XL – LES PAVOTS.

1847.

Lorsque vient le soir de la vie,

Le printemps attriste le cœur :

De sa corbeille épanouie

Il s’exhale un parfum moqueur.

De toutes ces fleurs qu’il étale,

Dont l’amour ouvre le pétale,

Dont les prés éblouissent l’œil,

Hélas ! il suffit que l’on cueille

De quoi parfumer d’une feuille

L’oreiller du lit d’un cercueil.

Cueillez-moi ce pavot sauvage

Qui croît à l’ombre de ces blés :

On dit qu’il en coule un breuvage

Qui ferme les yeux accablés.

J’ai trop veillé ; mon âme est lasse

De ces rêves qu’un rêve chasse.

Que me veux-tu, printemps vermeil ?

Loin de moi ces lis et ces roses !

Que faut-il aux paupières closes ?

La fleur qui garde le sommeil !