Note 87: C'est toujours la romance de Cazotte, dont le troisième couplet commence ainsi:

Sire Enguerrand venant d'Espagne,
Passant par là, cuidait se délasser...(Retour au texte principal.)

Note 88: Rosalinde et le Duc exilé sont les principaux personnages de l'une des pièces de Shakespeare, Comme il vous plaira, dont plusieurs scènes se passent dans les Ardennes.(Retour au texte principal.)

Note 89: Mémoires sur la vie et la mort du duc de Berry, première partie, livre troisième, chapitre VI.(Retour au texte principal.)

Note 90: La veuve d'Armand de Chateaubriand vint se fixer en France à la chute de l'Empire. Sur sa requête à l'effet d'obtenir que la naissance de ses enfants fût mentionnée dans les registres d'état civil de Saint-Malo, le tribunal de cette ville rendit, le 12 juillet 1816, un jugement qui a été transcrit, le 22 du même mois, sur le registre des naissances de l'année, et dont voici un extrait:

«Considérant qu'il est prouvé par les pièces servies qu'Armand-Louis de Chateaubriand, obligé de quitter la France, sa patrie, se rendit à l'île de Guernesey; que le 14 septembre 1795 il épousa dans cette île Jeanne le Brun, originaire de Jersey; que ces époux se fixèrent à Jersey et que de leur mariage sont issus à Jersey, savoir: Jeanne, née le 16 juin 1796 (ou 28 prairial an IV); Frédéric, né le 11 novembre 1799 (ou 20 brumaire an VIII).

«Considérant que le père de ces enfants est décédé à Vaugirard, en France, le 31 mars 1809, et que la pétitionnaire (Jeanne le Brun) et ses enfants, désirant se fixer en France, leur patrie, il leur devient nécessaire que leur naissance soit constatée sur les registres destinés à assurer l'état civil des Français...»—Sur Armand de Chateaubriand et sa descendance, voy. au tome III, l'Appendice sur Armand de Chateaubriand.(Retour au texte principal.)

Note 91: Philippe d'Auvergne, prince de Bouillon, né à Jersey en 1754, mort à Londres en 1816. Fils d'un pauvre lieutenant de la marine britannique, Charles d'Auvergne, il avait été adopté par le duc Godefroy de Bouillon, qui voyait sa race menacée de s'éteindre. Philippe d'Auvergne se prêta avec un indéniable courage, à l'aventure qui l'avait changé en prince. S'il lui arriva parfois d'amoindrir, par des minuties d'étiquette, la valeur d'un dévouement entier à ses compatriotes d'adoption, il ne faillit jamais au devoir de soutenir avec énergie, devant les gouverneurs anglais de l'île, la cause des malheureux réfugiés. Rien d'ailleurs de ce qui fait les meilleure romans ne manque à son inconcevable carrière, ni les pages d'amour, ni les heures de prison, ni la fin mystérieuse.—Voy. Le Dernier prince de Bouillon, par H. Forneron, et, dans Émigrés et Chouans, par le comte G. de Contades, le chapitre sur Armand de Chateaubriand.(Retour au texte principal.)

Note 92: François-Marie-Anne-Joseph Hingant de la Tiemblais, fils de messire Hyacinthe-Louis Hingant, seigneur de la Tiemblais et de Juigné-sur-Loire, et de Jeanne-Émilie Chauvel, né à Dinan, paroisse de Saint-Malo, le 9 août 1761. Il fut reçu conseiller au parlement de Bretagne le 5 décembre 1782. Dévoué à la cause royale, il aurait probablement partagé le sort de vingt-deux membres de sa famille, victimes de leur foi politique et religieuse, s'il n'avait réussi à émigrer en Angleterre. Fort instruit et très laborieux, il fournit, dit-on, des matériaux à Chateaubriand pour son Génie du Christianisme. Rentré en France, il consacra ses loisirs à des travaux littéraires et scientifiques. Outre deux savants Mémoires couronnés, en 1810 et en 1822, par l'Académie de La Rochelle et par la Société centrale d'agriculture du département de la Seine-Inférieure, il publia, en 1826, une intéressante nouvelle sous ce titre: Le Capucin, anecdote historique. Le conseiller Hingant de la Tiemblais est mort au Verger, en Plouer, le 16 août 1827.(Retour au texte principal.)

Note 93: Lamba Doria, dans la guerre de Gênes contre Venise, battit la flotte vénitienne, commandée par l'amiral André Dandolo, devant l'île Curzola, sur la côte de Dalmatie.(Retour au texte principal.)

Note 94: Ce livre a été écrit à Londres, d'avril à septembre 1822. Il a été revu en décembre 1846.(Retour au texte principal.)

Note 95: Frédéric, duc d'York et d'Albany, deuxième fils de George III, né en 1763, marié à la princesse Frédérique de Prusse, dont il n'avait pas d'enfants. Il avait exercé, sans aucun succès d'ailleurs, plusieurs commandements militaires importants. Il était, en 1822, field-marshal et commandant en chef de l'armée britannique.(Retour au texte principal.)

Note 96: Marie-Joseph-Annibal de Bedée, comte de la Boüétardais, fils de Marie-Antoine-Bénigne de Bedée et de Mlle Ginguené. Il était né le 17 mars 1758, en la paroisse de Pluduno. Marié, le 19 juillet 1785, à Marie-Vincente de Francheville, dame de Trélan, il fut reçu conseiller et commissaire aux requêtes du Parlement de Bretagne le 18 mai 1786. Après avoir perdu sa femme, qui mourut à Rennes le 15 juin 1790, il émigra en Angleterre et ne revint plus en France. Il mourut à Londres, le 6 janvier 1809, laissant de son mariage une fille unique, Marie-Antoinette de Bedée de la Boüétardais, qui épousa à Dinan, le 14 mai 1810, M. Henry-Marie de Boishamon. Mme de Boishamon mourut au château de Monchoix le 22 janvier 1843; son mari lui survécut jusqu'au 26 janvier 1846. De leur union étaient nés deux fils: 1º M. Charles-Marie de Boishamon, né en 1814, mort en 1885 au château de Monchoix, marié, sans enfants; 2º Henry-Augustin-Eloy de Boishamon, né en 1817, mort en 1886, marié, avec enfants.(Retour au texte principal.)

