Chapitre XII
Vouloir la France
À l’heure où notre pays doit vivre avec le risque, la violence du terrorisme et les incertitudes du monde contemporain, les tentations sont nombreuses de se contenter d’affirmer l’autorité, la force, le rappel de nos principes. Certains voudraient faire croire que l’autorité se déclare elle-même et suffit à tenir le pays. Les interdits et le maintien de l’ordre feraient le reste, sans plus de vision. D’autres prétendent que la France serait une identité figée, fermée, repliée sur un âge d’or fantasmé.
Il n’en est rien. Notre pays, pour faire face à ses défis, ne peut se tenir uni, réconcilié, que par une volonté. Une volonté qui donne un mouvement, dessine des frontières qui en même temps rassemblent et donnent un sens à ce qui nous dépasse. Oui, la France est une volonté.
La France ne se recrée pas chaque jour à partir de rien. Cette volonté s’appuie sur l’héritage de notre Histoire qui structure nos réponses aux nouveaux défis.
Vouloir la France c’est à mes yeux lutter contre tout ce qui fracture notre pays, le renferme, nous fait courir le risque d’une guerre civile. C’est vouloir la liberté de conscience, une culture commune, une nation exigeante et bienveillante.
Au moment même où nous souhaitons nous projeter dans le monde nouveau, des menaces que l’on croyait révolues ressurgissent. Il s’agit à la fois du retour des agressions extérieures, avec les attaques terroristes, et du spectre des conflits identitaires.
Nous ne devons en rien céder à la panique. À cet égard, la dignité des familles de victimes des attentats successifs fut à mes yeux une leçon constante.
Nous avons un ennemi, Daech. Nous devons le combattre dans nos frontières et à l’extérieur de manière implacable. Mais cela ne justifie en rien de confondre tous les sujets et de nous diviser sur des querelles accessoires.
Le fait que nombre de jeunes et de moins jeunes, nés sur notre territoire, puissent s’enfermer dans un projet de mort totalitaire, procède d’une logique complexe dont nous n’appréhendons sans doute pas tous les déterminants. Gilles Kepel, Olivier Roy et quelques autres, par leurs analyses et leur travail de terrain, ont éclairé cette situation : projet idéologique, religieux et politique de Daech, manipulation de l’imaginaire, fragilités personnelles, névroses parfois, utilisation du ressentiment ou de la haine contre la République enfin. Les ressorts sont multiples et imposent des réponses qui vont au-delà de l’indispensable approche sécuritaire. C’est notre défi de civilisation, posé par ceux qui, sur notre territoire, ont fait ce choix ou sont tentés par ces dérives.
Plus largement, la décomposition sociale que nous vivons alimente le feu identitaire qui, en retour, paralyse notre capacité à agir ensemble.
C’est parce que notre pays n’est pas capable depuis plus de trente ans de régler le problème du chômage de masse, qu’il a laissé de véritables ghettos se constituer dans nos villes, et ne sait plus donner d’espoir à des millions de jeunes – dont souvent les parents eux-mêmes sont depuis des années sans emploi –, que nous avons laissé prospérer le doute, voire la haine de la République. C’est en cela que j’ai plusieurs fois parlé de trahison des élites politiques et économiques. Parce que nous n’avons pas eu la volonté et le courage de regarder les problèmes en face, nous avons laissé les Français supporter les conséquences de notre propre impuissance.
Mais, contre tous ceux qui tiennent boutique de nos angoisses collectives, il faut commencer par rappeler quelques principes.
Dans notre pays, chacun est libre et doit rester libre de croire ou de ne pas croire. Chacun est libre de pratiquer ou non une religion, avec le niveau d’intensité qu’il désire en son for intérieur. La laïcité est une liberté avant d’être un interdit. Elle est faite pour permettre à chacun de s’intégrer dans la vie commune, et non pour mener une bataille contre telle ou telle religion en particulier, encore moins pour exclure ou pour montrer du doigt. Elle est un socle, pas une chape de plomb. Comment peut-on demander à nos concitoyens de croire en la République si certains se servent de l’un de nos principes fondateurs, la laïcité, pour leur dire qu’ils n’y ont pas leur place ?
