Regardez cette femme avec son chapeau étriqué, ses boucles de cheveux dépassant la ceinture, son air pincé, ses allures de vieille coquette, voilà la mode, saluez la déesse, et gardez-vous d'entr'ouvrir le livre que ce penseur profond tient à la main avec tant de componction, vous n'y trouveriez que du vide. Il vaut mieux causer un moment avec ces deux débardeurs qui boivent du champagne dans un cornet à piston, double personnification du carnaval actuel.

Cet homme qui porte une colonne sur son dos, c'est l'architecte de l'Empire: voyez cette boule au sommet du monument, c'est le vieux monde: gare dessous! le vieux monde peut s'écrouler d'un instant à l'autre; fuyons. Mais un autre danger nous menace. Quel est ce volume qu'on hisse avec tant de peine avec cet instrument vulgairement appelé cherre? Ce sont les Poésies légères d'un auteur bien connu. Si la corde venait à casser, nous serions écrasés par ces feuilles fugitives.

Ici, un capitaine anglais grimpe sur un mandarin chinois qui, passez-nous l'expression, en a plein le dos; là se dressent des chemins de fer portatifs, dernière expression du progrès industriel; ce chapeau sur une boîte, c'est l'art et le daguerréotype: le soleil dessiné par lui-même. Que peut-on inventer après cela?


Paris au crayon. Caricature par Grandville.


--L'administration du Musée du Louvre vient de faire placer dans la salle des bronzes une inscription tracée sur une lame de plomb qui, dit-on, a été trouvée dans l'intérieur de la belle statue de bronze d'ancien style qui est placée sur un piédestal au centre de la galerie. Cette inscription donne les fragments du nom de deux artistes dont l'un est Rhodien: les caractères sont d'une forme telle que, si l'un s'en rapportait à ce témoignage, il faudrait faire descendre au second siècle avant notre ère un monument que l'on a considéré jusqu'à présent comme antérieur à Phidias. Mais il s'est rencontré des esprits soupçonneux qui ont révoqué en doute l'authenticité de cette lame de plomb, et qui ont pensé que le directeur du Musée avait trop facilement accordé confiance au nettoyeur qui dit l'avoir trouvée. Ces doutes ont été consignés dans un article imprimé dans la revue qui a pour titre Le Cabinet de l'Antiquaire Le sous-conservateur du Musée, qui s'est cru engagé dans la question, a répondu par une brochure dans laquelle il cherche à prouver l'antiquité de l'inscription sur plomb. Cette petite querelle occupe vivement le monde des antiquaires: elle doit intéresser aussi les artistes, puisque, en définitive, il s'agit de renverser les idées généralement reçues touchant le style de l'art des anciens sculpteurs.

Correspondance.

RÉPONSES.

Il nous serait impossible, dés à présent, de répondre par lettres à toutes les personnes qui veulent bien nous écrire, soit pour nous donner des conseils, soit pour nous offrir leur collaboration, soit pour nous faire des questions sur notre but et sur les moyens que nous comptons employer pour l'atteindre. Nous nous voyons donc obligés d'adresser nos réponses à la plupart de nos correspondants inconnus, par la voie même de notre journal. Un mot suffira souvent pour que toute notre pensée leur soit connue. Quelquefois aussi, une seule réponse préviendra un grand nombre de questions, de doutes ou de critiques. Nous avons besoin d'économiser le temps.

A M. P. L., rue du II.--La critique est juste, et nous en tiendrons certainement compte.

A M. D., boulevard Saint-Martin.--Mille remercîments; les sujets indiqués nous conviennent; M. D. en verra la preuve dans nos prochains numéros.

A M. R., d'Orléans.--En aucune manière, notre résolution à cet égard ne changera point.

A un anonyme.--Notre premier numéro n'est point un spécimen: il s'en faut de beaucoup qu'il contienne des exemples de tous les sujets que nous nous proposons d'illustrer. On ne pourra point juger l'étendue et la variété de notre plan avant plusieurs mois. Nous doutons que l'auteur de la lettre ait lu le premier article de notre premier numéro: Notre but. Nous le prions surtout de vouloir bien prendre au sérieux le dernier paragraphe de cet article. La tache est difficile: nous avons besoin de bienveillance et d'encouragements.

A Madame A L., de Versailles; MM. O.; V. T.; G. de Saint-Quentin.--Madame A. L. nous conseille de ne point représenter les scènes des théâtres et les acteurs, et de donner plus de place aux affaires criminelles, correctionnelles, à la musique et aux modes.--M. O. pense tout le contraire.--M. V. T. n'aime aucun de ces sujets, et demande surtout des oeuvres d'art et des caricatures.--M. G., qui se méprend apparemment sur le sens de notre titre, voudrait qu'il ne fût question que des hommes et des femmes illustres.--Nous sommes désolés de ne pouvoir mettre les quatre correspondants en présence les uns des autres; ils se répondraient sans doute mieux que nous ne pouvons le faire.

A M. Pr.--Jamais, Monsieur. Quelle idée!

A M. V.--Si nous suivions le conseil de M. V., l'Illustration n'aurait pas à espérer deux mois d'existence. Nous nous expliquerons, du reste, de la manière la plus explicite sur ce sujet en tête d'un des prochains numéros. Nous ne sommes enrôlés sous aucun drapeau; nous ne sommes au service d'aucun parti.

A Madame ou Mademoiselle E. N.--Nous ferons part de l'observation très-fine de l'aimable correspondante à madame Constance Aubert qui rédige nos articles sur les modes, et qui voudra bien se charger de lui répondre directement.