Note 97: «D'ailleurs ma santé, dérangée par de longs voyages, beaucoup de soucis, de veilles et d'études, est si déplorable, que je crains de ne pouvoir remplir immédiatement la promesse que j'ai faite concernant les autres volumes de l'Essai historique(Retour au texte principal.)

Note 98: Essai historique, livre premier, première partie, introduction, p. 4 de la première édition.(Retour au texte principal.)

Note 99: Jean Gabriel Peltier (et non Pelletier, comme on l'a imprimé jusqu'ici dans toutes les éditions des Mémoires) était né le 21 octobre 1765 à Gonnor, arrondissement de Beaupréau (Maine-et-Loire). Il fut le principal rédacteur des Actes des Apôtres. Après le 10 août, réfugié en Angleterre, il publia, en deux volumes in-8o, le Dernier Tableau de Paris, ou Précis historique de la révolution du 10 août et du 2 septembre, des causes qui l'ont produite, des événements qui l'ont précédée et des crimes qui l'ont suivie. En 1793, il fit paraître son Histoire de la Restauration de la Monarchie française, ou la Campagne de 1793, publiée en forme de correspondance. Désabusé, mais non découragé par la retraite des Prussiens, il continua de harceler la République dans son Tableau de l'Europe pendant 1794 (deux volumes in-8o). Comme il était avant tout polémiste, et que le journal pouvait être entre ses mains une arme plus puissante que le livre, il fonda à Londres une feuille périodique intitulée Paris, dont les 250 numéros parus de 1795 à 1802 ne forment pas moins de trente-cinq volumes in-8o. Ce vaste recueil renferme beaucoup de documents que les journaux français du temps n'auraient pu ou voulu accueillir. Il est à regretter qu'aucun des historiens du Directoire et du Consulat n'ait cru devoir y puiser. À la fin de 1802, il fit succéder à son Paris un nouveau recueil, l'Ambigu ou Variétés littéraires et politiques, publié les 10, 20 et 30 de chaque mois. Interrompu seulement pendant les trois premiers mois de 1815 et repris pendant les Cent-Jours, pour s'arrêter seulement en 1817, le second journal de Peltier comprend plus de cent volumes. Les premiers numéros de l'Ambigu eurent le don d'irriter à ce point le Premier Consul, alors en paix avec l'Angleterre, qu'il réclama l'expulsion de Peltier, ou, à tout le moins, son renvoi devant un jury anglais. Traduit devant la cour du Banc du Roi, et défendu par sir James Mackintosh, dont le plaidoyer est resté célèbre, Peltier fut condamné, le 21 février 1803, à une faible amende, peine dérisoire dans un semblable débat. Une souscription, couverte aussitôt qu'annoncée, convertit en triomphe la défaite du journaliste. Le résultat le plus clair de ce procès retentissant fut de rendre européen le nom de Peltier. Marié à l'une des élèves les plus distinguées de l'abbé Carron, il tenait à Londres un grand train de maison et dépensait sans compter. De là bientôt pour lui un grand état de gêne, si bien qu'un jour il fut tout heureux et tout aise d'être nommé par Christophe, le roi nègre d'Haïti, son chargé d'affaires auprès du roi d'Angleterre. Les plaisants dirent alors qu'il avait passé du blanc au noir. Le mot était joli, et Peltier fut le premier à en rire, d'autant que son roi nègre lui expédiait, en guise de traitement, force balles de sucre et de café, dont la vente, évaluée à deux cent mille francs par an, lui permit de faire bonne figure jusqu'à la Restauration. Il vint alors en France; mais comme il trouvait Louis XVIII trop libéral et n'avait pu se tenir de diriger contre lui quelques épigrammes, il reçut un accueil très froid et retourna à Londres. Là, une autre déception l'attendait. Une de ses épigrammes contre le roi de France, qui atteignait par ricochet le roi d'Haïti, fut envoyée par l'abolitionniste Wilberforce à Christophe, qui, dans son mécontentement, retira au malheureux Peltier, avec ses pouvoirs, son sucre et son café. Revenu définitivement en France en 1820, il vécut encore quelques années, pauvre, mais inébranlablement fidèle, et mourut à Paris le 25 mars 1825.—Peltier est une des plus curieuses figures de la période révolutionnaire, et il mériterait les honneurs d'une ample et copieuse biographie.(Retour au texte principal.)

Note 100: Une des premières brochures de Peltier, publiée au mois d'octobre 1789, avait pour titre: Domine, salvum fac regem. Peltier y dénonçait le duc d'Orléans et Mirabeau comme les principaux auteurs des journées des 5 et 6 octobre.(Retour au texte principal.)

Note 101: François-Dominique Reynaud, comte de Montlosier (1755-1838). Après avoir fait partie de la Constituante, où il siégeait au côté droit, il avait émigré à la fin de la session, avait fait la campagne de 1792 à l'armée des princes, puis était passé à Hambourg, d'où il vint à Londres en 1794. Il devint alors le principal rédacteur, non du Courrier français, mais du Courrier de Londres, et fit la fortune de ce journal, qui avait été fondé par l'abbé de Calonne. Sous le Consulat, il voulut continuer à Paris la publication de sa feuille, qui prit alors le titre de Courrier de Londres et de Paris, mais elle fut, après quelques numéros, supprimée par la censure.—Nous retrouverons plus tard, au cours de ces Mémoires, le comte de Montlosier.(Retour au texte principal.)

Note 102: «M. de Chateaubriand m'a montré la maison où se passa ce triste drame d'un suicide ébauché: «Là, me dit-il, mon ami a voulu se tuer, et j'ai failli mourir de faim.» Puis il me faisait remarquer en souriant son lourd et brillant costume d'ambassadeur, car nous allions à Carlton-House, chez le roi.» (Chateaubriand et son temps, par le comte de Marcellus, p. 99).(Retour au texte principal.)

Note 103: Charles-Louis-François de Barentin (1739-1819). Ce fut lui qui, comme garde des sceaux, ouvrit les États-Généraux le 5 mai 1789. Dénoncé par Mirabeau, dans la séance du 15 juillet, comme ennemi du peuple, il émigra et ne revint en France qu'après le 18 brumaire.(Retour au texte principal.)

