— TU M’AS MENTI !
— T’as vu ma mère, comment elle est ?
— Tu avais dit qu’il n’y avait aucun risque.
— Toujours à me sortir des méchancetés devant tout le monde, toujours à me chercher des crosses…
— Tu avais dit qu’il n’y avait aucun souci.
— Une mégère complète, voilà ce qu’elle est ! Une sale mégère à la…
— Tu n’as pas joué franc-jeu avec moi.
— Bon, maintenant que je suis en cloque, elle va devoir se montrer plus gentille, c’est sûr.
— Tu m’as délibérément roulé dans la farine, il n’y a pas d’autre terme. Bon sang, tu te rends compte de ce que tu as fait ? Du… pétrin dans lequel tu nous as mis tous les deux ?
Moi, je hurlais. Elle, elle souriait.
— Ouais, ouais, je sais.
— Tu m’as piégé !
— Tu t’es piégé tout seul.
— Si j’avais su qu’il y avait un risque, j’aurais pris des précautions !
— J’ai pas dit : « C’est blindé à cent pour cent. » J’ai dit : « Pas de souci. » C’est toi qui as décidé de prendre le risque. Et de toute manière tu m’avais déjà tringlée plusieurs fois avant de me demander si je prenais quoi qu’ce soit, non ?
— Pourquoi tu m’as raconté que tu avais eu tes règles pendant que j’étais dans le… poulailler, alors ?
— J’voulais pas gâcher notre lune de miel, faut croire.
— Merde, c’était un putain de mensonge, Angie !
Encore son sourire de petite innocente.
— C’en était un, j’suppose.
— Bon Dieu !
— Pas besoin d’te mettre dans tous tes états, Nick ! Parce que tu peux rien y faire. Et d’ailleurs… (Elle m’a poussé sur le lit d’une bourrade avant de grimper sur moi, ses genoux douloureusement pressés contre ma cage thoracique.)… t’es pas content ?
Ce n’était pas une question, mais une menace.
— Je suis ravi.
— Tant mieux !
Elle s’est laissée tomber à côté de moi sur le matelas.
— Vu comment t’as réagi à la nouvelle, j’en étais pas certaine.
— J’ai été… surpris, c’est tout.
— Tu penses quoi de Sonny si c’est un garçon et de Cher si c’est une fille ?
Ce que j’en pense ? Je pense que je vais tout faire pour être à vingt mille kilomètres d’ici lorsque l’enfant naîtra.
— Super comme prénoms.
— Papou a eu l’air tout heureux, pas vrai ? Son premier petit-enfant, tu comprends…
Il avait même profité de l’occasion pour se saouler. À mort. Sitôt après l’annonce sensationnelle d’Angie, il avait décrété que le bar était maintenant accessible à volonté et avait entrepris d’engloutir une demi-caisse de bière en moins de trente minutes. Une fois beurré, il avait donné libre cours à un sentimentalisme d’homme de Néandertal, enlaçant ses acolytes Robbo et Les, eux-mêmes déjà remplis de bibine, pour bafouiller des mièvreries d’ivrogne à l’oreille de Robbo : « Ma Princesse qui va être mèèère… T’entends ça, mon cochon ? Ma petite Angie, maman… »
— Arrête tes foutues salades, hein ? lui avait assené Gladys, qui ne prenait aucune part à la célébration et supportait visiblement mal la sensiblerie de son époux.
Son caquet rabattu, Papou s’était réfugié devant le comptoir, empoignant une nouvelle canette, tandis que ma belle-mère tournait son ire contre moi :
— Félicitations, l’Amerloque, avait-elle sifflé en rallumant la clope vissée au coin de sa bouche. T’as fait de cet abruti le plus heureux des hommes. Pour le moment, en tout cas.
— Et vous, vous n’êtes pas contente ? lui avais-je répondu.
— Pas des masses. Et toi, tu l’es ?
— Eh bien… évidemment.
