Préface-dédicace

 

À mon très cher et très distingué compagnon d’enfance,

 

James D. Edgar,

 

député au Parlement fédéral.

 

Mon cher ami,

 

Pendant que j’écrivais ce petit livre, tout rempli et pour ainsi dire tout palpitant de souvenirs qui nous sont communs, ton nom est venu tant de fois se mêler joyeusement à ces réminiscences, que, au moment de rédiger une préface, je le retrouve tout naturellement sous ma plume.

Qu’il y reste, même sans ta permission !

En même temps que le livre te rappellera des lieux, des noms et des incidents sans doute plus ou moins frustes dans ta mémoire, la préface te parlera des chaudes et naïves amitiés du temps passé.

Il me semble que, par cela même, elle te fera mieux reconnaître les horizons décrits, elle te peindra plus frappantes et plus vraies les scènes évoquées, elle te donnera plus vive et plus sincère la vision rétrospective des choses envolées.

Ces évocations sont, du reste, mon cher Edgar, notre seule chance de revivre un peu nos premières années : car les lieux mêmes, autant dans leur aspect physique que dans leur physionomie morale, sont bien changés.

En jetant les yeux sur le plateau de Lévis, par exemple, en y embrassant du regard ces édifices considérables, ces rues bordées d’arbres et d’habitations élégantes, il te serait impossible de reconnaître le théâtre de nos ébats de gamins et de nos longues rêveries d’adolescents.

Tu ne retrouverais plus la Commune, avec ses tranchées historiques, ses monticules se succédant pêle-mêle comme les vagues de la mer, ses étroits sentiers se faufilant à travers les bouquets épars des coudriers, des cenelliers et des cerisiers à grappes.

Tu chercherais en vain les prairies frangées de broussailles épineuses, et plantées par-ci par-là de vieux ormes aux branches en ogive, où nous allions, pour nous amuser, aider à la fenaison.

C’est à peine si tu trouverais, au haut de la falaise qui domine le Saint-Laurent, un petit coin de roc où t’asseoir pour jouir encore une fois du spectacle, toujours grandiose et toujours beau, du soleil sombrant derrière la gigantesque arête du rocher de Québec, et pour écouter s’endormir le grand fleuve, avec ses bruits et ses rumeurs, dans le calme de la nuit tombante.

T’en souviens-tu ?...

Combien de fois, par les soirs limpides et parfumés, ne nous sommes-nous pas arrêtés là, le front moite et la pensée étrangement troublée par je ne sais quelle nostalgie du rêve !

Combien de fois ne sommes-nous pas venus là tous deux, poètes de l’avenir, dans le recueillement et la solitude, demander aux caresses rafraîchissantes des brises, aux murmures confus et berçants de la vesprée, aux mille et une splendeurs embrasées du couchant, le secret de ces émotions vagues dont l’envahissement étreignait si délicieusement nos cœurs de quinze ans !

Premiers cris de l’âme !

Premières vibrations intérieures !

Premiers tressaillements de la jeunesse qui va fleurir !

Vos ivresses inquiètes ne s’oublient jamais.

Toute la vie en garde une espèce d’ébranlement mystérieux et doux.

Oui, bien des choses sont changées.

Les vastes champs que nous foulions à la raquette ; les estacades flottantes où notre canot de pêche reposait à l’abri du vent ; les anses sablonneuses où nous allions faire nos plongeons de jeunes canards, tout cela est disparu.

Les rails du Grand-Tronc et de l’Intercolonial ont bouleversé tout cela, et bien d’autres choses.

C’est sur l’ancien quai Lauzon, construit par sir John Caldwell, et restauré à neuf, que s’embarquent aujourd’hui les voyageurs pour New-York et San Francisco... quand il y en a.

Une vaste usine s’est élevée sur l’emplacement même de la maison dont la cave recéla les cadavres qu’y enfouissait le vieux meurtrier Lanigan, resté vivant dans les souvenirs populaires sous le nom du « docteur Linguienne »... et dans le carnet des savants, sous celui du « docteur l’Indienne ».

Le château Tweedle a été rasé par un incendie.

À bas aussi la vieille colonne qui rappelait l’endroit rendu célèbre par le gibet de la Corriveau.

Les canots d’hiver, ces vieux adversaires de la banquise, ont vu leurs avirons vaincus par les hélices de puissants bateaux à vapeur qui se rient aujourd’hui des débâcles du « Lac », comme des tempêtes de janvier.

