Les différentes techniques viseront donc : soit à la suppression de l'ovule, soit à la suppression du spermatozoïde, soit à la suppression de la nidation,
soit à la mise d'une barrière entre l'ovule et le spermatozoïde.
On considère qu'une méthode anticonceptionnelle est efficace lorsqu'elle a un taux d'erreur inférieur à 10 % (et, si possible,
moins de 5 %).
La pilule vient en premier avec un taux de grossesse de 0,07 %.
Vient ensuite le stérilet avec un taux d'« échecs » variant entre 3 et 3,5 %.
En troisième lieu : les préservatifs masculins et féminins. On estime leur taux d'erreur entre 4 et 8 %. Enfin viennent la méthode des températures (entre 7 et 14 %) ; le retrait (29 %) et la douche vaginale (40 %).
1. Le coït interrompu
Le retrait du pénis hors de la cavité vaginale avant l'éjaculation* est probablement le plus ancien procédé contraceptif connu. C'est ainsi qu'en France notamment, depuis deux ou trois siècles, se contrôle la conception dans bien des ménages.
2. L'étreinte réservée
Quoique voisine du coït interrompu, elle en diffère totalement par son principe. Au cours de relations sexuelles normales, la
femme peut atteindre l’orgasme*, mais l’homme ne doit pas aller jusqu’à l’éjaculation.
Cette méthode fait en France l’objet d’une grande publicité. Quelques ouvrages la préconisent comme un procédé naturel de régularisation des naissances. Peut-être cependant est-elle plutôt une technique de sexologie.
3. Le condom, ou préservatif masculin
Les premiers condoms semblent avoir fait leur apparition au dix-huitième siècle en Angleterre, d’où leur nom trivial de « capotes anglaises ». Ils sont de nos jours extrêmement répandus. Leur vente aux Etats-Unis atteint 600 millions d’articles par an, et 20 millions en France.
Ils sont le plus souvent en caoutchouc. Mais l’on en trouve, aux Etats-Unis, fabriqués en peau. Emballés dans des étuis préalablement humidifiés, du fait de leur sécheresse, ils sont alors considérés comme articles de luxe. Sous le nom d’« articles d’hygiène », des journaux accessibles à tous en proposent à leurs lecteurs (voir « petites annonces »).
4. La douche vaginale
Aussi répandue que le coït interrompu, elle agit en débarrassant le vagin du sperme qui vient d’y être déposé. Elle doit être prise quelques instants après l’éjaculation.
5. Les spermicides
L’industrie pharmaceutiques a développé la vente d’un certain nombre de gelées, de crèmes à injecter au moyen d’un applica-teur, de tablettes exerçant une action moussante, de bombes aérosols.
Ces produits ont un double objectif :
— l’obturation de l’orifice cervical (voir « organes génitaux féminins »),
— l’immobilisation, aussi rapide que possible, du sperme.
6. Les tampons vaginaux
Ils s’emploient avec de la crème spermicide et se placent au fond du vagin au contact du col utérin.
7. Les « obturateurs » féminins
Ce sont le diaphragme et la cape cervicale. Inventé par un médecin allemand Wilhelm P.J. Mensinga en 1882, le diaphragme se compose d’un segment de sphère en caoutchouc fin et


élastique, dont le bord recouvre une mince lame de métal souple ou un léger ressort en spirale. Il est inséré dans le vagin où la couronne s'appuie contre le fond de l'arche pubienne. Le dôme couvre le col de l’utérus, y évitant ainsi l'entrée du sperme.
Variante du diaphragme, la cape cervicale coiffe le col de l’utérus.
Diaphragme et cape sont toujours prescrits en conjonction avec une gelée ou une crème contraceptive. Une connaissance précise de l’utilisation et de l’entretien du diaphragme (ou de la cape) est essentielle.
8. Les dispositifs intra-utérins ou stérilets
Les appareils intra-utérins actuels peuvent être introduits sans anesthésie et sans dilatation préalable du col de l’utérus. Ils sont en plastique, dont la forme peut se transformer de façon transitoire. Ces appareils peuvent rester en place une ou plusieurs années.
Leur mode d’action ne peut encore être affirmé avec certitude. Il doit consister d’une part à ralentir le transport de l’ovule, d’autre part à modifier la muqueuse utérine, en gênant ainsi la nidation.
9. La « pilule »
Le principe est ici l’inhibition temporaire de l’ovulation. Autrement dit, l’ovaire ne produit pas d’ovule pendant tout le temps où les pilules sont administrées.
Celles-ci contiennent des hormones synthétiques, à l’action très voisine de celles produites par les glandes féminines. Si, à un moment quelconque, la femme désire que ses ovaires produisent de nouveau des ovules, elle n’a qu’à cesser l’usage de ces pilules.
De nombreux produits de ce genre sont actuellement en vente en pharmacie, mais, en France actuellement, uniquement sur ordonnance médicale.
Expériences et recherches se poursuivent partout, essentiellement vers :
— la pilule prise après ovulation ou un rapport supposé fécondant,
— la pilule hebdomadaire, ou mensuelle,
— la vaccination de la femme contre le sperme de son mari,
— les pilules pour hommes, pour bloquer la fabrication des spermatozoïdes,
— les pilules agissant sur le liquide glaireux du col utérin.
10. La stérilisation
Non admise en France, elle correspond peu au présent exposé de la contraception. Elle est. en effet, le plus souvent impossible à modifier ensuite.
Elle consiste en la ligature des canaux déférents (voir « organes génitaux ») chez l'homme, ou des trompes de Fallope chez la femme.
11. Si nous plaçons en fin de liste la méthode Ogino Knaus et la méthode des températures, ce n'est pas pour les mettre en
relief. C'est parce qu'elles présentent une différence notable avec les techniques précédentes.
Elles sont en effet basées sur une continence périodique. Le postulat d'une « période de sécurité » est fondé sur le fait, reconnu séparément dans les années 1930 par Ogino au Japon et Knaus en Autriche, que la conception est possible seulement durant une petite fraction de chaque cycle menstruel.
La méthode Ogino-Knaus est basée sur le calcul de la date d'ovulation. Celle-ci est située théoriquement quatorze jours avant les règles à venir, en tenant compte de la durée de survie de l'ovule humain, qui demeure susceptible d'être fertilisé pendant une période estimée à douze heures, tandis que le spermatozoïde survit dans les voies génitales féminines quarante-huit heures environ.
Il faut donc, après établissement du cycle le plus court et du cycle le plus long d'une année entière, calculer le premier jour de la période fertile (à partir duquel le couple s'abstiendra de rapports).
Le second procédé, dans cette catégorie, cherche à détecter l'ovulation d'une manière plus précise. La température, prise chaque matin au réveil, à jeun et avant de se lever, est plus élevée dans la deuxième partie du cycle que durant la première partie. Sa montée (de l'ordre de un à trois dixièmes de degré) survient un à deux jours après l'ovulation. Les promoteurs de la méthode, pour obtenir le maximum de sécurité, limitent les rapports sexuels à la période post-ovulatoire. Autrement dit, le couple doit s'abstenir de tous rapports du premier jour des règles jusqu'au second jour du plateau d'hyperthermie, c'est-à-dire du sommet d'augmentation de température franchement établi.
Il serait trop facile de clore cette information sans un mot sur la responsabilité qui pèse aussi bien sur les couples que sur ceux ayant la lourde tâche de conseiller, aider, prescrire : connaissance ne signifie pas recette, mais découverte, et la sexualité est le domaine de la liberté.
Limitation des naissances ? Contrôle ? Régulation ? Maternité volontaire ? Le sujet est immense. S'il est relativement facile d'envisager le « cas », donc la situation particulière, d'informer, d'éduquer chacun, les problèmes posés par la contraception se marient avec d'autres : démographiques, économiques, politiques, religieux. Ils posent des responsabilités collectives, autant que personnelles. Plus que jamais il nous faut apprendre, et apprendre à respecter.
CONTREPETERIES
Les contrepèteries, mot désormais entré au Dictionnaire de l'Académie Française, consistent dans l'interversion, même seulement phonétique, au sein d'une phrase, de lettres ou de syllabes. Un hebdomadaire satirique en publie dans chacun de ses numéros. Certains bars pour étudiants en changent chaque semaine sur leurs glaces intérieures.
Pour prendre deux exemples pas trop osés (écartant donc celles du type « La bielle coule ») : « La petite bonne a séché le linge » devient « La petite bonne a léché le singe », et « L'annulation des épices » : « L'épilation des anus ».
Nous ne parlerions pas de ces plaisanteries si elles ne possédaient, d'ordinaire, un sens érotique — et si beaucoup de jeunes gens, dont des collégiens, ne s'y amusaient de nos jours.
COPROPHAGIE
(voir : anomalies sexuelles)
COPULATION
(voir : rapports sexuels)
COQUETTERIE
A la période des amours, les animaux du sexe dit fort recourent à mille méthodes pour se montrer, aux femelles de leurs désirs, sous l'aspect le plus flatteur.
Le rouge-gorge bombe son plastron, la frégate des mers comme l'outarde d'Australie gonflent à cette seule époque, sur leur poitrine d'ordinaire flasque, un énorme ballon de cette couleur. C'est aussi pourpres que deviennent, en février-mars, les joues et le ventre de l'épinoche des rivières. Le coq expose l'intérieur de ses ailes et le dindon fait la roue. Tous les oiseaux améliorent leur concert vocal, et certains dansent devant leur partenaire. Quant au mâle de la punaise phytophage, il offre une graine à sa belle.
Dans l'espèce humaine, les filles comme les garçons savent aussi toute l'importance, pour une conquête, d'un extérieur séduisant.
Aux premières émotions sentimentales, finies les tenues débraillées, la crasse — du moins celle visible du dehors. Sans répit les adolescents se contemplent dans un miroir, crèvent entre leurs ongles les boutons d'acné sur leur visage, se repassent dans les cheveux un peigne qui ne les quitte pas, après avoir donné des instructions très précises au coiffeur. Et tentez donc de les faire sortir en ville, le dimanche, au cinéma ou au bal, avec leurs vêtements de la semaine !
Les adolescentes, bien sûr, sont plus attentives encore. Epiant leurs compagnes, les magazines féminins, la télévision, elles veillent en général à ne pas retarder sur la mode. Ne voulant pas être prises pour des « boudins », elles cherchent à être « in », « dans le vent ».
Désormais qu'un vaste marché commercial s'est mis en place pour absorber le pouvoir d'achat tellement accru d'une jeunesse si multipliée, les tentations ne manquent pas. Et comme, à la différence du règne animal, les rythmes saisonniers du rut n'interviennent pas ici, c'est en permanence qu'il propose vêtements, parfums, bijoux, accessoires divers.
Encourager la coquetterie des filles paraît des plus souhaitables. Elles doivent, pour leur équilibre affectif, ne pas se sentir « rejetées ». Elles doivent se préparer aux liaisons amoureuses, aux fiançailles, au mariage. Leurs mouvements de jeunesse l'ont compris, qui tendent à bannir pour elles les lourdes chaussures, à leur permettre un brin de poudre, voire de rouge à lèvres, à l'écart donc du type trop viril, « cheftaines », d'hier. Encore faut-il ne pas aller trop loin et ne pas laisser des fillettes, sous peine d'en faire des « Lolitas »*, se couvrir de fards et de colliers.
Du moins dans notre éthique présente, trop favoriser, ou même tolérer, une extrême élégance chez les jouvenceaux peut n'être pas non plus sans risques. A une période de leur développement où leur sexualité hésite encore entre les genres, où beaucoup éprouvent désormais un goût marqué pour longue chevelure, pommade, eaux de cologne ou de toilette, chaînes de cou, médailles, gourmettes et bagues, pantalons aux teintes pastel moulant le bas-ventre et les fesses — avec une étiquette claire, maintenue, appelant l'attention sur cette partie de leur corps — les « minets » ont aussi à s'en prendre à eux-mêmes en cas d'aventure, ou de mésaventure, homophile*.
Pour les deux sexes, le bon sens conclut qu'un abord agréable est certes à recommander. Mais que, provocant, il peut aboutir à des complications.
CORDON OMBILICAL (voir : grossesse)
COUPLE
Le couple normal, c'est-à-dire conforme au type le plus fréquent, est la réunion de deux individus de sexe différent.
Le mariage* lui donne le caractère légal. Mais il existe également par concubinage, union libre, donc sans lien juridique.
Deux personnes de même sexe peuvent aussi, mais beaucoup plus rarement, constituer un couple (voir « homosexualité, lesbianisme »).
Comment se forme un couple hétérosexuel
Pour expliquer la force qui pousse un homme et une femme à s'unir, l'Antiquité grecque et le Moyen Age connaissaient le mythe de l'androgyne : au début des temps ne vivait qu'un être unique, complet et parfaitement heureux ; à la suite d'une faute ou d'un caprice des Dieux, il fut coupé en deux parties qui, dès lors, cherchèrent désespérément à se réunir pour goûter de nouveau la plénitude.
Cette quête de « l'âme sœur », de cette autre moitié seule capable de nous combler, fut toujours l'un des thèmes essentiels des poètes, romanciers, dramaturges. Elle l'est maintenant des cinéastes, comme de la presse illustrée, surtout, évidemment, celle dite « du cœur ».
On y fait généralement grande place au « coup de foudre » : une seule rencontre, un seul regard, et jaillit un éternel amour, heureux ou dramatique. Certes, maintenant encore, des êtres jeunes ou plus âgés, très sentimentaux, sont capables ainsi d'éprouver une vive passion. Mais à une époque où s'estompe la ségrégation des sexes, une telle flamme subite tend à disparaître. Se côtoyant partout, très vite « copains », garçons et filles ont moins envie qu'hier de « faire le beau », de laisser aller leur imagination. Ils y gagnent en naturel ce qu'ils perdent en romantisme. Celui-ci, toutefois, subsiste chez nombre d'entre eux.
