5

 

Le jour suivant, le téléphone la réveilla peu avant sept heures. Joanne décrocha dans le brouillard.

— Allô ! Qui est à l’appareil ? Il n’y eut pas de réponse.

Elle s’assit dans son lit et posa l’écouteur sur ses genoux. Puis elle tendit le bras et raccrocha.

— Ces foutus gamins…

Elle inspecta soudain la vieille chemise de nuit de coton qu’elle portait toujours pour dormir et grommela :

— Pas étonnant que ton mari t’ait quittée. Elle se rallongea et tira les couvertures sur sa tête, pour essayer de faire barrage à la lumière du matin qui filtrait à travers les rideaux. Elle n’eut pas plus tôt enfoui son nez dans l’oreiller moelleux que des effluves de l’odeur de Paul montèrent à ses narines. Elle crut sentir son bras s’enrouler négligemment autour de la courbe de sa hanche, et ses genoux se glisser dans le creux de ses jambes.

Elle ouvrit les yeux. L’image de Paul s’imposait et elle allait la garder toute la journée devant les yeux. Peu importait ce qu’elle ferait, où elle irait, Paul était avec elle et il y resterait. Inutile de se débattre pour le chasser de son esprit, il la suivrait. Son seul moment de répit était ces quelques heures de sommeil gagnées à force d’épuisement à ressasser ses griefs et ses regrets. Cette nouvelle journée allait encore en allonger la liste : si seulement elle avait évité de faire ceci et si Paul avait fait cela… Si, par chance, il décidait de revenir, elle opterait pour telle ligne de conduite et s’y tiendrait. Elle se garderait bien de…

Elle s’était mise au lit à une heure du matin après avoir regardé à la télévision un film qu’elle n’avait aucune envie de voir. A trois heures du matin elle était encore éveillée dans son lit. Elle avait entendu la porte d’entrée s’ouvrir, puis Robin passer furtivement dans le couloir et refermer très doucement la porte de sa chambre.

Il devait être cinq heures quand elle avait sombré dans le sommeil. Il serait difficile de paraître vingt ans, avec seulement deux heures de sommeil par nuit, pensa-t-elle. Son apparence était pour beaucoup dans le départ de Paul. Telle fut la conclusion qu’elle tira de cette nuit d’insomnie. La femme qu’il avait épousée avait vingt ans. Comment aurait-il pu croire qu’elle vieillirait si vite ? Il serait peut-être bon d’en parler à Karen Palmer et de lui demander où elle s’était fait arranger ses poches sous les yeux…

Une demi-heure plus tard, Joanne était toujours en train d’essayer de se rendormir, quand le téléphone sonna de nouveau. Elle espéra que c’était Paul qui appelait pour dire qu’il ne trouvait pas le sommeil et qu’il allait rentrer. Elle murmura :

— Allô ?

Il n’y eut pas de réponse.

— Allô ? Allô ? Mais qu’est-ce que vous voulez ?

Elle allait raccrocher quand elle crut distinguer un son. Elle replaça l’écouteur près de son oreille.

— Je vous ai mal compris. Il y eut un bref silence, puis :

— Mrs Hunter ?

— Oui ?

Joanne essaya rapidement de situer la voix rauque. Quelque chose en elle lui était vaguement familier, mais elle n’aurait su déterminer quoi. Ce n’était pas quelqu’un de proche puisqu’on l’appelait « Mrs Hunter ». La voix répéta :

— Mrs Hunter ?

— Qui est à l’appareil ?

Joanne se sentait mal à l’aise. Cette voix lui faisait peur. On ne pouvait pas la ranger dans une catégorie précise : elle n’était ni jeune ni vieille, et curieusement asexuée.

— Avez-vous lu le New York Times ce matin, Mrs Hunter ?

— Qui êtes-vous ?

— Lisez le journal du matin, Mrs Hunter. Quelque chose vous concerne. Page treize, première colonne. Et on raccrocha.

