dictionnaire d'information sexuelle

CE DICTIONNAIRE COMPORTE SOUS FORME D’UN FASCICULE DETACHABLE UN « VOCABULAIRE DES EXPRESSIONS POPULAIRES ET ARGOTIQUES DU DOMAINE SEXUEL ».

Paul Bertrand

Victor Lapie

Dr J-C Pellé

Dictionnaire

d'informa-

tion

sexuelle

époque

 

Privat, éditeur

Illustration figurant en couverture :

LE MYSTERE DE LA VIE

Cette sculpture de Louis Archambault évoque un couple intimement enlacé

Exposition de Montréal 1967 Photo Hétier

Le signe * renvoit à un mot traité par ailleurs.

© Edouard Privât, Editeur, 1970 14, rue des Arts, 31 Toulouse

INTRODUCTION

La révolution du printemps 1968, en France, aurait sans doute explosé de toute manière. Car les conditions, nationales et mondiales, étaient réunies pour un tel soulèvement.

C'est toutefois à partir de la revendication émise par les étudiants et étudiantes de la Faculté des Lettres, à Nanterre, désireux de pouvoir se rencontrer à leur convenance dans leurs chambres, que tous les faits se sont enchaînés — et déchaînés. C'est aussi parce qu'il s'entendit répondre, en public, par le Ministre de la Jeunesse, d'aller refroidir ses « problèmes » dans une piscine que le plus actif meneur de ce mouvement déclencha l'attaque.

« Liberté sexuelle » fut un slogan maintes fois écrit sur les murs de la Sorbonne, et ailleurs. Une petite ville de Bretagne l'entendit même proclamer dans ses rues par un « comité d'action » lycéen.

On vit alors nombre d'adultes, dont des ecclésiastiques, remplis d'indulgence. Comme si une force si longtemps réprimée par le veto ou le silence hypocrite, celle de l'instinct génital, justifiait d'être devenue déclic de barricades.

Tandis que les conservateurs ne manquent évidemment pas d'évoquer la décadence de Rome, partout, désormais, s'éclaircissent les rangs des censeurs rigoureux. Bien que gardiennes d'une tradition sévère dans ce domaine, les Eglises, secouées elles-mêmes intérieurement, s'acheminent peu à peu vers une tolérance beaucoup plus large qu'hier. Elles croient devoir s'adapter à cette époque de mutation, de remise en cause de toutes les valeurs. Quoique fort conscientes des désordres où peut conduire le « vertige de la liberté », en ce domaine très particulièrement, elles tendent vers une morale beaucoup plus « ouverte ».

S'estimant donc en devoir de franchise, et même en celui à quelque anticipation, à cause de ce libéralisme progressif des mœurs — dont le développement de l'emploi des moyens contraceptifs n'est qu'un exemple — les auteurs de cet ouvrage ont voulu écrire de la façon la plus nette sur le sujet que l'éditeur leur avait soumis. Car la société de consommation « consomme » aussi « du sexe » et personne ne peut plus demeurer dans l'ignorance de ses multiples visages.

Ils livrent au lecteur des matériaux d’information, lui laissant bien entendu le choix de ses orientations. Mais ils parlent clair.

Certaines des précisions qu'ils apportent pouvant ainsi faire choc sur de jeunes sensibilités, ce livre n'est naturellement pas, selon l'expression en usage, « à mettre entre toutes les mains ».

*

* *

L'éducation sexuelle est l'éducation de la sexualité, c'est-à-dire de ce qui fait les caractéristiques, l'originalité, la force de chaque adulte. Elle doit préparer à l'épanouissement de l'homme ou de la femme dans toutes les dimensions de sa personne.

Vue dans cette perspective, elle ne saurait avoir pour but, comme il est trop fréquent de le croire, la seule connaissance biologique de tout ce qui touche à la génitalité, c'est-à-dire aux appareils reproducteurs à la fois dans leur partie descriptive (anatomie) et dans leur aspect fonctionnel (physiologie).

Mais il est vrai que le dynamisme profond qui est à l'origine de l'activité génitale de chaque être possède une telle puissance qu'il apparaît nécessaire de bien le connaître pour essayer, autant que faire se peut, de le maîtriser et de l'utiliser, telle l'énergie atomique dans le monde de la matière, pour l'enrichissement individuel et collectif et non pour le déchirement et pour la destruction.

Cette force est si grande, en effet, ses conséquences peuvent être si redoutables, que l'Occident chrétien a surtout, au cours des siècles, cherché à construire des digues, comme pour se protéger d'un fléau. On peut dire — en schématisant, car les points de vue différèrent avec les époques — que l'activité génitale était « vécue » comme un mal nécessaire. D'où la double attitude de la réduire au maximum et d'en parler le moins possible.

C'est à Sigmund Freud que revient le mérite d'avoir osé, au début de ce siècle, parler ouvertement de ce problème et d'en avoir souligné l'extrême importance.

Et cela dans deux dimensions essentielles : l'énergie (ou libido) qui commande les impulsions sexuelles ne peut être facilement et impunément niée, ou « refoulée ». On savait déjà cette lutte difficile, mais Freud a mis en évidence un certain nombre de mécanismes psychologiques révélateurs des conflits et des déviations, conscients et souvent inconscients, qui résultent du combat de l'individu contre ses aspirations dans ce domaine.

La deuxième « dimension » de l'œuvre de Freud est d'avoir posé un schéma du développement instinctivo-affectif du petit enfant. Celui-ci, expliqua-t-il — ce qui scandalisa — est doté d'une vie sexuelle dès sa naissance. Cette sexualité s'exprime en plusieurs étapes. On parle d'abord de stades pré-génitaux. Ces étapes doivent être normalement franchies et « assimilées » pour permettre un jour l'expression d'une sexualité d'adulte normale.

Quelque cinquante années plus tard, le professeur Kinsey, de l'Université d'Indiana (U.S.A.), entreprendra, avec l'appui de la fondation J.D. Rockefeller et une vaste équipe de recherche, une enquête, indéniablement scientifique, sur le comportement sexuel de l'homme et de la femme. Les résultats en furent publiés sous ces titres respectivement en 1948 et en 1953.

Si la critique officielle catholique contesta d'abord l'opportunité d'une telle enquête, et surtout la vulgarisation de ses résultats, elle en admit la valeur, notamment en précisant que les données fournies par le professeur Kinsey confirmaient les observations depuis longtemps recueillies par les prêtres.

Puis vinrent par exemple les travaux des savants sexologues américains, homme et femme, Masters et Johnson, enregistrant placidement, par électrodes, des activités génitales solitaires et par couples. Et la mise en vente libre, l'exposition publique d'illustrations pornographiques en Scandinavie, comme la Foire internationale sur ce thème à Copenhague. Et tant de films, de livres, de revues, toute l'atmosphère « érotisante » contemporaine !

Comme un orage longtemps attendu, c'est maintenant une pluie diluvienne d'études de toutes sortes et de toute valeur sur la question. II faut savoir, et tout le monde veut savoir. Cet appétit constitue sans nul doute un risque : la force de la vérité n'est pas toujours supportable, au moins sans préparation.

D'autre part, il semble sûr, si nous osons ce jeu de mots facile, que l'« empire du bas » a contribué au Bas-Empire. Et à sa chute. Une civilisation est bien tenue de faire barrage à trop de facilité, pour l'hypothèse où une réaction quasi générale ne viendrait pas, d'elle-même, mettre fin à des facteurs dégradants. A la « sexalade », comme on dit aux U.S.A., il faut des limites.

Mais nous devons — il n'y a plus de choix possible — voir les choses en face, mesurer exactement nos responsabilités en la matière à l'égard des jeunes.

Situation inconfortable de l'éducateur de ce temps qui est obligé, en général sans avoir appris à nager, d'apprendre aux autres la façon de se tenir sur l'eau et d'y avancer.

ACCOUCHEMENT

Les hasards de l'ordre alphabétique placent ce mot en tête de ce petit recueil.

Si l'évidente finalité de l'acte sexuel est bien la procréation, nous n'aurons pas l'hypocrisie, en ce dernier tiers du vingtième siècle, de sembler croire, et vouloir faire croire, qu'elle en est le seul motif. Il s'accompagne de plaisir, et la recherche de ce plaisir le commande maintes fois. Nous reviendrons ailleurs sur ce point.

D'autre part, voici quelques années encore, l'on se fût étonné de compter l'accouchement au nombre des problèmes soulevés par l'éducation sexuelle. L'obstétrique était le domaine réservé des médecins et des sages-femmes.

Les futures mères devaient se contenter de dictionnaires aux termes incompréhensibles et barbares, d'une littérature non moins effrayante. A titre d'exemple, voici la description par l'une des héroïnes de Balzac, dans Les mémoires de deux jeunes mariées : ... « Ainsi parvenue au point où la séparation semble vouloir se faire entre le corps et l'âme, une douleur qui m'a fait croire à une mort immédiate a éclaté. J'ai poussé des cris horribles, et j'ai trouvé des forces nouvelles contre de nouvelles douleurs... ».

A défaut de ces lectures encourageantes, se prodiguaient les « conseils » des mères, les horribles histoires d'accouchement d'amies apitoyées.

Bref, le niveau de connaissance était tel que bien des médecins ont vu des femmes arriver à la maternité en croyant que l'enfant sortait par l'ombilic* : douce perspective !

Et voici que trois mots vinrent tout transformer :

Accouchement sans douleur

Celui-ci a dépassé le domaine de la seule obstétrique. Avant d’être une technique, il est une éducation. Il concerne toutes les femmes sans distinction, l’on pourrait dire tous les couples, puisque ses bienfaits s’étendent aussi sur le plan affectif.

« Le père, présent et actif, ne se ronge plus les sangs loin de sa femme. Le lien entre les époux n'en est que renforcé. Car c'est un sentiment extraordinaire de partager ces instants de bonheur intense », écrivent les Docteurs P. et A. Vellay dans leurs « Témoignages » à son propos1.

Pour toutes ces raisons, il a une place de premier choix dans l'éducation sexuelle.

Dans l'accouchement normal, l'apparition de contractions régulières, parfois accompagnée de l'émission de glaires sanguinolentes, dénonce le début du « travail ».

L'enfant tête en avant, doit quitter le monde clos où il vivait. Pour ce faire, des forces le compriment, le poussent. Il connaît alors, croit-on, la première expérience de l'angoisse humaine.

Assez faibles et espacées au début, les contractions de l'utérus* ont pour but de tirer sur les bords de son col pour qu'il s'élargisse jusqu'à dix à treize centimètres, afin que puisse passer la tête du bébé.

Dès que la dilatation est complète, les contractions changent de rythme et de sens afin d'expulser l'enfant par le vagin* et son orifice externe, la vulve*. Après rupture de la poche des eaux, ces contractions s'accompagnent alors chez la femme d'un besoin de pousser, jusqu'au moment où la petite tête jaillit entre ses jambes. Le corps entier, moins gros et plus souple, suit facilement.

L'enfant est attaché à sa mère par le cordon ombilical. On coupe alors celui-ci, entre deux ligatures, pour éviter l'hémorragie : pour la première fois, respirant lui-même, l'enfant suffoque et pousse son premier cri, première manifestation d'autonomie. Quinze à vingt minutes plus tard suit l'expulsion du placenta et de l'extrémité du cordon qui y est rattaché.

L'utérus étant un muscle comme un autre, son travail n'est pas plus douloureux qu'un autre travail musculaire. Cependant une ignorance généralisée de faits physiologiques élémentaires, les tabous*, une fausse interprétation des textes religieux, des facteurs sociologiques ou de civilisation, ont transformé l'accouchement en un acte obligatoirement grevé de manifestations douloureuses.

L'accouchement sans douleur est issu des travaux des physiologistes russes, Pavlov, et en particulier Mme Erofeeva, qui ont étendu ces travaux à l'obstétrique.

L'expérience du chien qui salive lorsqu'on lui présente de la nourriture est bien connue : pendant un certain temps, une sonnerie est associée à la vue de la viande. Puis, un jour, on constate que l'audition seule de la sonnerie fait saliver le chien. Cette sonnerie « conditionne » le « réflexe » salivaire. De même en « reconditionnant » la femme, en l'informant du processus qu'elle est en train de vivre, en l'entourant d'un personnel qualifié et coopérant, en lui enseignant, grâce à un entraînement quotidien, à

Accouchement

DILATATION

DILATATION

ACHEVEE

EXPULSION OU ACCOUCHEMENT PROPREMENT DIT

répondre aux différents « signaux » de l'accouchement (relâchement musculaire et respiration contrôlée au moment des contractions), la participation réelle, la fierté et la joie aidant, le seuil de sa sensibilité s'élève. Et la douleur n'apparaît pas.

C'est le Docteur Lamaze qui a introduit la méthode d'U.R.S.S. en France vers 1950, et c'est lui encore qui donna l'impulsion à son développement, tant en France qu'à l'étranger (les pays catholiques ayant été définitivement acquis à la suite d'un discours de Pie XII, en 1956, au cours duquel le Pape se montrait favorable à la méthode).

Cette rapide extension démontre que l'accouchement sans douleur n'était pas fonction de facteurs ethniques, sociaux, ou économiques, mais qu'il était accessible à toutes les femmes enceintes.

Nous n'insisterons pas sur leur « préparation » proprement dite. Elle est du domaine de la pratique médicale et para-médicale. Mais il convient de souligner deux facteurs qui ne peuvent être modifiés.

D'une part, une préparation ne s'improvise pas. Son contenu est invariable, si sa forme varie. Car il repose sur des bases scientifiques précises.

D'autre part, on ne peut se préparer à moitié : la préparation doit être assidue, reposer sur la ferme conviction qu'elle sera récompensée de succès.

Lorsque ces deux conditions sont respectées, les résultats prouvent abondamment que l'effort en valait la peine, ils se constatent objectivement tant sur le plan de la mère que sur celui de l'enfant.

Le Professeur Malcovati, de Milan, a constaté une diminution importante du nombre des abandons d'enfants par des mères célibataires ayant accouché sans douleur.

Pourquoi donc une méthode aussi simple, rationnelle, et si profondément humaine, n'est-elle pas plus répandue ? Sans doute par manque de crédits pour des locaux, de personnel hospitalier, par carence dans la formation des médecins et des sages-femmes comme dans l'information des femmes elles-mêmes. Celles-ci, dans de nombreux pays, connaissent mal la méthode, ce qu'elles sont en droit d'en attendre, voire d'en exiger...