Mais on ne peut, sans de grands risques, baser toute une existence sur un coup de foudre. Avant de s'engager sérieusement, mieux vaut chercher à se bien connaître. Observer, réfléchir, fait souvent tomber l'exaltation excessive provoquée, au premier choc, par la vue d'une personne, dans une harmonie peut-être exceptionnelle de vêtements, musique, lumière ou paysage.
Mais, à l'inverse, une simple amitié entre jeunes gens maintes fois se mûrit et se transforme en amour profond.
Après une fréquentation plus ou moins longue, au cours de laquelle les fiançailles* officialisent le choix, les partenaires arrivent au mariage*.
Vie du couple. Naissance de la communauté conjugale
La vie implique une naissance, un développement, souvent des maladies, sans doute alors des guérisons, nécessairement une fin, rapide ou lointaine.
Parents et autres éducateurs doivent sans cesse répéter aux jeunes venant de s'unir qu'ils sont à un début : dès ce moment et jusqu'à la dissolution du couple, par séparation ou par décès, des forces ne vont cesser de jouer qui en affermiront l'unité ou le détruiront, brutalement ou à terme.
Une fois passée la période dite « lune de miel », la vie à deux va normalement très vite mettre à nu les caractères, si les époux ne se connaissaient pas bien avant le mariage.
Les toutes premières années restent une des périodes les plus ingrates. A travers les servitudes quotidiennes, la confrontation permanente de deux personnalités les révèlent le mieux. La communauté conjugale ne peut se construire solidement que lorsque chacun mesure l'autre, au moins dans ses lignes essentielles.
Comme, même chez ceux qui se livrent en apparence facilement, subsiste toujours une part d'incommunicable, il faut de la disponibilité, un souci constant « d'écoute » du conjoint, pour savoir ses faiblesses et ses ressources.
Comme personne ne possède toutes les qualités ou les dons espérés ou imaginés chez l'être choisi, les « révisions
déchirantes » ne sont pas rares. L’accepter alors tel qu’il est, parce qu’on l’aime, l’aider à s’épanouir dans « sa » dimension et non pas forcément dans celle qu’on lui souhaitait ; effectuer les sacrifices indispensables ; éviter les querelles d'amour-propre ; reconnaître ses torts, le cas échéant, mesurer les conséquences de sa fatigue et de son découragement sans tomber dans le désespoir, toutes ces attitudes seront tour à tour le lot de l'époux et de l'épouse.
Le premier, pour peu qu'il y prenne garde, se rendra compte que sa (jeune) femme est « impossible » pendant quelques jours par mois, tout simplement parce qu'elle a ses règles*. S'il prend soin alors d'écarter les discussions, de se montrer prévenant, il évitera bien des confrontations stériles.
De même, combien de fatigues et de soucis du mari s'apaiseront devant la tendresse calme et souriante de sa femme (malgré ses propres fatigues) !
La tension nerveuse qui use les citadins, surtout, leur rend ce programme souvent héroïque. Pourtant leur bonheur matrimonial coûte ce prix.
Si proches que soient deux individus l’un de l’autre par leur éducation, leurs croyances, leur niveau culturel et social, ils ne peuvent être semblables. Leurs divergences sont d’ailleurs souhaitables, si elles les obligent à faire effort pour aller l’un vers l’autre. Elles ne peuvent alors qu’approfondir leur amour.
Toutefois, si elles exigent sans cesse des tentatives épuisantes, celles-ci évidemment échouent. L’union de deux êtres trop différents par leur âge, leur caractère, leur origine, leurs sentiments, leur race, leur philosophie, entraîne de telles difficultés que seules des créatures d’exception peuvent les surmonter.
L’accord sexuel est capital. On en trouvera les aspects dans d’autres définitions de cet ouvrage.
Développement et problèmes de la communauté conjugale
Les bouleversements sociaux, économiques, politiques, religieux de notre époque en modifient profondément les structures. Et la famille aussi cherche sa voie. Certains n'écrivent-ils pas qu’elle est morte ? !
Dans le passé, la dépendance matérielle de la femme par rapport au mari jouait une place prépondérante dans la cohésion du couple. Sans qualification, l’épouse ne pouvait que rarement trouver une profession lui permettant de subvenir seule à ses besoins. Divorcée ou séparée, elle était sévèrement critiquée. Veuve, son sort était souvent fort douloureux, du moins dans les classes pauvres et moyennes. Ces situations ont bien changé. Même
parmi les plus fortunés, les parents donnent en général, désormais, une formation à leur fille. Dans nombre de jeunes foyers, pour « se monter en ménage », accroître leur confort, leur bien-être, les deux conjoints travaillent. Ainsi le mâle n'est plus le dieu tout-puissant sans lequel son épouse était presque condamnée à mort. Mais ce sentiment de liberté féminine facilite beaucoup, en cas de désaccord, la séparation ou le divorce*. Comme par surcroît son métier lui permet des rapports avec d’autres hommes, la femme ne manquera pas, en général, de consolateurs.
Cette indépendance n'est pas seulement « matérielle ». Sans doute les ouvrières de certaines chaînes envient-elles, et à bon droit, les femmes qui peuvent rester à la maison. Pourtant, celles qui exercent une profession y renoncent à grand' peine si elles y sont contraintes, à cause de cette impression de « valeur » qu'elles ont acquise, comme de leur participation à la vie sociale. Les deux conjoints se sentent ainsi, désormais, au même niveau. La cohésion du couple repose sur de nouvelles bases, plus profondes, qui exigent donc de chacun plus de préparation et de maturité.
L'harmonie conjugale est-elle favorisée par la venue d'enfants, dès lors surtout que la régulation des naissances rend l'homme et la femme vraiment responsables de leur paternité et maternité ?
Sauf exceptions, en effet, un enfant non désiré ne renforce évidemment pas la cohésion d'un couple déjà désuni, ou avec une mère malade, un père incapable d'assumer décemment l'existence des siens.
Supposons donc l'enfant espéré, à tout le moins accepté par avance. Sa venue va bouleverser les habitudes, imposer des efforts nouveaux, des sacrifices. Il va donner une nouvelle dimension au couple, élargir ses intérêts, mais aussi, révélateur impitoyable, « mesurer » la générosité des époux, donc aussi leur égoïsme. Il n'augmentera donc pas nécessairement la richesse des liens conjugaux.
Absorbées par leur rôle de mères, certaines femmes délaissent quelque peu leur mari. Il peut en être irrité, jaloux, de façon passagère ou durable. Si un motif de désunion flotte dans l'air, si l'épouse n'est pas épanouie, c'est sur l'enfant qu'elle portera son affection. Elle creuse ainsi un grand fossé avec son mari, tandis qu'elle établira avec son fils ou sa fille des liens sentimentaux risquant d'être exagérés, donc dangereux pour lui ou pour elle (voir « complexes »).
Heureusement, d'une manière générale, la présence désirée d'enfant(s) stabilise plutôt le couple, malgré les — comme grâce aux — soucis et servitudes qu'elle entraîne.
Mûrissement et crises
Chaque couple possède sa physionomie, ses problèmes. Il n’est donc pas possible d’énumérer toutes les forces favorables ou défavorables à son unité. Si, par exemple, la présence de beaux-parents provoque des tensions insupportables dans beaucoup de foyers, elle ne les suscite pas dans tous.
Certaines épreuves, toutefois, attendent la plupart d’entre eux. Elles tiennent à la durée de l’union, aux habitudes qui en découlent, au vieillissement du mari et de la femme.
Le plaisir d’être ensemble s’est émoussé. Les relations sexuelles s'exécutent à la hâte, ou de façon monotone. Un tel « devoir » conjugal ne satisfait ni l’un, ni l’autre. Par lassitude, voire par indifférence, la femme ne fournit plus d’efforts pour plaire. L'homme cesse d'être tendre et attentif. Tantôt l'un, tantôt l'autre se montre le principal responsable de ce « décrochage ». Mais les deux, par réciprocité trop souvent, y contribuent. L'apport d’une consultation conjugale peut alors être précieux (voir « auxiliaires de l'éducation sexuelle et de la vie conjugale »).
Crises légères ou sérieuses, brèves ou longues, tissent la vie du couple. L'une des plus probables, après celle des premières années de mariage (voir plus haut), surgit vers la quarantaine ou plutôt, désormais, avec la cinquantaine. Un écrivain célèbre au début de ce siècle, Paul Bourget, écrivit sur ce thème, un roman : Le démon de midi. La perte des « avantages » physiques, la diminution redoutée de la puissance génitale, la rapide ou lente transformation des processus neuro-endocriniens (voir « andropause » et « ménopause ») allument une flambée de désir de vivre, de jouir. Jusqu'alors très sérieux, des hommes surtout se lancent dans des aventures extra-conjugales. Certains divorcent et parfois pour se remarier avec une femme beaucoup plus jeune.
Les progrès de la médecine, de l'hygiène, du confort, de l'esthétique laissent la plupart des femmes « entre deux âges », aujourd'hui, encore fort séduisantes. Délaissées, elles peuvent donc aussi, au besoin, conclure une nouvelle union.
En résumé, le couple semble devenu plus fragile qu'hier, par la disparition de certaines barrières. Mais tant qu'il dure, les relations s'y montrent souvent plus « vraies ». Si l'on s'en tient à l'accroissement du nombre des divorces*, moins d'hommes et de femmes réussissent leur communauté conjugale. Mais, parmi les autres, il en est plus à la réussir mieux.
COURRIER DU CŒUR
La crédulité publique connaît certes peu de bornes. C'est à elle que des esprits forts attribuent le vaste succès des fabricants d'horoscopes, voyantes, rédactrices du courrier sentimental dans les magazines féminins et bien d'autres.
Pourtant, si les deux premières formes de conseils devraient laisser plutôt perplexes les observateurs habités par le « doute scientifique » (car jusqu'à des chefs d'Etats n'y ont-ils pas encore recours ?), la troisième procure indubitablement, dans la majorité des cas, un secours très précieux.
Les responsables de ces rubriques sont en général des femmes de longue expérience (parfois des hommes usant d'un pseudonyme féminin) et leurs recommandations, marquées ou non d'une ironie légère, ne manauent d'ordinaire pas de sagesse.
Il faut savoir à quel point des lectrices, particulièrement des jeunes, peuvent être désemparées par le dépit amoureux, jusqu'à frôler le suicide (et les « écoutants » téléphoniques anonymes de l'Organisation « S.O.S. Amitié » peuvent alors être également suppliés d'intervenir), pour comprendre de quel appui peuvent être des réponses qui font sourire certains adultes avisés, en bon équilibre affectif.
Une telle aide s'avère si goûtée que des postes radiophoniques la dispensent aussi pour leurs auditrices meurtries, affolées par la solitude — et qu'écoutent avec un vif intérêt les autres. Parfois des situations vraiment dramatiques se trouvent apaisées, voire dénouées, de cette manière.
CUIR
Tout comme la fourrure, à cause de son aspect, de son odeur, le cuir — et noir de préférence, sans doute pour mieux mettre en valeur la chair des personnes de race blanche — exerce une stimulation érotique sur de nombreuses personnes. Mais il agit de façon plus intense chez des fétichistes*, des sadiques* et des masochistes*. Pour eux, des catalogues très spéciaux proposent, dans ce genre, des fouets, des colliers, des cagoules, des pantalons, des slips, des masques, articles souvent assortis de clous et de chaînes. D'autres mettent en vente des photos ou dessins de la même inspiration, que reproduisent aussi certaines revues
confidentielles. Des clubs, des bars dans les grandes villes, regroupent de tels amateurs.
Vers un plus large public, des films exploitent ce thème. De manière diffuse, inconsciente, celui-ci peut expliquer le succès de certains blousons auprès d'adolescents. Ils trouvent là, tout comme dans une puissante moto ( et les deux images étant maintes fois associées), le symbole dominateur de l'accaparement charnel d'une partenaire.
CULPABILITE (voir : tabous)
CUNNILINCTUS (ou Cunnilingus)
Equivalent de la fellatio*, pour l'homme, ce léchage des parties génitales de la femme (et, à titre accessoire, de son anus) paraît remonter aussi loin qu'elle dans le temps. On le trouve en effet évoqué sur des pierres antiques comme jusque sur des portails d'églises du Moyen Age, où l'usure des siècles le rend moins compréhensible aux visiteurs non prévenus.
Un puissant désir, stimulé par l'odeur, dirige ainsi la bouche de nombreux hommes (la moitié d'entre eux, selon le Rapport Kinsey), tandis que leur partenaire éprouve, mais en général seulement à la longue, une satisfaction parallèle. Certains sexologues recommandent même cette méthode pour préparer, voire procurer l'orgasme à une épouse très lente à s'émouvoir.
Dans le rapport charnel entre lesbiennes*, cette pratique est largement usitée. Comme pour la fellatio, on parle de « soixante-neuf » en cas de disposition tête-bêche des corps et d'application simultanée des bouches. Ici de même l'absorption des humeurs génésiques n'est pas rare et elle peut répondre à un grand amour. De même encore elle est la plus fréquente parmi les personnes d'un haut degré d'instruction générale.
Enfin des isolées ne pouvant être chastes* ni découvrir de compagnon ou de compagne en cette matière réclament ce service de leur animal favori (voir « bestialité »).
CURIOSA
Sous ce titre, les catalogues sous pli bien clos de libraires spécialisés proposent, aux « lecteurs avertis », les ouvrages et, maintenant, les photos, les films, les disques licencieux dont ils disposent. Ou encore des dessins, des puzzles, des cartes à jouer, des statuettes, divers objets érotiques.
Parfois — mais de moins en moins — ils demandent à leurs clients (pour une large part médecins, professeurs, voire ecclésiastiques, pour étude) de signer une déclaration selon laquelle ils ont dépassé vingt et un ans.
