Chapitre 9

Les domestiques se tenaient devant Miranda, terrifiés. Ils avaient clairement entendu l’algarade qui s’était produite en bas et espéraient tous que le prochain renvoi concernerait quelqu’un d’autre qu’eux-mêmes.

La nouvelle duchesse essaya de leur décocher un regard distant et indifférent.

— A l’heure qu’il est, vous connaissez tous le sort de Mme Clopton. Cela va bien sûr causer un certain désordre au sous-sol, mais…

Elle passa une main sur la rampe et essuya la saleté sur son mouchoir.

— … je me soucie plus de l’état des choses dans les étages et je doute que ce que j’ai fait puisse créer plus de dommages que ce qu’il y en a déjà à réparer.

Elle sourit.

— Mes différends avec la gouvernante ne portaient que sur les erreurs dans les comptes et l’entretien de la maison. Je suppose que ces problèmes sont maintenant réglés. Si je me trompe, je souhaite que vous veniez me trouver et que nous cherchions une solution ensemble. Je remplacerai Mme Clopton dans un bref délai, et nous nous arrangerons au mieux en attendant. D’ici là… — elle présenta une liste de tâches —, je voudrais que vous commenciez par l’entrée et que vous nettoyiez toute la maison à fond. J’ai inscrit sur cette feuille le processus que j’aimerais que vous suiviez et quelques formules de nettoyage que je voudrais vous voir employer.

L’expression fatiguée des servantes laissa la place à un respect grandissant.

— Et comme il y a très longtemps que les choses n’ont pas été faites convenablement, je pense qu’il vous faudra de l’aide supplémentaire. Jenny ?

Elle s’adressa à la femme de chambre en charge des salles de réception.

— Connaissez-vous des personnes au village qui ont besoin de travailler ? Des sœurs aînées ? Des tantes ?

Jenny admit qu’elle connaissait quelques jeunes filles dans ce cas et fut envoyée au village pour aller les chercher. Le reste des femmes fut divisé en équipes et commença à exécuter les tâches indiquées sur la liste dans chacune des pièces de réception. Une fois que les choses furent lancées, Miranda se sentit libre de se retirer dans le cabinet de travail et espéra qu’elle trouverait le moyen de payer les dépenses qu’elle allait engager.

Elle s’assit au bureau. Le bureau de son mari, pensa-t-elle nerveusement, en s’obligeant à se détendre. Le fauteuil était imposant mais confortable. Adapté à un duc. Elle laissa un sentiment de pouvoir imaginaire l’envelopper et pressa ses mains à plat sur la surface en acajou, examinant la pièce. Elle était plus propre que le reste de la maison. Peut-être Mme Clopton n’avait-elle pas osé défier le duc de façon trop ouverte. Le bureau était débarrassé de tous papiers, l’encrier rempli, les plumes propres et de bonne qualité. C’était un lieu de travail ordonné et agréable. Son mari devait y passer beaucoup de temps, quand il était dans le domaine.

Sur une impulsion, elle tenta d’ouvrir un tiroir, s’attendant à le trouver fermé à clé. Il glissa aisément et elle jeta un coup d’œil à l’intérieur. Posée sur une pile de papiers, comme si elle avait été hâtivement rangée là, il y avait une feuille couverte de notes.

L’écriture était claire et ferme, pas précipitée. Miranda avait entendu dire qu’il était possible de déchiffrer le caractère de quelqu’un à la façon dont il formait ses lettres. Si c’était le cas — elle examina la feuille —, son nouveau mari était fort et déterminé. Il n’y avait pas trace dans son écriture de la colère qu’elle avait vue en lui.

Elle lut les mots. Il y avait une courte liste de provisions — pour la maison ou pour les fermiers, elle ne savait pas. De nettes colonnes de chiffres, additionnés sans erreur et sans hésitation. Et, vers le bas de la page, un rappel de passer voir le pasteur à la première heure le lendemain matin.

