Liaisons dangereuses
Oublions désormais tous nos efforts héroïques pour humaniser les machines et tournons-nous de l’autre côté du problème : par quels ajustements devrons-nous passer pour nous rapprocher d’elles ? Comme je l’ai dit, il faut couper la poire en deux. Pour montrer ma bonne volonté, ainsi que mon aptitude à devenir un bon cybercitoyen du futur, je vais décrire mes propres efforts pour me rapprocher de la conscience évoluée des meilleures machines. Ces efforts sont multiples, mais peut-être êtes-vous, vous aussi, en train de faire les mêmes concessions sans voir les choses tout à fait de la même façon. Par ailleurs, je peux vous affirmer que toutes les technologies que je vais décrire à partir de maintenant et jusqu’à la fin de ce livre existent déjà, y compris l’élaboration d’un sixième sens.
Pour commencer, il y a la manière dont j’écris ce livre. J’ai heureusement découvert une technique indispensable pour gérer la masse d’informations sur laquelle s’appuient les longs textes. Un livre est un organisme ; la signification de chaque partie dépend des autres. Au final, toutes ces informations sont organisées d’une manière linéaire ; et pourtant un texte, tout linéaire qu’il puisse paraître, est une constellation : des principes mis en relation, qui forment une structure complètement différente de celle qui correspond à la suite des pages ; des notes qui appartiennent à plusieurs passages à la fois ; des phrases ou des paragraphes supprimés qui peuvent retrouver leur valeur n’importe où et peut-être dessiner des perspectives complètement nouvelles ; des recherches approfondies qui semblaient, au début, cruciales, et qui soudain se réduisent à une seule phrase utile, voire même à plus rien du tout. Autrefois, c’étaient les éléments physiques du processus d’écriture qui rendaient possible l’organisation. Un tas de fiches comprenant une seule idée ou une seule source, des fiches qui pouvaient être arrangées et réarrangées comme on le voulait ; des révisions visibles, faites au crayon sur les feuillets de la première ou deuxième mouture.
Avec les ordinateurs et les logiciels de traitement de texte, rien n’est plus pareil, pour la plus grande consternation de bon nombre d’écrivains. Le processus de création a été englouti et accéléré par les machines : les différentes moutures et versions sont mélangées, les notes se retrouvent rassemblées dans un autre fichier qu’il vous faut ouvrir, il n’est plus possible de reconsidérer une note ou un mot supprimé qui semblait mauvais il y a une heure mais qui pourrait maintenant reprendre de la valeur.
Un logiciel comme Ulysses[1] a changé tout cela. Ses créateurs ont compris que le processus de création n’est ni très logique ni unidirectionnel. Avec ce logiciel, votre texte est au centre de la fenêtre de l’écran. Les variations de caractères et de style ne sont pas permises ; on ne peut pas les indiquer, ni non plus la séparation des pages. On ne peut que continuer à écrire ; parce qu’on est seulement en train d’écrire, on ne peut pas écrire et éditer en même temps. Tous les chapitres déjà terminés de votre livre sont là, indiqués par une étiquette en haut de l’écran. En cliquant sur une étiquette, on fait apparaître le chapitre correspondant, ce qui cache temporairement les autres chapitres.
À droite de la fenêtre du texte qu’on est en train d’écrire se trouve la colonne de notes : toutes les notes sont en permanence devant vous (chaque note est rétractable, on n’en voit alors plus que la première ligne). Pour ajouter une nouvelle note, on clique sur +. Mais il y a aussi plusieurs niveaux, ou catégories, de notes, chaque catégorie étant empilée l’une sur l’autre ; et tous les niveaux sont immédiatement disponibles en un seul clic.
Finalement, dans la colonne de gauche, se trouve le navigateur, qui indique la liste de tous les chapitres, donne les premières lignes de ceux-ci et permet une recherche globale de mots, termes et phrases.
Pourquoi me suis-je donné la peine d’expliquer tout cela ? Parce que c’est un bon logiciel ? Oui, mais ce qui est plus important, c’est qu’il s’agit d’un exemple admirable de la carte de mon cerveau, organisée en fonction des énergies et des processus de ma créativité. Sans effort, mon cerveau et ce logiciel deviennent des partenaires, et l’utilisation s’effectue de façon tellement fluide que la frontière diminue peu à peu entre le logiciel et mon esprit. Pour renforcer cet effet, et pour bannir toute distraction, on peut aussi cliquer sur une icône qui noircit l’écran ; toutes les fenêtres du logiciel disparaissent alors, et il ne reste que les signes lumineux de votre texte.
Pranav Mistry, l’un des inventeurs du stupéfiant logiciel SixthSense, dont je parlerai bientôt, utilise l’expression « staying in the flow[2] » (rester dans le flow, voir ci-dessous) pour décrire ces liens fluides entre les logiciels et le cerveau. Et comme je deviens de plus en plus sensible à la signification de cette tendance dans la nouvelle technologie consumériste, je me rends compte que les opportunités de mise en relation cerveau-logiciels se multiplient autour de moi. Pour élucider ce concept, Mistry se réfère au maître du taoïsme, Zhuangzi, évoquant cet état d’esprit : On arrête de penser et on ne fait que faire.
