Note 143: Bélisaire Cristaldi, né à Rome le 11 juillet 1764, mort à Rome le 25 février 1831. Nommé cardinal le 2 octobre 1826.[Retour au Texte Principal]

Note 144: Mgr Lambruschini, archevêque de Gênes, nonce du Saint-Siège à Paris.[Retour au Texte Principal]

Note 145: L'abbé Coudrin avait accompagné à Rome comme conclaviste le cardinal-archevêque de Rouen, le prince de Croy, dont il était, depuis 1826, le premier vicaire général. Chateaubriand, qui n'a fait que l'entrevoir, s'est trompé dans le jugement qu'il a porté sur lui. Bien loin d'être un «esprit rétréci», l'abbé Coudrin possédait les hautes et rares qualités qui font les chefs d'ordres. Son intelligence égalait sa vertu. À l'époque où la Révolution venait d'anéantir les anciens ordres religieux, il lui a été donné de fonder une Congrégation, que Chateaubriand sans nul doute a mal connue et qui est aujourd'hui répandue dans le monde entier, la Congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie et de l'Association perpétuelle du Très Saint Sacrement de l'Autel (dite de Picpus). L'abbé Pierre Coudrin (en religion le P. Marie-Joseph) était né le 1er mars 1768; il est mort le 27 mars 1837. Voir la Vie du T. R. P. Marie-Joseph Coudrin, par un Père de la Congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie.[Retour au Texte Principal]

Note 146: Hercule Dandini, né à Rome le 25 juillet 1759, mort le 22 juillet 1840. Cardinal le 10 mars 1823.[Retour au Texte Principal]

Note 147: Louis Ier (Charles-Auguste), roi de Bavière, né à Strasbourg en 1786. Monté sur le trône le 12 octobre 1825, il se montra un ardent philhellène, ce dont Chateaubriand lui savait très grand gré. Un voyage qu'il fit en Italie, de 1804 à 1805, lui inspira pour les arts une passion qui ne le quitta plus; il attira dans sa capitale les plus grands artistes de l'Allemagne et il ne négligea rien pour faire de Munich l'Athènes moderne. Malheureusement, il y introduisit un jour Aspasie sous les traits de Lola Montès, une danseuse dont il fit une comtesse de Lansfeld et qui devint un moment la souveraine absolue de la Bavière. Louis Ier, obligé de quitter ses États, au mois de février 1848, abdiqua, le 20 mars suivant, en faveur de son fils, Maximilien II. Il vécut depuis dans la retraite et mourut à Nice le 29 février 1868.[Retour au Texte Principal]

Note 148: Gino-Alexandre-Joseph-Gaspard, marquis Capponi, né à Florence le 14 septembre 1792. Élevé par le célèbre antiquaire l'abbé Zannoni, il apprit un grand nombre de langues et voyagea en Italie, en France, en Angleterre et en Allemagne. Il a joué en Toscane un rôle politique important, particulièrement de 1847 à 1849. Bien qu'il fût devenu presque aveugle dès 1839, il se voua avec passion aux études historiques et fut le principal rédacteur des Archives historiques publiées à Florence par Vieusseux. Le plus remarquable de ses ouvrages, Storia della Republica di Firenze, a paru en 1875. Le marquis Gino Capponi est mort le 3 février 1876.[Retour au Texte Principal]

Note 149: Chateaubriand ne nous a pas donné le nom de la correspondante à laquelle était adressée cette lettre du 21 mars. C'est évidemment la dame dont il a parlé plus haut, dans sa lettre à Mme Récamier, du 15 janvier 1829, et dont il disait: «J'ai reçu une lettre de cette dame spirituelle qui venait quelquefois me voir au ministère; jugez comme elle me fait bien la cour: elle est turque enragée; Mahmoud est un grand homme qui a devancé sa nation!»[Retour au Texte Principal]

Note 150: Ce second discours fut prononcé par Chateaubriand en plein conclave. On en trouvera le texte à l'Appendice no II: le Conclave de 1829.[Retour au Texte Principal]

Note 151: Auguste-Hilarion, comte de Kératry (1769-1859). Député du Finistère, rédacteur du Courrier français, il avait, à la tribune et dans la Presse, vivement combattu M. de Villèle, ce qui l'avait rapproché de Chateaubriand. Député de 1818 à 1824, puis de 1827 à 1837, M. de Kératry fut nommé pair de France le 3 octobre 1837. Élu en 1849 à la Législative, et appelé, comme doyen d'âge, à présider la première séance, il profita de cette circonstance pour laisser éclater son hostilité contre les institutions républicaines. Il vota constamment avec la droite monarchique et rentra dans la vie privée au 2 décembre 1851. Ce vieux parlementaire avait publié de nombreux écrits de philosophie spiritualiste et religieuse, et plusieurs romans, dont l'un au moins, le Dernier des Beaumanoir (1824), avait eu un assez vif succès.[Retour au Texte Principal]

Note 152: Le sculpteur Desprez venait d'achever, pour le tombeau du Poussin, d'après le tableau des Bergers d'Arcadie, un bas-relief, dont Chateaubriand était, à bon droit, extrêmement satisfait[Retour au Texte Principal]

Note 153: Le troisième secrétaire de l'ambassade, le vicomte de Sesmaisons, fils du comte Donatien de Sesmaisons, maréchal de camp et député de la Loire-Inférieure, était, par sa mère, petit-fils du chancelier Dambray. Les deux premiers secrétaires étaient MM. Bellocq et Desmousseaux de Givré, dont il sera parlé tout à l'heure.—Les attachés à l'ambassade étaient MM. de Montebello, du Viviers, de Mesnard, d'Haussonville et Hyacinthe Pilorge, le fidèle secrétaire de Chateaubriand.[Retour au Texte Principal]

Note 154: Le duc de Blacas était alors ambassadeur à Naples.[Retour au Texte Principal]

Note 155: Le comte Fuscaldo, ambassadeur de Naples à Rome.[Retour au Texte Principal]

Note 156: Le télégraphe aérien n'allait encore que jusqu'à Lyon, et M. de Brosses, préfet du Rhône, en tenait la clef. C'était, comme son père, un homme d'infiniment d'esprit.[Retour au Texte Principal]

Note 157: Chateaubriand répondit en ces termes au cardinal Fesch: «J'aurais voulu, Monsieur le cardinal, répondre plutôt au billet que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire. Il augmente infiniment mes regrets et ceux de Mme de Chateaubriand. Espérons que le temps viendra où tous les obstacles seront levés. Grâce à la magnanimité de son roi, la France est assez forte désormais pour braver des souvenirs: la liberté doit vivre en paix avec la gloire.

«Je prie Votre Éminence de croire à mon dévouement et d'agréer l'assurance de ma haute considération.»[Retour au Texte Principal]

Note 158: M. Bellocq était premier secrétaire de l'ambassade. Le second secrétaire, M. Desmousseaux de Givré, né le 1er janvier 1794, était entré de bonne heure dans la carrière diplomatique. Il avait été attaché à l'ambassade de Londres, sous Chateaubriand, en 1822. L'année suivante, il avait été envoyé à Rome. Il donna sa démission à l'avènement du ministère Polignac et rentra, après 1830, dans la diplomatie. Député d'Eure-et-Loir de 1837 à 1848, il défendit, non sans talent, la politique conservatrice et fut l'un des principaux soutiens du ministère de M. Guizot, jusqu'au jour où, se séparant de son chef, dans un discours prononcé le 27 avril 1847, il montra les ministres répondant sur toutes les questions: «Rien, rien, rien!» Aussitôt répercutés, grossis par les journaux opposants, ces mots: Rien, rien, rien! eurent un retentissement énorme, et ils ne laissèrent pas d'être pour quelque chose dans la révolution du 24 février. Après avoir siégé à l'Assemblée législative de 1849 à 1851, M. Desmousseaux de Givré rentra dans la vie privée.[Retour au Texte Principal]

Note 159: Voir l'Appendice no III: le Journal du Conclave.[Retour au Texte Principal]

Note 160: En même temps que cette lettre, Chateaubriand envoyait à Mme Récamier le billet suivant destiné au jeune Canaris:

«Rome, 9 avril 1829.

«Mon cher Canaris, je vous dois depuis longtemps une réponse. Vous m'excuserez, parce que j'ai eu beaucoup d'affaires. Voici mes recommandations:

«Aimez bien Mme Récamier. N'oubliez jamais que vous êtes né en Grèce; que ma patrie devenue libre a versé son sang pour la liberté de la vôtre, soyez surtout bon chrétien, c'est-à-dire honnête homme, et soumis à la volonté de Dieu. Avec cela, mon cher petit ami, vous maintiendrez votre nom sur la liste de ces anciens fameux Grecs, où l'a déjà placé votre illustre père.

«Je vous embrasse.

«Chateaubriand[Retour au Texte Principal]

Note 161: Umbræ enim transitus est tempus nostrum. (Livre de la Sagesse.)[Retour au Texte Principal]

Note 162: Le duc de Modène se défendait de cette accusation. Voir, dans Chateaubriand et son temps, p. 363, les explications que donne à ce sujet M. de Marcellus.[Retour au Texte Principal]

Note 163: «Le cardinal de Clermont-Tonnerre, dit M. de Marcellus (Chateaubriand et son temps, p. 358), parti de Toulouse trop tard pour arriver à l'ouverture du conclave, vint me voir à Lucques pour en avoir des nouvelles, et pour se rendre à Rome par la voie la plus courte, en évitant Florence. Je lui signalai la route de traverse peu suivie qui longeait le lac de Biguglia; il la prit sans hésiter. Tout alla bien jusqu'au passage de l'Arno; mais là, en mettant pied à terre, M. de Clermont-Tonnerre se foula un nerf. Cet accident le retint plusieurs jours à Sienne et ne lui permit d'entrer au conclave que le dernier des cardinaux français.»[Retour au Texte Principal]

Note 164: Hélène-Paulouwna (Frédérique-Charlotte-Marie) était la fille du prince Paul de Wurtemberg. Née le 9 janvier 1807, elle avait épousé, le 19 février 1824, le grand-duc Michel Paulowitch, frère du tzar Alexandre et du grand-duc Nicolas, qui allait devenir, l'année suivante, empereur de Russie.[Retour au Texte Principal]

Note 165: Paul-Charles-Frédéric-Auguste, frère du roi de Wurtemberg. Né le 19 janvier 1785, il avait épousé, le 28 septembre 1805, Catherine-Charlotte-Georgine-Frédérique-Louise-Sophie-Thérèse, fille du duc de Saxe-Hildburhausen.[Retour au Texte Principal]

Note 166: La fête donnée par Chateaubriand à la Villa Médicis, en l'honneur de la princesse Hélène, eut lieu le 29 avril 1829. Un journal de Rome, le Notizie del Giorno, en publia un compte rendu enthousiaste, que le Moniteur de Paris reproduisit dans son numéro du 15 mai.[Retour au Texte Principal]

Note 167: Femme du roi Joseph, qui avait pris le nom de comte de Survilliers, comme son frère Louis avait pris le nom de comte de Saint-Leu, et son frère Jérôme celui de comte de Montfort.[Retour au Texte Principal]

Note 168: L'enlèvement du pape Pie VII dans la nuit du 5 au 6 juillet 1809.[Retour au Texte Principal]

Note 169: Mustapha Reschid-Pacha (1779-1857), l'homme d'État le plus remarquable qu'ait eu la Turquie au XIXe siècle. Lors de l'ambassade de Chateaubriand à Rome, il était ministre des Affaires étrangères sous Mahmoud II. Il devint grand vizir sous Abdul-Medjid, et opéra d'importantes réformes.[Retour au Texte Principal]

Note 170:

Quand Sidrac, à qui l'âge allonge le chemin,
Arrive dans la chambre, un bâton à la main....

(Boileau, le Lutrin, chant I.)[Retour au Texte Principal]

Note 171: Théodore Mionnet (1770-1842). Conservateur adjoint à la Bibliothèque nationale et membre de l'Académie des inscriptions, il consacra trente ans de sa vie à son grand ouvrage, la Description des médailles grecques et romaines, avec leur degré de rareté et leur estimation (1806-1837, 15 vol. in-8o).[Retour au Texte Principal]

Note 172: Robert Arnauld, dit d'Andilly, (1589-1674), fils d'Antoine Arnauld, le célèbre avocat, et frère du grand Arnauld. Son fils, Simon Arnauld, marquis de Pomponne, fut l'un des ministres de Louis XIV. Arnauld d'Andilly a laissé des Mémoires sur sa vie, publiés en 1734, ainsi qu'un Journal, qui n'a paru qu'en 1857.[Retour au Texte Principal]

Note 173: Le chancelier de L'Hôpital excellait dans la poésie intime. «Ses vers, dit Villemain, expriment des pensées si nobles qu'on ne peut les lire sans attendrissement.... C'est une âme antique qui s'exprime dans l'ancienne langue des Romains.» Ses amis Pibrac, de Thou, Scévole de Sainte-Marthe se réunirent pour faire une édition de ses Poésies intimes, qui fut publiée par Michel Hurault de L'Hôpital (Paris, 1585, in fol.)[Retour au Texte Principal]

Note 174: C'est le nom que prend Damis, dans la Métromanie, de Piron (acte I, scène VIII):

MONDOR

Votre nom maintenant, c'est donc?

DAMIS

De l'Empyrée;
Et j'en oserais bien garantir la durée.[Retour au Texte Principal]

Note 175: Le connétable de Bourbon, en 1527.[Retour au Texte Principal]

Note 176: Jacques Buonaparte—le premier Bonaparte dont il soit fait mention dans l'histoire—a laissé un récit du sac de Rome en 1527, dont il avait été témoin oculaire. Ce document a été traduit en français par Napoléon-Louis Bonaparte, frère aîné de Napoléon III.[Retour au Texte Principal]

Note 177: Le 29 avril 1829, Chateaubriand écrivait, de Rome, à M. de Marcellus:

«Vous m'avez vu regretter Londres au moment de partir pour Vérone. Aujourd'hui, à la veille de partir pour la France, je regrette Rome. J'ai le congé que j'avais demandé, et me sens peu disposé à m'en servir. Si Mme de Chateaubriand veut aller à Paris toute seule, je pourrais bien passer ici mon été. Je traite pour cela avec M. Bunsen, le ministre de Prusse, la cession de son logement au Capitole. Qu'irais-je voir chez nous? Le tumulte des antichambres, peut-être des rues; des luttes de vanité. Après mon conclave et son tapage, j'ai repris goût aux ruines et à la solitude.

«Chateaubriand.»[Retour au Texte Principal]

Note 178: Voir, au tome I, l'Appendice no III sur Christian de Chateaubriand.[Retour au Texte Principal]

Note 179: Chateaubriand rentra à Paris le 28 mai 1829.—Les pages qui vont suivre, jusqu'à la fin du Livre XIII, ont été écrites à Paris, rue d'Enfer, en août et septembre 1830.[Retour au Texte Principal]

Note 180: Cormenin, dans son Livre des Orateurs (t. II, p. 59) trace ainsi le portrait de Martignac: «Il captivait plutôt qu'il ne maîtrisait l'attention. Avec quel art il ménageait la susceptibilité vaniteuse de nos chambres françaises! avec quelle ingénieuse flexibilité il pénétrait dans tous les détours d'une question! quelle fluidité de diction! quel charme! quelle convenance! quel à-propos! L'exposition des faits avait dans sa bouche une netteté admirable, et il analysait les moyens de ses adversaires avec une fidélité et un bonheur d'expression qui faisaient naître sur leurs lèvres le sourire de l'amour-propre satisfait. Pendant que son regard animé parcourait l'assemblée, il modulait sur tous les tons sa voix de sirène, et son éloquence avait la douceur et l'harmonie d'une lyre. Si, à tant de séductions, si, à la puissance gracieuse de sa parole, il eût joint les formes vives de l'apostrophe et la précision rigoureuse des déductions logiques, c'eût été le premier de nos orateurs, c'eût été la perfection même.»—Un des membres les plus ardent» de l'extrême gauche, M. Dupont de l'Eure cédant un jour à son admiration sympathique pour l'éloquence de M. de Martignac, lui avait crié de sa place: «Tais-toi, Sirène.» Ce mot résumait l'impression que ressentait la Chambre toutes les fois que le ministre de l'Intérieur prenait la parole.[Retour au Texte Principal]

Note 181: Avant l'entrée en campagne et le départ du duc d'Angoulême, il avait fallu rédiger les instructions qu'il devait suivre et lui former un conseil politique. M. de Martignac avait été choisi pour être le chef de ce conseil et avait reçu, à cette occasion, le titre de commissaire civil près l'armée d'Espagne.[Retour au Texte Principal]

Note 182: Le 9 février 1829, M. de Martignac présenta deux projets de loi destinés à réorganiser l'administration municipale et départementale. La loi départementale fut discutée la première. Dans la séance du 8 avril, malgré les efforts de Martignac, d'Hyde de Neuville, de Vatimesnil et de Cuvier, la Chambre des députés adopta un amendement qui supprimait les conseils d'arrondissement. Une ordonnance royale, en date du même jour, retira les deux projets. Le ministère Martignac avait vécu. Il tint cependant a faire voter le budget et à rester à son poste jusqu'à la fin de la session, qui fut close le 30 juillet. Le 8 août, il faisait place au ministère Polignac.[Retour au Texte Principal]

Note 183: «La défense spontanée, généreuse, désintéressée de M. de Polignac, son antagoniste et son successeur, honore beaucoup le caractère inoffensif et noble de M. de Martignac. Les méditations de son plaidoyer et les émotions si dramatiques de ce procès, achevèrent de ruiner sa santé chancelante.» (Cormenin, Livre des Orateurs, T. II, p. 59.)[Retour au Texte Principal]

Note 184:

Quum mare sub noctem tumidis albescare cœpit
Fluctibus
,

(Ovide, Métamorphoses, livre XI.)[Retour au Texte Principal]

Note 185:

Quum venti posuere, omnisque repende resedit
flatus....

(Énéide, livre VII, v. 27.)[Retour au Texte Principal]

Note 186:

Vix primos inopina quies laxaverat artus.

(Énéide, livre V, t. 857.)[Retour au Texte Principal]

Note 187: George Sand n'a peut-être pas de plus belles pages descriptives que sa peinture des chemins creux et ombragés du Berry, dans Valentine. Ce roman, le second de George Sand, publié en 1832, deux mois à peine après Indiana, est resté l'un de ses chefs-d'œuvre.[Retour au Texte Principal]

Note 188: Le cardinal d'Ossat, ambassadeur d'Henri III et d'Henri IV à Rome, était né à la Roque-en-Magnoac, dans le diocèse d'Auch, le 23 août 1536. Il mourut le 13 mars 1604. C'est lui qui obtint du Saint Siège l'absolution d'Henri IV et fit accepter l'Édit de Nantes.[Retour au Texte Principal]

Note 189: Voir l'Appendice no IV: Dans les Pyrénées.[Retour au Texte Principal]

Note 190: Le Moniteur du 9 août 1829 annonça la formation du nouveau ministère. Il était ainsi composé: le prince de Polignac aux Affaires étrangères; M. de la Bourdonnaye à l'Intérieur; M. Courvoisier à la Justice; M. de Chabrol aux Finances; le général de Bourmont à la Guerre; l'amiral de Rigny à la Marine; M. de Montbel aux Affaires ecclésiastiques et à l'Instruction publique.—L'amiral de Rigny, neveu du baron Louis, était connu pour ses idées libérales. Nommé ministre sans avoir été consulté, il arriva le 15 à Paris et refusa d'entrer dans le cabinet. Il fut remplacé par la baron d'Haussez, préfet de Bordeaux.[Retour au Texte Principal]

Note 191: On lit dans le Moniteur du 27 août 1829: «On écrit de Pau le 20 août:—«M. le vicomte de Chateaubriand est arrivé hier à Pau. L'illustre auteur du Génie du Christianisme a visité une partie de la ville et longtemps contemplé le château de Henri IV. Vers neuf heures, une sérénade a été donnée au noble pair par les musiciens de la ville. Une foule considérable couvrait la cour de l'hôtel de France et les allées attenantes de la place Royale. Un grand nombre de citoyens ont été admis dans les appartements du noble vicomte. Parmi las morceaux qui ont été exécutés dans cette sérénade improvisée, on a surtout remarqué la délicieuse romance du Dernier des Abencerages: Combien j'ai douce souvenance! M. de Chateaubriand s'est rendu à l'empressement dont il était l'objet, et s'est montré à l'une des fenêtres. Des acclamations l'ont aussitôt accueilli et il y a répondu par ces paroles: «Messieurs, je suis extrêmement sensible à l'honneur que vous voulez bien me faire; je ne reconnais le mériter que par mon amour pour mon pays. Il était tout naturel que la ville qui a vu naître Henri IV ait bien voulu se souvenir de mon dévouement aux descendants de cet illustre roi.» De nouvelles acclamations se sont fait entendre et la foule s'est ensuite paisiblement dispersée.—M. de Chateaubriand est parti ce matin à neuf heures pour Paris.» (Mémorial des Pyrénées.[Retour au Texte Principal]