Néanmoins, désormais, l'accouchement sans douleur est un fait acquis. Grâce à ses résultats, il fait maintenant partie inhérente de la médecine, bien que son aspect éducatif la rattache aussi au domaine culturel. Sur un plan strictement humain, il permet la création de liens nouveaux entre la mère et l'enfant, aussi bien qu'entre mari et femme.

ACNE

Ce nom recouvre plusieurs maladies de peau survenant sur un terrain séborrhéique, avec poussées importantes à l’adolescence, et réapparition fréquente à la ménopause*.

Si certaines formes, en particulier celles liées à un dysfonctionnement hormonal, nécessitent un traitement médical, la plupart sont du ressort de soins esthétiques et surtout d'un certain « doigté », nécessaire pour aider en particulier l'adolescent « boutonneux » à traverser cette période suffisamment fertile par ailleurs en difficultés (voir « adolescence »).

ADIPOSO-GENITAL (SYNDROME)

Certains garçons très gras, comme « soufflés », ne possèdent que des organes génitaux de petite taille. Leurs désirs génésiques sont restreints ou nuls. Ils ressemblent, en petit, aux chapons, si ce n'est aux eunuques castrés et paisibles des harems. Pour le pittoresque, les films américains en placent souvent un dans les bandes d'enfants. Mais, pour eux, ce désordre glandulaire peut être en général corrigé, au cours de leur croissance, par des injections d'hormones. Beaucoup plus rares, des filles présentent le même syndrome et sont justiciables de la même sorte de traitement.

Le rire et les moqueries que ces jeunes provoquent ne tiennent évidemment pas compte de leur insuffisance biologique. Ils peuvent leur procurer des troubles du caractère, se répercutant sur leurs conduites sexuelles, même si leur insuffisance a disparu.

ADOLESCENCE

Marquée jadis, pour les jeunes mâles, par une cérémonie dite d'initiation, elle débouche sur l'âge adulte et commence avec la pleine installation de la puberté*, donc de la mise en route des fonctions reproductrices. S'affirment alors les caractères sexuels dits « secondaires » : développement des seins, des hanches, apparition des menstrues (ou règles*) chez la fille ; augmentation

du volume de la verge* et des bourses*, érections*, émission de sperme*, mue de la voix, qui devient grave, chez le garçon ; poils autour des organes génitaux, puis sous les bras, chez les deux sexes («pubere», en latin, signifie «se couvrir de poils»). A mesure que se développe le triangle (devenant presque losange, à la fin, chez beaucoup d'hommes) de la toison pubienne (P), c'est-à-dire sur le bas-ventre, les médecins la numérotent jusqu'à cinq ; celle de la pilosité axillaire (A), c'est-à-dire sous les bras, jusqu'à trois. Dès P2 A0, les pulsions génitales s'installeraient. Impatients de paraître plus virils, nombre de garçons rasent leur lèvre supérieure, puis leurs tempes, afin que le duvet s'y épaississe, durcisse.

Cette période s'étend sur de nombreuses années. Elle commence plus ou moins tard selon les climats (plus vite dans les chaleurs du Sud) et selon les sujets. Mais, en règle générale, plus tôt chez la fille que chez le garçon, et nettement plus tôt (deux ans, en moyenne) chez les sujets des deux sexes, aujourd'hui, que chez ceux et celles des générations précédentes. On attribue cette précipitation, de même que des tailles plus élevées, à une alimentation plus riche, plus équilibrée, comme à plus de confort dans les familles. A plus de loisirs, et donc moins de surmenage au travail, sans doute aussi.

Cette date plus précoce accentue le décalage entre le moment où les jeunes ressentent des poussées génésiques, parfois irrésistibles, et celui où le code moral en vigueur dans nos sociétés occidentales, de tradition judéo-chrétienne, leur permet d'entretenir par le mariage des rapports sexuels. L'adolescence elle-même, au contraire, s'étire désormais par la prolongation de la scolarité, entraînant une mise au travail productif et une indépendance économique bien plus tardives qu'autrefois.

Il ne faut donc pas être surpris que ce code se trouve, pour beaucoup, progressivement bafoué, soit après des revendications juvéniles, auprès des adultes, du « droit à l'amour » ; soit, le plus souvent en secret, par des exutoires divers : masturbation*, liaisons homosexuelles*, ou hétérosexuelles* préconjugales. Des romans japonais contemporains montrent de jeunes Nippons impatients qui crèvent de leur membre viril la cloison de papier séparant des chambres. Dans les dortoirs d'internats de tous les pays, après l'extinction des lumières, les propos échangés sont très édifiants sur ce chapitre. Et les gestes de même.

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On situe aujourd'hui, en moyenne, à 10-12 ans le début de la puberté féminine, à 12-14 ans celui de la puberté masculine.

Elle ne s’accompagne pas seulement (ni même d'ailleurs absolument toujours) de désirs génitaux. Au milieu de la rapide croissance du corps et d'un bouleversement de l'esprit, aux aspects demeurant maintes fois romantiques, et parfois pathétiques ( « oursons s'estimant mal aimés et refusant que l'on panse leurs plaies », a-t-on pu écrire), apparaissent d'ordinaire de tendres attirances : pour soi-même (narcissisme*), puis pour un ou des sujets de même sexe, ou de l'autre. Mais souvent avec une grande délicatesse («Je la respecte trop pour y toucher»), même si un masque de muflerie est porté ensuite devant les camarades.

Dans la mesure où des pratiques sexuelles sont exercées mais considérées par l'adolescent comme condamnables, à cause de son éducation et de son entourage, s'y ajoutent des sentiments de faute, donc d'angoisse. Se battent alors en lui son impureté et sa soif de pureté.

Cette souffrance est plus vive lorsque le sujet est d'une nature émotive. La crise qu'il traverse le rend sombre, avec parfois des explosions de fureur et de désespoir.

Rien d'anormal, en conséquence, à ce que l'« âge ingrat » pose, aux parents et autres éducateurs, tant d'énigmes, voire de problèmes sérieux à résoudre immédiatement2 : agressivité ou mutisme à leur égard ; chez les filles, anorexie*, dépression nerveuse, fugues* ou même tentatives de suicide par désespoir sentimental — quand ce n'est pas, heureusement exceptionnels, la naissance d'un bébé, le scandale d'un outrage public ou d'un attentat à la pudeur (voir « infractions sexuelles »).

Le meilleur moyen de se préserver contre ce risque est d'entretenir avec ses enfants, et ce dès leurs premières années, des relations de confiance assez fortes pour que, en cas de graves difficultés, ils éprouvent le désir d'en faire part.

C'est la période des grandes contradictions « ambivalentes » : amour mêlé à de la haine, en particulier à l'égard des père et mère ; élans de pureté, après le plus grand des cynismes ; audace provocante, parfois follement présomptueuse, violence asociale ( « Merde au monde ! » écrivait un garçon sur le mur de sa chambre), alternant avec la plus timide des pudeurs. L'absence de mesure marque ces attitudes opposées.

Chez beaucoup, c'est l'époque, on l'a vu, des fortes vantardises entre camarades, notamment dans le domaine génital. Tel ce pubère récent qui se flattait du nombre de ses rapports complets avec des filles. La première fois qu'il en « connut » une, dans une cave d'H.L.M., il dit à ses intimes : « C'est dégoûtant. Elle ne s'était même pas rasée ». Car ses précédents exploits antérieurs se limitaient, en fait, à la lecture d'illustrés obscènes. Or la législation française (à la différence de celles de Scandinavie, notamment) oblige les éditeurs à y effacer par de la gouache, sur les photos qu'ils font paraître, la pilosité pubienne féminine — qu'il n'est plus en usage occidental d'ôter. Combien de jeunes, de même, emploient avec aplomb, sur ce terrain, des mots dont ils ignorent le vrai sens !

Si l'éducation sexuelle d'un adolescent n'était pas commencée, il serait plus que temps de l'entreprendre. Encore faut-il, pour y réussir, que l'adulte initiateur ne soit pas lui-même demeuré, sous cet angle, un adolescent — ou un enfant.

sanctions quel que soit le lieu de ses relations intimes de cette nature. L'égalité de la femme avec l'homme n'est pas encore atteinte, pas plus qu'en Belgique ou en Italie, par exemple, et encore moins dans d'autres pays.

On continue de se réjouir, dans les vaudevilles, de la scène du mari rentrant de voyage à l'improviste, parfois accompagné au lit conjugal d'un commissaire de police, pour le constat de son infortune. Tout au long de ses études secondaires, à l'analyse de textes classiques riches en amants et amantes — si ce n'est pas la découverte que Molière écrivit Le cocu magnifique — un jeune apprenait hier que pareille situation n'est pas exceptionnelle. Aujourd'hui romans et films, ne serait-ce que par la télévision*, le lui enseignent surabondamment.

Il est de fait qu'elle n'est pas rare. Une idée courante, certes répandue avec complaisance par les mâles, veut que ceux-ci soient, d'essence, quasi polygames, comme le lion, « roi des animaux », en tout cas plus volages que leurs compagnes : désireuses de protection, de sécurité offerte et reçue, elles seraient plus capables d'affection totale jusqu'à la mort. On considère ainsi, d'ordinaire, que l'infidélité conjugale est plus souvent masculine que féminine. Et que l'homme, si inconstant qu'il soit dans ses amours, supporte très mal que sa femme l'imite. Selon certains, il aurait alors l'impression de coucher avec son concurrent, informé de sa vie la plus intime. Cette pensée lui soulèverait le cœur, et quelquefois par homosexualité refoulée (voir « jalousie »). En l'absence de données précises, on ne peut trancher ce point. Il n'est pas douteux, en tout cas, que nombres d'épouses insatisfaites, déçues, ou elles-mêmes trompées, cherchent consolation dans des bras plus chauds et plus complaisants. Et il arrive que pour avoir la paix, si ce n'est pas plaisir, des conjoints admettent, voire encouragent, la présence au foyer d'un(e) troisième partenaire. Les « ménages à trois » ne vivent pas seulement sur les planches de théâtre. Aux U.S.A. des clubs, avec petites annonces*, les favorisent. On en voit même où s'établissent des relations homosexuelles*, et ce un peu partout dans le monde. Mais la loi, alors, ne parle pas d'adultère. Tout au plus verrait-elle là, et en matière seulement civile, une « injure grave », motif de divorce si le mari ou la femme l'invoquait.

Dans ce domaine aussi, un libéralisme grandissant gagne l'opinion publique. Elle ne voit pas pourquoi les « amours célèbres », qu'en images lui conte son journal quotidien — à commencer par les frasques de Napoléon, empereur — ne pourraient avoir des répliques, seraient-elles beaucoup plus modestes, chez le commun des mortels.

Les enfants, hélas (et ne parlons pas de ceux qui peuvent naître du commerce illégitime, hier « bâtards », objets de dédain), même s'ils paraissent s'y habituer, souffrent en général très fort de pareille situation, lorsqu'ils la connaissent. Ayant besoin, pour bien s'épanouir, du moins dans l'état actuel des mœurs, d'un attachement exclusif à leur père et leur mère, la plupart jugent avec une grande sévérité l'intrusion d'un(e) comparse dans la vie sentimentale d'un de leurs auteurs.

C'est pourquoi, à cause d'eux, les meilleurs parents savent, sauf impossibilité absolue, se retenir sur la pente de l'adultère, si la tentation les en saisit. Au cas où un engagement aurait pris cours, ils parviennent du moins à l'entourer du secret.

La grande règle de la morale sexuelle, et de la morale tout court : « ne pas faire de victimes », prend ici tout son sens. Si l'époux non consentant (car son accord en pareille matière, il faut oser le dire, est parfois un facteur d'harmonie conjugale) n'est pas respecté, au moins que le soient les êtres mis au monde avec lui. Un jour peut-être se multiplieront ces « groupes maritaux » où, comme au Danemark, plusieurs jeunes couples d'inspiration hippie vivent en communauté complète. Un enfant se trouverait fort bien, paraît-il, d'avoir par exemple huit pères et mères. Quelles que soient les surprises secrétées par notre époque, elle ne semble pas devoir faciliter rapidement celle-là.

AGE CRITIQUE

(voir : andropause et ménopause)

AGE ET ACTIVITE SEXUELLE

Si les rapports Kinsey* ont mis en lumière l'influence du milieu social et du niveau de culture dans l'intensité de l'activité génitale, ils ont aussi constaté que l'âge est, bien entendu, à cet égard, un autre facteur très important.

La puissance de l'instinct sexuel suit la loi générale du vieillissement de l'organisme. A peine achevé de se construire — autour de la vingt-cinquième année — notre corps commence à se détériorer suivant une pente qui s'accélère avec le temps.

Pour de nombreux sports — du moins en ce qui concerne la compétition — on est déjà « vieux » à vingt ans. Chez les garçons, le maximum de capacité génésique se situe précisément un peu avant cet âge, alors que, pour la plupart, ils ne sont pas autonomes sur le plan économique et en mesure de se marier en assumant toutes les responsabilités d'époux et de père.

Qui devrait s'étonner, dans ces conditions, de ce qu'ils exercent des activités sexuelles dont certaines sont encore interdites par la loi ou la religion ? A moins qu'ils ne « refoulent » leurs pulsions (voir « refoulement ») ou ne se montrent capables de sublimation (voir « dérivations de l'instinct sexuel »).

Aussi, pratiquement, est-ce entre vingt et trente-cinq ans que l’activité sexuelle chez l'homme revêt sa plus grande intensité. Elle diminue ensuite progressivement. Chez la femme, en tout cas l'Occidentale, la courbe n'est pas la même. L'adolescente ressent d'ordinaire des besoins « physiques » moins impérieux que le garçon du même âge (elle n'aurait, toujours selon Kinsey, qu'un cinquième de l'activité masculine). Son épanouissement est plus tardif et coïncide davantage avec sa maturité de femme. Son déclin est plus lent.

L'arrêt définitif de toute vie génitale varie beaucoup suivant les individus. L'histoire a retenu le nom de personnages qui réalisèrent très vieux des prouesses dans ce domaine. On eut un certain mal à dissuader Goethe, à soixante-quinze ans, d'épouser une adolescente de quinze, dont il était devenu éperdument amoureux. De nos jours, on compte plusieurs écrivains ou artistes qui se marièrent ou se remarièrent avec de jeunes femmes ou jeunes filles alors qu’ils avaient largement dépassé la soixantaine.

