CHAPITRE XXII
Jacen et Jaina, épaule contre épaule, s’approchèrent le plus possible de l’écran de l’Académie Jedi où l’image de Yan et de Leia se matérialisa.
Les jumeaux crièrent de plaisir en découvrant leurs parents.
Yan Solo s’autorisa un rire satisfait.
— Eh bien, je n’ai pas eu besoin de venir vous chercher avec le Faucon, ce coup-ci !
— Et je n’ai pas été obligée de mobiliser la Nouvelle République pour vous sauver, renchérit Leia, ravie. Nous avons eu le rapport de Luke hier. Les vaisseaux de reconnaissance envoyés à votre recherche essaient de retrouver la trace de l’Académie de l’Ombre.
Placé derrière le couple Solo, Chewbacca grogna un message en langue wookie pour Lowie, qui répondit de même.
Dans le centre de communication, Luke Skywalker, debout à côté de D2-R2, laissait parler les jeunes Jedi.
— Lando Calrissian dit que ce genre de chose ne pourra plus jamais se reproduire, expliqua Jacen, tout excité. Il travaille à l’amélioration de la sécurité de la station des Pêcheurs de Gemmes en compagnie de Lobot, son assistant. Il utilisera même les gemmes corusca pour faire je ne sais trop quoi…
Luke prit la parole.
— Je doute que l’Académie de l’Ombre attaque de nouveau la station pour chercher des étudiants. Nous savons ce que Brakiss veut faire. Je pense qu’il recrutera ailleurs des Jedi Obscurs potentiels.
— Nous avons ramené avec nous le meilleur vaisseau de l’Académie de l’Ombre, triompha Jaina. Vous devriez voir sa conception ! Il est à la pointe de la technique. Papa, il ne ressemble à aucun modèle des manuels !
Luke posa une main sur l’épaule de l’adolescente.
— Nous devons le remettre à la Nouvelle République, Jaina. Il n’est pas à nous…
Yan l’interrompit.
— Eh, vieux, tu veux que j’envoie un mécanicien examiner le vaisseau pour essayer de comprendre comment il marche ?
Luke haussa les épaules.
— Si tu veux, mais j’ai un mécanicien expérimenté et un spécialiste en électronique sur Yavin 4, prêts à commencer immédiatement le travail : Jaina et Lowie.
Un sourire radieux éclaira le visage de Leia.
— D’accord, Luke. Nous enverrons nos ingénieurs l’étudier, mais tu gardes le vaisseau. Utilise-le si nécessaire. Tu l’as gagné en sauvant Jacen, Jaina et Lowie. De plus, tu es un membre important de la Nouvelle République. Nous nous sentirons plus tranquilles si tu disposes d’un vaisseau sûr et rapide quand tu sillonnes la galaxie. Et ne me dis pas que tu as oublié comment piloter un super navire !
Luke sourit, embarrassé.
— Non, je n’ai pas oublié. Mais m’entraîner un peu ne me fera pas de mal.
Jaina et Lowbacca étaient dans les quartiers de la jeune fille ; sur le projecteur holographique, ils travaillaient au schéma de leur nouveau vaisseau, le Chasseur d’Ombres. Ce diagramme n’était pas aussi précis que celui du T-23 de Lowie, mais ils l’amélioreraient à mesure qu’ils en sauraient plus sur le navire impérial.
Lowie grogna quand l’hologramme devint flou.
— Maître Lowbacca espère vivement qu’une comète s’écrasera sur la résidence secondaire du concepteur de ce foutu sous-système, traduisit imperturbablement DTM.
Lowie gronda en direction du droïde miniature. Entièrement purgé de sa programmation impériale, l’exaspérant traducteur droïde était redevenu égal à lui-même…
— Comment puis-je savoir que vous ne tenez pas à ce que je traduise les injures ? gémit DTM. Mais vous conviendrez que j’ai bien rendu votre intention. Pensez à tous les idiomes dont je dois faire l’analyse grammaticale pour une seule…
Lowie coupa DTM avec un grognement satisfait.
Tenel Ka entra dans le centre de communication. Aucun cauchemar ne l’avait perturbée depuis son retour sur Yavin 4. Elle se demandait bien sûr ce qui arriverait maintenant qu’un nouvel ordre de Sœurs de la Nuit allié à l’Empire était apparu sur Dathomir, mais ses ennemies ne hantaient plus ses rêves.
Tenel Ka contacta la Maison Royale de Hapès. Elle parla à ses parents, leur assura qu’elle allait bien, et leur transmit les salutations du Clan de la Montagne Qui Chante. Puis se préparant à recevoir des ordres impérieux, elle demanda à parler à la Reine Mère.
Quand le visage de son aïeule apparut sur l’écran, à demi voilé comme c’était la coutume, ses yeux souriaient. Tenel Ka y lut autre chose, qu’elle n’était pas sûre d’interpréter correctement. Était-ce de la surprise ?