Elle sourit et passa un doigt sur cette ligne. Il l’avait écrite le soir où elle était arrivée. Et, dessous, il y avait un seul mot : « MIRANDA ? »

Elle pouvait presque l’entendre, comme s’il était là, en train de lui parler. Et c’était étrange, car le ton qu’elle imaginait était un ton qu’elle ne lui avait jamais entendu. C’était une voix douce et invitante, pleine de promesses.

Une toux discrète en provenance de la porte lui indiqua la présence de Wilkins.

— Votre Grâce ?

Elle ferma le tiroir et regarda le majordome dans les yeux.

— Oui, Wilkins ?

— J’ai quelque chose…

Il laissa tomber ses mains sur ses côtés en un geste de défaite.

— Je crains de devoir vous donner mon congé, madame.

Juste ciel ! Elle avait redouté que cela se produise, mais pourrait-elle se passer des deux domestiques principaux ?

— Je suis sûre que Sa Grâce serait fort déçue de vous perdre, Wilkins. Quelle est la raison de cette soudaine décision ?

— J’ai pensé, Votre Grâce, qu’une fois que vous auriez étudié le terrain, pour ainsi dire, vous me demanderiez de partir. Je veux seulement vous épargner cet embarras.

— J’apprécie votre honnêteté. Et le fait que vous soyez venu me trouver. En dépit de ce que j’ai dit aux domestiques tout à l’heure, le problème avec Mme Clopton n’était pas seulement ses fautes — qui étaient certainement assez graves —, mais surtout son manque de repentir.

Elle poussa un soupir exaspéré.

— Comment puis-je mener une maison quand la gouvernante me prend pour une sotte bonne à gober de vagues excuses ?

Elle posa un regard ferme sur le majordome.

— Y a-t-il quelque chose dont vous souhaitez discuter, Wilkins ?

— Madame, quand vous ferez l’inventaire des celliers, vous découvrirez que j’ai à répondre de beaucoup de choses.

— Et n’y a-t-il aucun moyen de réparer cela ?

— Pas que je puisse imaginer, madame. Puis-je vous parler franchement ?

— Je vous en prie.

— Les gages de cette maison sont depuis longtemps l’objet de moqueries dans la région. Vous aurez du mal à remplacer la gouvernante, quand on saura ce qui est offert et ce qui est attendu. Et mes propres gages, même compensés par une bouteille de cognac volée par-ci par-là, sont insuffisants pour couvrir mes besoins et rembourser Sa Grâce.

Miranda tendit la main vers lui.

— Ne parlons plus de votre départ en cet instant, Wilkins. Ce n’est sûrement pas un problème qui exige d’être réglé avant le retour de mon mari.

On frappa poliment à la porte et une servante passa la tête dans l’embrasure.

— Votre Grâce ? Quelque chose d’horrible est arrivé à la salle à manger. Venez vite.

Est-ce que son premier jour aux commandes de la maison avait été entaché par un accident ? Est-ce que quelqu’un était tombé d’une échelle ? Elle avait oublié d’en vérifier la stabilité avant de demander au valet de descendre les candélabres.

Quand elle entra dans la salle à manger, elle vit que le problème était bien pire, au moins aux yeux des servantes.

— Nous avons essayé la formule que vous avez suggérée pour nettoyer les murs, mais regardez ce qui est arrivé.

Elles étaient alignées docilement au fond de la pièce, attendant d’être congédiées.

Miranda jeta un coup d’œil à la soie qui recouvrait les murs et se figea sous le choc. Les moutons qui paissaient sur les vertes collines étaient soit complètement effacés, soit coulants vers les lambris. Le berger qui contemplait sa bergère avec adoration était toujours là, mais son sourire avait été remplacé par un rictus délavé avant que les servantes ne s’arrêtent et appellent à l’aide.

— De la soie peinte à la main, murmura Miranda dans un souffle. Cette formule aurait convenu pour un papier classique, ou même pour de la soie imprimée…

— Nous n’avons fait que ce que vous avez demandé, Votre Grâce.

Il n’y avait nulle trace de sarcasme dans ce commentaire, seulement de la frayeur. La pauvre fille attendait que Miranda explose.

