6

LE LENDEMAIN APRÈS-MIDI, alors que nous nous trouvions à mi-chemin de Broome, j’étais tout sauf serein. La raison essentielle de ma nervosité ? L’ardeur insatiable, incessante et impitoyable d’Angie. Son étreinte gréco-romaine de la veille n’avait été qu’une simple mise en bouche préludant à un glouton festin de gratification charnelle. Après le premier assaut, j’avais sombré dans un sommeil agité, dont elle m’avait tiré deux heures plus tard pour me soumettre à une deuxième attaque éclair, puis elle m’avait à nouveau secoué peu avant l’aube, exigeant que je sorte de ma torpeur afin de nous livrer à quelques privautés orales. Quant à son idée d’un réveil matinal en douceur, elle ne manquait pas d’originalité, non plus : lorsque j’ai ouvert les yeux après cette nuit épuisante, je l’ai découverte à califourchon sur moi, entièrement nue, en train d’essayer de stimuler mon sexe d’une main tout en me criant dans le tympan : « Allez, envoie les couleurs ! »

Nous avions parcouru une trentaine de kilomètres lorsqu’elle a entrepris de me tailler une pipe – au moment où je changeais de vitesse, bonté divine ! –, et c’est là que j’ai résolu qu’il fallait sauver ma prostate avant qu’il ne soit trop tard.

— Laisse-moi souffler un peu, Angie, ai-je suggéré en essayant d’écarter gentiment son visage de mon bas-ventre.

— Mais quoi, on s’marre !

— On est presque à cent à l’heure, c’est dangereux.

— T’as qu’à t’arrêter.

— Ça ne te suffit pas, pour ce matin ?

— Pas du tout.

— Eh bien, moi, j’en peux plus.

— J’me suis pris un vieux taureau, c’est ça ?

— Un vieux taureau qui a pas mal donné.

— Ouais ? M’est avis que j’vais devoir remettre mon étalon en forme !

Elle parlait de moi, là ?

Parvenu à une trêve dans cette guerre d’usure sexuelle, il m’a fallu cependant subir encore trois heures de câlins harassants. C’était un vrai chiot, maintenant. Un bras passé autour de mon cou, elle mordillait sans arrêt le lobe de mon oreille. N’y tenant plus, je me suis écarté.

— Dis-moi, cette fixette sur les oreilles, c’est depuis toujours ?

— Nan, c’est une première.

— Qu’est-ce qu’elles ont de si spécial, mes oreilles ?

— Ben rien ! C’est juste les premières que j’mords.

— Tes anciens petits amis ne te laissaient pas jouer à Bugs Bunny ?

— J’ai jamais eu de petit ami.

— Baratin !

— Zéro baratin. Comment j’aurais pu, à Wollanup, quand ils sont tous de la famille ? Me taper un cousin au premier degré… Ou un de mes frères, ç’aurait été malsain, non ?

J’ai eu comme des sueurs froides, brusquement.

— Tu veux dire que…

Avec son sourire d’ado enamourée – elle devait connaître toutes les paroles de « Teenager in Love », j’en aurais mis ma main à couper –, elle a serré mon cou encore plus fort sous son biceps.

— T’as pigé, mon grand. T’as été le Numero Uno.

Merde de merde de merde de merde… Je me suis cramponné au volant, les yeux sur le monde rouge autour de moi. Si je n’ai rien dit, une sirène d’alerte aérienne s’était déclenchée au fond de mon cerveau. Danger de cataclysme imminent. Pour un aventurier de la biroute, une joute sexuelle sans capote avec une vierge nymphomane représentait sans doute le summum, mais pour quelqu’un comme moi, qui avait toujours fui comme la peste les situations potentiellement incontrôlables, c’était l’équivalent d’une mission kamikaze. Il était clair que j’allais me faire porter pâle à la minute où nous arriverions à Broome.

— T’es fâché ou quoi ? a fini par s’enquérir Angie.

— Tu aurais dû me dire.

— Te dire quoi ?

— Que j’étais le premier.

— Tu dois blaguer, mon loup.

— Non, je suis sérieux. Très sérieux.

— Quelle différence ç’aurait fait ?

— C’est quelque chose que… qu’un type doit savoir, point final.

— Si j’comprends, tu m’aurais pas tronchée si t’avais su ?

— Ce n’est pas ce que je dis.

— Qu’est-ce que tu dis, alors ?

— Tu prends la pilule ?

— C’est pas plutôt hier soir que tu aurais dû me poser cette question ?

— Bon, oui ou non ?

— Non.

Mes mains se sont crispées un peu plus fort sur le volant. Elle m’a donné l’un de ses coups de poing affectueux dans l’épaule, de ceux qui laissent des marques.

— Allez, Nickie ! Pas besoin de t’exciter ! Surtout que t’as pas d’quoi te faire du mouron deux minutes, vu que j’aurai mes règles dans cinq jours. Pas de risque, no souci !

