- Chapitre VII : Les Secrets de la Force
Après avoir fait preuve de sa puissance et de ses noires pensées, Maerek retourna s’asseoir.
C’était donc ça, le Côté Obscur, se dit Nelac, une force dévastatrice totalement rongée par la colère.
Installé tel un roi ayant reconquis ses terres, Maerek prit un air supérieur et hautain.
— N’y voyez rien de tyrannique ou d’hostile, dit-il d’un ton serein. Nos différents sont nés à cause de l’utilisation de la Force. Nos visions se ressemblaient presque en tout point, mais il a bien fallu trancher, car nous ne pouvions plus vivre en symbiose... Ne soyez pas effrayés. Même si j’ai tenté de vous faire quitter ce monde d’une manière barbare. Il ne s’agit que de notre nature.
— C’est un peu tard pour dire ça, lança Nelac qui tenait discrètement l’arme qu’il avait ramassée dans l’arène. Vous vous êtes piégés vous-même. À présent, jamais nous ne nous rallierons à vous.
— Cela reste à voir... Mon âge m’empêche d’avoir mes pleins pouvoirs, mais je pourrais encore facilement faire s’écrouler cette bâtisse... Cessez de résister, sinon je viderai entièrement votre sœur de sa force vitale. Elle est déjà trop faible pour s’en aller à présent, donc je vous conseille de ne pas me pousser à bout.
Il ferma les yeux, souffla longuement et, aussi surprenant soit-il, se mit à méditer.
Nelac et Caeli en profitèrent pour échanger quelques mots.
— Il faut absolument partir. Tu deviens de plus en plus faible, il t’utilise. Tu vas devoir être forte. Reste avec moi, quoi qu’il arrive, ok sœurette ?
Caeli acquiesça de la tête et lui prit la main.
— Je ne sais pas encore comment on va s’y prendre, mais il va falloir faire preuve de ruse... S’il le faut, il faudra qu’on entre le plus loin possible dans son jeu, qu’on s’imprègne chacun d’un rôle. Soit prête. Mais je te le promets, on s’en sortira, tous les deux.II ne te fera plus jamais de mal. Je t’emmènerai loin d’ici sur mes épaules, s’il le faut.
Elle serra son frère en voulant y croire. Elle voulait vraiment y croire ! La seule chose qui envahissait son esprit était de sortir à tout prix et de retourner à leur vie. Elle qui ne l’aimait pas trop, elle se disait qu’après ça, jamais plus elle ne s’en plaindrait. Leur routine lui manquait.
Leur hôte afficha un sourire presque trop heureux.
— Ainsi, déclara-t-il, ils sont nés sur Tython... Loin du Si’th, moi qui pensait que seule sa présence générait ce pouvoir. Malgré mon savoir, j’ai encore beaucoup à apprendre. A Raka avait finalement raison sur ce point. La Force est présente partout. Cette planète n’en est pas le noyau... Jamais je n’aurais imaginé ça. Ce soudain changement dans l’idéologie de notre ordre me contrarie. Je ne suis plus l’unique détenteur de ce pouvoir... Je le devrais pourtant !
— Vous ne disiez pas vouloir étendre votre ordre et ne plus être le dernier ?
— Dans l’idée d’être un maître suprême, si. Mais si d’autres existent, mon statut ne me convient plus... D’autres secrets... Je vais devoir apprendre d’autres secrets.
Maerek montrait en effet beaucoup de contrariété. Cette nouvelle ne lui convenait guère.
— Qui étaient ces fantômes ? demanda Nelac. Des entités de cette Force ?
— D’anciens disciples, qui ont voué leur culte au côté lumineux de la Force, au côté faible et sans ambition. Même si le terme Côté Obscur peut paraître plein de fourberies, il n’en reste que plus fort.
— Et ceux du Côté Obscur justement ? Pourquoi n’étaient-ils pas présent ? N’y avait-il que vous ?