— Évidemment que non, alors, arrête tes craques. Ça se voit comme le nez au milieu d’la figure. Je parie que t’étais même pas au courant qu’elle avait un polichinelle dans le tiroir.
— Je dois reconnaître que, euh, ç’a été…
— Comme si le ciel t’était tombé sur la tête ?
— Euh… En fait, oui, on peut dire ça.
— Un peu qu’on peut ! Et tiens, voilà une autre bonne surprise pour toi : tous ces plans que tu te fais dans ta tête de piaf sur comment te barrer d’ici… inutile de nier, je sais ce que tu fricotes… Eh ben, mon p’tit conseil, c’est qu’tu les oublies. Parce que, maintenant que t’as encloqué la petite Princesse à son papa, il te tuera pour de bon si t’essaies de décamper. Il te tuera de ses propres mains, et avec le plus grand plaisir. Et maintenant, profite bien de la fête, Yankee-p’tit-kiki, a-t-elle conclu en m’offrant un sourire méprisant.
Alors que Gladys s’éloignait dans un nuage de fumée, un bras s’était refermé autour de ma gorge, cherchant à me faire avaler ma pomme d’Adam. Mes tentatives pour échapper à cette strangulation furent récompensées par un gros baiser alcoolisé et baveux sur le front : Papou avait décidé de me manifester une inquiétante affection.
— J’pourrais te casser le cou facile, avait-il observé en accentuant la pression. Comme une tite branche ! Mais, dans ce cas, mon futur p’tit quinquin, il aurait pas de père, non ?
— Non.
— Un quinquin, ç’a besoin d’un père, tu sais ?
— Je sais.
Renonçant à me garrotter, il avait cependant gardé son bras énergiquement serré autour de mes épaules.
— Tu vas être un bon père, hein ?
— Promis.
— Et tu vas t’assurer que ma Princesse a la belle vie, tu promets ?
— Je promets.
— Si t’es un bon mari et un bon père, tout ira au poil pour toi, ici.
— Je le serai.
— J’ai ta parole, mon salaud.
À ce moment, il avait procédé à un rituel qui semblait très important, dans cette famille : me verser une canette de bière sur le crâne, à la manière d’Angie.
— J’aurais jamais cru que j’aurais un Amerloque pour gendre. Mais ça va, tu fais l’affaire. En tout cas, c’est c’que j’pense. Et n’oublie pas : ton cou, c’est rien qu’une tite branche, si j’vois qu’tu fais pas l’affaire. Et t’as intérêt à t’présenter au turbin à six heures demain matin !
Il était retourné au bar en vacillant pour réclamer une pinte en remplacement de celle dont il m’avait aspergé. Tandis que je cherchais à apercevoir Angie, une serviette lancée à la volée m’avait atteint en pleine figure.
— Séchez-vous.
C’était Krystal.
— Merci, avais-je murmuré en m’épongeant la tête.
— Papa peut être dangereux quand il a trop bu.
— Il m’a l’air dangereux à n’importe quel moment du jour et de la nuit.
— C’est vrai, a-t-elle répondu en baissant les yeux. Vous devez faire attention.
— Je suis tombé dans un traquenard.
— Je sais.
— C’est aussi ce qui est arrivé à votre mari, non ?
Elle était devenue livide, une fois encore, et j’avais aussitôt regretté ma question.
— Je dois y aller, avait-elle chuchoté avant de filer à travers la salle et de prendre la porte sans me donner le temps de placer un mot de plus.
Là, une main s’était posée sur mon derrière et m’avait pincé la fesse.
— Alors, on drague ma sœurette ?
Angie. Complètement bourrée.
— On bavardait, rien de plus.
— Elle a décampé comme si elle avait le feu au cul. Tu lui as dit quoi, au juste ?
— Que tu faisais des pipes inoubliables.
— Ah, t’es un drôle, toi ! s’était-elle extasiée en riant.
Après cet effort, elle avait abandonné son front sur mon épaule.
— C’est l’heure de rentrer à la maison, avais-je dit en tentant de l’empêcher de tomber.
