—Comme tu as supporté ce long voyage! dit Hervé avec admiration. On dirait que la fatigue n'a pas de prise sur ton corps de fer! Et ce cher Yves!... Ses travaux, à lui usent plus, je pense, que le labeur de la terre....
—Oui, mais on remporte des victoires! dit le maire avec effort.
Il cherche un moyen de dire à son frère qu'il regrette le passé.... L'abbé, qui le devine, s'éloigne un peu pour causer avec Léna et Séverin. Alors Alain se penche, une sueur venant à son front.
-C'est un doux, que l'abbé.... Mais il est dit que les doux posséderont la terre.... Et il est venu remuer la terre inculte de mon cœur, de ce cœur trop dur.... Il est prêtre, et nous devons l'écouter.... Tout est oublié, Hervé? dit-il d'une voix que la honte et l'angoisse étranglent.
Hervé passe son bras autour de ce cou robuste.
—J'avais des torts, et tu avais des droits! dit-il doucement.
Mais cette douceur même acheva de briser le cœur altier du maire.
—Hervé! ne parle pas ainsi! Maintenant je vois clair! Dis-moi que tu ne m'en veux pas!
—Mais je ne t'ai jamais blâmé, dit Hervé, dont les clairs yeux bleus eurent une lueur de tendresse.
Alors, la tête sur l'épaule de son frère, pendant deux ou trois secondes Alain pleura....
—Vous oubliez l'heure! dit l'abbé, se rapprochant. Pour moi je ne puis prendre ma part des bonnes choses qu'a préparées Léna, car il y a longtemps que minuit est passé, et je compte bien dire ma messe à Saint-Marc; mais le maire a grand'faim, j'en suis sûr....
—Vous n'allez pas nous quitter.... Vous avez été si bon! dit Léna à Séverin, qui prenait son chapeau pour partir.
Il la regarda.
—Faut-il vraiment que je reste?
—Oh! oui! Vous avez été pour nous le meilleur des amis!...
Encore une fois, il s'assit à sa table. Le curé causait avec Hervé, qui ne prenait rien, et Léna prit place entre son oncle et Séverin. Un poids était ôté de l'esprit du maire. Il lui semblait que de longues années de rancune étaient supprimées de sa vie, et, trompé lui aussi en voyant son frère debout, n'ayant d'ailleurs aucun point de repère pour constater que la maladie l'avait changé, il s'abandonnait à la joie de le revoir, au plaisir maintenant pleinement senti de retrouver sa nièce, et à la satisfaction intime d'une conscience apaisée.
Il sympathisa tout de suite avec Séverin, dont l'abbé lui avait parlé avec enthousiasme. Il lui exposa ses principes, le but auquel il avait voué sa vie; puis, se tournant vers sa nièce, il lui demanda à brûle-pourpoint si son père se plairait à la campagne.
—Car j'ai l'intention de vous ramener au Coatlanguy, naturellement! ajouta-t-il. Si tu n'as pu être la «fille d'honneur» de Loïzik, c'est toi qu'elle prendra comme marraine de son premier enfant, et Hervé aura peut-être le même succès, en peignant un baptême breton, que les journaux lui ont fait pour ton portrait en Fouesnantaise, Lénik....
Il allait inviter aussi Séverin dans un élan de cordialité; mais il se rappela à temps ce qu'il leur en avait coûté d'introduire au manoir «un monsieur de Paris,» et il retint à temps son invitation.
Il fut sensible à la pensée qu'avait eue Léna de lui faire des crêpes de dentelle, et désigna d'un geste un panier posé près de la porte.
—Si précipité qu'ait été mon départ, ma fille, la bonne petite Loïzik a pensé à toi. Il y a là du beurre frais et un gâteau.... Je crois que ce n'est pas le premier envoi qu'elle te fait.... on ne me trompe pas facilement, même quand il me plaît de fermer les yeux, dit-il en souriant.
Une heure après, il dormait sur son oreiller de laine. Appuyé contre les nombreux coussins amoncelés sur son lit, son frère le regardait avec ravissement.