Note 104: Douze mille francs seulement, d'après son secrétaire, M. de Marcellus, qui tenait les comptes de l'ambassade; mais on sait de reste, que Chateaubriand ne comprit jamais rien aux chiffres de ménage.—Voir Chateaubriand et son temps, p. 99.(Retour au texte principal.)

Note 105: William Camden (1551-1623), surnommé le Pausanias et le Strabon anglais. Il avait rassemblé un nombre considérable de manuscrits du moyen âge, qui composent ce qu'on appelle encore aujourd'hui la Collection Camden.(Retour au texte principal.)

Note 106: Le chevalier de Champcenetz (1759-1794) fut le principal rédacteur des Actes des Apôtres. Il écrivit aussi dans le Petit Journal de la Cour et de la Ville, et, de concert avec Rivarol, publia en 1790 le Petit Almanach des grands hommes de la Révolution. Ayant quitté Paris après le 10 août, il eut l'imprudence d'y revenir, fut arrêté et traduit, le 23 juillet 1794, devant le tribunal révolutionnaire. Quand le président eut prononcé sa condamnation à mort, il se leva, et, le sourire aux lèvres: «Citoyen président, dit-il, est-ce ici comme dans la garde nationale, et peut-on se faire remplacer?»(Retour au texte principal.)

Note 107: Le 3 floréal an II (22 avril 1794).(Retour au texte principal.)

Note 108: Voir, au tome I, l'Appendice no III: Le comte Louis de Chateaubriand.(Retour au texte principal.)

Note 109: Madame Pasta (1798-1865) était, en 1822, dans tout l'éclat de son talent et de son succès. Aussi remarquable comme comédienne et comme tragédienne que comme cantatrice proprement dite, elle n'a eu d'égale en ce siècle, sur la scène lyrique, que madame Malibran.(Retour au texte principal.)

Note 110: Inferno, ch. I.(Retour au texte principal.)

Note 111:

Ipsa sed in somnis inhumati venit imago.
Conjugis.
(Virgile, Énéide, 1, 357.)(Retour au texte principal.)

Note 112: Chateaubriand avait commencé à écrire l'Essai en 1794; l'ouvrage fut imprimé à Londres en 1796, et mis en vente dans les premiers mois de 1797; il formait un seul volume de 681 pages, grand in-8o, sans compter l'avis, la notice, la table des chapitres et l'errata. En voici le titre exact: Essai historique, politique et moral sur les Révolutions anciennes et modernes, considérées dans leurs rapports avec la Révolution française.—Dédié à tous les partis.—Avec cette épigraphe: Experti invicem sumus ego et fortuna. Tacite. Et plus bas: À Londres: Se trouve chez J. Deboffe, Gerrard-Street; J. Debrett, Piccadilly; Mme Lowes, Pall-Mall; A. Dulau et Co, Wardour-Street; Boosey, Broad-Street; et J.-F. Fauche, à Hambourg.—Le livre parut sans nom d'auteur.(Retour au texte principal.)

Note 113: Corinne, livre XIV, chapitre I.(Retour au texte principal.)

Note 114: Anne-Pierre-Christian, vicomte de Lamoignon, né à Paris le 15 juin 1770, troisième fils de Chrétien-François de Lamoignon, marquis de Basville, ancien garde des sceaux, et de Marie-Élisabeth Berryer, fille de Nicolas-René Berryer, secrétaire d'État et garde des sceaux. En 1788, il embrassa la carrière des armes; pendant l'émigration, il servit à l'armée des princes comme garde du corps et fit partie de l'expédition de Quiberon. À cette dernière affaire, atteint à la jambe d'un coup de feu qui l'avait étendu sur le sable, il ne dut la vie qu'à son frère Charles. Celui-ci le prit sur ses épaules, le porta dans une chaloupe et, s'arrachant aux bras qui voulaient le retenir: «Mon régiment, dit-il, doit se battre encore, je vais le rejoindre.» Fait prisonnier quelques heures après, Charles de Lamoignon fut fusillé le 2 août 1795. Ramené en Angleterre, le vicomte Christian souffrit longtemps de ses blessures, s'adonna aux lettres et se lia très étroitement avec Chateaubriand. De retour en France sous le consulat et devenu l'époux de Mlle Molé de Champlâtreux, il alla demeurer à Méry-sur-Oise, dans le château du président Molé, et le fit réparer d'après le goût du pays où il avait vécu si longtemps comme émigré. Louis XVIII le nomma pair de France, le 17 août 1815. Il avait un vrai talent d'écrivain, dont témoignent ses rapports à la Chambre haute. Celui qu'il fit, en 1816, sur le projet de loi portant abolition du divorce est particulièrement remarquable. Sa blessure de Quiberon s'étant rouverte dans ses dernières années, force lui fut de se confiner chez lui; fidèle jusqu'au bout à ses devoirs, il se faisait porter au Luxembourg toutes les fois qu'il y croyait sa présence nécessaire. Il est mort, à Paris, le 21 mars 1827.(Retour au texte principal.)

Note 115: René-Chrétien-Auguste, marquis de Lamoignon, frère aîné de Christian, né à Paris, le 19 juin 1765. Il fut nommé conseiller au Parlement de Paris en 1787, émigra en Angleterre et, rentré en France sous le Consulat, se fixa dans ses terres de Saint-Ciers-la-Lande (Gironde). Sous la Restauration, les plus belles promesses ne purent le décider à venir à Paris. Louis-Philippe le nomma pair de France, le 11 octobre 1832, mais il continua de résider presque toujours à Saint-Ciers-la-Lande, où il mourut sans postérité, le 7 avril 1845.(Retour au texte principal.)