Et ce sont ces documents qui, en tout cas chez les adultes soucieux de discrétion à l'égard de leurs enfants ou de leurs hôtes, vont meubler le « second rayon », l'« enfer »* de leur bibliothèque.
CYCLE MENSTRUEL (voir : menstruation)
DEBAUCHE
Excès dans les plaisirs des sens, et spécialement vénériens, elle peut être occasionnelle et en quelque sorte « officialisée », comme dans certaines fêtes ou carnavals, héritiers des traditions gréco-romaines (voir « orgies sexuelles »). S'y livrent de même des jeunes gens qui vont partir au service militaire, ou se marier ( « enterrer sa vie de garçon »), ou qui sont reçus à un examen difficile.
Elle domine aussi l'existence de certaines personnes plongées dans le désespoir sentimental et/ou qui se trouvent obsédées soit par le besoin d'avoir le plus grand nombre d'aventures amoureuses possibles, soit par celui de répéter inlassablement l'acte sexuel (voir « don juanisme » et « nymphomanie »). Elle s'achève très mal, d'ordinaire.
DEFLORATION
L'hymen est un voile membraneux obstruant partiellement l'orifice vaginal de la jeune fille. Habituellement, il se déchire sous
la poussée du gland* lors du premier rapport sexuel ; mais il peut aussi l'avoir été par des affections ou des chocs mécaniques : aussi son absence ne peut être une preuve absolue de non-virginité.
Cette déchirure due au premier coït est la défloration. Elle a pour toute la vie sexuelle ultérieure de l'intéressée, aussi bien génitale (obtention du plaisir), qu'affective (c’est-à-dire sentimentale), une importance capitale.
Par manque d'information, de délicatesse, par impatience, voire brutalité, le (jeune) mâle peut blesser sa partenaire, physiquement peut-être (un mauvais déchirement de l’hymen peut laisser subsister des fragments de membranes qui restent souvent sensibles à tout contact), mais sûrement en tout cas dans sa sensibilité.
Il est quelquefois nécessaire de procéder à de nombreuses et patientes tentatives avant de pouvoir arriver à une intromission complète du pénis, sans douleur pour la jeune femme. C’est l’aspect « anatomique » du problème. Si élastiques que soient les organes génitaux* (vagin et verge), il peut aussi se faire que les rapports soient rendus difficiles par suite de trop grandes différences dans leurs dimensions respectives. Sans doute ce sont là des cas rares ; ils requièrent l’intervention du médecin.
Il faut préparer sa compagne au rapprochement sexuel en prenant le temps nécessaire pour que les réactions physiologiques d’humidification des parois génitales se produisent : ce sera le rôle des caresses*. Maintes fois l’attention du lecteur a été attirée sur le fait que la femme est beaucoup plus lente à « être prête » que l’homme. Comment le serait-elle si elle doit « subir » des exigences masculines correspondant à une véritable effraction, un viol de fait — sinon devant la loi — origine de nombreuses frigidités* (les rapports sexuels précédés de violences ou de contraintes souhaitées sont déjà du domaine de la pathologie : voir « sadisme » et « masochisme »).
Une saine harmonie conjugale* par contre pourra naître d’une défloration dans laquelle le partenaire saura avec attention et respect veiller à l’épanouissement de celle qu’il aime.
DEFOULEMENT
Terme issu de la psychanalyse*, cette libération des instincts s’oppose au refoulement*, par lequel est freinée ou interdite — plus ou moins inconsciemment — cette libération. Il a pris aussi, dans le langage courant, le sens plus général de délivrance des tensions intérieures.
Les carnavals, explosion collective après les contraintes pesant sur l'exercice de la sexualité le reste de l'année, bénéficient d'une large tolérance pour les excès qu'ils entraînent dans ce domaine. Les « foires », « vogues » ou autres kermesses locales, où l'on peut se « saouler » de lumières crues, de bruits violents, de vitesse vertigineuse, sont autant d'autres exemples de défoulement en groupe, tout comme les chahuts et monômes d'étudiants, ou les « tonus » des futurs médecins.
Grâce au vélomoteur, à la moto, puis à l'auto, l'individu peut s'affranchir de ses pulsions, des impératifs de son milieu. Combien se « défoulent » au volant ! Quel sentiment de puissance et de domination n'y trouvent-ils pas ! Disponible, leur voiture devient la maîtresse idéale à qui ils accordent souvent plus d'attentions et de soins qu'à leur épouse.
La vie au plein air, les sports (à l'exclusion du sport professionnel qui, lui, est ascèse et contrainte), les jeux, procurent une meilleure libération de notre agressivité, en même temps qu'une canalisation de notre force génitale. Ils ne peuvent donc qu'être vivement recommandés aux jeunes. (Voir aussi « dérivations de l'instinct sexuel »).
DELIVRANCE (voir : accouchement)
DERIVATIONS (de l'instinct sexuel)
Un sujet est tenaillé par de fortes tensions génésiques. A cause de son jeune âge (adolescent), ou des circonstances (militaire en campagne, prisonnier, infirme, etc), ou de son choix (après un vœu de chasteté), ou de ses goûts (anomalies diverses), il n'exerce pas d'activités sexuelles avec autrui. Comment peut-il néanmoins se sentir, selon une expression en honneur de nos jours, assez « à l'aise dans sa peau » ?
Mis à part l'auto-érotisme*, qui d'ordinaire ne le satisfera pas complètement, ou qu'il peut s'interdire pour des raisons de principe, d'autres soupapes doivent être trouvées par lui à ces pressions souvent impérieuses.
La dépense physique, de préférence au grand air, en constitue une, très fréquemment employée pour « tuer la bête ». Les jeunes y sont ainsi encouragés très fort par les adultes, qui s'y adonnent eux-mêmes en cas de besoin. Mais le surmenage, même dans ce domaine, en procurant une surexcitation et un cassage des freins de la maîtrise de soi, peut provoquer un résultat inverse de celui escompté.
Autre moyen de défoulement*, l'intérêt passionné pour les études, la littérature, la musique, l'art en général. Mais la sédentarité qui l'accompagne d'ordinaire n'est pas très favorable à l'apaisement des sens les plus animaux.
C'est donc dans la poursuite active d'un idéal, soutenus par une vie intellectuelle ou spirituelle intense, que des individus génitalement doués (les autres n'y ont pas de mérite) peuvent obtenir, à cet égard, une certaine paix. Un tel exutoire se qualifie alors d'un terme venu de la psychanalyse : la sublimation. S'il est « réussi », ce sacrifice n'étiole pas. Il est épanouissement, victoire. Selon le psychologue K.G. Rey, après sondage, un grand nombre de prêtres auraient choisi le sacerdoce « en raison d'un complexe de la mère extrêmement marqué ». Mais tous, on le sait, ne supportent pas bien la chasteté, tandis que plusieurs réclament désormais la fin de l'obligation du célibat.
Des anormaux peuvent également détourner le cours de leurs instincts. Ainsi des masochistes* ont pu apparaître comme martyrs, puis être béatifiés. Des narcissiques* sont acteurs, écrivains. Plus vulgairement, mieux vaut pour la société qu'un sadique* sanguinaire soit tueur dans un abattoir que vampire, ou qu'un simple « piqueur », jouissant dans la foule à traverser la peau d'autrui, soit infirmier ou médecin.
En bref, une énergie fortement investie ailleurs que dans la sexualité soulage les besoins génésiques. Toutefois, elle ne saurait les supprimer entièrement chez celui qui, au milieu de tentations, n'aurait pas le ferme vouloir d'y résister ou des empêchements d'y céder. C'est pourquoi, dans certaines tribus, le chef se laisse mettre une ceinture inviolable par lui, afin d'augmenter sa vigueur à la chasse, au combat, comme dans le service de ses administrés. C'est pourquoi aussi, par exemple, des pédophiles*, excellent(e)s éducateurs, enseignants, assistantes sociales, jardinières ou infirmières d'enfants, peuvent soudain céder à leur tendance foncière.
Un poète libanais a beau écrire : « L'esprit supérieur ne se laisse jamais dominer par l'amour. Pour lui, ce n'est pas assez d'être amant, c'est trop d'être amoureux », il est trop encore, dans certains cas, d'être amant.
DETUMESCENCE (voir : turgescence)
DEVIATIONS SEXUELLES (voir « anomalies sexuelles »)
N.B. — Puisque le comportement sexuel de certaines personnes dites, à tort ou à raison, « anormales », n'a, dans bien des cas, pas connu un autre cours, nous avons évité, à l'inverse de nombreux auteurs, le mot « déviations ».
DIABLE
Symbole du mal, de la provocation au péché, pour les chrétiens, il est souvent associé à l'érotisme*. En témoignent l'expression « avoir le diable au corps » ou ces « messes noires », « lucifériennes », s'accompagnant de nudité, de flagellation, de piqûres, bref de scènes sado-masochistes*. Certaines « sorcières hippies » aiment à mener ce culte satanique, qui prélude souvent à des orgies* sexuelles juvéniles favorisées par l'absorption de drogues* hallucinogènes.
Selon saint Augustin et saint Bernard, les « incubes » étaient des démons mâles, souvent faunes aux pieds fourchus, qui cherchaient à posséder jusqu'aux femmes les plus sages. Les « succubes » étaient des esprits femelles, tentant de jouir des hommes pendant leur sommeil et pouvant engendrer des monstres.
Aussi stupéfiant que ce puisse paraître, la « démonologie » du vingtième siècle, là où elle se pratique encore, n'a rien à envier à celle du Moyen Age, même parmi des personnes intellectuellement très évoluées.
Elle peut comporter des rites d'initiation, et parfois même elle donne lieu à des meurtres, baptisés « sacrifices », où le sadisme*, sous-tendu par la sexualité, impose sa loi féroce.
DIAPHRAGME (voir : contraception)
DIVORCE
A Reno ou Las Vegas, aux Etats-Unis, deux conjoints peuvent se séparer légalement en quelques minutes. Nombre de vedettes, du monde entier, ne serait-ce qu'à des fins publicitaires, usent de cette facilité, à de multiples reprises... A l'inverse en Italie, en Espagne, où le catholicisme est religion d'Etat, de même qu'en Irlande, en Argentine, au Brésil, au Chili, en Colombie, notamment, pour des raisons parfois autres, le divorce est demeuré très souvent impossible, en dépit de poussées croissantes voulant abattre son interdiction ou sa (grande) limitation légale. En Italie ne se pose encore que l'éventualité officielle du « piccolo divorcio » fondé sur des motifs très exceptionnels.
Pour l'ensemble de la France, à peu près un mariage sur dix est dissous de cette manière, surtout (un sur sept) dans les grandes agglomérations urbaines. Trois quarts des jeunes gens de 16 à 24 ans, interrogés au cours d'un sondage d'opinion, approuvèrent ce moyen, pour des époux en vive mésentente, de « refaire leur vie ».
Le désir de divorce est accentué souvent par des causes sociales : impossibilité de logement assez vaste ; habitation au domicile de beaux-parents, avec les conflits qui maintes fois en résultent ; travail à temps complet, à grande distance, du mari et de la femme, qui nouent plus facilement ainsi, hors du foyer, d'autres relations sentimentales ; survoltage dû à la civilisation industrielle ; revendication d'indépendance, chez la femme désormais comme chez l'homme, dans le contexte moderne, etc, etc.
Sans nier que des facteurs physiologiques peuvent parfois l'expliquer lorsqu'ils provoquent implacablement un manque d'« accord sexuel » (le Kâma-Sutra, célèbre livre sur l'amour en Inde, insistait déjà beaucoup sur les dimensions réciproques des organes génitaux : ne peuvent par exemple s'unir sans artifice une « femme gazelle » et un « homme éléphant »), l'essence d'un échec matrimonial est d'ordinaire psychologique, affective. Dans le lit conjugal, l'homme peut se montrer brutal, grossier, égoïste ; la femme, par trop indifférente. Tandis qu'un grand amour partagé résiste aux motifs dégradants, une affection moins solide, une fois passé l'émerveillement de la « lune de miel » ou des premières années de vie ensemble, ne parvient pas à les supporter. Même dans les meilleures conditions matérielles, cet échec peut surgir parce que les deux époux, de tempérament trop semblable (en particulier deux « nerveux »), ne veulent rien se pardonner, au bout d'un certain temps. Aucun ne veut céder à l'autre. Et la passion se mue en haine.
« Le mariage est une loterie », « Il y a plus de mariés que de contents » : ces adages expriment une réalité que dessins et historiettes humoristiques s'appliquent à remettre sans arrêt en lumière, jusque dans la presse bien-pensante... « Mais dans l'objet aimé, tout vous paraît aimable », et beaucoup trop d'unions s'édifient à la hâte, sur le sable.
L'époque n'est plus, du moins en Occident, où le mari pouvait à sa guise répudier la femme ayant cessé de lui plaire. Il faut de nos jours une procédure rendue volontairement, par frein, longue et coûteuse, aussi bien pour la simple séparation de corps et de biens que pour le divorce complet.
La loi ne tolère pas, en principe, que soit invoqué seulement le consentement mutuel des époux à vivre désormais chacun de leur côté. Mais cette règle est tournée sur les conseils mêmes de spécialistes en la matière : les injures graves, répétées, étant (tout comme les excès, les sévices, l'adultère* du conjoint, sa condamnation à une peine afflictive ou infamante) un motif admis de divorce, il suffit que le mari ou la femme, fût-ce en plein accord réciproque, s'écrivent plusieurs lettres insultantes pour que devienne judiciairement possible la rupture du lien matrimonial. Les magistrats possèdent alors les preuves dont ils ont besoin pour trancher ce lien. Ainsi peut s'habiller juridiquement, sans même devoir aller jusqu'à la « cruauté mentale » des Américains, la fréquente « incompatibilité d'humeur » en raison de laquelle un homme ou une femme souhaite mener une existence solitaire ou, plus souvent, se remarier.