A M. J, d'Amiens.--Il est impossible de trouver un titre qui satisfasse tous les esprits. Le mot Illustration indique notre projet de rendre plus intelligibles, d'éclairer, en quelque sorte, au moyen de gravures sur bois, tous les sujets que nous traitons. Ce n'est pas un mot étranger: les Anglais nous l'ont emprunté, comme tant d'autres excellentes expressions de nos pères. On le trouve souvent employé par nos vieux auteurs dans le sens où nous l'employons ici. Les miniatures, par exemple, illustraient les manuscrits. Le mot journal, qui vient ensuite, exprime notre intention de nous approcher de plus en plus du caractère d'actualité qui distingue des livres, et des autres recueils, les feuilles quotidiennes. Nous publierons les nouvelles de toute nature, et nous prendrons soin d'éviter tout ce qui est uniquement rétrospectif.

A M. Ch. G.--Nous ne savons pas encore si nous accepterons des pièces de vers: nous regrettons de ne pouvoir donner une réponse plus favorable.

A M. M. de L.--Assurément. Nous représenterons fidèlement, et avec toute la rapidité possible, tous les faits d'Algérie dignes d'intérêt. Nous avons établi une correspondance active avec des artistes qui sont sur le théâtre des événements.

A M. de B.--Les portraits demandés paraîtront en avril.

A M. S. M.--Oui, le 25 mars.

A M. Am.--Nous ne venons faire concurrence à aucun recueil existant. L'avenir le prouvera. Notre plan est nouveau et nous nous éloignerons de plus en plus de tout ce qui a été fait jusqu'à ce jour; autrement notre pensée première ne serait point réalisée. Si l'on songe que les moyens d'exécution étaient presque tous à créer, que nos graveurs passent les nuits à travailler, que nous imprimons la valeur d'un volume entier chaque semaine, on voudra bien attendre avant d'exiger beaucoup plus que nous ne faisons.

A un anonyme de Caen.--Il est vrai qu'il y a dans cette direction un écueil à redouter. Nous consulterons le bon sens et le goût public. Notre ferme volonté est de ne blesser aucune convenance et de ne jamais donner droit à personne de condamner l'influence qu'il pourra nous être permis d'exercer sur les lecteurs.


Bibliographie

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE FRANÇAIS

N. B, En fondant ce bulletin bibliographique, que nous prenons l'engagement de publier régulièrement chaque semaine, notre intention n'est pas de faire de la critique proprement dite; nous voulons seulement appeler l'attention de nos lecteurs sur tous les ouvrages sérieux et utiles qui paraissent, soit en France, soit à l'étranger. Dans ce but, nous leur donnerons, toutes les fois que nous le pourrons, une analyse sommaire des matières que ces ouvrages renferment. A cette analyse, nous ajouterons parfois un éloge, plus rarement une critique; car nous ne parlerons que des livres vraiment dignes d'obtenir une place dans notre bulletin. Jadis les journaux politiques s'empressaient de signaler, à l'envi l'un de l'autre, les publications importantes; mais la presse n'est plus aujourd'hui ce qu'elle était autrefois. Retirez-lui le produit de ses annonces, et elle cesse d'exister. Elle ne donne place dans ses colonnes à aucune nouvelle,--utile cependant à connaître,--dont elle espère se faire payer un jour l'insertion par les personnes intéressées à la répandre. Constituée sur d'autres éléments, mue par une impulsion contraire, l'Illustration annoncera, en les analysant,--dans le triple intérêt du public, des écrivains et des éditeurs, tous les ouvrages français ou étrangers qui mériteront, à des titres divers, d'être connus, lus et médités.

De la Puissance américaine. Origine, institution, esprit politique, ressources militaires, agricoles, commerciales et industrielles des Etats-Unis; par le major GUILLAUME TELL POUSSIN. 2 vol. in-8 de 52 feuilles 3/4, avec carte. Paris, Coquebert. 10 fr.

Le titre seul de ces deux volumes indique qu'ils ne ressemblent en rien à tous ceux qui ont été publiés, durant ces dernières années, sur les Etals-Unis. M. Guillaume Tell Poussin n'a pas rédigé laborieusement une longue dissertation sur les avantages ou les inconvénients de la démocratie. Loin de lui la prétention d'esquisser des tableaux de moeurs, ou de raconter des impressions de voyage. Il n'est ni un idéologue, ni un littérateur; il n'aime pas plus les phrases que les théories; sa passion dominante est la passion des faits; ce qu'il étudie, ce qu'il veut faire connaître avant tout à ses lecteurs, c'est la statistique, c'est la puissance américaine, c'est l'origine des populations diverses qui composent la fédération des États-Unis, l'histoire de leur développement, des vicissitudes qui ont marqué leur enfance et des progrès incroyables qui distinguent leur virilité; ce sont leurs ressources militaires, agricoles, commerciales, industrielles.

Le premier volume renferme l'histoire abrégée des premiers établissements des Européens dans la partie septentrionale du nouveau continent, des Français sur les rives du Saint-Laurent et du Mississipi, des Espagnols dans la Floride, des Anglais dans la Nouvelle-Angleterre. A la suite de cette revue historique, continuée jusqu'à nos jours, M. Poussin publie trois documents importants: la déclaration d'indépendance, l'acte de fédération et la constitution actuelle des États-Unis.