Note 116: Pierre-Victor, baron Malouet, né à Riom, le 11 février 1740. Il était intendant de la marine, à Toulon, lorsque le tiers état de la sénéchaussée de Riom l'élut, sans scrutin et par acclamation, député aux États-généraux. Il s'y fit remarquer par son talent et son courage, non moins que par la fermeté de ses convictions royalistes. Après la journée du 10 août, il passa en Angleterre. Il rentra en France à l'époque du Consulat, fut nommé commissaire général de la marine à Anvers, en 1803, conseiller d'État et baron de l'Empire, en 1810. En 1812, il fut, par ordre de l'Empereur, exilé en Lorraine comme suspect de royalisme. Malgré l'état précaire de sa santé, il accepta du gouvernement provisoire, en 1814, les fonctions de commissaire au département de la Marine, dont Louis XVIII, à sa rentrée, lui remit le portefeuille ministériel. Mais il ne put résister au travail et aux préoccupations qu'imposait cette charge, et il mourut à la tâche, le 7 septembre 1814. Il n'avait aucune fortune; le roi pourvut aux frais de ses funérailles. Ses Mémoires ont été publiés par son petit-fils, en 1868.(Retour au texte principal.)

Note 117: Le chevalier de Panat, né en 1762, était frère de deux députés aux États-Généraux. Il servit dans la marine, émigra en 1792, se lia à Hambourg avec Rivarol, à Londres avec Malouet, Montlosier et Chateaubriand, rentra en France sous le Consulat et fut employé au ministère de la Marine. En 1814, il devint contre-amiral et secrétaire général de l'amirauté. C'est lui qui rédigea un petit ouvrage, publié en 1795, sous le nom d'un de ses camarades, et dans lequel on trouve des détails intéressants sur l'affaire de Quiberon, la Relation de Chaumereix, officier de marine échappé des prisons d'Auray et de Vannes. (Voir, au tome II, p. 456, des Mémoires de Malouet, la lettre du chevalier de Panat à Mallet du Pan.)(Retour au texte principal.)

Note 118: Voici le texte de la fameuse phrase, où se reconnaît, en effet, la main de Chateaubriand: «Je ne crois pas, messieurs, quoi qu'on puisse faire, qu'on parvienne à forcer les évêques à quitter leur siège. Si on les chasse de leur palais, ils se retireront dans la cabane du pauvre qu'il ont nourri. Si on leur ôte une croix d'or, ils prendront une croix de bois; c'est une croix de bois qui a sauvé le monde(Retour au texte principal.)

Note 119: Ou plutôt, comme on l'a vu tout à l'heure, le Courrier de Londres. Ce journal auquel collaboraient Malouet, Lally-Tolendal et Mallet du Pan, était d'un ton assez modéré. Le comte d'Artois, qui le goûtait médiocrement, dit un jour à Montlosier: «Vous écrivez quelquefois des sottises.—J'en entends si souvent!» répliqua celui que Chateaubriand appellera tout à l'heure son Auvernat fumeux.(Retour au texte principal.)

Note 120: Montlosier, dont Chateaubriand vient de tracer un si admirable portrait, fut, comme son compatriote, l'abbé de Pradt, un bonhomme très particulier. Après avoir été l'un des adversaires les plus ardents de la Révolution, après avoir, dans son livre sur la Monarchie française (1814), soutenu les théories les plus antidémocratiques, il attaqua, dans son fameux Mémoire à consulter (1826) et dans plusieurs autres écrits, les Jésuites, la Congrégation et le parti-prêtre, avec une âpreté qui lui valut d'être l'un des coryphées du parti libéral. En 1830, il collabora au Constitutionnel; appelé, en 1832, à la Chambre des pairs, il y défendit la monarchie de juillet. Son premier livre avait été un Essai sur la théorie des volcans en Auvergne (1789); il fit paraître, en 1829, ses Mémoires sur la Révolution française, le Consulat, l'Empire, la Restauration et les principaux événements qui l'ont suivie. Ces très intéressants Mémoires sont malheureusement restés inachevés.(Retour au texte principal.)

Note 121: Jacques Delille, né près d'Aigue-Perse, en Auvergne, le 22 juin 1738. Il émigra seulement en 1795, et se réfugia à Bâle. Après deux ans de séjour en Suisse, il se rendit à Brunswick et de là à Londres, où il traduisit le Paradis perdu, et donna une seconde édition des Jardins, enrichie de nouveaux épisodes et de la description des parcs qu'il avait eu occasion de voir en Allemagne et en Angleterre. Rentré en France sous le Consulat, il publia successivement, avec une vogue ininterrompue, la Pitié, 1803; l'Énéide, 1804; le Paradis perdu, 1805; l'Imagination, 1806; les Trois règnes de la nature, 1809; la Conversation, 1812. C'était le fruit des vingt années précédentes. Il mourut d'apoplexie dans la nuit du 1er au 2 mai 1813. Son corps resta exposé pendant plusieurs jours au Collège de France, sur un lit de parade, la tête couronnée de laurier, le visage légèrement peint. Paris lui fit des funérailles triomphales.(Retour au texte principal.)

Note 122: Jean-François de la Marche, évêque et comte de Léon, né en 1729 au manoir de Kerfort, paroisse d'Ergué-Gaberic, mort à Londres, le 25 novembre 1805.(Retour au texte principal.)

Note 123: Jean-de-Dieu-Raymond de Boisgelin de Cucé, né à Rennes le 17 février 1732. Évêque de Lavaur (1766), archevêque d'Aix (1770), membre de l'Académie française (1776), élu député du clergé aux États-Généraux par la sénéchaussée d'Aix (1789), il émigra en Angleterre en 1791 et fit paraître à Londres une traduction des psaumes en vers français. Après le Concordat, il fut nommé archevêque de Tours et cardinal, et mourut le 22 août 1804.(Retour au texte principal.)

Note 124: Le marquis d'Osmond (1751-1838) était ambassadeur de France à la Haye, lorsqu'éclata la Révolution. Nommé à l'ambassade de Saint-Pétersbourg en 1791, il donna sa démission avant d'avoir rejoint ce poste, et émigra. Sous l'Empire, il accepta de Napoléon diverses missions diplomatiques. La première Restauration le fit ambassadeur à Turin. Pair de France le 17 août 1815, il fut ambassadeur à Londres du 29 novembre 1815 au 2 janvier 1819.(Retour au texte principal.)