Mais si la liberté de conscience est totale, l’intransigeance quant au respect des lois de la République, est absolue. En France, il est des choses qui ne sont pas négociables. On ne négocie pas les principes élémentaires de la civilité. On ne négocie pas l’égalité entre les hommes et les femmes. On ne négocie pas le refus sans appel de l’antisémitisme, du racisme, de la stigmatisation des origines.
Il faut être honnête. Si l’intégrisme est à l’œuvre dans les religions, le cœur du débat qui occupe aujourd’hui notre société concerne l’islam. Nous devons aborder ce sujet avec exigence, ensemble, de manière dépassionnée.
Nous avons un choix, et il nous a plusieurs fois été posé dans notre Histoire. Voulons-nous combattre une religion, l’exclure, ou souhaitons-nous plutôt construire sa place dans la nation française, en l’aidant pleinement à s’intégrer ? Nous nous sommes souvent trompés – et notre patrie se souvient douloureusement des guerres de religion, qui ont ravagé ses villes et ses campagnes et ont failli la faire sombrer définitivement.
À l’inverse, nous avons aussi su donner leur place à d’autres religions dans la République. Le judaïsme s’est construit en France dans le respect et l’amour de la République. Bel exemple de ce que notre Histoire et nos choix politiques ont su faire.
Nous ne devons pas tomber dans le piège de Daech en nous précipitant dans le gouffre d’une guerre civile.
Cela, les évêques de France l’ont bien mieux compris que nombre de dirigeants politiques ; la dignité de leur réaction suite à l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray en fut une illustration parfaite.
Plusieurs propositions ont été faites en vue de revoir l’organisation de l’islam en France, pour permettre aux musulmans d’être mieux représentés, de s’engager davantage dans la vie de la cité. Pour leur garantir aussi de pouvoir financer plus facilement, et de manière indépendante, les lieux de culte et soutenir des prédicateurs respectueux des règles de la République. Je considère que ces propositions vont dans le bon sens, et je m’engagerai donc dans cette direction.
Si nous voulons vraiment organiser l’islam en France, laissons les musulmans installés dans notre pays prendre leurs responsabilités en toute transparence et aidons-les à exercer dignement leur culte. Nous devons aussi les aider en les affranchissant des liens avec des pays étrangers, en coupant les ponts à des organisations parfois occultes et à des modes de financement inacceptables. Surtout, ne cédons rien sur le terrain, comme nous avons pu le faire parfois par facilité.
Menons ensuite ensemble le combat contre l’islam radical, un islam qui veut s’immiscer dans certains quartiers, et qui se pense comme prévalant sur la République et ses lois. Comment faire ? Non pas en proposant de nouveaux textes, de nouvelles lois : nous les avons. Il faut désormais les appliquer, en démantelant les organisations qui prêchent la haine de la République, de nos valeurs, de ce que nous sommes et de ce qui nous tient. Un certain nombre d’associations salafistes mènent partout, auprès des jeunes, une bataille culturelle. Elles occupent le terrain déserté par la République. Elles procurent aide et assistance en lieu et place des services publics. N’ayons pas peur, nous aussi, de conduire une lutte implacable contre elles. Nous avons, sur le terrain, des combattants de cette laïcité, des combattants des droits des femmes, des combattants des règles de la République, et nous n’avons pas le droit de les abandonner. Notre devoir est de les aider car ce sont ces associations qui permettront, en lien direct avec les services publics, de restaurer la République.
Le devoir de l’État et de ses représentants est d’être inflexible. D’exiger, si besoin, la réaffirmation de l’adhésion aux grands principes avant l’ouverture d’un lieu de culte ; de demander explications et comptes sur les prêches inacceptables. Et, au besoin, de fermer ou d’interdire, dans le respect des normes constitutionnelles.