Le second volume, beaucoup plus intéressant que le premier, s'ouvre par l'exposition des ressources militaires des États-Unis. De ce côté de l'Atlantique, nous sommes habitués à considérer les Américains comme un peuple de marins, de marchands et de pionniers, et nous ne soupçonnons pas que l'Amérique, dans la prévoyance d'une lutte avec l'Europe, se soit préparée à la soutenir. La constitution de 1787 donnait au congrès le pouvoir de mettre le pays en état de défense. Cette sage mesure fut différée pendant plusieurs années, et l'eût été, sans doute, indéfiniment sans la guerre de 1812 avec l'Angleterre. En 1816, sous la présidence de M. Madisson, le congrès décréta que les États-Unis seraient mis en état de défense au moyen de fortifications permanentes dont l'exécution fut confiée au général du génie Bernard, qui avait été aide-de-camp de Napoléon, et chef de son cabinet topographique. M. Poussin a coopéré, sous le général Bernard, à cette grande mesure et trace un tableau aussi exact qu'intéressant du système de défense adopté par le congrès. Ce système a pour principe que la défense nationale doit reposer sur l'appui mutuel de la marine, des fortifications, des voies de communication par eau et par terre, de l'armée régulière et de la milice organisée. M. Poussin examine chacun de ces éléments. Il passe en revue, en traitant de la marine militaire, son organisation successive, son état présent, le matériel et le personnel, les chantiers de construction et de réparation, les ports de refuge, les rades de rendez-vous. Il donne ensuite de curieux détails sur la ligne de fortification, les frontières maritimes et les frontières de terre, les arsenaux, les manufactures d'armes et les fonderies, la navigation à vapeur, les canaux, les chemins de fer, l'armée régulière et la milice.

Sur la population des États-Unis, M. Poussin a recueilli de nombreux documents. L'esprit religieux, l'état de l'instruction publique, l'instruction agricole, le commerce, les manufactures, les classes ouvrières, forment autant de chapitres remplis de faits nouveaux, qui font parfaitement connaître l'étal social et industriel de l'Union. La condition de l'industrie manufacturière mérite particulièrement d'attirer l'attention, car elle prouve que, sous peu d'années, non-seulement les États-Unis pourront se passer des produits manufacturés des nations européennes; mais encore qu'ils prendront place parmi les peuples producteurs, révolution qui jettera forcément un grand désordre dans l'économie industrielle et commerciale de la France et de l'Angleterre.

La Polynésie et les îles Marquises: voyages et marine accompagnés d'un voyage en Abyssinie, et d'un coup d'oeil sur la canalisation de l'isthme de Panama; par M. LOUIS REYBAUD auteur des Etudes sur les Réformateurs. 1 vol. in-8. Paris. 1845. Guillaumin, 7 fr. 50 cent.

M. Louis Reybaud a eu l'heureuse idée de faire réimprimer en un volume in-8 une série d'articles qu'il avait publiés, durant ces dernières années, dans la Revue des deux Mondes et dans la Revue Britannique. Ce nouvel ouvrage de l'auteur des Etudes sur les Réformateurs s'ouvre par un coup d'oeil sur la science géographique, qui lui sert, pour ainsi dire, de préface. Viennent ensuite l'Histoire de la colonisation de la Nouvelle-Zélande, les analyses des voyages de l'Artémise à Taïti, de l'expédition de l'Astrolabe et de la Zélée, de 1837 à 1840, du voyage de M. Rochet d'Héricourt dans l'Abyssinie méridionale. A des réflexions pleines de justesse sur l'avenir de notre marine et à des documents statistiques sur la flotte française en 1841, succèdent enfin, deux curieux chapitres sur les îles Marquises et sur la canalisation de l'isthme de Panama. Aucun écrivain contemporain ne résume avec plus d'intelligence et n'expose avec plus de clarté une question controversée, que M. Louis Reybaud. Non-seulement il comprend admirablement tous les sujets qu'il traite,--histoire, philosophie, voyages,--mais il a, en outre, le talent de les faire comprendre à ses lecteurs. Après avoir lu ses Études sur les Réformateurs, on connaît mieux les systèmes de Saint-Simon, d'Owen et de Fourier, que si on avait médité pendant longtemps leurs ouvrages et ceux de leurs disciples. Le volume intitulé: la Polynésie et les îles Marquises remplacera avantageusement dans toutes les bibliothèques, les diverses relations de voyage dont il renferme l'analyse.

Voyage au pôle sud et dans l'Océanie, sur les corvettes l'Astrolabe et la Zélée, exécuté par ordre du roi, pendant les années 1837-1838-1839-1840, sous le commandement de M. DUMONT D'URVILLE. 34 volumes grand in-8º de plus de 700 pages, avec un atlas contenant environ 520 planches in-folio, publié par livraisons de 5 ou 6 planches et 64 cartes hydrographiques.--Paris, Gide, libraire-éditeur. Chaque volume 6 fr.; chaque livraison de planches, 12 fr. 50 c.

La mort malheureuse de l'amiral Dumont-d'Urville n'a apporté aucun retard à la publication de la relation de son voyage. L'ouvrage complet se divisera en huit parties: 1. Histoire des Voyages, 10 vol. 2. Zoologie, 6 vol. 3. Botanique 1 Vol. 4. Anthropologie et Physiologie humaine, 2 vol, 5 Minéralogie et Géologie, 2 vol. 6. Philologie, 4 vol. 7. Physique, 4 vol. 8. Hydrographie, 2 vol. Le quatrième volume de l'Histoire du Voyage vient d'être mis en vente. Ont déjà paru: Atlas pittoresque, 18 livraisons; Zoologie, 2 vol. Botanique, 1 vol. Physique, 1 vol.--Avons-nous besoin de rappeler, en annonçant cette belle publication, que le voyage au pôle et dans l'Océanie, de l'Astrolabe et de la Zélée, est, de toutes les expéditions entreprises et achevées dans ce siècle par la marine française, la plus récente, la plus glorieuse peut-être, et la plus féconde en résultats nouveaux.