Note 192: Marie-Christine de Bourbon (1805-1878). Elle était la seconde fille des onze enfants de François Ier, roi des Deux-Siciles, et de sa seconde femme, Marie-Isabelle, infante d'Espagne. Elle épousa, le 11 décembre 1829, le roi Ferdinand VII, déjà trois fois veuf, et elle eut sur lui assez d'empire pour lui faire promulguer, le 29 mars 1830, la pragmatique Siete partidas qui supprimait la loi salique et dépossédait de ses droits au trône don Carlos, frère du roi.[Retour au Texte Principal]

Note 193: Ce livre a été écrit à Paris en août et septembre 1830.[Retour au Texte Principal]

Note 194: Lamartine, qui s'était déjà présenté une première fois en 1824, au lendemain des Nouvelles Méditations, et qui s'était vu alors préférer l'honnête M. Droz, se présentait de nouveau pour remplacer le comte Daru. L'élection eut lieu le 5 novembre 1829. Les concurrents de Lamartine étaient le général Philippe de Ségur, l'historien de Napoléon et la Grande-Armée pendant l'année 1812; M. Azaïs, auteur des Compensations dans les destinées humaines, et M. David, ancien consul général à Smyrne, auteur de l'Alexandréide. Lamartine fut élu au premier tour de scrutin, par 19 voix contre 14 données à M. de Ségur.[Retour au Texte Principal]

Note 195: Charles-Jean-Dominique de Lacretelle, dit le Jeune (1766-1855), membre de l'Académie française, auteur d'un grand nombre d'ouvrages historiques, dont le meilleur est son Histoire de la Révolution française (1821-1826, 8 vol. in-8o). Il a laissé, sous ce titre: Dix années d'épreuves pendant la Révolution (1842, 1 vol. in-8o), de très intéressants Mémoires qui mériteraient d'être réimprimés.[Retour au Texte Principal]

Note 196: Jean-Pierre-Abel Rémusat (1788-1832). Membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, professeur au Collège de France, rédacteur du Journal des Savants, conservateur des manuscrits orientaux de la Bibliothèque royale, l'un des fondateurs de la Société asiatique, dont il fut président en 1829, il a publié sur les langues et les littératures de l'Orient de nombreuses et savantes études, où il a su allier à l'érudition la plus sûre un rare talent d'écrivain. Ces travaux le placèrent au premier rang des orientalistes. Il ne laissait pas, d'ailleurs, de s'occuper aussi des choses d'Occident et de prendre une part active à la politique. Par ses opinions, il appartenait à l'extrême droite.[Retour au Texte Principal]

Note 197: Antoine-Jean Saint-Martin (1791-1832) fut, comme Abel Rémusat, son confrère à l'Académie des inscriptions, un de nos plus savants orientalistes. Sa Notice sur l'Égypte sous les Pharaons (1811), et celle sur le Zodiaque de Denderah (1822), ses Fragments d'une histoire des Arsacides (1830) et surtout ses Mémoires historiques et géographiques sur l'Arménie (1818) sont des travaux de premier ordre. Son ardeur monarchique égalait celle de Rémusat, et il fonda, le 1er janvier 1829, l'Universel, feuille ultra-royaliste.[Retour au Texte Principal]

Note 198: Le 15 octobre 1829, la mort du savant chimiste Vauquelin fit vaquer un siège dans la Chambre des députés, où il représentait les arrondissements de Lisieux et de Pont-l'Évêque, qui formaient le quatrième arrondissement électoral du département du Calvados. La candidature fut offerte à M. Guizot, et, le 23 janvier 1830, il était élu à une forte majorité. Au même moment, M. Berryer, que jusque-là son âge avait tenu, comme M. Guizot, éloigné de la Chambre des députés, y était élu par le département de la Haute-Loire, où un siège se trouvait aussi vacant.[Retour au Texte Principal]

Note 199: Louis-Auguste-Victor de Ghaisne, comte de Bourmont (1773-1846). Après avoir commandé, de 1794 à 1799, les Chouans du Maine et de l'Anjou, il déposa les armes le 4 février 1800. Arrêté à la suite de l'explosion de la machine infernale (21 décembre 1800) et enfermé dans la citadelle de Besançon, il réussit à s'évader, à la fin de 1804, et à gagner Lisbonne. En 1808, lorsque l'armée du général Junot, qui avait envahi le Portugal, se trouva réduite à une situation désespérée, Bourmont offrit ses services au général, qui les accepta, et il fit à la bataille de Vimeiro des prodiges de valeur. Rentré en France, il fut envoyé par Napoléon à l'armée d'Italie, et fut attaché à l'état-major du prince Eugène. Pendant les campagnes de Russie, de Saxe et de France, il se distingua par ses talents non moins que par son courage; il se signala notamment à la défense du pont de Nogent-sur-Seine (février 1814) et y gagna le grade de général de division. Pendant les Cent-Jours, il se prononça par écrit contre l'Acte additionnel et attendit sa révocation. Elle ne vint pas, et, lorsque l'armée française franchit la frontière de Belgique, il était à la tête d'une des divisions du 4e corps, commandé par le général Gérard. Le 14 juin 1815, il annonça au général Hulot, le plus ancien de ses commandants de brigade, qu'il s'absenterait le lendemain; il lui confia tous les ordres et instructions relatifs aux troupes, lui indiqua l'emplacement de tous les postes, réunit la division et la lui laissa sous les armes. Le 15 au matin, il faisait remettre au général Gérard une lettre où il lui disait: «On ne me verra pas dans les rangs des étrangers; ils n'auront de moi aucun renseignement capable de nuire à l'armée française, composée d'hommes que j'aime et auxquels je ne cesserai de prendre un vif intérêt.» Cet engagement fut tenu, et il résulte des événements mêmes qui signalèrent le début de la campagne, que Bourmont et les officiers qui l'accompagnaient gardèrent un silence absolu sur tout ce qui concernait l'armée française. Bourmont n'a donc pas trahi, mais il a commis un acte que l'impartiale histoire doit sévèrement condamner. Puisqu'il avait repris du service dans l'armée impériale, il ne la devait point quitter à la veille des hostilités. Cette faute, si grave soit-elle, il l'a noblement rachetée, et par sa glorieuse expédition d'Alger, et par le désintéressement dont il a fait preuve au lendemain de sa victoire. Au mois d'août 1830, son successeur au Ministère de la Guerre, le général Gérard, lui écrivit que «d'heureuses circonstances l'ayant séparé de ses collègues, il n'avait pas à redouter leur sort; que la France lui savait gré de ses succès, et que le Gouvernement saurait le récompenser de ses services.» Si touché qu'il pût être de ce témoignage rendu par son ancien chef du 4e corps, le maréchal de Bourmont renonça sans hésiter à sa fortune politique et à sa fortune militaire; il sacrifia sans compter ses titres, ses honneurs, ses traitements, la dignité de pair de France et jusqu'à son bâton de maréchal.[Retour au Texte Principal]

Note 200: Jean-Joseph-Antoine de Courvoisier (1775-1835). Il avait émigré et servi à l'armée de Condé. Député de 1816 à 1824, il se fit remarquer par la modération de ses idées, ainsi que par son talent. Cormenin a dit de lui (Livre des Orateurs, II, 6): «Courvoisier, le plus dispos et le plus intarissable des parleurs, si Thiers n'eût pas existé.» Il était depuis 1818 procureur général près la cour de Lyon.[Retour au Texte Principal]

Note 201: Guillaume-Isidore Baron, comte de Montbel (1787-1861). Ami particulier de M. de Villèle, qu'il avait remplacé comme maire de Toulouse, il ne faisait partie de la Chambre des députés que depuis les élections de novembre 1827. Après les journées de Juillet, il put échapper aux poursuites et gagner l'Autriche. Condamné comme contumace à la prison perpétuelle, et amnistié, ainsi que ses collègues, par le ministère Molé (29 novembre 1836), il revint en France et se tint à l'écart des affaires publiques. Il mourut à Frohsdorff en visite auprès du comte de Chambord, le 3 février 1861. On lui doit une Vie du duc de Reichstadt (1833) et une Relation des derniers moments de Charles X (1836).[Retour au Texte Principal]

Note 202: M. de Polignac ayant été nommé président du Conseil le 17 novembre 1829, M. de la Bourdonnaye donna sa démission de ministre de l'Intérieur. Un de ses amis lui demanda quel avait été le motif de sa retraite. «On voulait me faire jouer ma tête, répondit-il, j'ai désiré tenir les cartes.» (Papiers politiques de M. de Villèle.)[Retour au Texte Principal]

Note 203: Martial-Côme-Annibal-Perpétue-Magloire, comte de Guernon-Ranville (1787-1866). Il s'engagea en 1806 aux vélites de la garde impériale; réformé pour cause de myopie, il se fît inscrire au barreau de Caen. En 1820, il devint président du tribunal civil de Bayeux. Avocat général à Colmar en 1821, procureur-général à Limoges en 1822, à Grenoble en 1826, il fut appelé en 1829 à remplacer au parquet de la cour royale de Lyon M. de Courvoisier, qui venait d'être nommé garde des sceaux. Le 2 mars 1830, il fut nommé député de Maine-et-Loire. Il venait d'être réélu le 19 juillet, lorsque parurent les Ordonnances. Arrêté à Tours le 25 août, il fut condamné par la Cour des pairs à la prison perpétuelle et enfermé à Ham, où il resta jusqu'à l'amnistie de 1836. Il se retira alors au château de Ranville (Calvados), où il est mort le 30 novembre 1866.[Retour au Texte Principal]

Note 204: Le Journal du Commerce, dans son numéro du 11 septembre 1829, publia, sous ce titre: Association bretonne, le Prospectus d'une Société dont les membres s'engageaient à ne plus payer l'impôt dans le cas où les formes constitutionnelles viendraient à être violées. Le Courrier français reproduisit l'article du Journal du Commerce. Les gérants des deux journaux furent condamnés, en première instance, le 27 novembre 1829, à un mois de prison et 500 francs d'amende. Ce jugement fut confirmé par la Cour royale de Paris le 11 mars 1830.[Retour au Texte Principal]

Note 205: Le National, dont le premier numéro parut le 3 janvier 1830. Il fut fondé par MM. Thiers, Mignet et Armand Carrel. Chacun d'eux devait prendre la direction pour une année. M. Thiers commença.[Retour au Texte Principal]

Note 206: Le libraire Sautelet se suicida, en effet, peu de mois après la fondation du National. Armand Carrel publia, à cette occasion, dans la Revue de Paris de juin 1830, sous ce titre: Une mort volontaire, un très bel article, dont j'extrais ces quelques lignes: «Quand on a bien connu ce faible et excellent jeune homme, on se le figure hésitant jusqu'à la dernière minute, demandant grâce encore à sa destinée, même après avoir écrit quinze fois qu'il s'est condamné, et qu'il ne peut plus vivre. Sans doute il a pleuré amèrement et longtemps sur le bord de ce lit où il s'est frappé. Peut-être il s'est agenouillé pour prier Dieu, car il y croyait; il disait que la création aurait été une absurdité sans la vie future. Ses mains auront chargé les armes sans qu'il leur commandât presque, et, pendant ce temps, il appelait ses amis, sa mère, quelque objet d'affection plus cher encore, au secours de son âme défaillante. Il était là, s'asseyant, se levant avec anxiété, prêtant l'oreille au moindre bruit qui eût pu suspendre sa résolution ou la précipiter. Une fenêtre légèrement entr'ouverte près de son lit a montré qu'après avoir éteint sa lumière et s'être plongé dans l'obscurité, il avait fait effort pour apercevoir un peu de jour qui naissait et qui ne devait plus éclairer que son cadavre.... Enfin, il a senti qu'il était seul, bien seul, abandonné de tout sur la terre; qu'il n'y avait plus autour de lui que les fantômes créés par ses derniers souvenirs. Il a cherché un reste de force et d'attention pour ne pas se manquer, et sa main a été sûre....»[Retour au Texte Principal]

Note 207: C'est le 5 mai 1830, à Toulon, que le duc d'Angoulême passa la revue de la flotte prête à mettre à la voile. Elle s'élevait à 675 bâtiments de guerre et du commerce, et ne comptait pas moins de 11 vaisseaux, 24 frégates et 70 navires de guerre de moindre force. Le spectacle que présentait la rade était magnifique. Les navires de guerre et les bâtiments de transport, entre lesquels circulaient des milliers de barques, occupaient le centre du tableau dont le cadre était formé par les collines que couvrait une innombrable population. Tous les navires étaient pavoisés; les équipages, montés dans les vergues et dans les hunes, faisaient retentir l'air des cris de: Vive le Roi! Journée de soleil et de fête à la veille des jours de deuil, dernier rayon à l'heure où les ombres du soir vont envahir le ciel, dernier sourire de la fortune à cette Maison de Bourbon qui avait trouvé la France épuisée, appauvrie, écrasée sous le poids d'inénarrables désastres, et qui allait la laisser libre, prospère et forte, avec des finances admirables et une flotte superbe;—qui l'avait trouvée vaincue, humiliée, foulée aux pieds par quatre cent mille envahisseurs, et qui allait lui léguer la plus pure et la plus belle de toutes les conquêtes, accomplie sous les yeux et malgré les menaces de l'Angleterre frémissante.[Retour au Texte Principal]

Note 208: Oraison funèbre de la reine Marie-Thérèse, prononcée le 1er septembre 1683.[Retour au Texte Principal]

Note 209: M. du Plessix, frère du contre-amiral du Plessix de Parscau, beau-frère de Chateaubriand.[Retour au Texte Principal]

Note 210: Charles Lenormant, après avoir accompagné Champollion en Égypte et après avoir fait partie de l'expédition scientifique en Morée, était à la veille de revenir en France.[Retour au Texte Principal]

Note 211: Auguste-Théodore-Hilaire, baron Barchou de Penhoen, né à Morlaix (Finistère) le 28 avril 1801. Il prit part à l'expédition d'Alger comme capitaine d'état-major. Après la révolution de 1830, il donna sa démission pour ne pas servir le gouvernement de Louis-Philippe, et s'adonna aux lettres ainsi qu'à la philosophie. Ses principaux ouvrages sont une Histoire de la philosophie allemande et une Histoire de la domination anglaise dans les Indes (6 volumes in-8o). Il était membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. En 1849, les électeurs du Finistère l'envoyèrent à l'Assemblée législative, où il siégea parmi les royalistes. Après le 2 décembre 1851, il rentra dans la vie privée, il mourut à Saint-Germain-en-Laye le 28 juillet 1855. Il avait été, au collège de Vendôme, le condisciple de Balzac, ce qui lui vaut de figurer dans Louis Lambert. Dans la Comédie humaine, Gobseck lui est dédié.[Retour au Texte Principal]

Note 212: Mémoires d'un officier d'état-major, par le baron Barchou de Penhoen; p. 427. Ch.[Retour au Texte Principal]

Note 213: Charles X avait annoncé, dans son discours, l'expédition d'Alger, déclarant que l'insulte faite au pavillon français par une puissance barbaresque ne resterait pas longtemps impunie et qu'une réparation éclatante allait satisfaire l'honneur de la France. Le soir, quelques amis, parmi lesquels M. Villemain, étaient réunis dans le salon de Chateaubriand: «Voilà, leur dit-il, de ces choses qui appartiennent à la tradition de l'ancienne France, à l'hérédité de Saint Louis et de Louis XIV; voilà ce que fait la royauté légitime. Dans sa crise actuelle, avec ses misérables instruments, malgré ses peurs exagérées, je le veux, elle conçoit une entreprise généreuse et chrétienne, ce que je conseillais dès 1816, ce qu'elle aurait fait plus tard, avec moi, si elle avait eu le bon sens de me garder. Oui, cet Alger, que Bossuet nous montre foudroyé par nos galiotes à bombes, et qui ne sauva son port qu'en nous rendant des captifs chrétiens, peut tomber dans nos mains, cet été. Nous ferons mieux que lord Exmouth. Rien ne m'étonne de la valeur française. Seulement, cela me ravit sans me rassurer. Qui connaît les abîmes de la Providence? Elle peut du même coup abattre le vainqueur à côté du vaincu, agrandir un royaume et renverser une dynastie.» Villemain, M. de Chateaubriand, sa vie, ses écrits, son influence littéraire et politique sur son temps, p. 447.[Retour au Texte Principal]

Note 214: Cet amendement était ainsi conçu: «Cependant notre honneur, notre conscience, la fidélité que nous vous avons jurée et que nous vous garderons toujours, nous imposent le devoir de faire connaître à Votre Majesté qu'au milieu des sentiments unanimes de respect et d'affection dont votre peuple vous entoure, de vives inquiétudes se sont manifestées à la suite des changements survenus depuis la dernière session. C'est à la haute sagesse de Votre Majesté qu'il appartient de les apprécier et d'y apporter le remède qu'elle croira convenable. Les prérogatives de la couronne placent dans ses mains augustes les moyens d'assurer cette harmonie constitutionnelle aussi nécessaire à la force du trône qu'au bonheur de la France.» M. Guizot et M. Berryer firent tous deux leur début sur cet amendement, qu'avaient inspiré les amis de M. de Martignac; M. Guizot le repoussa, comme tenant au roi un langage trop faible; Berryer, comme attaquant les droits de la couronne.—Le comte de Lorgeril (1778-1843) était entré à la Chambre en 1828, comme député d'Ille et Vilaine, en remplacement de M. de Corbière, nommé paix de France. Il ne fut pas réélu aux élections de juin-juillet 1890.[Retour au Texte Principal]

Note 215: Le 19 mai, parut au Moniteur une ordonnance royale qui nommait Garde des sceaux, en remplacement de M. Courvoisier, M. de Chantelauze, premier président de la Cour royale de Grenoble. M. de Montbel remplaçait M. de Chabrol aux Finances, abandonnant le portefeuille de l'Intérieur, qui était confié à M. de Peyronnet. La direction générale des ponts et chaussées, détachée du département de l'Intérieur, formait un nouveau ministère, celui des Travaux publics, à la tête duquel on plaçait M. le baron Capelle, alors préfet de Versailles.—Guillaume-Antoine-Benoît, baron Capelle (1775-1843) avait été, sous l'Empire, préfet du département de la Méditerranée (chef-lieu Livourne) puis préfet du Léman (chef-lieu Genève). La Restauration l'avait fait conseiller d'État, préfet du Doubs, puis de Seine-et-Oise. La Cour des pairs, le 21 décembre 1830, le condamna par contumace à la prison perpétuelle comme signataire des Ordonnances du 25 juillet.[Retour au Texte Principal]

Note 216: M. de Guernon-Ranville, s'il était un homme de cœur, était aussi un homme de talent. En 1814, il avait quitté le barreau de Caen, où il avait brillamment débuté, et, après un vote énergique contre l'Acte additionnel, il s'était rendu à Gand auprès du roi Louis XVIII, à la tête d'une compagnie de volontaires royalistes. De Gand il était allé à Londres rejoindre le duc d'Aumont, qui préparait un débarquement, sur les côtes de Normandie. Comme avocat d'abord, puis comme procureur général, il avait fait preuve de remarquables qualités oratoires. Il a laissé sur son ministère de huit mois un intéressant Journal, publié en 1874, par M. Julien Travers, sous ce titre: Journal d'un ministre.[Retour au Texte Principal]

Note 217: Lorsque M. de Chantelauze fut appelé au ministère, il annonça sa nomination à son frère par la lettre suivante:

«Paris, 18 mai 1830.

