Dans un spacieux bureau d'angle au quatrième étage du complexe du KGB, place Dzerjinski, un paisible fumeur de pipe d'une soixantaine d'années examine un dossier ouvert sur sa table de travail. Enfin il lève les yeux vers les deux jeunes hommes.

— Le nom est manifestement faux, dit-il. Comment a-t-il sorti les revues de l'hôtel ?

— Il avait un sac en bandoulière.

L'homme à la pipe secoue la tête avec agacement.

— Faites faire quelques dérivés de lui, sans la moustache ni les lunettes, par le labo photo, et transmettez-les aux unités chargées des dissidents de la liste A. Il y a toujours une chance pour qu'il essaie d'en contacter un.

— On pourrait espérer qu'ils vont se fatiguer de leur petit jeu, dit l'un des jeunes hommes, et son compagnon rit et dit :

— Ils se donnent vraiment du mal pour faire rentrer quelques douzaines de brochures.

L'homme à la pipe la tète pour la rallumer.

— Ce qui… me soucie… c'est qu'il a… laissé un exemplaire de… Grani derrière lui dans la doublure. (Le tabac a pris et il tire pensivement dessus.) Presque comme s'il voulait s'assurer que nous sachions qu'il était un courrier de Grani. Bon. (il écarte le dossier en le faisant glisser sur le bureau et adresse un geste impatient aux deux hommes.) Qu'est-ce que vous avez d'autre pour moi ?