— Allô ?

Elle resta sans mouvement pendant quelques minutes, à écouter battre son cœur, les sens en éveil comme un animal qui sent le danger. A qui appartenait cette voix ? Que pouvait-il y avoir dans le journal du matin qui la concernât ? Quelque chose au sujet de Paul ?

Elle se leva, descendit l’escalier sur la pointe des pieds tout en enfilant les manches de sa robe de chambre. Les filles dormaient encore. Elle n’était même pas sûr que le journal serait là si tôt.

Elle le trouva dans le hall et l’emporta à la cuisine où elle le jeta sur la table de pin. La météo annonçait de la pluie. Un coup d’œil par la baie vitrée qui, au sud, tenait lieu de mur à la pièce, lui indiqua que les nuages s’amoncelaient en effet dans le ciel d’une façon inquiétante. Elle espéra que la pluie n’interromprait pas la construction de la piscine. Plus vite elle serait terminée, plus vite elle serait débarrassée des étrangers qui allaient et venaient sous les fenêtres de sa chambre ; ce qui la gênait particulièrement depuis le départ de Paul.

Elle passa rapidement à la page treize du journal et parcourut les différentes colonnes, sans rien trouver qui puisse la concerner. En général, elle évitait les premières pages du journal, la chronique des événements quotidiens la déprimait, et une telle lecture n’était jamais un bon départ pour la journée. Elle finissait toujours par apprendre les nouvelles importantes, et elle avait une façon bien à elle de considérer ce qui se passait dans le monde. Cela n’avait peut-être pas été assez pour Paul, elle le réalisait maintenant. Il était avocat, après tout, instruit et cultivé, et bien qu’elle-même ait été à l’université, elle devait reconnaître que, ces dernières années, elle s’était laissée aller en ce qui concernait les nouvelles du monde. Voilà trois ans, depuis la mort de ses parents, qu’elle ne lisait plus que le carnet du jour et les annonces des spectacles. Elle se rassurait en se disant que cela rendait la vie plus facile à toute la famille. Ses yeux reprirent leur course sur la page indiquée.

Elle n’y découvrit rien qui parlât de Paul ou de sa société, aucune information sur quelqu’un de sa connaissance. Il s’y trouvait la suite d’articles qui commençaient aux pages précédentes, un rapport sur un conflit avec les syndicats de l’industrie du vêtement, un compte rendu de l’incendie d’une pension de famille qui avait fait quatre morts et, enfin, des détails sur la femme coupée en morceaux, dans sa maison de Saddle Rock. Joanne haussa les épaules et referma le journal. Elle le rouvrit brusquement pour vérifier la page voisine. Rien non plus sur cette page. Mais qu’avait-on voulu qu’elle lise ? Elle feuilleta le journal pour en extraire les annonces consacrées aux spectacles. Elle venait de décider d’emmener les filles à Broadway, au théâtre, dans la semaine.

La dernière fois qu’elle y était allée, c’était pour une reprise de Corne Blow Your Horn, au théâtre de Burt Reynolds Dinner, à Jupiter, en Floride. Elle avait passé là-bas de brèves vacances avec Paul, l’année précédente. Paul désirait peut-être une femme qui s’intéressât davantage à la vie culturelle, une femme qui se fît un point d’honneur d’assister aux principaux événements de la saison théâtrale. Si c’était le cas, il n’avait qu’à le lui dire.

Elle se remémora la soirée qu’ils avaient passée ensemble, au théâtre, en Floride. Paul semblait heureux à cette époque. Il était détendu et bronzé. Ils avaient aimé la pièce et étaient allés dîner. Pour conclure la soirée, Paul lui avait acheté un T-shirt souvenir, rouge avec une inscription en lettres blanches sur le devant : J’AI PASSE LA NUIT AVEC BURT REYNOLDS…

Au dos, on pouvait lire la suite : AU THEATRE DE BURT REYNOLDS DINNER.