Léna pria une partie de la nuit. Quant à Séverin, il ne se coucha même pas, et demeura tranquillement à sa fenêtre, regardant briller les lumières sur le canal, puis épiant au ciel les premières lueurs de l'aurore.
De grand matin, la jeune fille conduisit à l'église le bon curé, qui poussait à chaque pas des exclamations de surprise. Il tomba à genoux au seuil de la basilique, pénétré d'une émotion profonde, presque inattendue, puis se dirigea vers la sacristie, pour montrer son celebret. Comme il revenait vers l'autel de la Nicopeja, revêtu des ornements sacerdotaux, Séverin, sortant de l'ombre, dit un mot aux choristes, et s'agenouilla sur la marche pour répondre la messe....
Tout cela était la réponse de la Sainte Vierge, de la Mère si tendre que Léna avait invoquée. Mais elle ne savait pas encore le sens complet de cette réponse, ni ce que signifiait, devant cet autel où elle était venue, désolée et éperdue, la présence inattendue de Séverin.
XLII
La journée fut étonnement bonne; le docteur constata un relèvement de forces inespéré, et avoua à Léna que, averti par Séverin et redoutant pour son malade une émotion trop vive, il était venu, la nuit précédente, sans vouloir d'ailleurs se montrer, pour le cas où une subite défaillance se serait produite.
Hervé et Alain ne se quittèrent guère, et le curé était naturellement en tiers dans leurs souvenirs. Ils revivaient leur enfance, ils redisaient les noms des vivants, et rappelaient ceux des morts. Cela semblait étrange à Léna de les entendre. Elle se rendait compte, non sans une certaine mélancolie, que dans cette évocation d'un passé, elle n'avait pas sa place, et que, malgré toute sa tendresse et son dévouement, elle ne pouvait donner à son père l'inexprimable joie qu'il goûtait en ce moment.
—Il faudra, dit tout à coup Hervé, s'arrachant à cette conversation si douce, que Léna vous montre Venise.
—Oui, dit le maire gaiement, car nous ne pouvons prolonger notre séjour,—ni Yves, qui est attendu par ses apaches et ses vauriennes, ni moi, qui ai des ouvriers là-bas.... Mais naturellement, Hervé, je t'emmène!
Léna, rougissant d'émotion, regarda son père. Il attachait sur Alain des yeux un peu troublés.
—C'est bien loin! dit-il de sa voix douce et lassée. J'ai ardemment désiré retourner chez nous, mais il me semble que le Coatlanguy est venu à moi.... J'y ai vécu depuis hier.... Tout ce qui m'entoure s'est transformé: il me semble que je vois devant moi nos grandes cheminées, nos lambris de chêne noir, et nos poutres solides et tordues ondulant au-dessus de ma tête.... J'entends les cloches de Lanrouara, et ma mémoire me rend les chansons de nos jeunes filles battant le linge au lavoir....
Le cœur d'Alain se serra.
—Tu ne me feras pas le chagrin de rester ici! Loïzik a déjà mis des draps à ton lit, et les marguerites dont elle veut te faire des bouquets seront vite passées.... Léna doit assister au pardon, et, pour une fois, elle se mettra en Fouesnantaise, afin de plaire à son vieil oncle!
Hervé détourna brusquement son regard.
—L'été va me rendre des forces, dit-il d'un ton qui voulait être confiant. Et alors, j'irai te retrouver.... Ou bien, tu me feras un sacrifice, et tu attendras....
Attendre... quoi? Un frisson agita le maire.
Hervé regarda le curé, et reprit avec un accent léger, presque joyeux:
—Je veux guérir vite, naturellement.... Et j'ai résolu de m'unir aux prières de ma chère fille.... Le docteur ne veut pas que je sorte le matin.... Mais le bon Dieu descend vers les souffrants, et le Padre Matteo viendra... demain; c'est arrangé avec Yves.