Au fil de ses recherches à l’Industrial Design Center, à l’Indian Institute of Technology de Bombay, Mistry a essayé de découvrir les meilleurs éléments permettant de créer cette forme de concentration. Sa conclusion est la suivante : au moment où une personne prend conscience qu’elle exécute une tâche, les liens fluides entre les logiciels et le cerveau, ce qu’il appelle « les interfaces humain- ordinateur » sont rompus. La rupture a lieu quand la métaphore entre une activité humaine et une activité numérique perd son pouvoir.
Normalement, les créateurs de logiciels s’inspirent de métaphores pour représenter les fonctions.
Par exemple, la métaphore concrète d’un « fichier » – et de son icône – est utilisée pour indiquer les subdivisions du disque dur d’un ordinateur ; et l’expression « faire défiler vers le haut ou vers le bas » sert de métaphore pour le changement de position d’un texte sur l’écran. L’utilisateur est encouragé à penser qu’il fait quelque chose de concret, comme travailler avec un rouleau de parchemin qu’on peut faire défiler ou dérouler. Le but de ces métaphores est d’éliminer la dissonance entre notre monde matériel, où les tâches sont exécutées à l’aide d’objets familiers (un fichier) et selon des actions familières (faire défiler), et le monde numérique, dans lequel les éléments sont purement numériques. « Nous avons observé que les outils de la vie réelle, comme un stylo ou un marteau, étaient presque devenus un prolongement du corps », remarque Mistry.
Quand on exécute une tâche physique et familière, chaque élément de cette action apparaît normal et banal. Notre conscience oublie les multiples détails infimes du travail, et l’on est « in the flow ». Mais quand vous êtes sur un ordinateur au portail du journal Le Monde, par exemple, la nécessité de cliquer tout le temps et de faire défiler l’écran vous sépare de l’expérience habituelle de la lecture du journal. Les liens fluides d’interfaces entre être humain et ordinateur sont coupés, expérience qui nous fait perdre la sensation de réalité. Et ce n’est pas à cause du degré de difficulté de ces gestes, dit Mistry : « Simplement les concepts de facilité d’utilisation, la minimisation de la quantité de mémoire ou autres fardeaux cognitifs (comme les difficultés cognitives provoquées par les mauvais logiciels) ne sont pas suffisants pour assurer ces liens fluides. »
Je peux citer plusieurs autres logiciels qui, à mon avis, présentent la même fluidité que Ulysses. Par exemple, l’édition la plus récente de iPhoto pour Macintosh et son dispositif de reconnaissance des visages. Si on souhaite organiser ses photos en fonction des personnes photographiées, on « montre » une ou deux photos de cette personne au logiciel et il essaie de trouver toutes les autres, pour créer, par exemple, un fichier qui ne contient que des photos de « Jean ». Le logiciel commet, certes, encore beaucoup d’erreurs. J’ai même trouvé plusieurs fois la photo d’une vieille dame dans le même fichier que celui de mon neveu de six mois, mais au vrai, ils se ressemblent assez. L’intérêt de ce logiciel pour moi est le fait que l’ordinateur peut répertorier l’information d’après les contours du visage humain (ou, en tout cas, essayer de le faire). C’est un exemple de reconnaissance de forme, une démarche identifiée par les psychologues comme un processus mental complexe et typiquement « humain ».
À l’heure actuelle, Google est en train de développer un service similaire du nom de Goggle (« lunette de plongée »). Le concept permet à l’utilisateur de faire une recherche Internet par l’entremise d’une photo de l’objet sur lequel on cherche un renseignement. Imaginez, par exemple, que vous soyez dans un musée et que vous souhaitiez obtenir davantage de renseignements sur un tableau. Vous prenez une photo du tableau, et Goggle vole à travers la Toile pour chercher des images qui lui ressemblent. Un bibliothécaire ou historien virtuel, en quelque sorte.
Autre exemple de reconnaissance de forme, le logiciel (ou « app », comme on dit aux États-Unis) Shazam, pour l’iPhone. Si on entend de la musique à la radio, sur les enceintes d’un ami, dans un restaurant pas trop bruyant, et si l’on veut connaître le titre de ce morceau de musique, on soulève l’iPhone pour bien enregistrer quelques mesures, et le logiciel explore Internet pour trouver une musique qui lui ressemble. Vous pouvez ensuite identifier la mélodie. Un logiciel similaire, Soundhound, peut aussi enregistrer votre voix en train de chanter la mélodie, puis il identifie la chanson. Chacun des deux logiciels n’a besoin que de quelques secondes ; imaginez la quantité de travail nécessaire pour retrouver ce fragment parmi les milliers de morceaux de musique disponibles sur la Toile. Mais ai-je mentionné qu’on vous propose également d’acheter le CD de cette mélodie, et tout aussi vite ? On le voit bien, le chemin qui mène à la Singularité n’est pas exempt de motivations financières. Encore une fois, la magie de ce logiciel tient à son aptitude à imiter nos techniques mentales de comparaison pour obtenir de nouvelles informations. Le fait que le logiciel se comporte d’une manière humaine implique une complicité avec nous, qui, estime Mistry, est le signe de sa valeur – une valeur qui ne se limite donc pas à sa facilité d’utilisation.