— Tu me le jures ?

— Va te faire ! a-t-elle grondé en se détournant, soudain très en colère.

— Je suis désolé.

— Non, tu l’es pas !

Elle avait raison. Je n’avais pas le moindre remords, je n’éprouvais rien d’autre qu’un soulagement monumental. Comme l’euphorie de l’automobiliste qui, croyant conduire un véhicule sans assurance, découvre soudain qu’il a une police tous risques lui permettant de se sortir d’une collision en toute tranquillité. En conséquence, je n’ai présenté aucune excuse pour l’avoir questionnée sans beaucoup de tact. En fait, je voulais qu’elle me déteste. J’espérais que, une fois parvenue à la conclusion que j’étais un saligaud patenté, elle s’empresserait de m’envoyer bouler dès que nous serions rendus à Broome. Mettez-leur la haine jusqu’à ce qu’elles se cassent : telle est la règle première de tout artiste de l’esquive sentimentale.

Et c’était la conclusion à laquelle je m’attendais lorsque nous sommes entrés dans le périmètre de Broome juste à la tombée de la nuit, puisque nous n’avions plus échangé un mot pendant trois heures et que l’atmosphère dans le minibus a été explosive. J’ai trouvé un camping à environ deux kilomètres du centre. Là, ayant choisi un coin tranquille, j’ai arrêté le minibus et, posant ma main sur l’épaule d’Angie, je me suis apprêté à lui servir ma sauce habituelle dans ce genre de cas : « Ç’a été super de te connaître, je te souhaite tout le bonheur possible, etc., etc. » Mais je l’avais à peine touchée qu’elle m’a attrapé par le bras gauche et m’a fait valser par-dessus le siège, m’expédiant sur le plancher de l’habitacle. Ça recommençait… Sauf que, cette fois, elle n’a pas apporté une seule touche de tendresse à son agression. Assise sur ma poitrine, elle m’a cloué par terre avec ses genoux dans les clavicules et quand j’ai tenté de me dégager de cette position peu confortable elle a appuyé son poing serré contre ma bouche tandis que son autre main s’activait sur la boucle de mon ceinturon.

— Pas un mot, a-t-elle sifflé pendant que ses doigts faisaient sauter les boutons de ma braguette, pas un foutu mot.

En 1977, au temps où j’appartenais à la rédaction du News and Observer de Raleigh, j’avais pris le plus grand plaisir à réécrire une dépêche de l’agence UPI à propos d’une nympho de Salt Lake City qui s’était entichée d’un missionnaire mormon au point de le suivre jusqu’en Angleterre et, là, de payer deux malfrats pour qu’ils le kidnappent ; une fois qu’elle l’avait eu à sa merci dans un cottage isolé de la campagne anglaise, elle l’avait enchaîné nu, sur un lit, lui avait braqué un revolver sur la tempe et lui avait ordonné : « Dis à ton petit saint de se mettre bien raide. » À l’époque, mes confrères avaient fait des gorges chaudes de ce timide mormon, proclamant que le crétin aurait dû remercier le ciel de recevoir un traitement aussi pervers. En réalité, je crois que nous avions tous été secrètement atterrés par cette histoire, parce que la plupart des mecs ont le plus grand mal à accepter l’idée d’une femme qui fait la loi au lit. Surtout si elle brandit un calibre 38.

Certes, Angie n’était pas armée mais elle ne me flanquait pas moins une trouille bleue. Avec elle, le sexe ressemblait à un remake du sac de Rome par les Wisigoths, un raid dévastateur qui vous laissait comateux après trois intenses minutes. Elle ne vous faisait pas l’amour, elle vous passait à tabac. Aucune finesse, aucune… tendresse. Bref, elle se comportait au lit comme la plupart des hommes.

Si je percevais le danger que sa brutalité amoureuse augurait, je dois aussi avouer qu’une certaine fierté de coq me poussait à trouver plutôt flatteuses ses attentions vachardes. Parce que, enfin, ce n’est pas tous les jours qu’une fille vous passe dessus comme un bulldozer ou vous tourmente pour que vous sautiez sur elle toutes les deux heures. Alors, si une petite voix en moi chuchotait : « Envoie cette nana sur les roses avant que ça devienne trop compliqué », elle était vite noyée par les protestations de mon côté vilain garçon, lequel répliquait par un raisonnement du style : « Il faudrait être une vraie couille molle pour louper une chose pareille ! Calmos et profite de la fiesta, d’autant plus que tu peux y mettre fin quand ça te chante. »

Ayant naturellement décidé que ce deuxième aspect de ma personnalité était le meilleur conseiller, je n’ai plus opposé de résistance aux assauts d’Angie. Lorsqu’elle est retombée à côté de moi avec un feulement venu des origines primitives, j’ai ravalé mon petit discours d’adieu et j’ai même accepté ses tentatives de conclure un armistice entre nous.