Il y eut un silence. Une lumière cruelle se faisait tout à coup en Léna. Brusquement, le danger lui était révélé, un danger pressant, imminent, que son père savait sans avoir voulu le dire. Elle contint, à force d'énergie, le cri de douleur qui venait à ses lèvres, et essaya, comme lui, de parler d'une voix calme et joyeuse.
—Oh! que c'est bien, père chéri! le Tout-Puissant médecin achèvera votre guérison!
—Il faudra que ce soit dans l'atelier, ma fille.... Tu y mettras des fleurs, tu allumeras la lampe antique en argent et les vieilles torchères.... Je voudrais que tous ceux que j'aime fussent là....
Il la regardait avec des yeux qui la priaient, et répéta: «Tous!»
—Vous voulez dire.... M. de Salles, père? dit-elle avec effort.
—Oui, oui! C'est un vrai ami....
Il effleura d'un regard les visages consternés, contractés, qui l'entouraient, et reprit avec sa douceur sereine:
—Souvenez-vous que le bon Dieu peut me guérir très vite, et que j'assisterai peut-être au baptême de l'enfant de Goulven! Alain, j'ai à te parler....
Alain s'approcha, et Léna, bien que son père parlât à voix basse, surprit ses paroles.
—Je voudrais te dire quelque chose de mes collections et de mes tableaux. Ce sera une petite fortune pour Léna, et M. de Salles te donnera à ce sujet....
Elle ne put en entendre davantage. Elle s'enfuit de la chambre et entra dans l'atelier, en proie à une douleur qui, enfin, éclatait en pleurs désespérés.
Ainsi, c'était fini! A moins d'un miracle, elle allait perdre ce père à peine entrevu! Elle ne se souvenait plus, en ce moment, des lacunes ou des imperfections de cette nature un peu faible, qu'elle avait jugée dénuée de profondeur.... Elle se rappelait seulement cette douceur inaltérable, cet esprit facile et brillant, et ce courage passif qui lui faisait dissimuler ses souffrances et jusqu'aux affres de la mort pour lui épargner une angoisse.
Elle n'entendit pas la porte s'ouvrir, mais une impression subtile lui révéla qu'elle n'était plus seule, et, levant vivement la tête, elle vit devant elle Séverin de Salles.
Il était en pleine lumière, éclairé par le jour cru de la grande baie ouverte, et elle remarqua malgré elle qu'il était très changé, de la manière dont vous change non la fatigue ou la maladie, mais une souffrance intime. Elle eut un élan vers lui, instinctivement sûre d'être comprise.
—Je sais... oh! je sais maintenant qu'il va mourir!
Il n'essaya pas de la tromper. Il prit sa main, et attacha sur elle un regard profond, animé d'une expression qu'elle ne lui avait pas connue.
—Je suis revenu parce qu'il me l'a demandé, parce qu'il savait ce que vous alliez souffrir....
Elle essaya brusquement de retirer sa main, mais il la tint plus fort.
—...Et puis, reprit-il, il me semble que, maintenant, j'ai le droit de me tenir avec vous à son chevet, de pleurer comme vous et d'adoucir vos larmes, parce que....
Il s'arrêta, respirant plus vite....
—Parce que j'ai enfin vu clair en moi, et que le cœur que j'avais cru mort vous aime chèrement, Léna, aussi ardemment qu'il a pu aimer aux jours de ma jeunesse....
Cette fois, elle retira brusquement sa main et baissa rapidement les yeux; mais une couleur plus vive s'étendit sur ses joues, et elle garda le silence.
—Donnons-lui, reprit-il d'une voix qui, elle aussi, résonnait, inconnue, à son oreille, donnons-lui la joie de voir réaliser ce qu'il avait deviné.... Ce n'est pas profaner votre douleur, c'est adoucir ses derniers jours, les illuminer.... Je ne puis penser que vous m'aimez; mais si, moi, j'ai pu renaître à la vie, il y a dans mon âme assez de puissance et de tendresse pour éveiller en vous le sens oublié du bonheur....
Alors, elle leva lentement son regard vers lui, et soudain il y lut le secret de son cœur.