Les grandes victimes de cette rupture sont évidemment les enfants, lorsqu'il en est né du mariage. Malgré le « droit de visite », accordé par le Tribunal, qui leur permet de se rendre par intervalles chez celui de leurs deux auteurs n'ayant pas reçu leur garde, ils souffrent. Moins toutefois, faut-il ajouter, que de devoir demeurer dans un véritable enfer. Mais le mariage pour eux-mêmes, s'ils sont déjà adolescents, leur fait peur. Si le divorce ne s'est pas conclu en quelque sorte à l'amiable, il arrive que leur père ou leur mère les prenne sans cesse à témoin des griefs formulés contre l'autre. Ils cherchent en général à les apaiser, à les réconcilier. Mais presque jamais ils n'y parviennent. S'ils sont catholiques pratiquants, et si leurs parents se remarient, ils savent que l'Eglise, tout en maintenant ceux-ci dans la communauté chrétienne, leur refuse ses sacrements pour avoir rompu l'indissolubilité de l'un d'eux. Dans tous les cas de remariage ou d'union
libre, enfin, ils peuvent se heurter gravement à un beau-père ou à une belle-mère1.
Pour tous ces motifs, et pour d'autres, l'éducation sexuelle et sentimentale des jeunes doit les préserver le plus possible contre le choc qu'ils ressentiraient d'une pareille situation, si elle devait se produire. Cette éducation doit surtout leur faire prendre conscience très tôt des responsabilités d'un mariage ; de l'intérêt de fiançailles* assez longues, pour mettre deux caractères à l'épreuve réciproque ; de l'intérêt aussi, en cas de besoin, du recours aux désormais nombreuses « consultations conjugales ».
On n'en est pas encore à penser de manière générale, en effet, que le divorce est le dénouement commode d'une union légitime
— ni que la « stimulante » rotation consentie des époux est un excellent moyen d'éviter le divorce. Même les journaux qui donnent place aux dessinateurs humoristiques ridiculisant le mariage, ne sont pas prêts à prôner le libre cours aux tendances polygames de nombre d'hommes — et de certaines femmes — pour mieux leur permettre de rester ensemble au foyer.
DON JUANISME
Dans son acception courante, ce mot évoque une aptitude masculine à conquérir tour à tour de nombreuses femmes ou jeunes filles, après les avoir éblouies par du prestige, du charme, du bagout, des déclarations semblant très sincères, des avances plus précises encore. Mais chaque partenaire ainsi séduite est rapidement abandonnée au profit de la suivante.
En psychologie, cette conduite des perpétuels « suiveurs », « dragueurs », est tenue plutôt pour un manque de virilité véritable, une incapacité très infantile, narcissique*, à se fixer sentimentalement sur un autre être, voire une homosexualité* latente qui s'étourdit dans les changements d'apparence hétérosexuelle.
Le « Don Juanisme » homophile* proprement dit, masculin et féminin, existe d'ailleurs également, bien que l'expression ne soit pas en usage.
DROGUES
D'un usage très répandu en Orient, les drogues ont gagné les étudiants, et même les lycéens et jeunes ouvriers d'Occident : à partir surtout des U.S.A., qui s'en plaignaient déjà beaucoup avant 1950, sans y faire atteindre, toutefois, l'actuel niveau d'intoxication. L'opium et ses parallèles n'y sont pas encore devenus la religion du peuple, cependant, et la presse a bien « gonflé » le problème.
Depuis les plus employés (haschich ou résine de marijuana, plante appelée elle-même aussi cannabis, chanvre indien, « herbe », kât, marie-jeanne, cultivée maintenant de façon clandestine en Europe), et qui se fument, ou se mélangent à une omelette, à du thé, de la confiture, des glaces, jusqu'à l'héroïne, l'opium, la morphine et le trop célèbre L.S.D. ou acide lysergique, synthèse chimique dérivant de l'ergot de seigle, ou encore le S.T.P., produit voisin — et dont quelques gouttes suffisent, sur un morceau de sucre, pour provoquer une forme de folie — en passant par des procédés aussi divers que l'absorption d'intérieur de peau de banane passé au four, ou d'éther, voire de certains sirops pour la toux ; l'injection par seringue d'élixir parégorique, opiacé ; la respiration violente («sniffing») de colle forte ou de certaines peintures ; le mâchage de feuilles de coca, etc, etc, les moyens sont devenus très nombreux pour « partir en voyage », devenir « stone », c'est-à-dire en état de béatitude, chercher l'évasion faute d'intérêts, d'affection ou d'idéal, calmer son angoisse* du vide devant le monde et son avenir, refuser la société des adultes. Et trop d'étudiants ou préparateurs en pharmacie apportent leur concours (bien rétribué) à cette recherche.
Comme l'alcool*, les hallucinogènes plongent vite dans la stupeur. Mais quelques-uns, employés en groupe, surtout au cours de « surprise-parties »*, de « fumettes », d'« acid-parties », voire d’« orgies sexuelles »*, peuvent conduire au débridement complet des instincts génitaux, toute auto-censure étant annihilée. Déjà, dans son roman d'anticipation Le meilleur des mondes, l'écrivain britannique Adlous Huxley décrivait les « offices de solidarité » où des produits euphorisants déclenchaient une communion chamelle collective. Aujourd'hui certaines sectes, non dépourvues pourtant d'objectifs spirituels de type religieux, donc respectables, en particulier les vrais « hippies », prônent la licence absolue en ce domaine. Et d'éminents penseurs, en dehors de leurs rangs, assurent aussi que courir un risque par cette méthode est une façon de « s'assumer pleinement »... Pour eux, cette « illumination », cette « libération totale du corps et de l'esprit », cette « venue en surface du subconscient », cette manière de « communiquer avec les autres » méritent qu'on les connaisse. Pour eux aussi, rendu plus accessible par des piqûres ou de la fumée, « l'amour universel », avec les incidences complètes de ces deux mots, constitue un meilleur idéal que la destruction nucléaire d'une part de l'humanité. Ils approuvent donc le slogan, dit avec ou sans fleurs : « Faites l'amour, ne faites pas la guerre ». Se fondant sur l'exemple désastreux de la prohibition de l'alcool, aux U.S.A., leur responsable fédéral de la lutte contre les stupéfiants va jusqu'à recommander, dans le plus grand magazine, leur vente sous contrôle.
On peut également classer, parmi les drogues, les amphétamines, méthédrine, mescaline, maxiton, corydrane, kinortine, alropine, toutes sortes de compositions savantes (dont les graines de volubilis écrasées dans du cognac), l'éther, ainsi que d'autres remèdes stimulants, tels qu'en font l'emploi des étudiants avant l'examen ou, malgré l'interdit, des sportifs avant l'épreuve. Inutile de dire qu'y avoir recours peut aussi provoquer, de façon passagère, une grande excitation génésique. Tel n'est pas le cas, en revanche (sauf s'ils sont mélangés à de l'alcool comme le whisky) des barbituriques : ils peuvent susciter une sorte d'ivresse, de délire, mais plutôt dans l'abattement.
Il paraît sûr que seuls les sujets prédisposés par leur système nerveux s'intoxiquent durablement ; que d'autres ne procèdent, par curiosité, qu'à des « expériences » sans lendemains. Mais les occasions pour le faire sont devenues faciles et fréquentes. Et il ne fait pas de doute que la plupart des stupéfiants rendent le sujet à la fois hypersensible et très suggestible, donc capable de se laisser conduire par d'autres aux excès les plus forts, dans les « paradis artificiels », afin d'être « plus accessibles à l'amour ».
DYSMENORRHEE (voir : règles)
ECTOPIE
(voir : malformations)
EDUCATION MIXTE
Le temps n'est pas si loin où, dans les collèges catholiques européens, faire se côtoyer des garçons et des filles n'était pas pensable. Comme dans les écoles de l'Etat, cette mixité s'y trouve maintenant introduite. Peu à peu, après des effrois semblables, elle gagne de même presque tous les mouvements de jeunesse extra-scolaires. Les drames redoutés n'ont pas lieu ou si, exceptionnellement, ils éclatent, on convient qu'ils auraient pu aussi se produire dans l'un des innombrables endroits où, de nos jours, les adolescents peuvent se rencontrer à leur guise.
Ceux qui, à grand mal, firent mettre en vigueur cette co-éducation, soutinrent qu'elle est identique à celle dans une famille nombreuse ; que la ségrégation favorise l'homophilie*, du moins passagère ; que séparer les enfants des deux sexes n'est pas les orienter vers l'existence adulte ; que l'U.R.S.S., pourtant d'une morale rigoriste, avait donné un exemple rassurant.
Parmi les résultats de la formation géminée, on note que les filles, souvent plus acharnées à l'étude que les garçons, s'y révèlent maintes fois plus brillantes et donnent ainsi d'elles-mêmes, et sur tous les plans, une image bien supérieure à celle d'autrefois ; que leurs condisciples mâles ne prétendent plus, par la suite, les dominer indifféremment. L'école mixte s'avère ainsi être celle du respect de la femme, de la « promotion » féminine.
Mais toute médaille a son revers et des inconvénients peuvent certes être soulignés : moins donc peut-être dans des rapports génitaux tenus pour trop précoces (on veille tout de même à ne pas faire cohabiter, en internats ou en camps, des garçons et des filles peu capables, par leur âge, de résister à de pressantes sollicitations), que dans la perte d'un mystère et d'un interdit qui ne manquaient pas de sel, pour les futurs partenaires ; dans la naissance d'un fâcheux sentiment d'infériorité chez certains garçons ; mais sans doute au premier chef (en tout cas pour ceux qui voudraient voir les femmes garder les formes traditionnelles de leurs rôles de mère et d'épouse) dans l'affaiblissement, chez nombre d'entre elles, de leur « féminité ». Sans tenir absolument à ce qu'elles conservent les queues de la casserole et de la balayette à vaisselle — si bien suppléées d'ailleurs, maintenant, par des programmateurs électroniques — beaucoup seraient heureux que, dussent des clubs, des réunions, des métiers très prenants en souffrir, toutes gardent un sérieux intérêt pour les enfants mis au monde par elles.
Il est toutefois très probable que, même sans co-éducation, certaines, compte tenu de l'atmosphère générale, commettraient aujourd'hui une erreur sur ce point.
EDUCATION SEXUELLE
Si la nécessité de l'éducation sexuelle n'est plus guère mise en doute dans l'opinion publique (tous les moyens possibles d'information s'ingénient à lui « enfoncer le clou »), ce n'est qu'un phénomène récent à un moment où le voyage dans le cosmos devient une réalité.
Parents et autres éducateurs n'y ont le plus souvent pas été préparés et ne savent trop comment s'y prendre.
Beaucoup ne l'imaginent que comme une information à donner
— qui leur paraît bien embarrassante — sur les mécanismes de la reproduction.
Ce qui amène encore des réflexions ironiques du genre de celle-ci : « on n'a jamais eu besoin d'apprendre à quiconque à faire un enfant ». C'est effectivement le contraire qui reste, encore pour quelque temps au moins, le plus méconnu, et de telles boutades justifieraient, s'il le fallait, le souci d'apprendre aux jeunes quelles peuvent être les conséquences de leurs rapports génitaux.
Certes l'éducation sexuelle est d'abord une information, mais qui doit se situer dans un climat éducatif général.
La sexualité humaine en effet, n'est pas, comme chez l'animal, une simple somme de lois biologiques, de mécanismes instinctifs et inéluctables. Parce qu'elle met en cause « la qualité » de nos relations avec les autres, elle engage toute notre personnalité. Parce qu'elle s'insère dans une réalité sociale et culturelle, elle peut prendre de multiples formes, plus ou moins satisfaisantes pour l'individu, la famille ou le groupe ; normales ou déviantes, des plus simples aux plus évoluées. Elle est source de richesse ou d'appauvrissement, d'élévation ou de dégradation. Elle est donc à tous égards susceptible d'éducation : un souci de formation complète de l'homme ne peut plus l'ignorer ou la refuser.
Et cela d'autant plus que l'individu acquiert une plus grande indépendance morale. Les tabous*, les barrières s'estompent. A plus d'autonomie correspond plus de difficultés dans notre conduite quotidienne, cela suppose donc une meilleure préparation à la vie.
Comment faire l'information sexuelle ?
Les adultes découvrent chaque jour de nouveaux « manuels », (ainsi que des disques), de mieux en mieux présentés, qui doivent les aider à donner toutes les connaissances nécessaires au fur et à mesure de la croissance et de révolution physique et psychologique de leur progéniture.
Certains livres sont spécialement conçus pour les jeunes ; d'autres se composent de deux parties, dont une est réservée aux parents.
Mais aussi parfaits qu'ils soient, ils ne sauraient être, pour tout éducateur, qu'un outil, qu'un moyen qui facilitera les échanges ; l'occasion pour l'enfant de poser des questions, de s'intéresser à cela comme à tout ce qu'il découvre avec ravissement dans le monde qui l'entoure. Comme pour l'ensemble de l'éducation, cette montée de sève, qui se traduit par ce besoin de savoir, ces incessantes demandes qui lassent ou surprennent l'entourage, ne peut, comme pour une plante, se produire que dans une atmosphère chaude et confiante. Eluder alors ou se retrancher derrière quelque excuse que ce soit : « Je n'ai pas le temps », « tu m'agaces », « laisse-moi travailler », « tu es trop petit », « tu sauras ça plus tard », ou pire encore : « ce sont des choses sales » « il ne faut pas y penser, c'est un péché », parce qu'on ne veut pas répondre étant soi-même gêné, a pour inévitable conséquence :
— soit le refoulement* de toute la sexualité dans le monde des interdits, avec à l'adolescence ou à l'âge adulte des conflits ou des drames qui ne permettent pas un heureux épanouissement de la personnalité (voir « complexes »),
— soit au contraire une obsession de tout ce qui a trait à ce secteur qui prend d'autant plus d'importance qu'on veut le cacher,
— soit le recours à d'autres pour satisfaire sa curiosité.