Elle ne l’avait jamais porté. Elle aurait dû. Puisqu’il le lui avait offert, c’est qu’il lui plaisait.

Elle en était à sa troisième tasse de café quand Lulu entra dans la cuisine en traînant les pieds, complètement endormie.

Elle regarda sa mère et annonça, comme si Joanne en était responsable :

— Il pleut.

— Cela ne durera peut-être pas. Que veux-tu pour ton petit déjeuner ?

— Du pain perdu.

Elle s’affaissa sur une chaise. Sa mère lui versa un grand verre de jus d’orange, puis elle mélangea dans un bol des œufs, du lait, de la vanille et une pincée de cannelle.

— Tu as bien dormi ?

Pour toute réponse, Lulu émit un grognement tout en feuilletant le journal d’un air absent.

— J’ai pensé que nous pourrions aller au théâtre cette semaine. Tu aimerais voir quelque chose ?

Lulu secoua la tête, indifférente.

— Que dirais-tu de la nouvelle pièce de Neil Simon ?

— Ce serait très bien, dit Lulu. (Et elle daigna sourire. Elle regarda dans la cour.) Mais quand auront-ils fini ?

— Bientôt, je l’espère.

Joanne laissa tomber deux tranches de pain trempé dans la poêle.

— Papa viendra-t-il avec nous ?

Les mains de Joanne se mirent à trembler légèrement. Elle essaya de contrôler sa voix.

— Je ne pense pas.

— On peut lui demander. Joanne hésita.

— J’avais pensé que nous pourrions y aller toutes les trois seulement. Une sortie entre femmes, en quelque sorte.

— J’aimerais demander à papa. Est-ce que je peux ?

— Évidemment, si cela te fait plaisir.

Elle espéra que la conversation allait s’arrêter là, mais la fillette demanda abruptement :

— Pourquoi papa est-il parti ?

Joanne se préparait à placer une autre tranche de pain dans la poêle. Elle la laissa tomber sur la planche de travail, éclaboussant le devant de sa robe de chambre. Elle la décolla malaisément avec la fourchette et la mit à frire.

— Je ne sais pas très bien.

Elle retourna les deux autres tranches.

— Il ne te l’a pas dit ?

— Il m’a dit qu’il avait besoin d’être seul. C’est à peu près tout.

— Pour avoir le temps de réfléchir à quoi ? Il ne pouvait pas réfléchir à la maison ?

Joanne plaça les morceaux de pain perdu dans une assiette qu’elle poussa devant sa fille.

— Je ne sais pas, ma chérie, tu devrais lui demander.

Elle regarda Lulu étaler un bon morceau de beurre sur chaque tranche, et arroser le tout de sirop d’érable.

Lulu se mit à engloutir d’énormes bouchées de pain perdu, en évitant soigneusement le regard de sa mère. Les larmes qu’elle essayait de contenir perlèrent finalement aux coins de ses yeux.

— C’est à cause de moi ? C’est parce que je ne travaille pas bien à l’école ?

Joanne mit quelques secondes à comprendre.

— Oh ! Non ma chérie, le départ de papa n’a aucun rapport avec toi.

Elle fut sur le point d’ajouter : « C’est à cause de moi… » Repoussant les cheveux sur le front de Lulu, elle continua :

— Tu ne te débrouilles pas mal en classe, tes notes ne sont pas mauvaises.

— Elles ne sont pas aussi bonnes que celles de Robin.

— Qui t’a dit ça ?

— Robin.

— Elle fait des statistiques ?

— Robin se comporte d’une façon très bizarre en ce moment, dit Lulu. Tu as remarqué ?