- Seuls les êtres lumineux terminent en fantômes, comme vous dites, ils errent à jamais dans la galaxie, sans but. Les adeptes du Si’th, lors de leur mort, retournent auprès de la Force, c’est là leur destinée. J’avais des disciples noirs, mais trop peu, nous avons fini par subir la lâcheté Je’daii...
Encore plus étrange, comme croyance, se dit Nelac. Au fond, il espérait qu’un antique Je’daii surgirait de cet endroit pour les sortir de cette situation, mais ce Maerek devait réellement être le dernier à vivre dans ce temple.
— Tython... marmonna à nouveau Maerek, Ahch-To... À présent je les vois. »
Nelac ne se sentait pas bien. Il était nauséeux. Son corps le torturait. Le Si’th avait-il à présent l’intention de le vider lui aussi de sa force vitale ? Il ne souhaitait pas attendre pour avoir la réponse, il devait agir.
— Les secrets de la Force sont nombreux. Certains inaccessibles, d’autres difficiles à atteindre, voire inimaginables. Ne souhaitez-vous pas en savoir plus ? Ne souhaitez-vous pas posséder une force que rien ne pourrait arrêter ?
— Ce genre de pouvoir implique trop de choses, déclara Nelac d’une voix tremblante, que vous le développiez ici, comme les autres le font sur Tython, d’accord, c’est envisageable, mais qu’il quitte cette planète ? Impossible. Les répercutions en seraient dramatiques. La preuve : voyez ce qui s’est passé ici.
— Pourquoi avoir peur de cela ? En ce qui concerne ce qui a eu lieu dans l’Œil, ce fut une erreur et jamais je ne souhaite revoir ça ! Je l’empêcherai ! Ce n’était qu’un vulgaire accident.
Cette perturbation dans l’esprit de Maerek serait peut-être leur porte de sortie, il était déconcentré.
Sans l’annoncer, il fit un geste de la main et une trappe s’ouvrit devant Nelac et Caeli. De là surgit un petit promontoire circulaire. Dessus était posé un masque. Ou plutôt un casque.
Ils l’examinèrent sans pour autant l’approcher. Noir et chromé, aux motifs arrondis qui cernaient les yeux. Il était intimidant. Personne, à part certains chasseurs de prime, ne s’équipait de ce genre de chose.
— Touchez-le, dit Maerek, et vous verrez. Vous comprendrez pourquoi je veux que l’ordre survive. Ce genre de révélation possède le pouvoir de détruire l’âme des faibles ou de renforcer celles des puissants. Pour ma part, dès que je le touche ou même que j’y pense, je suis pris par une vague impossible à décrypter...
Un échange de regard et le frère et sa sœur décidèrent de ne rien y faire. Ils ne prendraient pas ce risque.
Cela offensa le Si’th qui leva le bras et fit voler le casque jusqu’à lui.
En le touchant, un genre de boule de lumière explosa. Comme une réaction chimique. Le casque semblait avoir baigné dans les émanations du cristal, cette réaction n’avait rien de naturel.
Mais à qui appartenait-il ? Était-ce uniquement une relique destinée à être adorée ?
Cette question, Maerek était sur le point d’y répondre, d’une manière plus ou moins explicite :
— Preuve d’un avenir flou mais grandiose, cette relique, croyez-le ou non, n’est pas de ce monde... Enfin, pas encore... Mon inquiétude au sujet de notre ordre, c’est que lors de nos méditations, nous avons entrevu notre avenir... Assez loin pour y voir mourir les Si’th... Trahis par l’un des plus grands...
Une nouvelle fois, Maerek prit un air de chien battu. Ses sentiments prenaient trop facilement le dessus, et Nelac craignait un nouvel accès de rage aussi soudain que meurtrier.