XLIII
Un jour nouveau a lui.
Hervé n'a pas dormi, mais il dit en souriant qu'il n'a pas eu trop de temps pour savourer ses bonheurs. Séverin est venu, de grand matin, aider Léna à dresser un autel, et le malade suit d'un œil attendri leurs préparatifs.
—J'aime à voir ce que j'ai aimé servir à cet usage avant d'être dispersé.... C'est une part de la dot de Léna.
—La dot de Léna? répète Séverin. Mais non pour qu'elle l'échange jamais contre de l'argent! Si Dieu nous écoute, nous jouirons avec vous de ces trésors. Jamais ils ne nous quitteront.
Le peintre sourit, effleurant un instant du regard ce qui l'entourait, puis il abaissa ses paupières et se recueillit en silence.
Alors le vieux capucin entra, et déposa sur l'autel improvisé le Viatique sacré. Mais ce fut l'abbé Yves qu'il laissa adresser au mourant une dernière parole.
Cette parole, suprême encouragement de l'âme apaisée qui allait partir, fut la même qui avait changé le cœur altier d'Alain.
—«La paix soit avec vous!» Tu la goûtes déjà, mon ami, mon frère.... La terre ne te l'a pas donnée; mais voici l'heure de la joie et de la lumière. Celui qui va reposer sur ton cœur a rassemblé près de toi les amis de ton enfance, et celui qui va être le protecteur de ton enfant: c'est là le prélude de la réunion éternelle.... Car notre Dieu bon admet dans son paradis même les joies de la terre transfigurées: ton cher et saint patron, au milieu de son bonheur de voir le Christ et sa Mère, s'attendrissait de retrouver ses parents et ses Bretons ar Baradoz!
Le vieux moine, prenant le ciboire d'or, déposa la nourriture sacrée sur ces lèvres mourantes, et la pensée de l'au-delà plana sur cette scène où la vie, une vie mystérieuse et puissante, avait, après tout, raison de la mort....
—Alain!
Le maire s'approcha. Ses paupières paraissaient sanglantes, brûlées qu'elles étaient par les larmes amères, corrosives, qu'il avait versées.
—C'est toi qui la conduiras à l'autel, dit Hervé d'une voix qui s'affaiblissait.
Un sanglot échappa à cet homme qui s'était cru impassible, et il se laissa glisser sur ses deux genoux.
—Jamais je ne me consolerai si je ne te ramène pas au Coatlanguy!
—Si, il faudra te consoler, car je ne regrette plus rien. Le bon Dieu me le montrera de là-haut.... Il permettra à mon âme d'aller errer autour de votre foyer, d'être présente dans vos bonheurs et vos peines.... Tu m'as donné une joie suprême, sois-en béni!
Léna et Séverin s'agenouillèrent à leur tour, et il leva la main pour les bénir....
Oh! toute pensée qui ne l'eût pas eu pour objet aurait semblé sacrilège à sa fille! Seulement, elle éprouvait une douceur à sentir sa douleur partagée.
Il sembla mieux, après avoir reçu les onctions suprêmes. La journée fut calme, entrecoupée de sommeils légers. Une fois, il murmura des paroles presque incohérentes; son frère, se penchant sur lui, entendit le nom de sa mère, et ces paroles: «Tiens la main de ton frère....»
Et, en effet, le frère aîné garda dans la sienne cette main que sa chaude pression empêchait de se glacer.... Il la garda jusqu'à la fin....
XLIV
SÉVERIN DE SALLES A LA COMTESSE BOLOMEI.
«Le Coatlanguy, 13 juillet 18..
«....Si hospitalière qu'ait été pour lui votre Italie, il ne pouvait dormir en terre étrangère, notre cher grand artiste.... Il a franchi une fois encore le seuil paternel, et a reposé une nuit sous les solives noircies qu'il avait revues dans ses rêves. Ses Bretons ont défilé pieusement devant son cercueil, tels qu'il les avait retracés sur les toiles que vous aimiez, et sa fille a suivi son convoi, couverte de sa mante, selon le rite du deuil de son pays.