«Ma présence à Paris doit, mon cher ami, te causer quelque surprise. Tu en éprouveras davantage demain, à la lecture du Moniteur, qui contiendra ma nomination de Garde des sceaux. Je le regarde comme l'événement le plus malheureux de ma vie, et il n'est rien que je n'aie fait pour y échapper. Voilà bientôt un an que je résiste; nommé ministre le 17 avril dernier, j'ai été assez heureux pour faire agréer mon refus, pendant mon dernier séjour ici; j'ai également fait échouer de semblables tentatives à Grenoble; c'est le 30 avril que j'ai reçu les ordres du roi. M. le Dauphin, à son passage, m'a vivement pressé; j'ai été ferme dans mon refus, et je croyais bien la chose finie à mon avantage, mais, le 12 de ce mois, une dépêche télégraphique m'a prescrit de me rendre à Paris. Arrivé depuis trois jours, je n'ai pas perdu un instant pour empêcher un choix aussi peu convenable qu'utile. Mes excuses n'ont pas été goûtées, et je cède à des ordres qui ne permettent que l'obéissance. Ainsi, regarde-moi comme une victime à immoler et plains-moi.»[Retour au Texte Principal]

Note 218: La Chambre des députés fut dissoute le 16 mai. Les départements qui n'avaient qu'un collège électoral étaient appelés à voter le 23 juin; dans les autres départements, les collèges d'arrondissement devaient se réunir le 3 juillet, et les collèges de département le 20 juillet. L'ouverture de la nouvelle Chambre était fixée au 3 août.[Retour au Texte Principal]

Note 219: La Tribune des départements, fondée par Auguste et Victorin Fabre. Cette feuille devint, après 1830, l'organe le plus violent de l'opposition républicaine.[Retour au Texte Principal]

Note 220: Hilaire-Étienne-Octave Rouillé, marquis de Boissy (1798-1866). Pair de France de 1839 à 1848, il fut pendant dix ans l'enfant terrible de la Chambre haute, harcelant le chancelier Pasquier de ses continuelles interruptions et de ses saillies irrévérencieuses. De 1848 à 1853, il se vit condamné au supplice du silence. Le 4 mars 1853, il revint au Luxembourg comme sénateur et y fit preuve d'une honorable indépendance. Il a laisse des Mémoires, qui ne valent pas, il faut bien le dire, ceux du vieux chancelier, auquel il avait autrefois fait la vie si dure. Le marquis de Boissy, en 1851, à cinquante-trois ans, avait épousé la célèbre marquise Guiccioli, elle-même presque quinquagénaire, et veuve de lord Byron depuis plus d'un quart de siècle.—En 1830, date à laquelle a été écrite cette page des Mémoires, M. de Boissy n'était encore que le comte de Boissy, et c'est avec raison que Chateaubriand lui donne ce titre; il ne devait prendre celui de marquis qu'à la mort de son père (28 juin 1840).[Retour au Texte Principal]

Note 221: Le Rapport au roi avait été rédigé par M. de Chantelauze.[Retour au Texte Principal]

Note 222: L'article 14 de la Charte était ainsi conçu: «Le Roi est le chef suprême de l'État, commande les forces de terre et de mer, déclare la guerre, fait les traités de paix, d'alliance et de commerce, nomme à tous les emplois d'administration publique, et fait les règlements et ordonnances nécessaires pour l'exécution des lois et la sûreté de l'État.[Retour au Texte Principal]

Note 223: Chateaubriand demeurait alors rue d'Enfer, no 84.[Retour au Texte Principal]

Note 224: Jean-Henri-Claude Mangin (1786-1835). Comme procureur général à Poitiers, il avait dirigé les poursuites contre le général Berton et ses complices (1822). Il avait été nommé conseiller à la Cour de cassation en 1827, et préfet de police en 1829. Magistrat éminent, orateur et écrivain, il a laissé des ouvrages de jurisprudence qui font encore aujourd'hui autorité en la matière: Traité de l'action publique et de l'action civile;—Traité des procès-verbaux;—Traité de l'instruction publique.[Retour au Texte Principal]

Note 225: Le comte de Chabrol-Volvic. Il était préfet de la Seine depuis 1812. Le comte de Chabrol-Croussol, qui avait été ministre des finances dans le cabinet Polignac jusqu'au 19 mai 1830, était son frère.[Retour au Texte Principal]

Note 226: Le vicomte de Champagny.—Lors du procès des ministres (audience du 16 décembre 1830), il fit la déclaration suivante: «J'ai eu connaissance des ordonnances du 25 juillet par le Moniteur du 26; rien n'avait pu me faire prévoir un événement aussi grave. Aucun ordre n'avait été donné au ministère de la guerre. Aucun mouvement extraordinaire de troupes n'avait eu lieu. Je dirai même qu'au moment où les ordonnances parurent, il y avait autour de Paris moins de troupes de la garde que de coutume. Deux régiments, dont l'un de cavalerie et l'autre d'infanterie, avaient été envoyés en Normandie pour faciliter la recherche des incendiaires.»[Retour au Texte Principal]

Note 227: La protestation des journalistes fut rédigée par MM. Thiers, Châtelain et Cauchois-Lemaire. Les signataires étaient, en effet, au nombre de quarante-quatre. Voici leurs noms: Gauja, gérant du National; Thiers, Mignet, Chambolle, Peysse, Albert Stapfer, Dubochet, Rolle, rédacteurs du National;—Châtelain, Guyet, Moussette, Avenel, Alexis de Jussieu, J.-F. Dupont, rédacteurs, et V. de Lapelouse, gérant du Courrier français;—Guizard, Dejean, Charles de Rémusat, rédacteurs, et Pierre Leroux, gérant du Globe;—Année, Cauchois-Lemaire et Évariste Dumoulin, rédacteurs du Constitutionnel;—Senty, Haussmann, Dussard, Chalas, A. Billard, J.-J. Baude, Busoni, Barbaroux, rédacteurs, et Coste, gérant du Temps;—Victor Bohain, Nestor Roqueplan, rédacteurs du Figaro;—Auguste Fabre et Ader, rédacteurs de la Tribune des départements;—Plagnol, Levasseur et Fazy, rédacteurs de la Révolution;—F. Larreguy, rédacteur, et Bert, gérant du Journal du Commerce;—Léon Pillet, gérant du Journal de Paris;—Vaillant, gérant du Sylphe;—Sarrans jeune, gérant du Courrier des Électeurs.[Retour au Texte Principal]

Note 228: Au nombre de quatorze. C'étaient MM. Bavoux, Bérard, Bernard, de Laborde, Chardel, Daunou, Jacques Lefebvre, Marchal, Mauguin, Casimir Périer, Persil, de Schonen, Vassal et Villemain.[Retour au Texte Principal]

Note 229: «M. Thiers, qui avait si bien parlé la veille des têtes à engager, croyant la sienne menacée, alla chercher une prudente retraite dans la vallée de Montmorency, chez Mme de Courchamp, la sœur d'Étienne Béquet.» Notes inédites sur M. Thiers, par Joseph d'Arçay (le Dr Bonnet de Malherbe), p. 52.[Retour au Texte Principal]

Note 230: Des deux frères Béquet, le seul qui ait laissé un nom était le rédacteur des Débats, Étienne Béquet (1800-1838). C'est lui qui avait écrit, au mois d'août 1829, à l'avènement du ministère Polignac, le fameux article se terminant par ces mots: «Malheureuse France! malheureux roi!» Son principal titre est le feuilleton hebdomadaire qu'il rédigea pendant quinze ans, et qu'il signait de la lettre R. «Il savait, selon le mot de Jules Janin, tout dire sans offenser personne.» En 1829, presque en même temps que son célèbre article des Débats, il avait publié dans la Revue de Paris une nouvelle, Marie ou le Mouchoir bleu, qui avait eu un succès prodigieux.[Retour au Texte Principal]

Note 231: Le titre exact du journal que dirigeait M. Coste en 1823 était celui-ci: Tablettes universelles, ou Répertoire de documents historiques, politiques, scientifiques et littéraires, avec une Bibliographie raisonnée. Le bulletin politique était fait par M. Thiers, qui signait ***. Les autres rédacteurs étaient MM. Cauchois-Lemaire, Coquerel, Dubois, Mahul, Dumon, Rabbe, Charles de Rémusat, Théodore Jouffroy, Damiron, etc. Au mois de janvier 1824, M. Coste, obéré par les frais de son journal, écrasé par les amendes, et d'ailleurs récemment condamné à un an de prison, vendit les Tablettes à M. Sosthène de la Rochefoucauld, qui poursuivait alors, avec les fonds de la liste civile, et aussi parfois avec ses propres fonds, sa campagne d'amortissement des journaux. Un des rédacteurs, M. Rabbe, adressa à M. Coste une lettre fort dure, qui fut insérée dans le Courrier français et amena un duel entre les deux écrivains.[Retour au Texte Principal]

Note 232: Jacques Coste (1798-1859). S'il avait vendu son journal, les Tablettes universelles, M. Coste n'en restait pas moins l'adversaire résolu et déclaré du gouvernement de la Restauration. Le 15 octobre 1829, il fonda le Temps, «journal des progrès politiques, scientifiques, littéraires et industriels», qui ne contribua pas moins que le National à préparer la révolution de 1830. Ce journal subsista jusqu'au 17 juin 1842. Son titre a été repris, le 1er mars 1849, par M. Xavier Durrieu, et en 1861 par M. A. Nefftzer. Le Temps de M. Durrieu ne vécut que dix mois, mais celui de M. Nefftzer aura bientôt atteint la quarantaine.[Retour au Texte Principal]

Note 233: Lorsque le commissaire de police se présenta aux bureaux du Temps, dans la rue de Richelieu, pleine à ce moment d'une foule curieuse et inquiète, M. Baude refusa d'ouvrir les portes de l'imprimerie. Un serrurier, est requis; M. Baude lui lit à haute voix l'article 384 du Code pénal, qui punit des travaux forcés le vol par effraction. L'ouvrier intimidé se retire. Le commissaire menace alors M. Baude de le faire arrêter; celui-ci rouvre son Code et lit l'article 341, qui punit des travaux forcés l'arrestation arbitraire. À un second serrurier, requis pour remplacer le premier, il relit l'article 384, et, cette fois encore, l'ouvrier se retire. La lutte se prolongea ainsi longtemps; il fallut recourir au serrurier chargé de river les fers des forçats.[Retour au Texte Principal]

Note 234: M. Billot.[Retour au Texte Principal]

Note 235: Rue Neuve-du-Luxembourg, no 27.[Retour au Texte Principal]

Note 236: La rue du duc de Bordeaux est doyenne la rue du Vingt-neuf Juillet, en vertu d'une décision ministérielle du 19 août 1830. Elle est située entre la rue de Rivoli (no 208) et la rue Saint-Honoré (no 213), tout près de l'église Saint-Roch.[Retour au Texte Principal]

Note 237: Alfred Nettement (Histoire de la Restauration, t. VIII, p. 608) raconte cet incident d'une façon un peu différente: «Il était alors six heures du soir. La garde royale vint apporter un secours nécessaire à la gendarmerie et à la ligne, dont les efforts demeuraient impuissants. Des coups de feu répondirent à la grêle de pierres qui tombaient sur la troupe; ils étaient tirés par un détachement du 5e régiment de ligne qui entrait dans la rue Saint-Honoré par la rue de Rivoli. Cette décharge coûta la vie à un jeune étudiant anglais nommé Folks, qui était allé se réfugier à l'Hôtel Royal, situé à l'angle de la rue des Pyramides. Il avait eu l'imprudence de se mettre à la fenêtre pour suivre les progrès du mouvement insurrectionnel: une des premières balles l'atteignit.[Retour au Texte Principal]

Note 238: Le président du Conseil occupait l'hôtel du ministère des Affaires étrangères, alors situé à l'angle de la rue des Capucines et des boulevards.[Retour au Texte Principal]

Note 239: Marie-Victor-Nicolas de Fay, marquis de Latour-Maubourg, (1768-1850). Il avait servi avec éclat sous l'Empire. À la bataille de la Moskowa, commandant une des divisions de la réserve de cavalerie, il prit part à la célèbre charge contre la grande redoute de Borodino et fut blessé au moment où ses cuirassiers y pénétraient. À Leipsick, il eut la cuisse emportée par un boulet de canon. À son valet de chambre, qui était accouru et se livrait au désespoir: «Qu'as-tu donc à pleurer? dit Latour-Maubourg, tu n'auras plus qu'une botte à cirer.» Pair de France (4 juin 1814), ministre de la guerre (9 novembre 1819-14 décembre 1821), il était devenu gouverneur des Invalides en 1822, après la mort du maréchal de Coigny. Après les journées de Juillet, il donna sa démission de pair, se retira à Melun, puis alla rejoindre les Bourbons en exil. Gouverneur du duc de Bordeaux en 1835, il ne rentra en France qu'en 1848.[Retour au Texte Principal]

Note 240: Alfred-Armand-Robert, comte de Saint-Chamans (1781-1848). Engagé comme cavalier au 9e régiment de dragons, le 1er octobre 1801, colonel le 19 mai 1811, maréchal de camp et colonel du régiment des dragons de la garde royale le 8 septembre 1815, inspecteur de cavalerie le 19 juin 1822, commandant la 1re brigade de la 2e division de cavalerie de la garde royale en Espagne le 3 décembre 1823, admis au traitement de réforme par décret du 17 septembre 1830. Ses Mémoires ont été publiés en 1896.[Retour au Texte Principal]

Note 241: Alexandre Sala, officier au 6e régiment d'infanterie de la garde. Il a publié sous ce titre: Dix jours de 1830, une relation des événements auxquels il avait assisté. En 1832, il était avec la duchesse de Berry sur le Carlo-Alberto; traduit de ce chef devant la Cour d'assises de Montbrison, il fut acquitté. En 1848, il fonda, avec Alfred Nettement et Armand de Pontmartin, l'Opinion publique, dont il fut, jusqu'à la suppression de cette feuille le 8 janvier 1852, un des principaux rédacteurs.[Retour au Texte Principal]

Note 242: On lit dans les Mémoires du général de Saint-Chamans: «J'occupai la grande rue du faubourg Saint-Antoine dans toute sa longueur.... Notre attitude était paisible et pacifique, et les habitants, hommes, femmes et enfants, sortirent en foule des maisons et se mêlèrent dans nos rangs; j'étais à cheval au milieu d'eux, et je parlais avec action à plusieurs groupes de ce peuple pour l'exhorter à rester tranquille et à reprendre ses occupations ordinaires, lorsqu'une femme, s'approchant de moi, me dit avec vivacité et en gesticulant qu'il était impossible de rester tranquille lorsqu'on était sans argent pour acheter du pain pour ses enfants, et que, quant au travail et aux occupations, ils n'en avaient plus, puisque, depuis la veille, tous les ateliers étaient fermés. Je lui donnai une pièce de cinq francs, et elle se mit aussitôt à crier à tue-tête: Vive le Roi! Vive le Roi! Ce cri fut vivement répété par plusieurs de ceux qui m'entouraient et qui me tendaient leurs mains.... Je leur distribuai avec le même succès tout ce que j'avais d'argent sur moi; pièces d'or et monnaie de billon furent bien reçues et produisirent chez eux le même enthousiasme royaliste, car j'avais soin de leur bien dire que c'était le Roi qui nous avait ordonné de secourir les indigents: je vidai ainsi ma bourse; mais ce mince trésor fut bientôt épuisé, et ne trouvant plus de réponse à faire à ceux qui me tendaient la main (et il en arrivait de nouveaux à chaque instant), je m'aperçus que les cris de: Vive le Roi! s'épuisaient aussi; plusieurs de ceux qui s'en allaient les mains vides éclataient même en murmures, et maugréaient tout comme si, après la réception qu'ils m'avaient faite, je leur devais une gratification. Je le répète, si j'avais eu un fourgon de pièces de cinq francs à leur distribuer, je me serais fait de tout ce peuple du faubourg Saint-Antoine et des environs une nombreuse avant-garde avec laquelle j'aurais pu parcourir pacifiquement tout Paris, et ces mêmes gens qui, le matin, avaient aidé à construire les barricades aux cris de: Vive la Charte! le soir les auraient démolies avec joie, aux cris de: Vive le Roi! sans que j'eusse eu besoin de tirer un coup de fusil, et je les aurais amenés ensuite sur la place du Carrousel saluer de leurs acclamations royalistes le palais de nos rois.» (Mémoires, p. 496.)[Retour au Texte Principal]

Note 243: Cette colonne, placée sous les ordres du général Talon, était composée d'un bataillon du 3e régiment de la garde, renforcé de 150 lanciers, d'un bataillon suisse et de deux pièces de canon.[Retour au Texte Principal]

Note 244: Au sujet de ce passage des Mémoires d'Outre-tombe, le duc Victor de Broglie dit, au tome III de ses Souvenirs, page 287: «L'auteur de cette assertion a été mal informé; la réunion fut fortuite, MM. Thiers et Mignet ne s'y trouvèrent pas. Il n'y fut question de M. le duc d'Orléans ni directement ni indirectement.»—Voici du reste les détails que donne le duc de Broglie sur la réunion qui eut lieu chez M. Guizot dans la matinée du 28: «En allant vers les dix heures chez M. Guizot, qui demeurait rue de la Ville-l'Évêque, je ne remarquai aucun symptôme d'agitation. Je trouvai M. Guizot dans son cabinet, occupé à mettre au net le projet de protestation dont il avait été chargé la veille (dans la réunion tenue chez M. Casimir Périer); à côté, dans le salon, se trouvaient plusieurs de nos amis, entre autres M. de Rémusat et M. Cousin, disputant assez vivement; nous vîmes entrer au bout d'un quart d'heure un rédacteur du National qui depuis s'est fait un nom, M. Carrel.—«Tout est fini pour cette fois, nous dit-il tristement; le gouvernement est maître du terrain; mais, patience, il n'est pas au bout!»[Retour au Texte Principal]

Note 245: Rue du faubourg Poissonnière, no 40.[Retour au Texte Principal]

Note 246: Dominique-François-Jean Arago (1786-1853), le célèbre astronome. Député de 1831 à 1848, membre du Gouvernement provisoire de 1848, représentant du peuple aux Assemblées constituante et législative de 1848-49.—Lorsqu'éclata la Révolution de Juillet, il était directeur de l'Observatoire.[Retour au Texte Principal]

Note 247: Jacques-Jean-Marie-François Boudin, comte de Tromelin (1771-1842). Il servit à l'armée des princes en 1792 et prit part à l'expédition de Quiberon. Attaché ensuite à l'armée royale de Normandie, il fut pris à Caen (1798), s'évada et passa en Orient, et fit, dans l'armée turque, les campagnes de Syrie et d'Égypte. Rentré en France en 1802, incarcéré à l'Abbaye, lors de l'affaire de Pichegru et de Cadoudal, il en sortit au bout de six mois pour entrer, comme capitaine, dans le 112e régiment de ligne. Général de brigade après la bataille de Leipsick, il se battit vaillamment à Waterloo. Pendant la campagne d'Espagne de 1823, il obtint de grands succès à Igualada, Calders, Yorba et Tarragone, et fut nommé lieutenant-général. Pendant les journées de Juillet, il seconda activement M. de Sémonville dans les démarches qui amenèrent le retrait des ordonnances et le ministère de M. de Mortemart. Son rôle, dans ces néfastes journées, fut aussi courageux qu'honorable; sa vie même fut un instant menacée, et il fallut que le général La Fayette le couvrît de sa personne à l'Hôtel-de-Ville.[Retour au Texte Principal]

Note 248: Louis-Alexandre-Marie Valon de Boucheron, comte d'Ambrugeac (1771-1844). Colonel sous l'Empire, il avait servi, pendant les Cent-Jours, dans la petite armée du duc d'Angoulême. De 1815 à 1823, député de la Corrèze, il siégea au côté droit et parut plusieurs fois à la tribune. Louis XVIII le fit pair de France le 23 décembre 1823. Après 1830, il prêta le serment de fidélité à Louis-Philippe et conserva la dignité de pair jusqu'à sa mort.[Retour au Texte Principal]

Note 249: Jean-Baptiste-Adolphe Charras (1810-1865). Il avait été expulsé de l'École polytechnique trois mois avant les journées de Juillet pour avoir, dans un banquet d'étudiants, porté un toast à La Fayette et chanté la Marseillaise. Il n'était encore que chef de bataillon, malgré l'éclat de ses services en Afrique, lorsqu'éclata la Révolution de Février, qui le fit lieutenant-colonel, puis sous-secrétaire d'État au Ministère de la Guerre. Représentant du peuple de 1848 à 1851, il fut arrêté au coup d'État et conduit à Bruxelles. Il mourut à Bâle le 23 janvier 1865. On lui doit une Histoire de la campagne de 1815 (Bruxelles, 1863). Il avait également préparé les matériaux d'une Histoire de la guerre de 1813 en Allemagne.[Retour au Texte Principal]

Note 250: Isidore, comte Exelmans (1775-1802), l'un des plus brillants généraux de cavalerie du premier Empire, pair de France sous Louis-Philippe, grand chancelier de la Légion d'honneur en 1849, maréchal de France en 1851.[Retour au Texte Principal]

Note 251: Pierre-Claude, comte Pajol (1772-1844). Il servit avec éclat sous l'Empire; Napoléon le créa baron en 1809, général de division en 1812, et grand officier de la Légion d'honneur le 19 février 1814. Ce jour-là, l'Empereur lui dit en l'embrassant: «Si tous les généraux m'avaient servi comme vous, l'ennemi ne serait pas en France.» Louis XVIII le fit comte et lui donna le commandement d'une division de cavalerie à Orléans. Au retour de l'île d'Elbe, il amena ses troupes à Napoléon, qui le nomma pair de France le 2 juin 1815. Mis à la retraite le 3 juin 1816, le comte Pajol voyagea, revint à Paris le 29 juillet 1830, à la nouvelle des Ordonnances, prit la direction de l'insurrection, et, le 2 août, se mit à la tête de la troupe d'insurgés qui marcha sur Rambouillet. La Révolution ne se montra point ingrate: le comte Pajol fut fait grand-cordon de la Légion d'honneur le 31 août 1830, commandant de la 1re division militaire le 26 septembre, et pair de France le 10 novembre 1831.[Retour au Texte Principal]