— Ce casque... Venu d’un endroit encore inexistant, est un miracle de beauté et de savoir. Lorsque les Si’th disparaîtront, un nouvel ordre naîtra de leurs cendres. Un pur concentré surgi de la Force, un pouvoir immense. Avec le temps, la Force fera jaillir des possibilités encore inimaginables aujourd’hui. L’univers n’aura plus de limite. Et ces Chevaliers iront explorer les confins du monde connu... Je n’ose imaginer tel avenir... Je n’ose pas imaginer ma mort jusque là, alors qu’une telle découverte va bouleverser la vie...
Le promontoire redescendit sous terre et la trappe se referma.
Mais de quel pouvoir si immense parle-t-il ? se demanda Nelac. Est-ce qu’il parle du futur ?... Jusqu’où peut aller le pouvoir de la Force ?
— Cet être changera tout et sa lignée perdurera indéfiniment. Un être inédit dans la Force... Le leader suprême l’avait prédit, il en parlait lors de ses messes sur ma planète, il l’avait évoqué à maintes reprises... Mais sommes-nous prêts à cela… ?
Ce changement d’attitude était spectaculaire, en pleine colère quelques minutes auparavant, Maerek rêvait presque les yeux ouverts à présent. Il était présent, tout en ne l’étant pas...
Ce casque l’avait totalement chamboulé. Il le laissa tomber. Le choc résonna et fit même sursauter Caeli.
Après mûres réflexions, Nelac était bien content de ne pas l’avoir touché. En revanche, sa sœur faiblissait toujours. Elle était appuyée sur lui de tous son poids.
— Vous n’imaginez pas ce que vous pourriez voir et vivre si vous me tendiez la main, dit Maerek. Même les plus grands Si’th n’auraient pas idée de ça. Dans leur soi-disant savoir, ils passeraient à côté de bien des choses. Je sais pourquoi notre ordre doit survivre, je sais quel est son but...
Il sembla reprendre ses esprits et continua :
— Cela est trop enivrant pour que je vous laisse partir comme si de rien n’était. Votre ami, là-haut, est certainement puissant, mais jamais il n’aura les épaules pour porter un tel fardeau, un tel héritage. Les souvenirs d’un futur radieux... Les vestiges d’Anknårr.
De nouveau de manière royale, il s’installa sur son trône et leur demanda :
— Qu’avez-vous choisi ? Quelle est votre réponse ?
Si l’ambiance était redevenue calme depuis quelques instants, la tension qui émanait des trois personnages présents dans le hall, de plus en plus illuminé par les torches qui montraient des gravures aussi spectaculaires qu’énigmatiques, ne cessait de grandir.
Cependant, Maerek attendait vraiment une réponse. C’était le moment fatidique.
— Maintenant que vous êtes pleinement attentifs, je vais vous expliquer ce qui va arriver. Pliez-vous à ma volonté, ou vous serez écrasés. Devenez mes apprentis et ensemble, nous rendrons ce monde plus grand. J’ai compris que si nous voulons survivre, il faudra faire preuve de détermination. Vous apprendrez certains aspects de la Force que seuls les Si’th sont en mesure d’explorer. Ensemble, nous imposerons nos règles et montreront à la galaxie que ceux qui s’opposent à nous seront éliminés. Le désordre ne peut exister.
— Pourquoi des pensées si radicales ? demanda Nelac, inquiet de l’état de sa sœur. Ce n’est pas avec ces mots que vous parviendrez à convaincre quiconque. Encore moins ma sœur et moi. A Raka l’a dit, nous sommes ici pour vous ramener vers la lumière... Bien que je ne sache pas comment.
Maerek ne dit rien pendant longtemps, se disant qu’il s’agissait sûrement d’une peine perdue, malgré les pouvoirs évidents de Caeli.
— Nous sommes restés ici, cachés, seuls, à penser que le monde ne serait pas prêt, et au final... Je constate qu’il ne le sera jamais ! Maintenant, j’ai compris notre but, notre destinée, si l’univers n’est pas prêt à nous accueillir, il mourra, car seuls les êtres forts peuvent survivre.
— Ils vous en empêcheront. Jamais votre idéologie ne subsistera. Vous êtes trop obstinés à instaurer quelque chose que quasiment personne ne pourra supporter.