J’ai vécu d’autres expériences « fascinantes » avec des logiciels. Mais je dois reconnaître que je ne suis peut-être pas un bon exemple. Ces huit dernières années, j’ai fait plusieurs expériences intimes d’interface humain-ordinateur que je ne peux pas rectifier. Je me suis laissé « engloutir » par mon ordinateur d’une façon que je ne pourrais pas qualifier de saine. À mon avis, quand on a des problèmes légèrement obsessionnels et compulsifs, on a peut-être tendance à tomber dans de telles situations. En plusieurs occasions, je me suis mis à trafiquer avec mon ordinateur pour des raisons pas très claires, j’ai trouvé de petites difficultés dans le logiciel qui m’ont paru intéressantes et... quand j’ai finalement levé les yeux de l’écran, plus de seize heures avaient passé ! J’avais l’impression de m’y être mis deux ou trois heures plus tôt à peine.
Je suis toujours bouleversé par ce genre de prise de conscience de la disparition temporaire du sens du temps. D’où cela peut-il venir ? J’avancerai la théorie que plus le logiciel est assorti à nos rythmes mentaux, plus sa présence est invisible. On ne fait pas attention aux intervalles de temps de notre respiration ou de notre pulsation cardiaque, n’est-ce pas ? Si, par exemple, les répétitions exigées par le logiciel sont similaires à ces rythmes, vous tombez dans une transe qui ressemble à l’état dans lequel on plonge en écoutant de la musique ou en dansant. Certaines formes d’accumulation d’information sont similaires à une certaine façon de penser. Pour moi, il s’agit toujours de logiciels qui forment comme une série de nœuds qu’il faut défaire pour construire un lien permettant de reconstituer quelque intégralité primordiale ; au fur et à mesure que le point culminant ou l’apogée du processus se rapproche, l’attirance devient de plus en plus forte. Les logiciels les plus alléchants retardent le plus possible cette gratification au fur et à mesure qu’elle se rapproche. Sur un graphique, l’expérience serait représentée par une courbe qui diminuerait de plus en plus mais ne toucherait jamais l’axe, exactement comme l’avènement de la Singularité !
De tels compromis ne sont pas mauvais en eux-mêmes, mais ne serait-il pas magnifique que l’interface métaphorique soit un peu resserrée, que ces représentations de notre cerveau sur l’ordinateur puissent se rapprocher un peu plus de nous ?
Le 11 février 2010, j’ai commencé mon voyage sur une vraie interface sans fil qui reliait mon cerveau et l’information donnée par un ordinateur, et je me suis mis à faire des expériences avec un objet appelé l’« Emotiv[3] ». J’ai tenté de lancer des opérations sur mon ordinateur sans utiliser ni clavier, ni souris, ni même ma propre voix ou tout autre signal, à l’exception des ondes du cerveau. Pour cela, j’ai acheté, il y a quinze jours, la version commerciale d’un casque sur le site http://www.emotiv.com. Appelé « interface personnelle pour interaction entre être humain et ordinateur », ce casque est doté de quatorze détecteurs en or avec des bouts de coton trempés dans une solution saline stérile normalement employée pour les verres de contact. Ces détecteurs humides sont enfoncés dans le casque (qui est serré), et lorsqu’on le met, ils touchent la tête de façon à recevoir les ondes du cerveau. Par ailleurs, le système de positionnement gyroscopique du casque analyse en continu la position de votre tête.
Presque tous les jours, pendant une heure (rester plus longtemps me donne un mal de tête épouvantable), je m’entraîne avec mon casque. J’ouvre la boîte en plastique qui contient les quatorze petits détecteurs et leurs bouts de coton trempés dans le liquide salé, et j’enfonce doucement chaque coton dans le bout creusé de l’un des quatorze tentacules du casque, sept détecteurs se trouvant de chaque côté. J’allume ensuite le casque (il fonctionne avec des piles) et si une lumière bleue s’allume, cela signifie que tout est en ordre. Puis je prends un petit boîtier et je l’insère dans un port USB de mon ordinateur. Le boîtier forme un lien sans fil avec le casque et dès qu’un logiciel du nom d’EmotivEpoc se met en marche sur mon ordinateur, une représentation schématique du sommet d’un crâne humain apparaît. Chaque détecteur est représenté par un point sur le graphique du crâne, de couleur verte s’il est dans la bonne position. Une fois vérifiés la position de tous les détecteurs et le fait qu’ils soient bien en communication avec le boîtier et le logiciel, je commence mon entraînement. La première phase, l’Expressiv Suite, est la plus facile. Je me trouve en face d’une représentation bien dessinée d’un visage humain.
Le Mouse Emulator (« émulateur de souris ») utilise la souris pour exploiter les capacités gyroscopiques du casque Emotiv. Si je cligne des yeux, une animation sur l’écran fait cligner des yeux en même temps au visage. Si je souris, le visage sourit. Si je regarde à gauche le visage fait la même chose, etc. En répétant chacun de ces mouvements, j’en arrive à un point où la réaction n’a lieu que lorsque je la veux mentalement, et rien ne bouge entretemps. Je dois faire preuve de beaucoup de sensibilité et de contrôle dans le déplacement des muscles de mon visage. Le but est de former une interface interactive parfaite entre mon visage et le visage de l’écran.