Les découvertes fortuites ou recherchées, dues à des indiscrétions, aux copains de classe ou de quartier, à des conversations d'adultes soigneusement enregistrées, à des hasards de la vie, sont alors autrement choquantes pour de jeunes sensibilités.
Les parents doivent évidemment d'abord être certains que le fait pour leur(s) rejeton(s) de poser très tôt, dès les trois ou quatre ans, des interrogations sur leur venue au monde ou sur leur anatomie génitale, n'est pas un signe de perversité, mais au contraire une manifestation de leur confiance à leur égard et une preuve qu'ils n'éprouvent aucune gêne inconsciente à parler de cela : c'est cette attitude qui est normale. On pourrait s'inquiéter au contraire s'ils n'en parlaient pas (ou s'ils en parlaient trop). Auquel cas une consultation serait bénéfique pour faire le point.
Que doit-on répondre?
Sans doute pourra-t-on s'aider des livres mentionnés plus haut ; on peut en trouver maintenant pour tous les âges. La règle d'or reste de s'en tenir le plus exactement possible à la question posée, simplement et sobrement, sans vouloir en rajouter, ou s'empêtrer dans des explications complexes. Ce ne sera que vers l'adolescence que certains points seront approfondis, soit dans le cadre familial, soit dans le cadre scolaire, selon des modalités qui font l'objet de recherches. Dans diverses régions de France, des expériences sont tentées sous l'égide d'associations dites Ecoles de Parents, en liaison avec des enseignants et des parents d'élèves2.
Les problèmes sont : la formation des éducateurs chargés de cette information ; les modalités de l'enseignement ; le souci de collaborer en profondeur avec le plus grand nombre de familles.
Il paraît nécessaire que garçons et filles connaissent, avant leur formation — donc dans la pré-adolescence — les transformations physiologiques et biologiques dont ils vont être le siège. Il est communément admis que le père donne les explications nécessaires au garçon et la mère à la fille. Ce n'est cependant pas une règle absolue et on doit tenir compte des situations réelles.
Il n'est pas non plus impensable de se faire aider, si besoin est, par quelqu'un de l'extérieur : parent, médecin, éducateur. Se méfier peut-être seulement de ceux qui proposeraient d'eux-mêmes leurs services, et surtout ne faire appel qu'à des gens que l'on connaît — autant que cela est possible — pour leur équilibre personnel et leur valeur morale.
On doit aussi tenir grand compte du caractère de l'enfant. Pour un « sentimental » notamment, une grande délicatesse sera nécessaire, car tout prend chez lui une grande importance, alors que le sanguin est beaucoup plus simple et direct dans ses réactions (voir « caractères »).
L'information doit s'étendre aux dangers qui peuvent guetter enfants et adolescents, particulièrement dans les grandes villes (frôleurs, exhibitionnistes, obsédés), mais cependant avec mesure afin d'alerter sans angoisser ; les explications seront dosées suivant l'âge des intéressés. Les plus grands devront être éclairés sur la prostitution* et les maladies vénériennes*.
Mais l'information n'est pas toute l'éducation sexuelle
Si l'équilibre, l'affection, le bonheur, mais aussi la générosité du couple parental créent les conditions favorables à une saine information, ce sont ces mêmes valeurs qui contribueront à faire une bonne éducation générale et donc sexuelle.
Par identification d'abord : les premiers modèles « sociaux » sont ceux de la famille et plus que jamais nos jeunes réclament de leurs aînés de l'authenticité, c'est-à-dire la recherche de l'accord entre les principes qu'ils énoncent et la vie qu'ils mènent.
C'est de cette façon que nous leur présenterons des images paternelle et maternelle valables qu'ils posséderont au fond d'eux-mêmes et qu'ils imiteront souvent, même s'ils s'en défendent, et généralement de façon très inconsciente, une fois sortis des orages pubertaires de l'adolescence.
Ainsi pourront se franchir dans les meilleures conditions les divers stades de l'évolution* instinctive et affective, qui les amèneront progressivement à assumer leur sexualité d'adulte.
Valoriser l'amour, ensuite parler du bonheur et de l'épanouissement du couple est plus facile, sera mieux compris et assimilé lorsque c'est « vécu » à la maison. Cependant la réalité n'est jamais aussi idyllique, tout foyer a ses problèmes, tout ménage ses périodes de crise. Les enfants y sont très sensibles. Il faut essayer de les surmonter : c'est aussi un utile exemple à donner autour de soi.
Si une cassure devait se produire, une grande discrétion serait de rigueur, en évitant le plus possible les scènes devant nos fils ou nos filles (voir « divorce »).
Il faut également éviter de faire de ceux-ci les confidents de nos infortunes ou de nos déceptions. On donne alors du mariage une idée tout à fait négative et de vives sensibilités peuvent en être durablement traumatisées et craindre à leur tour de fonder un foyer (voir « refoulement »).
Les parents ont encore un grand rôle à jouer pour aider leurs jeunes au moment de leurs premières aventures sentimentales (voir « évolution sexuelle »). Ils pourront, dans ces diverses étapes de l'éducation sexuelle, avoir recours, aux divers « Auxiliaires de l'éducation sexuelle et de la vie conjugale »*.
génitaux »), et, de là, au-dehors. Il peut survenir dans plusieurs conditions.
Lors d'un rapport sexuel, le gland étant alors dans le vagin, le sperme s'y trouve projeté avec force. S'il est en contact avec la matrice, dans le fond du vagin, il peut même passer directement à l'intérieur de cette matrice, augmentant sensiblement les chances de fécondation.
L'éjaculation achève aussi, d'ordinaire, l'acte de masturbation*.
Elle peut se produire également sans aucune intervention volontaire, donc d'une façon purement réflexe, et ce le plus souvent chez des garçons jeunes, au moment où leur organisme commence à produire du sperme (voir « puberté » et « organes génitaux »). Ce phénomène, appelé pollution nocturne ou perte séminale, à moins d'être extrêmement fréquent, est tout à fait banal. Souvent accompagné d'un rêve de caractère sexuel ou érotique, il entraîne ordinairement le réveil plus ou moins complet du dormeur. Il ne mérite évidemment aucun sentiment de culpabilité. Celui-ci serait morbide, comme le sont les conséquences des mensonges, fausses pudeurs ou autres dérobades dont certains adultes entourent trop souvent encore la vie sexuelle.
EMBRYON (voir : grossesse)
retrouvent des chercheurs spécialisés, mais également des auteurs et éditeurs qui obtiennent le droit de reproduire, pour leurs Collections à clientèle en principe très limitée, des textes ou même des images.
Des particuliers, beaucoup plus nombreux qu'en général on ne l'imagine, détiennent ainsi leur petit « enfer ». Hors d'atteinte des jeunes mains trop curieuses, ils rangent romans ou albums qu'ils estiment ne devoir communiquer qu'à de rares amis, évolués et discrets.
Livres d'ordinaire numérotés, s'affirmant à tirage restreint, donc d'un coût assez cher, ils répondent ainsi aux règlements, qui veulent éviter leur exposition et leur vente aux mineurs. S'ajoutent parfois, à ce « second rayon » (en fait, souvent, tiroir ou coffre bien fermé), des disques, des cartes à jouer, des objets divers, des films, des photos très audacieuses, des bandes dessinées aussi (en réunissant des extraits significatifs, un recueil a pour titre L'enfer des bulles), ou encore des récits sur mauvais papier, émis à moindres dépenses, de manière clandestine, sous des signatures inconnues. Ces textes ne sont pas plus « violents » que ceux d'autres écrivains — très — célèbres. Mais ne pouvant, eux, se réclamer de l'art littéraire, ils sont officiellement tenus pour pornographiques*. Flammes de velours dans des flots de mousseline, entrailles illuminées ou jambes broyées de plaisir, irruptions de félicité, ne « passent » bien qu'après des noms glorieux. Naguère les auteurs, par prudence, paraissaient juger « infâmes » leurs descriptions. De nos jours, ils ne prennent plus cette peine.
Parfois illustrés par des plumes ou des pinceaux illustres, les « grands classiques de l'érotisme » comprennent par exemple Les Epigrammes de Martial, Les Satires de Juvénal, Les Sonnets de l'Arétin, Les Contes de La Fontaine, les Mémoires ou Les cent mille verges de Guillaume Apollinaire, les œuvres du « divin » Marquis de Sade, certaines de Restif de la Bretonne, Baudelaire, Verlaine, Guy de Maupassant, Théophile Gautier, Ronsard, Villon, du Bellay, Mathurin de Régnier — ou, plus près de nous, des livres non expurgés, écrits jusque par des membres de la digne Académie Française. On y voit souvent un lord anglais, symbole du flegme, assister impavide aux plus stupéfiantes excentricités sexuelles, sadiques et masochistes surtout, dans une propriété très à l'écart des visiteurs non conviés.
Il n'est pas question, ici, de porter un jugement sur la valeur de ces ouvrages. Mais, dans la ligne éducative inspirant la nôtre, nous devons rappeler aux parents, et aux adultes en général, le risque d’exciter trop vite ou de choquer de jeunes esprits.
Tout en sachant que circulent, entre camarades de classe ou d'atelier, des textes de ce genre ; que des adolescents habiles peuvent en acquérir, soldés ou même neufs, chez des bouquinistes ou des libraires sans scrupules, on se doit de laisser inaccessibles, au foyer, ceux que l'on pourrait détenir et que réprouve la morale dominante du lieu et de l'époque (voir aussi « curiosa », « excitants sexuels », « obscénité », « pornographie »).
ERECTION
C'est la mise en tension de la verge (ou pénis). Ce gonflement fort considérable est provoqué par une accumulation de sang veineux dans son tissu spongieux (voir « organes génitaux »). Quand le pénis est ainsi tendu, l'acte sexuel est possible. Toute émission d'urine se trouve alors, par contre, impossible.
Le petit garçon présente déjà, à certains moments et sans cause apparente, une raideur de la verge. Cette raideur dure un certain temps, puis disparaît d'elle-même. Elle ne correspond évidemment, d'ordinaire, à aucune sensation précisément sexuelle.
L'érection n'est plus tard soumise qu'indirectement à la volonté, dans la mesure où le sujet fait appel, pour la produire artificiellement, à des excitants sexuels divers : attouchements, frottements ou autres contacts, images érotiques.
De fréquentes fois, des adolescents ou des hommes se réveillent le matin avec le pénis en érection, due à une longue position allongée ou à la chaleur du lit. Ils n'ont évidemment pas à s'en inquiéter. Ni à la suite de trépidations ou tout autre cause.
Lors d'une érection, il faut que le prépuce découvre totalement le gland (voir phimosis), faute de quoi elle constitue une gêne souvent douloureuse. Dans ce cas, une intervention chirurgicale sans gravité libérera le gland.
A l'inverse des individus de race jaune, sauf exceptions, certains Blancs et surtout les Noirs (on ne possède pas de mensurations pour les Indiens rouges) peuvent présenter un allongement énorme de leur pénis. Cette taille influe sur le plaisir — ou la douleur — de leur partenaire, mais pas toujours sur leurs propres sensations.
ERETHISME SEXUEL
Les sujets atteints de cette irritation des fibres nerveuses possèdent un seuil très bas d'excitabilité génésique. Un simple
frôlement, la vue fugitive d'une semi-nudité, une image un peu grivoise, une conversation à sous-entendus sexuels suffisent à stimuler leur sphère génitale. Certains individus masculins, même après l'adolescence, sont ainsi en érection* quasi permanente, au point d'être gênés par les trépidations d'un véhicule collectif et de ne pouvoir, par exemple, se tenir à l'aise en slip de bain sur une grève fréquentée ou prendre une douche en commun. Leur langage, leurs tentations, leurs entreprises subissent souvent les conséquences de leur impossibilité physiologique d'auto-censure de ces pulsions, qui s'emparent également de leur esprit. Sur les plages, s'ils ne sont pas exhibitionnistes*, ils conservent une serviette autour de leurs reins, ou se tournent, ou se penchent, afin de ne pas attirer trop localement l'attention sur eux.
Parmi ces « excités », se recrute une bonne part des « érotomanes », Casanovas, Don Juans*, Lolitas et Lolitos*, obsédés divers (parfois impuissants, d'ailleurs) atteints de « nymphomanie »* ou de « satyriasis »* — et baptisés « satyres » s'ils sont âgés et sans séduction. Ils alimentent le contingent des auteurs d'attentats aux mœurs, donc celui des clients d'audiences à huis-clos des chambres correctionnelles et des Cours d'assises.
Leur état peut monter jusqu'à la folie véritable, et cette constatation souligne que, dans la mesure où il s'avère nuisible, il est moins « vice » que maladie, donc relève plus des sédatifs de la médecine que des prêches de la morale — tout comme, à un degré moindre, un grand nombre de conduites humaines.
EROTISME
On qualifie un spectacle, une image, un livre, d'érotiques, lorsqu'ils éveillent ou excitent l'instinct sexuel.
Le « petit dieu malin » des mots croisés redevient très entreprenant. Le film et ses affiches se font toujours plus audacieux. Les revues dites « d'art photographique » connaissent un grand succès. Des publications ont l'astuce de combiner habilement des articles fort sérieux avec des photos de jolis corps déshabillés que l'on trouve d'ailleurs un peu partout, désormais, dans des placards publicitaires pour des sous-vêtements, des matelas, voire de l'eau minérale. A la radio, dans les aéroports, des annonceuses sont choisies pour leur voix feutrée, caressante, comme exténuée d'amour.
Jusqu'où ce courant ira-t-il ? Quelles sont déjà les conséquences de cette « libération » sexuelle ?