— Ne comptez pas là-dessus. Lorsque j’aurai récupéré la totalité de mes pouvoirs, je les écraserai d’un seul geste de la main.
Là-dessus, il sortit le double sabre laser et le fit exploser. Il vola en éclat, manquant presque de toucher Nelac et sa sœur.
Maerek ne garda que le cristal qu’il amena vers lui.
De sa tunique il sortit un autre sabre laser, complètement noir et décoré d’anneaux dorés. Il l’ouvrit et y inséra le cristal.
— Ma lame transpercera à nouveau mes opposants et éclairera mes partisans.
De nouveau, Caeli sombra et fut attirée par ses paroles. Maerek sentait en elle un esprit faible qu’il pourrait facilement rallier au côté obscur. Il l’avait à la base désignée comme première disciple, mais sa faiblesse la remettait en question.
En revanche, son frère serait plus difficile à convertir, il était plus fort. Et bien qu’il ne ressente aucun pouvoir en lui, le Si’th était subjugué par cette résistance, ce fait qu’il ne parvenait pas à lire en lui.
Un moment pensif, il décida de le mettre à l’épreuve, de le provoquer, de l’obliger à faire usage de ses pouvoirs s’il en avait réellement.
Il rangea son sabre et tendit ses mains. De manière surréaliste, il fit jaillir des éclairs qui frappèrent Caeli de plein fouet. Elle tomba à la renverse en hurlant de douleur et en se tortillant dans tous les sens.
Nelac qui la tenait fut aussi brièvement touché et se retrouva projeté en arrière.
Les torches furent presque toutes soufflées. Seules la lueur violette et bleutée des éclairs illuminait le hall, qui avait prit un aspect glauque et oppressant.
Les yeux horrifiés et les nerfs sur le point de craquer, Nelac vit sa sœur, à terre. Elle mourrait. Ses cris s’étouffèrent soudainement. Il eut un flash et vit à nouveau son sauvetage dans le cube.
Utilise ce pouvoir !
Il se concentra, fit monter en lui assez de haine pour pouvoir au moins atteindre Maerek, dont le sourire affiché sur son visage le répugnait.
— NOOOOOOOOOOOON ! cria-t-il en bondissant à une vitesse stupéfiante.
Il se précipita vers lui en brandissant son sabre laser qu’il tenait depuis un moment. Rempli de rage, il fonça à toute vitesse.
Caeli n’arrivait plus à émettre le moindre son. La douleur n’était presque plus supportable. Elle gisait par terre, fumante et le souffle presque éteint.
Nelac arriva à hauteur du Si’th, à présent debout et le visage jubilatoire, et pressa le bouton qui fit jaillir une lame bleue. Avant même que Maerek ne le remarque, tellement il prenait plaisir à enlever la vie de Caeli, il le transperça en laissant échapper un cri qui résonna et souffla le reste des lumières. La statue représentant le Je’daii à droite du trône central partit en fumée, balayée comme un vulgaire château de sable. Les colonnes furent abîmées et le sol sous leurs pieds s’enfonça de quelques centimètres.
Caeli était libre. Son corps tout entier fumait. Son frère pouvait sentir sa peau brûlante de là où il se tenait.
La tête lourde et douloureuse, elle leva les yeux et vit Nelac, héroïquement planté face à Maerek.
Le sabre laser toujours profondément enfoncé dans le ventre du Si’th, Nelac passa par tous les états en quelques secondes. Soulagé car il venait de sauver sa sœur, mais plein de colère qu’il ne parvenait pas à évacuer.
Maerek, dans sa quête de pouvoir et la volonté de les convertir, avait totalement oublié que Nelac était armé. De plus, le jeune homme s’était déplacé à une vitesse incroyable… Jamais il n’aurait pensé que la Force était aussi présente en lui, alors qu’à la base, il n’avait rien ressenti.