Une étude publiée en 1960, par deux médecins américains, souligne que les deux sexes peuvent avoir jusqu'à un âge très avancé des rapports satisfaisants. Au-delà de soixante-quinze ans, l'abandon de toute pratique amoureuse provient, dans les cas étudiés, d'affections générales, plus que d'absence d'impulsions sexuelles : tout au moins chez ceux qui mènent une vie de couple heureuse et qui avaient conservé l'entraînement de relations régulières, puisqu'il est très difficile, pour un être seul, de trouver à partir d'un certain moment un (ou une) partenaire, ce qui amène assez vite chez lui la disparition de toute manifestation sexuelle.

Pourtant un dicton n'affirme-t-il pas que faire l'amour quand les forces déclinent, c’est chaque fois creuser un peu plus sa tombe ? Mais les progrès de la médecine et de l'hygiène permettent de retarder plus qu'hier les effets de la sénilité. La gérontologie s'y attache d'autant plus que la durée de l'existence s'allonge. Elle montre en particulier comment conserver très tard des intérêts qui « raccrochent » à la vie.

L'essentiel est donc de pouvoir vieillir ensemble et dans une affection réciproque. Car si le désir s'éteint doucement, restent, pour les conjoints, la tendresse et les souvenirs. Ce sentiment et ces pensées comblent largement ceux qui les possèdent. Depuis toujours les poètes ont chanté ce bonheur.

Faute de simultanéité dans le vieillissement, c'est-à-dire si l'un des époux est ou reste trop jeune par rapport à l'autre, se trouve donc soumis à des désirs exigeants qu'il sera tenté d'assouvir ailleurs, les conflits peuvent naître.

« A jeune femme, il faut jeune mari ». Et inversement.

Parfois, au contraire, des hommes prennent des compagnes nettement leurs aînées, par nostalgie de retrouver la mère avant la flemme, de même que la jeune fille cherche le père avant l'homme, dans l'autre cas. Mais, au fil des années, le décalage s'accentue, freiné seulement par le fait que les épouses parviennent en général, de nos jours, à rester tard belles et désirables.

Néanmoins, mieux vaut ne pas « tenter le diable » en accumulant au départ les causes possibles d'échec du couple*. Celle-ci peut en être une, et fort sérieuse.

ALCOOL

A petites doses, il émoustille, excite les sens de la plupart des individus. En grande quantité, il les plonge au contraire dans l'hébétude. Les prostituées le savent bien, qui continuent à faire boire leurs clients après qu'ils aient payé la promesse de leurs faveurs.

L'intoxiqué permanent, lui, perd presque toujours sa puissance génésique.

Dans les surprise-parties*, voire leurs «orgies»*, certains jeunes s'étourdissent ainsi. Perdant tout contrôle, ils en arrivent à des excès qu'ils regrettent plus tard.

Pour cette raison et beaucoup d'autres, on ne saurait détourner trop tôt les adolescent(e)s — car les enfants n'en éprouvent encore aucune envie — de cette pernicieuse habitude. En invoquant en particulier les performances sportives chez les garçons, la beauté du teint chez les filles, l'entreprise est fort loin d'être irréalisable, du moins si n'est pas très dissolu le milieu de leurs fréquentations.

AMENORRHEE ( voir : règles)

AMI(E)S

C'est d'abord le confident, la confidente des premiers émois sentimentaux. Ne lui parle-t-on pas plus à l'aise qu'à ses parents ? C'est ensuite le témoin et le soutien des heures difficiles, après déception ou rupture : sa présence attentive apaise bien des désespoirs. C'est enfin l'intermédiaire ou le messager, le complice ou le censeur.

Mais il n'assume d'ordinaire l'un de ces rôles qu'avant la constitution du couple. Car la mobilité des lieux de résidence, des emplois, le font ensuite très souvent perdre, en plus du besoin de souder l'union conjugale

Sa présence au foyer revêt diverses significations. Le théâtre des boulevards a fait recette du « ménage à trois ». Le partage de l'intimité peut insensiblement faire glisser vers l'adultère, si des fissures séparent les époux. Même hors ce cas, si l'ami(e) s'est introduit(e) dans la place avec une arrière-pensée de conquête, son machiavélisme peut réussir. Toutefois, à l'inverse, un homme ou une femme raisonnables peuvent exercer une action bénéfique sur des conjoints encore très « jeunes chiens ». Il arrive aussi que l'un des deux accepte la familiarité du comparse, pour avoir la paix génésique, ou que les deux y consentent, par désir de stimulation érotique.

Pour des amis, la question est bien entendu différente. Entre ménages, entre voisins, des liens s'établissent, généralement dans un même cadre socio-professionnel ou culturel. Mis à part l'échange de secrets entre femmes, l'intervention dans la vie sexuelle et affective des uns et des autres est d'ordinaire limitée. Exception faite également des groupes où permutent les partenaires (voir « mariage »).

L'invitation incessante d'amis est souvent moins un signe d'hospitalité que celui du vide entre les époux.

Enfin, il est inutile de mettre en relief que maintes amitiés, à tous les âges, comportent une charge, plus ou moins nette, hétérosexuelle ou homosexuelle.

AMOUR

Avec ses mille facettes, l'amour ne peut guère s'enfermer dans une définition. Cet élan nous porte en effet, avec plus ou moins de force, aussi bien vers nos semblables, que vers l'art, la patrie, la divinité, la nature, les animaux, l'argent, etc.

Mais parler de « l'Amour », avec un grand A, c'est désigner cette rencontre de deux êtres, appelés l'un vers l'autre par l'instinct sexuel, dont la finalité est la survie de l'espèce.

Bref rapprochement de deux corps, aventure de quelques jours ou de plusieurs saisons, union qui s'enrichit jusqu'à la mort, autant de physionomies de cette attirance. Au surplus, l'infinie variété des individus, donc des couples, fait que chacun d'eux vit « son » amour de façon unique.

D'aucuns pensent qu'on ne saurait qualifier ainsi une simple et hâtive étreinte charnelle, notamment avec une prostituée. Mais certains n'y trouvent-ils pas un embryon de relation affective ? Il demeure certain qu'elle déçoit la plupart, comme sont déçus les jeunes qui, par rejet des tabous*, esprit d'indépendance, « modernisme », veulent leurs « expériences » uniquement physiques. En souffrent surtout les filles, plus sentimentales dans leur ensemble.

L'amour est comme ces auberges espagnoles de jadis : on n'y trouve que ce qu'on y apporte. Au moment où se dessinent puis s'expriment les premiers émois amoureux, c'est toute la personnalité des partenaires qui est en jeu. Le jeune homme ou la jeune fille, comme plus tard l'adulte, se comporte selon la manière dont il a franchi les divers stades de son évolution* instinctive et affective, selon le climat de son éducation générale, le contexte social et culturel dans lequel il a été plongé, héritage lui-même des générations antérieures. Pour prendre une image du monde de la matière, tous ces éléments gravitent autour du noyau central que représenterait l'instinct sexuel et viennent faire corps avec lui, de la même façon que s'enrichissent certains atomes. Aussi la définition de l'amour comme une sublimation* de l'instinct génésique, trouvée dans certaines études, ne nous paraît pas rigoureuse. Sans doute vaudrait-il mieux parler de « complexification », comme Teilhard de Chardin pour définir une loi de l'univers par laquelle celui-ci ne cesserait de devenir plus complexe. Même les matérialistes ne peuvent réduire l'amour à sa seule dimension génitale, sans mutiler l'homme.

Chacun aime donc à sa manière, avec tout ce qu'il est. Mais le problème est celui de la rencontre, car deux amoureux peuvent être sincères et ne pas arriver à une réelle communion. Nous dirons plus loin comment le temps des fiançailles* peut permettre d'éprouver la solidité de l'attachement. Mais, quelles que soient les façons d'aimer, certaines remarques générales peuvent être posées :

—    Réalité vivante, l'amour est soumis aux lois de la vie ; même fort, il peut s'étioler et disparaître. Afin qu'il dure, il faut savoir l'entretenir (voir « couple »).

—    Il peut prendre deux formes opposées :

oblatif, il suppose que l'on se sacrifie s'il le faut pour l'être aimé ; que l'on mette tout en œuvre pour le rendre heureux : il est donc générosité, disponibilité ;

captatif, il n'est attachement à l'autre que pour en « être » aimé, pour en recevoir, pour le garder dans sa dépendance, en faire « sa » chose.

Bien souvent, en chacun de nous ces deux aspects alternent. Mais faire dominer le premier est indispensable. Réduire l'Autre « en esclavage » (à moins qu'il ne se révolte, bien entendu) est l'attitude d'anciens enfants gâtés, élevés dans l'égoïsme, ou d'êtres frustrés par l'existence, qui cherchent à compenser leur vide affectif.

—    L'amour s'enrichit s'il dépasse la relation à deux, grâce à la présence d'enfants. A défaut, il peut s'élargir par une action au sein du groupe social.

AMOUR LIBRE

Etablir des relations sexuelles et affectives en dehors de tout lien civil ou religieux, dans la plus grande liberté, parut fort audacieux pour l'opinion publique de la première moitié du xxc siècle. Prônée par certains, cette théorie s'inscrivait dans un contexte révolutionnaire, à la fois politique et social : l'individu devait lutter pour s'affranchir des contraintes que l'Etat et la Religion imposaient à sa vie privée, notamment celles découlant du mariage monogamique, c'est-à-dire avec une seule femme.

Ainsi, poussée par ses jeunes intellectuels, la Russie communiste des années 1920 connut-elle à cet égard une période d'extrême indépendance. Elle réduisit au maximum les formalités administratives de l'union conjugale, rendit le divorce très facile, ainsi que l'avortement. Mais le résultat en fut une très grande licence. Dès 1926, le mariage civil était rétabli. Peu à peu, le Gouvernement en revint à une politique classique de défense de la famille, tandis qu'il condamnait avec rigueur le laisser-aller sexuel. Les pertes humaines considérables de la seconde guerre mondiale renforcèrent ce courant.

A travers l'histoire, l'amour libre collectif fut essentiellement pratiqué par des groupes restreints, et généralement de façon clandestine, pour éviter toute poursuite. Ils associaient souvent l'érotisme, la religion et le satanisme (voir « diable »).

Il est prêché, pratiqué de nos jours en particulier par les « hippies », qui se font les défenseurs de toutes les pratiques sexuelles, normales ou anormales. Ils y mêlent beaucoup du mysticisme de l'Orient.

L'expression a perdu de son pouvoir « magique », dans la mesure où une beaucoup plus grande liberté préside aux rapports des sexes, mais où l'on sait en même temps que la vie génitale n'est pas tout : le bonheur de l'individu n'est pas — il s'en faut de beaucoup — fonction du nombre de partenaires qu'il peut choisir et de la quantité d'étreintes qu'il est capable de réaliser.

Mais il est certain qu'à deux, pour de multiples raisons, nombreuses sont les personnes qui vivent ensemble sans être mariées. L'union libre reste donc en usage et la loi, les autorités civiles n'y font pas obstacle. Mieux même, elles acceptent le versement de prestations sociales s'il y a « concubinage notoire ».

De 1896 à 1934, par des dispositions successives, le législateur français a simplifié les formalités imposées antérieurement aux futurs époux. Leur complexité conduisait en effet nombre de couples de condition modeste, et souvent illettrés, à se mettre en ménage sans passer par la mairie.

ANAL (EROTISME)

Selon la théorie psychanalytique*, le petit enfant, après avoir connu un plaisir non seulement local, mais généralisé, diffus, par la bouche, et ce sur le sein de sa mère ou par une tétine (stade d'évolution dit « buccal » ou « oral »), ressent une satisfaction du même ordre lorsque, vers deux ans, il devient « propre » et donc capable, en retenant à volonté les muscles du sphincter de son anus, de conserver ou expulser ses matières fécales. Le pot garni de cette façon serait le premier cadeau qu'il serait fier d'offrir à ses parents. Tel serait le stade « anal », s'achevant vers trois à cinq ans (voir « évolution sexuelle »).

De cette hypothèse largement admise, on déduit volontiers, mais non sans exagération probable, que certaines jouissances adultes traduisent une régression* affective à une période infantile.

Ainsi, tandis que pratiquer les embrassement fougueux, la fellatio*, le cunnilunctus* (voire fumer cigarettes ou pipe...) constituerait un retour au stade buccal, c'est revenir au stade anal, pour des motifs divers, que feraient les amateurs de sodomie*, passive et même active, ou ceux d'une sorte de masturbation de leur rectum, innervé au point d'être pour eux une zone érogène très vive.

Sans vouloir de peine aux tenants de pareille supposition, on peut souligner qu'elle est incontrôlable et donne lieu à des généralisations paraissant bien excessives. Ainsi les personnes qui, sans être constipées, ont l'habitude de rester longuement sur le siège des cabinets, à y lire, sont-elles revenues au stade anal ? Mais si en même temps elles fument, comme il arrive, la situation se complique un peu trop. Il convient de ne pas glisser, comme tant d'autres, dans l'« interprétationnisme ».

ANDROPAUSE

C'est une opinion répandue qu'à la ménopause* chez la femme correspondrait, chez l'homme, une « andropause ».

S'il est vrai qu'un état similaire apparaît souvent chez lui à un âge plus avancé, on ne peut pas toutefois établir de parallèle entre ces deux manifestations. En effet, à la fin des ovulations chez la femme de 45-50 ans ne correspond pas un arrêt de production de spermatozoïdes chez le mâle. Une défaillance d'activité sexuelle à cette période, que l'on peut situer autour de 50-60 ans, peut être liée à de multiples facteurs (voir âge et activité sexuelle).

Le vieillissement de l'organisme se manifeste, bien qu'à des âges civils très différents suivant les sujets, par une plus grande fatigabilité, quelquefois de l'embonpoint, la nécessité d'uriner beaucoup plus fréquemment, etc... Ces « petites misères » ne sont pas sans atteindre le moral, d'autant plus que l'homme se rend compte à ce moment-là que ses performances sexuelles sont en baisse sensible (quand les excès n'amènent pas une impuissance* précoce).

Cette constatation n'est généralement pas acceptée de gaîté de cœur. Elle est source d'angoisse ou tout au moins d'irritabilité. La crainte de perdre tout potentiel génésique pousse même certains à une flambée d'activités génitales « à tout prix » qui les entraîne parfois sur la pente de déviations ou de « ballets roses ou bleus ».

Pour toutes ces raisons, on peut finalement, à plus juste titre que pour les femmes, parler « d'âge critique ».