— Oui, bien sûr, déclara celle-ci. C’est ma faute, de ne pas avoir pensé à la surface à nettoyer avant de faire cette suggestion. Il n’y a plus rien à faire, maintenant. Nous devrons remplacer ces tentures. Veuillez continuer à nettoyer les fenêtres, le sol et la cheminée. Mais ne vous inquiétez pas des murs tant que je n’aurai pas trouvé une solution.

Elle retourna d’un pas pesant dans sa chambre. La solution était d’avoir une migraine, seule chez elle. Cela lui serait sûrement permis. Elle devrait commander de la soie neuve dans les échoppes du village, mais elle doutait qu’ils auraient ce qu’il fallait. Il faudrait faire venir le tissu de Londres. Et elle n’avait pas un sou en poche, ni la moindre idée de la façon de s’en procurer.

Elle sourit. Si elle était duchesse, peut-être n’avait-elle plus besoin d’argent. Elle ne se souvenait pas d’avoir jamais vu une pièce changer de main quand elle sortait avec sa mère. Et même quand il n’y avait plus eu d’argent, les commerçants leur avaient fait crédit par égard pour le titre de son père, si bas soit-il. Tout ce qu’elle aurait à faire serait de se rendre en ville entourée de domestiques en livrée, de trouver un échantillon adéquat et de passer commande. La soie serait livrée en toute hâte et pourrait être tendue sur les murs avant que son mari revienne et s’aperçoive de son erreur.

Bien sûr, il serait courroucé. Mais, dans les deux jours où elle l’avait connu, il avait été en colère pour tant de choses qu’elle doutait qu’une de plus fasse une différence.

*

Le dîner, ce soir-là, fut très différent du petit déjeuner. Après une courte sieste, Miranda s’était composé une attitude déterminée et était retournée dans la cuisine pour affronter la cuisinière. Celle-ci s’était montrée méfiante au début, mais quand elle avait appris qu’elle pouvait choisir ses propres ingrédients et commander ce qui était nécessaire pour venir à bout de la famine artificielle créée par Mme Clopton, elle avait paru ravie du changement.

Miranda, sur l’insistance de Polly, accepta que ses cheveux soient relevés et passa sa seule robe convenable. C’était une robe en satin bourgogne qui avait été beaucoup plus fraîche quinze ans plus tôt, quand elle servait de toilette de bal à Cici. Elles avaient coupé les manches ballon, ôté de larges pans de la jupe pour cacher les endroits usés et réussi, en mordant sur la traîne et en ajoutant la dentelle d’une autre robe, à créer quelque chose de presque présentable.

St. John l’accueillit à la table et lui baisa la main.

— Enchanté comme toujours, ma chère. Vous êtes charmante, ce soir.

Il regarda par-dessus son épaule et constata la destruction des murs.

— Juste ciel ! Que s’est-il passé ici ?

Miranda s’assit et prit une bonne gorgée de vin avant de répondre.

— Ma première intervention en tant que duchesse a été de congédier la gouvernante. La seconde a été de détruire la salle à manger en voulant la nettoyer.

— Ces tentures murales avaient été importées de France par le deuxième duc, dit le jeune homme.

— Elles étaient chères ? demanda-t-elle.

— Irremplaçables.

— Oh. Et que risque de dire le duc actuel, quand il verra qu’elles n’y sont plus ?

Elle retint son souffle.

— Je suppose que vous m’aurez rendu un grand service. Sa crise d’apoplexie vous laissera veuve et moi le cinquième duc. Et je vous absoudrai de toute culpabilité. Elles étaient fort laides, en dépit de leur valeur.

Il se pencha en avant et souffla plusieurs bougies posées sur la table, assombrissant les coins de la pièce.

— Et maintenant on les voit à peine. N’est-ce pas plus intime ?

Miranda rit malgré elle. Il semblait satisfait, et continua à la divertir pendant le dîner.

*

Après le repas, il se leva et lui offrit son bras.