Note 252: Albert-Anne-Jules Bertier de Sauvigny, lieutenant au 14e régiment d'infanterie. Il devait être, peu de temps après la Révolution de Juillet, le héros d'une étrange aventure. Le 17 février 1832, le roi Louis-Philippe, la reine et Mlle Adélaïde, accompagnés du général Dumas, aide de camp du roi, sortaient à pied des Tuileries par la grille du quai, et entraient par un des premiers guichets sur le Carrousel, qu'ils traversèrent obliquement pour se rendre au Palais-Royal par la rue de Rohan. Au même moment, un cabriolet de remise, sortant de la rue de Chartres, traversait aussi le Carrousel et se dirigeait vers le guichet du Pont-Royal. Subitement, le maître de la voiture, vêtu d'un manteau bleu, fit retourner le cheval et le ramena du côté de la rue de Chartres et de l'hôtel Longueville, auprès duquel le roi se trouvait alors. Le cabriolet passa si près de lui qu'il fut forcé de se jeter vivement de côté. Quelques instants après, le roi et ses compagnons, arrivés à l'angle de l'hôtel de Nantes, virent revenir à eux le même cabriolet, qui était entré un instant avant dans la rue de Chartres, et qui, cette fois encore, semblait vouloir les serrer contre le mur et même les atteindre; mais le cheval, ramené trop brusquement dans cette direction nouvelle, s'abattit; il fut immédiatement relevé et continua rapidement sa course du côté du Pont-Royal. Après trois jours de recherches, la police découvrait que l'homme au manteau bleu était M. Bertier de Sauvigny. Il comparut le 5 mai 1832 devant la Cour d'assises de la Seine; il n'était accusé de rien moins que d'avoir «commis un attentat contre la personne du roi, en dirigeant volontairement, à deux reprises différentes, et dans une intention coupable, son cabriolet contre la personne du roi; crime prévu par l'article 86 du Code pénal». L'article 86 punissait ce crime de la peine de mort. L'avocat général, M. Partarieu-Lafosse réclama l'application de cet article; il déclara seulement, dans sa réplique, qu'après la condamnation interviendrait certainement une commutation de peine. Après une admirable plaidoirie de Berryer, Bertier de Sauvigny fut acquitté, aux applaudissements de l'auditoire.[Retour au Texte Principal]

Note 253: Jean-George Farcy (1800-1830). Ancien élève de l'École normale, disciple et ami de Victor Cousin, il avait traduit le troisième volume des Éléments de la Philosophie de l'Esprit humain, par Dugald Stewart (1825). Le 29 juillet, il se porta avec les attaquants vers le Louvre, du côté du Carrousel; les soldats faisaient un feu nourri dans la rue de Rohan, du haut d'un balcon qui était à l'angle de cette rue et de la rue Saint-Honoré. Farcy, qui débouchait au coin de la rue de Rohan et de celle de Montpensier tomba l'un des premiers, atteint du haut en bas d'une balle dans la poitrine.—Ses amis ont publié, en 1831, sous le titre de Reliquiæ, le recueil des vers et opuscules de Farcy.[Retour au Texte Principal]

Note 254: Dans son Histoire de la Restauration (tome VIII. p. 663), Alfred Nettement raconte ainsi la prise de la caserne Babylone: «Le commandant Dufay refusa de capituler devant l'émeute; il plaça ses soldats aux fenêtres et dans la cour, et le siège de la caserne commença. Il dura plusieurs heures en amenant des pertes des deux côtés; l'élève Vaneau tomba mortellement frappé. Les insurgés envoyèrent un parlementaire: on ne le reçut pas, et le drapeau noir fat arboré. Alors les émeutiers résolurent de recourir à l'incendie, afin de forcer les Suisses à se rendre devant cet ennemi qu'on appelle le feu; des bottes de paille et des fagots arrosés de térébenthine furent allumés.... La flamme et la fumée aveuglèrent bientôt les assiégés; secondés par les lieutenants Halter, Couteau et Saunteron, ils tentèrent d'opérer une sortie et s'élancèrent à travers la flamme, la baïonnette en avant. Les insurgés se précipitèrent vers eux, et un combat corps à corps s'engagea; les Suisses refusèrent de se rendre; ils furent impitoyablement massacrés. Le brave commandant Dufay périt et son corps fut traîné dans les rues par les insurgés. Quelques Suisses seulement parvinrent à échapper au massacre; la caserne envahie par le peuple fut livrée au pillage.—La lutte héroïque de la caserne Babylone devait être l'adieu des Suisses à la France; comme leurs pères en 1792, ils tinrent jusqu'au bout le serment qu'ils avaient prêté au Roi, et moururent pour lui.»[Retour au Texte Principal]

Note 255: Casimir-Louis-Victurnien de Rochechouart, prince de Tonnay-Charente, duc de Mortemart (1787-1875). Après avoir servi sous l'Empire, il fut, à la première Restauration, nommé pair de France et colonel des Cent-Suisses, que son grand-père, le duc de Brissac, avait commandés en 1789. Aux Cent-Jours, il suivit le roi à Gand, et, au retour, fut nommé maréchal de camp et major-général de la Garde nationale de Paris (14 octobre 1815). Au mois d'avril 1828, il fut envoyé comme ambassadeur à Saint-Pétersbourg; revenu en France au commencement de 1830, il allait partir pour les eaux lorsqu'il apprit la publication des Ordonnances. Après les journées de Juillet, il continua de siéger à la chambre des pairs, et, sous le second Empire, il accepta de faire partie du Sénat (27 mars 1852). Il assista du reste fort peu aux séances, se tint également à l'écart de la nouvelle cour et se consacra aux œuvres de charité.—Sur son rôle pendant les journées de Juillet, voir les Mémoires pour servir à l'histoire de la Révolution de 1830, par M. Alexandre Mazas. M. Mazas était secrétaire du duc de Mortemart.[Retour au Texte Principal]

Note 256: Apollinaire-Antoine-Maurice, comte d'Argout (1782-1858). Il était pair de France depuis 1819, et comme son collègue M. de Sémonville, il appartenait à la droite modérée. De 1830 à 1836, il fut plusieurs fois ministre et détint successivement les portefeuilles de la Marine, du Commerce et des Travaux publics, de l'Intérieur et des Finances. Durant ces six années, le nez de M. d'Argout ne cessa de servir de cible aux flèches de la Caricature et du Charivari et aux épingles de La Mode et du Corsaire. Renonçant enfin aux ministères, il se réfugia dans le poste moins tourmenté de gouverneur de la Banque de France. Il est mort sénateur du second Empire.[Retour au Texte Principal]

Note 257: Sur le pseudo-général Dubourg, voir, au tome IV, les notes 1 et 2 de la page 55.[Retour au Texte Principal]

Note 258: Voir, sur M. Baude, au tome IV, la note 1 de la page 137.[Retour au Texte Principal]

Note 259: Étienne-Maurice, comte Gérard (1773-1853). Après avoir été l'un des plus glorieux généraux de l'Empire, il était entré en 1822 dans la via politique. Au mois de juillet 1830, il était député de l'Oise. Le 11 août 1830, il accepta le portefeuille de la Guerre, qu'il abandonna le 16 novembre suivant pour raison de santé. Élevé à la dignité de maréchal de France, le 17 août de la même année, il fut appelé, le 4 août 1831, au commandement de l'armée du Nord et dirigea le siège d'Anvers. Pair de France en 1833, de nouveau ministre de la Guerre, avec la présidence du Conseil, du 18 juillet au 19 octobre 1834, il fut nommé, le 4 février 1836, grand chancelier de la Légion d'honneur. Le gouvernement provisoire du 24 février 1848 le destitua; le second Empire le nomma sénateur (26 janvier 1853). Il mourut trois mois après, le 17 avril, et fut inhumé aux Invalides.[Retour au Texte Principal]

Note 260: Claude-Antoine-Gabriel, duc de Choiseul-Stainville (1760-1838). Chevalier d'honneur de la reine Marie-Antoinette, il était resté auprès d'elle jusqu'à son incarcération au Temple, et il n'avait émigré que quand sa tête avait été mise à prix. Arrêté à Calais, à la suite d'un naufrage (novembre 1795), et acquitté par le Conseil de guerre devant lequel on l'avait traduit, il n'en avait pas moins été retenu en prison par le Directoire, et finalement condamné à mort. Le 18 brumaire le sauva. La Restauration l'appela à la pairie (4 juin 1814), et plus tard au poste de gouverneur du Louvre (28 mai 1820). Son attitude à la Chambre des pairs et sa constante opposition au ministère Villèle lui avaient valu une grande popularité. Le roi Louis-Philippe le choisit pour un de ses aides de camp.[Retour au Texte Principal]

Note 261: La rue où demeurait M. Laffitte, et qui allait bientôt porter son nom, s'appelait sous la Restauration la rue d'Artois.[Retour au Texte Principal]

Note 262: Les missionnaires de la rue d'Enfer, dont parle ici Chateaubriand étaient les prêtres de la Société des Missions de France, fondée par le Père Rauzan, et qui est aujourd'hui la Société des Prêtres de la Miséricorde sous le titre de l'Immaculée Conception. Le 29 juillet, leur maison fut envahie par les émeutiers. «Toutes les chambres sont fouillées, dit un témoin oculaire; la caisse de l'économe est vidée, la cave elle-même est envahie.... De nouvelles bandes surviennent, et, l'exaltation croissant avec l'ivresse, les coups de fusil retentissent à travers les corridors et les escaliers. Partout le pillage et la désolation. Rien n'échappe à l'enlèvement ou à la destruction. Argent, linges, objets précieux, tout disparaît; les fenêtres sont brisées, les meubles hachés en morceaux et jetés dans la cour ou dans les jardins. On sonde à la baïonnette une terre fraîchement remuée, dans le jardin, et une caisse contenant tous les vases sacrés devient la proie des dévastateurs.... Au milieu du tumulte, le P. Rauzan paraît un moment à sa fenêtre, et cherche à apaiser les esprits.... Deux balles sifflent à ses oreilles, et un troisième coup, ajusté par un de ces bourreaux égarés, allait atteindre le digne prêtre, lorsqu'un garde national parvient à relever à temps le canon du fusil. La balle, toutefois, effleure de si près le dessus de la tête du saint vieillard, qu'il avouait plus tard avoir perdu pour un moment le sentiment de sa situation....» Pour compléter l'œuvre de destruction, les dévastateurs mettent le feu à l'intérieur d'une chambre. L'incendie commençait, lorsque deux missionnaires, déguisés en domestiques de l'hospice des Enfants-Trouvés (situé également rue d'Enfer), arrivent, accompagnés de deux sœurs de Charité, et, se mêlant à la foule, ils s'écrient: «Malheureux, que faites-vous? Ne voyez-vous pas que le feu va se communiquer à l'hospice? Voulez-vous donc brûler ces pauvres petits orphelins?»—On les écoute; une chaîne est organisée, et le feu est éteint au dedans. Mais bientôt, à l'aide de la paille qu'ils ont amoncelée, et sur laquelle ils entassent les débris des meubles, les livres, les papiers, les ornements sacrés, de grands feux sont allumés à la fois au jardin, dans la cour et jusque dans la rue.—Les missionnaires purent échapper, en se réfugiant, les uns à l'hospice des Enfants-Trouvés, les autres sous le toit de Chateaubriand. (Vie du très révérend Père Jean-Baptiste Rauzan, par le P. A. Delaporte, pages 281 et suiv.)[Retour au Texte Principal]

Note 263: La maison de Chateaubriand, rue d'Enfer, no 84, était voisine de l'Observatoire, dont François Arago était alors le directeur.[Retour au Texte Principal]

Note 264: Joseph Mérilhou (1788-1856).—Après avoir appartenu à la magistrature impériale, il avait figuré, sous la Restauration, au premier rang des avocats libéraux, et avait plaidé dans presque tous les procès politiques du temps. Il ne se bornait pas du reste à défendre les conspirateurs, il conspirait comme eux. Affilié à la «Charbonnerie», il fut d'abord membre de la haute-vente et bientôt de la vente suprême. C'est donc à bon droit que l'avocat-général Marchangy, dans l'affaire des quatre sergents de la Rochelle (août 1822), pouvait dire à Mérilhou, qui plaidait pour le sergent Bories: «Ici les véritables coupables ne sont pas sur les bancs des accusés, mais sur les bancs des avocats.»—Nommé conseiller d'État le 20 août 1830, il devint, le 2 novembre suivant, lors de la formation du ministère Laffitte, ministre de l'Instruction publique et des Cultes, et il en profita pour supprimer la Société des Missions de France et pour réunir au domaine de l'État la maison du Mont-Valérien qui en était le chef-lieu. Député de 1831 à 1834, pair de France le 3 octobre 1837, il s'était fait nommer, dès le 21 avril 1832, conseiller à la cour de Cassation, revenant ainsi à la magistrature, après avoir passé par le carbonarisme:

Que dans un bon fauteuil il dorme à son retour.[Retour au Texte Principal]

Note 265: Casimir-Marie-Marcellin-Pierre-Célestin Chardel (1777-1847). Il était en 1830 juge au tribunal de la Seine et député de Paris. Pendant les journées de juillet, il présida un comité insurrectionnel, et, dès le 27 août, il se fit nommer conseiller à la cour de Cassation.[Retour au Texte Principal]

Note 266: Pierre-François Marchal (1785-1864). Il était, depuis 1827, député de la Meurthe. Il prit part aux journées de juillet et s'empara du télégraphe, que le gouvernement nouveau utilisa immédiatement pour assurer son triomphe. Nommé directeur des télégraphes par la Commission municipale, il ne resta pas longtemps à ce poste; ses idées avancées le firent destituer. Réélu député de 1831 à 1834 et de 1837 à 1845, il siégea dans l'opposition. Après le 24 février, il fit partie de l'Assemblée constituante, et vota constamment avec la gauche républicaine. Il ne fut pas renommé à la Législative et rentra dans la vie privée.[Retour au Texte Principal]

Note 267: Jacques-François-Nicolas Bavoux (1774-1848). Il était en 1830, député de Paris. Il ne garda la préfecture de police que deux jours; dès le 1er août, il était remplacé par M. Girod (de l'Ain). Le 23 août, il fut nommé conseiller-maître à la Cour des Comptes. En 1819, professeur suppléant à la Faculté de droit, il avait été traduit devant la cour d'Assises de la Seine sous la prévention d'avoir provoqué, par des discours tenus dans des lieux publics, à la désobéissance aux lois. Acquitté par le jury, après une plaidoirie de Me Dupin aîné, il passa sans transition de l'obscurité la plus profonde à la popularité la plus éclatante. L'obscurité depuis longtemps est revenue:

Bavoux, Bavoux, Bavoux, nous t'avons oublié![Retour au Texte Principal]

Note 268: Auguste-Simon-Louis Bérard (1783-1859), banquier à Paris, député de la Seine depuis 1827. Son rôle pendant les journées de juillet fut des plus considérables. Il ne laissa pas du reste de tirer assez bien son épingle du jeu. Dès le mois d'août 1830, il fut nommé directeur général des ponts et chaussées et des mines; peu de temps après il devint conseiller d'État. Un peu plus tard, le ministère Molé lui donna la recette générale du Cher: Ce fut sa dernière situation officielle.—M. Bérard a publié, en 1834, des Souvenirs historiques sur la Révolution de 1830.[Retour au Texte Principal]

Note 269: M. Palamède de Forbin-Janson, beau-frère du duc de Mortemart.[Retour au Texte Principal]

Note 270: François Sauvo (1772-1859). Il était attaché, depuis 1795, à la rédaction du Moniteur universel, lorsqu'il fut chargé, en 1800, de la direction de ce journal, par Maret, secrétaire général des Consuls; il devait la conserver jusqu'en 1840.—Dans la soirée du 25 juillet 1830, il avait été averti qu'il recevrait des articles fort étendus qui ne seraient terminés qu'au milieu de la nuit et devraient être insérés dans le numéro du lendemain. Vers onze heures du soir, il fut mandé par M. de Chantelauze, qui lui remit le rapport et les ordonnances. M. Sauvo parcourut les pièces «Qu'en pensez-vous?» lui demanda M. de Montbel qui était présent.—«Dieu sauve le Roi et la France!» répondit le rédacteur du Moniteur. Et il ajouta en se retirant: «Messieurs, j'ai cinquante-sept ans, j'ai vu toutes les journées de la Révolution et je me retire avec une profonde terreur.»[Retour au Texte Principal]

Note 271: Augustin-Charles Périer (1773-1833), frère de Casimir Périer. Il était député de l'Isère depuis 1827 et siégeait au centre gauche. Non réélu aux élections du 5 juillet 1831, il fut nommé pair de France le 16 mai 1832.[Retour au Texte Principal]

Note 272: Jules-Paul-Benjamin Delessert (1773-1847). Grand industriel, il avait créé à Passy, en 1801, une filature de coton qui rendit la France moins tributaire de l'Angleterre, et une raffinerie de sucre, où il obtint le premier sucre de betterave bien cristallisé. En 1818, il importa d'Angleterre l'idée des Caisses d'épargne et popularisa en France cette institution, qu'à sa mort il dota généreusement. Il fut vingt-quatre ans député, de 1817 à 1824 et de 1827 à 1842, et il sut toujours allier à une noble indépendance un amour éclairé de l'ordre. Peu d'hommes politiques ont laissé une mémoire plus honorée.—Il était le frère de M. Gabriel Delessert, préfet de police de 1836 à 1848, qui a su, dans l'exercice de ces délicates fonctions, forcer l'estime de ses adversaires eux-mêmes.[Retour au Texte Principal]

Note 273: Jean-Baptiste-Henry Collin, comte de Sussy (1776-1837). Il fut maître des requêtes sous l'Empire, puis, sous la Restauration, administrateur des contributions indirectes. Admis à siéger, le 3 janvier 1827, à la Chambre des pairs, par droit héréditaire, en remplacement de son père décédé, il prit place parmi les modérés. M. de Sussy siégea à la Chambre haute jusqu'à sa mort, ayant prêté serment au gouvernement de Juillet.[Retour au Texte Principal]

Note 274: Sur cet épisode d'Arnouville et sur la première rencontre de Chateaubriand avec le capitaine Dubourg, voir au tome IV, pages 55-56.[Retour au Texte Principal]

Note 275: Tome I, p. 244.[Retour au Texte Principal]

Note 276: J'ai reçu, le 9 janvier de cette année 1841, une lettre de M. Dubourg; on y lit ces phrases: «Combien j'ai désiré vous voir depuis notre rencontre sur le quai du Louvre! Combien de fois j'ai désiré verser dans votre sein les chagrins qui déchiraient mon âme! Qu'on est malheureux d'aimer avec passion son pays, son honneur, sa gloire, quand l'on vit à une telle époque!...

«Avais-je tort, en 1830, de ne pas vouloir me soumettre à ce que l'on faisait! Je voyais clairement l'avenir odieux que l'on préparait à la France, j'expliquais comment le mal seul pouvait surgir d'arrangements politiques aussi frauduleux; mais personne ne me comprenait».

Le 5 juillet de cette même année 1841, M. Dubourg m'écrivait encore pour m'envoyer le brouillon d'une note qu'il adressait en 1828 à MM. de Martignac et de Caux pour les engager à me faire entrer au Conseil. Je n'ai donc rien avancé sur M. Dubourg qui ne soit de la plus exacte vérité. (Paris, note de 1841). Ch.[Retour au Texte Principal]

Note 277: En regard de la version de Chateaubriand, il convient de placer celle du duc Victor de Broglie: «Je ne sais en vérité, dit-il (Souvenirs, III, 325), si j'ai placé quatre paroles dans une conversation à bâtons rompus, où nous étions animés des mêmes sentiments et préoccupés du même but; mais ce dont je suis parfaitement sûr, c'est de n'avoir jamais dit que je venais de parcourir tout Paris, que nous étions sur un volcan; que les maîtres ne pouvaient plus contenir leurs ouvriers; que, si le nom du roi était désormais prononcé, on couperait la gorge à qui le prononcerait; que nous serions tous massacrés; qu'on prendrait d'assaut le Luxembourg comme la Bastille en 1789; et, quant au discours par lequel M. de Chateaubriand aurait foudroyé ce langage, c'est ma faute peut-être, mais je regrette de n'en avoir pas entendu le premier mot.[Retour au Texte Principal]

Note 278: Ce livre a été écrit à Paris en août et septembre 1830, et revu en décembre 1840.[Retour au Texte Principal]

Note 279: Les Souvenirs du duc de Broglie sont ici d'accord avec les Mémoires d'Outre-Tombe. «On lisait, dit M. de Broglie, affiché sur la porte même de M. Laffitte, à la Bourse et dans tous les lieux publics, un placard ainsi conçu:

«Charles X ne peut plus rentrer à Paris; il a fait couler le sang du peuple;

«La République nous exposerait à d'affreuses divisions; elle nous brouillerait avec l'Europe;

«Le duc d'Orléans est un prince dévoué à la cause de la Révolution;

«Le duc d'Orléans ne s'est jamais battu contre nous;

«Le duc d'Orléans était à Jemmapes;

«Le duc d'Orléans a porté les couleurs nationales, le duc d'Orléans peut seul les porter encore.

«Le duc d'Orléans s'est prononcé; il accepte la Charte comme nous l'avons toujours voulue et entendue.

«C'est du peuple français qu'il tiendra sa couronne.»

«Cette dernière phrase fut immédiatement modifiée ainsi qu'il suit dans un second placard:

«Le duc d'Orléans ne se prononce pas; il attend notre vœu; proclamons ce vœu, il acceptera la Charte comme nous l'avons toujours entendue et voulue.»

