Laure Conan : sa vie

 

1845 – Naissance de Marie-Louise-Félicité Angers, à la Malbaie, d’une vieille famille canadienne. La famille aurait été anobli par Louis XIV et se serait établie à Québec vers 1660. Le père est pourtant forgeron et la mère tient un magasin général. C’est la quatrième des douze enfants du couple. À cette époque, le village comptait tout au plus une vingtaine de maisons.

1858-62 – Études chez les Ursulines de Québec. Elle est une élève brillante. Elle lit énormément.

1862 – Elle fait la rencontre de Pierre-Alexis Tremblay. Le couple se fiance, mais pour quelques raisons qui sont demeurées obcures, après cinq ans, Tremblay, qui a des ambitions politiques et deviendra même député de Chicoutimi, rompt les fiançailles, et Félicité en éprouve une intense déception amoureuse. Ce sera son seul amour et l’expérience aura une influence déterminante sur son œuvre.

À la suite de cette déception, Félicité retourne dans sa famille au village natal où elle mène une vie retirée, s’adonnant à l’horticulture, à la lecture puis à l’écriture.

1878-79 – Publication de sa première nouvelle, Un amour vrai, dans la Revue de Montréal. Le texte est édité en volume pour la première fois sous le titre de Larmes d’amour en 1879, sans l’autorisation de l’auteure. Elle utilise pour la première fois le pseudonyme sous lequel on la connaîtra désormais : Laure Conan. Elle se passionne pour l’histoire, les Relations des Jésuites, la correspondance de Marie de l’Incarnation...

1881-1822 – Son roman le plus connu, Angéline de Montbrun, paraît en feuilleton dans la Revue canadienne. Le roman est écrit sous forme de lettres et de journal intime. On le considère généralement comme le premier roman psychologique publié au Québec. Le roman connaît le succès dès sa parution et est réédité en volume trois fois du vivant de l’auteur : 1886, 1905 et 1919.

« Il y a deux ans, la Revue canadienne de Montréal (juin 1881) entreprenait, sous le titre d’Angéline de Montbrun, la publication d’un roman canadien qu’on disait une œuvre fort remarquable. La curiosité publique fut vivement piquée par l’annonce que ce roman était dû à une femme, dont le nom véritable commençait à se faire jour à travers le pseudonyme de Laure Conan, derrière lequel s’abritait l’auteur. » (H.-R. Casgrain)

« Le style de Laure Conan est sobre, impeccable de forme, d’une élégance toute française. Sa pensée est originale, sa phrase est concise ; elle sait exprimer ses idées avec un incomparable bonheur d’expression, et un charme pénétrant. Un mot, une tournure de phrase, un simple trait descriptif ont, sous sa plume le don de remuer le cœur jusque dans ses fibres les plus intimes et de l’émouvoir délicieusement. Un de nos hommes de lettres, M. l’abbé Casgrain, a surnommé Laure Conan, l’Eugénie de Guérin canadienne. Ce titre élogieux vaut toutes les louanges. » (Françoise (Mme Robertine Barry), Les femmes du Canada : leur vie et leurs œuvres, 1900.)

1883 – L’obscure souffrance, nouvelle.

1886 – Si les Canadiennes le voulaient, brochure patriotique écrite sous forme de dialogues.

1891 – À l’œuvre et à l’épreuve, son premier roman historique.

1893 – Elle s’établit chez les religieuses du Précieux Sang à Saint-Hyacinthe où elle dirige la revue la Voie du Précieux Sang jusqu’en 1898. Elle y écrit plusieurs articles à caractères religieux, moral ou historique. Mais elle publie aussi dans d’autres revues dont Le Monde illustré, Le coin du feu et Le journal de Françoise. Elle correspondra aussi tout au long de sa vie avec plusieurs écrivains de l’époque.

1898 – Elle rentre à La Malbaie afin de soigner sa sœur malade. Après le décès de celle-ci, elle partagera à La Malbaie la vie de son frère, notaire de l’endroit. Elle ne quittera plus la Malbaie qu’en 1920.

1900 – Publication dans la Revue canadienne du roman historique L’Oublié, qui raconte les amours de Lambert Closse et d’Élizabeth Moyen, aux débuts de la colonie, vers 1660. L’ouvrage est couronné par l’Académie française.

« Lambert Closse (...) est venu au Canada vers le milieu du dix-septième siècle. Il fut un des plus dévoués compagnons de M. de Maisonneuve ; il l’aida puissamment à fonder Ville-Marie ; maintes fois il défendit la ville naissante contre les attaques des sauvages, et les Jésuites ont écrit de lui dans leurs Relations qu’ « il a justement mérité la louange d’avoir sauvé Montréal par son bras et sa réputation. »

Or, Lambert Closse épouse, à Ville-Marie (...), Élizabeth Moyen, jeune orpheline qui avait été enlevée par les Iroquois dans un combat où ses parents furent massacrés, mais qui ensuite fut rendue à la liberté et échangée par les sauvages pour un guerrier que l’on avait fait prisonnier à Montréal. Le vie de famille ne fut pas longue pour Lambert Closse et Élizabeth Moyen. Le mari fut tué par une balle iroquoise, et la jeune épouse resta veuve à dix-neuf ans, n’ayant pour se consoler qu’une petite fille de deux ans.

Et voilà tout le sujet du roman, tout le thème sur lequel devaient broder l’imagination et l’exquise sensibilité de Laure Conan. Lambert, c’est l’oublié ; Élizabeth, c’est la jeune fille timide, un peu naïve, attachante, qui éveille un très discret amour dans un cœur de brave, lequel ne semblait né tout d’abord que pour la gloire et les rudes combats. » (Mgr Camille Roy, Romanciers de chez nous, Éditions Beauchemin, 1935, pp.106-107.)

1903 – Élizabeth Seton, biographie de la fondatrice de la branche américaine des Sœurs de la Charité.

1912 – Elle publie des récits historiques : Louis Hébert, premier colon canadien et Physionomies de saints.

1917 – Silhouettes canadiennes.

1919 – L’obscure souffrance, nouvelle.

1920 – Elle adapte pour le théâtre L’oublié, sous le titre Aux jours de Maisonneuve, qui sera joué sans succès la même année par des amateurs au Monument National. Malade, elle se réfugie dans un couvent de Sillery, la villa Notre-Dame-des-bois.

1921 – La vaine foi, nouvelle écrite sous forme de journal intime.

1923 – Elle écrit un roman historique, son dernier, La sève immortelle, et l’ouvrage ne paraîtra qu’après sa mort, en 1925, grâce au soin de l’historien Thomas Chapais, qui en signe la préface. L’ouvrage a pour cadre les lendemains de la défaite de Sainte-Foy en 1763.

1924 – Elle meurt le 6 juin à Québec.