— Tu m’aimes toujours bien, dis ? a-t-elle ronronné en se pressant contre moi comme un matou en chaleur.

J’ai hoché la tête en souriant.

— Plus de scènes de ménage, OK ?

— OK.

— On va rester ensemble, hein ?

J’ai opiné du bonnet, à nouveau. C’était à son tour de sourire, maintenant.

— J’savais que ça allait marcher entre nous ! Je l’ai senti à l’instant où je t’ai vu.

Je n’ai pas trop aimé cette dernière affirmation mais j’ai voulu rester sur le terrain de la conciliation. Ouais, tout irait bien entre nous. En tout cas jusqu’au week-end prochain, quand je continuerai ma route peinard, sans elle.

Le plus drôle, c’est que les jours suivants se sont en effet très bien passés. Je dirais même que ç’a été… le pied. Loin d’être un trou australien typique, Broome s’est révélé un endroit étonnamment cosmopolite, un village de pêcheurs où les Aussies blancs semblaient constituer une minorité parmi les Malais et les Polynésiens attirés ici au siècle dernier par la pêche des perles. Voilà enfin une ville que j’étais capable de comprendre, une variante tropicale des ports traditionnels du Maine avec ses maisonnettes délavées par les embruns, ses anciens comptoirs de commerce, ses bars plus que corrects et son indolence assumée. Ici, tout le monde avait l’air de passer d’une gueule de bois à l’autre, de tenir l’inactivité pour une grande vertu et de limiter sa conception de l’initiative personnelle au fait de se raser tous les quatre matins. Ici, on commençait sa journée à onze heures et on la passait sur la plage, une barre de sable  immaculé  chauffé à blanc de deux kilomètres de long face à l’océan Indien.

C’était la première fois qu’Angie mettait le pied sur une plage. Jamais elle n’avait regardé les vagues se briser sur le rivage, connu la fraîcheur salée de l’eau de mer sur sa peau, et je me suis laissé aller à goûter son émerveillement de tous les instants. Bien qu’étant restée bloquée vingt et un ans à l’intérieur des terres, elle a très vite manifesté une prédisposition très australienne pour la vie « sun and surf ». Après avoir consacré notre première journée à observer les autres couples sur la plage, elle m’a entraîné dans un shopping nécessaire pour réunir le bric-à-brac de l’estivant accompli : nattes en bambou, frisbie, ballon, chemises tahitiennes criardes, romans merdiques de Jackie Collins, glacière Esky chargée jusqu’à la gueule de canettes de bière…

Notre régime quotidien : une caisse de bière, trois paquets de Camel, neuf heures à griller sur le sable avec une grande variété d’en-cas toujours sous la main, fish and chips, brochettes satay, nouilles thaïlandaises, rouleaux de printemps et même un cheese-burger de temps à autre. Ensuite, quand le soleil tirait sa révérence, on retournait en ville acheter une bouteille de riesling, des crevettes au curry dans une gargote chinoise, et on se goinfrait encore en regardant un film au Sun Pictures, le cinéma en plein air de Broome. Puis c’était le retour au minibus, avec un arrêt pour des cornets de glace taille jumbo, et le début d’acrobaties sexuelles qui amenaient nos estomacs surmenés au bord de la nausée.

Soleil, sable, sexe, satisfaction, saturation. Jour après jour, on engloutissait la vie, on se gavait, on faisait du lard et… on commençait même à s’apprécier mutuellement. Angie ne cessait de me surprendre agréablement, je dois dire. Elle avait beau faire ici ses premiers pas loin de Wollanup, pas question pour elle de continuer à jouer les pécores naïves. Au contraire, elle s’adonnait aux plaisirs de la modernité avec voracité. Elle avait une opinion sur tout, aussi. Comme elle s’était pris un walkman et une dizaine de cassettes quand nous avions acheté notre matériel de plage, elle a aussitôt gagné mon estime en traînant dans la boue toutes les divinités pop du moment, depuis Madonna – « Rien qu’une pétasse blonde » – jusqu’à U2 – « Foutus branleurs prétentieux ». À peine avait-elle vu trois ou quatre films au cinoche de Broome qu’elle s’était mise à pérorer comme si elle tenait une chronique dans une gazette d’Hollywood : et que Kevin Costner était aussi expressif qu’un bout de bois, et que Tom Cruise avait une fâcheuse tendance à grimacer sans arrêt même s’il avait « un joli cul, pour sûr ». Et après avoir passé une soirée au pub scotchée à CNN, elle a eu ce commentaire : « C’est pas mal, mais pourquoi ils repassent tout le temps les mêmes fichues histoires ? »

Elle avait du flair, également. À un point effrayant. Lors de notre cinquième soir à Broome, nous avons terminé sur la plage après avoir été éjectés du dernier bar ouvert à trois heures du matin. C’était une nuit où le ciel sort le grand jeu ; dans un état avancé d’euphorie alcoolique, nous nous sommes effondrés sur le sable, essayant de suivre, d’un regard trouble, les feux d’artifice stellaires. Après cinq minutes de contemplation silencieuse de la Voie lactée, Angie a murmuré :

— Tu vas me lâcher d’ici peu, pas vrai ?