Le duc de Broglie ajoute: «D'où provenaient ces placards? On sait aujourd'hui qu'ils étaient l'œuvre de MM. Thiers et Mignet, et que le libraire Paulin, fort de leurs amis, donna ses soins à l'impression et à l'affichage. M. Laffitte était-il dans la secret? Il y a lieu de le présumer.» (Souvenirs du feu duc de Broglie, tome III, p. 314.)[Retour au Texte Principal]

Note 280: Ary Scheffer (1785-1858). Dès 1821, il avait été choisi pour donner des leçons de peinture aux jeunes princes d'Orléans, auxquels il resta toujours très attaché. La princesse Marie, en mourant, lui légua tous ses dessins.[Retour au Texte Principal]

Note 281: Hyacinthe-Camille-Odilon Barrot (1791-1873). Très royaliste en 1815, il avait monté la garde dans les appartements du roi, dans la nuit de son départ; mais il se jeta bientôt dans l'opposition libérale. Préfet de la Seine, d'août 1830 à février 1831; député de 1830 à 1848; représentant du peuple, de 1848 au 2 décembre 1851; ministre et président du Conseil, du 20 décembre 1848 au 30 octobre 1849; président du conseil d'État, du 27 juillet 1872 à sa mort (6 août 1873). Ses Mémoires (4 vol. in-8o) ont paru en 1875.[Retour au Texte Principal]

Note 282: Le capitaine Le Motha est l'officier qu'Alfred de Vigny a immortalisé dans le dernier et admirable épisode de Servitude et Grandeur militaires,—la Vie et la mort du capitaine Renaud.[Retour au Texte Principal]

Note 283: M. de Guernon-Ranville, qui était alors à Saint-Cloud, raconte ainsi, dans son Journal, cette déplorable scène: «Le prince et le maréchal étaient seuls dans le salon vert de Saint-Cloud; les explications du duc de Raguse ne satisfirent pas le Dauphin, qui s'écria: «Est-ce que vous voulez nous trahir aussi?» À ces mots, le maréchal porta la main à son épée. Le prince vit le mouvement; il s'élança en avant, et, voulant arracher l'épée du fourreau, il se blessa légèrement à la main; puis, la jetant sur le parquet, il saisit le maréchal au collet, le renversa sur un canapé en appelant à lui les gardes qui se trouvaient dans la salle voisine. En ce moment, l'officier de service, accouru au bruit, ouvrait la porte du salon; le prince lui ordonna de conduire le maréchal aux arrêts forcés dans sa chambre. Le Roi, instruit de cette scène étrange, en fit quelques reproches au Dauphin, et lui demanda de se réconcilier avec Marmont. On le fit appeler immédiatement; il fit quelques excuses au prince, qui lui répondit: «J'ai eu moi-même des torts envers vous; mais votre épée m'a tiré du sang, ainsi nous sommes quittes....» Et il lui tendit la main.»[Retour au Texte Principal]

Note 284: Ambroise-Anatole-Augustin, marquis de Montesquiou-Fezensac (1788-1878). Entré au service comme simple soldat en 1806, il était en 1814 colonel et aide-de-camp de l'Empereur. En 1816, il devint aide-de-camp du duc d'Orléans, puis, en 1823, chevalier d'honneur de la duchesse. Maréchal de camp en 1831, député de la Sarthe de 1834 à 1841, il fut nommé pair de France le 20 juillet 1841, grand d'Espagne et marquis en 1847. Très ami des lettres, il avait publié des Poésies dès 1820. Outre deux autres volumes de poésies intitulés Chants divers (1843), outre des comédies et des drames non représentés, il a traduit en vers les Sonnets, Canzones et Triomphes de Pétrarque, et composé sur Moïse, non pas, comme Chateaubriand, une tragédie en cinq actes, mais un poème en 24 chants.[Retour au Texte Principal]

Note 285: Auguste-Marie, baron de Berthois (1787-1870). Lieutenant du génie en 1809, il avait fait toutes les campagnes de 1809 à 1814. Il devint sous la Restauration aide-de-camp du duc d'Orléans, qu'il ne quitta pas un instant pendant les journées de juillet, et qui le nomma colonel en 1831, commandeur de la Légion d'honneur et plus tard maréchal de camp. Allié à la famille du comte Lanjuinais, dont il avait épousé la fille en 1822, M. de Berthois fut envoyé à la Chambre des députés, en 1832, par les électeurs de Vitré (Ille-et-Vilaine), qui lui renouvelèrent son mandat jusqu'en 1848.[Retour au Texte Principal]

Note 286: Elle se composait d'un certain nombre de républicains qui, à mesure que le dénoûment approchait, redoublaient d'efforts. Réunis chez le restaurateur Lointier, ils y délibéraient le fusil à la main. Le 30 juillet, ils envoyèrent au gouvernement provisoire, siégeant à l'Hôtel-de-Ville, une adresse qui commençait par ces mots: «Le peuple hier a reconquis ses droits sacrés au prix de son sang. Le plus précieux de ses droits est de choisir librement son gouvernement. Il faut empêcher qu'aucune proclamation ne soit faite qui désigne un chef lorsque la forme même du gouvernement ne peut-être déterminée. Il existe une représentation provisoire de la nation. Qu'elle reste en permanence jusqu'à ce que le vœu de la majorité des Français ait pu être connu, etc.» La monarchie de Juillet devait trouver devant elle, au premier rang de ses ennemis, les principaux membres de la réunion Lointier, Trélat, Guinard, Charles Teste, Bastide, Poubelle, Charles Hingray, Chevalier, Hubert. Ce dernier fut chargé de remettre au général Lafayette l'adresse votée par la réunion; il la portait au bout d'une baïonnette. Ce sera lui qui, le 15 mai 1848, prononcera la dissolution de l'Assemblée nationale.[Retour au Texte Principal]

Note 287: Alexandre-Edme baron Méchin (1772-1849). Il avait été, de l'an IX à 1814, préfet des Landes, de la Roër, de l'Aisne et du Calvados, et, pendant les Cent-Jours, député d'Ille-et-Vilaine. Envoyé en 1819, à la Chambre des députés par les électeurs de l'Aisne qui lui renouvelèrent son mandat jusqu'à la fin de la Restauration, il fut un des orateurs les plus mordants et les plus actifs de l'opposition libérale. Il coopéra à l'établissement du gouvernement de Juillet, qui le nomma préfet du Nord, et bientôt conseiller d'État, fonctions qu'il conserva jusqu'en 1840. On a du baron Méchin une traduction en vers de Juvénal (1827).[Retour au Texte Principal]

Note 288: Jean-Pons-Guillaume Viennet, député de 1820 à 1837, pair de France de 1839 à 1848, membre de l'Académie française (18 novembre 1830). Ce fut lui qui lut au peuple, le 31 juillet 1830, la nomination du duc d'Orléans comme lieutenant général du royaume. Le XIXe siècle n'a pas eu de versificateur plus fécond; il a composé des Épîtres, des Satires, des Fables, des tragédies et des comédies en vers, des poèmes épiques, des poèmes héroï-comiques, etc., etc. Ultra-classique en littérature, ultra-conservateur en politique, du moins après 1830, M. Viennet, de 1830 à 1848, a servi de cible aux petits journaux, à la Mode, au Charivari et au Corsaire. Il ripostait d'ailleurs et c'était souvent, entre la presse et lui, un prêté rendu. Avec quelques ridicules, il était homme d'infiniment d'esprit, et ses deux recueils de Fables se lisent avec plaisir. Il a laissé des Mémoires, encore inédits.[Retour au Texte Principal]

Note 289: Histoire de dix ans, par Louis Blanc, t. I, p. 350.[Retour au Texte Principal]

Note 290: Jules Bastide (1800-1870). Il avait arboré le premier, en juillet 1830, le drapeau tricolore au faîte des Tuileries. Après la Révolution de février, il fut ministre des affaires étrangères, du 28 février au 20 décembre 1848. Lors de sa nomination, on prêta à Marrast, son ancien collaborateur au National, ce mot qui a plusieurs fois servi depuis: «Bastide est étranger aux affaires plaçons-le aux affaires étrangères.»[Retour au Texte Principal]

Note 291: Jacques-Léonard-Clément Thomas (1809-1871). Le 15 mai 1848, il fut nommé commandant en chef de la garde nationale de la Seine; mais peu de semaines après, ayant, à la tribune de l'Assemblée nationale, appelé la croix de la Légion d'honneur un «hochet de la vanité», il fut interrompu, insulté, et dut donner sa démission de commandant. Lors du coup d'État de 1851, il tenta vainement de soulever la Gironde, qui l'avait élu représentant en 1848. Il fut exilé, refusa l'amnistie de 1859 et ne rentra qu'après le 4 septembre 1870. Nommé pendant le siège commandant supérieur des gardes nationales de la Seine, il adressa sa démission au général Trochu le 14 février 1871 et rentra dans la vie privée. Le 18 mars, dès le début de l'insurrection, reconnu et arrêté sur la place Pigalle par plusieurs gardes nationaux, il fut conduit au comité central de Montmartre, rue des Rosiers, et fusillé.[Retour au Texte Principal]

Note 292: C'est par Joubert et son ami Dugied que la Charbonnerie a été introduite en France. Impliqués l'un et l'autre dans la Conspiration du 19 août 1820, dite Conspiration militaire du Bazar, ils allèrent offrir leurs bras à la révolution de Naples et furent alors affiliés à la Société secrète qui enveloppait l'Italie. Dugied, qui en revint le premier, rapporta les règlements et ornements charbonniques, et se réunit à Bazard, Buchez, Flotard, Cariol aîné, Sigaud, Guinard, Corcelles fils, Sautelet et Rouen aîné, pour fonder, dans les derniers jours de 1820, l'association qui devait, pendant les années qui allaient suivre, exercer une si grande et si déplorable influence. Joubert fut, en 1822, un des principaux agents du complot de Belfort. Il réussit encore à s'échapper et gagna l'Espagne, où il se battit contre les soldats français. Au combat de Llers, il fut fait prisonnier. Comme il avait reçu deux coups de feu à la jambe, il fut conduit à l'hôpital de Perpignan, d'où son ami Dugied parvint, à prix d'or, à le faire évader. Il put gagner la Belgique, où il resta jusqu'en 1830.—Voir la Notice sur la Charbonnerie, par M. Trélat, dans Paris révolutionnaire; 1848.[Retour au Texte Principal]

Note 293: Édouard-Louis-Godefroi Cavaignac, frère aîné du général Eugène Cavaignac (1801-1845). La monarchie de juillet n'eut pas d'adversaire plus redoutable. Homme de plume et homme d'action, conspirateur ardent autant qu'habile, chef de la Société des Droits de l'homme, il ne cessa, pendant quinze ans, de lutter pour le triomphe de la Révolution et du communisme, avec toutes les armes et sur tous les terrains, dans la rue et dans la presse, à la Cour d'Assises et à la Cour des pairs, en prison et en exil. Il mourut à la peine, en 1845, le 5 mai, comme Napoléon. N'avait-il pas été le Napoléon de l'émeute?[Retour au Texte Principal]

Note 294: André-Louis-Augustin Marchais (1800-1857). Encore un conspirateur émérite. Il prit part, en 1820, à la Conspiration du 19 août, et se fit, en 1821, affilier à la Charbonnerie, dont il devint l'un des chefs. Sous Louis-Philippe, il est l'un des accusés du procès d'avril 1834. En 1848, il est l'un des commissaires extraordinaires de Ledru-Rollin. Sous le Second Empire, en 1853, il est arrêté comme membre de la Société secrète la Marianne et condamné à trois ans de prison. Rendu quelque temps après à la liberté, il quitte la France et va mourir à Constantinople.[Retour au Texte Principal]

Note 295: Marie-Anne-Joseph Dégousée (1795-1862). Après avoir conspiré sous la Restauration et concouru activement aux journées de Juillet 1830, il conspira sous Louis-Philippe et se battit sur les barricades de février 1848. Député de la Sarthe à l'Assemblée constituante, il soutint le gouvernement du général Cavaignac. Non réélu à la législative, il reprit ses fonctions d'ingénieur civil et s'occupa principalement du forage des puits artésiens.[Retour au Texte Principal]

Note 296: Joseph Augustin Guinard (1799-1874). Comme Degousée, il conspira contre le gouvernement de la Restauration et contre la monarchie de Juillet. Comme lui, représentant du peuple à la Constituante, il appuya le général Cavaignac; comme lui encore, il ne fut pas réélu à la Législative; mais, au lieu de rentrer sagement dans la vie privée, il fit cause commune, le 13 juin 1849, avec les députés de la Montagne et fut arrêté au Conservatoire des Arts-et-Métiers. Traduit devant la Haute-Cour de Versailles et condamné à la déportation perpétuelle, il fut détenu successivement à Doullens et à Belle Isle. Il fut rendu à la liberté en 1854, et vécut depuis lors dans la retraite.[Retour au Texte Principal]

Note 297: Ministre plénipotentiaire de Suède près la cour de France.—Le comte Gustave de Lœvenhielm était, depuis 1818 à Paris, où il résida pendant trente-huit ans. Possesseur d'une grande fortune, il l'employait à secourir les malheureux et à protéger les arts.[Retour au Texte Principal]

Note 298: «L'auteur, dit ici M. de Marcellus, p. 389, a négligé de citer la source où il a puisé ces détails biographiques concernant sir Charles Stuart, ambassadeur britannique à Paris pendant son ministère. Je vais y suppléer. Cette source, c'est moi-même. C'est moi, en effet, qui osai soulever à ses yeux, mais pour son édification privée, un coin du voile qui cachait ces mystères galants de la diplomatie.» Sur lord Stuart, voir au tome IV, la note de la page 276.[Retour au Texte Principal]

Note 299: C'est à peu près ce que j'écrivais à M. Canning, en 1823. (Voyez le Congrès de Vérone.) Ch.[Retour au Texte Principal]

Note 300: Sur Pozzo di Borgo, ambassadeur de Russie, voir, au tome IV, la note 1 de la page 16.[Retour au Texte Principal]

Note 301: Ministre plénipotentiaire de Prusse à Paris, de 1824 à 1837.—Son fils, le baron Charles de Werther, fut appelé, au mois d'octobre 1869, à remplacer à Paris le comte de Goltz, avec le double titre d'ambassadeur de la Prusse et de la Confédération de l'Allemagne du Nord; il garda ce poste jusqu'à la rupture des relations diplomatiques au mois de juillet 1870.[Retour au Texte Principal]

Note 302: Il semblerait ressortir, du contexte de cette phrase que le prince Esterhazy, au moment de la révolution de Juillet, était ambassadeur à Paris. Ce serait une erreur. L'ambassadeur d'Autriche à Paris, en 1830, était le comte d'Appony.[Retour au Texte Principal]

Note 303: Étienne Tardif de Pommeroux, comte de Bordesoulle (1771-1837). Il prit part à toutes les guerres de la Révolution et de l'Empire, se rallia en 1814 au gouvernement des Bourbons et suivit Louis XVIII à Gand. En 1823, nommé général en chef du corps de réserve à l'armée d'Espagne, il établit le blocus de Cadix et prit une grande part à la victoire du Trocadéro. Au retour de cette campagne, il fut élevé à la pairie. Il ne refusa pas le serment au gouvernement de Louis-Philippe, et resta à la Chambre haute jusqu'à sa mort.[Retour au Texte Principal]

Note 304: Ce que dit ici Chateaubriand, un des plus illustres serviteurs de la monarchie de Juillet le dira plus tard, à son tour: «C'eût été certainement un grand bien pour la France, a écrit M. Guizot, et, de sa part, un grand acte d'intelligence, comme de vertu politique, que sa résistance se renfermât dans les limites du droit monarchique et qu'elle ressaisît ses libertés sans renverser le gouvernement. On ne garantit jamais mieux le respect de ses propres droits qu'en respectant les droits qui les balancent; et, quand on a besoin de la monarchie, il est plus sûr de la maintenir que de la fonder.» M. Guizot ajoute: «La royauté de M. le duc de Bordeaux, avec M. le duc d'Orléans pour régent, eût été la solution la plus constitutionnelle et aussi la plus politique.» (Mélanges historiques et politiques, par M. Guizot, préface, p. XXIII.)[Retour au Texte Principal]

Note 305: Jean-François Jacqueminot, vicomte de Ham (1787-1865). Colonel sous l'Empire, et chargé, après Waterloo, de reconduire la brigade Wathier dans le Midi, il brisa son épée pour ne pas assister au licenciement de l'armée. Il se retira à Bar-le-Duc, où il fonda une filature, dans laquelle il plaça de vieux soldats de la République et de l'Empire. Député des Vosges au moment des journées de Juillet, il y prit une part active, et il fut nommé, après la retraite de La Fayette, maréchal de camp et chef d'état-major de la garde nationale parisienne. Lieutenant-général depuis 1837, créé vicomte par Louis-Philippe, il devint, en 1842, commandant supérieur de la garde nationale. Il l'était encore au 24 février 1848, et il vit alors cette même garde, dont il avait en 1830 applaudi la révolte, méconnaître ses ordres pour suivre les exemples qu'il avait lui-même autrefois donnés.[Retour au Texte Principal]

Note 306: Voyez ci-dessus la note 1 de la page 71.[Retour au Texte Principal]

Note 307: «Le général Pajol m'a dit à moi-même, peu de temps avant sa mort, que dans sa longue carrière militaire il ne s'était jamais cru si près de subir une défaite.» (Marcellus, Chateaubriand et son temps, p. 392.)[Retour au Texte Principal]

Note 308: «Durant le court intervalle du 3 au 7 août, dit M. Villemain, j'ai vu, chez Mme Récamier, M. de Chateaubriand sollicité par les prévenances d'un homme de grand nom et d'un esprit lettré, alors chevalier d'honneur de la duchesse d'Orléans: il s'agissait d'une visite au Palais-Royal. M. de Chateaubriand accepta.» (M. de Chateaubriand, sa vie et ses écrits, p. 493.)—Le chevalier d'honneur de la duchesse d'Orléans, dont Villemain ne donne pas ici le nom, jugeant sans doute ces menus détails indignes de la majesté de l'histoire, était M. Anatole de Montesquiou, deux fois nommé par Chateaubriand, qui n'avait pas les mêmes scrupules. L'auteur des Mémoires avait déjà eu occasion de parler de M. de Montesquiou. Voir plus haut pages 338 et 339 et la note 1 de la page 338.[Retour au Texte Principal]

Note 309: «Dans ces jours si pressés, dit M. Villemain, page 496, M. de Chateaubriand fut, encore une fois, appelé près de la duchesse d'Orléans, seule avec Mme Adélaïde, et il reçut d'elle l'offre directe de l'ambassade de Rome, avec le vœu le plus formel de la lui voir accepter, dans l'intérêt de la religion.»[Retour au Texte Principal]

Note 310: Louis-Clair, comte de Beaupoil de Sainte-Aulaire (1778-1854). Beau-frère de M. Decazes et député de 1815 à 1829, il combattit le ministère Villèle et accueillit avec faveur le ministère Martignac. À la mort de son père (19 février 1829), il entra à la Chambre des pairs. Absent au moment de la Révolution de Juillet, il revint en hâte à Paris; après quelques hésitations, il adhéra au gouvernement nouveau et reçut l'ambassade de Rome, puis celle de Vienne (1833) et enfin celle de Londres, qu'il occupa de 1841-1847. Auteur d'une remarquable Histoire de la Fronde (1827), il fut élu, le 7 janvier 1841, membre de l'Académie française. Il a laissé sur ses diverses ambassades des Mémoires, encore inédits; il en avait fait quelques lectures à l'Académie, et un bon juge, M. Désiré Nisard, les a caractérisés en ces termes: «Le style de ces Mémoires, précis comme le veut la langue des affaires, pesé et non compassé, comme doit l'être une conversation qui sera répétée; grave et élevé par moments comme l'histoire; familier et gracieux, comme les entretiens de politesse qui précèdent les discussions d'affaires, n'ajoutera pas peu aux titres de M. de Sainte-Aulaire comme écrivain.» (Réponse de M. Nisard au discours de réception de M. le duc Victor de Broglie.)[Retour au Texte Principal]

Note 311: Auxonne-Marie-Théodose, comte de Thiard de Bissy (1772-1852). Il était fils de Claude VIII de Thiard, comte de Bissy, lieutenant-général des armées du Roi, gouverneur des ville et château d'Auxonne, gouverneur du Palais-Royal, des Tuileries à Paris, l'un des quarante de l'Académie française. Il était neveu du comte de Thiard, commandant du roi en Bretagne en 1789, guillotiné le 26 juillet 1794. (Voir au tome I, la note 1 de la page 250.) Auxonne-Marie-Théodose émigra en 1791 et servit à l'armée de Condé jusqu'en 1799. Sous l'Empire, après avoir été employé par Napoléon dans ses armées et sa diplomatie, il fut disgracié en 1807 et vécut dans la retraite jusqu'en 1814. Après avoir été représentant aux Cent-Jours, il fut député de 1820 à 1834 et de 1837 à 1848. Quoique ancien émigré, quoique né au château des Tuileries, il ne cessa, sous la Restauration comme sous la monarchie de Juillet, de siéger à l'extrême-gauche.[Retour au Texte Principal]

Note 312: François Duris-Dufresne (1769-1837). C'était, lui aussi, un ancien officier. Après avoir fait partie du Corps législatif, de l'an XII à 1809, il entra, en 1827, à la Chambre des députés et vota avec le côté gauche. Il adhéra à la Révolution de Juillet et à l'avènement de Louis-Philippe; mais les événements le rejetèrent bientôt dans l'opposition dynastique. Réélu le 5 juillet 1831, il siégea cette fois à l'extrême-gauche, signa le compte rendu de 1832, et fut de ceux qui se récusèrent (1833) dans l'affaire du journal la Tribune. En 1834, il cessa de faire partie de la Chambre.[Retour au Texte Principal]