Note 125: Mlle d'Osmond avait épousé le comte de Boigne, qui, après avoir guerroyé, dans l'Inde, au service d'un prince mahratte, était revenu en Europe avec d'immenses richesses. C'était une femme de beaucoup d'esprit. Elle avait composé, aux environs de 1817, quelques romans, dont le principal a pour titre Une Passion dans le grand monde, et qui ne furent publiés qu'après sa mort, sous le second Empire. Ces romans d'Outre-tombe parurent alors étrangement démodés et n'eurent aucun succès.—Cette mauvaise langue de Thiébault ne laisse pas, dans ses Mémoires, de médire quelque peu Mme de Boigne. «Le comte O'Connell, dit-il, avait sorti M. et Mme d'Osmond d'une profonde misère, en mariant Mlle d'Osmond avec un M. de Boigne. Ce de Boigne, après avoir été généralissime dans l'Inde, en avait rapporté une fortune colossale, et, pour l'honneur de s'allier à des gens titrés, il avait ajouté à la plus magnifique des corbeilles, douze mille livres de rentes pour son beau-père et sa belle-mère, et six mille pour son beau-frère, petit diable gringalet, auquel on n'avait pas de quoi donner des souliers. Encore si, pour prix de semblables bienfaits, ce pauvre M. de Boigne avait trouvé, fût-ce même à défaut du bonheur, une situation tolérable; mais la mère d'Osmond, mais sa fille le persécutèrent à ce point qu'il fut obligé d'abord de déserter la maison conjugale, puis Paris où il comptait résider, et que, forcé de renoncer à tout intérieur, à toute famille, à la consolation même d'avoir des enfants, mais laissant à sa femme cent mille livres de revenus, il se réfugia en Savoie, sa patrie; on sait tout le bien qu'il a fait et les utiles établissements qu'il y a fondés et qui perpétueront la mémoire de cet homme excellent, fort loin d'être sans mérite et à tous égards digne d'un sort moins triste... Les cent mille livres servies par le mari n'eurent d'autre fin que de couvrir d'un vernis d'or les désordres de la femme.» Mémoires du général baron Thiébault, t. III, p. 538.(Retour au texte principal.)

Note 126: Marie-Constance de Lamoignon (1774-1823). Elle avait épousé François-Philibert-Bertrand Nompar de Caumont, marquis de la Force. Norvins en parle ainsi dans son Mémorial, tome I, page 137: «Mme de Caumont-la-Force, que je vis marier et qui a été si longtemps la plus jolie femme de Paris.»(Retour au texte principal.)

Note 127: La duchesse de Gontaut, née en 1773, était fille du comte de Montault-Navailles. Elle émigra avec sa mère à la fin de 1790 et, après quatre années passées en Allemagne et en Hollande, elle se réfugia en Angleterre, où elle resta jusqu'en 1814. Peu après son arrivée à Londres, en 1794, elle y épousa le vicomte de Gontaut-Biron. Sous la Restauration, après la naissance du duc de Bordeaux, elle fut nommée gouvernante des Enfants de France. En 1826, le roi lui donna le rang et le titre de duchesse. Elle s'exila de nouveau en 1830, pour suivre la famille royale, d'abord en Angleterre, puis en Allemagne.

Au mois d'avril 1834, elle rentra en France, non que son dévouement eût faibli, mais parce que l'expression de ce dévouement, toujours franche et vive, avait contrarié certaines influences, devenues toutes puissantes auprès de Charles X.—Les Mémoires de madame la duchesse de Gontaut ont été publiés en 1891.(Retour au texte principal.)

Note 128: Jean-Pierre-Louis de Fontanes, né à Niort le 6 mars 1757. Député au Corps législatif de 1802 à 1810, président de cette Assemblée de 1804 à la fin de 1808, membre du Sénat conservateur de 1810 à 1814, pair de France de 1814 à 1821, sauf pendant la période des Cent-Jours; grand-maître de l'Université de 1808 à 1815; membre de l'Académie française. Napoléon l'avait nommé comte de l'Empire, le 3 juin 1808; Louis XVIII, par lettres patentes du 31 août 1817, lui conféra le titre de marquis.(Retour au texte principal.)

Note 129: Le Mémorial historique, politique et littéraire, par MM. La Harpe, Vauxelles et Fontanes, fondé 1er prairial an V (20 mai 1797), supprimé le 18 fructidor (4 septembre) de la même année. Malgré sa courte durée, ce journal jeta le plus vif éclat. Fontanes, le très spirituel abbé de Vauxelles, et La Harpe ont publié dans cette feuille des articles du plus rare mérite. Ceux de La Harpe surtout sont des chefs-d'œuvre. Qui voudra connaître jusqu'où pouvait s'élever son talent devra lire le Mémorial.(Retour au texte principal.)

Note 130: Il vient d'être élevé par la piété filiale de madame Christine de Fontanes; M. de Sainte-Beuve a orné de son ingénieuse notice le fronton du monument. (Paris, note de 1839) Ch.(Retour au texte principal.)

Note 131: Les Mémoires de Cléry, valet de chambre de Louis XVI, parurent à Londres, en 1799, sous ce titre: Journal de ce qui c'est passé à la Tour du Temple pendant la captivité de Louis XVI, roi de France. La même année, MM. Giguet et Michaud les imprimèrent en France. Afin de détruire le puissant intérêt qui s'attachait à cette publication, le Directoire fit répandre une fausse édition intitulée: Mémoires de M. Cléry sur la détention de Louis XVI. L'auteur du libelle, non content de dénaturer les faits, l'avait semé de traits odieux contre le malheureux prince et la famille royale. Dès que Cléry en eut connaissance, il protesta avec indignation. Sa réclamation parut au mois de juillet 1801, dans le Spectateur du Nord, qui se publiait à Hambourg.(Retour au texte principal.)

Note 132: Jean-François du Theil, né vers 1760, mort en 1822. Émigré en 1790, il était revenu en 1792, pendant la captivité de Louis XVI, et s'était exposé aux plus grands dangers pour communiquer avec le Roi; il avait même été arrêté dans la prison du Temple, et c'est par une sorte de miracle qu'il s'était tiré de cette arrestation. Il avait dû alors retourner en Allemagne. En 1795, il accompagna le comte d'Artois dans l'expédition de l'île d'Yeu. Revenu avec lui en Angleterre, il fut chargé, conjointement avec le duc d'Harcourt, des affaires du Prince et de celles du comte de Provence auprès du gouvernement anglais. Il ne rentra en France qu'en 1814, et mourut dans le dénuement. (Léonce Pingaud, Correspondance intime du comte de Vaudreuil et du comte d'Artois pendant l'émigration (1789-1815), tome II, page 298.)(Retour au texte principal.)