L'érotisme se distingue parfois mal de la pornographie*, et il embarrasse ainsi les censeurs. Pourtant, il nuance le but commun, procurer le plaisir génital, en l'enveloppant d'esthétique, en suggérant plus qu'il n'impose. Entre ce raffinement et la brutale obscénité*, la différence est aussi grande, a-t-on pu écrire, qu'entre un vin de grand cru et un autre très épais.
On peut y voir une magnification de la sensualité*, un art, presque une religion, en quelque sorte « l'amour de l'amour », donc une fin en soi. Dans cette seule perspective, il peut difficilement recueillir l'approbation de tous. Mais s'il signifie la recherche d'une pratique plus raffinée pour un plus grand épanouissement du couple, s'il est souci du plaisir de l'autre, il va bien au-delà des limites de l'étreinte chamelle et ne saurait donc être blâmé.
En revanche, s'il tourne à l'obsession, voire au délire, celui des « érotomanes », il devient offense et ne peut évidemment pas être toléré.
EUGENISME
Dans son livre célèbre L'homme, cet inconnu, le biologiste français Alexis Carrel, qui fit sa principale carrière aux U.S.A., recommande aux Etats de tout mettre en œuvre pour faire prospérer les « souches de haute qualité », autrement dit d'aider au maximum les familles réunissant des êtres sains et doués. Il s'irritait de ce que les efforts financiers publics, mises à part les bourses scolaires, sont plutôt dirigés, au contraire, vers les déficients de toute nature, fortement susceptibles de faire naître à leur tour une descendance diminuée.
De même, des criminologues ont établi le coût, pour la société, sur plusieurs générations, de quelques individus traduits en justice. La dépense est effroyable.
Dans cette optique, certains préconisent la stérilisation de fous et d'assassins. Dans cette optique également, des peuples de l'Antiquité tuaient à leur naissance les enfants difformes et l'Allemagne hitlérienne sélectionna des sujets beaux et vigoureux pour les élever dans des camps de s.s.
Ce seul souvenir suffirait à faire tenir en horreur l'eugénisme, même s'il est « rentable ». De toute manière, notre époque humanitariste s'y oppose. Seuls les éleveurs y recourent pour les animaux « de race ».
EVOLUTION SEXUELLE (stades de l')
C'est à Freud* que revient le mérite d'avoir démontré l'existence d'une sexualité infantile et d'en avoir analysé les différentes phases.
L'idée que l'enfant puisse être le siège de manifestations « sexuelles » a paru de prime abord choquante à cause de l'atmosphère de péché qui entoure tout ce domaine depuis des siècles dans notre civilisation.
Les données de la psychologie du premier âge montrent chez le tout petit la prééminence et la puissance de la vie instinctive. On peut parler de sexualité infantile dans la mesure où, d'une part la satisfaction des besoins principaux s'accompagne d'un plaisir intense, diffus certes, mais dont les caractéristiques préfigurent ce que sera demain la sexualité de l'adulte (cela est longuement décrit par les psychanalystes), et d'autre part les « modalités » de cette satisfaction (ou de la non-satisfaction) conditionneront l'expression de cette même sexualité de l'adulte, aussi bien dans sa dimension proprement génitale, qu'affective, c'est-à-dire sentimentale.
L'étude de son évolution nous le fera comprendre. On distingue un certain nombre de stades pour la clarté de l'exposition. Dans la réalité, ce n'est pas toujours aussi net. Tout se suit sans que l'on ait forcément conscience d'un changement. De plus les diverses phases s'imbriquent naturellement les unes dans les autres.
Première phase : Erotisme oral (ou buccal)
C'est celui qui débute avec la naissance. Dans la succion du sein ou du biberon se produit une excitation de la bouche et des lèvres qui permet l'alimentation ; il s'agit à l'origine d'une fonction vitale. Mais par la suite elle est pratiquée pour elle-même, pour le plaisir qu'elle procure, qui dépasse largement la fonction. La persistance de l'habitude de sucer son pouce, quelquefois chez de grands enfants, voire des adolescents, exprime la nostalgie des premières relations avec la mère (ou son substitut). C'est le problème du sevrage : garder l'enfant au sein au-delà de la première année, comme l'alimenter trop longtemps au biberon risquent de le maintenir dans une attitude très infantile.
Dans cette première période il faut à tout prix éviter que le bébé passe de mains en mains, car alors il ne peut « reconnaître » la personne qui s'occupe de lui et la première relation avec autrui ne pourra normalement s'établir ou se fera difficilement : certains types de personnalités qui ne peuvent fixer leurs affections, enraciner leurs sentiments, qui restent très infantiles sont le résultat de changements plus ou moins nombreux à ce moment-là. Dans les cas graves, on ira même jusqu'à la pathologie mentale (voir aussi « oral (érotisme) »).
Deuxième phase, dite d'Erotisme anal
C'est au cours de la deuxième année que débute la deuxième phase, dite « d'érotisme anal ». L'enfant de cet âge peut agir sur le sphincter de l'anus pour retarder l'évacuation des selles. Il éprouve dans cette rétention, puis dans le fait de se laisser aller, une satisfaction particulière : il « fera » pour faire plaisir à sa mère (on sait avec quelle attention celle-ci surveille le contenu du pot et quelle joie elle manifeste lorsqu'il est normal et suffisant). Une fonction par conséquent des plus essentielles peut être soumise — au moins en partie — au caprice de la volonté, suivant les sentiments qu'éprouve le petit à l'égard de son entourage. D'où quelquefois des constipations qui nécessitent des moyens artificiels de réduction. Sur le plan du caractère, ce plaisir de la rétention constituerait le signe avant-coureur d'un tempérament obstiné, méticuleux, collectionneur, voire avare, organisé et méthodique.
En tout cas, l'apprentissage du contrôle sphinctérien traduit un nouveau degré de relation entre l'enfant et son entourage, un deuxième palier en quelque sorte par lequel il commence à prendre conscience qu'il donne quelque chose « pour faire plaisir » à celle ou celui qu'il reconnaît. Ce sont les premiers bourgeons de la vie sentimentale qui éclosent (voir aussi « anal (érotisme) »).
Troisième phase, dite phallique (du grec phallos : membre viril, verge)
C'est pour l'enfant de trois à cinq ans la découverte de ses organes génitaux, en même temps qu'un intérêt pour l'ensemble du corps. On dit aussi de cette période qu'elle est « narcissique », du nom de Narcisse qui, selon la légende grecque, se noya et fut changé en fleur pour avoir été amoureux de son propre corps.
Par hasard, curiosité ou jeu avec d'autres, par sentiment d'abandon aussi, le garçonnet, mais plus souvent la fillette, peut s'assayer à la masturbation*. Il est de la plus haute importance de ne pas dramatiser ce fait, s'il est découvert, et de ne pas culpabiliser son auteur. Sans la menace des foudres célestes, on pourra tempérer cette pratique en faisant comprendre, comme pour les doigts dans le nez, par exemple, que « ça ne se fait pas ». S'assurer cependant qu'il n'y a pas d'irritation locale qui expliquerait le geste. Si celui-ci semblait trop fréquent, un médecin serait utilement consulté hors la présence de l'intéressé(e) afin de ne provoquer aucune anxiété.
On doit éviter aussi de menacer le petit garçon de « la » lui couper s'il continue, que cela soit dit sur un ton plaisant ou rigoureux.
La petite fille qui découvre à ce moment-là le sexe masculin s'étonne de ne pas posséder un pénis* et peut s'imaginer qu'elle l'a perdu ou qu'on l'en a privée. Plus de précisions sont apportées dans les deux cas sur les craintes de cette ablation et les conséquences psychologiques qui en découlent au paragraphe « Complexe de castration » (voir « complexes »).
C'est au même chapitre qu'on évoquera le complexe d'Œdipe, qui s'installe à cette époque.
Si des questions sur la sexualité sont posées par l'enfant, il convient de toujours lui répondre avec exactitude, simplement, sans aller au-delà de ce qui est demandé (voir « éducation sexuelle »).
Quatrième phase, dite « Période de latence »
On arrive à partir de 5-7 ans à la période dite « de latence » ; elle fait l'objet d'une définition de cet ouvrage (voir « latence »).
Cinquième phase : la puberté
Et voici le début de la puberté, antichambre de l'adolescence : sous la pression de transformations biologiques profondes, la sexualité dans sa dimension génitale se réveille, plus ou moins brutalement, apportant aussi sur le plan sentimental un bouleversement considérable (voir aussi « puberté »).
Se repose alors, avec plus d'acuité pour la très grande majorité de nos jeunes, le problème de la masturbation*. Il faut la considérer comme un phénomène normal de cette époque. Ce ne sera ni par une culpabilisation, ni par des interdits pseudo-médicaux qu'on aidera à la dominer (au moins partiellement). Il n'y aurait lieu de s'inquiéter que si elle prenait un caractère intensif. On s'adresserait alors à des médecins ou une consultation spécialisés (voir aussi « angoisse-anxiété »).
Les intérêts sociaux seront utilisés pour faire « sortir » l'adolescent de lui-même. Ce n'est qu'en s'ouvrant sur les autres, qu'en s'intégrant à des activités extérieures, qu'en prenant des responsabilités dans quelque cadre que ce soit, qu'il pourra plus facilement échapper à son auto-érotisme*, essentiellement pour éviter un repli sur soi, une fermeture au monde.
Il semble que cette étape reproduise en les exagérant les passages antérieurs (intérêt pour le corps, narcissisme). Pris dans des tourbillons de forces divergentes, le garçon et la fille ne savent plus trop où ils en sont. Possesseurs d'un corps tout neuf, ils mettent du temps à être à l'aise « dans leur peau ».
Ils se montrent à l'entourage difficiles, opposants, exubérants ou renfermés, coquets ou sales. Ils déconcertent ceux qui les ont élevés (voir « adolescence »). Malgré le désarroi dans lequel leurs parents peuvent se trouver face à leurs attitudes, il est primordial qu'ils sachent être « disponibles » pour les écouter quand ils auront envie de faire des confidences, mais seulement s'ils le souhaitent. Car il faut aussi respecter leur intimité, leurs « secrets ». Exiger qu'ils disent « tout », même si cela était possible, condamnerait les intéressés à rester dépendants et infantiles toute leur vie.
Si le foyer est ou reste accueillant, il n'y a pas de crainte à avoir ; plus que jamais le jeune homme et la jeune fille ont recours à l'adulte en qui ils ont confiance, avec qui ils se sentent à l'aise, en sécurité.
Ils seront heureux de pouvoir raconter leurs premiers émois sentimentaux, ils quêteront des conseils. Tant mieux s'ils trouvent à la maison le soutien qui leur est nécessaire : trop de jeunes délinquants, trop de filles précocement désabusées, viennent de ménages dissociés où manquèrent l'une ou l'autre — quelque fois les deux — de ces figures parentales dont ils auraient eu tant besoin.
Sans les heurter de front, sans se moquer non plus ni mettre en doute la valeur de leurs sentiments, on pourra les amener à réfléchir sur ce qu'ils éprouvent, à leur faire prendre conscience de certains problèmes, à les mettre s'il le faut en garde : mais il y faudra beaucoup de temps, de patience, de sérénité : c'est ici le couronnement de l'éducation sexuelle*.
Nous sommes maintenant au seuil de la vie d'homme et de femme. La maturité et l'épanouissement seront pour une large part le résultat de la façon dont chaque étape a été franchie.
EXCISION
Petite ablation rituelle pratiquée encore de nos jours sur les organes génitaux externes de la jeune fille, généralement sur le
clitoris, dans plusieurs pays africains, elle n'est cependant pas
aussi généralisée que la circoncision* chez l'homme.
Elle donne lieu à des explications divergentes.
EXCITANTS SEXUELS
Il n'est évidemment pas question de donner ici une liste complète des aphrodisiaques, de tout temps en usage — et augmentés aujourd'hui de produits homéopathiques et d'hormones synthétiques — par les défaillants génitaux. Car cette énumération serait interminable : depuis la laitance de l'humble maquereau jusqu'à la cantharide, poudre d'insecte desséché qui sert à fabriquer en France les « pastilles galantes » et, en Angleterre, la « love powder » (poudre d'amour), en passant par le radis noir, la sariette (ou herbe de satyre), le céleri cru en branches, la « Muska Voda » (ou eau virile de Klavady, petit village d'Herzégovine), le lait de chamelle, les amandes de pin parasol, l'anis étoilé, les morilles fraîches, le miel d'oignon, etc, etc. Quelques grains de lavande mélangés au tabac d'une cigarette feraient de son fumeur un surhomme. Ovide, dans L'art d'aimer, recommandait déjà les bulbes de glaïeul ou de jacinthes, crues à la vinaigrette ou frits dans l'huile d'olive, et Galien notait que les truffes « disposent à la volupté ». En Indochine, on vend des dragées, des tablettes de chocolat qui contiennent de l'yohimbine et de l'hydrochloride pouvant augmenter les aptitudes génésiques de l'acquéreur — et surtout les désirs de l'être qu'il convoite.
Il paraît bon de réfléchir plutôt aux diverses causes habituelles pouvant, chez les jeunes, exacerber un instinct encore — relativement — tenu en laisse par nos conventions sociales.