Lorsque j’y suis parvenu, je me mets à attribuer des points de repère numériques à ces minigestes. Par exemple, je peux exiger que le curseur clique sur la touche « entrée » chaque fois que je serre les dents. Je peux déplacer le curseur en ligne droite vers le haut ou vers le bas avec de tout petits mouvements du visage.
La deuxième phase de l’entraînement consiste essentiellement à renforcer ma concentration et à libérer mon esprit de tout conflit, afin d’atteindre l’état mental le plus favorable à la transmission des ondes du cerveau les plus claires. Je vois un graphique composé de trois lignes plus ou moins parallèles, progressant de droite à gauche. Elles représentent, respectivement, mon engagement mental (ou mon attention), mon excitabilité et mon niveau de méditation. D’une façon générale, le but, je crois, est de me concentrer le plus possible tout en étant le plus détendu possible, afin de garder un fond clair sur lequel les ondes peuvent se manifester. Je pense que l’Affectiv Suite est vendu avec ce produit afin d’encourager la discipline mentale de l’utilisateur et d’éviter un état d’hyperkinésie. En cas d’hyperkinésie, de trop nombreuses ondes cérébrales sont émises par l’appareil, et les exercices suivants échouent.
L’expérience principale de l’entraînement avec l’Emotiv, qui est aussi la plus passionnante (et la plus controversée, ou douteuse, disent certains), est la Cognitiv Suite. On vous montre l’image d’un petit cube orange et blanc. Le but est de développer des techniques qui feront bouger le cube de façon variée, sans avoir besoin de toucher le clavier ou la souris, mais en utilisant les ondes cérébrales, c’est- à-dire les pensées. On commence par plusieurs courtes séances pendant lesquelles on ne pense à rien en particulier, pour que le logiciel se fasse une idée de la nature de vos ondes cérébrales aléatoires et ne les confonde pas avec de vrais messages. Après plusieurs séances de ce type, on choisit une commande pour plusieurs mouvements possibles – par exemple : « poussez » (mon geste le plus réussi jusqu’à présent). On clique sur le mot train (« s’entraîner ») et puis on essaie de visualiser l’action du cube que l’on est en train de pousser. On répète ces sessions jusqu’à ce que la visualisation fasse bouger le cube pour de bon, selon le type de mouvement qui a été choisi.
Comme on peut le lire dans les conversations sur le site emotiv.com, les enfants et les personnes âgées semblent être ceux qui réussissent le mieux ce genre d’entraînement. Le cerveau doit être libre de toute autre pulsion ou de tout conflit avec la visualisation du mouvement. Si on peut vider son esprit de toute autre pensée et entrer dans un léger état de transe, puis visualiser l’acte de pousser le cube, on peut réellement apprendre à le faire bouger, la plupart du temps.
Il y a déjà longtemps, en 1967, le chercheur Edmond Dewan a publié un bref compte-rendu d’une méthode de création d’informations linguistiques par l’entremise des ondes cérébrales[4]. Dewan et plusieurs autres chercheurs ont mis au point un système capable de moduler les rythmes des ondes alpha dans le cerveau, en les suscitant ou en les arrêtant à volonté. En général, les ondes alpha sont interrompues par les états d’attention, et ne se manifestent que pendant les états de relaxation. Par leur déclenchement et leur interruption, Dewan fut capable d’élaborer son propre code pour signaler les lettres de l’alphabet. Des expériences ultérieures démontrèrent que le locus de l’attention influençait les mouvements de l’activité alpha. Être attentif à un côté de votre champ de vision diminue l’activité alpha d’un des côtés du cerveau, et vice versa. Toutes ces idées sont à présent en cours d’application dans un projet de services de renseignements militaires intitulé « MURI : Synthetic Telepathy[5] ». Les chercheurs voudraient déterminer si un mouvement d’ondes peut être lié directement à une prétendue «parole dissimulée », autrement dit, à la pensée, ou à la simple idée d’un mot.
Avec l’Emotiv, une fois qu’on a réussi, par la pensée, à faire exécuter au cube des actions de difficultés variées, on peut assigner des opérations à chaque action. Par exemple, « poussez » peut être utilisé pour cliquer sur le curseur, et « levez » pour le faire défiler. Puis on peut aussi s’essayer aux jeux vidéo. Mais ce que l’Emotiv offre de plus intéressant, c’est un logiciel de traitement de texte qui fonctionne par mappage des ondes cérébrales sur certaines combinaisons d’opérations. Ce peut être aussi simple que d’écrire le signe « :) » dans un mail, qui rappelle le véritable geste du sourire, ou aussi compliqué que de lier un seul geste à une série de frappes de clés, par exemple, pour apposer votre signature.