— Merci de t’être souvenue de m’appeler. Mes sources affirment que j’ai tout lieu d’être fière de toi. Je suis désolée que mon ambassadrice n’ait pas pu te rencontrer. Hélas, je crains que cette visite ne soit remise indéfiniment, car j’ai dû dépêcher Yfra dans le système de Duros. Une affaire urgente… et de longue haleine !
La bouche de Tenel Ka s’ouvrit, mais aucune réponse ne lui vint à l’esprit.
— Tu pardonneras quand même à une grand-mère inquiète d’essayer de trouver un moyen de s’occuper de sa petite-fille à distance, j’espère ? Un ou deux gardes discrets, dans un système proche, peut-être ? Je pense que ce serait le mieux pour nous deux.
La vieille dame se pencha pour couper la communication. Avant de le faire, elle murmura :
— De plus, j’ai le sentiment que tu n’es pas particulièrement triste d’avoir raté l’ambassadrice Yfra.
— On peut le dire…, marmonna Tenel Ka.
Pour la première fois depuis des années, elle était d’accord avec sa grand-mère !
Jacen attendait maître Skywalker en haut du Grand Temple de Yavin 4. Après un orage matinal, la lumière orangée reflétée par la planète géante perçait les nuages gris. Une brise légère ébouriffait les cheveux de l’adolescent qui recevait de temps à autre une goutte de pluie.
Même s’il craignait les réprimandes de son oncle, Jacen était content d’être de retour sur Yavin 4. Depuis qu’ils étaient revenus de l’Académie de l’Ombre, le Maître Jedi avait eu une entrevue privée avec Jaina et Lowie. Jacen n’avait pas idée de ce qu’il leur avait dit, mais tous deux avaient semblé très tranquilles après l’entretien.
Maintenant, c’était son tour.
Jacen sentit la présence de Skywalker avant de le voir. Sans hâte, Luke vint se placer à côté de lui. Pendant un moment, aucun d’eux ne parla. Jacen se détendit. Il était prêt à entendre tout ce que le Maître Jedi avait à lui dire.
Enfin, presque tout…
— Prends ça, dit Luke, lui posant un cylindre métallique dans la main. Montre-moi ce que tu as appris.
Surpris, Jacen regarda le sabrolaser. L’arme était lourde et compacte, sa poignée aussi chaude que la peau de sa main. Il la soupesa, l’étudia, passa un doigt le long des rainures du manche, jusqu’au bouton d’activation. Il entendait déjà le bourdonnement du sabrolaser, sentait ses pulsations tandis que la lame fendait l’air…
Jacen ouvrit les yeux et bomba le torse.
— Voici ce que j’ai appris, dit-il en rendant l’arme au Maître Jedi. Tu avais raison : je ne suis pas prêt. L’arme des Jedi ne doit pas être prise pour un jouet.
— Mais tu sais t’en servir. Brakiss te l’a montré, non ?
Jacen fit signe que oui.
— Je suis physiquement capable de l’utiliser. Et je sais comment combattre un adversaire. Mais je ne suis pas sûr d’être prêt mentalement. Peut-être ne suis-je pas assez mûr.
— Tu n’as pas aimé le combat autant que tu le pensais ? demanda Luke.
— Non. Oui. Je veux dire, non… J’ai appris certaines choses… Mais je ne suis pas sûr que c’était les bonnes. Un sabrolaser n’est pas simplement une arme de parade pour impressionner les amis. C’est une très grande responsabilité. Une seule erreur peut entraîner la mort d’un innocent.
Luke acquiesça, ses yeux bleus brillant de compassion.
— Cela semble parfois une trop grande responsabilité, même pour moi. Mais la Force nous guide quand nous combattons. Pas seulement pour nous aider à vaincre nos ennemis, mais pour savoir à quel moment ne pas les vaincre.
Leurs yeux se rencontrèrent.
— Même si ce qu’ils font est mal ?
Le regard de Luke Skywalker ne se déroba pas.
— Personne n’est entièrement mauvais. Ou entièrement bon. En tout cas, personne que j’aie rencontré !
— Brakiss…, commença Jacen.
— Brakiss enseigne à ses étudiants le Côté Obscur de la Force. Tu as entendu son credo. Mais un professeur n’a pas toujours raison. Tu penses par toi-même, donc tu as compris qu’il ne fallait pas le croire.
Skywalker fit un petit signe approbateur.
Jacen réfléchit un moment.
— Brakiss m’a laissé faire ce que je voulais le plus au monde : m’entraîner au sabrolaser. Mais je ne pouvais pas lui faire confiance. Il espérait me convertir au Côté Obscur, m’utiliser au bénéfice de l’Empire. Mon oncle, j’ai confiance en toi. Tu avais raison pour le sabrolaser. J’attendrai jusqu’à ce que tu dises que je suis prêt.
Luke leva les yeux vers les nuages en train de se disperser. La lumière inondait le paysage.
— Avec l’Académie de l’Ombre quelque part dans l’espace, et les jeunes Chevaliers Jedi Obscurs que Brakiss forme, j’ai bien peur que ce jour ne soit très proche.