Plus de wigwams montagnais éparpillés sur la grève d’Indian Cove : un gigantesque bassin de radoub – puissent les muses me le pardonner aussi volontiers que les électeurs de l’endroit ! – a pris leur place.

Le mai de Tempérance, la boutique à Gnace, la flûte à Gaudreault, la meute à Batoche, tout cela est allé rejoindre les neiges d’antan.

Et les vieux ? partis aussi les uns après les autres.

Je ne suis même pas bien sûr que la mare à Pompon soit encore à sa place.

Mais il n’y a pas que de ce côté du fleuve où la main du temps ait laissé des traces de son passage.

Québec aussi – oui, mon ami, Québec lui-même ! – se transforme petit à petit.

La basse ville a vu deux maisons se construire dans les dix dernières années ; Saint-Roch prend des allures commerciales sérieuses ; Saint-Sauveur s’allonge et se donne le luxe d’une église décorée par un vrai peintre.

Une gare de chemin de fer longe l’anse où ne débarquaient autrefois que les huîtres de Caraquette et les harengs du Labrador.

Les vieilles portes militaires sont démolies, et remplacées, pour la plupart, par des barrières à tournure féodale, avec mâchicoulis et échauguettes en poivrières, – un éloquent défi au statu quo traditionnel.

L’ancienne cathédrale, devenue basilique cardinalice, a refait sa toilette.

Il y a le bassin Louise, le nouveau parlement, un palais de justice neuf, deux clubs d’amis, où l’on se dévore encore mieux que dans les sociétés patriotiques ou de Secours mutuel.

L’historique château Saint-Louis est allé rejoindre les ruines du collège des Jésuites et du vieux poulailler législatif où s’est bâclée la constitution qui nous rend heureux depuis 1867.

Et – circonstances qui frapperont nos neveux d’admiration – la rue Saint-Jean a failli s’élargir, après quarante ans d’efforts ; et l’on commence, paraît-il, à construire un hôtel aux dépens de la Confédération, représentée par mon ami Van Horne !

Faut-il noter d’autres progrès et d’autres disparitions ?

Le cheval de pain d’épice, le bâton de crème, les bull’s eyes, la planchette de tire, le baril de bière d’épinette, sont des institutions du passé.

Les paniers de bric-à-brac s’éloignent peu à peu des places publiques.

Les commis de la basse ville et de la côte de la Montagne ne racolent presque plus les chalands au coin des rues.

La « botte à Barbeau », qui fut longtemps un des plus importants points de repère de la capitale, a quitté ses crochets légendaires.

Et le cabriolet à soupente des anciens jours – la calèche, comme on l’appelle encore – s’il n’est pas classé un de ces quatre matins parmi les reliques de quelque amateur d’antiquités, sera bientôt remisé dans le compartiment réservé aux vieilles lunes.

Plus de garnison anglaise !

À peine quelques artilleurs indigènes arpentant les rues et portant des sabres – comme leurs casquettes, du reste, qui ne leur couvrent jamais que la moitié d’une oreille – pour le principe.

Plus de vieux notaires ou d’anciens greffiers en retraite, allant prendre le frais à cinq heures du matin, sur la Terrasse, en robe de chambre et en pantoufles !

Les maisons, lourdes et basses, sont bien encore assises sur le fin bord des trottoirs ; mais on voit percer ça et là, sous l’arcade des nouvelles barrières et dans le fouillis des cheminées monumentales, les toits à tourelles de constructions plus sveltes et plus modernes.

Les dieux s’en vont !

Bref, mon pauvre Edgar, le cadre de nos premières impressions n’est plus du tout le même.

Ce que nous avons appris à aimer ensemble nous quitte.

Ce qui a fait la gaieté ou la poésie de notre printemps s’efface.

Le passé non seulement n’est plus, mais encore les derniers vestiges qu’il avait laissés derrière lui, comme une traînée d’ombre ou de soleil, s’oblitèrent rapidement.

C’est pour cela que j’ai écrit ces pages.

C’est pour cela que j’ai écrit ces pages, où tu verras revivre quelques-unes de nos années de jeunesse, à côté des physionomies pittoresques qui en ont égayé certains côtés un peu ternes parfois, et dont j’ai voulu, par reconnaissance – je parle des physionomies – rappeler le souvenir.

Il ne faut pas trop mépriser ces types bizarres.

La société serait bien plate, et son aspect bien monotone, si elle n’était pas un peu accidentée et comme bigarrée par ces excentriques personnages à panache polychrome qui en accentuent la variété des teintes, en brisent la tonalité trop persistante.