— Plus bizarre que d’habitude ? (Lulu sourit.) De toute façon, ne t’en fais pas pour tes notes. Robin est très différente. Elle a une mémoire d’éléphant. Comme Eve qui ne peut pas reconnaître sa main droite de sa main gauche, mais qui retient n’importe quoi. Cela ne veut pas dire que Robin est plus intelligente. Vous avez des manières différentes de vous exprimer, voilà tout.

— Je ne t’ai pas demandé de me faire un exposé. Et elle quitta la pièce.

Joanne était en train de rincer l’assiette de Lulu quand le téléphone se mit à sonner. Elle regarda l’heure, méfiante. Il était exactement onze heures. Elle jeta un regard au New York Times sur la table.

— Allô !

Au bout du fil, une voix excitée lui répondit.

— Tu ne devineras jamais qui va devenir une star !

Joanne reconnut la voix de son frère.

— Warren ! Mais de quoi parles-tu, qu’est-ce qu’il t’arrive ?

— On veut faire de ton petit frère une star. Steven Spielberg lui-même, pas moins. Attends, je te passe Gloria, elle va tout t’expliquer.

Joanne se mit à rire.

— Gloria, c’est sérieux ?

La voix de sa belle-sœur lui parut encore plus enrouée que d’habitude.

— C’est vrai, dit Gloria. Tu imagines ? Je me tue au boulot depuis des années et voilà ce que je récolte. Ton frère a accouché un ou deux bébés de stars, et on l’a présenté à Steven Spielberg. Il se trouve qu’il cherchait un gynécologue pour son nouveau film. Il jette un coup d’œil à Warren et décide de lui donner le rôle, très court il est vrai. Il commence le tournage au mois d’août. Je suis tellement jalouse que je crois que je vais le tuer ! Joanne entendit des hurlements.

— Qu’est-ce que c’est ? cria-t-elle.

— Les filles se battent, comme d’habitude. C’est sans fin. Kate en veut à Laurie. Elle la déteste, je crois.

— Je suis sûre que non, dit Joanne.

— Si, dit Gloria, et je la comprends. Je la déteste, moi aussi. Comment allez-vous sur la côte est ? Quand allez-vous vous décider à vous remuer pour venir partager notre nouvelle vie de rêve ?

Joanne mentit.

— Tout va bien, ici.

Pourquoi ennuyer son frère et sa belle-sœur qui vivaient à cinq mille kilomètres de là et ne pouvaient rien faire pour elle ?

— Je te passe ton frère, dit Gloria.

La conversation dura cinq minutes. Warren lui fit la chronique des principaux événements de ces dernières semaines et Joanne, de son côté, les évita avec soin.

— Tu es sûre que tout va bien ? demanda son frère.

— Et qu’est-ce qui pourrait aller de travers, d’après toi ? (Robin se tenait sur le pas de la porte.) Oncle Warren vous embrasse. (La jeune fille s’effondra sur la chaise que sa sœur avait précédemment occupée et bâilla bruyamment.) Je suis étonnée que tu sois levée si tôt. Tu es rentrée bien tard la nuit dernière, dit Joanne à sa fille.

Les épaules de Robin se redressèrent exactement de la même façon que celles de Paul quand il se trouvait obligé de faire face à un sujet qu’il voulait éviter.

— Il était plus de trois heures, hein ?

Elle plaça un verre de jus d’orange.

Robin le but d’un trait.

— Je n’ai pas regardé l’heure.

— Eh bien, moi, je l’ai fait. Je ne veux plus que tu rentres à cette heure-là. C’est compris ? (Robin acquiesça. Joanne continua plus doucement.) C’était une soirée agréable au moins ?

— Pas vraiment.

— Alors, pourquoi y être restée si tard ?

— Nous ne sommes pas restés.

— Qui ça, « nous » ?

— Scott et moi.

— Qui est Scott ?

— Un garçon. (Robin regarda sa mère timidement). Il est très gentil. Je suis sûre qu’il te plaira.

— J’aimerais le connaître. La prochaine fois que tu sortiras avec lui, amène-le à la maison.