— Il me faut une autre biérette.
— Tu es pintée, Angie.
— Eh ouais, j’dois écluser pour deux maintenant ! avait-elle répondu avant de succomber à une attaque de gloussements convulsifs.
La saisissant par le coude, je l’avais tirée vers la sortie.
— Dis bonsoir.
— Soir ! avait-elle hurlé à sa famille.
Nous n’avions pas échangé un mot jusqu’à la bicoque. Et c’est dans notre chambre, alors qu’elle avait quelque peu dessoûlé, que nous avions eu une petite conversation sur les « mérites » de la méthode Ogino comme contraception, à la suite de laquelle elle avait tenté de me briser les côtes avec ses genoux.
« Sonny et Cher. » Dans le lit cette nuit-là, avec les bras d’Angie entortillés autour de moi comme des tentacules de pieuvre, ces deux prénoms ne cessaient de coloniser mes pensées. Je n’avais jamais voulu me marier, et encore moins avoir d’enfants. Aucun désir de reproduire ma lamentable identité. Pourtant, j’allais bientôt être père et… « Sonny et Cher », « Sonny et Cher », « Sonny et Cher »… Deux prénoms qui sonnaient le glas de mon existence.
J’ai frissonné, puis laissé le sommeil étouffer mes idées noires.
J’ai été réveillé par des hoquets et des râles. Angie était affalée devant la cuvette des toilettes, punie par la justice divine pour toute la bière qu’elle avait éclusée la veille. Mais, quand elle a retrouvé l’usage de la parole, ses premiers mots ont été : « Putain de nausées matinales, ça commence… »
L’ignoble crapule en moi s’est réjouie de son malaise, juste rétribution de l’ordalie gastro-intestinale que j’avais moi-même vécue dans le poulailler. Toutefois, j’ai affecté le ton compatissant du mari modèle lorsqu’elle a été secouée par des renvois de bile :
— Ça va pas, chérie ?
— J’suis cassée.
— Tu devrais peut-être t’étendre ?
— Peux… pas, a-t-elle gémi tandis que son estomac se soulevait une nouvelle fois.
— Tu crois que tu pourras supporter l’usine de viande, aujourd’hui ?
Je m’amusais pour de bon, maintenant.
— Impossible !
— Et une petite bière ? Ça ferait passer le goût du…
— Aaarrgh ! a-t-elle gargouillé pendant que son visage prenait une nuance puce du plus joli effet.
— Je ferais peut-être mieux de prévenir Robbo qu’il te faut un jour de repos.
— Merci…
J’ai enfilé un vieux maillot de bain et un tee-shirt – ma tenue de travail – avant de lui accorder un dernier sourire de petit mari dévoué :
— Alors, à plus tard, chérie. Excellente journée !
Il était près de six heures du matin. Dans la faible lueur de l’aube, Wollanup avait déjà repris sa vie laborieuse. En traversant la ville, j’ai entendu les enfants chanter sous l’auvent de l’école. Ils interprétaient à tue-tête une vieille comptine :
« Mary avait un p’tit mouton,
Si blanche était sa toison,
Et partout où Mary allait,
Son agneau la suivait.
Un jour à l’école il l’a suivie,
C’était contre le règlement mais tant pis. »
Plus je m’approchais, mieux je distinguais la voix de Krystal se détacher du vacarme enfantin. Arrivé en face de l’école, je me suis arrêté de l’autre côté de la route pour la regarder diriger un chœur de dix garnements. Debout face à sa classe, elle était vêtue d’une simple robe en coton, et les lunettes à monture d’écaille perchées sur son nez lui donnaient un air de maîtresse d’école étonnamment séduisant. Quand elle a levé les yeux de son livre de chansons et m’a aperçu, elle les a immédiatement baissés, ce qui m’a paru être le signe que je ne devais pas rester là.
« Les enfants ont ri et crié
En voyant le mouton devenu écolier.