— Voulez-vous vous retirer dans le salon, Votre Grâce ? Ou préférerez-vous un passe-temps plus intéressant ? Je pourrais vous faire visiter la maison, si vous le souhaitez.

— Il fera sombre dans les pièces qui ne sont pas utilisées, protesta-t-elle.

— Alors les serviteurs peuvent nous précéder et éclairer notre chemin. Après tout, Miranda, c’est leur travail de suivre vos instructions. Mais supposons que nous nous limitions à une seule pièce. Cela complétera votre éducation et ne dérangera pas trop les domestiques si nous passons la soirée dans la galerie aux portraits.

— C’est une excellente idée, St. John.

Il sonna le majordome, expliqua de quoi ils avaient besoin puis escorta Miranda jusqu’à une longue pièce située au premier étage. Une fois là, il la divertit par des histoires sur ses ancêtres. Le premier duc, qui avait reçu son titre après une bataille. Son fils, le deuxième duc, qui était fou. Leur père, qui avait été tué dans un accident de cheval alors qu’ils étaient petits. Il s’arrêta devant un portrait de sa mère et marqua une pause dans un silence respectueux.

Miranda leva les yeux vers le tableau. C’était nettement la mère de St. John, avec les mêmes yeux bleus étincelants et des cheveux si blonds qu’ils étaient presque blancs. Elle était aussi jolie que Cici l’avait dit et la jeune fille chercha une indication qu’elle pouvait représenter une menace, mais n’en trouva pas. Rien dans son visage ne montrait qu’elle était autre chose que douceur et lumière.

Elle compara la douairière au portrait de son propre mari. Même pour le peintre, il n’avait pas daigné sourire. La toile devait avoir plusieurs années. Il n’y avait pas de gris dans ses cheveux et son visage était plus lisse. Mais l’expression de ses yeux était ce même regard intense qu’elle avait vu. Un regard qui ne perdait pas grand-chose, pensa-t-elle. Il la jugeait alors qu’elle se tenait devant lui, la retenant prisonnière et plongeant dans son âme.

Elle frissonna. Si seulement il lui souriait, peut-être que l’effet serait moins troublant. Il y avait eu de l’amabilité sur son visage pendant le mariage. Et quand il l’avait mise au lit la veille. Il ne lui avait pas paru du tout terrifiant, alors, quand elle avait senti une chaleur protectrice émaner de lui, une chaleur qui l’avait attirée vers lui. Peut-être, lorsqu’il rentrerait de Londres, les choses seraient-elles différentes.

S’il rentrait.

Elle détacha son regard de son mari et s’avança de quelques pas dans la galerie, jusqu’à l’endroit où St. John se tenait devant le portrait d’une autre très belle femme. Quand il se détourna de la toile pour regarder Miranda, il avait la larme à l’œil.

— Je suis désolée, murmura-t-elle. Je n’avais pas l’intention de vous déranger.

— Tout va bien, chère Miranda. C’est moi qui vous ai amenée ici, et ensuite j’ai été assez grossier pour l’oublier.

Elle leva les yeux vers le portrait qu’il admirait. C’était celui d’une magnifique femme blonde dans une robe rose. Mais magnifique était encore un terme trop plat. Elle était rayonnante. Ses cheveux étaient dorés et ses joues d’un rose délicat qui faisait ressortir son teint crémeux. Sa poitrine, haute et ronde, était soulignée par son bustier. Elle devait être plus petite que Miranda, d’une tête. Mais le portrait était plus grand que la réalité, et la jeune fille se sentait dominée par lui.

— C’est Bethany. La plus jolie femme qui ait jamais vécu dans cette maison.

— Est-ce une de vos ancêtres ?

A peine eut-elle prononcé ces mots qu’elle révisa son jugement. La robe était à peine démodée. Cette femme devait être sa contemporaine.

— Non. Mais vous avez beaucoup en commun avec elle. Vous partagez un époux. Bethany était la première femme de mon frère.

Miranda fixa la toile dans un silence stupéfait. Il n’était pas étonnant que Marcus soit en colère de se retrouver lié à une femme sans charme après avoir perdu cet ange.