Manuel de l'Histoire générale de l'Architecture chez tous les peuples, et particulièrement de l'architecture en France au moyen-âge; par DANIEL RAMÉE. 2 vol. in-12. Paris. 1843. Paulin, 10 fr. 50 cent. (Avec de nombreuses gravures sur bois.)

Fils d'un architecte, architecte lui-même, M. Daniel Ramée avait depuis sa jeunesse conçu le projet d'écrire un jour une histoire complète de l'architecture. Pendant plus de vingt années il étudia tous les grands monuments de l'antiquité et des temps modernes; non-seulement il cherchait à comprendre leur ensemble et leurs détails, mais il s'inquiétait, comme il le dit lui-même dans sa préface, de l'époque historique à laquelle ils furent élevés, du génie du peuple qui les édifia, des circonstances et des idées qui présidèrent à leur construction. Après avoir compulsé, en outre, les divers ouvrages français, anglais, italiens, allemands, espagnols, écrits jusqu'à ce jour sur l'art auquel il a voué une affection particulière, il vient de se décider à publier les résultats de ses longs et consciencieux travaux.

Le premier volume du Manuel de l'histoire générale de l'Architecture est consacré à l'antiquité, le second au moyen-âge. M. Daniel Ramée se propose de composer plus lard un troisième volume, qui contiendra l'histoire de l'architecture au seizième siècle et aux siècles suivants, et dans lequel il jugera d'une manière impartiale les restaurations modernes faites aux monuments du moyen-âge.

L'introduction placée en tête du premier volume se divise en cinq chapitres, ayant pour titre: L'histoire primitive des hommes, l'émigration des peuples, les religions des temps primitifs, l'origine de l'architecture et des nombres en général. Ces prémisses posées, M. Ramée promène avec lui son lecteur de l'Inde en Perse, de la Perse chez les Babyloniens, les Chaldéens, les Mèdes, les Assyriens, les Phéniciens, les Hébreux, en Ethiopie, en Nubie, en Egypte, en Grèce, dans l'Asie Mineure, en Italie, chez les Étrusques et chez les Romains. Que de monuments ne lui montre et ne lui explique-l-il pas durant cette excursion rapide, mais intelligente, depuis les temples d'Elora, dont l'origine est inconnue, jusqu'au palais que l'empereur Dioclétien fit bâtir à Spalatro.

M. Daniel Ramée espère avoir rendu une justice impartiale à l'architecture de tous les peuples. Toutefois, il s'élève contre l'étude exclusive du style grec et romain. Il s'est longtemps arrêté à l'architecture du moyen-âge en France, à l'architecture proprement dite chrétienne, à celle qui est sortie des races germaniques. L'ignorance la plus complète, la plus honteuse et la plus impardonnable, a seule pu donner au moyen-âge l'épithète de barbare et d'obscur. Ce qui prouve plus clairement que tous les livres, que tous les raisonnements, que toutes les réflexions, la civilisation avancée et intellectuelle de cette époque, c'est l'étude des oeuvres d'art qu'elle nous a laissées, et, parmi ces oeuvres, plus particulièrement encore les monuments d'architecture, ces majestueuses cathédrales, ces palais magnifiques, ces châteaux forts avec ponts-levis et à triple herse, ces hôtels-de-ville élégants, ces beffrois légers et tant d'autres édifices. L'étude de ces oeuvres d'art forme le sujet du second volume. Ce n'est plus l'univers entier, c'est l'Europe seulement, c'est le monde chrétien que le lecteur visitera désormais avec son savant cicérone. M Daniel Ramée signale d'abord l'influence du christianisme sur l'architecture; puis il part de l'Italie, s'embarque pour Constantinople, revient eu France, parcourt l'Allemagne et les Pays-Bas, passe en Angleterre, explore rapidement les États du Mord, la Suède, la Norwege, la Russie, fait une tournée en Espagne, et achève son voyage en Italie et en Sicile, où du haut de la cathédrale de Pafenne il contemple en imagination les monuments élevés par les Arabes sur cette terre de l'Afrique que ses regards ne peuvent apercevoir.

Traité du Droit international privé, ou du conflit des lois des différentes nations en matière de droit privé; par M. FOELIX, docteur en droit. 1 vol. in-S. Paris. 1855. JOUBERT. 9 fr. (612 pages.)

Le droit international (jus gentium) est l'ensemble des principes admis par les nations civilisées et indépendantes, pour régler les rapports qui existent ou peuvent naître entre elles et décider les conflits entre les lois et usages divers qui les régissent. Le droit international se divise en droit public et en droit privé. Le droit international public (jus gentium publicum) règle les rapports de nation à nation, en d'autres termes a pour objet les conflits de droit public. On appelle droit international privé (jus gentium privatum) l'ensemble des règles d'après lesquelles se jugent les conflits entre le droit privé des diverses nations; en d'autres termes, le droit international privé se compose des règles relatives à l'application des lois civiles ou criminelles d'un État dans le territoire d'un État étranger.

Le Traité du droit international privé que vient de publier M. Foelix n'est pas un ouvrage de théorie, mais une sorte de manuel-pratique. L'auteur s'est borné à réunir dans un cadre méthodique les règles ou principes qu'un usage assez général des nations parait avoir consacrés. Quant aux preuves de l'existence de cet usage, il les a recherchées dans les lois, les traités, les écrits des auteurs et les arrêts des cours de justice.