Note 133: Wolfe (1726-1759), général anglais, célèbre surtout pour s'être emparé, le 13 septembre 1759, de la ville de Québec, dont la perte entraîna pour nous celle du Canada. Dans la bataille qui amena la prise de la ville, Wolfe fut tué à la tête de ses grenadiers qu'il menait lui-même à la charge, pendant que, de son côté, le commandant français, l'héroïque Montcalm, tombait mortellement blessé. La victoire de Québec provoqua en Angleterre un immense enthousiasme. Le Parlement vota un monument, à Westminster, pour le général Wolfe, enseveli dans son triomphe. Le tableau de la Mort du général Wolfe, par le peintre Benjamin West (1766), eut dans toute la Grande-Bretagne un succès populaire. La gravure en fut bientôt à tous les foyers. Elle ne laissa pas de se répandre en France même, et je me souviens de l'avoir vue dans mon enfance, en plus d'un vieux logis.(Retour au texte principal.)

Note 134: Voir, à l'Appendice, le no III: Fontanes et Chateaubriand.(Retour au texte principal.)

Note 135: Fontanes mourut le 17 mars 1821. Dès qu'il s'était senti frappé, il avait fait demander un prêtre. Celui-ci vint dans la nuit; le malade, en l'entendant, se réveilla de son assoupissement, et, en réponse aux questions, s'écria avec ferveur: «Ô mon Jésus! mon Jésus!» Le poète du Jour des Morts et de la Chartreuse, l'ami de Chateaubriand, mourut en chrétien.(Retour au texte principal.)

Note 136: Ce livre a été écrit à Londres, d'avril à septembre 1822. Il a été revu en février 1845.(Retour au texte principal.)

Note 137: M. A. Dulau était Français. Ancien bénédictin du collège de Sorèze, il avait émigré et s'était fait libraire à Londres. Homme d'esprit et de jugement, il rendit à ses compatriotes, et surtout aux ecclésiastiques, de nombreux services. Sa boutique était dans Wardour-street.(Retour au texte principal.)

Note 138: Voir, à l'Appendice, le no IV: Comment fut composé le Génie du Christianisme.(Retour au texte principal.)

Note 139: C'est un vers d'Ovide:

Et fugiunt, freno non remorante, dies.(Retour au texte principal.)

Note 140: Sur Mlle Caroline de Bédée, voir, au tome I, la note 2 de la page 36. Elle survécut à Chateaubriand et mourut à Dinan, le 28 avril 1849. Écrivant, le 15 mars 1834, à sa sœur, la comtesse de Marigny, Chateaubriand lui disait, en terminant sa lettre: «Dis mille choses à Caroline et à notre famille.»(Retour au texte principal.)

Note 141: David Hume (1711-1776). Il a composé l'Histoire de l'Angleterre au moyen âge; l'Histoire de la maison de Tudor; l'Histoire de l'Angleterre sous les Stuarts.(Retour au texte principal.)

Note 142: Tobias-George Smollett (1721-1771), poète, romancier, historien. Son Histoire complète d'Angleterre, depuis la descente de Jules-César jusqu'au traité d'Aix-la-Chapelle (1748), continuée ensuite jusqu'en 1760, a été traduite en français par Targe (1759-1768, 24 vol. in-12). La partie qui va de la Révolution de 1688 à la mort de George II (1760) s'imprime ordinairement à la suite de Hume, à titre de complément.(Retour au texte principal.)

Note 143: Édouard Gibbon (1737-1794). Son Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, publiée de 1776 à 1788, a été plusieurs fois traduite en français.(Retour au texte principal.)

Note 144: Le Dr William Robertson (1721-1793). On lui doit une Histoire d'Écosse pendant les règnes de la reine Marie et du roi Jacques VI jusqu'à son avènement au trône d'Angleterre; une Histoire d'Amérique et une Histoire de Charles-Quint, avec une Esquisse de l'état politique et social de l'Europe, au temps de son avènement.(Retour au texte principal.)

Note 145: Hugues Blair (1718-1801). Il avait publié, en 1783, un cours de rhétorique et de belles-lettres.(Retour au texte principal.)

Note 146: Samuel Johnson (1709-1784). Son Dictionnaire anglais (1755) est resté classique.(Retour au texte principal.)

Note 147: Le Spectator, fondé en 1711, par Steele et Addison, a paru pendant deux ans, de janvier 1711 à décembre 1712. Cette feuille était censée rédigée par les membres d'un club, dont le Spectateur n'était que le secrétaire. Parmi les personnages ainsi inventés se trouvait un sir Roger de Caverley, type du bon vieux gentilhomme campagnard, qu'Addison adopta et qui devint, sous sa plume, un personnage exquis.(Retour au texte principal.)

Note 148: Edmond Burke (1730-1797). Quoique le principal orateur du parti whig, il se prononça avec ardeur contre la Révolution française, dont il fut, avec Joseph de Maistre, le plus éloquent adversaire. Ses Réflexions sur la Révolution de France, publiées en 1790, furent un événement européen.(Retour au texte principal.)

Note 149: Balstrode Whitelocke (1605-1676). Il joua un rôle important dans le parti parlementaire, pendant la Révolution d'Angleterre, et a laissé des Mémoires (Memorials of the english affairs), qui constituent de bons matériaux pour l'histoire de son temps.(Retour au texte principal.)

Note 150: C'est la traduction abrégée du sonnet LXXI de Shakespeare. Chateaubriand n'a traduit ni les trois premiers, ni les deux derniers vers.(Retour au texte principal.)

Note 151: Samuel Richardson (1689-1761). Il n'a publié que trois romans, mais qui eurent tous les trois une vogue prodigieuse, Paméla ou la Vertu récompensée (1740), Clarisse Harlowe (1748), l'Histoire de sir Charles Grandison (1753). Leur succès fut peut-être encore plus grand en France qu'en Angleterre.(Retour au texte principal.)