Ensuite, il faut proposer un avenir à ces quartiers que nous avons trop souvent délaissés, soit en concentrant les difficultés sociales et économiques, soit par des politiques qui n’ont traité que les symptômes du mal qui les ronge. Nous avons rénové l’urbanisme. C’était une nécessité absolue et un travail remarquable a été réalisé dans beaucoup d’endroits. Mais nous avons simplement travaillé sur des territoires en assignant à résidence leurs habitants. Nous leur avons dit : « On va vous refaire le quartier mais pour vous, l’accès à l’école du centre-ville ne sera pas permis, l’accès aux transports en commun et à la culture, ce sera difficile, l’accès à un stage ou à l’université, ça sera très, très difficile, et quant à l’accès à un emploi… Là, il ne faut pas en demander trop » !
La reconquête positive de nos quartiers est indispensable. Être fermes vis-à-vis des ennemis de la République ne peut être suffisant. Nous devons réinvestir nos quartiers pour redonner aux habitants des opportunités, de la mobilité, de la dignité. Pour leur donner une place, une vraie, et un sentiment d’appartenance à une communauté dynamique et solidaire, unie autour de mêmes valeurs. Cela veut dire de la mobilité scolaire et professionnelle, l’accès à la culture, au divertissement, etc. C’est ce besoin de donner un sens dans certaines expériences religieuses ou politiques extrêmes.
Notre mission sera difficile et prendra du temps, elle sera exigeante pour tous. C’est à mes yeux essentiel, même si l’adhésion à la République et à la religion sont de deux ordres différents. Dans les temps qui sont les nôtres, il est nécessaire de placer l’amour de notre projet commun et le respect des autres, au-dessus de nos croyances quelles qu’elles soient.
En somme, l’équation est simple : ne rien céder aux discours de division ou de haine, et tout faire pour la liberté ; aider l’islam à construire sa place dans la République ; mais ne céder en rien sur nos principes et lutter contre tous les communautarismes.
Mais cela ne peut pas suffire. Notre pays ne peut se tenir debout, avancer avec courage, si nous ne savons pas d’où nous venons. La transmission est au cœur de notre nation. C’est ce qui permettra à chacun de savoir d’où il vient et où il va dans ce monde contemporain où tout s’accélère et où les repères se brouillent. Pour le meilleur, mais aussi parfois pour le pire.
On n’est rien, et on ne devient personne, tant que l’on n’a pas accepté de recevoir. Tant que l’on n’a pas accepté d’apprendre ce que d’autres eux-mêmes ont appris avant nous. On ne construit pas la France, on ne se projette pas en elle si on ne s’inscrit pas dans son Histoire, sa culture, ses racines, ses figures : Clovis, Henri IV, Napoléon, Danton, Gambetta, de Gaulle, Jeanne d’Arc, les soldats de l’An II, les Tirailleurs sénégalais, les Résistants, tous ceux qui ont marqué l’Histoire de notre pays…
La France est un bloc. On ne peut pas à la fois vouloir être français et vouloir faire table rase du passé. Notre Histoire et notre culture, tout ce que les générations précédentes ont à nous transmettre, constituent notre socle commun. Le passé est le début de notre avenir, c’est pourquoi les héros de la République sont toujours nos contemporains : l’instituteur, l’enseignant, le professeur, le maître d’apprentissage, le chef d’entreprise qui, parfois lui aussi, enseigne un geste – tous ceux qui décident de donner du temps à l’autre pour transmettre ce que nous sommes.
Notre culture est ce qui nous rassemble. Elle nous lie. Elle ne doit pas être élitiste, au contraire. Ce sont des portes ouvertes à tous. J’ai plusieurs fois vu ce que l’évocation d’un poème, d’un texte pouvait créer d’émotion et briser des barrières. Celle partagée dans des réunions publiques lorsque j’évoque Gide ou Aragon. Celle que j’ai ressentie en entendant Abd al Malik évoquer Camus.