Note 313: Cormenin n'a point donné place à Chateaubriand dans son Livre des Orateurs, et il a eu raison, puisque aussi bien tous les discours de l'auteur du Génie du Christianisme sont des discours écrits. Il n'en reste pas moins que plusieurs de ces discours sont admirables; en particulier, celui du 7 août 1830, à la Chambre des pairs, ou encore celui sur la guerre d'Espagne, prononcé par Chateaubriand à la Chambre des députés le 25 février 1823.[Retour au Texte Principal]

Note 314: Le président de la Chambre des pairs était alors, et depuis le 4 août, le baron Pasquier. On lit dans ses Mémoires, t. VI, p. 331: «M. Pastoret ayant donné sa démission de chancelier et de président de la Chambre des pairs, il fallut pourvoir à son remplacement; le choix était tombé sur moi. Je pourrais dire que ce n'était pas une affaire de préférence, tous les membres de la Chambre en état de la présider se trouvant ou absents ou dans des positions qui ne permettaient pas de penser à eux. J'hésitai beaucoup avant d'accepter, mais la conservation de la Chambre des pairs était pour le pays de la plus haute importance. Je la savais menacée; cette considération me décida. Je pris possession du fauteuil à la séance du 4 août....»[Retour au Texte Principal]

Note 315: Le baron Louis.[Retour au Texte Principal]

Note 316: C'était toujours M. de Sémonville. Chateaubriand, qui ne le pouvait souffrir, disait un jour de lui à M. de Marcellus: «Souple à tous les régimes, il a passé du Sénat à la pairie héréditaire, puis déshéritée; peu lui importent les hommes, pourvu qu'il garde ses traitements. Populus me sibilat, at mihi plaudo....» Chateaubriand et son temps, p. 387.[Retour au Texte Principal]

Note 317: M. Dupont de l'Eure.[Retour au Texte Principal]

Note 318: Dans son itinéraire de Rambouillet à Cherbourg, le cortège royal, en traversant le val de Vire, passa non loin de la maison de Chênedollé, l'ami de Chateaubriand. Le généreux poète était sur la route, entouré de tous les siens, tenant à la main des branches de lis qu'ils offrirent au vieux roi prêt à quitter, pour ne plus les revoir, les rivages de la patrie: noble et touchante inspiration! Adieux de la Poésie à la Royauté sur le chemin de l'exil! Traduction vraiment française du vers de Virgile: Manibus date lilia plenis![Retour au Texte Principal]

Note 319: Ce fut le 16 août que Charles X s'embarqua à Cherbourg. Voir, à l'Appendice, le no V: Le Départ de Cherbourg.[Retour au Texte Principal]

Note 320: (Note. Paris, 3 décembre 1840.) Ch.[Retour au Texte Principal]

Note 321: Chateaubriand ne disait ici rien que de vrai. Ses correspondances diplomatiques sont des chefs-d'œuvre. Un juge autorisé, l'auteur de la Politique de la Restauration en 1822 et 1823, n'a rien exagéré, lorsqu'il a écrit: «Réunissez tout ce que nous font lire ici les Mémoires d'Outre-tombe, aux dépêches que l'Histoire du Congrès de Vérone et la Politique de la Restauration ont mises sous vos yeux, et vous aurez une sorte de manuel de l'art de la Négociation écrite. On ne rend pas encore une justice complète à la direction imprimée alors à la France par M. de Chateaubriand, à cette correspondance intime qu'il adressait, toute de sa main, aux quatre coins de l'Europe; enfin à son action personnelle toujours mise en avant et à la place de l'action de ses collaborateurs subalternes: l'exercice sans doute en a été trop court, ou peut-être l'éclat de ses œuvres littéraires a-t-il fait pâlir cette part de sa renommée; mais, en la signalant à nos jeunes successeurs, qui fréquentent aujourd'hui le vestibule du métier, les archives des Affaires étrangères, nous ne nous lasserons pas de leur dire que nul athlète, dans les temps modernes, n'a tenu d'une main plus ferme et porté plus avant les armes du combat politique et le sceptre de la diplomatie.» (M. de Marcellus, Chateaubriand et son temps, p. 395.)[Retour au Texte Principal]

Note 322: Voyez les lettres et dépêches des diverses cours, dans le Congrès de Vérone; consulter aussi l'Ambassade de Rome. Ch.[Retour au Texte Principal]

Note 323: Ce livre a été écrit à Paris et à Genève, d'octobre 1830 à juin 1832.[Retour au Texte Principal]

Note 324: Cette page et celles qui vont suivre ont été écrites au mois d'avril 1831.[Retour au Texte Principal]

Note 325: Les Études historiques.[Retour au Texte Principal]

Note 326: Le procès des ministres devant la Cour des pairs, commencé le mercredi 15 décembre 1830, se termina le mardi 21 décembre. L'arrêt condamnait le prince de Polignac à la prison perpétuelle sur le territoire continental du royaume, le déclarait déchu de ses titres, grades et ordres, le déclarait en outre mort civilement et soumis à tous les autres effets de la peine de la déportation.—MM. de Peyronnet, de Chantelauze et de Guernon-Ranville étaient condamnés à la prison perpétuelle.[Retour au Texte Principal]

Note 327: Le sac de Saint-Germain-l'Auxerrois et le pillage de l'Archevêché eurent lieu les 14 et 15 février 1831.—Voir, à l'Appendice, le no VI: le Sac de Saint-Germain l'Auxerrois.[Retour au Texte Principal]

Note 328: M. Cadet de Gassicourt, sur lequel Chateaubriand aura tout à l'heure occasion de revenir et qu'il s'est chargé de rendre immortel, à l'égal de son prédécesseur, Monsieur Purgon.[Retour au Texte Principal]

Note 329: Les caricaturistes et les petits journaux, en l'an de grâce 1831, avaient fait du bossu Mayeux le type grotesque de notre versatilité politique, et ils avaient mis sur son dos toutes les bévues, tous les ridicules du bourgeois de Paris, tel du moins qu'il leur plaisait de le voir. D'après eux, né le 14 juillet 1789, à Paris, pendant que son père était occupé à la prise de la Bastille, il s'était successivement appelé Messidor-Napoléon-Louis-Charles-Philippe Mayeux, selon les noms des divers régimes qu'il avait, tour à tour, épousés ou répudiés. Jusqu'en 1830, il n'avait pas fait beaucoup parler de lui, mais le soleil de Juillet l'avait enfin mis dans tout son jour. Peu de temps auparavant, il avait reçu un outrage, que la lithographie avait rendu public et dont il s'était promis de tirer vengeance. Un grenadier à cheval de la garde royale, haut monté sur ses bottes à l'écuyère, ne l'avait pas aperçu derrière une borne, et avait ri de lui, lorsqu'il s'était écrié: «Prenez donc garde, militaire, il y a un homme devant vous.» Aussi, dès le 27 juillet, Mayeux était descendu des premiers dans la rue; sur sept gendarmes tués ce jour-là, il en avait à lui seul abattu quarante. Sa gloire depuis ce moment ne connut plus de bornes, et ses succès ne se comptèrent plus. C'est à cette époque qu'il faut placer toutes ces aventures galantes, que les dessinateurs ont fort indiscrètement révélées. Ce fut là son bon temps, ce qu'il se plaisait lui-même, car il savait un peu d'histoire, à nommer sa Régence. Mais sa véritable occupation était la politique, l'entreprise volontaire et gratuite de l'opinion publique. Pendant un an, Paris ne vit, se parla, ne pensa, ne jura surtout, que par Mayeux. Mayeux était partout à la fois, avec l'émeute et contre elle, ici avec un chapeau verni, là avec un bonnet à poil, tour à tour républicain, bonapartiste, juste-milieu. Il ne lui manquait, avec cela, que d'être carliste; mais il n'en voulait point entendre parler, fidèle à son ressentiment contre le grenadier à cheval de la garde royale. Mayeux était garde national; c'est ce qui l'a tué. Un jour, il fut, tout d'une voix, rayé des contrôles comme coupable de faire rire les bisets sous les armes. Il mourait de douleur et de honte, quelques semaines après, le 23 décembre 1831. Telle est du moins la date que nous donne M. Bazin dans son très spirituel chapitre sur Mayeux, un vrai bijou, et qui seul suffirait à sauver de l'oubli les deux piquants volumes publiés en 1833, sons ce titre: L'Époque sans nom, par le futur historien de Louis XIII et du cardinal Mazarin.[Retour au Texte Principal]

Note 330: La brochure de Chateaubriand parut le 24 mars 1831.[Retour au Texte Principal]

Note 331: Voir, à l'Appendice, le no VII: Chateaubriand et le Journal du maréchal de Castellane.[Retour au Texte Principal]

Note 332: Études et discours historiques sur la chute de l'Empire romain, la naissance et les progrès du Christianisme, et l'invasion des Barbares; suivis d'une Analyse raisonnée de l'histoire de France. 4 vol. in-8o. Les Études historiques parurent le 4 avril 1831.[Retour au Texte Principal]

Note 333: Le départ de Chateaubriand pour la Suisse eut lieu le 16 mai 1831; il arriva à Genève le 23 mai.[Retour au Texte Principal]

Note 334: Ceci se rapporte à ma carrière littéraire et à ma carrière politique laissées en arrière, lacunes qui sont maintenant comblées par ce que je viens d'écrire dans ces dernières années, 1838 et 1839. (Paris, note de 1839.) Ch.[Retour au Texte Principal]

Note 335: Hyacinthe a l'habitude de copier, presque malgré moi, mes lettres et celles qu'on m'adresse, parce qu'il prétend avoir remarqué que j'étais souvent attaqué par des personnes qui m'avaient écrit des admirations sans fin et qui s'étaient adressées à moi pour des demandes de service. Quand cela arrive, il fouille dans des liasses à lui seul connues, et, comparant l'article injurieux avec l'épître louangeuse, il me dit: «Voyez-vous, monsieur, que j'ai bien fait!» Je ne trouve pas cela du tout: je n'attache ni la moindre foi ni la moindre importance à l'opinion des hommes; je les prends pour ce qu'ils sont et je les estime pour ce qu'ils valent. Jamais je ne leur opposerai pour mon compte ce qu'ils ont dit publiquement de moi et ce qu'ils m'ont dit en secret; mais cela divertit Hyacinthe. Je n'avais point de copie de mes lettres à Madame Récamier; elle a eu la bonté de me les prêter. (Note de Paris, 1836.) Ch.[Retour au Texte Principal]

Note 336: Cette lettre à Madame Récamier et celles qui vont suivre sont exactement conformes aux originaux. «Les lettres, dit Mme Lenormant, que M. de Chateaubriand, pendant son séjour en Suisse, écrivit à Madame Récamier, ont été imprimées dans les Mémoires d'Outre-tombe. Nous les avons collationnées sur les originaux, et, cette fois, nous les trouvons reproduites avec une fidélité scrupuleuse.» Souvenirs et Correspondance tirés des papiers de Madame Récamier, t. II, p. 396.[Retour au Texte Principal]

Note 337: Ce «personnage singulier» était le célèbre chanteur Elleviou (1772-1842), qui avait jadis fait merveille, sous le Consulat et l'Empire, au Théâtre Feydeau. Il s'était, dès 1813, retiré aux environs de Lyon, où il se livrait à l'agriculture. Il était breton comme Chateaubriand, étant né à Rennes, où son père était chirurgien.—Une des pièces où il avait eu le plus de succès était Maison à vendre, opéra-comique d'Alexandre Duval pour les paroles, et de Dalayrac pour la musique. À la seconde représentation de cette pièce, Alexandre Duval (encore un breton) avait réuni dans sa loge quelques amis, parmi lesquels le peintre Carle Vernet, aussi célèbre par ses calembours que par ses tableaux. On arrivait à la fin de la pièce, et Vernet ne s'était pas encore déridé, «Qu'avez-vous donc, lui dit l'auteur, et pourquoi faire ainsi grise mine?» Et Carle Vernet de répondre d'un ton bourru: «Eh bien! oui, je suis furieux. Vous m'annoncez une Maison à vendre et je ne vois qu'une pièce à louer[Retour au Texte Principal]

Note 338: L'écriture de Madame Récamier n'avait pas de peine à être plus petite que celle de Chateaubriand, lequel écrivait en caractères d'un demi-pouce de haut, et comme s'il n'y avait que des majuscules dans l'alphabet.[Retour au Texte Principal]

Note 339: Cousin de Benjamin Constant.[Retour au Texte Principal]

Note 340: Albertine-Adrienne Necker de Saussure (1766-1841), fille du célèbre naturaliste H.-B. de Saussure et cousine de Madame de Staël. Elle a publié en 1820 une Notice sur le caractère et les écrits de Mme de Staël. Son principal ouvrage, l'Éducation progressive, ou Étude du cours de la vie (3 vol. in-8o) a été couronné en 1839 par l'Académie française.[Retour au Texte Principal]

Note 341: Il s'agit ici de Delphine Gay, qui venait d'épouser Émile de Girardin.[Retour au Texte Principal]

Note 342: Nom d'un quartier de Genève. Les Pâquis s'étendent sur la rive droite du lac, de la rue du Mont-Blanc à peu près à la route de Lausanne.[Retour au Texte Principal]

Note 343: Voir, à l'Appendice, le no VIII: Lettres de Genève.[Retour au Texte Principal]

Note 344: Alexandre-César, comte de Lapanouze (1764-1836). Capitaine de vaisseau à l'époque de la Révolution, il donna sa démission et se vit complètement ruiné. Il fonda à Paris, sous la seconde Restauration, une maison de banque qui devint bientôt l'une des plus importantes de la capitale. Député de la Seine de 1823 à 1827, il soutint le ministère Villèle et prit part à toutes les discussions financières et économiques. Nommé pair de France, le 5 novembre 1827, il se retira dans sa terre de Tiregant (Dordogne), après les événements de Juillet, la Charte de 1830 ayant annulé les nominations à la pairie faites par Charles X.[Retour au Texte Principal]

Note 345: Christine Trivulzio, princesse de Belgiojoso (1808-1871). Elle se fixa de bonne heure à Paris, où elle se fit remarquer par sa beauté, son esprit, l'indépendance de ses opinions, et aussi l'indépendance de sa vie. Elle devint l'amie de plusieurs écrivains célèbres, particulièrement d'Alfred de Musset et de M. Mignet. En 1848, elle se jeta avec ardeur dans le mouvement révolutionnaire, courut à Milan qui venait de s'insurger, et leva à ses frais un bataillon de volontaires. Douée d'un véritable talent d'écrivain, elle a publié de nombreux ouvrages: Asie Mineure et Syrie; Emina, récits turco-asiatiques; Scènes de la vie turque; Histoire de la maison de Savoie, etc. S'il faut en croire Balzac (Revue parisienne, p. 333), Stendhal, dans la Charmeuse de Parme, aurait tracé, d'après la princesse de Belgiojoso, le portrait de son héroïne, la duchesse de San-Severino.[Retour au Texte Principal]

Note 346: Armand Carrel avait publié dans la Revue française, (mars et mai 1828) de remarquables articles sur l'Espagne et la guerre de 1823, où étaient racontées, non sans éloquence, la campagne de Mina en Catalogne et les aventures de la Légion libérale étrangère.[Retour au Texte Principal]

Note 347: Cette passion, à laquelle fait ici allusion Chateaubriand changea peut-être le cours de la vie de Carrel. Au lendemain de la révolution de Juillet, le 29 août 1830, il fut nommé préfet du Cantal. Il refusa, non qu'il fût républicain à cette date, mais parce que sa liaison avec une femme mariée, dont il ne se voulait pas séparer, lui rendait impossible l'acceptation de fonctions publiques en province.[Retour au Texte Principal]

Note 348: Armand-François-Bon-Claude, comte de Briqueville (1785-1844). Né à Bretteville (Manche), il descendait d'une famille de vieille noblesse normande. Son père, l'un des lieutenants de Frotté, avait été fusillé par les républicains, le 29 mai 1796, dans des circonstances particulièrement tragiques. Madame de Briqueville, qui avait été, avec Madame de Loménie, sa cousine, la première femme du grand monde, à profiter des lois sur le divorce, fit donner à son fils une éducation républicaine. Il servit avec distinction sous l'Empire. Aux Cent-Jours, colonel du 20e dragons, il eut une grande part à la victoire de Ligny. Après Waterloo, comme il revenait à Paris, il rencontra près de Versailles une colonne de cavalerie prussienne: il fondit sur elle, tua un grand nombre d'ennemis, et eut lui-même la tête fendue d'un coup de sabre, et le poignet presque enlevé. Il prit alors sa retraite, fut mêlé à plusieurs complots bonapartistes des premières années de la Restauration, et en 1827, fut élu député de Valognes. Réélu le 23 juin 1830, il applaudit à la révolution de Juillet, et déposa, dans la séance du 14 septembre 1831, une proposition relative au bannissement de Charles X et de sa famille. Lorsque la duchesse de Berry fut arrêtée, il s'empressa de demander, au nom de l'égalité devant la loi, sa mise en jugement. Jusqu'à la fin, le comte de Briqueville resta fidèle à sa haine contre les Bourbons.[Retour au Texte Principal]

Note 349: La lettre de Chateaubriand à M. de Béranger, publiée en tête de la brochure sur la proposition Briqueville, est en date du 24 septembre 1831.[Retour au Texte Principal]

Note 350: La brochure de Chateaubriand parut le 31 octobre 1831.[Retour au Texte Principal]

Note 351: M. Barthélemy a passé depuis au juste-milieu, non sans force imprécations de beaucoup de gens qui se sont ralliés seulement un peu plus tard. (Note de Paris, 1837.) Ch.[Retour au Texte Principal]

Note 352: Les vers de Barthélemy parurent le 6 novembre 1831. Ils forment la XXXIe livraison de la Némésis. Pendant toute une année, du 1er mars 1831 au 1er avril 1832, Barthélemy soutint cette gageure de publier chaque semaine une satire politique de plusieurs centaines de vers, tous d'une facture irréprochable et d'une richesse de rimes que Victor Hugo lui-même ne devait pas dépasser. Rarement a-t-on mis plus beau talent au service d'opinions plus détestables.[Retour au Texte Principal]

Note 353: L'auteur de Némésis, en effet, n'avait pas ménagé les éloges au chantre des Martyrs:

Le monde des beaux-arts, à peine renaissant,
Se débattait encor dans son limon de sang;
Ce chaos attendait ta parole future;
Tu dis le Fiat lux de la littérature.....
Autour de ton soleil, roi de l'immensité,
Mon obscure planète a longtemps gravité.