Génial ! Mais quelles sont les utilisations sérieuses de tels appareils ? J’ai résisté à la forte tentation de prétendre que j’avais écrit ce livre entier sans bouger, en utilisant ce logiciel de traitement de texte. Cela aurait constitué une merveilleuse illustration de mon propos. Malheureusement, tel n’a pas été le cas ; car si oui, le travail aurait été vingt fois plus long. Les interfaces sans fil cerveau-ordinateur, néanmoins, possèdent de sérieux avantages, tels que l’amélioration des conditions de vie des personnes paralysées. Imaginez que le fameux journaliste Jean-Dominique Bauby, ancien rédacteur en chef d’Elle aujourd’hui défunt, ait pu disposer de l’un de ces appareils. Dans son journal Le Scaphandre et le Papillon[6] (1997), il raconte comment une attaque cérébrale l’a totalement paralysé, le laissant dans un état qu’on appelle « la maladie de l’emmuré vivant ». En 1995, il se réveille d’un coma de vingt jours, complètement paralysé, tout juste capable de quelques petits mouvements de la tête, et de cligner d’un seul œil. En clignant de l’œil gauche, il lui a fallu dix mois pour écrire son livre avec l’aide d’une transcriptrice qui lui récitait l’alphabet dans l’ordre des lettres les plus fréquentes, tandis que Bauby clignait de l’œil à la bonne lettre pour qu’elle écrive le mot qu’il voulait. Si Bauby avait eu la chance de bénéficier d’un casque Emotiv, il aurait bien sûr pu accomplir sa tâche en tapant son livre directement à partir de ses pensées, à l’aide de ses ondes cérébrales et d’un ordinateur.
Ce n’est pas que les objets se déplacent sur l’écran de l’ordinateur en réponse à la pensée, mais que les ondes de la pensée forment un modèle, ou une métaphore graphique, à laquelle le logiciel apprend à réagir d’une certaine manière. Le modèle de chaque geste, défini par les informations cumulatives de ces ondes cérébrales rassemblées au fil des entraînements, devient de plus en plus raffiné. Par contre, pour l’Affectiv Suite, les lignes graphiques sont évidemment fondées sur des valeurs fixes, dérivées de la moyenne approximative des modèles d’ondes du laboratoire, réalisées à partir d’un certain nombre de sujets. Quoi qu’il en soit, le logiciel réagit aux métaphores élaborées par les ondes du cerveau et liées aux pensées, pas aux pensées elles-mêmes.
Nous avons déjà examiné cet univers : un monde spectral où tout est représenté métaphoriquement, autrement dit « la réalité virtuelle ». Notre voyage vers l’interface totale être humain-ordinateur est une sorte de séduction qui nous entraîne vers la Terre des Métaphores. Au fur et à mesure que nous nous dépouillons de cette conscience traditionnelle pour laquelle les choses matérielles sont « la vraie réalité », les interfaces variées qui représentent la réalité (ou non-réalité) numérique deviennent de plus en plus importantes. Dans cette interprétation de la réalité, le monde virtuel des singularistes représente le triomphe de la métaphore. Ce ne sont pas nos pensées qui dominent le monde, mais leurs schémas numériques.
C’est un dilemme fascinant : Platon nous a vivement conseillé d’abandonner le royaume illusoire et trompeur du monde matériel pour embrasser ce monde de « formes » invisibles, ou des Idées abstraites. Pour Platon, les choses matérielles étaient des copies fades de la réalité, et les formes invisibles représentaient les vérités absolues. Les ordinateurs se posent presque la même question, mais seulement si on accepte que les formes platoniques soient mathématiques, voire numériques, autrement dit des interfaces mathématiques. Certains philosophes anciens, comme Euclide, ont fondé leurs vérités sur un credo de formes mathématiques. Je me demande seulement ce qu’ils auraient pensé du système numérique que nous utilisons aujourd’hui, qui se veut une représentation du réel et en même temps le réel, et qui est une forme de pointillisme numérique. Mais peut-être suis-je injuste, dans la mesure où le type de nombres que les Grecs auraient à affronter aujourd’hui sont des unités de matière si minuscules qu’ils existent à la lisière de l’énergie et de la matière, et ces particules ne peuvent être converties en métaphores qu’à travers leur agencement informatique. Les particules élémentaires de notre monde discréditent le drame des anciens temps dans lequel la substance s’oppose au monde sans substance ; la destruction de cette antique polarité semblant annoncer aussi l’avènement de formes idéales, où tout dépassera même la vitesse de la lumière et, pour cette raison, se transformera à tout jamais en pure information.
Je parle, bien sûr, de la mécanique quantique, une discipline qui n’étudie, en réalité, que le manque de substance, et qui est fondée sur la découverte que les particules subatomiques sont des paquets individuels d’énergie ayant les caractéristiques d’une onde, une condition qui semble très favorable à la transformation de la matière en intelligence.