“Sortez !”, a dit le professeur indigné,
Et le p’tit mouton est resté dans la cour,
Attendant que Mary ait fini son cours. »
Chapeau bas devant l’urbaniste de génie qui avait eu l’idée d’implanter l’abattoir municipal juste à côté d’un établissement scolaire ! Le bruit des machines des Viandes Wollanup couvrait déjà le refrain de Mary et son petit mouton. Et si les élèves de Krystal, dans leur classe sans murs, voulaient se changer les idées, ils pouvaient, d’un simple coup d’œil, profiter du charmant spectacle auquel j’assistais à cet instant : un camion à plateforme dépourvu de ridelles, chargé à ras bord d’un tas de kangourous fraîchement tués, venait de s’arrêter à la porte de l’usine. Mes deux beaux-frères, Tom et Rock, en sont sortis et ont grimpé à l’arrière ; plongeant dans les carcasses jusqu’aux genoux, ils ont entrepris de jeter leur chargement sur la cour en béton. Là, Robbo, équipé de cuissardes de pêcheur et d’un tablier en PVC ensanglanté, examinait négligemment les bêtes une par une, retournant leur tête du bout de sa botte avant de permettre à ses deux assistants de les traîner à l’intérieur, où deux autres employés s’empressaient de passer un bracelet en métal autour des deux pattes arrière de chaque cadavre. Ce dispositif les raccordait à un filin solide monté sur une glissière ; hissés tête en bas dans les airs, les kangourous morts parcouraient quelques mètres avant de s’arrêter au-dessus d’une grande cuve en plastique. Gladys les attendait là, armée d’une machette. Une sorte d’immense sac à ordures lui couvrait le corps, un bonnet de douche blanc et des lunettes de ski complétaient sa tenue. Sans jamais cesser de tirer des bouffées sur son éternelle clope, elle attrapait d’une main la bête par les oreilles, l’attirait vers elle et tranchait la jugulaire d’un coup sec de coupeuse de canne à sucre ; un geyser de sang partait dans la cuve, suivi d’un écoulement moins impétueux mais régulier. Lorsque Gladys estimait que le système circulatoire de la bête était vide, elle pressait un bouton et la carcasse reprenait son voyage aérien. L’arrêt suivant avait lieu au-dessus d’une deuxième cuve, où un type décapitait la bête à l’aide d’une tronçonneuse électrique. Privé de sa tête, l’animal parvenait à une troisième étape : une adolescente, une fille de Robbo, lui ouvrait la panse au scalpel, écartait la chair des deux mains et retirait toutes les entrailles de la cavité, reprenant son couteau de chirurgien lorsqu’un bout d’intestin ou d’organe refusait de se détacher des parois.
— Beau boulot, Mags ! a lancé Robbo à sa fille.
M’apercevant planté devant l’usine, il m’a crié :
— Où est ta putain d’épouse ?
— Elle vomit.
— Avec toute la pisse qu’elle s’est envoyée hier soir au pub, c’est pas étonnant.
— D’après elle, c’est le début des nausées matinales.
— Ouais, ouais, c’est ça ! J’ai d’la chance que Mags l’a déjà remplacée pendant que Miss Angie se baladait dans l’pays.
— C’est ça, le travail d’Angie ? ai-je demandé en observant Mags qui venait de s’attaquer aux viscères du kangourou suivant.
— Une vraie artiste du couteau, ta patronne ! Elle te les vide en trente secondes pétantes. Et jamais un bout d’tripe oublié dedans ! Question anatomie, Angie, c’est un as. Tu comprends, nous autres, on fait pas que vendre la bidoche de kangou, on se fait aussi du fric avec tout le reste, cœur, foie et boyaux. Mais la boîte qui fabrique la bouffe pour clebs et chats, ils veulent des organes pas abîmés. Dans l’temps, c’était le job de Gladys, mais… (Il s’était approché de moi et il a baissé la voix, adoptant le ton de la confidence :)… À franchement parler, c’est une putain d’sauvage, Gladys. Comment qu’elle te taillait là-d’dans ! Tu vois, elle, c’est le genre cogneuse et c’est pour ça que ça lui convient bien de s’occuper d’la jugulaire. Alors qu’Angie… Ah, ça, c’est une lady ! Tout en finesse ! Sauf que tu dois la mettre en garde : si elle fait la cossarde et qu’elle commence à manquer, il se pourrait bien que Mags lui fauche sa place.