Et plus loin venait cette apostrophe à la vague de l'Archipel:

Car depuis l'âge antique où, sur toutes ces mers,
Homère allait semant ses héroïques vers,
Jamais tu ne portas de Corinthe en Asie
Un homme, un voyageur, plus grand de poésie[Retour au Texte Principal]

Note 354: Voir l'Appendice no IX: La NÉMÉSIS de Barthélemy, Chateaubriand, Lamartine et Balzac.[Retour au Texte Principal]

Note 355: La Conspiration de la rue des Prouvaires. Dans le procès auquel donna lieu cette affaire, et dont il sera parlé dans la note suivante, des noms considérables retentirent, tels que ceux du maréchal Victor, duc de Bellune, du duc de Rivière, du baron de Mestre, des comtes de Fourmont, de Brulard et de Floirac, de la comtesse de Sérionne.[Retour au Texte Principal]

Note 356: La conspiration de la rue des Prouvaires ne laissa pas d'être assez sérieuse. Les conjurés étaient au nombre d'environ trois mille. L'argent ne leur manquait pas, ni le courage. Ils comptaient des complices jusque dans la domesticité du château; ils étaient en possession de cinq clefs ouvrant les grilles du jardin des Tuileries, et l'entrée du Louvre leur était promise. Un grand bal devait avoir lieu à la Cour dans la nuit du 1er au 2 février 1832. Les conjurés choisirent cette nuit-là pour mettre leur complot à exécution. Il fut convenu que les uns se réuniraient par détachements sur divers points de la capitale, pour partir de là, au signal convenu, et marcher vers le château, tandis que, se glissant dans l'ombre des ruelles qui conduisent au Louvre, les autres pénétreraient dans la galerie des tableaux, feraient irruption dans la salle de bal et, grâce au désordre de cette attaque imprévue, s'empareraient de la famille royale. Des marrons, espèces de petites bombes, auraient été lancés au milieu des voitures stationnant aux portes du palais; des chevalets, morceaux de bois, garnis de pointes de fer, auraient été semés sous les pieds des chevaux; enfin, on se croyait en droit d'espérer que des pièces d'artifice seraient disposées dans la salle de spectacle, de manière à pouvoir, en mettant le feu à la charpente, augmenter la confusion. Les principaux conjurés devaient se réunir, à onze heures du soir, en armes, chez un restaurateur de la rue des Prouvaires, au numéro 12 de cette rue. Ils y étaient rassemblés, au nombre d'une centaine, lorsque tout à coup la rue se remplit de gardes municipaux et de sergents de ville, qui, malgré la résistance des chefs du complot et de leurs hommes, purent procéder à leur arrestation. Le procès s'ouvrit, devant la Cour d'assises de la Seine, le 5 juillet 1832. Les accusés étaient au nombre de soixante-six, dont onze contumaces, et les débats ne remplirent pas moins de dix-huit audiences. L'arrêt fut rendu le 25 juillet. Six accusés furent condamnés à la peine de la déportation; douze à cinq ans de détention; quatre à deux années, et cinq à une année d'emprisonnement. Tous les autres étaient acquittés. Parmi les condamnés à la détention, se trouvait M. Piégard Sainte-Croix, royaliste ardent, dont la fille, carliste comme son père, épousera plus tard le célèbre écrivain socialiste P.-J. Proudhon.[Retour au Texte Principal]

Note 357: Louis Poncelet, dit Chevalier, âgé de 27 ans, cordonnier. Il fut le vrai chef du complot, et fit preuve, en toute cette affaire, de rares qualités d'intelligence, d'énergie et d'audace. Dans le procès, il se fit remarquer, entre tous, par la loyauté de ses réponses, habile à ne pas compromettre ses complices et peu occupé de ses propres périls. Il fut condamné à la peine de la déportation.[Retour au Texte Principal]

Note 358: J'ai repris quelques passages de la longue lettre pour les placer dans mes Explications sur mes 12,000 francs; et depuis, dans mon Mémoire sur la captivité de Madame la duchesse de Berry. Ch.[Retour au Texte Principal]

Note 359: Dans son admirable roman, I Promessi Sposi.[Retour au Texte Principal]

Note 360: Histoire de la Régence, par Lemontey, de l'Académie française.[Retour au Texte Principal]

Note 361: Après avoir ravagé l'Asie, puis la Russie, la Pologne, la Bohême, la Galicie, l'Autriche, le choléra, passant par-dessus l'Europe occidentale, s'était abattu sur l'Angleterre. Le 12 février, il s'était déclaré à Londres, d'où il ne devait disparaître que dans les premiers jours de mai. Le 15 mars, il était signalé à Calais. Le 26 mars, il atteignait à Paris, dans la rue Mazarine, sa première victime. L'épidémie ne devait prendre fin que le 30 septembre. Sa durée totale avait été de cent quatre-vingt-neuf jours, pendant lesquels le chiffre des morts atteints du choléra s'éleva à 18,406. La population de Paris n'était alors que de 645,698 âmes; le nombre des décès fut donc de plus de 23 pour 1000 habitants. Le chiffre de 18,406 s'appliquant aux seuls décès administrativement constatés, le chiffre réel a dû être plus élevé; car, au sein de la confusion générale, au milieu du désespoir de tant de familles, toutes les déclarations n'ont pas dû être faites, et il y a eu sans nul doute beaucoup d'omissions involontaires.—Voir, dans l'Époque sans nom, de M. A. Bazin (1833), tome II, pages 251-275, le chapitre sur le Choléra-morbus.[Retour au Texte Principal]

Note 362: La lettre de M. de Bondy, en date du 16 avril 1832, était ainsi conçue:

«Monsieur le vicomte,

«Je regrette de ne pouvoir accepter, au nom de la Ville de Paris, les 12000 francs que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser. Dans l'origine des fonds que vous offrez, on verrait, sous une bienfaisance apparente, une combinaison politique contre laquelle la population parisienne protesterait tout entière par son refus.

«Je suis, etc.

«Le préfet de la Seine,

«Comte de Bondy[Retour au Texte Principal]

Note 363: Le Constitutionnel annonça que M. Berger, maire du 2e arrondissement avait proposé à l'envoyé de la princesse, ancien aide de camp du duc de Berry, de donner les 1000 francs offerts au nom de la duchesse à la veuve d'un combattant de Juillet, mère de trois enfants, à qui ce secours serait bien utile. L'envoyé que le Constitutionnel transformait ainsi en aide de camp du duc de Berry n'était autre que le brave Hyacinthe Pilorge, le secrétaire de Chateaubriand. Pilorge écrivit aussitôt à la Quotidienne:

«Paris, ce 20 avril 1832.

«Monsieur,

«M. de Chateaubriand, bien que malade, s'occupe en ce moment d'une réponse générale relative au don de Madame la duchesse de Berry; cette réponse paraîtra incessamment. En attendant, je dois à la vérité de dire que M. le Maire du 2e arrondissement ne m'a point présenté la veuve d'un combattant de Juillet et ne m'a point proposé de lui donner les 1000 francs; il les a seulement refusés, voilà tout. M. de Chateaubriand me charge d'ajouter que si la veuve du Constitutionnel veut bien se donner la peine de passer chez lui, il est prêt à lui faire part de la bienfaisance de la mère du duc de Bordeaux. Vous voyez, monsieur, que je n'ai pas l'honneur d'avoir été l'aide de camp de M. le duc de Berry, que je ne suis que le pauvre et fidèle secrétaire d'un homme aussi pauvre et aussi fidèle que moi.

«Recevez, je vous prie, monsieur, l'assurance de ma considération très distinguée.

«Hyacinthe Pilorge[Retour au Texte Principal]

Note 364: Chateaubriand a commis ici une confusion entre les deux Cadet de Gassicourt, le père et le fils. C'est Cadet le père, né en 1769, mort en 1831, qui a fait des petits vers, composé des vaudevilles et écrit contre Chateaubriand et Mme de Staël deux petits pamphlets: Saint-Géran, ou la Nouvelle langue française (1807) et la Suite de Saint-Géran, ou Itinéraire de Lutèce au Mont-Valérien (1811).—Le Cadet de Gassicourt de 1832, la maire du 4e arrondissement, était le fils du précédent. Il était né en 1789 et mourut en 1861.[Retour au Texte Principal]

Note 365: La proclamation de M. Cadet de Gassicourt fut affichée sur les murs de Paris le 4 avril 1832. Voici quelques extraits de cette pièce, où l'odieux le dispute au ridicule et qui était une véritable excitation à l'égorgement des Carlistes:—«Les agents de ceux que vous avez chassés se glissent au milieu du peuple et le poussent à la révolte, pour venger la défaite de Charles X et le ramener de son exil, avec son petit-fils, sous la protection des baïonnettes étrangères et à la faveur de la guerre civile. S'il est des empoisonneurs, ce ne peuvent être que les incendiaires de la Restauration; s'il est des misérables qui, soit par des crimes, soit par des calomnies atroces, cherchent à organiser le désordre et à exploiter un déplorable fléau, ce sont les alliés des chouans, des assassins de l'Ouest et du Midi. Quelle joie, quel triomphe pour eux, s'ils parvenaient à déchirer le sein de la France par la main des Français! Vous les verriez bientôt rentrer sur vos cadavres, à la tête des Verdets et à la suite des hordes barbares, arracher le drapeau tricolore, le remplacer par le drapeau blanc et par la croix des missionnaires! C'est ainsi qu'ils ont nourri de tout temps leurs trames....»—Puis, après avoir évoqué ces deux autres spectres, le «milliard de l'indemnité» et le «fer des Suisses», le maire du 4e arrondissement terminait en disant: «Citoyens, défiez-vous de vos anciens tyrans, qui sont habiles à prendre tous les moyens et ne rougissent pas d'avoir pour auxiliaire un horrible fléau!»[Retour au Texte Principal]

Note 366: M. Cadet de Gassicourt était devenu, on le pense bien, la bête noire des feuilles royalistes, et en particulier de la Mode. La très spirituelle Revue lui consacra un jour ce bout d'article, que Chateaubriand avait peut-être sur sa table au moment où il écrivait cette page des Mémoires:—«Un jour, disait la Mode,—M. Cadet, le père, eut un fils, celui-là même qui nous occupe. Ce fils avait peine à pousser; plante étiolée, bonne, au plus, à mettre dans un bocal. Le fils de M. Cadet faisait le désespoir de ses grands parents: «Cadet, lui disaient-ils, tu ne seras jamais un homme!...» Cela faisait pleurer le petit Cadet. Mais en vain s'étirait-il les membres pour s'allonger, court il resta, le pauvre gas!... On eut beau faire, on eut beau dire, petit Cadet ne devint pas grand; tant qu'à la fin, le père Cadet, emporté par la douleur, s'écria: «Grand Dieu! pourquoi m'avez-vous donné un gas si court?»—Ainsi se lamentait le père, lorsqu'une pratique entra. On sait quelles étaient, à cette époque, les fonctions d'un apothicaire.... La pratique s'inclina ... le jeune Cadet se mit en besogne. «Loué soit Dieu, qui m'a donné un gas si court, dit alors le père, le voilà juste à la hauteur du visage....» La pratique se retira satisfaite, et le gas si court garda son surnom.—Depuis, M. Cadet-Gassicourt n'a pas grandi d'un demi-pied, et il est toujours à hauteur de visage[Retour au Texte Principal]

Note 367: Mgr de Quélen.[Retour au Texte Principal]

Note 368: Les funérailles du général Lamarque eurent lieu le 5 juin 1832. Les membres des sociétés secrètes, les écoles, les condamnés politiques, l'artillerie de la garde nationale, les réfugiés étrangers s'y étaient donné rendez-vous. Au signal donné par un drapeau rouge, les républicains désarmèrent des postes, élevèrent des barricades, pillèrent l'Arsenal et les boutiques, mais ils ne purent entraîner ni les ouvriers ni la garde nationale. Le général Lobeau, à la tête de forces sérieuses, balaya les grandes avenues et cerna l'insurrection entre le marché des Innocents et le faubourg Saint-Antoine. Le 6 au matin, elle était réduite à l'impuissance et abandonnée par ses propres chefs; la journée n'en fut pas moins meurtrière, surtout au cloître Saint-Merry et dans la rue des Arcis.[Retour au Texte Principal]

Note 369: Une ordonnance royale en date du 6 juin 1832 avait déclaré la mise en état de siège de la ville de Paris.[Retour au Texte Principal]

Note 370: La duchesse de Berry, le 24 avril 1832, partit de Massa sur un bateau à vapeur sarde qu'elle avait frêté, le Carlo-Alberto; elle relâcha à Nice, se remit en mer et arriva le 28 dans les eaux de Marseille. Elle était accompagnée du maréchal de Bourmont, du comte de Kergorlay, du vicomte de Saint-Priest, de MM. Emmanuel de Brissac, de Mesnard, Adolphe Sala, Édouard Led'huy, du vicomte de Kergorlay, de Charles et d'Adolphe de Bourmont, d'Alexis Sabbatier, du subrécargue Ferrari, et de mademoiselle Mathilde Le Beschu. Elle débarqua la nuit, par une mer houleuse, sur un des points les plus dangereux de la côte. Cachée dans la maison d'un garde-chasse, M. Maurel, elle attendit le résultat du mouvement projeté à Marseille. À quatre heures de l'après-midi, le 30, MM. de Bonrecueil, de Bermond, de Lachaud et de Candoles, qui s'étaient échappés de la ville, arrivèrent porteurs de ce billet: «Le mouvement a manqué, il faut sortir de France.»[Retour au Texte Principal]

Note 371: M. Alban de Villeneuve-Bargemont. Il s'était muni d'un passeport pour lui, sa femme et un domestique: la princesse joua le rôle de Mme de Villeneuve. Le domestique était le comte, depuis duc de Lorges.[Retour au Texte Principal]

Note 372: Après avoir passé neuf jours, du 7 au 16 mai, au château de Plassac, à quelques lieues de Blaye, chez M. le marquis de Dampierre, elle arriva, le 17, au château de la Preuille, près de Montaigu (Vendée). Le château de la Preuille appartenait au colonel de Nacquart.[Retour au Texte Principal]

Note 373: Il y avait beaucoup de vrai dans le mot du capitaine. Le plus récent historien de la duchesse de Berry, M. Imbert de Saint-Amand, nous la montre au château d'Holyrood, en Écosse, évoquant les souvenirs des Stuarts, jeune, vaillante, enthousiaste, la tête pleine de projets, le cœur plein d'espérances; et il ajoute: «Les romans et l'histoire, qui est le roman écrit par Dieu, avaient exalté l'imagination de la vaillante princesse. Les souvenirs de Marie Stuart, d'Henri IV, du prétendant Charles-Édouard se croisaient dans son esprit avec les inventions de Walter Scott. Comme Marie Stuart, elle voulait, en risquant sa vie, lutter contre la fortune et affronter tous les dangers; comme son aïeul le Béarnais, elle voulait avoir ses victoires d'Arques et d'Ivry. Comme Charles-Édouard, elle voulait tenter une expédition insensée à force d'audace. Édimbourg, patrie du grand romancier, son auteur favori, lui remémorait toutes les fictions dont elle avait été charmée. Elle songeait aux prouesses jacobites de Diana Vernon, d'Alice Lee, et de Flora Mac-Ivor.» (La duchesse de Berry en Vendée, p. 35.)—L'historien de la Monarchie de Juillet, M. Thureau-Dangin, écrit, de son côté: «Pour beaucoup des partisans de la duchesse de Berry, il s'agissait moins d'exécuter un dessein politique mûrement médité que de transporter en pleine France bourgeoise de 1830 une chevaleresque aventure, quelque chose comme la mise en action d'un récit de Walter Scott, qui régnait alors souverainement sur toutes les têtes romanesques. Un peu plus tard, quand Madame se trouvait en Vendée, un royaliste disait aux politiques du parti, fort embarrassés et mécontents de cette équipée: «Messieurs, faites pendre Walter Scott, car c'est lui le vrai coupable.» (Thureau-Dangin, t. II.).[Retour au Texte Principal]

Note 374: Ce n'est pas à Quimper, mais à Vannes, que Berryer devait aller plaider un procès, celui du commandant Guillemot, prévenu de chouannerie, et traduit de ce chef devant la cour d'assises du Morbihan. L'affaire du commandant Guillemot était fixée au 12 juin.[Retour au Texte Principal]

Note 375: Voir à l'Appendice, le no X: La duchesse de Berry en Vendée.[Retour au Texte Principal]

Note 376: M. de Saint-Aignan.[Retour au Texte Principal]

Note 377: Berryer devait quitter non seulement la ville de Nantes, mais la France, et se rendre aux eaux d'Aix-en-Savoie, en suivant l'itinéraire ci-après, visé sur son passeport: Bourbon-Vendée, Luçon, La Rochelle, Rochefort, Saintes, Angoulême, Clermont, Montbrison, Le Puy, Lyon et Pont-de-Beauvoisin.[Retour au Texte Principal]

Note 378: Voici le procès-verbal de son arrestation: «L'an 1832, le 7 juin, vers une heure du matin; Nous, Martin (Édouard-Louis), brigadier; Calmus (Napoléon), Durand (Jean-Baptiste) et Jeannot (Joseph), gendarmes à cheval, en résidence à Angoulême (Charente), soussignés, certifions qu'en vertu des ordres de nos chefs supérieurs, nous nous sommes transportés sur la route qui conduit de cette ville à celle de Cognac, pour rechercher et arrêter le nommé Berryer, député; l'ayant rencontré, nous nous sommes assurés de sa personne, l'avons conduit devant M. le préfet de la Charente, lequel nous a délivré un réquisitoire pour le conduire de brigade en brigade devant M. le préfet de la Loire-Inférieure, à Nantes.

«Fait et clos à Angoulême, les jour, mois et an que dessus.

«Calmus, Martin, Durand[Retour au Texte Principal]

Note 379: Ministre de l'intérieur.[Retour au Texte Principal]

Note 380: Ce livre fut écrit de juillet 1832 à avril 1833;—à Paris d'abord, de fin juillet au 8 août 1832;—puis à Bâle, à Lucerne, à Lugano (août-octobre 1832), et enfin à Paris (de janvier à avril 1833).[Retour au Texte Principal]

Note 381: John Fraser Frisell appartenait à une vieille famille d'Écosse. À dix-huit ans, après de brillantes études à l'Université de Glasgow, il était venu chez nous par simple curiosité, pour voir la Révolution. Arrêté et jeté en prison à Dijon pendant la Terreur, il ne recouvra la liberté qu'après le 18 brumaire. Le premier Consul autorisa le jeune Frisell, comme savant, à résider sur le continent, au moment où tous les Anglais y étaient suspects; ce séjour se prolongea si bien qu'il resta presque toujours en France, au grand déplaisir de sa famille. La France et l'Italie furent ses séjours de prédilection. Il écrivait beaucoup, mais on n'a de lui qu'un seul ouvrage: De la Constitution de l'Angleterre, remarquablement écrit en français; de tout le reste de ses œuvres, il ne voulut rien publier. Il connut, sous l'Empire, M. et Mme de Chateaubriand, et ne cessa de leur rester très attaché jusqu'à sa mort, qui précéda de peu celle de ses deux vieux amis. Il mourut à Torquay, en Devonshire, au mois de février 1846: quelques semaines avant sa fin, il s'était converti au catholicisme. Voyez, dans le Correspondant du 25 septembre 1897, l'article de M. J. Fraser, Un ami de Chateaubriand.[Retour au Texte Principal]

Note 382: Il y a ici une petite erreur. Chateaubriand, ainsi que ses amis Hyde de Neuville et Fitz-James, fut arrêté le 16 juin. On trouve tous les détails de son arrestation dans les journaux du 17. Hyde de Neuville (t. III, p. 474) donne bien la vraie date, celle du 16. Il est d'ailleurs probable que la date du 20, dans les Mémoires d'Outre-tombe, est une faute de copiste. Chateaubriand, qui, dans tout le cours de ses Mémoires, n'a pas une seule fois erré sur les dates, a dû ici d'autant moins se tromper qu'il a écrit le récit de son arrestation au lendemain même de l'événement, au mois de juillet 1832.—Voir l'Appendice, no XI: l'Arrestation de Chateaubriand.[Retour au Texte Principal]

Note 383: M. Gisquet.[Retour au Texte Principal]

Note 384: Frédéric Benoît, fils du juge de paix de Vouziers, âgé de 19 ans, avait été condamné à la peine de mort, comme parricide, par la Cour d'Assises de la Seine, la veille même de l'arrestation de Chateaubriand, le 15 juin 1832. Il avait assassiné sa mère dans la nuit du 8 au 9 novembre 1829, et son ami Alexandre Formage, âgé de 17 ans, fils d'un marchand de vin de la Villette, le 21 juillet 1831. Il avait eu pour défenseur Me Crémieux. Chaix-d'Est-Ange, avocat de la partie civile, avait prononcé contre Benoît un admirable réquisitoire.[Retour au Texte Principal]

Note 385: Richard Lovelace, né en 1618, à Woolwich (Kent), d'une famille riche, brilla quelque temps à la cour de Charles I par sa beauté, sa galanterie et son esprit; sacrifia toute sa fortune pour la cause royale et fut emprisonné à Londres. Après sa mise en liberté, il entra au service de la France avec le grade de colonel, revint en Angleterre et y mourut dans la misère en 1658. Il avait composé pendant sa captivité, un recueil de poèmes lyriques intitulé Lucasta. Il a aussi écrit quelques pièces de théâtre. Son style est élégant, quoique négligé.[Retour au Texte Principal]

Note 386: Voir l'Appendice no XII: Jeune fille et jeune fleur.[Retour au Texte Principal]

Note 387: M. Nay allait devenir le gendre de M. Gisquet.[Retour au Texte Principal]

Note 388: Pour les détails de l'arrestation de M. Hyde de Neuville voy. ses Mémoires et Souvenirs, t. III, p. 494 et suivantes.[Retour au Texte Principal]

Note 389: Ancien forçat, devenu chef de la police de sûreté.[Retour au Texte Principal]

Note 390: Louis-Henri Desmortiers, né à Morestais (Charente-Inférieure). La Restauration l'avait nommé conseiller à la Cour de Paris; la révolution de 1830 le fit procureur du roi près le Tribunal de première instance de la Seine, fonctions qu'il conserva pendant la plus grande partie du règne de Louis-Philippe. Il n'était donc pas juge d'instruction en 1832. Le juge d'instruction chargé de l'affaire de MM. de Chateaubriand, Hyde de Neuville et de Fitz-James était M. Poultier, qui «remplit ses pénibles fonctions auprès des accusés avec autant de délicatesse que d'égards.» Mémoires du baron Hyde de Neuville, t. III, p. 496.[Retour au Texte Principal]

Note 391: Charles-Guillaume Hello (1787-1850). Il avait été nommé le 5 septembre 1830 procureur général à Rennes. Il devint avocat général à la cour de Cassation (27 mai 1837), puis conseiller (7 août 1843). Il avait été un instant député du Morbihan (1842-1843). Il aimait en effet à écrire et avait publié en 1827 un Essai sur le régime constitutionnel ou Introduction à l'étude de la Charte. Son principal livre, Philosophie de l'Histoire de France (1840) a été couronné par l'Académie française. Un de ses fils, Ernest Hello, mort en 1885, a laissé plusieurs ouvrages, l'Homme, Paroles de Dieu, etc., qui lui assurent un rang éminent parmi les penseurs et les écrivains de notre temps.[Retour au Texte Principal]

Note 392: Voir, sur M. de Montalivet, au tome IV, la note de la page 315.[Retour au Texte Principal]

Note 393: Voici une des très rares erreurs de fait qui se rencontrent dans les Mémoires d'Outre-tombe, et elle n'est pas bien grave. M. Geoffroy de Grandmaison, dans son beau livre sur la Congrégation, pages 389 et suiv., a publié la liste complète de ses membres: M. Desmortiers n'y figure pas.[Retour au Texte Principal]

Note 394: Voir l'Appendice no XII: Chateaubriand et M. Bertin aîné.[Retour au Texte Principal]