Du reste, si l’histoire des nations forme, pour celles-ci, un patrimoine précieux, les annales anecdotiques des peuples ont aussi leur importance.

Mieux que la chronologie des grands événements, quelquefois, elles affirment le caractère d’une race, et donnent le secret de certains problèmes sur lesquels se heurte souvent la sagacité de ceux qui ont le plus consciencieusement étudié l’humanité, et médité sur ses inconséquences apparentes.

Loin de moi, cependant, l’ambition de poser à l’historien.

Au contraire – et je désire que le lecteur note bien ceci – on ne doit pas attendre de ces monographies une exactitude historique trop scrupuleuse.

J’ai dessiné mes personnages tels que je les ai vus, ou tels qu’on me les a racontés, sans m’inquiéter de l’absolue vérité des détails.

Pour moi, il est de peu d’importance que tel individu soit né ou mort dans une paroisse ou dans une autre, quelques années plus tôt ou quelques années plus tard.

Si les portraits sont ressemblants, les accessoires peuvent être plus ou moins fidèles, sans gâter le tableau.

Ne pas chercher la petite bête !

Quand l’anecdote est bien en couleur, quand elle est dans la note du personnage, et surtout quand elle est amusante, que désirer de plus ?

Lorsque je rapporte ce que j’ai vu, je le fais avec autant de fidélité que ma mémoire peut me le permettre ; et si ce qu’on m’a raconté me paraît vraisemblable, je le consigne de même, en y mettant le cachet probable, sans jamais me donner la peine – en matière de cette sorte ce serait du temps perdu – d’aller aux sources pour contrôler aucun détail.

Pourvu que la synthèse du modèle s’accuse bien en relief ; que le fond soit d’une nuance plus ou moins conforme à la vérité absolue, que nous importe, après tout ?

C’est là un point sur lequel il est bon de s’entendre avec le lecteur ; la précaution évitera peut-être une peine inutile à qui pourrait trouver, dans mes récits, matière à correction ou à contradiction.

Autre chose.

Si j’ai rangé mes Originaux et Détraqués sous l’étiquette générale de types québecquois, bien que plusieurs d’entre eux n’aient jamais réellement habité Québec, c’est que, à tort ou à raison, pour toute la partie haute du pays – d’Ottawa à Trois-Rivières, et de Montréal à Saint-Jean – un Québecquois n’est pas précisément un homme domicilié dans la ville même de Québec, mais un habitant des environs.

Il lui suffit même souvent d’être né dans le bas du fleuve.

J’ai entendu dire plus d’une fois à Montréal : « C’est un Québecquois, il est de Rimouski. »

J’ai donc pris mes types, mon cher Edgar, non seulement dans la ville de Québec, mais aussi dans le district, – surtout à Lévis, où je suis né, et où nous nous sommes connus.

Cela n’était pas nécessaire, cependant, pour remplir le cadre de mon ouvrage.

J’aurais pu me restreindre aux limites de la bonne vieille ville, et trouver là ample matière à plus d’un volume du même genre.

Car, en fait de types originaux, je ne crois pas qu’il soit un endroit sous la calotte du ciel qui puisse se vanter d’en avoir produit un aussi grand nombre.

Je pourrais citer, par exemple, tel avocat, célèbre par ses saillies, jurisconsulte éminent, inférieur à personne au parquet, et qui, sorti de là, devenait le plus exécrable bohème qui ait jamais traîné ses loques et son ivresse à travers la création.

Tel médecin, excentrique dans ses habitudes, excentrique dans sa mise, excentrique chez lui, excentrique au dehors, savant remarquable, discoureur subtil, qui passa soixante ans de son existence à mystifier ses contemporains par des fumisteries de carabins, quand il n’exposait pas ses jours, pour les soigner gratuitement, pendant les épidémies.

Tel autre citoyen riche et sérieux, instruit et distingué, qui resta fiancé plus de soixante ans, sans jamais manquer un soir la petite promenade à deux, pendant que les meubles achetés pour le ménage, soigneusement paquetés et ficelés, attendaient la noce au fond d’un grenier.

Tel opulent propriétaire-rentier, qui vivait de ce qu’il ramassait la nuit dans les seaux à détritus, et qui est mort dans une soupente où il se chauffait avec de vieux papiers recueillis aux abords des imprimeries.

Et ce marchand – intelligent sur tout le reste – qui n’entrait jamais dans une église, de peur que la voûte ne lui tombât sur la tête !