»Vous avez été si secourable à ma chère Hélène, vous avez eu tant de part à ce qui nous a rapprochés et unis, que je sens le besoin de vous associer à toutes ces émotions, poignantes, à la vérité, mais sur lesquelles plane la douceur infinie de notre amour.
»Jamais je n'oublierai de quel cœur vous avez accueilli ma fiancée, de quelle main douce et habile vous avez façonné sa riche nature; jamais, surtout, je ne saurai trop vous dire merci, pour avoir déchiré les voiles qui me cachaient à moi-même l'aspiration de mon cœur.
»Je suis heureux, oh! profondément, avec quelque chose de plus intime, de plus haut, de plus sûr, que je n'avais pas connu dans le triste roman de ma jeunesse. Je m'appuie sur Léna comme sur le granit de son sol, et ce qui nous lie survit à ce monde.
»Que vous dirai-je du cadre étrange dans lequel, pour un peu de temps, je l'ai replacée? Avec votre largeur d'esprit, votre acuité de sentiment, votre sens subtil de la poésie, vous aimeriez ce cadre, si différent qu'il soit de votre patrie. Au sortir de vos palais de marbre, les murs gris de ce vieux château sont pauvres et sévères; les antiques bahuts sculptés semblent barbares auprès de vos cabinets incrustés, et les seuls tableaux qu'on y voie sont les paysages austères qui s'encadrent dans les fenêtres à meneaux: collines aux tons bruns et ternes, arbres grêles, ciel gris-perle, touffes d'ajoncs. Cependant, encore une fois, vous en goûteriez l'âpre poésie, de même que vous comprendriez ces rudes natures éprises de devoir, concentrant leur force en une idée qu'elles poursuivent sans dévier.
»Je sens par quelles racines, par quelles fibres ignorées d'elle-même Léna tient à ce sol qu'elle avait un jour rêvé de quitter; je ne l'en détacherai pas. J'y bâtirai pour elle une demeure où elle viendra, chaque année, dire à ses chers paysans que la Bretagne est la plus douce, la plus belle, la plus prenante des petites patries, et où un jour, je l'espère, nos enfants s'imprégneront de foi et de vaillance.
«J'aime cette vie rustique; il me plaît de voir Léna s'y reprendre avec joie, en attendant que je lui révèle le nouveau cadre où elle est appelée à se mouvoir, et auquel vous l'avez si délicatement préparée.
»Nos noces, qui sont prochaines, auront lieu sans faste, sauf pour les pauvres, conviés de toutes parts. Elle me mènera alors à travers son pays, que je dois connaître comme une patrie d'adoption; puis nous irons, l'automne venu, faire à Venise un double pèlerinage de souvenir et d'amitié.
»Chère comtesse, je mets à vos pieds l'hommage de mon respect très affectueux, et la gratitude de mon immense bonheur....
»P. S. Vous me demandez ce qu'a dit mon cousin Landry. Il m'a écrit une lettre où perce un regret amer. Mais je sais que chez lui tout est à fleur de peau, les chagrins comme les attachements, et sa mère lui arrangera, à mi-côte de l'amour, un avenir qui le consolera vite.»
XLV
Les moissons étaient coupées dans les maigres champs qui tapissaient le pied de la montagne, la passiflore épanouissait ses fleurs violettes sur les murs du Coatlanguy, et les roses-thé fleurissaient la tombe d'Hervé lorsque le maire de Lanrouara conduisit à l'église la mariée, habillée, pour la dernière fois, de sa robe aux broderies d'argent.
Naturellement, ce fut le curé de Boulommiers qui maria sa chère petite Léna, qu'il appelait la protégée de Madame Marie, Itroun Vari, et naturellement aussi, Mélanie, était là, recueillant du bonheur et des souvenirs pour le reste de sa vie.
Avant de quitter sa riche robe de paysanne, Léna alla avec Séverin s'agenouiller sur les tombes fleuries du cimetière.
