin.
— Et tu en avais quarante, lança-t-elle d’un ton accusateur.
— Et tu te demandes ce qu’elle pouvait bien trouver chez un type aussi vieux que moi ? répliqua-t-il en riant. Parfois, tu fais preuve d’une naïveté incroyable, ma petite fille. Dana, poursuivit-il d’une voix patiente, nous ne pouvons pas changer le passé, même si nous le désirons.
Consultant sa montre, il se leva.
— Je vais prendre une bière. Je suis sûr que tu n’en veux pas mais un soda te ferait-il plaisir ?
Comme il se dirigeait vers la cuisine, elle le suivit un moment des yeux avant de lui emboîter le pas. Parfois, il la déconcertait totalement. Comment osait-il la traiter de naïve ?
— Je crains qu’il ne soit plus possible de tirer un trait sur le passé et de tourner la page, papa. Pardonne-moi de te le rappeler, mais Ginger a été assassinée et retrouvée sur notre ranch. Jordan et toi êtes suspects.
Il sortit du réfrigérateur une canette de bière et une bouteille de soda mais d’un mouvement de tête, elle refusa cette dernière.
— Si j’étais toi, j’essaierais de trouver une histoire un peu plus plausible parce que prétendre avoir perdu ton.38 ne convaincra personne, poursuivit-elle, furieuse contre lui.
Comme à son habitude, il pensait que les choses finiraient par s’arranger toutes seules. Depuis toujours, il préférait ignorer les problèmes ou se persuader qu’ils se résoudraient par l’opération du Saint-Esprit. C’était typique de son père.
Malheureusement, cette fois-ci, la magie avait peu de chances d’opérer.
— Hud sait que tu possédais une arme de ce type. Tu nous avais appris à tirer avec ton .38, tu te rappelles ?
Angus hocha la tête en portant le goulot à ses lèvres.
— Bien sûr, je m’en souviens très bien, répondit-il en souriant. Comme de tout ce qui concerne cette époque, ma petite fille. J’ignore où est passé ce revolver. Et depuis combien de temps il a disparu. Un jour, j’ai remarqué qu’il n’était plus là, voilà tout.
Par chance, Hud n’était pas au courant des liens qui avaient uni Ginger et Jordan. Elle n’avait jamais parlé à Hud du baiser qu’elle avait surpris entre son frère et la jeune serveuse. Et Jordan s’était sans doute bien gardé de s’en vanter.
Elle regarda son père avaler sa bière à longs traits. Quand il posa les yeux sur elle, une étrange lueur y brillait, teintée d’une infinie douceur, de tristesse et de regret peut-être.
— Comme tu ressembles à ta mère, Dana !
*
Hud appela le numéro du juge, un peu étonné d’apprendre que Kitty Randolph vivait toujours dans la maison qu’elle avait partagée avec son mari, la maison où ce dernier avait été tué cinq ans plus tôt.
Il tomba sur la femme de ménage qui lui expliqua que Mme Randolph était sortie faire des courses et ne reviendrait qu’à l’heure du déjeuner.
En entendant ce dernier mot, Hud sentit son estomac crier famine. Il n’avait rien avalé de la journée mais il connaissait un bon restaurant où il pourrait déguster une viande cuite à point et peut-être obtenir des renseignements par la même occasion.
Leroy Perkins avait été cuisinier au Roadside Café à l’époque où Ginger y travaillait comme serveuse. A présent, il était propriétaire de la brasserie et il y traînait souvent pour garder un œil sur son investissement.
Grand et mince, Leroy était assis au bar. Il sirotait un café en bavardant avec des clients.
Lorsque Hud s’installa sur un tabouret à côté de lui, une jeune blonde passa un coup de torchon sur le comptoir. Elle semblait à peine majeure.
— Je vous apporte la carte ? s’enquit-elle en souriant.
— Je prendrai le plat du jour avec un soda, merci.
Un instant plus tard, elle revint avec un verre et une bouteille. Au passage, elle resservit Leroy avant de retourner en cuisine flirter avec l’apprenti cuisinier.
Suivant leur manège des yeux, Leroy secoua la tête.
— Il devient de plus en plus difficile de trouver du personnel à la hauteur. Cuire correctement une viande ne s’improvise pas, vous savez. Il faut avoir le tour de main.
Hud n’en doutait pas.
— Leroy, je me demandais si vous vous souveniez d’une serveuse qui travaillait ici, il y a une vingtaine d’années.
— Il y a une une vingtaine d’années ? Vous plaisantez ! Je ne suis même pas sûr d’être capable de vous dire ce que j’ai pris pour mon petit déjeuner.
— Elle s’appelait Ginger Adams.
Leroy éclata de rire.
— Ginger ? La jolie petite rousse ? Qui pourrait l’oublier ? Ah oui, je me rappelle très bien d’elle. Mais, ajouta-t-il en fronçant les sourcils, pourquoi m’interrogez-vous à son sujet ? Cela fait… combien de temps ? J’y suis ! C’était l’année où nous avons acheté le nouveau gril. Oui, la dernière fois que je l’ai vue, c’était il y a dix-sept ans.
Tous les habitants du canyon avaient entendu parler des ossements. En commençant à poser des questions sur Ginger, Hud savait que, n’étant pas idiots, les gens feraient le rapprochement. Mais il n’y avait pas moyen de l’éviter.
— Ce sont ses restes que nous avons retrouvés dans le puits des Cardwell.
— Sans blague ! s’exclama Leroy, l’air sincèrement surpris.
— Etes-vous déjà sorti avec elle ?
Leroy émit un gloussement.
— Vous voulez rire ! Cette fille ne se serait jamais intéressée à un vulgaire cuisinier comme moi. Pas elle. Elle cherchait un mari… et un mari qui prendrait soin d’elle si vous voyez ce que je veux dire.