M. Foelix a divisé son ouvrage en deux livres, précédés d'une introduction. Dans le titre préliminaire, il résume rapidement l'histoire du droit international chez les Romains et au moyen-âge; il pose ensuite quelques principes fondamentaux, puis définit trois classes de statuts dont il aura à s'occuper: les statuts personnels, les statuts réels, les statuts concernant les actes de l'homme. Dans le livre premier, il traite des effets du statut personnel et du statut réel. Le livre second est beaucoup plus important que le premier; l'auteur examine avec détail les lois diverses qui régissent les actes de l'homme. Les huit premiers titres de ce livre embrassent tout le droit international civil: le titre IX et dernier est consacré au droit international criminel.

M. Foelix, rédacteur en chef de la Revue étrangère et française de législation, avait déjà publié, dans le cours de l'année dernière, deux volumes sur les mariages contractés en pays étrangers, et sur l'effet ou l'exécution des jugements dans les pays étrangers. Son traité de droit international, fruit de longues études, obtiendra un succès d'autant plus grand, qu'il est le premier ouvrage publié en français sur cette importante matière. Les autres livres ex professo, qui avaient paru jusqu'à ce jour, étaient dus à deux Anglais, MM. Storey et Burge, deux Allemands, MM. Schmaefner et Waechter, et un Italien, M. ROCCO, et n'avaient jamais été traduits dans notre langue.

Code civil de l'empire de Russie, traduit sur les éditions officielles, par un jurisconsulte russe, et précédé d'un aperçu historique sur la législation de la Russie et l'organisation judiciaire de cet empire; par M. VICTOR FOUCHER, avocat général à la Cour royale de Rennes. 1 vol. in-8. Rennes, Blin.

Le Code civil de la Russie est le produit d'un enfantement de plusieurs siècles. Alexis Milkhaelovitch fit pour la première fois, en 1669, un recueil des lois russes. Son Ulogénie remplaça les coutumes barbares qui avaient régné jusqu'à cette époque. En 1700, Pierre le Grand nomma une commission chargée de réunir dans un seul ordre tous les actes législatifs des empereurs. Cette commission, souvent renouvelée, ne finit son travail qu'en 1832. Un manifeste du 31 janvier 1833, signé par Nicolas et promulgué, a rendu obligatoire, à partir du 1er janvier 1833, le Svod, ou la collection de toutes les lois. Le Code civil, dont. W. Toucher vient de publier la traduction, forme la première partie du cinquième livre du Svod.

Histoire de la Chimie, depuis les temps les plus reculés jusqu'à notre époque, comprenant une analogie détaillée des manuscrits alchimiques de la bibliothèque Royale de Paris; un exposé des doctrines cabalistiques sur la pierre philosophale; l'histoire de la pharmacologie, de la métallurgie et, en général, des sciences et des arts qui se rattachent à la chimie, etc.; par le docteur FERDINAND HOEFER. Tome 1er, in-8. Paris, 1842. Au bureau de la Revue Scientifique, rue Jacob, 36.

Le tome 2 et dernier doit paraître prochainement; nous rendrons compte de ce curieux ouvrage dès qu'il sera terminée.

Voyage d'Horace Vernet en Orient. Dessins et textes, par M. GOUPIL PESQUET. Paris, chez M. Challamel, directeur de la France littéraire. 4, rue de l'Abbaye, éditeur du Voyage de M. de Forbin, avec texte par M. de Marcellus.

La relation du Voyage d'Horace Vernet en Orient que publie M. Challamel, est enrichie d'un joli choix de costumes, de scènes de moeurs, de vues, expliqués dans le telle et dessiné, scrupuleusement d'après nature, à Malte, dans l'Archipel, en Egypte, en Syrie, en Turquie, dans l'Asie Mineure, en Italie, etc.; elle renferme aussi quelques chants nationaux.

Le public apprendra aussi, avec plaisir, à l'époque du salon de 1843, que M. Challamel continuera cette année la série d'Albums sur les expositions de peinture, et se propose d'y ajouter, pour complément indispensable, les plus jolis tableaux de Verburg, Teniers, Metzu, etc., ainsi que la belle collection de peintres primitifs de M. Artaud de Moutor.

L'Histoire--Musée de la République française, par M. Augustin Challamel, et le joli Album de l'Opéra, méritent aussi d'être recommandés à tous les amateurs des livres illustrés.


EXTRAIT DU CATALOGUE GÉNÉRAL DU COMPTOIR CENTRAL DE LA LIBRAIRIE.

Philosophie (suite).

ENCYCLOPÉDIE NOUVELLE, ou Dictionnaire philosophique, scientifique, littéraire et industriel, offrant le tableau des connaissances humaines au dix-neuvième siècle; publiée sous la direction de MM. P. LEROUX et J. REYNAUD. 8 vol. grand in-8, de 838 pages à deux colonnes. (Charles Cosselin, éd.) 16 fr. le vol.

ESQUISSES D'UNE PHILOSOPHIE; par F. LAMENNAIS (1841). 3 beaux et forts vol. in-8. (Pagnerre, éd.) 22 fr. 50

ETUDES SUR LES RÉFORMATEURS CONTEMPORAINS ou socialistes modernes: Saint-Simon, Charles Fourier, Robert Owen; par Louis Reynaud. 5e édition. 1 beau vol. in-8. (Guillaumin, éd.) 7 fr. 50.

INTRODUCTION A LA SCIENCE DE L'HISTOIRE; par P.-J.-B. BUCHEZ. Nouvelle édition. 2 vol. in-8. (Guillaumin, éd.) 15 fr.