Il l’avait sous-estimé et avait orienté sa pensée vers le mauvais apprenti.
Ce qu’il ne comprenait vraiment pas et qui occupait son esprit plus que le sabre enfoncé en lui, c’était qu’il n’avait pas senti cette force... Pourtant, il voyait à présent clairement un être très puissant.
Cependant, de sa mort, naîtrait un être plus jeune, dont la Force envahissait chaque cellule. Il vit lentement les yeux de son meurtrier virer au jaune.
Le Si’th le fixa dans les yeux et, tel un vieillard sage, dit :
— Tu as bien fait, mon jeune apprenti...
Son bourreau en prit conscience, il baissa les yeux et retira sa lame. Toutes ses paroles avaient désormais un sens, il en comprit l’essence, mais refusait de s’y plier. Un tel acte l’avait fait passer du côté obscur.
La colère, la haine, la noirceur de l’esprit, tout cela se rassembla.
C’est impossible.
Nelac se retourna vers sa sœur, apeurée, et qui ne comprenait rien à la situation.
Ses pensées le trahissaient.
— Jamais, marmonna-t-il. Jamais je ne céderai...
— Tu l’as déjà fait. Maintenant, achève ton œuvre !
La tension était palpable.
Caeli en prit conscience. Son frère venait de basculer, et cela, sans le vouloir ni même y avoir pensé ; il n’avait fait que la sauver. Mais ce geste lui coûtait cher. Les conséquences s’annonçaient néfastes.
Elle recula. Bizarrement, les éclairs lui avaient redonné du tonus, elle semblait moins fatiguée et plus éveillée, malgré la douleur et sa tête complètement sans dessus dessous.
Toutes ces paroles qui l’avaient attirée vers Maerek venaient de faire succomber Nelac. Il était tombé dans son piège.
Il avait sauvé sa sœur, mais il s’était lui-même condamné, c’était pour cela qu’il prit la décision de ne laisser sortir aucun de ces secrets d’ici, hormis Caeli. Jamais de pareilles choses ne devaient s’évader.
— Jamais, répéta Nelac, dont le corps tremblait. JAMAIS !
D’un coup, il enfonça à nouveau la lame mais plus haut dans le torse du Si’th cette fois.
— Désormais, tu es le nouvel Anknårr, sois digne de ce nom et de cet ordre. Souviens-toi de tout ce que je t’ai dit. Souviens-toi que c’est toi qui m’a trouvé et qui m’a libéré.
— Aucun d’entre nous ne sortira vivant de là... Et jamais vos secrets ne seront révélés.
Maerek comprit que malgré sa force, il ne parviendrait pas à totalement le vouer à sa cause, ce nouvel apprenti allait tout détruire.
Nelac, de l’autre main, écrasa le casque qui finit aussi plat qu’une assiette. Et même s’il ne l’avait pas touché, il vit une partie des choses que Maerek avait vues, ces visions futuristes. La même boule de lumière explosa autour d’eux. Il envoya le casque à l’autre bout du hall et renversa Caeli.
Sa rage ne s’estompait pas et de nouveau, un puissant tremblement de terre, beaucoup plus violent, secoua le temple.
Ce pouvoir ne doit pas sortir d’ici !
Il parvenait quand même à garder de la lumière parmi la noirceur de son esprit, cela, uniquement pour épargner sa sœur.
— Nelac ! cria sa sœur, sur le point de s’enfuir. Viens avec moi ! Allons-nous-en !
Mais il ne répondit pas, crispé et totalement submergé de pensées noires.
Il lui lança quand même un regard. Là, elle ne reconnut pas celui avec qui elle avait grandi et prit conscience qu’il ne partirait pas d’ici.
— Va-t-en, dit-il en lui lançant le sabre laser puis en étranglant le Si’th, impuissant, d’une main.
— Non je ne partirai pas sans toi ! Tu n’es pas un monstre !
Il se devait de mourir ici et laisser ces secrets dans les ruines de ce temple, pourtant, Nelac voulait s’en sortir, une partie de lui voulait quitter les lieux. Mais sa raison le lui interdisait.