Cet héritage est notre arme contre la division, c’est notre arme contre la radicalisation, c’est notre arme contre la résignation.
Mais transmettre notre culture, nos émotions, nos émerveillements, c’est un peu plus que cela encore.
C’est retrouver le sel de notre vie ensemble. Nous avons perdu nos habitudes anciennes, celles que, personnellement, j’ai connues chez mes tantes dans les villages des Pyrénées. Cette solidarité du quartier qui interdisait de laisser l’autre seul, ces vieux parents qu’on gardait avec soi. Nous avons laissé au bord du chemin nos attentions les plus innocentes.
Il ne revient pas à la politique de donner un sens à la vie. Et l’on ne voit pas comment la politique, même changée en doctrine du salut, pourrait prétendre se substituer à des cultes, ou même à des croyances. Mais l’homme républicain, lui, ne peut oublier la fraternité. C’est le troisième terme de notre devise, souvent considéré comme le plus obscur, alors qu’il lie ensemble la liberté et l’égalité dans une sorte de bienveillance amicale qui dépasse les barrières de l’origine. Cela, les Français qui se dévouent, s’engagent dans les associations, donnent chaque année pour de grandes causes, le savent parfaitement. La fraternité, qui ne supporte pas l’exclusion, est comme le cœur invisible du projet de la France.
Au fond, quelque chose nous manque. À chacun de nous pris isolément, et à la société dans son ensemble. L’évolution des sociétés occidentales semble nous plonger dans une forme de tristesse résignée. Chacun s’y voit assigner une place fonctionnelle, et peu importe au fond que ce soit au nom du « marché » ou de l’« État ».
Le mystère, la transcendance, l’inscription dans l’intime, ou dans la vie quotidienne, d’éléments qui ne se résument pas à l’argent, au rôle social, à l’efficacité, semblent avoir à jamais disparu.
Quelle que soit leur quête personnelle, les Français resteront malheureux s’ils renoncent à faire vivre un espace politique qui les dépasse, celui de la cité. Mais le faire vivre, ce n’est pas seulement voter, ou se présenter aux suffrages, ou élaborer un programme, ou encore le faire appliquer.
La politique doit porter les valeurs qui sont les nôtres. Et ces valeurs ne sont pas seulement des valeurs d’efficacité. Elles sont autre chose. Des vies sont ruinées au nom de l’efficacité économique. Dans des entreprises trop complexes, plus personne ne sait plus qui commande et qui obéit. Ceux qui travaillent, employés, managers, paraissent mus par un système invisible dont personne ne détient les clés. Cette déshumanisation, cette course à l’« optimisation » maximum peuvent conduire à des drames.
Vouloir la France, c’est vouloir ses valeurs. Cette ambition simple est au cœur de notre politique migratoire depuis des décennies. Ce qui fonde l’accueil français, ce n’est pas seulement une générosité ou une tradition, c’est la volonté partagée de construire une destinée commune où l’autre est vu comme un enrichissement, une nécessité profonde. C’est la volonté de l’étranger qui décide de participer à une destinée collective singulière et de l’embrasser entièrement.
Chaque année, deux cent mille étrangers viennent s’installer sur notre territoire. Et parmi eux, près d’un sur deux est né dans un pays européen et trois sur dix dans un pays africain.
S’agissant du sujet particulier de l’asile, nous devons nous organiser pour réformer les conditions d’examen des très nombreuses demandes. Les délais doivent être considérablement abrégés, y compris en refondant le système des titres et l’organisation juridictionnelle. Il faut que les personnes qui ont droit à la protection de la France puissent être accueillies, formées et prises en charge rapidement. Elles y ont droit. Mais au terme de cette procédure plus courte et plus efficace, toutes les personnes qui n’ont pas vocation à rester en France, parce qu’elles n’ont pas droit à l’asile, doivent être reconduites à la frontière.