RATIONALISME CHRÉTIEN (le) à la fin du onzième siècle, ou Monologium et Prologium de saint Anselme, archevêque de Cantorbéry, sur l'essence divine; par M. H. BOUCHETTE. 1 volume in-8. (Amyot, éd.) 7 fr. 50

UTOPIE DE THOMAS MORUS (L'), traduction nouvelle; par M. VICTOR STOUVENEL, in-8. (Paulin, éd.) 5 fr.

VOYAGE EN ICARIE, roman philosophique et social; par CABET. 1 vol. grand in-18. (Mallet, éd.) 4 fr.

Education.

ABBÉ DE LA SALLE (L') ET L'INSTITUT DES FRÈRES DES A ÉCOLES CHRÉTIENNES, depuis 1654 jusqu'en 1842; par un professeur de l'Université. 1 vol. grand in-18. (Lebrun, éd.) 1 fr. 25

ABÉCÉDAIRE MINIATURE EN ACTION (L'), joujou instructif avec un joli texte et plus de 100 petits dessins. (Aubert et Comp., éd.) 2 fr. 75.

BIBLE EN IMAGES (la), exercices de lectures pour l'enfance, composés de versets de la sainte Bible. 1 vol. in-18, de 550 vignettes. (Lebrun, éd.) 1 fr. 50.

CONTES D'UNE VIEILLE FILLE A SES PETITS-NEVEUX, par Mme ÉMILE DE GIRARDIN (DELPHINE GAY.). 2e édition. 2 volume in-18. (Charles Gosselin, éd.) 6 fr.

GALERIE PITTORESQUE DE LA JEUNESSE, ornée de 40 lithographies, d'après VICTOR ADAM, texte de Mme ALIDA DE SAVIGNAC. (Aubert et Comp., éd.) Cartonné. 10 fr.

GALERIE PITTORESQUE D'HISTOIRE NATURELLE. Cours élémentaire d'histoire naturelle; par M. BOITARD. 1e édit. 1 vol. in-4º orné de 210 planches. (Lebrun, éd.) Broché. 5 fr.

HISTORIETTES, CONTES ET FABLES de FÉNELON. Joli vol. in-18, illustré de nombreuses vignettes sur bois, de douze grands sujets; par Th. Fragonard. (Challamel, éd.) Br. 4 fr.

MERVEILLES DE LA FRANCE (les), ou Vade-mecum du petit voyageur. 1 vol. in-8, orné de 15 jolis dessins. (Challamel, éd.) 5 fr.

MYTHOLOGIE PITTORESQUE, ou Histoire méthodique universelle des faux dieux de tous les peuples anciens et modernes; par J. ODOLANT-DESNOS. 5e édition. 1 vol. grand in-8, orné de 50 gravures. (Lavigne, éd.) 10 fr.

MYTHOLOGIE ILLUSTRÉE; par M. PHILIPON DE LA MADELAINE, ornée de 140 vignettes et de 25 planches. 1 vol. grand in-18. (Mallet, éd.) 5 fr.

OCÉAN ET SES MERVEILLES (1'), histoire et description des animaux, coquillages et plantes marines les plus remarquables qu'il renferme: par J.-M. CHOPIN. 1 beau vol. in-12, orné de 100 gravures. (Lebrun, éd.) 1 fr. 50.

PATER DE FÉNELON (le), par S. HENRI BERTHOLD. 1 beau vol. in-12, orné de gravures et du portrait de Fénelon. (Lebrun, éd.) Broché. 1 fr. 50.

PETIT DESSINATEUR (le), ou les vrais éléments du dessin enseigné en 10 leçons; par M. VOIART. Ouvrage adopté pour les écoles primaires par le conseil royal. 2e édition. 1 vol. in-12, orné de ligures. (Lavigne, éd.) 5 fr.

PETITS CONTES HISTORIQUES; par Mme EUGÉNIE FOA. 6 petits vol. ornés de dessins. Ils se vendent séparément. (Aubert et Comp., éd.) Chaque volume broché. 50 c.

PETITS INSULAIRES (les), histoire intéressante et morale, imitée de l'anglais et ornée de jolies gravures. (Aubert et Comp., éd.).

PETITS LIVRES DE M. LE CURÉ (les), bibliothèques du presbytère et de la famille; charmants petits livres d'éducation morale et d'amusement. Chaque volume est orné d'un grand nombre de dessins, par Forest, Vernier, Valentin, etc. (Aubert et Comp., éd.) Prix de chaque volume illustré. 50 c.

VOCABULAIRE ILLUSTRÉ (le) par plus de 800 dessins gravés sur bois et intercalés dans le texte. Grand in-8º. (Aubert et Comp., éd.) Broché. 12 fr.

Politique

BIBLIOTHÈQUE POLITIQUE, publiée par Pagnerre, éd. Collection de jolis vol. in-32, imprimés avec luxe, sur papier grand jésus vélin.--Cette Bibliothèque se compose des volumes suivants.

ABOLITION DE L'ESCLAVAGE; par V. SHEOELCHER. 2e édit. 1 vol. 1 fr. 25 c.

AFFAIRES DE ROME; par F LAMENNAIS, 5e édition 2 vol. 2 fr.

AVIS AUX CONTRIBUABLES; par TIMON, pamphlet publié lors des élections de 1842. 50 c.

2 AVIS AUX CONTRIBUABLES, ou REPONSE DU MINISTRE DES FINANCES; par le même. 25 c.

BIOGRAPHIE DES DÉPUTÉS (Chambre dissoute, 1839-1842). 2 vol. 2 fr. 50 c.