— Laisse-toi aller, dit Maerek, la liberté t’attend. Tu ne voudrais pas faire souffrir ta chère sœur... Vivre sans son frère adoré risque de la briser. Ce serait douloureux...
Caeli reculait, même si son souhait le plus fort était que son frère parte avec elle. Malgré sa faiblesse physique infligée par ces éclairs, une grande force surgit en elle pour la porter loin d’ici.
Au-dessus, le plafond commençait à se fissurer et de gros blocs de pierre heurtaient le sol tout autour d’elle.
Elle fixa le sabre laser à sa ceinture et sans perdre une seule seconde, rassembla les forces qui lui restaient et courut vers la porte, résignée à abandonner Nelac.
Ce dernier se concentrait énormément pour garder Maerek sous son emprise. Il ne contrôlait pas son pouvoir, c’est lui qui le contrôlait, ce qui était d’autant plus difficile car il devait être attentif à tout.
Ne te retourne pas, pensa Nelac, abattu...
Arrivée devant la porte, Caeli tenta de l’ouvrir mais impossible de la faire vaciller. Désespérée, elle y donna un grand coup de poing et une onde de choc l’éventra. Un moment surprise, elle finit par passer par le trou formé – aujourd’hui, plus rien ne l’étonnait vraiment – avant de lancer un dernier regard au héros dont elle se souviendrait à jamais.
— VA-T-EN !!!!! lui cria Nelac, qui continuait de détruire l’édifice.
Caeli fondit en larme et prit ses jambes à son cou. Direction la sortie, au fond. Oui ! La lumière du jour ! C’était vraiment elle ! Elle la reconnaissait. Elle s’y précipita.
Sa sœur étant à l’abri, et résigné à laisser ce pouvoir ténébreux ici, Nelac leva la tête, tendit un bras et fit s’effondrer le plafond sur eux.
— Les Si’th sont définitivement révolus ! Jamais plus vous ne ferez souffrir quiconque !
— Tu ignores quel pouvoir tu enterres. Tu ignores la bêtise de tes actes, plus aucun Si’th ne connaîtra nos secrets.
— J’en suis conscient. La Lumière se bat en moi. Jamais je ne vous laisserai vous en sortir. J’ai peut-être sombré, mais moi non plus je ne partirai pas !
Il resserra son étreinte et des tonnes de pierre tombèrent dans un fracas infernal.
Alors que Nelac montait en puissance, Maerek s’affaissait et son visage se remplit à nouveau de rides. Ce qu’il avait volé à Caeli, Nelac le lui reprenait.
— La mort n’existe pas, déclara Maerek dans un dernier souffle, il n’y a que l’immortalité...
Un lourd et assourdissant bruit les fit lever les yeux, le hall tout entier s’effondrait.
— Je m'engage dans l'obscurité où j'ai découvert la vraie vie, récita le Si’th en fermant les yeux, dans la mort de la lumière...
Sentant la secousse jusqu’à elle, Caeli faillit trébucher, mais ne se retourna pas pour autant.
Néanmoins, une forte peine la fit hurler de douleur. Elle sentit qu’il était arrivé quelque chose à son frère.
Une profonde tristesse lui fit couler toutes les larmes de son corps. Bien que non-initiés, son lien avec son frère dans la Force était puissant. Elle ressentait tout le mal qui le rongeait et cela lui infligea une cruelle blessure.
Dans sa course, totalement perdue, elle en oublia de regarder où elle mettait les pieds. La sortie était bien là, mais quelques mètres plus bas ! Elle déboucha au bord d’un trou qui donnait sur le lit du fleuve qu’elle avait aperçu d’en-haut. Sans pouvoir s’arrêter, elle chuta et atterrit dans l’eau en la heurtant violemment.
Son corps ne remonta pas à la surface. Les bulles finirent par disparaître. Tout autour régna alors un silence de mort.