Ma femme, une artiste. La meilleure éviscératrice de Wollanup. Quel titre honorifique !
— C’est une opération qui tourne bien, d’après ce que je vois, ai-je approuvé en faisant de mon mieux pour ne pas respirer par le nez, car mes narines ne s’étaient pas encore habituées à l’odeur des entrailles fumantes.
— On est cap d’expédier soixante kangous avant la fermeture à midi.
— Vous ne travaillez que le matin ?
— Faudrait être sacrément fêlé pour tripatouiller la bidoche dans la chaleur de l’après-midi.
— Et les… bêtes, elles viennent d’où ?
— Y a une grande étendue de bush par là-haut, au-dessus des falaises que tu vois. Dès que la nuit tombe, des tas d’kangous s’y donnent rancart et c’est alors que Tom et Rock arrivent avec les flingues.
— Il n’y a qu’eux qui chassent ?
Comprenant sur-le-champ à quoi je voulais en venir, il m’a observé d’un œil méfiant.
— Personne d’autre n’a le droit d’aller là-haut.
— À part Les, Gus, Papou et vous, bien entendu.
— T’as tout pigé. (Sa paluche droite m’a saisi le biceps en tenaille.) Viens par là que j’te montre le reste du business. Regarde, une fois l’kangou vidé, on y donne un p’tit bain. (Le « petit bain » en question était une quatrième cuve remplie à ras bord d’eau bouillante.) On appelle ça « la marmite infernale », nous autres. Tu les plonges là-d’dans une minute, pas plus, et tu peux leur enlever le pelage d’un coup d’un seul. Radical, non ?
En guise de sourire, il m’a montré les deux dents qui lui restaient à la mâchoire supérieure.
— Il faut que j’aille au travail, ai-je plaidé en dégageant mon bras tant bien que mal.
— Ouais. T’as intérêt.
J’ai dû me retenir pour ne pas partir en courant. Une fois dehors, la montagne d’immondices en comparaison semblait sentir la rose.
Le garage de Papou se trouvait au bout d’une piste en terre située derrière l’abattoir. Encore une cabane en agglo, cernée par un dépotoir de pare-chocs tordus, de vieilles portières, de sièges-baquets, de tuyaux d’échappement et de pare-brise étoilés. Le seul véhicule intact en vue était un gros camion frigorifique décati, ses parois portant la mention VIANDES WOLLANUP peinte à la va-vite. Au moment où je m’en approchais, Papou a surgi d’en dessous, allongé sur un chariot de mécanicien. Il était tellement couvert d’huile de vidange, qu’il aurait pu se faire passer pour le petit frère d’Al Jolson.
— T’es en retard.
— Angie a eu… un malaise.
— Le turbin commence à six heures tapantes, pas après. Tu m’suis ?
— Désolé.
— File à l’intérieur, t’as du boulot qui t’attend là-bas.
J’ai ouvert la porte de la cahute. Mes yeux sont tombés sur mon minibus Volkswagen, une présence réconfortante jusqu’à ce que je m’aperçoive qu’il était posé sur des cales, son capot ouvert et toutes les pièces du moteur, jusqu’à la dernière, étalées sur le sol en terre battue. Totalement éviscéré, comme un des kangourous de Robbo. J’ai laissé un regard stupéfait planer sur ce puzzle géant disséminé en mille éléments. Je me suis retourné. Papou était sur le seuil, son visage noir luisant dans les rayons du soleil.
— Eh ben, reste pas planté là ! a-t-il jappé. T’as plus qu’à l’remonter, maintenant.