— Conneries ! ai-je répondu du tac au tac, tout en me demandant : « Suis-je transparent à ce point ? »

Sans détourner les yeux du ciel, elle a continué de la même voix calme :

— C’est pas des conneries. C’est ce que tu vas faire, je le sais.

— Écoute, arrête ces…

— C’est ce que tu fais tout le temps.

— Tu n’en sais rien !

Elle m’a décoché un sourire sans joie.

— Crois-moi, mon gars, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. C’est comme ça que tu fonctionnes.

Que pouvais-je répondre à une telle accusation, sinon : « Je plaide coupable » ? Donc, j’ai préféré me taire en essayant de disparaître en orbite dans la voûte céleste. Jusqu’à ce qu’Angie me ramène sur terre d’un seul mot soufflé tout bas :

— Salaud.

Sans me laisser le temps de répondre, elle a bondi sur ses pieds et elle est partie en courant sur la plage. Notre semaine au paradis venait de s’achever.

Je savais qu’elle attendait de moi la réaction évidente, à savoir, partir à ses trousses. Mais qu’aurais-je pu lui dire ? Recommencer le coup des excuses bidon ? Ou bien tenter le grand classique du « restons amis » ? Pas question. Ce genre d’aventure vient toujours avec une date de péremption sur l’emballage. On s’y laisse prendre, tout en sachant pertinemment que le truc sera périmé après une semaine ou deux. Et quand ce moment arrive, il est stupide de remettre l’inévitable à plus tard, de voir si on ne pourrait pas rabioter quelques jours de plus. C’est pourquoi j’ai laissé Angie filer dans les ténèbres et je me suis dit que je la retrouverais au minibus. Là, je prononcerais enfin mon speech d’adieu, celui que j’aurais déjà dû lui servir avant même que nous n’arrivions ici.

Au camping, elle n’était nulle part en vue. Encore assez pété, je me suis étendu sur l’une des couchettes. Cinq heures se sont évaporées, peut-être six. Lorsque j’ai rouvert les yeux, Angie était assise sur l’autre couchette, son sac à dos à ses pieds. Ses yeux étaient lourds de fatigue mais aussi étrangement brillants : elle avait pleuré.

— Que… T’es rentrée quand ? ai-je bredouillé, le cerveau encore ensommeillé.

— Y a une heure.

— J’ai rien entendu.

— Parce que t’étais bourré, c’est pour ça.

— Où tu as fini la nuit ?

— Sur la plage.

— Merde.

— Ouais, merde.

Elle s’est levée, a passé la courroie de son sac sur son épaule.

— Tu veux que je me casse, c’est ça ?

— Angie…

— Assez d’embrouilles, Nick, a-t-elle coupé d’une voix dure. Oui ou non, c’est tout.

Je me suis surpris à contempler ses jambes. Arriverais-je à la persuader qu’une petite baise d’adieu serait bienvenue avant son départ ? J’ai tendu un bras pour l’attirer vers moi.

— Viens te coucher.

— C’est ta réponse ?

— Mmmm.

— Tu veux vraiment être avec moi ?

— Ouais, vraiment.

— T’es sûr, maintenant ?

— Certain.

— Bien, a-t-elle approuvé en faisant passer son tee-shirt par-dessus sa tête. Très bien.

Après une nuit pareille, nous n’étions pas en condition de réaliser des prouesses. Une fois terminé, j’ai aussitôt basculé dans un sommeil pesant, une chute libre dans des abîmes d’un noir comateux, des antres silencieux où de soudains éclairs de lumière illuminaient parfois une scène troublante : Angie me ligotant les mains et les pieds…

Plongeant une seringue dans une petite fiole…

Enfonçant l’aiguille dans mon bras…

C’était un drôle de rêve. Seulement, j’étais convaincu d’avoir senti une méchante piqûre dans le bras avant de reprendre ma dégringolade au fin fond de l’obscurité. Et d’avoir entendu le moteur tourner au ralenti. Et d’avoir eu vaguement conscience que le minibus sortait du camping, puis qu’il se mettait à bringuebaler comme si on sortait de la grand-route.

Mais j’avais déjà replongé dans le néant et ses ténèbres sans fond. Et j’y suis resté des heures. Des jours. Protégé de tout par ce vide. Heureux.

Jusqu’à ce que je me réveille.