Et ce délicieux musicien, Français conduit chez nous par le hasard, qui dépensait en une nuit tout le produit d’un concert – les concerts étaient productifs à cette époque – et qui, le lendemain, empruntait un mouchoir pour aller le vendre, afin de se faire raser !

Et cet agent d’assurances qui croyait avoir perdu sa journée, et restait taciturne jusqu’au soir, quand il n’avait pas assisté à un enterrement le matin !

Et ce saint prêtre qui ne voulut jamais dire la messe, parce qu’il s’imaginait que l’évêque, en l’ordonnant, n’avait pas prononcé tous les mots sacramentels !

Et cet hôtelier qui – longtemps avant la légende de Sarah Bernhardt – a gardé, durant vingt ans au moins, dans sa chambre à coucher, le cercueil qui devait le porter au cimetière !

Et ce célèbre prêteur d’argent qui, comme accompagnement à quatre orgues de Barbarie engagés pour la circonstance, jouait lui-même de la grosse caisse au mariage de sa fille !

Et enfin – pardon de faire un pareil méli-mélo – l’inénarrable Honoré, le roi des joyeux vivants, le prototype des bons garçons, l’intarissable robinet à plaisanteries, qui parlait latin comme un archevêque, et qui n’a jamais eu de rival, le coude sur la nappe, pour cligner un œil gaulois devant le petit verre cosmopolite !

J’en passe et des meilleurs.

Sans compter que... j’omets les vivants.

En fait d’originaux surtout – car il ne faut pas confondre ceux-ci avec les détraqués – la nomenclature québecquoise n’a pas de bout.

À quoi cela tient-il ?

Comment se fait-il qu’on ne rencontre pas ailleurs ces types étranges, ou, tout au moins, en semblable agglomération ?

Est-ce dans l’air ?

On le soupçonnerait.

Mais je crois plutôt à l’influence des milieux.

À la mode, un peu ; à la contagion, beaucoup.

Un centre restreint, toujours le même – par conséquent sujet à l’atavisme – reproduit souvent les mêmes figures physiques.

Pourquoi pas les mêmes figures morales ?

Et, quand la tendance morale est l’exagération dans les caractères, dans les vêtements, dans les accoutumances, dans les attitudes, dans les démarches, dans les propensions, pourquoi cette tendance ne se propagerait-elle pas et par l’hérédité et par le coudoiement – par l’atmosphère ambiante, si l’on veut ?

Quoi qu’il en soit, Québec n’est pas seulement une ville typique par sa position géographique, par sa situation topographique spéciale, par son site sans parallèle en Amérique, par son passé héroïque et légendaire, par son aspect physique et ses conditions morales exceptionnelles, c’est la patrie des originaux.

Qu’ils soient hommes d’esprit ou pauvres détraqués, c’est la patrie des originaux – c’est-à-dire de ceux qui sont quelqu’un, ce qui est plus rare qu’on ne le pense.

Plus que cela, quand elle ne leur donne pas naissance, on dirait qu’elle les attire par quelque influence mystérieuse.

Pour ne parler que des hommes d’esprit – dont quelques-uns planent déjà dans l’histoire – si Garneau naît à Saint-Augustin, Ferland et Fabre à Montréal, Routhier à Sainte-Thérèse, Legendre à Nicolet, et Buies on ne sait où ; Buies, Legendre, Routhier, Fabre, Ferland et Garneau sont morts ou mourront à Québec.

Et, plus que cela, si un homme de génie voit le jour à Saint-Lin, c’est pour aller briller au parlement comme député de Saint-Roch de Québec – une division électorale qu’on s’acharne (qu’est-ce que la politique ne peut pas faire ?) à nommer Québec-Est, bien qu’elle soit à l’ouest !

C’est incroyable, mais c’est cela.

Ce bon vieux Saint-Roch – un peu fou peut-être – mais où circulera et vibrera, toujours chaude et généreuse, la dernière goutte du sang chevaleresque que la France a légué à l’Amérique !

Mon cher Edgar, c’est parce que tu sais tout cela, que tu connais le décor, et que tu apprécies mes compatriotes avec plus de justice que ne le font un certain nombre des tiens, que j’ai pensé à te dédier mon petit ouvrage sans importance, je le sais, mais aussi sans prétention.

Puisses-tu ne pas avoir plus de répugnance à le feuilleter que je n’ai eu d’ennui à l’écrire.

Montréal, 15 août 1892.

L. F.

Originaux et détraqués
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