— Quelqu’un avec de l’argent…
— De l’argent, une situation, du pouvoir. Et l’âge n’était pas un critère de sélection pour elle. Jeune ou vieux, elle s’en moquait.
— Même un vieux comme Angus Cardwell.
Leroy opina du menton.
— Si ce n’est pas malheureureux ! Il aurait pu être son père. A mon avis, elle croyait que le ranch lui appartenait. Et elle l’a laissé tomber comme une vieille chaussette quand elle a compris que Mary Cardwell ne la laisserait pas mettre sa jolie main sur ses terres.
— Vous savez qui elle a fréquenté après Angus ?
Avec un petit rire, Leroy avala une gorgée de café.
— Bien sûr ! Elle s’est attaquée à son fils aîné.
Hud ne put cacher sa surprise.
— Jordan ?
— Eh oui !
Hud se demanda pourquoi il n’en avait jamais entendu parler.
— En êtes-vous sûr ? Vous m’avez dit que vous ne vous souveniez pas de ce que vous aviez pris au petit déjeuner…
— Tout n’était visiblement pas rose entre eux. J’étais là un soir où Jordan était passé la chercher en fin de service et ils se sont violemment disputés. Je m’apprêtais à intervenir pour les séparer lorsque Jordan l’a poussée. Elle est tombée et s’est cassé le bras.
Hud sentit sa gorge se serrer. Il se remémorait le compte rendu du médecin légiste.
— Jordan lui a cassé le bras ? répéta-t-il, stupéfait. Comment se fait-il que personne n’en ait parlé ? Cette histoire aurait dû alimenter les ragots pendant des mois, non ?
Leroy rougit.
— Eh bien, c’est sans doute parce qu’elle n’a pas porté plainte contre lui. Il lui a promis de la dédommager et il a pris à sa charge les frais médicaux.
— Et il vous a donné de l’argent, à vous aussi, je suppose. Il a acheté votre silence.
— La cuisine est un métier particulièrement mal payé, vous savez, rétorqua Leroy en haussant les épaules.
Et c’était sans doute ainsi que Leroy avait commencé à se constituer un capital qui lui avait permis par la suite d’acquérir la brasserie…
— Et à quel sujet Jordan et Ginger se disputaient-ils ?
— Jordan la considérait comme sa petite amie. Alors qu’elle avait déjà jeté ses filets sur un autre, sur un plus gros poisson, si vous voyez ce que je veux dire.
La serveuse revint et déposa une assiette de rosbif et de pommes de terre sautées devant Hud.
— Et ils ne se sont pas rabibochés ? s’enquit Hud entre deux bouchées.
De nouveau, Leroy se mit à rire.
— Aucune chance. Jordan a essayé de la faire revenir à lui mais elle n’a rien voulu entendre. Jordan a été vite oublié.
— Et qui était le plus gros poisson à qui vous faites allusion ?
Leroy fronça les sourcils.
— Je connaissais bien Ginger. Elle s’est évidemment trouvé quelqu’un d’autre, quelqu’un de potentiellement plus riche que Jordan.
— Mais vous ne savez pas de qui il s’agissait ?
— Non. A cause de son bras cassé, elle a cessé de travailler au café. Je ne la voyais plus beaucoup et puis… elle est partie. Je pensais qu’elle s’était enfuie avec le type en question. Sa colocataire m’avait assuré qu’elle avait emporté ses affaires et rendu sa voiture avant de s’en aller.
— Sa colocataire ?
— Elles étaient toute une bande de filles à loger dans un petit chalet près du centre mais certaines restaient quelques jours, d’autres deux ou trois semaines, vous imaginez le tableau. Très peu y passaient l’été entier. Je me rappelle vaguement celle qui partageait la chambre de Ginger. C’était une blonde un peu grassouillette qui ne rechignait pas à la tâche. Mais son nom m’échappe…
— Et cette amie n’a plus jamais entendu parler d’elle ? demanda Hud tout en dégustant son repas.
La nourriture était excellente.
Leroy haussa les épaules.
— Aucun de nous n’a plus entendu parler d’elle mais nous ne nous en inquiétions pas. Les femmes comme Ginger vont et viennent. Et ne laissent derrière elles que des cœurs brisés.
— Ginger avait-elle de la famille ?
— J’en doute. Si c’était le cas, ses parents se seraient lancés à sa recherche, non ?
Hud avait la même impression.
— Que pouvez-vous me dire de plus sur sa colocataire ?
— Elle n’a pas travaillé longtemps au café. J’ai son nom sur le bout de la langue. Il avait une drôle de consonance.
— S’il vous revient, appelez-moi, dit Hud en laissant des billets sur la table pour régler son déjeuner. Par ailleurs, j’aimerais que vous gardiez pour vous cette conversation.
Leroy hocha la tête mais Hud était certain que, dès qu’il aurait tourné les talons, Leroy commencerait à en parler.
— Attendez ! s’écria soudain Leroy. Je sais qui pourrait vous renseigner sur Ginger. Elle flirtait avec lui chaque fois qu’il passait au café. Vous ne serez sans doute pas très content de l’apprendre mais…
Hud poussa un grognement de dégoût.
— Laissez-moi deviner de qui il s’agit : le shérif Brick Savage ?
— Oui, comment le savez-vous ? s’exclama Leroy, étonné.
Hud sourit.
— Je le connais bien…
Un autre flash de la femme en rouge remonta à sa mémoire. Mais cette fois, il entendit son rire.
Hud regagna son véhicule et s’engagea sur la route nationale vers Yellowstone, pour se rendre près du lac Hebgen où vivait désormais son père.
Il ne pouvait plus différer cette rencontre plus longtemps.