CHAPITRE IX

Jaina observait ses frères d’un regard morose. Se mordillant la lèvre, elle se demandait ce que leur mère dirait en revenant des quartiers de l’ambassadrice karnakienne. Il fallait espérer qu’elle ne serait pas trop en colère contre Zekk !

Marmonnant comme un vieux radoteur, Jacen faisait les cent pas dans leur chambre.

— Par mon blaster ! s’écria-t-il avec un grand geste dramatique. Ce n’est pas croyable : Zekk qui prend le bouquet pour une salade ! Par bonheur, Tenel Ka était là pour résoudre les autres problèmes. Mais nous avons quand même dû produire une impression désastreuse sur la Karnakienne. Ses enfants se tenaient si tranquilles…

— Ça ne sera pas aussi terrible que ça, fit Anakin, assis sur un coussin près de la porte. Maman va se débrouiller. Vous verrez.

Jaina soupira.

— Zekk doit se sentir affreusement mal.

— Nous le verrons demain matin, la rassura son frère. Quand nous irons récupérer l’unité multitâche, nous pourrons alors nous excuser d’avoir ri de lui…

La porte de la chambre s’ouvrit, livrant le passage à Leia. Elle n’avait pas l’air fâchée, plutôt amusée.

Passé un moment de surprise, les trois enfants piaillèrent en même temps.

— Je suis désolée, maman. Tout est ma faute, expliqua Jaina.

— L’ambassadrice nous en a voulu ? demanda Jacen.

— Où est papa ? s’enquit Anakin.

Ce tir groupé obligea Leia à réagir.

— Il n’y a pas de raison d’être désolée, Jaina, dit-elle en embrassant sa fille. Selon l’ambassadrice, mes trois enfants sont formidables, et ils ont des amis charmants.

Elle poursuivit, caressant les cheveux noirs et raides de son benjamin :

— Pour répondre à ta question : votre père a d’abord discuté d’itinéraires hyperspatiaux réservés au commerce entre Karnak Alpha et la Nouvelle République. Ensuite, il a abordé un autre point, plus important, avec la délégation karnakienne, et il a décidé de rester encore un peu…

Quelle tournure surprenante les événements avaient prise ! Soulagée, Jaina se laissa tomber dans un canapé moelleux.

Sa mère la rejoignit et Jacen se blottit avec elles. Ayant programmé le meuble pour qu’il imite le mouvement d’une chaise à bascule, Leia se détendit enfin.

Anakin approcha son pouf du canapé.

— La représentante karnakienne était impressionnée par la présence de tant de jeunes gens au banquet, expliqua la présidente. Elle a trouvé qu’un adulte prêt à oublier ses habitudes pour mettre un enfant à l’aise devait pouvoir négocier un traité avec Karnak Alpha. Je suis ravie que vous ayez été avec nous plutôt qu’à l’Académie Jedi.

— Tant mieux, maman, fit Jaina, sa sérénité retrouvée.

— Moi aussi, j’ai appris une chose essentielle ce soir, poursuivit Leia. Pendant que votre père et moi raccompagnions l’ambassadrice et sa suite, j’ai réalisé que mes enfants et leurs soucis ont plus d’importance qu’un représentant d’une puissance étrangère, aussi importante fût-elle. Quand nous sommes arrivés dans les quartiers des Karnakiens, l’ambassadrice s’est déclarée prête à négocier les conditions d’une alliance entre sa planète et la Nouvelle République. Je me suis étonnée en répondant qu’il serait toujours temps d’en parler demain. Ce soir, mes enfants avaient besoin de moi et j’avais très envie de passer un moment avec eux.

Jaina s’autorisa un sifflet. Sa mère était tellement préoccupée par ses obligations qu’une telle attitude paraissait inimaginable.

— Tu n’as pas fait ça ! s’exclama-t-elle.

— Si. Et tenez-vous bien, car voilà la réponse : les choses étant ainsi, l’ambassadrice n’avait plus aucun doute sur le succès d’une alliance entre nous ! Tout est pour le mieux…

— Alors pourquoi papa n’est-il pas revenu avec toi ? demanda Anakin. Quel problème est si important ?

Leia choisit ses mots avec soin :

— Votre père a proposé de rester avec les Karnakiens… pour raconter aux enfants une histoire de bonne nuit. La préférée des jumeaux ! Vous devinez laquelle ?

La réponse vint, les trois voix enfantines n’en faisant plus qu’une :

— Le petit Bantha perdu !

— Si c’est comme ça, il va falloir que tu nous racontes une de tes aventures, maman, ajouta Anakin, les paupières déjà lourdes de sommeil.

La présidente obéit de bonne grâce.