Robin répondit un peu vite.

— Évidemment.

— Tu n’as jamais parlé de Scott, il est dans ta classe ?

— Non, dit Robin. (Et, consciente du fait que sa mère attendait des informations complémentaires, elle ajouta :) Il ne va pas à l’école.

— Il ne va pas à l’école ! Mais que fait-il, alors ?

— Il joue de la guitare dans un groupe rock. Mal à l’aise, Robin remua sur sa chaise.

— Il joue de la guitare dans un groupe rock ! Joanne s’entendit répéter la phrase sur le ton qu’aurait eu la mère d’Eve.

— Quel âge a-t-il ?

Robin marmonna.

— Dix-neuf ans, peut-être vingt.

— Il est trop vieux pour toi !

— Il n’est pas trop vieux pour moi. Les garçons de mon âge sont des bébés.

— Comme toi.

Robin fusilla sa mère du regard. Joanne sentit qu’elle était allée un peu loin.

— D’accord, Robin, tu n’es plus un bébé, mais un garçon de vingt ans est trop vieux pour toi. Et que fait-il à part… le rock ?

Robin grogna de nouveau puis, consciencieusement, expliqua.

— Il faut du temps pour construire une carrière.

— Dans ce cas, pourquoi n’est-il pas au collège ?

— Il n’y a pas de diplôme pour les groupes de rock, au collège.

— Non, mais il y en a pour la musique.

— Scott dit qu’il n’a pas besoin de diplôme.

— Tout le monde a besoin d’instruction.

— Oh ! maman…

— Où l’as-tu rencontré ?

— A une soirée, chez quelqu’un.

— Quand ?

— Je ne sais plus. Il doit y avoir un mois.

— C’est très vague, tout ça !

— Je ne m’en souviens pas. Puisque je t’ai dit que je l’amènerai la prochaine fois que je le verrai ! Que veux-tu de plus ?

Joanne fixa le plateau de bois de la table comme si elle allait y voir s’inscrire la réponse qu’elle cherchait.

— Veux-tu prendre ton petit déjeuner ? dit-elle enfin. Robin fit non de la tête.

— Je te promets d’aider Lulu à réviser sa composition d’histoire.

Et elle sortit.

Le téléphone sonna juste au moment où éclatait une violente dispute entre les deux sœurs, à l’étage.

Joanne se déplaça pour aller répondre et cria au passage :

— Les filles, s’il vous plaît !

Elle ne put savoir si elles l’entendirent, car les cris redoublèrent. Elle ferma la porte et décrocha.

— Allô !

— Mrs Hunter…

Joanne reconnut immédiatement la voix étrange. Elle avait peur, sans savoir pourquoi.

— Oui.

— Avez-vous lu la page treize du journal de ce matin ?

— Oui, je l’ai lue. Je pense que vous vous êtes trompé et que vous ne vous adressez pas à la bonne Mrs Hunter.

Elle sentit qu’elle commettait une erreur en parlant à cet inconnu.

— Vous êtes la prochaine, dit la voix. Et il n’y eut plus rien.

— Allô !… Allô !… Je suis sûre que vous vous trompez…

Elle raccrocha et son regard revint lentement à la table. Le journal gisait, toujours ouvert. La voix résonnait à ses oreilles. Comme un aimant invisible, elle lui commanda de traverser la pièce jusqu’à la table. Nerveusement, puis avec détermination, elle le feuilleta jusqu’à la page treize dont elle parcourut les colonnes avec un malaise grandissant. Elle sauta la grève prévue par les ouvriers de l’industrie du vêtement et se mit à lire plus attentivement le récit de l’incendie de la pension de famille, pour en arriver enfin à l’histoire de la femme coupée en morceaux, dans sa maison de Saddle Rock. Une présence invisible derrière elle se pencha et lui souffla à l’oreille : « Vous êtes la prochaine. »