Note 152: Henry Fielding (1707-1754), auteur de Joseph Andrews, de Jonathan Wild, d'Amélia et de Tom Jones. Ce dernier roman est un chef-d'œuvre, qui a été rarement égalé. Lord Byron n'a pas craint d'appeler Fielding «l'Homère en prose de la nature humaine».(Retour au texte principal.)

Note 153: Laurence Sterne (1713-1768) auteur de Tristram Shandy et du Voyage sentimental.(Retour au texte principal.)

Note 154: Le Vicaire de Wakefield, d'Olivier Goldsmith, avait paru en 1766.(Retour au texte principal.)

Note 155: Caleb William, par William Godwin, fut publié en 1794; le Moine, par Matthew-Gregory Lewis, parut en 1795.(Retour au texte principal.)

Note 156: Anne Ward, dame Radcliffe (1764-1823). Le plus célèbre de ses romans, les Mystères d'Udolphe, est de 1794.(Retour au texte principal.)

Note 157: Anna-Lœtitia Aikin, Miss Barbauld (1743-1825). On lui doit une édition des Romanciers anglais, en 50 volumes.(Retour au texte principal.)

Note 158: Miss Maria Edgeworth (1766-1849). Ses Contes populaires, ses Contes de la vie fashionable, et ses nombreux romans témoignent d'une rare puissance d'invention et d'une véritable originalité.(Retour au texte principal.)

Note 159: Miss Francis Burney, madame d'Arblay (1752-1840). Son premier roman, Évelina ou l'entrée d'une jeune dame dans le monde, publié en 1778, sous le voile de l'anonyme, eut une vogue considérable. Les deux qui suivirent, Cecilia (1782) et Camilla (1796) n'obtinrent pas moins de succès. Elle avait épousé, en 1793, un émigré français, M. d'Arblay, colonel d'artillerie.(Retour au texte principal.)

Note 160: La traduction du Gœtz de Berlichingen, de Gœthe, parut en 1799.(Retour au texte principal.)

Note 161: Lamartine a dit de même, dans sa Réponse aux Adieux de Walter Scott:

La main du tendre enfant peut t'ouvrir au hasard,
Sans qu'un mot corrupteur étonne son regard,
Sans que de tes tableaux la suave décence
Fasse rougir un front couronné d'innocence.(Retour au texte principal.)

Note 162: William Cowper (1731-1800). Cowper est par excellence le poète de la vie domestique.(Retour au texte principal.)

Note 163: Robert Burns (1759-1796). Le poète-laboureur, the Ploughman of Ayrshire, comme on l'appelait en Écosse, fut un admirable poète, que n'a point, tant s'en faut, égalé Bérenger, à qui on l'a, bien à tort, trop souvent comparé.(Retour au texte principal.)

Note 164: Thomas Moore (1779-1852). Outre de nombreux et très remarquables ouvrages en prose, tels que Lalla-Rookh, roman oriental, où se trouvent quatre épisodes en vers, il a composé d'admirables poésies, les Mélodies irlandaises et les Amours des anges. Dépositaire des Mémoires de lord Byron, il eut l'impardonnable faiblesse de les détruire.(Retour au texte principal.)

Note 165: Thomas Campbell (1777-1844). Le premier et le meilleur de ses ouvrages, les Plaisirs de l'espérance, parut en 1799.(Retour au texte principal.)

Note 166: Samuel Rogers (1762-1855), le banquier-poète, auteur des Plaisirs de la mémoire, de la Vie humaine, de l'Italie et de Christophe Colomb, fragment d'épopée. Le plus riche des poètes de son temps, il se donna le luxe de publier une édition de ses Poèmes, en deux volumes ornés de vignettes gravées par les premiers peintres anglais modernes. Cette édition lui coûta la bagatelle de quinze mille livres (375,000 francs).(Retour au texte principal.)

Note 167: George Crabbe (1754-1832). Dans le Village (1783) et le Registre de paroisse (1807), il a peint avec un merveilleux talent et une simplicité pleine de poésie les scènes de la vie commune.(Retour au texte principal.)

Note 168: William Wordsworth (1770-1850), auteur des Ballades lyriques (1798), d'un recueil de Poèmes (1807), qui contient quelques-unes de ses meilleurs pièces, des Excursions (1814), poème en neuf chants sur la nature morale de l'homme. Il fut sans rival dans le sonnet.(Retour au texte principal.)

Note 169: Robert Southey (1774-1843), poète, historien et critique, un des écrivains les plus féconds du XIXe siècle. Il a composé quatre ou cinq grandes épopées, dont la plus célèbre, Rodrigue, le dernier des Goths, parut en 1814. Il fut, avec son beau-frère Coleridge (que Chateaubriand a omis de citer), et avec Wordsworth, un des trois poètes de l'école des lacs ou lakiste.(Retour au texte principal.)

Note 170: James-Henri-Leigh Hunt (1784-1859). Prosateur éminent, il se fit aussi une brillante réputation comme poète par l'alliance de la richesse de l'imagination et du style avec la grâce et la mélancolie du sentiment. Ses principales œuvres poétiques sont: la Fête des poètes (1815); Rimini (1816); Plume et épée (1818); Contes en vers (1833); le Palefroi (1842).(Retour au texte principal.)

Note 171: James-Sheridan Knowles (1784-1862), poète dramatique. L'imitation de Shakespeare est visible dans toutes ses œuvres. Les principales sont des tragédies: Caïus Gracchus, Virginius, Alfred le Grand, Guillaume Tell, Jean de Procida, la Rose d'Aragon, etc. On cite parmi ses comédies: le Mendiant de Bethnal-Green, le Bossu, la Malice d'une femme, la Chasse d'amour, la Vieille fille, le Secrétaire.(Retour au texte principal.)

Note 172: Henri-Richard Vassall-Fox, troisième lord Holland (1773-1840). Il était le neveu du célèbre Charles Fox. Homme politique et l'un des membres influents du parti whig, il cultivait les lettres et avait fait paraître en 1806 un ouvrage sur la Vie et les écrits de Lope de Vega. Après sa mort, on a publié de lui: Souvenirs de l'étranger et Mémoires du parti whig à mon époque.(Retour au texte principal.)