CATÉCHISME DE LA RÉFORME ÉLECTORALE; par J. BENTHAM, traduit par ÉLIAS REGNAULT. 1 vol. orné du portrait de Bentham. 1 fr. 25.

CENTRALISATION (de la); par TIMON. 1 vol. 1 fr. 25.

CHANSONS POLITIQUES (Nouvelles); par ALTAROCHE. 1 vol. 1 fr. 25.

CONTES, DIALOGUES ET MÉLANGES DÉMOCRATIQUES; par ALTAROCHE. 1 vol. 1 fr. 25.

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ÉTAT DE LA QUESTION; par M. de CORMENIN; pamphlet publié lors des élections de 1839. 50 c.

ÉTUDE SUR TIMON; par M. CHAPUYS-MONTLAVILLE. 1 vol. 25 c.

FORTIFICATIONS DE PARIS, justes frayeurs d'un habitant de la banlieue; par A. LUCHET. 1 vol. in-32. 50 c.

FRAGMENTS POLITIQUES ET LITTÉRAIRES; par LUDWIG BOEHNE. 1 fort volume orné du portrait de l'auteur. 1 fr. 50.

ITALIE POLITIQUE; par le général POPE, avec une introduction par Ch. DIDIER. 1 vol. 2 fr.

LIVRE DU PEUPLE (le); par F. LAMENNAIS. 1 vol. 1 fr. 25.

MAZAGRAN, récit des journées des 3, 4, 5 et 6 février 1810; par M. CHAPUYS-MONTLAVILLE, député. 50 c.

MOT (un) sur le pamphlet de police intitulé la Liste civile dévoilée; par M. DE CORMENIN. 25 c.

NATIONALITÉ FRANÇAISE; par Ch. DIDIER. 1 vol. 75 c.

OEUVRES COMPLÈTES DE J.-P. DE BÉRANGER. Nouvelle et très-jolie édition. 3 vol. ornés d'un beau portrait de l'auteur. 3 fr. 50.

PAMPHLETS POLITIQUES ET LITTÉRAIRES, de P.-L. COURIER précèdes d'un Essai sur la vie et les écrits de l'auteur, par ARMAND CARMEL. 2 vol. 2 fr. 25.

PAROLES D'UN CROYANT; par F. LAMENNAIS. 1 vol. 75 c.

PASSÉ ET DE L'AVENIR DU PEUPLE (du); par F. LAMENNAIS. 1 vol. 1 fr. 50.

POLITIQUE A L'USAGE DU PEUPLE; par F. LAMENNAIS. 2 vol. 2 fr. 50.

PRINCIPE (le) ET L'APPLICATION, Réforme électorale; par M. CHAPUYS-MONTLAVILLE. 1 vol. in-32. 1 fr. 50.

QU'EST-CE QUE LE TIERS-ÉTAT? brochure publiée en 1789, par SIEYES. 1 vol. orné du portrait de Sieyes. 1 fr. 30.

QUESTIONS POLITIQUES et PHILOSOPHIQUES; par F. LAMENNAIS 2 vol. 2 fr. 50.

QUESTIONS SCANDALEUSES D'UN JACOBIN, au sujet d'une Dotation; suivies de la Réfutation du rapport de T. Amilhau; par TIMON. 1 vol. 50 c.

RÉCIT DE L'INAUGURATION DE LA STATUE DE GUTENBERG et des fêtes données à Strasbourg les 24, 25 et 26 juin 1810; par AUG. LUCHET orné d'une jolie vignette représentant la statue de GUTENBERG, par David (d'Angers). 1 vol. 1 fr. 25.

RÉFORME (la) ET LA RÉVOLUTION, paraboles historiques; par ALTAROCHE. 1 vol. 1 fr. 25.

RÉGENCE (de la). Définition, Principes, Histoire, Questions de droit et de personnes. Attributions, Autorité, Dotation, etc.; par E. Du Clerc. 1 vol., 2e édition. 1 fr. 25.

RELIGION (de la); par F. LAMENNAIS. 1 vol. 1 fr. 25.

EXPOSITION RAISONNÉE DE LA DOCTRINE PHILOSOPHIQUE DE M. F. LAMENNAIS; par E.-A. SEGRETAIN. 1 volume. 1 fr. 25.

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BIOGRAPHIE DES DÉPUTÉS session de 1831. 1 vol. in-8 (Pagnerre, éd.) 2 fr. 50.

DÉCLIN DE LA FRANCE (du) et de l'égarement de sa politique; par M. d'H... 1 vol in 8. (Paulin, éd.) 1 fr.

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MODES

MARIAGES--PROMENADES--THÉÂTRES.

Il parait quelques rayon de soleil, et l'on ne sait avec quelle toilette nouvelle y répondre: le soir il y a représentation au théâtre, et les toilettes n'ont plus de fraîcheur. Et cependant, reprenant la plume, j'ai dû mettre en tête de cette revue du monde ce mot ambitieux et obligatoire: Modes!

Nous allons jeter un coup d'oeil sur les réunions plus ou moins importantes, sérieuses ou futiles.

En tête des solennités graves sont les mariages. Quelques-uns, célébrés tout à fait en silence, ne nous permettent pas l'indiscrétion; mais ceux qui s'entourent d'une pompe fastueuse appartiennent à nos recherches.

Un des jours de la semaine dernière, une file de voitures entourait, dès onze heures du matin, l'église Saint-Sulpice: des femmes simplement parées en descendaient et prenaient place au maître-autel, devant lequel attendaient les chaises de velours et les cierges dans les hauts flambeaux d'argent; des masses de fleurs naturelles formaient sur l'autel une pyramide mêlée de lumières: l'église était brillante et radieuse; on comprenait, dès le portique, la fête que l'on allait célébrer.