ANGOISSE — ANXIETE

Ces deux mots expriment les aspects (l'un plus « physique » : l'angoisse ; l'autre plus « psychologique : l'anxiété) d’une peur, au moins d’une inquiétude devant une complication, un danger, un échec possible. Les candidats à un examen, les artistes qui s’apprêtent à affronter un public, l’homme qui va combattre ou sauter en parachute connaissent ainsi le « trac », pour la plupart. Mais l’engagement dans l’action les en délivre presque toujours.

Cette gêne oblige beaucoup d’individus aux efforts qui leur sont nécessaires face à certaines situations. Elle possède donc un côté utile. Mais, comme le sel dans la soupe, point trop n’en faut. Lorsqu’elle est excessive, ou surgit à la moindre circonstance, elle paralyse.

Sa fréquence et son intensité sont également liées, on le sait, au caractère* de chacun. L’émotif y est particulièrement sensible. Sa tendance le pousse à fortement grossir, voire à imaginer les obstacles.

L’éducation sexuelle doit donc tenir le plus grand compte du caractère de l’enfant3. Particulièrement en ce domaine, de fausses manœuvres sont génératrices d’une angoisse qui risque de compromettre le développement harmonieux vers l’état adulte.

Or, par suite des tabous* enveloppant encore la génitalité, bien des parents demeurent mal à l’aise devant elle, soit par manque d’information, soit à cause de leurs propres difficultés. Face à la masturbation* par exemple, ils n’osent rien dire, ou ils transmettent, inconsciemment, leur propre angoisse. Un cas illustre est exposé dans le livre du Professeur Jean Delay, La jeunesse d'André Gide (chez Gallimard).

Toute la vie de cet écrivain a été marquée par l’attitude de sa mère, celle de son entourage familial et des maîtres à qui il fut

confié. Les uns et les autres mirent l'accent sur la « souillure » de la chair et la nécessité d'une lutte impitoyable contre les satisfactions instinctives, le menaçant des pires châtiments s'il s'adonnait au « vice solitaire ». Tourmenté, déchiré, n'arrivant pas à dominer ses sens, du moins trouverait-il une évasion dans l'œuvre littéraire, qui restera une tentative passionnée de justifier et de déculpabiliser son homosexualité* (installée et fixée sous des formes uniquement masturbatoires).

Sans aboutir heureusement à des drames aussi douloureux chez la plupart, la masturbation* est en elle-même pour l'adolescent — même sans arrière-plan religieux — une source habituelle d'angoisse ; aussi le rôle des éducateurs est-il d'abord, comme pour tout ce qui touche à ce domaine très particulièrement, de ne pas dramatiser la situation. Si celle-ci paraissait ou était inquiétante on aurait alors recours aux « auxiliaires de l'éducation sexuelle »*.

De jeunes sensibilités peuvent aussi souffrir du choc de révélations brutales (traumatisme dit « de la chambre des parents ») ; des disputes entre les père et mère à propos de leur vie intime ; ou des conversations grossières, certaines lectures ou visions, des confidences imprudentes. Elles rejettent alors involontairement tout ce qui a trait à la sexualité (voir « refoulement ») et, dans certains cas, versent dans la névrose avec des anomalies de l'activité génitale.

L'accession à l'équilibre d'homme ou de femme en est rendu difficile ou impossible. L'angoisse de ces sujets les paralyse ensuite devant le problème des relations conjugales, est source bien souvent d'impuissance* ou de frigidité*, lorsqu'ils ne refusent pas toute vie de couple.

Mais pour sortir de cette impasse, adultes et jeunes qui le souhaitent peuvent être de nos jours grandement aidés (voir « éducation sexuelle »).

Pour la conquête de partenaire(s), l'individu voudrait être séduisant. Tablent sur ce désir les officines qui vantent leurs méthodes pour grandir, posséder une forte musculature ou de beaux seins, accessoirement une conversation brillante.

Auxiliaires de la nature, sont également vendus par correspondance des « philtres d'amour » qui augmenteraient les pulsions génésiques du client, ou de l'être qu'il convoite. Hommes impuissants, femmes frigides, prétendants dédaignés ou inconduits font la fortune d'habiles présentateurs (voir « excitants sexuels »).

Sous le même angle, des « professeurs » (n'importe qui peut s'attribuer ce titre), ou des « voyantes », exploitent la crédulité en cédant des pierres magiques ou autres gris-gris capables, assurent-ils, de provoquer des « retours d'affection » ; en garantissant des « envoûtements » sur statuettes ou photos ; en promettant des méthodes pour « imposer des sentiments à distance, par la pensée ».

Moins romanesques, des catalogues («envoi sous pli fermé») proposent, depuis bien longtemps, et en général auprès d'une croix aux allures pharmaceutiques, des « articles d'hygiène et de caoutchouc toutes tailles, et articles similaires » : plus clairement dit, des préservatifs et autres attributs anticonceptionnels.

Dans les hebdomadaires contant, sous des titres énormes, les liaisons heureuses ou malheureuses des vedettes du jour, on découvre aussi, sans difficultés, les adresses de « studios tout confort, hôtels particuliers, à la nuit ou à la journée », pouvant servir « de petits repas fins » ; ou celles de libraires vendant des « livres rares, curieux », des photographies de « nus artistiques ».

Ou encore ce type de réclame : « Fantastique appareil ! Vibrateur personnel stimulant. Apporte à la taille, aux hanches, aux cuisses, au ventre, etc, le bien-être recherché. Sur piles du commerce, longueur 17 cm 5, diamètre 3 cm 3 (N.B. : la taille moyenne d'un pénis en érection). Expédition sous colis discret ».

Comme pour tout ce qui touche à la sexualité de nos jours, l'audace des annonceurs est allée grandissante. On en distingue qui, jusqu'en province, en passant à des jours et heures déterminés dans une chambre d'hôtel, promettent des salaires élevés à des jeunes filles ou femmes bien faites. A celles retenues, l'emploi offert de barmaid, hôtesse, de cover-girl, danseuse ou de figurante de cinéma se transforme vite, ailleurs (et parfois jusque dans un pays lointain, après l'administration d'une drogue hypnogène) en celui de prostituées battues, mises dans les lacs de dettes dont elles ne peuvent sortir. Ces pièges constituent l'une des formes du recrutement pour la « traite des blanches » (voir « proxénétisme »).

Des particuliers usent aussi des journaux presque ordinaires, et donc pas seulement des publications spécialisées dans ces sortes d’échanges, pour recevoir écho à leur passions jusqu’à présent peu avouables. Il en est qui sollicitent de cette façon un(e) ami(e) aux goûts identiques, pour un voyage d’agrément... A l’image des U.S.A. et de la Scandinavie, où lire cet appel devient de plus en plus fréquent, d’autres Etats laissent s’imprimer la requête de couples désireux de rencontre, et l’on devine pourquoi.

L’éducateur aura donc peut-être parfois à répondre, et avec tact, à des questions posées par un jeune cherchant à comprendre de petites lignes plus ou moins pénétrables.

ANOMALIES SEXUELLES

Beaucoup de conduites qualifiées telles sont décrites séparément, sous leur nom, dans cet ouvrage : soit parce que, rares, elles méritent néanmoins des commentaires assez larges ; soit parce que, en fait fréquentes, elles ne sont tues qu’à cause des interdictions sociales (voir : « tabous, vices ») demeurées traditionnelles dans l’Occident chrétien — même lorsqu’il est déchristianisé en surface.

Ainsi en va-t-il notamment pour les mots : auto-érotisme, bestialité, bisexualité, cunnilinctus, don Juanisme, exhibitionnisme, fellatio, fétichisme, homophilie, inceste, lesbianisme, masochisme, masturbation, narcissisme, obscénité, pédophilie, sadisme, sodomie, voyeurisme.

D’une manière plus ou moins nette, tout au long de leur existence ou seulement à certaines de ses périodes (puberté*, ménopause* et andropause*, maladie nerveuse, sénilité, solitude), des hommes et des femmes tout à fait « normaux » versent dans les « anomalies » ci-dessus mentionnées.

On verra plus loin, à leur place alphabétique, combien couramment sont pratiquées, dans le secret, l’auto-érotisme (et donc le narcissisme, la masturbation), le cunnilinctus et la fellatio, l’exhibitionnisme, l’obscénité, des formes de fétichisme et de voyeurisme, voire la sodomie — et ce par les couples les plus légaux, les plus aimants, les plus fidèles, donc les plus «honorables ».

L’épouse qui, dans l’étreinte charnelle, éprouve une jouissance supplémentaire à mordre son conjoint jusqu’à lui faire mal

cède à une sorte mineure de sadisme ; et l'autre, qui éprouve du plaisir à cette douleur, à un léger masochisme.

Les homophiles masculins et les lesbiennes, tous comptes faits assez nombreux, sont maintes fois pourvus de qualités éminentes les rendant socialement très utiles. Quant aux bi-sexuels, leur polyvalence paraît mériter plus la considération intéressée, encore de nos jours, que la pitié entourant d'ordinaire les malades — ou la révolte, la vengeance, la mise à l'écart, s'ils ne font de tort à personne. N'en provoquent guère non plus ces collectionneurs, hier de nattes féminines, aujourd'hui plutôt de poils pubiens prélevés sur leurs partenaires ; ni ces « frôleurs » ou « frotteurs » de corps, dans les foules ou dans l'ombre des cinémas.

En revanche, quelques comportements affectivo-génésiques semblent bien devoir, du moins dans l'état actuel de nos connaissances et de nos mœurs, demeurer au seul chapitre de la pathologie, donc du ressort médical, — sous des réserves toutefois que nous mentionnerons.

Outre ceux énumérés plus haut, mais lorsqu'ils atteignent un caractère exclusif, obsédant, une intensité tyrannique pour le sujet et (ou) pour son entourage, on peut citer, comme vraiment maladifs :

1.    la nécrophilie. Le sujet obtient l'orgasme* avec un cadavre, et parfois dans des conditions horribles. On cite ainsi le cas d'un

militaire d'occupation sodomisant un jeune homme qu'il venait de décapiter. On a connu des nécrophiles allant chercher leur proie dans des cercueils fraîchement fermés au cimetière.

Certains obsédés de cette catégorie se contentent d'une parodie funèbre. Ils sont surexcités jusqu'au paroxysme à la seule vision d'une femme allongée nue entre des tentures noires et les flammes de cierges. Contre un supplément de tarif, des prostituées se prêtent à ce jeu macabre.

2.    le pygmalionisme (du nom d'un sculpteur de Chypre). Des gardiens de musées ou de squares doivent essuyer le marbre ou

le bronze de femmes nues, sur lesquelles certains viennent éjaculer, s'ils ne se contentent pas d'une masturbation à courte distance.

3.    le vampirisme. C'est ici le sang de sa victime qui exalte furieusement la sphère génitale du sujet. On l'imagine volontiers

errant dans les brouillards britanniques... Mais les milieux ruraux et citadins d'autres pays, notamment d'Allemagne, en ont connu, en connaissent aussi des échantillons. Des femmes, des fillettes, des garçonnets furent (sont) étranglé(e)s, violé(e)s ou sodomisé(e)s, avant que leurs plaies fussent (soient) aspirées. Dans un roman bref mais célèbre, L'œil, Georges Bataille décrit une femme jouissant à faire circuler dans son vagin des génitoires de taureaux, puis le globe oculaire d'un jeune confesseur timide, préalablement assassiné par elle.

On hésite à ranger sous ce titre l'élan qui pousse des amoureux ou amoureuses à savourer quelques gouttes de sang occasionnelles de leur partenaire — y compris, chez l'homme, pendant les menstrues de sa compagne.

4.    la coprophagie. En état d'érection, et avant l'éjaculation, le

sujet se délecte des matières fécales d'autrui ; il peut les réclamer sur son visage, dans sa bouche. Les œuvres du marquis de Sade contiennent d'innombrables et pénibles descriptions de ce genre, mais qui ne relèvent pas de la seule littérature.

De façon atténuée, certains sodomistes ou lécheurs de l'anus ne ressentent pas, à cet égard, la répulsion éprouvée par le commun des mortels.

5.    l'urinophilie. Le sujet goûte un plaisir intense à voir uriner

ou à se faire uriner sur les mains, le visage, dans la bouche, sur

les organes génitaux, d'autres parties du corps ; ou enfin à manger des morceaux de pain trempés d'urine ( « mouillettes » répandues dans les rigoles de vespasiennes).

Lorsqu'elle s'exprime de manière plus discrète, cette satisfaction a priori surprenante compte parmi celles, non pas de tous et toutes, mais de certain(e)s fellateurs, fellatrices et cunnilingues. Plus diffuse encore, elle est moins rare qu'on ne l'imaginerait, si l'on réfléchit au nombre de tableaux, gravures, statuettes, objets érotiques populaires montrant sans voiles un être masculin ou féminin exonérant sa vessie : à commencer par l'eau-forte bien connue de Rembrandt, Derrière la haie, ou le célèbre Manneken-Piss de Bruxelles.

Ces « perversités », et quelques autres, comme la lacération de vêtements ou le piquage de corps féminins dans les wagons de métro, aux heures de grande affluence, doivent donc être tenues pour telles, semble-t-il, lorsqu'elles revêtent une physionomie très marquée et constituent l'unique façon d'obtenir la jouissance génésique. On en trouve les principales illustrations dans les ouvrages de médecine légale, rédigés par des experts en délits ou crimes sexuels. Elles sont évidemment, pour l'heure, de la seule compétence de la psychiatrie — ou plus exactement de son seul domaine, car leurs guérisons demeurent rares.

Même les plus audacieux des néo-sexologues ne sauraient guère prétendre laisser libre cours à de pareils instincts quand ils sont tout à fait débridés, ni prôner le recours, ici, pour le bien de l'individu et de son entourage, à des maisons ou des « assistantes sexuelles » spécialisées.

Il est clair, enfin, que certains sujets présentent souvent à la fois plusieurs anomalies. Ainsi un sadique peut être à la fois homosexuel et nécrophile. Moins dangereux, ce garçon qui se masturbe dans un slip de sa mère puis se montre à la fenêtre revêtu de son corsage, fait preuve, tout en même temps, d'un goût pour l'inceste*, le travestisme* et l'exhibitionnisme*.

ANOREXIE

Le désespoir sentimental peut pousser des jeunes filles à ce refus de nourriture, les faisant dépérir. Dans ces cas graves, si la persuasion ne réussit pas, le recours au psychiatre devient nécessaire.

Mais parfois l'adolescente dépitée, si elle n'absorbe rien, ou presque, à la table familiale, « pour que l'on s'intéresse à elle », s'alimente en cachette, entre les repas.