— Et elle est morte en couches ?

Elle pouvait voir comment c’était possible. La jeune femme du portrait, aux hanches si étroites, semblait trop mince pour porter un enfant.

— C’est ce que l’on dit, déclara St. John d’un ton étrangement plat.

Miranda le dévisagea avec curiosité.

— Avez-vous des raisons de mettre cette histoire en doute ?

— Oh, elle est morte en couches, c’est sûr, mais j’ai toujours pensé…

Il soupira.

— … que si elle avait été heureusement mariée sa fin aurait pu être différente.

— Elle n’était pas heureuse ?

Il semblait si étrange qu’une femme comme celle-ci ait pu être malheureuse.

St. John eut un sourire crispé.

— Vous avez rencontré mon frère, Miranda. Et vu ses humeurs. Marier ces deux-là était comme jeter un papillon dans une tourmente. Ils étaient mariés depuis moins d’un an quand elle est morte, mais son entrain l’avait fuie longtemps avant que son corps ne lui manque.

— Mais pourquoi… ?

— Pourquoi l’a-t-elle épousé ?

Il soupira de nouveau.

— Pourquoi une femme choisirait-elle mon frère ? Soyez honnête, ma chère. Pour les mêmes raisons que celles qui vont ont conduite à lui.

Le désespoir, pensa amèrement Miranda.

St. John poursuivit comme s’il n’attendait pas de réponse.

— Le titre. Quoi que j’aie à dire de lui, mon frère est un homme puissant et riche. Cela représente une grande tentation. Et Bethany avait beaucoup à offrir, elle aussi.

Il s’arrêta et contempla le portrait.

— Ce portrait ne lui rend pas justice. Ses yeux étaient plus bleus que cela, ses cheveux plus dorés, et doux comme de la soie au toucher. Elle chantait comme un ange, et son rire lui-même était de la musique. Et elle était délicate. La regarder faisait penser à un verre en cristal.

Ses yeux se durcirent.

— Mon frère l’a vue une fois et a su qu’il devait l’avoir. Elle était éblouie par sa fortune et s’est jetée de son plein gré dans ses bras.

Il se contracta.

— Et quand je l’ai vue quelque mois après le mariage, elle était désespérée et rêvait de s’enfuir. Il la terrifiait. Quand je pense à elle, douce comme un pétale de rose, entre les mains de ce…

Il retint son dernier mot, ne voulant ou ne pouvant pas le prononcer.

— Mais je ne pouvais rien faire. Je n’avais que dix-huit ans, je n’avais aucun pouvoir et pas d’argent à lui offrir.

Il saisit Miranda par les épaules et la tourna vers lui.

— Je ne recommencerai pas cette erreur, Miranda. Mes moyens sont limités, mais, si vous en avez besoin, tout ce que j’ai est à votre disposition.

Elle lutta pour trouver une réponse. Les mots qui lui venaient à l’esprit étaient « trop tard ».

— Si vous aviez à me prévenir de quelque chose, hier aurait été préférable à aujourd’hui.

— Hier, mon frère était encore ici et il a l’habitude d’être obéi. Mais il est parti, maintenant, et je peux parler librement. Dites un mot et je vous aiderai à vous enfuir, et vous pourrez être partie depuis longtemps avant qu’il revienne.

S’enfuir où ? pensa Miranda. Elle n’avait aucun foyer où revenir, pas d’amis pour la recueillir.

— Je n’ai pas peur du duc, mentit-elle.

Au moins, avec les conseils de Cici et l’avertissement de St. John, elle n’entrerait pas dans ce mariage la tête aussi vide que la défunte Bethany. Les mots durs ne laissaient pas de marque et les meurtrissures guérissaient. Et si Marcus la menaçait de pire, elle aviserait quand le moment serait venu.

— Je vous remercie de l’amabilité de votre offre, dit-elle, et m’en souviendrai si j’ai besoin de vous, mais je suis sûre que les choses n’iront pas jusque-là.