C'était une messe de mariage. Mademoiselle de J. entra, suivie de sa famille; elle traversa cette double haie d'amis et d'indifférents sans rendre un seul regard aux mille regards attirés sur elle.

Si une jeune fille a une pensée étrangère à l'événement qui l'amène en ce lieu, c'est certainement le désir d'échapper à cette foule; mais nos usages sont faits ainsi, que le moment de toute la vie où une femme voudrait concentrer le plus intimement en elle toute son âme, est celui qu'elle livre au monde, celui pour lequel il faut étudier une toilette, composer un maintien, étouffer la plus sainte des émotions, en un mot, poser en public.

Mademoiselle de J. avait une robe de velours épinglé blanc, à corsage montant, à manches longues, fermée par des boutons en diamants; un long voile d'Angleterre tombait en arrière, retenu par la couronne de fleurs d'oranger; le bouquet de mariée était en bijouterie: des perles formaient les boutons, et un feuillage en or émaillé s'étalait entre les pierreries.

Rien n'est plus convenable qu'une toilette de mariée sérieuse et modeste. Certes, ce n'est pas le moment où la jeune fille vient devant Dieu, conduite par son nouvel époux, qu'elle doit choisir pour se parer selon le monde. Le voile est un emblème éloquent de l'attitude imposée aux mariées; le voile devrait cacher le visage: il n'y a pas assez de signes extérieurs pour exprimer la réserve et la modestie dont une fiancée devrait s'entourer.

Aussi la toilette grave et enfantine tout à la fois de mademoiselle de J. fit-elle grande sensation. Les diamants sur la robe de riche étoffe, ce voile rare et magnifique, l'absence de bijoux coquets, tout était en accord.

Il est à désirer que cette mode remplace celle des robes de bal si inconvenantes pour la circonstance, et si déplacées dans une église.

Mademoiselle de J. tenait à sa main un livre couvert en ivoire, sur lequel se dessinait son chiffre, surmonté d'une couronne de comtesse.

Quelques jours avant la célébration, une grande réunion de famille avait attiré quelques étrangers à l'hôtel de J., et nous allons en dire quelques détails. Mademoiselle de J. avait parfaitement compris que si la nouvelle mariée est obligée de se soumettre à une certaine simplicité, la fiancée doit l'observer bien plus encore.

Rien n'est plus charmant que la coquetterie naïve d'une jeune fille dont on va lire le contrat de mariage. Elle doit être distinguée entre les autres jeunes filles, toutefois il ne faut pas qu'elle soit confondue avec les femmes.

Mademoiselle de J. a tout au plus dix-sept ans; à peine a-t-elle eu le temps de porter des fleurs. Jusqu'à cette soirée, qui lui donne près de 80,000 livres de rente, on aurait difficilement deviné en elle l'héritière d'une grande fortune.

Sa robe en mousseline de l'Inde, à double jupe, avait un jupon rose pour transparent; des flots de rubans rose et argent partageaient comme une Sévigné la mantille de son corsage, et les mêmes rubans accompagnaient sa coiffure.

La corbeille exposée était magnifique. Les châles de cachemire eurent à eux seuls un succès prodigieux. On fut en admiration devant un châle long, bleu, bordé de hautes palmes, complication merveilleuse de serpents et de petites figures grotesques. Les châles de cachemires sont de grande et riche élégance; le matin, à la ville, je ne sache pas quelque chose d'un meilleur goût qu'un châle long. Ceci soit dit sans attaquer nullement la faveur capricieuse du camail et de la pelisse, qui jouissent pleinement de leur royauté.

Les étoffes n'étaient qu'en petit nombre, en raison de l'époque où nous nous trouvons. Quelques taffetas rayés, quelques fantaisies, semblaient jouer à côté des pompeux velours et des velours épinglés d'une élégance si douce et si recherchée.

Parmi les bijoux, un bracelet eut une glorieuse distinction; c'est un portrait en miniature entouré de diamants et retenant cinq rangs de diamants.

Mademoiselle de J. adressa le plus charmant regard à son jeune prétendu. Ce remercîment semblait fort étranger aux diamants; car la jeune fille dit avec un ton affectueux: «Il est bien ressemblant.»

Pour les femmes qui regardaient, c'était surtout un bracelet de diamants; pour elle, c'était un portrait.

A la promenade, on va montrer sa voiture: aussi les personnes qui n'ont pas de voitures élégantes à faire voir, ne vont-elles guère se promener. Il n'y a aucune toilette de ville qui offre un peu de nouveauté.

Au théâtre, ce sont les coiffures; on voit de charmants petits bonnets fort simples, avec la passe relevée, et des rubans ou des fleurs tombant contre l'oreille. Il y a des femmes jolies et jeunes qui bravent l'aridité de la guipure près du visage, et qui font ces petits bonnets garnis en guipure plate, avec des épingles en diamants sur les cotés.

On dit que les robes de dessous en taffetas de couleur vont être adoptées avec les robes de fantaisie, pour les toilettes de jour; c'est une des plus jolies innovations que les femmes élégantes puissent encourager. Puisque l'on est revenu à quelques-unes des toilettes de nos mères, pourquoi ne pas reprendre celles qui se distinguaient le plus de toute autre époque par une recherche coquette et gracieuse.




Problème d'Échecs

LES BLANCS SONT MAT EN QUATRE COUPS.

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