Egalement par crainte de grossir et d'être ainsi moins séduisantes, certaines limitent à l'extrême boissons et mets. Toutefois, parmi ceux-ci, elles choisissent souvent les plus contre-indiqués, faute de connaître leur valeur nutritionnelle. En général ces périodes ne durent d'ailleurs pas, l'instinct de conservation reprenant ses droits. Si elles étaient très fréquentes ou prolongées, l'intervention médicale s'imposerait. Car l'affaiblissement physique augmente la nervosité, avec toutes les conséquences qui en découlent dans les domaines affectif et génital.

APHRODISIAQUES (voir : excitants sexuels)

AUTO-EROTISME

Déjà le tout petit enfant éprouve une satisfaction quasi voluptueuse à découvrir, explorer, manœuvrer les zones, hier encore appelées « honteuses », de son anatomie. De trois à sept ans, avant une période en principe paisible (dite « de latence », jusqu'à douze ou treize ans), certains, ainsi, « se chatouillent ».

Plus tard, le plaisir sexuel procuré à soi-même, dans la solitude et même chez des sujets mariés, peut s'obtenir non seulement par la masturbation*, mais par les techniques les plus diverses : vue, lecture, audition de documents dits obscènes ; autosodomie par un olisbos* ou un objet quelconque en tenant lieu ; simple effleurement des parties les plus érogènes de son propre corps, en particulier des organes génitaux, de la toison pubienne, de la face arrière des cuisses (voire du lobe de l'oreille) et, chez la femme, des seins ; excitation plus forte de ces parties avec un vibro-masseur, un jet d'eau chaude, etc, etc : chacun(e) possédant sa sensibilité propre, ses expériences, ses préférences.

En présence d'amants (qui, d'ordinaire ne s'en rendent pas compte), le voyeurisme* peut aussi être considéré comme de l'auto-érotisme.

L'inconvénient de ces méthodes est certes de pousser dans l'égocentrisme les individus qui s'y livrent, de les détourner de l'Autre. Mais il faut bien reconnaître que la plupart des adolescents, des malades, infirmes, personnes pauvres et laides, des prisonniers, des vieillards n'ont guère le choix. Pour la société comme pour eux-mêmes, lorsqu'ils sont incapables d'ascèse, en sublimant leur instinct génital, s'il est impérieux — et le cas est fréquent — ces pratiques ne sont-elles pas préférables à la neurasthénie ou à l'attentat aux mœurs ?

C'est pourquoi la tolérance est devenue de plus en plus générale à leur égard.

AUTO-STOP

Des organisations de jeunesse interdisent à leurs membres de recourir à cette manière de se faire véhiculer. Mais ce n'est pas seulement afin qu'ils conservent le sens de l'effort. Il n'est pas très exceptionnel, en effet, et leurs responsables le savent, que ce mode de transport donne lieu à des propositions, voire à des attouchements, des actes de nature sexuelle.

Les garçons, tout comme les jeunes filles, doivent savoir à quels risques ils s'exposent en arrêtant une auto : le service rendu peut tourner à l'approche, si ce n'est aux avances très précises. Beaucoup l'ont appris d'expérience, qui ne lèvent plus le pouce sur les routes qu'à condition d'être au moins deux.

La nuit est évidemment le moment le plus favorable à ce genre d’entreprise. Les fugueurs et fugueuses lui offrent une proie particulièrement désignée, parfois après un bon dîner, au cours du repos dans une chambre d'hôtel — ou dans la voiture elle-même. Tous les conducteurs de poids lourds, notamment, sont fort loin d’être à l’abri d'une telle tentation.

Enfin, c’est parfois par cette méthode, suivie d’une cigarette ou d’une boisson hypnotique, puis de coups et de menaces, que des proxénètes* s'emparent de jeunes femmes pour en faire des prostituées.

AUXILIAIRES DE L'EDUCATION SEXUELLE ET DE LA VIE CONJUGALE

L’éducation sexuelle* doit s'effectuer normalement au sein du foyer, dès le plus jeune âge. Mais, ajoutons-nous un peu plus loin, le père et la mère (ou leurs remplaçants) qui, pour quelque motif, ne se sentent pas en mesure de donner les précisions nécessaires, peuvent s'adresser à des personnes de leur entourage, qui jouissent de leur confiance et, si possible, que le métier ou l'expérience semblent avoir préparées à cette tâche.

Mais tant de parents manifestent une telle incompétence, une telle négligence ou une telle indifférence à ce sujet que des enseignants français ont cherché à fournir une information — voire une éducation — sexuelle. En attendant qu'elle soit peut-être incluse dans les programmes scolaires, comme en Suède depuis 1955. A titre expérimental, en dehors de leurs classes, ils organisent bénévolement, avec les familles volontaires de leurs élèves, des réunions au cours desquelles interviennent des spécialistes de l'extérieur, médecins et psychologues surtout. Ils font aussi participer des adolescents à des carrefours.

Existent d'autre part des « Ecoles des parents », « Cercles d'étude de l'enfant et de l'adolescent », « Cercles d'information des parents et des éducateurs », etc4, où il est naturel que les problèmes touchant à la sexualité tiennent une grande place.

L'ignorance des couples de tout âge, les drames engendrés par les grossesses non désirées, le nombre croissant d'avortements.

les difficultés conjugales, les divorces, ont suscité la naissance de plusieurs associations. La plus connue est le Mouvement français pour le planning familial, créé en 1956 sous le nom de « Maternité heureuse » par Madame le Docteur Lagroua-Weill Hallé. Il est affilié à l'international Planned Parenthood Fédération, qui bénéficie du Statut consultatif auprès de I'U.N.E.S.C.O.

L'objectif initial était de lutter contre l'avortement, en particulier par une sensibilisation du public sur l'urgence d'une réforme de la loi relative à (la contraception. Cette campagne fut entreprise avec beaucoup de courage. Aujourd'hui cet organisme a ouvert un nombre important de Centres de consultation à travers la France (M.F.P.F. 10 rue Vivienne, Paris, 2e). Ils conseillent les foyers sur tout ce qui touche à la régulation des naissances, à la maternité, aux divers aspects de la vie conjugale, à la préparation au mariage.

C'est également en 1956 que se fondent, dans une perspective chrétienne, les « Centres de préparation au mariage », dont le siège est 17, rue Dufrénoy à Paris, 16e. Ici, foyers et prêtres travaillent à une formation des fiancés, avec le témoignage des aînés, afin « d'aider les futurs époux à développer leur amour et à le vivre dans la foi pendant leurs fiançailles, pour une réelle préparation au mariage ».

Un peu plus récente, la Fédération nationale « Couple et famille » (32 rue des Bruyères, 92 - Sèvres) groupe une cinquantaine d'associations en France et Outre-mer. Leur but est d'éduquer les époux à connaître une sexualité heureuse, à régler leur fécondité, a surmonter leurs conflits, à mener la formation sexuelle et affective de leurs enfants. Elles s'adressent aussi aux jeunes, fiancés ou non.

En 1961 a vu le jour l'Association française des Centres de consultation conjugale, 19 rue Lacaze, Paris, 14e. Elle a pour objet « d'aider les foyers à atteindre leur plein épanouissement et à prévoir ou à résoudre les difficultés de la vie conjugale ».

Ces organisations envoient sur demande les adresses de leurs répondants provinciaux, ainsi que toutes indications sur leurs moyens d'action (permanences, bibliothèques, publications, conférences, sessions).

Toutes en plein essor, leur souci commun est d'atteindre le public le plus large possible. Elles doivent donc s'attacher à former des animateurs compétents, dont la plupart sont bénévoles. Mais elles ne pourront réaliser leurs ambitions qu'avec l'aide de l'Etat, qui ne saurait se désintéresser de ces éducateurs familiaux appelés à jouer un grand rôle de nos jours.

Nombreux sont les pays qui mettent en place des institutions analogues : par exemple aux U.S.A., depuis 1965, le S.I.E.C.U.S. (Conseil de l'éducation et de l'information sexuelle des Etats-Unis) ; en Grande-Bretagne, The National Marriage Guidance Council et The Catholic Marriage Advisory Council, dont les objets sont identiques à ceux du Planning familial et de Couple et famille. L'U.R.S.S. commence seulement à s'y intéresser de nouveau.

d'être dangereux pour la mère. Mais leurs indications sont en fait très limitées. Ils ne sont pas permis après un viol notamment.

Outre les résonances psychologiques, parfois terribles sur la femme, les complications de l'avortement clandestin peuvent être extrêmement graves : hémorragie abondante, par décollement incomplet du placenta, infection (qui peut atteindre l'utérus ou les ovaires), intoxication, péritonite, tétanos.

Il pose aussi un problème humain considérable. Pour la France, on estime sa fréquence à la moitié de celle des naissances ; pour l'ensemble de l'Europe, au même chiffre que celui de la natalité.

Se contenter de dire qu'il est un crime, sévèrement puni, que les mères et médecins « marrons », « faiseuses d'anges », qui s'y livrent contre de fortes sommes d'argent, sont recherchés par la police, ne résout pas les drames connus ou ignorés qu'il provoque.

Comme cette répression ne met pas fin à cette pratique dans la clandestinité, comme, d'autre part, certains pays, tel que la Suisse, l'autorisent (n'a-t-on pu entendre un président de Cour d'Assi-ses française signaler à une accusée d'infanticide qui craignait de devoir élever un second petit anormal, qu'elle aurait pu s'y rendre !), un grand débat de conscience demeure ici posé.

Toutefois, le nombre des interventions abortives doit en principe diminuer à mesure que les mères célibataires (voici peu, encore appelées dédaigneusement « filles-mères » alors que leur courage était maintes fois digne de respect) sont mieux acceptées par leur famille et leur entourage, à mesure aussi que se développe l'emploi de moyens préventifs et non dangereux de la grossesse.

BAISER

Le baiser peut être signe de respect, d'affection, d'amour. Dans un grand nombre de pays — car sa pratique n'est pas encore universelle — la façon dont il est donné — ou refusé — révèle les sentiments que l'on éprouve à l'égard d'autrui, du moins lorsqu'ils s'expriment avec sincérité. Tel est d'ordinaire le cas des enfants, à qui faire embrasser une personne qu'ils n'aiment pas est presque impossible.

Avec eux, comme dans le couple, ou entre parents, amies, après 1es gronderies, les fâcheries, le baiser rétablit la paix.

Mais il constitue surtout un élément capital de la « technique » amoureuse. Des peuples qui l'ignoraient hier l'ont appris par le tourisme et par le cinéma. L'usage des dentifrices, l'hygiène buccale — et digestive — le favorisent également.

Très tôt, désormais, l'embrassement sur la bouche scelle l'attirance réciproque d'un garçon et d'une fille. Il est vite suivi, en général, de la succion ou de la morsure des lèvres, de l'entremêlement ou de l'aspiration des langues.

Prodigué de mille façons et partout — car d'innombrables endroits du corps, de la femme surtout, s'y trouvent fort sensibles

— accompagné de caresses*, il provoque une très vive excitation préparant au coït*. Voici près de dix siècles que le célèbre Kama-Soutra de l'Inde en fournit de très nombreuses variantes. Certain(e)s le préféreront recevoir ou donner sur la nuque, les seins, le ventre, ou sur le lobe des oreilles, le creux de l'aine, des aisselles, des genoux, la plante des pieds, etc, etc.

Par la fellatio* et le cunnilinctus*, il peut procurer l'orgasme* sans pénétration des parties génitales : pour éviter une défloration, une grossesse, ou simplement par désir d'un couple de changer de méthodes érotiques.

BESTIALITE

Un phénomène est moins exceptionnel que beaucoup ne le pensent lorsque l'art l'exprime sous diverses formes et à de fréquentes reprises.

Ainsi furent maintes fois interprétés, en peinture, le thème de « Léda et le cygne » et, au cinéma, celui du gorille enlevant une femme. Nombre de légendes mythologiques, de fables folkloriques, aussi, évoquent de tels rapprochements. Pasiphaé, reine de Crète, aima un taureau blanc, dont elle eut un fruit célèbre, le Minotaure. Une gargouille de l'Eglise Notre-Dame-des-Marais, à Villefranche-sur-Saône, représente un bouc possédant une religieuse. Ailleurs, jusqu'à des aigles, des crocodiles, des serpents, des pieuvres entrent en jeu. Récente, une bande dessinée italienne montre sa belle héroïne se laissant couvrir par un ours brun. Et par un boa, un film plus récent encore... Mais un « Manuel d'exhortations », édité vers 1830 pour les prêtres catholiques par l'archevêque directeur de conscience de S.M. Isabelle II d'Espagne ne consacrait-il pas tout un chapitre à cette forme d'accouplement ?

A notre connaissance, seuls les Rapports Kinsey ont fait part de pourcentages relatifs aux relations génesiques entre des êtres humains et des animaux.

En ce qui concerne les femmes, sur les 5 940 interrogées et les 659 ayant connu l'orgasme* avant leur puberté, 12 % l'auraient ressenti de cette manière, et presque toujours par la langue d'un chien sur leurs parties sexuelles. Même méthode chez trois quarts des 2 257 femmes ayant eu des contacts de cette nature après l'adolescence : soit par étreinte généralisée de l'animal, soit en le masturbant. Le coït avec lui fut présenté comme presque inexistant (des prostituées s'y livrent, mais pour satisfaire les voyeurs* de certaines maisons très spéciales), et le léchage par des chats comme très rare.

Le « petit chien à sa mémère » — mais on pouvait parfois s'en douter, compte tenu des mots tendres, des caresses, des soins extrêmes dont il bénéficie — n'est donc pas toujours d'une parfaite innocence.

En ce qui concerne les hommes, les proportions s'avèrent plus fortes. Déjà la simple vue de la copulation animale aurait excité 32 % de l'ensemble des adultes mâles interrogés, contre seulement 16 % des femmes. La plupart de celles-ci, même lorsqu'elles vivent à la campagne, ne feraient pas attention aux activités voluptueuses ou reproductives des bêtes qui les entourent.

Il est de plaisanterie courante, en Europe, que les Arabes — adultes ou adolescents — soulagent leurs tensions génitales avec des chèvres ou des ânesses ; que des bergers ou des valets de ferme, comme des militaires en expédition, de tous les pays, recourent à la complaisance de chiens ou chiennes, de juments ou de vaches. Par les annales des « maisons de correction » de jadis, on apprend que des poules, des dindons, des canes ou des canards ont été « défoncés » par des pupilles. On assure que d'(ex-)coloniaux se font masturber par des singes dressés à cet usage et qu'autrefois aux Indes, en Egypte, ces animaux satisfaisaient aussi bien des femmes que des hommes.

