Une envie émergea au fond de lui. Il désirait quitter sans délai le gris de l’hôpital, les blouses blanches, les goutte-à-goutte et les relents médicamenteux. Revoir son île parfumée et colorée devint son unique obsession. Il eut le sentiment que le Petit Sauvage l’appelait, qu’il lui tendait sa petite main.

A.E. se leva, ouvrit son placard et commença à s’habiller.

—  Où allez-vous ? demanda le Méridional.

—  À Orly, l’aéroport, je pars.

—  Faire quoi ?

—  Mourir ! répondit-il avec gaieté.

Un sourire authentique illumina sa physionomie. Il jeta ses affaires personnelles dans un sac en plastique et sortit dans le couloir. Une infirmière tenta de l’arrêter ; il la bouscula, s’excusa, l’embrassa parce qu’elle était belle et, soudain, s’arrêta devant un miroir.

Il ne voulait plus être ce reflet ; j’entendais être Alexandre, et vivre ma mort !

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