La pratique de la mécanique quantique nous amène aux «répliques », ces copies exactes qui seront nécessaires à l’invention des vrais androïdes. Pour réaliser une réplique d’un cerveau humain, par exemple, qui soit de la même taille et soit aussi « portatif » que l’originel, il faut transporter l’information nécessaire à chaque photon et à chaque électron de nos atomes, un par un, vers leur nouveau domicile. Ce qui est le plus extraordinaire, c’est que les chercheurs ont déjà commencé à réaliser cela. Mais mettre en œuvre la « télékinésie quantique, » ainsi qu’on l’appelle, pose des problèmes. Si ce n’était pas le cas, les télékinésies de Star Trek ou du premier film intitulé La Mouche[7] (dans lequel un savant québécois est suivi par une mouche dans une cabine de télékinésie et ressort avec la tête de cette dernière) seraient des événements quotidiens. Le problème principal est posé par le « principe d’incertitude » de la mécanique quantique, qui postule qu’aucun processus de scanographie ou de mesure ne peut extraire toute l’information d’un objet avant que l’état original de l’objet ne soit trop perturbé, ce qui empêche la création d’une réplique parfaite[8]. Mais en 1993, une équipe internationale de savants conçut un moyen détourné permettant la télékinésie quantique en faisant appel à l’enchevêtrement de trois particules. En bref, ils ont passé au scanner une partie de l’objet A, ont transmis l’information de la partie de l’objet A qui n’avait pas été passée au scanner à l’objet C au moyen d’un intermédiaire qu’on peut appeler l’objet B, alors que celui-ci avait déjà été en contact avec l’objet C – ce qui permit la création d’une représentation parfaite de l’objet A. En fait, à ce point-là, l’objet A était dans un pire état que le mec à la tête de mouche ; en fin de compte, l’objet était totalement bousillé et ne ressemblait plus du tout à ce qu’il était à l’origine. C’est la raison pour laquelle on parle de télékinésie et non pas de réplication. Autrement dit, vous serez mort avant qu’on puisse donner naissance à votre réplique.
En 2009, des chercheurs de l’université du Maryland ont fait un pas extraordinaire dans l’avancement de la télékinésie[9]. Pour la première fois de l’histoire, ils ont réalisé la télékinésie non pas d’une particule mais d’un atome entier. Cette expérience ne signifie pas nécessairement qu’à l’avenir les atomes de notre corps et de notre environnement pourront être réarrangés, mais c’est un pas de géant vers la possibilité de créer un ordinateur quantique, qui serait des milliers de fois plus puissant que les ordinateurs d’aujourd’hui. De plus, alors qu’un ordinateur aux puces de silicium fonctionne par l’opposition de bits qui existent dans l’un de deux états (0 ou 1), un ordinateur quantique peut utiliser des bits quantiques, ou « qubits », dans des états multiples et simultanés ; ce qui le rend capable d’obtenir des configurations beaucoup plus détaillées, non limitées à 0 ou 1 ; en fait, il pourrait effectuer un million de calculs simultanés.
Si un ordinateur quantique vraiment utilisable pouvait être construit, il saturerait très vite l’Internet entier ; et déborderait notamment tous nos efforts pour encoder l’information. Cela pourrait signifier la fin de toute information dissimulée. Une telle transparence absolue pourrait, éventuellement, être considérée comme marquant l’avènement d’un siècle des Lumières suprême, un éclaircissement total, débarrassé de tout obscurantisme. Mais une chose est sûre : l’état de Singularité doit passer par ce niveau subatomique. Quand j’ai décrit les foglets, je cherchais à représenter la réorganisation de la matière en termes un peu plus tangibles (dix trillions de septillions de fois plus tangibles, je suppose, parce que je suis resté au niveau atomique, et pas subatomique), mais la véritable recréation du plan du monde externe et de nos esprits doit commencer d’une façon plus élémentaire et plus minuscule.
Si on examine en profondeur les principes de la mécanique quantique, on est frappé par l’impression que presque toutes les certitudes du passé sont en train d’être démystifiées. Quand on change une dualité comme 1-0, dont on pensait qu’elle était le fondement de l’avenir cybernétique, que nous reste-t—il ? C’est difficile à dire, dans la mesure où la mécanique quantique elle-même englobe de nombreux éléments intangibles pour nous mais qui dérivent de formules logiques et qui, tel le principe d’incertitude, semblent renverser les concepts « raisonnables ». Quand les certitudes sont pulvérisées sémantiquement et perdent leur statut de choses matérielles, qu’est-ce qu’il reste ? À mon avis, seule leur interpénétration. Peut-être la véritable nature de la Singularité réside-t-elle là. Davantage qu’une prise de pouvoir par les machines, c’est-à-dire quelque chose que les partisans aussi bien que les ennemis de la Singularité ont tendance à conceptualiser, peut-être s’agit-il de la fin de tout mimétisme, de la fin de cette ancienne guerre où celui qui imitait et celui qui était imité luttaient pour devenir la signification suprême. On n’a pas besoin d’un radical comme Zerzan pour mettre fin à la conceptualisation. Cela viendra naturellement.
Et pour moi, c’est un signal de paix. Pendant combien de siècles l’homme s’est-il opposé à la nature, qui n’est autre que notre conception du monde externe. Il serait délicieusement ironique que nos tentatives les plus ambitieuses de maîtriser le monde externe – la technologie – nous mènent à un stade où les oppositions qui créent notre monde mental s’écroulent. Et cela conduirait aussi à une trêve entre les guerriers de l’avant-garde de la technologie, avec leur vocabulaire évangéliste, et les cyniques qui ont tendance à appeler « gadget » tout progrès auquel ils sont confrontés.