Mais, ici encore, seul le Rapport Kinsey — quelle que soit la spécificité de l'échantillonnage de population objet de l'enquête

— peut fournir des données actuelles plus objectives. Selon lui, 8 % de l'ensemble des hommes interrogés auraient connu l'orgasme avec un animal de ferme ou d'appartement : en général en le masturbant ou le pénétrant par le coït, parfois par une étreinte de tout le corps, et rarement (donc, ici, à l'inverse des femmes) en se faisant ou se laissant lécher leurs organes génitaux.

Il ne paraît pas nécessaire de détailler ici tous les aspects possibles de ce phénomène. Retenons-en seulement qu'il constitue

une réalité, mais n'affectant, en général, que des hommes ou femmes se trouvant privés, pour des motifs divers, de la possibilité de relations sexuelles avec d'autres êtres humains.

Au Moyen Age, les zoophiles découverts étaient brûlés vifs sur une place publique. De nos jours, l'opinion se montre infiniment plus compréhensive à leur égard. Ils ne sont tenus pour de vrais anormaux que si la bestialité seule leur procure une excitation puis une satisfaction génésiques.

BISEXUALITE

L'écrivain Georges Blond relate cette histoire qu'il assure authentique : sur un bateau de flibustiers, le capitaine avait habillé son épouse en homme afin de la dérober à la convoitise des matelots. Mais elle tombe follement amoureuse de l'un d'eux. Et le voilà, lui, qui avoue être une femme déguisée...

Plus connu, en tout cas des amateurs de mots croisés car son nom est bien commode pour en compléter d'autres, est le chevalier d’Eon, mort à quatre-vingt-deux ans après avoir, sur l'ordre même de Louis XV, trompé son entourage sur la nature de ses attributs. Mais il était plus exactement un travesti*, sans physiologie équivoque — ni polyvalence génitale, du moins autant que l'on sache.

Qui n'a, de nos jours, appris dans la presse la transformation d'hommes en femmes, ou l'inverse, à la suite d'ordinaire d'une petite opération chirurgicale ? L'androgynie, l'hermaphroditisme, que divinisa, statufia l'Antiquité, ne relèvent pas de la seule imagination.

D'une manière moins caractérisée, non visible à l'œil, sont beaucoup plus nombreux les êtres humains appelés aussi « intersexuels » — parmi lesquels, bien entendu, des homophiles*, hommes ou femmes. Ce n'est qu'au bout de six semaines de vie embryonnaire que les fœtus différencient leurs organes génitaux. Mais, tout au long de la croissance, des facteurs beaucoup plus subtils peuvent mélanger les caractéristiques masculines et féminines.

Partiellement sans doute pour cette raison, depuis — et avant — l'empereur César, qualifié par ses contemporains « le mari de toutes les femmes, et la femme de tous les maris », mais encore Caligula, Néron, Titus, Hadrien, les poètes Horace, Catulle, Tibulle, Martial, une quantité appréciable d'individus manifestent

non seulement les appétences génésiques et sentimentales en principe réservées à leur sexe, mais encore à l'autre. Hommes ou femmes, ils sont très capables de vraie jouissance tour à tour avec des femmes et avec des hommes : tels sont les « bisexuels » méritant le mieux ce titre. Pour des sujets mâles, la direction de leurs divers appétits leur est prouvée sans doute possible par l'érection* face aux êtres convoités.

Une place à part doit être faite ici aux nombreux adolescents gynoïdes, ambigus, qui présentent, d'une façon transitoire, un aspect féminoïde (traits graciles, voix fluette) et aux assez rares femmes qui, à la ménopause*, prennent une allure viriloïde (moustache, parfois légère barbe, voix profonde).

En cas d'écarts de ce genre, qui se répercutent souvent dans la vie génitale et affective, les hormones* sont à incrimer là ou la morale croit encore devoir intervenir.

Mais on ne saurait voir au plus qu'une légère tendance à la bisexualité (ou à l'homophilie) chez les nombreux garçons qui, la mode aidant, ressemblent de loin à des filles (cheveux longs, chemisettes tendres, bijoux) et chez les filles qui copient les garçons (cheveux courts, démarche masculine dans des pantalons sombres).

BLENNORRAGIE (voir : maladies vénériennes)

BOURSES (voir : organes génitaux)

CAPE CERVICALE (voir : contraception)

CAPTATIVITE

Moralistes, psychologues et sexologues désignent ainsi le fait, de prendre pour soi, sans offrir. En matière sexuelle, c'est la forme complète de l'égoïsme, par opposition à l’« oblativité », don à l'autre.

Plusieurs fois, au cours de ces pages, il est souligné que l'homme se montre trop souvent « hédonique », affamé de son seul plaisir, sans délicatesse ni patience envers sa compagne. Mais l'inverse peut aussi parfois s'observer. Dans ce manque de respect pour la ou le partenaire, réside la cause majeure de bien des cas de frigidité*, d'adultère*, de divorce*.

Un véritable amour* ne peut se bâtir que sur le don réciproque dans l'oubli de soi-même pour la satisfaction de l’être aimé.

CARACTERES

Selon un psychiatre aimant à faire sourire, l’humanité se diviserait en deux parts inégales : la masse des « psychasthéniques », consciencieux, scrupuleux, obéissants, et les rares « paranoïaques », orgueilleux, ambitieux, autoritaires, entraînant autrui dans leur sillage.

Mais notre spirituel médecin sait parfaitement que la réalité est beaucoup plus complexe. Outre que certains psychasthéniques occupent, tout en souffrant, des postes de hautes responsabilités, tandis que des paranoïaques (ou, à tendance plus discrète, des « paranoïdes ») se trouvent maintes fois, par le jeu des circonstances, hors d’état de s'imposer à leur entourage, les individus se rattachent, sur le seul plan du caractère (car évidemment, sur celui de l'intelligence s'étagent des sujets très doués, peu, ou pas du tout), à des catégories plus nombreuses, parmi celles-là mêmes qu'énumérait la psychiatrie classique.

Pourtant nous préférons évoquer ici une autre classification, celle des « caractérologues ». Car, plus moderne, elle est aussi plus féconde pour dicter aux adultes les diverses attitudes souhaitables dans leurs efforts d'éducation sexuelle.

Ses trois grandes divisions sont les suivantes :

Un sujet est actif ou non actif (c'est-à-dire passif, amorphe, inerte), compte tenu de tous les degrés intermédiaires.

Il est plus ou moins émotif.

Enfin, il se montre plus ou moins primaire ou secondaire, ces mots étant pris non dans leur sens de formation scolaire, mais par rapport à la façon de réagir aux événements : est « primaire » celui qui riposte à eux sans réfléchir, et « secondaire » l'autre.

Dans cette terminologie, l'impulsif fait preuve du retentissement primaire le plus marqué.

Pour établir la « fiche signalétique » d'un individu, on combine, dans ce système, les trois facteurs ci-dessus, avec leur abréviation. Par exemple A(actif) E(motif) S(econdaire), donc A E S signifie « passionné », ou A(ctif) E(motif) P(rimaire), donc A E P « nerveux ».

A ces deux catégories, « passionnés » et « nerveux », s'ajoutent les « apathiques », les « colériques », les « flegmatiques », les « sanguins », les « sentimentaux ».

Les caractérologues admettent fort bien qu'il n'existe guère de types purs ; que chaque être est plus ou moins ceci, et plus ou moins cela, lors de sa naissance ; enfin que son entourage, les émotions jouent un rôle dans son évolution affective. Mais leur mérite est d'avoir remis en lumière cette vérité, certes évidente mais trop souvent omise de nos jours sous l'influence des théories psychologiques en faveur, à savoir que tout individu possède des dispositions, des tendances « de base ». Jamais un apathique ne deviendra un passionné, jamais un colérique ne se maîtrisera au point de garder son calme devant une vive contrariété.

L'éducateur doit tenir compte de ces dispositions biologiques, constitutionnelles. L'amourette d'un non émotif n'a que peu de rapports avec le grand amour d'un sentimental. S'il fallait mettre fin à leur liaison (ou, plutôt, les consoler de leur échec), les mêmes mots, les mêmes manières ne devraient pas être employés avec le second et avec le premier. S'ils se laissaient glisser dans un attentat aux mœurs, le premier pourrait sans dommage être rudoyé, intimidé, tandis que le second devrait être mis en garde avec beaucoup plus de douceur, sous peine de désespoir destructif, peut-être de suicide. Sur la masturbation*, l'homophilie*, les rapports hétérosexuels*, un « sanguin », à qui tout paraît simple, bénéficiera d'explications sommaires, alors qu'un « nerveux », éclairé seulement de cette manière, risquerait de verser dans la névrose5. Avant l'essor et la vulgarisation de la psychiatrie, c'est bien par la peur (de l'affaiblissement, des maladies vénériennes, etc.) que beaucoup de sujets «solides » étaient efficacement retenus sur la pente du laisser-aller génésique. Mais, sous la même contrainte, les autres étaient plus épuisés par l'angoisse* culpabilisante que par la fatigue de leurs actes.

Bref, mais aucun éducateur digne de ce nom ne l'ignore, tous les domaines de son intervention, et très particulièrement celui-ci, exigent de bien mesurer « à qui l'on a affaire ».

Le même souci devrait présider aux mariages. Certains caractères, mis face à face, possèdent les germes d'étincelles qui jailliront tôt ou tard. De leur union, il est possible de présager que les conflits sont inévitables. Des conseillers conjugaux, se livrant à l'orientation pré-nuptiale, devraient avoir la compétence et le courage suffisants pour mettre en garde leurs clients. Mais des agences, déjà, recourent aux fiches perforées et à un ordinateur.

hormones, plus spécialement celles élaborées par les glandes sexuelles.

S’il existe en effet une part importante de réflexes, au sens précis du terme, le cerveau (en particulier le cortex cérébral) joue un rôle important d'excitation ou d'inhibition. L'érection par exemple, peut être purement réflexe, mais peut aussi être déclenchée par des stimuli du cortex cérébral.

Nous avons dit l'importance de l'éducation. Il est bien évident que toute celle d'un garçon ou d'une fille nécessitera le souci constant de penser en fonction de son sexe. Son éducation ne peut être que sexuée, qui l'aidera à s'accomplir dans la virilité* ou la féminité*.

la mère d'une future lady fait quelques recommandations à sa fille la veille de ses noces. « Pour le reste, achève-t-elle, ferme les yeux et pense à l'Angleterre ».

Personne ne conteste plus, de nos jours, que les femmes puissent également trouver l'épanouissement dans l'exercice de leur génitalité. Pourtant, les sexologues reçoivent un grand nombre d'entre elles, de tout âge, qui ne trouvent que peu de joie dans l'accomplissement du « devoir conjugal » (car ces mots s'utilisent encore). Elles n'y ressentent, outre les craintes de maternité, qu'une formalité déconcertante, voire fort pénible.

Ainsi, la plupart des femmes mettent plus de temps que l'homme à être « éveillées » et à parvenir à l'orgasme*. Ce sera le rôle des caresses masculines d'amener avec patience, si nécessaire, la partenaire jusqu'au seuil de déclenchement. Des spécialistes mondiaux, comme le Docteur Albert Ellis, de New-York, montrent combien il est nécessaire de considérer ce domaine sous un jour entièrement nouveau ; combien il faut être informé, avoir de l'imagination, de la maîtrise de soi, de la disponibilité envers l'Autre pour essayer de le comprendre.

Chez la femme, les zones dites « érogènes » (autrement dit les parties du corps sensibles à une jouissance sexuelle), sont plus nombreuses et plus diffuses que chez l'homme. En dehors des territoires « privilégiés » que sont les organes génitaux (clitoris, petites lèvres, vestibule vaginal essentiellement), beaucoup de régions cutanées ou muqueuses peuvent être l'objet d'un conditionnement érotique secondaire. Mais l'excitabilité de ces zones se révèle fort différente suivant les sujets. Et ce n'est qu'à la suite d'expériences et d'explorations multiples que l'on peut connaître le « registre des variations » de sa partenaire, savoir sur quelle « corde » agir et de quelle façon le faire pour qu'elle puisse vibrer ineffablement : la stimulation du clitoris* peut être pénible à certaines femmes, alors qu'elle est recherchée par d'autres. Il en est qui réagissent fortement à toute action sur les seins, ce qui peut en laisser nombre d'autres indifférentes. Enfin le hasard peut faire découvrir, pour une personne donnée, l'importance d'une région habituellement non citée par les sexologues les plus avertis.

La femme, de son côté, devra être attentive aux réactions de l'homme.

Dans cette recherche des caresses souhaitables, il n'est donc point de recettes. L'amour, s'il n'est pas égoïsme, mais sensibilité, don de soi, respect de l'autre, doit être le seul inspirateur.

Comptent l'ensemble de la personnalité du ou de la partenaire, les habitudes, les traditions. Certes, il est difficile à beaucoup d’échapper aux jugements de valeur : cela « se fait », donc est permis ; cela « ne se fait pas », donc est défendu. Mais on peut innover avec délicatesse. L’attachement profond procure les ressources, la patience nécessaires pour ne pas choquer (car l’effraction n’est pas toujours seulement physique). La ténacité permet d’atteindre à la plus complète harmonie.

A qui n’y parviendrait pas, des consultations de spécialistes fournissent maintenant de très utiles conseils.

CASTRATION (Angoisse de) (voir : complexes de nature sexuelle)

CENSURE

Les écrivains, peintres, sculpteurs, cinéastes, tous les artistes réclament la liberté complète pour la diffusion des œuvres de l'esprit. La censure leur est odieuse, et sans cesse ils l’attaquent.

Une société, pourtant, est bien contrainte de faire barrage aux productions qui mettraient en péril son ordre et sa tranquillité. Notamment, elle s'estime en devoir de protéger sa jeunesse des lectures, auditions ou visions jugées trop hardies.

Mais, dans les pays libéraux comme la France, le mot « censure » est, sauf en période guerrière et pour les besoins de la défense nationale, officiellement évité avec soin.

Pour le cinéma*, fonctionne une « Commission de contrôle des films cinématographiques », qui peut les interdire soit complètement, soit seulement à l'exportation, soit aux spectateurs âgés de moins de treize, seize ou dix-huit ans. Pour la télévision a été instituée aussi une commission de contrôle des émissions.