Puis, vers le soir, une nouvelle Léna apparut dans la «salle» ornée de fleurs, tellement différente dans son costume de voyage, que Loïzik resta un instant interdite.
—Tu as changé de costume, Léna, dit le maire brusquement; c'est dans l'ordre, ma fille, et je sais que tu gardes le même cœur sous de nouveaux habits.... Je sais que tu ne rougiras jamais de ma veste ni des coiffes de Loïzik, et quand tu reviendras, tu nous aideras à garder les traditions du pays.
Elle l'embrassa en pleurant: dans ses yeux attendris, elle retrouvait maintenant quelque chose de son père....
Mais la voiture est à la porte, et Séverin entraîne doucement sa femme.
—N'ai-je pas eu tout de même une idée heureuse, Yves, murmure Mélanie en s'essuyant les yeux, le jour où j'ai demandé à Séverin l'argent de ton voyage!...
Les mariés, cependant, jettent un dernier regard sur la vieille maison de famille. Une des fenêtres reste close: celle de la chambre qu'on avait préparée pour Hervé, et où le maire n'a plus le courage d'entrer. Cependant, il y a un air de fête dans la cour, débarrassée des instruments aratoires, et ornée des vieux orangers qu'on a tirés d'une serre délabrée, un air de fête aussi dans le revêtement fleuri qui pousse des branches échevelées jusqu'au toit, et même dans la fumée bleue qui, en montant des cheminées, rappelle l'abondance du repas des noces.
—Bien-aimée, dit Séverin avec ferveur, que bénie soit la demeure de vos pères, la maison qui vous a vue naître, et où Dieu a disposé votre vie, vos peines elles-mêmes, pour vous conduire à moi et nous permettre d'aller ensemble vers Lui!
FIN
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in paragraph 1.F.3, this work is provided to you 'AS-IS' WITH NO OTHER
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If any disclaimer or limitation set forth in this agreement violates the
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with this agreement, and any volunteers associated with the production,
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that arise directly or indirectly from any of the following which you do
or cause to occur: (a) distribution of this or any Project Gutenberg-tm
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Project Gutenberg-tm work, and (c) any Defect you cause.
Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm
Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
electronic works in formats readable by the widest variety of computers
including obsolete, old, middle-aged and new computers. It exists
because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from
people in all walks of life.
Volunteers and financial support to provide volunteers with the
assistance they need, are critical to reaching Project Gutenberg-tm's
goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will
remain freely available for generations to come. In 2001, the Project
Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations.
To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
and the Foundation web page at http://www.pglaf.org.
Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive
Foundation
The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification
number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at
http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg
Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
permitted by U.S. federal laws and your state's laws.
The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S.
Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
throughout numerous locations. Its business office is located at
809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email
business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact
information can be found at the Foundation's web site and official
page at http://pglaf.org
For additional contact information:
Dr. Gregory B. Newby
Chief Executive and Director
gbnewby@pglaf.org
Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg
Literary Archive Foundation
Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
spread public support and donations to carry out its mission of
increasing the number of public domain and licensed works that can be
freely distributed in machine readable form accessible by the widest
array of equipment including outdated equipment. Many small donations
($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
status with the IRS.
The Foundation is committed to complying with the laws regulating
charities and charitable donations in all 50 states of the United
States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
with these requirements. We do not solicit donations in locations
where we have not received written confirmation of compliance. To
SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any
particular state visit http://pglaf.org
While we cannot and do not solicit contributions from states where we
have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
against accepting unsolicited donations from donors in such states who
approach us with offers to donate.
International donations are gratefully accepted, but we cannot make
any statements concerning tax treatment of donations received from
outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff.
Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation
methods and addresses. Donations are accepted in a number of other
ways including checks, online payments and credit card donations.
To donate, please visit: http://pglaf.org/donate
Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic
works.
Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm
concept of a library of electronic works that could be freely shared
with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project
Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support.
Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily
keep eBooks in compliance with any particular paper edition.
Most people start at our Web site which has the main PG search facility:
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This Web site includes information about Project Gutenberg-tm,
including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
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