Il faut tout de même avouer que notre avenir est plutôt confus. Dans son livre Futurehype : The Tyranny of Prophecy (Battage autour du futur : la tyrannie de la prophétie)[10], publié en 1992, le sociologue Max Dublin fait la liste d’une multitude de prédictions technologiques qui se sont révélées totalement fausses, et affirme que les prédictions des futuristes contemporains – pleines dè scientisme, fanatisme et nihilisme – subiront le même destin que les religions millénaires et le communisme. Face à ces graves doutes, d’autres intellectuels imaginent les avenirs les plus incroyables. Par exemple, inspiré par les écrits de Teilhard de Chardin, Frank Tipler[11] nous assure que l’effondrement de l’univers dans des milliards d’années pourrait mener à la perpétuation de l’homme dans une réalité simulée par un méga-ordinateur. Ken Hayworth, un chercheur de l’université Harvard[12], préconise une « Déclaration des droits de l’homme pour le téléchargement de son cerveau », un manifeste qui exige que nous ayons tous droit à ce que notre cerveau soit coupé en tranches minces, gelées, et servies à un ordinateur, qui conservera notre conscience pour toujours. Mais peut-être tout cela semble-t-il anodin lorsqu’on apprend que Kurzweil a annoncé en 2009 son désir de construire une copie génétique de son père à l’aide de l’ADN obtenu dans sa tombe par des nanobots, et des souvenirs qu’il garde de lui[13].
Quand je lis de telles déclarations, je ne peux m’empêcher de penser à la volonté de nombreux futuristes de contrôler tout, pour construire un monde composé de leurs fantasmes, avec l’excuse que ces constructions auraient une signification universelle. Ce sont les mêmes gens qui rêvent d’un futur dans lequel les humains pourront accélérer leur propre évolution. Mais étrangement, ils oublient que, selon leurs propres déclarations, cette accélération nous dirige vers le délaissement du sujet autonome au profit d’un but plus avancé, un changement qui doit modifier la signification même d’une phrase comme « mon père ».
En tout cas, on ne peut pas parler d’une seule « Singularité », ou même d’une seule forme du transhumanisme, un concept qui se subdivise en divers sous-groupes : le transhumanisme politique et libertaire, un « techno-gaïanisme » qui voudrait garantir que la technologie serve l’écologie, un androgynisme technologique qui espère profiter des technologies de la reproduction et trouver le moyen d’éliminer la question du genre, et bien d’autres encore[14].
Sur le site Transhumanist FAQ[15], une profession de foi du transhumanisme due à la collaboration de plus de cent partisans de cette philosophie, on essaie de moduler et de contrebalancer les voix les plus extrémistes du mouvement. Alors qu’ils estiment que l’architecture de leur vision de l’avenir repose sur la superintelligence et l’ingénierie des molécules, ils veulent attirer aussi l’attention sur les autres technologies qui, pensent-ils, joueront également un rôle : la psychopharmacologie, les thérapies antivieillesse, les interfaces neurales, les outils de gestion de l’information, les drogues qui améliorent la mémoire, les ordinateurs portables et wearable (miniaturisés au point d’être intégrés aux vêtements ou objets quotidiens), ainsi que les techniques cognitives. Mais d’après moi, pour beaucoup de gens, qui ne sont pas exactement des luddites mais qui ne sont pas non plus à la pointe dans le domaine de la technologie, il est préférable de délaisser ces visions et ces questions brûlantes relatives à notre futur pour plutôt s’intéresser à un monde plus contemporain, tout aussi passionnant. Par contre, comme je l’ai déjà dit, cela peut devenir difficile lorsque les arbres se mettent à vous cacher la forêt. Mais je vous assure que, à l’heure actuelle, ces technologies qui peuvent nous servir d’auxiliaires et de compagnons pour la vie quotidienne existent déjà, ne coûtent pas très cher et ne sont pas difficiles à utiliser.
À une conférence de TED en 2009[16], Pranav Mistry et Pattie Maes[17] ont fait la démonstration d’une invention de Mistry appelée le SixthSense (« le Sixieme Sens »), et qu’il décrit comme « un appareil qu’on peut porter sur soi, ét qui permet des interactions entre le monde tangible et le monde des données ». Pendant que Maes prononçait son discours, on pouvait voir une vidéo de Mistry montrant comment mener une existence parfaitement normale, à un détail près : votre spectral mais utile Sixième Sens vous accompagne.
Au début de cette vidéo, Mistry est assis dans un fauteuil chez lui en train de lire le journal. Mais à la place de la photo habituelle de la une, on a une image en couleurs composée de lumière qui semble projetée de son corps. Ensuite, on voit Mistry dans un supermarché en train de faire ses courses, avec des lettres en lumières vertes qui se projettent, encore à partir de son corps, sur un rouleau d’essuie-tout qu’il tient dans ses mains. Les lettres indiquent le prix, la qualité et le nombre de feuilles de ce rouleau, et quand Mistry touche l’un de ces signes, une liste de nouveaux renseignements flottants remplace la première.