De même, au Ministère de la Justice, se réunit une « Commission de contrôle des publications destinées à la jeunesse ». A l'origine, elle n'avait le droit que d'empêcher l'offre aux mineurs des écrits ou illustrations exaltant la violence (!), l’érotisme* ou, de manière plus vaste, « offensant les bonne mœurs ». Ce droit entraîne maintenant celui de faire interdire l’exposition à la vue, dans les librairies, de tels ouvrages ou de telles brochures, comme toute publicité, en leur faveur, qui ne serait pas sous pli fermé.

Pareilles restrictions compromettent aussi, évidemment, du moins dans une certaine mesure, la vente aux adultes. C'est pourquoi, tandis que des Ligues morales applaudissent, des éditeurs

— et certains parmi les plus grands — protestent. Ils ne veulent pas, disent-ils, être confondus « avec des trafiquants de drogues ou des vendeurs de cartes postales obscènes ». Ils s'estiment « l'objet de brimades qui n'échappent pas toujours au ridicule ». Invoquant l'évolution des idées (voir « curiosa, enfer des bibliothèques, obscénité, pornographie »), rappelant de quelle tolérance bénéficient maintenant de grands noms de la littérature, tels Proust, Céline, Gide, Henry Miller ou Jules Romains, ils menacent de porter le débat sur la place publique.

On doit toutefois savoir convenir que, mis à part de brefs retours en arrière, l'audace admise va grandissant. Pour se limiter aux jeunes, faut-il donc accepter le raisonnement selon lequel un lecteur de quinze ans ne risque nullement, par exemple, de verser dans le sadisme* pour avoir lu Sade, à moins de porter en lui des dispositions qui l'auraient tôt ou tard jeté dans ce travers ? Convient-il d'approuver les psycho-sociologues Scandinaves qui ont fait admettre que la licence, l'impudeur, se tarissent d'elles-mêmes, par lassitude ? Qu'elles contribueraient plutôt, par réaction, à faire renaître le sentimentalisme ? Qui ont ainsi laissé mettre les revues les plus pornographiques* à la devanture des bureaux de tabac ? Vaut-il mieux, à l'inverse, conserver aux « choses du sexe » une grande part de mystère, ne serait-ce que pour leur laisser du sel ?

Le débat reste ouvert, mais il semble bien qu'ici comme ailleurs une certaine mesure s'impose, quoique si elle n'est pas édictée du dehors, elle s'établisse toujours plus ou moins d'elle-même.

CHANCRE

(voir : maladies vénériennes)

CHASTETE

Dans les civilisations judéo-chrétiennes, la privation volontaire d'activités génitales fut longtemps présentée aux jeunes, avant leur mariage, comme une exigence morale impérieuse. Afin de

mieux les y inciter, on dressait aussi devant eux l'épouvantail de graves désordres physiques et mentaux découlant de la jouissance vénérienne. Beaucoup de nerveux, donc portés à l'angoisse, étaient rendus malades par cette menace, comme par celle du péché, au milieu des tortures de leurs tentations.

Il est de mode, désormais, pour la plupart des psychiatres et même des éducateurs, de prendre le contre-pied de cette attitude. Qu'il soit provoqué de façon solitaire, à deux ou à plusieurs, l'orgasme* génésique ne provoquerait aucun dommage, du corps ni de l'esprit.

Comme souvent, la vérité repose entre les deux opinions extrêmes. Ces garçons et filles aux orbites creuses, à l'appétit énorme, grands buveurs de lait entre les repas, se plaignant d'être « crevés », « vidés » (le second mot donnant des choses une plus juste image), avec mal à la tête, aux reins, dans le dos, pourraient sans erreur incriminer une pratique très excessive du coït* ou surtout, sans doute de la masturbation*. Car, sans atteindre aux ravages autrefois supposés, celle-ci fatigue alors autant que la croissance, les études, le travail ou le sport, d'ordinaire pudiquement mis seuls en cause, même par le médecin de famille.

Mais des sujets aux pulsions impérieuses, et qui les jugulent, totalement ou en partie, peuvent avoir aussi bien mauvaise mine. Des sentiments d'anxiété, de culpabilité peuvent majorer chez eux les effets d'un certain déséquilibre hormonal, en faire des êtres tourmentés, tristes. Les pollutions* pendant le sommeil, exutoires à une surcharge des glandes séminales, peuvent ne pas suffire du tout à leur procurer la paix. S'ils ne versent pas dans la névrose ou, comme on disait hier, dans la « neurasthénie », ils peuvent s'adonner à des intoxications ou à une dépense éperdue de leur énergie, mais finalement aux effets plus funestes que ceux de l'acte sexuel modérément pratiqué.

Dans la « force de l'âge », seuls peuvent atteindre à la chasteté, et en général non complète, soit les individus sans désirs bien vifs, soit ceux les dérivant*, les « sublimant », à l'écart, le plus possible, des stimulations érotiques, grâce à un idéal, une mission qui les dépasse. Parmi ceux-là mêmes ayant souscrit un vœu à cet égard, se produisent hélas parfois, malgré des mortifications diverses, des chutes lamentables. Et ainsi à pu naître, au sein de l'Eglise catholique, le mouvement en faveur de la suppression du célibat des prêtres.

Certes, les glandes séminales ressemblent moins à la vessie, imposant l'évacuation, qu'aux glandes salivaires, n'exigeant pas que l'on crache. Non expulsées, leurs sécrétions passent dans le sang et « les humeurs », augmentent les forces du sujet. Leur non-fonctionnement intégral, d'autre part, les fait « travailler » très au ralenti. Mais, en ce qui concerce les adolescents, chez qui la vie bouillonne, les statistiques sont venues ôter trop d'illusions sur leurs aptitudes à l'ascétisme génital, surtout lorsqu'ils ont pris des habitudes et qu'ils baignent dans un climat d'érotisme. Si l'on peut y parvenir sans les effrayer, il paraît néanmoins des plus souhaitables de leur faire comprendre que la continence, dans la mesure où ils peuvent la respecter sans trop de malaises, accroît leur vigueur musculaire et intellectuelle.

Comme les considérations moralisatrices ont désormais beaucoup moins de prise sur la plupart d'entre eux, que l'on n'use plus, ni pour les épouses, ni pour les garçons, de ceintures ni d'autres appareils dits « de chasteté », c'est notamment la référence aux champions sportifs, se privant d'exercices sexuels avant un long effort, qui est de nature à les ancrer dans une maîtrise de soi bien précieuse pour la formation de leur caractère, dans son ensemble.

Si l'on croit nécessaire d'intervenir sur ce plan, on veillera bien, pour chaque jeune, à se plier aux exigences de son caractère*. Certain(e)s se contraignent d'autant plus volontiers que l'interdiction est moins forte. Des filles, surtout, tiennent à rester vierges avant le mariage parce que l'ambiance libertine blesse leur sensibilité.

Pour les adultes, la continence devient évidemment plus facile à mesure que l'âge avance, sauf aux passages parfois tumultueux de l'andropause* et de la ménopause*. Chez l'homme, la fécondité du sperme augmente après quelques jours d'arrêt d'émission. Mais elle peut diminuer à l'issue d'une longue abstention, laquelle serait également de nature à diminuer légèrement le volume des organes reproducteurs et à favoriser les maladies de la prostate. Pour l'équilibre des femmes célibataires, et surtout veuves ou divorcées aux vives pressions génésiques, un activisme très soutenu ne remplace pas l'union charnelle s'il ne s'accompagne d'une vie spirituelle intense, et contrôlée.

Mais, dans l'affirmative, la chasteté est incontestablement la source d'un dynamisme supplémentaire (voir « dérivations de l'instinct sexuel »).

CHEVELURE

Assez curieusement, puisque — comme nous le rappelons plus loin — elle est un attribut typique des femmes, elle passe pour symbole viril : au moins depuis que Samson, douze siècles avant Jésus-Christ, perdit ses forces combatives parce que sa compagne Dalila lui avait coupé les cheveux afin de pouvoir le livrer sans défense aux Philistins.

Est-ce l'une des principales causes pour lesquelles tant d'adolescents se montrent si fiers d'une garniture crânienne abondante, peignée et repeignée avec amour, après souvent une ruineuse « coupe au rasoir » ?

Mais il peut s'y joindre un défi aux éducateurs, aisément craintifs que le garçon, ressemblant par trop à une fille, ne verse dans l'homophilie*. En réalité, il faudrait de la décoloration ou de la teinture, beaucoup de parfum et de crans, mais dus au coiffeur, pour que cette tendance s'affirme de pareille manière. On ne doit pas oublier d'autre part que nombre d'homosexuels adultes sont plus attirés par des éphèbes d'aspect athlétique que féminoïde.

Très vite, un homme à grandes possibilités génitales voit son front se dégarnir. Même si l'ignorent les acheteurs de lotions aussi chères qu'inefficaces, la calvitie peut donc également, et le paradoxe se poursuit, être tenue pour un enviable signe sexuel masculin. Ainsi s'expliquerait peut-être, mais très partiellement — car entrent en jeu aussi l'imitation et l'anti-conformisme — le goût manifesté par quelques jeunes à se raser la tête, comme l'acteur américain Yul Brynner.

Chez les femmes, dont très peu deviennent chauves, même parmi les cantatrices, la chevelure est signe essentiel de beauté. Bien construite, elle corrige la longueur d'un nez, la rondeur ou la maigreur excessive de joues, et jusqu'à un léger strabisme. Séduisante, entretenue, périodiquement modifiée, elle exerce une forte attraction sur le galant, qui aimera y enfouir son visage. C'est pourquoi ne chômeront jamais les artistes capillaires à clientèle féminine. Quant à certains fétichistes*, elle provoque chez eux une véritable folie génésique.

Si elle devient taillée « à la garçonne », on doit bien se garder d'incrimination hâtive de lesbianisme*. Comme en France vers 1930, pour des motifs de mode, ou présentement, parfois, par simplification, hygiène sportive, envie d'égaler l'homme ou provocation de l'entourage, elle peut plaire à un amoureux. On doit reconnaître toutefois que des femmes viriloïdes, et qui n'en peuvent mais, affectionnent une nuque dégagée au-dessus de leurs épaules robustes, et que certaines d'entre elles recherchent beaucoup moins Roméo que Juliette.

CINEMA TELEVISION

Sous couvert d’éducation — et ce fut d’abord pour présenter au public les phases de l’accouchement — des films de plus en plus audacieux, en particulier scandinaves ou japonais, tendent aujourd'hui à faire connaître tous les aspects de l'activité sexuelle humaine. Car leur rentabilité est bonne.

Depuis de nombreuses années, l’érotisme* passait par l'écran. Tandis que la censure* cinématographique, à son origine, coupait les scènes de baisers sur la bouche, elle ferme les yeux, progressivement, sur les situations, les nudités les plus provocantes. Désormais, même certaines salles dites « paroissiales », et jusque dans des régions tenues pour « bien-pensantes », programment des titres aux promesses lascives. Comme si, écoutant le réalisateur d'avant-garde Luis Bunuel, elles refusaient « de séparer deux amants comme deux chiens dans la rue ».

D'autre part, pour qui sait interpréter, des images symboliques* visent l'inconscient génital collectif : femmes s'attardant à sucer des bananes, des bâtonnets de crème glacée, des croissants (fellatio*) ; enchaînées, attachées, fouettées, ou avec un lourd collier de chien (sadisme*); hommes en extase devant une collection personnelle de souliers féminins, (fétichisme*) ; dirigeant d'une certaine manière le canon de leur pistolet (rapport hétérosexuel ou homosexuel), etc, etc.

On peut penser que des enfants et des adolescent(e)s ne sont pas sensibles comme des adultes à ces atteintes beaucoup plus subtiles que celles de la pornographie*. D'ailleurs, ces films restent en général interdits (voir « censure ») pour eux.

Quelques-uns, toutefois, leur sont accessibles, ainsi que certains autres, à l'« attaque franche » — et ce, même sans la complaisance de la caissière ou des ouvreuses, ainsi qu'il arrive parfois. Au surplus les affiches, les photos exposées dans le hall suffisent à provoquer l'excitation de certains et sont visibles par tous, même les plus jeunes.

La violence est certes plus blâmable que l'érotisme*, quoiqu’elle possède avec elle, dans bien des cas, des liens. Néanmoins, pour ne pas répéter ce que nous avons écrit ailleurs à ce sujet6, bornons-nous à dire que les parents et autres éducateurs devraient (ce conditionnel tient compte des réalités...) savoir à quels spectacles cinématographiques assistent leurs garçons et filles. Au cas où ceux-ci risqueraient d'en être sérieusement troublés, un entretien avec eux s'imposerait, dans le cadre de leur formation sexuelle — et générale — permanente.

Bien entendu, le problème se présente de la même manière pour ce qui concerne la télévision. Avec en moins, toutefois, l'atmosphère envoûtante des salles obscures, les attouchements réciproques qu'elles peuvent favoriser, à leurs derniers rangs. Mais avec, en plus, la tolérance de trop de pères et mères qui renoncent à interdire, aux garçons et aux filles, des spectacles signalés par un rectangle blanc, et que des policiers consciencieux empêcheraient des mineurs d'aller voir dans une salle publique.

Comme la T.V. remplace de plus en plus les éducateurs, qu'elle a sa place aujourd'hui dans presque tous les foyers, elle joue d'autre part, dans le domaine de l'initiation sexuelle, un rôle considérable. Par les documentaires qu'elle diffuse, beaucoup de jeunes font connaissance très tôt avec l'adultère*, l'homophilie*, la prostitution*, la contraception*. Par ses films romanesques également.

Enfin certain(e)s se lient d’amour avec un présentateur, une présentatrice, tandis que des adultes, le petit écran face à leur lit, trouvent une stimulation génésique par les images bleutées ou en couleurs de films retransmis à une heure tardive.

Ainsi beaucoup de jeunes Américains et Européens, en particulier Suédois, sont de nos jours circoncis.

La toilette* du gland devient de cette manière beaucoup plus facile. Un dépôt de sébum ne se forme plus à son pourtour et il courrait moins de risques, ainsi (de même que le col utérin de l'épouse), d'être atteint d'un cancer. Non protégé par le bout du fourreau, il tend à devenir plus ferme, moins sensible. Persuadés que, de ce fait, il se prête moins à la masturbation*, certains parents font, dans ce but, recourir à cette petite opération sur leurs enfants. La vérité est différente : il parvient moins vite à l'orgasme* et l'éjaculation*, et ce retard est de nature, souvent, à contenter la partenaire, plus lente à s'émouvoir que l'homme.