Parmi les excitants physiologiques, on peut citer :
— une alimentation trop abondante, surtout trop riche en viandes, poissons, coquillages et, très particulièrement, crustacés ; ou encore en féculents, qui favorisent la constipation, source d'échauffement de la zone génitale ; ou encore, soit trop épicée (poivre, vinaigre, etc), soit arrosée de boissons stimulantes ;
— les climats trop vifs pour les sujets nerveux (montagne au-dessus de mille mètres, rivages maritimes éventés) ou fertiles en orages (romans et films situent souvent, et non sans raisons, les premiers rapports sexuels à la lueur d'éclairs célestes, dans l'odeur entêtante du foin) ;
— les couchers trop tôt ou les levers trop tard, avec toutes les rêvasseries qu'ils provoquent dans une semi-conscience, de même que les siestes trop prolongées, dans la solitude ou à plusieurs, notamment sous une tente ;
— les vêtements trop serrés, comme les lits trop mous ou trop couverts, autre cause de congestion génésique ;
— les bals, sauteries, surprise-parties*, surtout lorsqu'ils s'accompagnent de l'absorption d'alcool* ;
— même les activités sportives : calmantes à doses raisonnables, elles deviennent surexcitantes lorsqu'elles sont immodérées ;
— les caresses très douces, y compris par le père ou la mère, surtout à certaines heures particulièrement « sensibles », le soir et le matin ;
— enfin, naturellement, les états chroniques « nerveux », névrotiques, pré-psychotiques, qu'il revient à la médecine et à la pharmacie d'apaiser.
Au nombre des excitants psychologiques figurent, pour les couples les plus normaux, d'innombrables éléments, par exemple des mots tendres ou, à l'inverse, obscènes mais admis par les deux partenaires et, pour les jeunes :
— les conversations grivoises entre eux, ou d'adultes en leur présence, parce qu'ils comprennent les sous-entendus plus qu'on ne le suppose d'ordinaire ;
— la vue de la nudité et plus encore peut-être de la semi-nudité, notamment sur les plages ; celle de photos, d'affiches, de films, d'images, de tableaux, de statues, de spectacles, comme la lecture de livres ou simples récits chargés d'érotisme et qui, tels en France Les filles de Loth ou la prétendue Lettre de Madame de Sévigné sur sa nuit de noces, circulent sous les manteaux juvéniles ;
— la proximité de rapports sexuels entre animaux ou entre êtres humains (dont les parents) ;
— l'initiation, souvent très insistante, par des camarades qui proposent, voire imposent ;
— l'« isolement à deux », par exemple dans un refuge de montagne ou un petit bateau de plaisance ;
— le besoin de consolation du sentiment d'être abandonné, mal-aimé, incompris, injustement traité.
Une ferme et vigilante affection des parents est donc nécessaire tandis que se recommande, lorsque certaines des causes énumérées ci-dessus ne peuvent être évitées et que leurs résultat*
inquiètent vivement, le recours à de sérieuses mises en garde comme, au besoin, à des remèdes sédatifs, jouant le rôle d'« anaphrodisiaques ».
EXHIBITIONNISME
Par curiosité, des garçonnets et fillettes comparent entre eux leurs organes génitaux. Pour gagner de l'argent, mais non toujours sans dégoût, des femmes, parfois des adolescents, exposent les leurs dans des cabarets ou music-halls (voir « strip-tease »). Il en va de même chez les prostitué(e)s. Tout différent est le cas des hommes, jeunes ou vieux, qui soudain se dénudent, comme par appel ou défi.
Dans des lieux publics (bois, jardins, vespasiennes, trains, autocars, même églises) ils éprouvent une jouissance morbide à montrer leur verge, d'ordinaire en érection*, presque toujours à des femmes, des jeunes filles ou des enfants, qui peuvent en être fort impressionnés. Souvent ils se masturbent. Chaque police locale possède une liste de tels obsédés, régulièrement conduits devant les tribunaux correctionnels pour outrage à la pudeur.
Cette pitoyable manœuvre obéit, chez certains, à une sorte de « raptus » irrésistible, de type épileptique, pendant des périodes que le sujet sent approcher sans pouvoir s'en défendre. Le même phénomène se produit d'ailleurs dans maintes autres « perversions » sexuelles — et même pour beaucoup des pulsions génitales « ordinaires ». Il peut aussi ne se manifester, par privation d'activités génésiques à deux, que durant la « crise » de la puberté, donc finir avec celle-ci.
Des formes indirectes et moins agressives de l'exhibitionnisme consistent à montrer des photos, des dessins, des récits érotiques à des personnes, parfois des enfants, qui ne les désirent pas et s'en trouvent très choquées ; pour les femmes, jeunes filles ou fillettes, voire garçons, à étaler leurs charmes physiques de manière très provocante.
FABULATION SEXUELLE
Des femmes délaissées font croire à tort, et jusque devant les tribunaux, qu'elles ont été l'objet d'attentats à leur pudeur*.
Certaines sont mythomanes, c'est-à-dire menteuses de bonne foi. Mais, beaucoup plus souvent, ce sont des jeunes qui travestissent ainsi les faits pour attirer l'attention sur elles ou eux. Des livres, des films ont montré à quels risques de ce genre s'exposent en particulier les éducateurs. Les magistrats le savent en général. Aussi n'accueillent-ils d'ordinaire qu'avec circonspection les plaintes ou les témoignages juvéniles, spécialement dans ce domaine.
Certains garçons ou filles, à partir d'un détail sans importance, voire même sans aucun point d'appui, sont capables d'imaginer complètement les agressions sexuelles dont ils auraient été victimes. Ils en parlent à des camarades, qui le répètent à leur manière. Nourrie de l'adage, pourtant si discutable, « la vérité sort de la bouche des enfants », l'opinion se met en branle, et surtout, bien entendu, dans les petites localités. Pour peu que des luttes politiques ou religieuses s'en mêlent, que la police ou la gendarmerie soit impatiente d'« aboutir », de graves erreurs de jugement peuvent être commises.
Instruite par l'expérience, l'Administration, dans certaines écoles, impose aux maîtres de ne jamais recevoir un élève sans qu'un autre adulte soit présent à l'entretien. C'est en tout cas la plus grande prudence qu'il semble falloir recommander aux grandes personnes, dans leurs contacts privés avec les jeunes.
FACTEUR RHESUS (Rh)
Les travaux des savants Landsteiner et Weiner sur le sang ont permis de constater qu'il existait dans l'espèce humaine plusieurs groupes sanguins et d'établir ainsi plusieurs systèmes de classification de ces groupes. Les plus importants et les plus connus sont le système A. B. O. et le système Rh (rhésus), le plus intéressant ici, compte tenu de ses répercussions dans le déroulement de certaines grossesses, et sur l'enfant à la naissance.
Le sang se compose très schématiquement d'un liquide (le plasma, qui contient du sérum) et d'éléments solides en suspension (les globules rouges, les globules blancs, les plaquettes). Si les sangs de deux personnes de groupes différents se mélangent, les globules rouges peuvent s'agglutiner. A l'issue de cette agglomération entre une substance présente dans le sérum du sang (agglutinine) et une substance correspondante dans les globules rouges (agglutinogène), il y a hémolyse, c'est-à-dire destruction des globules.
L'incompatibilité des sangs entre un homme et une femme de groupes Rhésus différents peut entraîner chez la mère, après une ou deux gestations normales des avortements répétés. Le nouveau-né, lui, peut souffrir d'une prédisposition à faire une « maladie hémolytique » extrêmement grave. Celle-ci nécessite le plus souvent le recours à une « ex-sanguino transfusion », c'est-à-dire au remplacement total de son sang par un autre sang du groupe adéquat.
On voit l'importance primordiale à faire établir au plus tôt, par un laboratoire, le groupe sanguin (en particulier Rhésus) du futur père et de la future mère. Cet examen simple (et indolore) permet au couple de prendre au besoin et après avis médical, toutes les dispositions nécessaires pour que la grossesse et la naissance de l'enfant se déroulent bien.
FECONDATION (voir : grossesse)
FELLATIO
Appelée cunnilinctus* (ou cunnilingus) lorsqu'elle s'applique aux parties génitales de la femme, cette pratique consiste dans le léchage et la manœuvre de la verge (accessoirement de l'anus) par la bouche d'une femme ou, en cas d'homosexualité, par celle d'un homme.
Tenue pour honteuse par beaucoup de gens, qui la supposent du domaine exclusif de la prostitution (« faire un pompier »), elle est pourtant fréquente dans le rapport charnel, surtout parmi les personnes les plus cultivées — et, semble-t-il, depuis toujours. On la voit en effet célébrée dans des récits, des poèmes ; reproduite sur de très anciennes fresques ou peintures, sculptures de l'Egypte, du Japon, de la Perse, de l'Inde, de Rome, etc.
Cléopâtre était célèbre pour son art à la pratiquer (la longueur de son appendice nasal n'est ainsi, sans doute, qu'un pudique euphémisme) et le moine Raspoutine pour son goût à en être l'objet. Certaines nourrices endorment ainsi le petit enfant confié à leurs soins... Des dermatologues ont parfois à soigner des boutons dus à un rouge à lèvres de mauvaise qualité.
Si cette masturbation buccale est exigée par un homme à un(e) partenaire y répugnant, elle traduit de sa part une forme de
sadisme* — et, de la part de la fellatrice ou du fellateur éprouvant un plaisir morbide à s'y soumettre, par humilité, une forme de masochisme*. Si elle est ou devient la seule méthode de satisfaction génésique, elle prend la forme d'une névrose.
Mais, le plus souvent, elle ne constitue qu'une des phases du commerce génital et elle répond à une attraction amoureuse très forte, instinctive, où le sentiment est loin d'être exclu, même — et parfois surtout — quand la semence mâle est avalée, complètement ou en partie. Il est vrai que certains hommes persuadent leur compagne que cette spermophagie constitue une excellente méthode pour acquérir de beaux seins...
Lorsque, dans la conjonction hétérosexuelle, fellatio et cunnilinctus sont exercés simultanément, les partenaires étant couchés tête-bêche, le langage trivial recourt à l'expression « soixante-neuf ». Le même chiffre est employé en cas de fellatio ou de cunnilinctus réciproque, au même moment, dans la relation érotique entre inverti(e)s.
Enfin, s'il est très exceptionnel qu'un être humain suce ainsi le membre mâle d'une bête, l'inverse est beaucoup moins rare. Des animaux, notamment des chiens — qui le font d'ailleurs volontiers entre eux aux époques de rut — lèchent ainsi leur maître, jusqu'à l'éjaculation, sur sa demande (voir « bestialité »). Celle-ci peut être tenue pour maladive dans la mesure où le requérant serait capable d'observer sans grands efforts la continence ou posséderait d'autres moyens aisément accessibles, mais qu'il n'utiliserait pas, pour assouvir sa sensualité.
FEMINITE
C’est en premier lieu l'anatomie de la femme, avec ses caractéristiques sexuelles. On sait combien elle a inspiré les sculpteurs et les peintres de toutes les époques depuis les émouvantes « Vénus » préhistoriques de Lespugne ou de la Magdaleine, parmi beaucoup d'autres, jusqu'à leurs sœurs modernes et standardisées que sont les pin-up* des bandes dessinées, quelquefois aussi difformes que suggestives, ou se voulant telles (voir « seins »).
Quant aux écrivains, ils ne furent pas en reste. Nous aurons une pensée particulière à l'égard de ces « blasons du corps féminin » qui fleurirent au 16e siècle, sous la plume d'un Maurice Scève ou d'un Clément Marot notamment, et qui sont autant de poèmes à la gloire des diverses parties du « Corps de la Dame », des plus visibles aux plus habituellement cachées.
De nos jours, c'est un envahissement, voire une obsession : la plastique de nos compagnes est utilisée « à toutes les sauces », pour faire vendre n'importe quoi, y compris de l'illusion. Sur les écrans ou les magazines, la magie de corps savamment dénudés enflamme l'imagination des hommes, après avoir accroché leur attention (voir « érotisme »).
La mode, bien entendu, met en valeur, suggère.
Mais la féminité, c'est aussi une psychologie, une manière de vivre et de sentir. Certes le rôle des femmes a évolué à travers les siècles ; il diffère encore profondément suivant les latitudes et les civilisations.
Dans nos pays industrialisés, d'aucuns évoquent avec nostalgie le temps où les épouses et les mères étaient au foyer, attentives et soumises.
Les nouvelles charges qu'elles assument, les nouveaux types de relations qu'elles établissent dans et hors le couple*, peuvent amener sans aucun doute une perte ou un affaiblissement de ce qui fit leur originalité, leur richesse, leur attrait, dans la mesure où elles veulent se calquer sur les attitudes extérieures de l'homme et se substituer à lui dans ses responsabilités et sa manière de conduire les affaires.
Bon nombre de métiers n'exigent pas cependant une renonciation au charme, à la douceur, à la disponibilité, à la compréhension. N'y deviennent « virilisées » que celles qui, par caractère, par éducation avaient déjà de nettes tendances à aller dans cette voie.
Ce seraient plutôt la fatigue, les soucis de la profession, qui ne rendraient plus assez accueillante et détendue la femme dans le foyer.
Elle doit pourtant rester chaleur, lumière, rayonnement, tendresse, quelles que soient ses occupations.
C'est ainsi qu'elle sauvegardera sa féminité. Lorsqu'elle n'apporte plus au sein de la famille ce climat, on peut être certain que l'épanouissement des enfants sera toujours gravement mis en cause, quand ce ne sera pas l'équilibre du couple lui-même.
Le problème n'est donc pas qu'elle travaille à l'extérieur ou non, mais que, quel que soit son statut dans la société, elle puisse garder les qualités de cœur qui sont nécessaires au bonheur de ceux qui l'entourent et, par là même, à son propre bonheur.
FETICHISME
Au sens propre, le fétichisme est le culte rendu à un objet ou une personne dans le cadre de religions ou de superstitions déifiant ces objets ou ces personnes. En médecine mentale, ce mot désigne une particularité sexuelle, très principalement masculine. Le sujet qui en est atteint se trouve attiré de façon généralement exclusive par telle ou telle partie du corps ou du vêtement d'autrui. Il ne peut arriver à une satisfaction génésique qu'en fixant son attention ou son imagination sur elle seule. Par exemple, il ne sera sensible qu'aux mains ou à la chevelure d'une femme, mais parfois, au point de connaître l'orgasme* à la simple contemplation de gants, de moulages en plâtre, ou à la vue d'une étrangère se brossant les cheveux. Il pourra en même temps ressentir une répulsion à l'égard de la zone proprement génitale de sa ou ses partenaires. On a connu des femmes se masturbant face à des mouchoirs ayant recueilli la semence de leurs partenaires, ou à des poils coupés sur la toison pubienne de ceux-ci. D'autres collectionneront des sous-vêtements, quelquefois même les voleront à des inconnu(e)s.