Je veux le dire de la façon la plus claire, sans faux-semblant : l’humanité dans le traitement des réfugiés, ce n’est pas laisser croire que nous accueillerons tout le monde, tout en accordant des titres au compte-gouttes au terme de procédures qui n’en finissent plus. Quand nous faisons cela, nous sommes en fait d’une rare inhumanité : nous laissons les demandeurs s’installer sur le territoire pendant de longs mois, le temps que leurs demandes aboutissent, puis nous finissons par prendre des arrêtés de reconduite contre la majorité d’entre eux. Entretemps, ils se sont installés, ont parfois eu des enfants ou se sont mariés. Les arrêtés ne sont donc pas mis en œuvre et les personnes basculent dans une situation de non-droit, ce qui fait d’eux des sans-papiers voués à la marginalité. Par manque de clarté dans nos objectifs et d’efficacité dans notre politique, nous aboutissons à l’inverse de ce que notre tradition d’accueil nous commanderait de faire. L’humanité, c’est assumer notre rôle, examiner rapidement les demandes et en tirer les conséquences pour les principaux intéressés.
Nous devons aussi mettre fin au scandale moral et humain de la traversée des déserts et de la Méditerranée. Ici, disons-le : nous sommes en faute. Alors que le droit, notre droit, nous oblige à examiner les demandes d’asile, nous n’autorisons pas les demandeurs à venir légalement en France. Ils y viennent naturellement quand même. Des milliers meurent sur le chemin. Nous portons une part de responsabilité. Les demandes d’asile doivent être examinées au plus près des zones de conflit, dans les pays limitrophes. On dira que les consulats n’y sont pas préparés. Ils devront l’être. C’est une question de dignité et d’efficacité. Tout comme la refonte de l’absurde système de Dublin, qui oblige les États frontaliers de l’Europe à accueillir d’abord les réfugiés, et entraîne, à grands frais, une circulation infernale et douloureuse puisque les réfugiés, qui savent que les pays limitrophes ne les accueilleront pas, finissent toujours par revenir au centre, en France, en Allemagne, en Italie.
Au-delà des réfugiés, il faut faciliter les procédures des personnes qui veulent s’insérer dans notre société. On ne peut pas admettre que des personnes qui souhaitent vivre sur notre sol ou devenir Françaises passent des heures dans des files d’attente, baladées de guichet en guichet, pour espérer obtenir le sésame après six mois ou un an de démarches. À partir du moment où les critères sont clairs, le traitement des procédures doit intervenir en deux à trois mois maximum. Voilà comment je conçois la Nation bienveillante.
Le corollaire de la bienveillance, c’est l’exigence : la France ne peut pas accueillir tout le monde sous n’importe quelles conditions. Car les valeurs françaises, ces libertés que je viens de décrire, ne sont pas négociables. Jamais. Et nul parmi nous ne peut se draper dans la générosité ou l’altérité pour considérer que l’égalité entre les femmes et les hommes, la liberté de conscience et de culte, y compris la liberté de ne pas croire, sont à géométrie variable. La France est grande quand elle offre ces libertés à ceux qui la rejoignent. Chaque personne qui arrive dans notre pays doit donc s’engager à les respecter, voire à les défendre. Et en retour, chacune doit bénéficier d’une pleine intégration et d’une totale protection, sans constamment voir sa « loyauté » ou sa « fidélité » mise en cause par tel ou tel.
Je ne crois pas que les valeurs françaises soient en passe de disparaître. La France n’est pas faible. Elle n’a pas à défendre ce qu’elle est ; l’affirmer suffira. Ce qui nous manque aujourd’hui, nous donnant cette impression douloureuse d’infidélité à nous-mêmes, ce sont les moyens de rendre de la vigueur, de la couleur, de l’éclat à leur expression politique. Il faut de l’imagination, une volonté continue, de la patience. Il nous faut le goût de l’avenir. Toutes ces vertus sont là, comme endormies, ou paralysées. Il suffirait de peu de chose, en vérité, pour nous réconcilier avec nous-mêmes.