C'est aux premiers mois du garçon, en général vers le deuxième, mais dans certains cas juste avant qu'il devienne pubère, seulement, qu'il est ainsi opéré. Dans des tribus primitives, la mère coupe elle-même cette peau à son nourrisson, avec ses dents, avant de l'enterrer, voire de l'avaler. Dans les sociétés modernes, c'est un médecin qui donne un rapide coup de scalpel, et il arrive qu'il le fasse dès la clinique d'accouchement, avant parfois de céder le prépuce à un confrère chirurgien esthétique — pouvant s'en servir pour refaire un nez. En cas de phimosis*, cette intervention est absolument nécessaire.

Certains imaginent, mais ils se trompent, qu'un sujet masculin n'étant plus « vierge », donc dès après son premier rapport sexuel, conserve le gland découvert, comme s'il était circoncis : il serait ainsi « dépucelé ».

Dans des régions d'Orient où se côtoient des musulmans, des juifs et des chrétiens, nombre de ces derniers (ou plutôt leurs parents) passent outre aux considérations d'hygiène pour l'orgueil de pouvoir exhiber, le cas échéant, un prépuce.

Des motifs de cet ordre incitent des circoncis à se (faire) « décirconciser », par tiraillements douloureux du fourreau de la verge, tout comme des Noir(e)s parviennent à se faire décrêper la chevelure. D'autres, sottement honteux de cette diminution, assurent la devoir seulement à leurs rapports sexuels. Car il est exact que ceux-ci, à la longue, souvent la provoquent.

A l'inverse, de jeunes prostituées, dans des pays arabes, répugnent à pratiquer la fellatio (masturbation buccale) sur des hommes ayant conservé ce morceau de chair.

COÏT

(voir : rapports sexuels)

COL (de l'utérus) (voir : organes génitaux)

moins fréquente et sans qu'elle accompagne toujours une hostilité, un rejet à rencontre de la mère.

Plus rare est la forme dite « négative » de l'un de ces deux complexes : amour du garçon pour le père, ou de la fille pour la mère, avec agressivité jalouse contre l'autre parent. Enfin, lorsque tour à tour prédominent la forme positive et la forme négative, la situation devient évidemment plus difficile à apprécier.

D’ordinaire, la fréquentation scolaire, l'ouverture hors du cercle familial, l'exercice des facultés intellectuelles et la découverte du monde « décentrent » les préoccupations de l'enfant. Il entre alors dans la période dite de latence*, où ses instincts génitaux s’endorment un peu. Et il établit un ajustement avec la réalité, comprend qu'il ne peut pas épouser sa mère ou son père.

Toutefois cet équilibre va se rompre temporairement à l'explosion de la puberté*. La tendresse de l'adolescent pour sa mère est souvent alors plus que filiale : il est heureux si elle ne paraît pas son âge, il souffre si elle n’est pas coquette, bien habillée, séduisante. Le père, de son côté, découvre que sa fille est devenue une femme, souvent l’image rajeunie de la mère. En cas de dissociation ou de mauvais climat familial, des liens sentimentaux excessifs, même sans aller jusqu’à l’inceste*, ne peuvent aboutir qu’à une impasse. Le poète Charles Baudelaire adorait sa mère, belle, jeune, veuve. Lorsqu’elle se remaria avec le commandant Aupick qui lui ravissait son univers féminin et voulait de plus réduire sa nature indocile, non seulement il devint un révolté, un inadapté social, mais encore il fut incapable d’un amour heureux jusqu’à sa mort, à quarante-six ans.

Cette sorte d’affection de l’adolescent est-elle issue du fond des âges ? L’inceste n'est-il pas courant chez les animaux ? Pour un garçon timide, la mère était la première confidente. Aujourd'hui, grâce à la mixité en classe comme dans les loisirs et le travail, ces attitudes tendent plus facilement à disparaître. A condition qu’elles ne soient pas entretenues par les parents eux-mêmes. N’existe-t-il pas encore parfois, chez la mère ou le père, un désir, généralement inconscient — car d’autant plus refoulé que contraire aux lois ou aux mœurs — de possession du fils ou de la fille ? L’annonce d'amourette, puis de mariage ne leur provoque-t-il pas un pincement au cœur ? Est-ce bien seulement l’enfant qu’ils perdent ? Comme lors des premières sorties nocturnes, leur inquiétude n’est-elle pas teintée d'un peu de jalousie à l'égard de celui (ou de celle) qui risque de le leur prendre ?

Il leur appartient de faciliter le dénouement de la situation œdipienne de leur progéniture. Cette tâche est d'ordinaire facile au sein d'un foyer uni, ouvert sur le monde. Elle est plus dure lors-

qu’un des conjoints reste seul : surtout la femme qui, par compensation d'un deuil ou d’un échec matrimonial, reporte « toute son affection » sur son ou ses jeune(s) enfant(s). Des situations œdipiennes prolongées enchaînent aussi des filles au destin de leur père ou de leur mère vieillissants, les empêchent de réaliser leur propre existence. Le sujet «rationalise» son choix, invoque des raisons, souvent exactes d’ailleurs, de logement, de soins, de ressources. Mais un examen approfondi de leur histoire révèle maintes fois le « ratage » volontaire ou inconscient d'occasions de départ qui se sont offertes. Elles auraient pu infléchir le cours de leur vie, mais elles auraient nécessité la rupture d'une dépendance qu'ils aimaient, fût-ce en affirmant le contraire.

Des mariages sont aussi des échecs parce que l'époux ou l'épouse n'a pas pu rompre avec sa mère, dont ils restent toujours le petit garçon ou la petite fille : thème universel de la belle-mère, dramatiquement exact.

Pour comprendre la psychologie d'un adulte en difficultés, il est essentiel de déterminer de quelle façon il a (ou n'a pas) résolu

— on dit aussi « liquidé » — son Œdipe.

Complexe de castration

Lié à la découverte des organes génitaux, il se produit également au cours de la phase phallique (voir « évolution sexuelle »), donc habituellement entre trois et cinq ans.

Le garçon a pu être menacé par ses parents, surtout par son père, qu'on lui couperait la verge* s'il ne la laissait pas tranquille. S'installe alors chez lui, s'il est très sensible, la peur très intense de la perdre. Il n'est pas effrayé par la conséquence, qu'il ne peut encore saisir, d'une telle amputation pour sa vie d'homme. Mais, d'une façon plus diffuse, c'est l'image de lui-même, son intégrité physique dans sa totalité, pour lesquelles il redoute un véritable attentat. En conséquence, on évitera de brandir les foudres d'une pareille sanction, au surplus inapplicable, donc en soi faute éducative.

La petite fille, elle, quand elle s'aperçoit que lui manque ce que possèdent les garçons, en conclut qu'on le lui a enlevé, ou qu'elle en a été privée de quelque manière. Selon les cas elle « vivra » ce manque comme une frustration, comme une punition. Si elle refuse cette « infériorité », tout son comportement peut en être affecté.

Un bon climat d'éducation sexuelle* devra donc rassurer, à l'occasion notamment de la toilette en commun des enfants, qui leur permet la découverte réciproque de leurs corps.

Le complexe de castration, retrouvé dans de nombreux cas soumis au traitement des psychothérapeutes, peut résulter de pères et surtout de mères trop autoritaires, trop possessives, « abusives ». Elles gardent leur progéniture dans une grande dépendance, les dressent à obéir au doigt et à l'œil, à « tout » leur dire. Comme dans les situations œdipiennes décrites plus haut, bloquant l'ascension de leur fils ou de leur fille vers l'autonomie de l'adulte, empêchant l'épanouissement de leur affectivité et de leur sexualité, elles opèrent sur eux une véritable mutilation psychique. Elles en font en général des refoulés, névrosés, révoltés ou

— souvent — des homosexuels selon les lignes de leur caractère. On les appelle « castratrices ».

Certains auteurs ont décrit d'autres complexes rattachables à la sexualité. Mais, beaucoup plus rares, souvent « dérivés » des deux précédents, ils n'ont d'intérêt que pour les spécialistes de la psychologie.

CONCEPTION

C'est l'action qui permet la fécondation de l'ovule par le spermatozoïde (voir « grossesse »).

CONDOM

(voir : contraception)

CONSEILLERS CONJUGAUX

(voir : auxiliaires de l'éducation sexuelle et de la vie conjugale)

CONTINENCE (voir : chasteté)

Précisons seulement que l'on peut être continent, c'est-à-dire ne pas exercer d'activités sexuelles, sans être chaste, autrement dit en caressant des pensées érotiques.

CONTRACEPTION

Il n'est pas dans notre intention, dans ce chapitre, de formuler des jugements de valeur, pas plus que de ratifier telle ou telle « technique » en fonction d'une « efficacité » plus ou moins bon-ne. En effet, ce choix est essentiellement le problème du couple qui trouvera auprès d'un médecin, ou des centres de consultations spécialisés (voir « auxiliaires de l'éducation sexuelle et de la vie conjugale »), les éléments d'appréciation leur permettant de résoudre leur cas particulier. Nous cherchons simplement à énumérer, et décrire objectivement, les différentes méthodes actuellement connues qui permettent la contraception.

On peut définir celle-ci comme l'ensemble des mesures non permanentes prises par un couple pour éviter la conception* au cours de l'acte sexuel, ces mesures ayant pour but d'empêcher la rencontre du spermatozoïde et de l'ovule.

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Ed. du Seuil.

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ADULTERE

Dans la tiédeur de son igloo et sous les fourrures étalées, l'Esquimau prête sa femme à son hôte. « Afin de rendre plus tolérable l'état matrimonial », des psychologues, des médecins recommandent aujourd'hui l'« adultère hygiénique », avec même une fréquente rotation des partenaires. Par consentement mutuel, quinze millions d'Américains se livreraient ainsi au « Wife swapping ». A l'inverse la coutume, sinon la loi, dans certaines régions d'Afrique du Nord et d'ailleurs, autorise encore à tuer par jets de pierres l'épouse ayant connu des rapports sexuels avec un autre homme que son mari, même polygame. Ainsi voit-on fabriquer des tapis, jusqu'à la fin de leur existence, par des musulmanes échappées à pareille lapidation et réfugiées derrière les murs d'une Mission protestante. Jésus n'a-t-il pas pardonné à Marie-Madeleine ?

Pourtant notre civilisation occidentale, tout enracinée de christianisme qu'elle soit, est demeurée rigoureuse, du moins officiellement, à rencontre de l'adultère. Officiellement, car prêtres ou pasteurs, en privé, offrent plus souvent leur aide morale, en la circonstance, qu'ils ne recourent au blâme. Quant à la législation française, si elle fait d'une telle conduite, pour chacun des deux époux, un motif de divorce* sur la demande de l'autre, elle ne frappe d'une peine d'amende (voire, en théorie, d'emprisonnement) que l'époux ayant « accueilli » au domicile une partenaire illégitime. L'épouse, elle, se trouve justiciable des mêmes

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ANNONCES (PETITES)

A mesure qu'ils s'intéressent au monde extérieur, les jeunes sont intrigués par certaines petites annonces dans les journaux.

Ils comprennent vite le sens des offres et demandes de mariage, celui des réclames d'agences matrimoniales. Mais beaucoup d'autres communiqués publicitaires les laissent assez longtemps perplexes : ceux qui, de façon plus ou moins déguisée, aguichent les instincts sentimentaux — ou génitaux.

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Pour tous renseignements, on peut écrire à : L'Ecole des parents, 4 rue Brunei, Paris (17ème).

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CARESSES

Contact physique avec l'être aimé, auquel on fait savoir son affection de cette manière, mais également douceur émanant du plus profond de la sensibilité, les caresses variant beaucoup avec les individus, que ce soit pour donner ou pour recevoir.

Avec le baiser*, elles marquent les premières expériences amoureuses des jeunes gens, avant de tenir un rôle capital dans les rapports du couple.

Aux garçons et aux filles, elles apprennent à se connaître en leur procurant les premières et bouleversantes émotions des sens, jusqu'à la jouissance sexuelle parfois. Sinon celle-ci sera souvent recherchée peu après par la masturbation réciproque, soit entre fiancés ne voulant pas de rapports sexuels avant le mariage, soit entre jeunes qui, pour des raisons fort diverses (timidité, scrupules moraux, peur de défloration ou de grossesse, manque de temps ou de locaux), se contentent de cet exutoire. On parle alors de « flirt poussé », de « pelotage » ou de ce « petting lourd » dont l'usage est fort répandu dans les pays anglo-saxons. Dans les relations homosexuelles d'adolescent(e)s, les caresses sont évidemment pratiquées par un grand nombre.

Pour le couple adulte, elles tiennent une place dont il faut souligner l'importance. Les droits de l'homme au plaisir génésique

— dans ou hors le mariage — ne furent jamais discutés. La femme, en revanche, se devait de simplement subir, quelquefois dans des conditions traumatisantes pour sa sensibilité, l'étreinte du mâle. Si elle y trouvait pourtant quelque satisfaction, elle devait surtout n'en point parler : on eût alors mis en doute l'honnêteté de ses mœurs. L'humoriste français Pierre Daninos raconte que

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COMPLEXES (DE NATURE SEXUELLE)

Dans révolution instinctive et affective de l'enfant, les psychanalystes ont isolé, en y insistant, le « complexe d'Œdipe » et celui « de castration ».

Malgré le sens du mot complexe, qui désigne des troubles inconscients de la personnalité, les attitudes et les sentiments qu'il dicte ne sont maladifs que lorsque, chez l'adulte, ils restent figés dans leur forme infantile.

« Faire son Œdipe » ou « sa période de castration » est aussi normal pour un enfant que « faire ses dents ». De façon identique, certains ne s'en aperçoivent guère. Mais d'autres en subissent ensuite quelques désagréments, d'intensité et de durée variables.

Complexe d'Œdipe

Selon la légende, Œdipe fut conduit à tuer son père puis épouser sa mère en ignorant ce qu'ils étaient pour lui. D'où le nom donné à cet ensemble de désirs à la fois amoureux et hostiles que l'enfant éprouve à l'égard de ses parents.

D'après Freud*, ce phénomène culmine entre trois et cinq ans, lors de la phase phallique de l'évolution* sexuelle, pour s'estomper à la période de latence* et se réactiver passagèrement à la puberté. Dans sa forme dite « positive », il se traduit par un attachement très tendre du petit garçon à l'égard de sa mère et d'une vive jalousie à l'égard de son père, considéré comme un rival. Si ce père embrasse ou caresse sa femme, son fils cherche à l'écarter d'elle, se précipite au cou de sa maman, déclare qu'il l'épousera plus tard.

Le psychanalyste Jung a dénommé « complexe d'Electre » une attirance comparable de la fillette à l'égard de son père, mais