Le même soir, Mistry se rend dans un taxi à l’aéroport. Inquiet d’être en retard, il lève le bras et trace un cercle sur son poignet avec le doigt de l’autre main. La silhouette lumineuse d’une montre apparaît instantanément sur son poignet et il lit l’heure. Après son vol, on l’aperçoit sur un pont, regardant en touriste le soleil se coucher. Puis il forme un carré devant ses yeux avec ses deux index et ses deux pouces, et on entend un déclic. Plus tard, on le voit en train d’arranger ses photos, ou plutôt des images de ses photos, projetées sur le mur externe d’un bâtiment. Et finalement, quand un autre étudiant s’approche pour le saluer, des phrases relatives aux goûts, centres d’intérêt et à l’identité de cet étudiant (les éléments de son identité qu’il a décidé de révéler aux autres, comme sur Facebook) couvrent sa chemise, presque au moment même où Mistry le regarde.
Comment peut-on obtenir un trésor technologique de ce type, qui vous suit partout, recouvrant chaque expérience sensorielle d’une toile de méta-renseignements ? Pas en laboratoire, où des millions sont dépensés pour l’étude de miracles, ni dans une boutique de gadgets extraordinaires à plusieurs milliers de dollars. Le logiciel qui met en marche le Sixième Sens est gratuit, parce que Mistry et sa partenaire Pattie Maes ont décidé de le produire dans le cadre «open source ». Vous pouvez le télécharger librement sur plusieurs sites Internet. Et les outils et matériels pour construire cet appareil étonnant ? Vous pouvez acheter tout pour à peu près 350 dollars. Il s’agit seulement d’un appareil photo ordinaire qu’on peut porter avec un cordon sur le cou ; d’un portable normal avec connexion sans fil relié à Internet que vous gardez dans votre poche ; d’un petit projecteur d’une taille minuscule qui fonctionne avec une seule pile ; et finalement, de quatre dés à coudre colorés, portés au bout des doigts pour faire des dessins visibles avec les mains devant l’appareil photo.
Le secret de la performance du Sixième Sens est fondé sur la capacité de ces éléments pas très insolites à fonctionner très étroitement ensemble d’une manière qui, elle, est insolite : l’appareil photo peut saisir les mouvements dessinés par les doigts de Mistry à la lumière du projecteur, qui adresse cette information sous une forme numérique au portable. Lequel trouve les renseignements appropriés sur la Toile et les renvoie au projecteur ; et le projecteur fait jaillir ces renseignements sur un journal, sur le rouleau d’essuie-tout, sur le poignet de Mistry, ou sur la chemise d’un collègue.
C’est incroyable tout ce qu’on peut accomplir dans un esprit d’harmonie. Évidemment, ni les champs de bataille d’un futur inconnu ni l’anxiété d’une humanité en train de disparaître ne sont propices à l’accomplissement de miracles technologiques. C’est plutôt dans les supermarchés, les aéroports et les activités humbles de la vie quotidienne, là où chacun peut rester son maître, que les choses avancent avec suffisamment de magie.
1.Voir : http://www.the-soulmen.com/ulysses/. Les logiciels marchent aussi en français.
2.http://www pranavmistiy.com/ithink/pranav_fma.pdf.
4.Dewan, Edmond M., «Occipital Alpha Rhythm Eye Position and Lens Accomodation », Nature 214, 975-977 (3 juin 1967).
5.Dewan a travaillé aussi avec des compositeurs de musique expérimentale, dont John Cage.
6.Voir http://cnslab.ss.uci.edu/muri/muri.html.
7.Bauby, Jean-Dominique,Le Scaphandre et le Papillon, Robert Laffont, 2007.
8.La Mouche (The Fly), de Kurt Neumann, 1958.
9.« Quantum Teleportation », sur la page Internet « IMB Research : Quantum Information Page » (http://www.research.ibm com/quantuminfo/teleportation/).
10.Kluger, Jeffrey, « Teleportation ! », in « The Top Ten Everything of 2009 », Time, 8 décembre, 2009.
11.Dublin, Max, Futurehype : The Tyranny of Prophecy (seulement disponible en format poche), Plume, 1992. Similaire et plus récent, par le même auteur : Future Hype : The
12.Myths of Technology Change, Berrett-Koehler Publishers, 2006.
13.Frank J. Tipler est physicien et cosmologiste, et professeur à université de Tulane, La Nouvelle-Orléans.
14.Kenneth J. Hayworth est physicien et cosmologiste à Harvard. Voir : http://geon.usc.edu/~ken/
15.Vance, Ashlee, « According to Ray Kurzweil, You and I Are Going to Live Forever », The Citrus Report, 14 juin 2010 (http://www.thecitrusreport.com/2010/headlines/according-to-raymond-kurzweil-you-and-i-are-going-to-live-forever/).
16.« Transhumanism » dans wikipedia.org.
17.http://www.extropy.org/faq.htm.
Voir : « Pattic Macs et Pranav Mistry demo Sixth Sense », une vidéo sur le site TED.org, enregistrée en février 2009 et mise en ligne en mars 2009 (http://www.ted.com/talks/lang/eng/pattie_maes_demos_the_sixth_sense.html).
18.Voir aussi : « Pranav Mistry : The thrilling potential of SixthSense technology », une vidéo sur le site TED.org, enregistrée à TEDIndia et mise en ligne en novembre 2009 (http://www.ted.com/talks/lang/eng/pranav_mistry_the_thrilling_potential_of_sixthsense_technology.html).
19.Pattic Macs, chercheuse au MIT, est aussi directrice des expériences de Mistry concernant le SixthSense.