Chacun comprendra l'attachement pour les seins, le ventre, pour des soutiens-gorge, des slips, voire pour un certain parfum, une certaine odeur, parce que les uns et les autres possèdent un rapport étroit avec la sexualité. Mais sont également « choisis » des endroits du corps ou des choses ne possédant à première vue aucun lien direct avec elle. Ils en détiennent cependant pour le fétichiste : quand il est possible de remonter dans son passé, on découvre dans les circonstances de son premier émoi sexuel, qu'il fût provoqué par lui-même ou fortuit, la présence de l'objet du fétichisme au même moment. Descartes, toute sa vie, ne put tomber amoureux que de loucheuses. Car louchait la première servante qui s'occupa de lui.
Le fétichisme trouve un aspect ou une signification érotique à certaines pièces de vêtement. La douceur du tissu, sa texture, peuvent lui rappeler la douceur de la peau d'une compagne. Les chaussures de femmes, accumulées par ses soins, lui provoquent souvent une forte excitation. On cite le cas d'un hétérosexuel qui se sodomisait avec le talon d'un soulier de sa maîtresse, d'un homosexuel qui se masturbait dans celui d'un coureur cycliste admiré. Désormais excitation génésique et objet sont indissolublement liés. S'est créé ainsi ce qu'on appelle un réflexe conditionné. La satisfaction se cristallisera de cette manière au point de devenir nécessaire à l'orgasme.
Cependant entre le pathologique et le normal s'étage un éventail de degrés. Le mécanisme qui vient d'être décrit ne se produit-il pas, de façon ténue, en chacun de nous ? Les voies d'accès vers la réalisation de notre sexualité, la coloration que nous lui donnons ne sont-elles pas étroitement liées à nos premières expériences en la matière ? Mais le fétichiste, lui, s'est en quelque sorte arrêté en route. Son évolution s'est bloquée.
Dans la Chine d'autrefois, toucher le pied d'une dame passait pour un geste osé, non équivoque sur les intentions. Voici peu, illustrés et vedettes de cinéma, surtout américains, mettaient l'accent sur les poitrines opulentes (voir « seins »). La mini-jupe sensibilise, elle, aux cuisses. Tandis que nos grands-parents parlaient pudiquement de la « chute des reins », les pays Orientaux continuaient de conférer aux fesses une forte charge érotique.
La préférence que porte l'homme à telle ou telle partie du corps de la femme (ou à telle particularité de son habillement) peut n'être donc nullement pathologique. Toute personne du sexe hier appelé « faible » n'essaie-t-elle pas de mettre en valeur ses « charmes » ? N'a-t-elle pas très vite appris, par les regards et les murmures flatteurs de ses compagnons, ce qui les attire particulièrement chez elle ? Elle doit savoir plaire à l'homme qu'elle aime, non seulement pour le conquérir mais aussi pour le garder (voir « couple »).
Les fétichistes « vrais » se rencontrent surtout chez les êtres nerveusement fragiles, à la sensibilité perturbée. La médecine peut ramener certains d'entre eux, si tel est leur désir, à une expression plus normale de leur sexualité. Trop souvent la honte, la timidité les empêchent de se confier au praticien. Aujourd'hui qu'une heureuse et combien nécessaire évolution enlève à ces conduites le carcan d'une injuste sanction morale, ceux qui en souffrent doivent savoir qu'ils peuvent être compris et aidés.
FIANÇAILLES
Garçons et filles pouvant se fréquenter très librement dans la plupart des cas et mieux se connaître qu'autrefois grâce à de nombreuses activités communes (études — sports — loisirs — métier), on peut se demander si cette coutume a encore sa raison d'être, en dehors du respect de certaines traditions (auxquelles les familles restent finalement très attachées). Il y a certes la bague à passer au doigt de l'élue (et pourquoi pas à celui de l'élu ?) en présence si possible des parents attendris.
Le temps des fiançailles n'est cependant pas inutile s'il est une étape qu'il ne faut souhaiter ni trop courte, ni trop longue — en dehors de circonstances exceptionnelles, elle ne devrait pas excéder une année — qui permet d'éprouver la solidité de l'affection et d'aller vers son approfondissement.
A la camaraderie, au flirt, a succédé un sentiment nouveau, plus ou moins tendre, plus ou moins bouleversant suivant les caractères*, mais qui semble bien être ce qu'on appelle l'amour. L'est-il réellement ?
Il est facile pour des jeunes, alors que l'instinct sexuel est à son apogée, de prendre pour tel le simple attrait physique avec les manifestations émotives qu'il engendre, (et notamment les battements de cœur).
On doit se méfier particulièrement du coup de foudre (voir « couple »). C'est par la recherche d'une meilleure connaissance de l'Autre que l'on dépassera le plan viscéral. Ce n'est pas pour autant le nier ou le mésestimer, mais si on envisage de bâtir une communauté solide, il faut bien entendu d'abord se plaire, être sincèrement attiré l'un vers l'autre, mais penser aussi que la vie du foyer compte aussi bien d'autres heures que celles passées dans l'intimité des corps.
C'est dans cet effort pour comprendre qu'est le germe d'un attachement sérieux.
Certes cela devra se poursuivre tout au long de la vie conjugale (voir également « couple »), mais si au départ on ne constate pas — et c'est une question de sentiment et non d'intelligence ou de niveau culturel — ce désir, cette volonté, on peut craindre que le démarrage de la vie à deux soit affecté d'un sérieux handicap.
Cette attitude de disponibilité et d'écoute — qui n'est pas l'apanage des fiancés — est grandement conditionnée par l'éducation reçue, les exemples vécus autour de soi.
Le temps des fiançailles devrait pouvoir permettre un commencement d'intimité, de réflexion commune sur les grandes options de l'existence. Il faut certes penser à une foule de détails : la situation, l'appartement, et sans doute à beaucoup d'autres choses dont il semble aujourd'hui qu'on ne puisse décemment se marier sans les posséder. La réalité quotidienne a ses exigences, qu'il ne faut méconnaître, mais cela ne remplace pas l'amour.
On « sait » qu'on aime. Cependant, il faut rester lucide. C'est un des moments les plus graves, les plus lourds de conséquences, surtout si on désire des enfants : car si jamais on s'est trompé, ce sont eux les victimes de nos erreurs. Il faut alors avoir le courage de demander conseil à ceux qui sont vraiment nos amis : nos parents, ou des parents, ceux de notre entourage dont nous connaissons le désintéressement et la droiture, mais qui ont aussi de l'expérience soit par leur profession, soit par leur réussite personnelle.
Il est souhaitable que les fiancés soient séparés pendant quelque temps. Loin de la présence de l'être aimé, on évalue mieux ce qu'il représente pour nous. Et quelquefois le « loin des yeux » devient le « loin du cœur ». Il sera prudent dans ce cas de reprendre sa liberté.
Un voyage à deux peut être aussi très profitable, car vivre plusieurs jours ensemble fait vite sauter les vernis (si vernis il y a). Mais cela pose de façon plus aiguë le problème des relations sexuelles avant le mariage. Cela d'autant plus que si les fiançailles se prolongent quelque peu, le désir d'un rapprochement total se fait de plus en plus vif.
Certes la crainte d'une grossesse non souhaitée s'estompe. Une meilleure connaissance des périodes fécondables chez la femme, la vulgarisation des méthodes contraceptives diminuent très sensiblement ce risque, si elles ne l'éliminent pas complètement. Mais on peut aussi avoir d'autres raisons, d'ordre spirituel notamment, pour ne pas vouloir réaliser des rapports préconjugaux. Dans la position des Eglises, il y avait cependant la protection de la femme et de l'enfant que l'égoïsme masculin laissait souvent dans un grand désarroi. Nul doute que les profondes mutations de notre temps, autant que la régulation des naissances, modifieront l'optique des générations qui montent et donc de l'ensemble de l'opinion publique à l'égard de ce problème.
Il serait hâtif toutefois d'en conclure qu'il est souhaitable que les fiancés vivent intégralement une vie de couple avant le mariage. C'est aux intéressés eux-mêmes à prendre leurs responsabilités en fonction de leurs convictions, de leur âge, de leur maturité, des conditions dans lesquelles ils se trouvent. L'essentiel du problème est le respect de la personnalité de l'Autre, plus que le tabou de la virginité. En cas de rupture, surtout chez la jeune fille, la déception sera plus grande et le choc plus lourd si elle s'est « donnée ». Et le mot dit bien ce qu'il veut dire.
On ne peut donc qu'inciter les jeunes gens à la réflexion et à la prudence. Il est bon qu'ils apprennent à ne pas céder à toutes leurs impulsions, non par formalisme désuet, mais parce qu'ils ne peuvent être vraiment adultes qu'à ce prix.
Toute l'éducation sexuelle de nos enfants doit tendre vers ce but.
Ce que nous venons de dire des relations sexuelles avant le mariage pour des fiancés, s'applique à plus forte raison pour des jeunes qui ne le sont pas.
FLAGELLATION
Recevoir (ou donner) des coups de fouet ou de cravache, se faire frapper de verges ou d'orties, paraît très éloigné de l'idée de plaisir. Pourtant la flagellation est nécessaire à certains pour arriver à l'orgasme*, soit qu'elle le déclenche, soit qu'elle agisse comme simple préparation au rapport sexuel (voir « sadisme » et « masochisme »).
Romans érotiques, bandes dessinées, films, relatent des confessions, montrent des personnages qui ont ce plaisir. Les célèbres fessées des romans de la Comtesse de Ségur ne sont pas spécialement recommandées par les psychologues.
Les stimulations du bas de la colonne vertébrale éveilleraient les centres nerveux mis en jeu dans la phase d'excitation génitale.
On ne peut parler de perversion (voir « anomalies sexuelles ») que lorsque les partenaires n'arrivent à la jouissance que de cette façon.
La flagellation figure aussi dans l'arsenal des fantaisies ou des épices, destinés à réveiller un instinct émoussé par des excès génésiques.
Intervenant lors des premières expériences amoureuses, elle peut conditionner chez les jeunes toute leur vie sexuelle d'adulte et rendre très difficiles des formes plus habituelles de satisfaction.
FLIRT
Ce mot anglais s'est imposé dans la langue française depuis bien longtemps. Il n'y est pas encore détrôné par le mot américain « dating » (prise de rendez-vous), ni par celui de « petting » désignant d'ailleurs des avances plus audacieuses. Il prend sa signification lorsque, pubères*, le petit veau devient taurillon et sa compagne volontiers séductrice. Et ils le deviennent beaucoup plus rapidement que jadis, avec des changements plus nombreux de partenaire.
Selon le caractère* des jeunes gens, mais aussi les circonstances, le cadre, le flirt conserve un caractère romantique ou à l'inverse ne signifie, mais surtout de la part de garçons, qu'une recherche de plaisir voluptueux. Et si elles sont sentimentales, comme souvent (elles ne parviennent d'ailleurs que tard à l'orgasme), les jeunes filles en souffrent — au point de se refuser parfois pendant des années à des liaisons affectueuses.
Prélude à l'Amour avec un grand A, il peut déboucher sur des fiançailles*. Mais d'ordinaire il n'est qu'un jeu passager au collège ou à l'atelier mixte, pendant les week-ends, les vacances*, à la suite notamment de surprises-parties*. Beaucoup d'adolescent(e)s s'estimeraient dévalorisées de ne pas avoir, et donc de plus en plus jeunes comme aux u.s.a., leur « date » : leur « girlfriend » ou leur « boy-friend » c'est-à-dire leur petit(e) ami(e).
Les éducateurs se doivent d'avoir un œil sur ces tâtonnements pour empêcher si possible qu'ils n'aillent trop loin, et consoler en cas d'échec ou de rupture qui seraient douloureusement ressentis.
Lorsque, dans de tels essais, les contacts physiques tiennent une place dominante, ils peuvent donner lieu, aussi bien sous l'eau d'une piscine que dans la pénombre d'une salle de cinéma, aux caresses sur toutes les parties du corps — ce que les Américains appellent le « lourd pelotage » — et aux rapports sexuels complets, dits pré-conjugaux. Pour y parvenir, la plus grande liberté de mouvements qu'hier dont disposent les jeunes est renforcée par celle que leur offrent maintenant des endroits aussi discrets que le fond d'une automobile ou celui d'un bateau de plaisance. Les moyens anti-conceptionnels* sont bien entendu souvent utilisés et l'on voit des mères, jusque dans les « meilleures familles », en pourvoir elles-mêmes, par prudence, leur progéniture. Ces moyens ont beaucoup fait fléchir le nombre des virginités avant le mariage, comme ils ont vivement accéléré la « révolution féministe ».
Cf. Dictionnaire d'éducation familiale (chez Privat)
ENFER (des bibliothèques)
De même que certains musées sont pourvus d'une arrière-salle où ils découvrent, aux yeux de personnes bien introduites, des peintures ou sculptures susceptibles de faire rougir des visiteurs ordinaires, les principales bibliothèques publiques disposent d'un lieu où elles classent les ouvrages d'un érotisme* jugé trop vif, au moment considéré, pour le commun des mortels. N'y ont accès que les adultes recommandés.
Après, paraît-il, celles du Vatican (25 000 volumes), du British Muséum à Londres (20 000) et de l'institut Kinsey dans l'Indiana, la Bibliothèque nationale, à Paris, recevant en vertu de la loi tout ce qui s'imprime en France, possède en la matière une des documentations les plus complètes existantes. C'est là que se