Note 395: Paul-François Dubois (1793-1874). Il avait fondé, en 1824, avec Pierre Leroux, le journal le Globe. De 1831 à 1848, il fut député de Nantes, ce qui lui valait d'être appelé par les petits journaux Dubois (de la Gloire-Inférieure). Nommé inspecteur général de l'Université dès le mois d'octobre 1830, il fut appelé en 1840 à la direction de L'École normale, fonctions qu'il conserva jusqu'en 1850. Il fut élu, le 13 avril 1810, membre de l'Académie des sciences morales et politiques.[Retour au Texte Principal]

Note 396: Jean-Jacques Ampère, fils du célèbre physicien (1800-1864); membre de l'Académie française et de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Il fut l'un des plus fidèles admirateurs de Chateaubriand, fidélité d'autant plus méritoire que Mme Récamier lui avait inspiré, dès sa jeunesse, une passion ardente et que le temps ne put affaiblir.[Retour au Texte Principal]

Note 397: Charles Lenormant (1802-1859), membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Il avait épousé, en 1826, Mlle Amélie Cyvoct, nièce de Mme Récamier.[Retour au Texte Principal]

Note 398: Charles Ledru, jeune avocat, doué d'un vrai talent, et à qui ses plaidoyers politiques avaient valu une quasi-célébrité. Il allait bientôt être effacé par un autre avocat républicain, du même nom que lui, Auguste Ledru. Ce dernier, voulant éviter la confusion qui n'aurait pas manqué de s'établir entre lui et Charles Ledru, ajouta à son nom celui de sa bisaïeule maternelle, et s'appela Ledru-Rollin.[Retour au Texte Principal]

Note 399: Charles Philipon (1800-1862). Dessinateur habile, ayant un joli brin de plume à son crayon, il fonda en 1831 la Caricature, journal hebdomadaire très spécial, à la fois artistique et politique. Le rédacteur principal était Louis Desnoyers, un journaliste endiablé, l'auteur des Béotiens de Paris. Les dessinateurs étaient, avec Philipon, Daumier, Grandville, Gavarni, Henry Monnier, Numa, Achille Devéria et D. Traviès. Le journal eut une vogue européenne, et tout Paris se pressait aux vitrines de la maison Aubert, alors située à l'entrée du passage Véro-Dodat, faisant vis-à-vis à la cour des Fontaines, où étaient exposées les images de la Caricature. Toutes les fois qu'on voulait faire provision de bon rire, on y allait. Cela passait même pour une recette contre l'envahissement de la jaunisse. «La maison Aubert, la meilleure des pharmacies!» disait le peuple. Le parquet qui, lui, riait jaune, multiplia contre Philipon les saisies et les procès. Au cours d'un de ces procès, sur les bancs mêmes de la Cour d'assises, en trois coups de crayon, il dessina une poire, qui se trouva être la tête du roi Louis-Philippe. Le lendemain, la poire était sur toutes les murailles, et ses pépins allaient devenir, jusqu'à la fin du règne, entre les mains de l'opposition, un projectile dont républicains et légitimistes se servaient à l'envi. En 1834, il créa le Charivari, et continua ainsi, par la plume et le dessin, sa guerre à la monarchie de Juillet. Depuis 1848, il a fait paraître coup sur coup le Journal Amusant, le Musée Français, et le Petit Journal pour rire. Il est mort en 1862. Ses amis auraient pu inscrire sur sa tombe ce vers de Barthélemy dans la Némésis:

Philipon, Juvénal de la Caricature.[Retour au Texte Principal]

Note 400: M. Guizot, dans ses Mémoires (tome II, page 344), apprécie en ces termes l'arrestation de Chateaubriand: «L'arrestation de MM. de Chateaubriand, Fitz-James, Hyde de Neuville et Berryer, ne fut pas une faute moins grave. C'étaient là, pour le gouvernement de 1830, des ennemis, non des insurgés, ni des conspirateurs; ils ne voulaient pas sa durée, et n'y croyaient pas; mais ils ne croyaient pas davantage à l'opportunité et à l'efficacité des complots et de la guerre civile pour le renverser; c'étaient d'autres armes qu'ils cherchaient pour lui nuire; c'était avec d'autres armes que les prisons et les procès qu'il fallait les combattre. La Restauration avait donné, en pareille circonstance, un sage et noble exemple: MM. de La Fayette, Voyer d'Argenson et Manuel étaient, à coup sûr, contre elle, de plus sérieux et redoutables conspirateurs que MM. de Chateaubriand, de Fitz-James, Hyde de Neuville et Berryer ne pouvaient l'être contre le gouvernement de Juillet. De 1820 à 1822, le duc de Richelieu et M. de Villèle avaient, contre ces chefs libéraux, de bien autres griefs et de bien autres preuves que le cabinet de 1832 n'en pouvait recueillir contre les chefs légitimistes qu'il fit arrêter. Pourtant ils ne voulurent jamais ni les emprisonner, ni les traduire en justice; ils comprirent que le pouvoir qui veut mettre un terme aux révolutions ne doit pas porter, dans les hautes régions de la société, la guerre à outrance....»[Retour au Texte Principal]

Note 401: M. Barthe.[Retour au Texte Principal]

Note 402: M. Bethuis.[Retour au Texte Principal]

Note 403: M. Demangeat.[Retour au Texte Principal]

Note 404: Félix Barthe (1795-1863). Affilié au Carbonarisme, très mêlé comme avocat à tous les procès politiques, ayant pris une part active à la révolution de Juillet, il était entré, dès le 27 décembre 1830, dans le ministère disloqué de M. Laffitte, pour remplacer à l'instruction publique M. Mérilhou. Le 12 mars 1831, il avait échangé, dans le nouveau cabinet Casimir Périer, le portefeuille de l'instruction publique contre celui de la justice. Il garda les sceaux jusqu'au 4 avril 1834 et tomba avec le ministère de Broglie. Il fut alors nommé pair de France et président de la Cour des Comptes. Le second Empire le fit sénateur.[Retour au Texte Principal]

Note 405: Pierre-Clément Bérard. Pendant les Cent-Jours, il s'était enrôlé, à dix-sept ans, dans le corps des volontaires royaux de l'École de droit de Paris, et il avait accompagné à Gand le roi Louis XVIII. En 1831 et 1832, il fit paraître un petit pamphlet hebdomadaire, les Cancans, dont le titre variait chaque semaine: Cancans parisiens, Cancans accusateurs, Cancans courtisans, Cancans inflexibles, Cancans saisis, Cancans prisonniers, etc. Chaque numéro se terminait par une chanson. C'était comme une résurrection, après 1830, des Actes des Apôtres, de Rivarol, de Champcenetz et de leurs amis. Même violence, et aussi même vaillance et même verve. Seulement, les Cancans étaient rédigés, non par une société d'hommes d'esprit, mais par M. Bérard tout seul: il avait, il est vrai, de l'esprit comme quatre, et même comme quarante. Saisies et procès pleuvaient naturellement sur les Cancans et sur leur auteur, qui se vit à la fin condamné à quatorze ans de prison et à treize mille francs d'amende. Heureusement, il trouva le moyen de s'évader et de gagner la Hollande, échangeant la prison pour l'exil. En 1833, il publia Mon Voyage à Prague, puis se rendit à Rome, où des légitimistes venaient de fonder une banque, dont il devint un des employés. Il ne devait plus quitter la ville éternelle, où il est mort, il y a peu d'années, royaliste impénitent, ainsi qu'il convenait à l'auteur des Cancans fidèles. Ses Souvenirs sur Sainte-Pélagie en 1832 ont paru en 1886.[Retour au Texte Principal]

Note 406: On verra dans mon premier voyage à Prague ma conversation avec Charles X au sujet de ce prêt. (Note de Paris, 1834.) Ch.[Retour au Texte Principal]

Note 407: Amédée-Simon-Dominique Thierry (1797-1873). Il avait été en 1810 précepteur des petits-neveux de Talleyrand, et avait publié avec un vif succès, en 1828, son Histoire des Gaulois. Après les journées de Juillet, il avait été nommé préfet de la Haute-Saône. Maître des requêtes au Conseil d'État en 1838, promu conseiller en service ordinaire en 1853, il fut appelé, par décret impérial du 18 janvier 1860, à siéger au Sénat. Il n'avait d'ailleurs pas cessé de se livrer à ses travaux historiques. Ses principaux ouvrages sont l'Histoire de la Gaule sous l'administration romaine (1840-1842); Récits et Nouveaux récits de l'histoire romaine (1860-1864); Saint-Jérôme, la Société chrétienne à Rome et l'émigration en Terre Sainte (1867); l'Histoire d'Attila et de ses successeurs (1873).[Retour au Texte Principal]

Note 408: On lit dans la préface des Récits des temps mérovingiens, publiée en 1840, les lignes suivantes, qui confirment ce que Chateaubriand écrivait en 1832: «J'achevais mes classes au collège de Blois, lorsqu'un exemplaire des Martyrs, apporté du dehors, circula dans le collège; ce fut un grand événement pour ceux d'entre nous qui ressentaient déjà le goût du beau et l'admiration de la gloire. Nous nous disputions le livre; il fut convenu que chacun l'aurait à son tour, et le mien vint un jour de congé, à l'heure de la promenade. Ce jour là, je feignis de m'être fait mal au pied, et je restai seul à la maison; je lisais ou plutôt je dévorais les pages, assis devant mon pupitre, dans une salle voûtée qui était notre salle d'étude et dont l'aspect me semblait alors grandiose et imposant. J'éprouvai d'abord un charme vague et comme un éblouissement d'imagination; mais quand vint le récit d'Eudore, cette histoire vivante de l'empire à son déclin, je ne sais quel intérêt plus actif et plus mêlé de réflexion m'attacha au tableau de la ville éternelle, de la cour d'un empereur romain, de la marche d'une armée romaine dans les fanges de la Batavie, et de sa rencontre avec une armée de Francs.... À mesure que se déroulait à mes yeux le contraste si dramatique du guerrier sauvage et du soldat civilisé, j'étais saisi de plus en plus vivement; l'impression que fit sur moi le chant de guerre des Francs eut quelque chose d'électrique. Je quittai la place où j'étais assis, et, marchant d'un bout à l'autre de la salle, je répétai à haute voix et en faisant sonner mes pas sur le pavé: «Pharamond! Pharamond! nous avons combattu avec l'épée!...» Ce moment d'enthousiasme fut peut-être décisif pour ma vocation à venir; je n'eus alors aucune conscience de ce qui venait de se passer en moi; mon attention ne s'y arrêta pas, je l'oubliai même pendant plusieurs années; mais, lorsqu'après d'inévitables tâtonnements pour le choix d'une carrière, je me fus livré tout entier à l'histoire, je me rappelai cet incident de ma vie et ses moindres circonstances avec une singulière précision; aujourd'hui, si je me fais lire la page qui m'a tant frappé, je retrouve mes émotions d'il y a trente ans.»[Retour au Texte Principal]

Note 409: C'était par Vesoul que le comte d'Artois était rentré en France au mois de février 1814, et il avait daté de cette ville, le 27 février, sa Proclamation aux Français.[Retour au Texte Principal]

Note 410: L'empereur de Russie, l'empereur d'Autriche et le roi de Prusse.[Retour au Texte Principal]

Note 411: Les chroniques contemporaines de la révolution de 1307 ne font aucune mention de Guillaume Tell. Elles ne parlent que des trois conjurés du Grütli, Fürst, d'Uri, Stauffacher, de Schwytz, et Arnold de Melchtal, d'Underwald. Ce n'est qu'à la fin du XVe siècle que les historiens nationaux ont commencé à parler de Guillaume Tell et de ses exploits, et les narrations qu'ils en ont données renferment les plus graves invraisemblances au double point de vue géographique et chronologique.[Retour au Texte Principal]

Note 412: Dans son Essai, Chateaubriand avait consacré trois chapitres à la Suisse: la Suisse pauvre et vertueuse;—la Suisse philosophique;—la Suisse corrompue. Le premier de ces chapitres renfermait la note suivante: «L'anecdote de la pomme et de Guillaume Tell est très douteuse. L'historien de la Suède, Grammaticus, rapporte exactement le même fait d'un paysan et d'un gouverneur suédois. J'aurais cité les deux passages s'ils n'étaient trop longs. On peut voir le premier dans Simler (Helvetiorum Respublica, lib. I, page 58); et l'on trouve l'autre cité tout entier à la fin de Coke's Letters on SwitzerlandEssai sur les Révolutions, 1re édition, page 255. Cette anecdote de la pomme, que Chateaubriand, avec raison, tenait pour «très douteuse», n'est plus aujourd'hui défendue par personne.[Retour au Texte Principal]

Note 413: Le 15 septembre 1816, le conseiller d'État Lucernois Xavier Keller fut trouvé mort dans l'Aar, près de Lucerne. Toutes sortes de rumeurs furent répandues au sujet de cette mort mystérieuse: on soupçonnait un meurtre. Aucune preuve cependant n'était venue confirmer ces soupçons, lorsque, en 1825, des vagabonds, parmi lesquels se trouvait Clara Wendel, furent arrêtés et firent des révélations sur ce drame nocturne. Il fut alors appris que Xavier Keller avait été victime d'un crime politique dont les instigateurs avaient été deux personnages officiels de Lucerne. Cinq personnes, parmi lesquelles un frère et une sœur de Clara Wendel, en avaient été les exécuteurs. Il en résulta un procès, dont le retentissement fut européen, et qui se termina par plusieurs condamnations. Clara Wendel fut condamnée à la détention perpétuelle et subit sa peine dans la prison de Lucerne.[Retour au Texte Principal]

Note 414: Le 5 juin 1832, le jour des funérailles du général Lamarque, Alexandre Dumas avait suivi le cortège en costume d'artilleur; le bruit courait qu'il avait distribué des armes à la Porte Saint-Martin. Le 9 juin, un journal annonça que l'auteur de la Tour de Nesle, pris les armes à la main, avait été fusillé le 6 au matin. Un aide de camp du roi courut chez lui, le trouva en parfaite santé, et l'informa que l'éventualité de son arrestation avait été sérieusement discutée. On lui conseillait d'aller passer un mois ou deux à l'étranger, pour se faire oublier. Il mit ordre à ses affaires dramatiques, toucha de l'argent de Harel (ce qui n'était pas un petit succès), et, le 21 juillet 1832, muni d'un passeport en règle, il partit pour la Suisse. Vers le commencement d'octobre, il était de retour à Paris. Ses Impressions de voyage, dont la publication commença en 1833, sont restées le meilleur de ses ouvrages. Au tome III, il raconte sa visite à l'auteur du Génie du Christianisme dans un chapitre intitulé: Les Poules de M. de Chateaubriand.[Retour au Texte Principal]

Note 415: L'une et l'autre ne sont plus. (Paris, note de 1836.) Ch.—Sur la comtesse de Colbert, voir, au tome I, la note 2 de la page 124.[Retour au Texte Principal]

Note 416: Voir, première partie, livre III, les pages 123-126.[Retour au Texte Principal]

Note 417: La lettre de Béranger est du 19 août 1832; celle d'Armand Carrel du 4 octobre 1834. Elles ont été imprimées toutes les deux à la fin du Congrès de Vérone, t. II, p. 455 et suivantes.[Retour au Texte Principal]

Note 418: Mme Récamier, très effrayée par le choléra, qui avait fait autour d'elle, dans la rue de Sèvres, de très nombreuses victimes, s'était décidée, au mois d'août, à quitter Paris et à faire un voyage en Suisse. Malgré son réel courage, et bien qu'on l'ait vue souvent prodiguer sans effroi ses soins à des personnes atteintes de maladies contagieuses, elle avait une terreur invincible et presque superstitieuse du choléra. Était-ce un pressentiment? Elle mourut du choléra le 11 mai 1849. «Après avoir succombé à ce fléau qui laisse ordinairement sur ses victimes des traces effrayantes, dit Mme Lenormant (Souvenirs et Correspondance, t. II, p. 572), Mme Récamier prit dans la mort une beauté surprenante. Ses traits, d'une gravité angélique, avaient l'aspect d'un beau marbre; on n'y apercevait aucune contraction, aucune ride, et jamais la majesté du dernier sommeil ne fut accompagnée d'autant de douceur et de grâce. Un dessin, transporté sur la pierre par Achille Devéria, a conservé le souvenir de cette remarquable circonstance; ce dessin, dont nous pouvons attester la scrupuleuse exactitude, prouve à son tour la fidélité de notre récit.»[Retour au Texte Principal]

Note 419: Charles Parquin, ancien officier des armées impériales. Il connaissait le prince Louis depuis 1822; il avait acheté, en 1824, le château de Wolfsberg, sis auprès d'Arenenberg, et avait épousé une demoiselle d'honneur de la reine Hortense, Mlle Cochelet, fille d'un membre de l'Assemblée constituante et élevée dans le pensionnat de Mme Campan avec Mlle de Beauharnais. Le chef d'escadron Parquin prit la part la plus active à l'échauffourée de Strasbourg (30 octobre 1836). Il fut arrêté aux côtés du prince. Traduit devant la cour d'assises du Bas-Rhin, le 6 janvier 1837, il fut acquitté, après une émouvante plaidoirie de son frère, Me Parquin, qui était, à cette époque, l'un des plus brillants avocats du barreau de Paris.[Retour au Texte Principal]

Note 420: Sur Madame Salvage, voy. ci-dessus la note 2 de la page 102.[Retour au Texte Principal]

Note 421: Narcisse Vieillard (1791-1857). Après avoir fait, comme officier d'artillerie, les campagnes de Russie (1812), d'Allemagne (1813) et de France (1814), il rentra dans la vie privée à la Restauration, et manifesta en plusieurs circonstances ses sentiments bonapartistes. Choisi par la reine Hortense pour précepteur de son fils aîné Charles-Louis-Napoléon Bonaparte, frère du futur Napoléon III, il s'occupa aussi de l'éducation de ce dernier, puis il se retira en Normandie. Député de la Manche, de 1842 à 1846, représentant du peuple de 1848 à 1851, il contribua à la préparation et à l'exécution du coup d'État du 2 décembre, et fut nommé sénateur le 26 janvier 1852. Faisant marcher de front son bonapartisme et son républicanisme, lors du vote sur le rétablissement de l'Empire, il vota contre. À sa mort (19 mai 1857), il défendit, par une clause de son testament, de porter son corps à l'église.[Retour au Texte Principal]

Note 422: M. Cottrau était un ami du prince Louis, et il ne quittait guère Arenenberg. À l'époque où il exerçait les fonctions de capitaine dans l'artillerie suisse, le prince s'éprit de la veuve d'un planteur mauricien, Madame S...., habitant un château voisin, et il demanda sa main sans pouvoir l'obtenir. Les choses prirent une tournure assez sérieuse pour que la reine Hortense, opposée à ce mariage, se décidât à faire partir son fils, afin de changer le cours de ses idées. Louis-Napoléon se rendit en Angleterre, accompagné de M. Cottrau. En quittant Arenenberg, il pleurait; il paraissait inconsolable. Durant le voyage, il tira souvent de la poche de son habit une miniature, portrait de la dame de ses pensées; il ne pouvait se lasser de le regarder. Les deux jeunes gens passèrent quelque temps à Londres. Quand ils revinrent en Suisse, la cure prescrite par la reine Hortense avait réussi à souhait. M. Cottrau, faisant, suivant son habitude, la visite des tiroirs avant de quitter l'hôtel, trouva dans un secrétaire, où il eut soin de la laisser, la miniature de la belle mauricienne.—La marquise de Crenay, une amie de la reine Hortense et de Napoléon III, par H. Thirria, p. 19.[Retour au Texte Principal]

Note 423: Quand lord Byron quitta l'Angleterre, pour la seconde et dernière fois, le 25 avril 1816, il se rendit en Suisse, par la Belgique et le Rhin, et passa quelques mois sur les bords du lac de Genève. C'est là qu'il écrivit le troisième chant du Pèlerinage de Childe-Harold, le Prisonnier de Chillon et la Nuit finale de l'Univers, et qu'il commença son drame de Manfred.[Retour au Texte Principal]

Note 424: La duchesse de Berry avait été arrêtée à Nantes—on sait dans quelles circonstances—le 7 novembre 1833. Le 12 novembre, Berryer entrait dans le cabinet de Chateaubriand, à Genève, et lui apprenait la nouvelle, sans pouvoir d'ailleurs lui donner aucun détail. Chateaubriand partit aussitôt pour Paris.[Retour au Texte Principal]

Note 425: M. Barthe.[Retour au Texte Principal]

Note 426: Le maréchal Soult, ministre de la guerre et président du conseil.[Retour au Texte Principal]

Note 427: Cette lettre du 12 novembre était ainsi conçue:

«Madame,

«Vous me trouverez bien téméraire de venir vous importuner dans un pareil moment pour vous supplier de m'accorder une grâce, dernière ambition de ma vie: je désirerais ardemment être choisi par vous au nombre de vos défenseurs. Je n'ai aucun titre personnel à la haute faveur que je sollicite auprès de vos grandeurs nouvelles; mais j'ose la demander en mémoire d'un prince dont vous daignâtes me nommer l'historien; je l'espère encore comme le prix du sang de ma famille. Mon frère eut la gloire de mourir avec son illustre aïeul, M. de Malesherbes, défenseur de Louis XVI, le même jour, à la même heure, pour la même cause et sur le même échafaud.