Note 173: George Canning (1770-1827), un des plus grands orateurs de l'Angleterre. Il avait un remarquable talent de versification, qu'il employa surtout à ridiculiser ses adversaires politiques. Sa parodie des Brigands de Schiller et son poème sur la Nouvelle morale sont deux satires mordantes dirigées contre les principes et les hommes de la Révolution française. Dans un autre ton, il a écrit une admirable pièce sur la mort de son fils aîné.(Retour au texte principal.)

Note 174: John Wilson Croker (1780-1857). Homme politique comme Canning et lord Holland, membre du parlement et, au besoin, membre d'un cabinet tory, il se livra néanmoins avec ardeur à ses goûts littéraires, multipliant les livres d'histoire et les écrits de circonstance, critique infatigable et poète à ses heures pour chanter les victoires anglaises, Trafalgar ou Talavera. En 1809, pour répondre à la Revue d'Edimbourg, il avait, d'accord avec Walter Scott, Gifford, George Ellis, Frère et Southey, fondé la Quaterly Review, organe du parti tory. Il en fut, pendant de longues années, le principal rédacteur.(Retour au texte principal.)

Note 175: La mort de Burns est du 21 juillet 1796 et celle de Cowper du 25 avril 1800; William Mason, auteur du Jardin anglais, poème descriptif en quatre livres, mourut en 1797.(Retour au texte principal.)

Note 176: Darwin mourut le 18 août 1802, et Beattie en 1803.—Erasmus Darwin (1731-1802), médecin et poète, auteur du Jardin botanique, des Amours des plantes et du Temple de la nature. Son petit-fils, Charles-Robert Darwin, a conquis, à son tour, une grande célébrité par son livre sur l'Origine des espèces par voie de sélection naturelle (1859).—James Beattie (1735-1803) a publié, outre son poème du Ménestrel, plusieurs ouvrages de philosophie morale. Chateaubriand, dans son Essai sur la littérature anglaise, lui a consacré tout un chapitre.(Retour au texte principal.)

Note 177: On lit dans la préface des Mélanges de Chateaubriand (Œuvres complètes, t. XXII), au sujet d'Ossian «Lorsqu'en 1793 la révolution me jeta en Angleterre, j'étais grand partisan du Barde écossais: j'aurais, la lance au poing, soutenu son existence envers et contre tous, comme celle du vieil Homère. Je lus avec avidité une foule de poèmes inconnus en France, lesquels, mis en lumière par divers auteurs, étaient indubitablement, à mes yeux, du père d'Oscar, tout aussi bien que les manuscrits runiques de Macpherson. Dans l'ardeur de mon admiration et de mon zèle, tout malade et tout occupé que j'étais, je traduisis quelques productions ossianiques de John Smith. Smith n'est pas l'inventeur du genre; il n'a pas la noblesse et la verve épique de Macpherson; mais peut-être son talent a-t-il quelque chose de plus élégant et de plus tendre... J'avais traduit Smith presque en entier: Je ne donne que les trois poèmes de Dargo, de Duthona et de Gaul...»(Retour au texte principal.)

Note 178: C'est le début de l'une des pièces du recueil publié par lord Byron en 1807 sous ce titre: Heures de paresse. Le poète n'avait encore que dix-neuf ans.(Retour au texte principal.)

Note 179: Vers écrits sous un ormeau dans le cimetière d'Harrow et datés du 2 septembre 1807. C'est par cette pièce que se terminent les Heures de paresse.(Retour au texte principal.)

Note 180: Voyage en France, en Espagne et en Italie pendant les années 1787-1789, par Arthur Young.(Retour au texte principal.)

Note 181: Les Martyrs, livre IV.(Retour au texte principal.)

Note 182: Lettres de Cicéron, lib. IV, épist. V, ad Familiares.(Retour au texte principal.)

Note 183: Il s'agit ici, non précisément d'un article, mais d'une Notice sur lord Byron, publiée dans la Biographie universelle de Michaud, et reproduite dans les Études de littérature ancienne et étrangère, par M. Villemain.(Retour au texte principal.)

Note 184: De la littérature considérée dans ses rapports avec l'état moral et politique des nations, par Mme de Staël. Le livre de Mme de Staël ayant paru en 1800, avant Atala et le Génie du christianisme, celle-ci était assurément excusable de n'avoir point nommé Chateaubriand, et elle eût pu lui répondre:

Comment l'aurais-je fait si vous n'étiez pas né?(Retour au texte principal.)

Note 185: Teresa Gamba, comtesse Guiccioli, née à Ravenne en 1802, célèbre par sa liaison avec lord Byron. En 1831, veuve de son mari et... et de lord Byron, elle épousa le marquis de Boissy, qui avait été attaché à l'ambassade de Chateaubriand à Rome et l'un de ses protégés. Le marquis de Boissy, pair de France sous Louis-Philippe et sénateur sous le second empire, est resté le type du parfait interrupteur. L'ex-comtesse Guiccioli a fait paraître, en 1863, deux volumes de souvenirs sur l'auteur de Childe-Harold, publiés sous ce titre: Byron jugé par des témoins de sa vie.(Retour au texte principal.)

Note 186: Miss Milbanks, fille de sir Ralph Milbanks-Noël, héritière de la fortune et des titres de Wentworth, avait épousé lord Byron le 2 janvier 1815. Après un an de mariage et la naissance d'une fille qui fut nommée Ada, lady Byron se retira chez son père et ne voulut plus revoir son époux. «La persévérance de ses refus, dit Villemain, et la discrétion de ses plaintes accusent également Byron, qui, n'eût-il pas eu d'autres torts, appelait sur lui la malignité des oisifs par sa folle colère, et qui fit plus tard la faute impardonnable de tourner en ridicule celle qui portait son nom.»(Retour au texte principal.)

Note 187: Voir le Domesday book. Ch.(Retour au texte principal.)

Note 188: C'est un vers de La Harpe dans son poème sur la Révolution. Sans doute, le sens et l'énergie de ce vers plaisaient tout particulièrement à Chateaubriand, car il lui arrivera encore de le citer dans ce même volume.(Retour au texte principal.)

Note 189: Village du comté de Surrey, à treize kilomètres O. de Londres, sur la rive droite de la Tamise. Kew possède un château royal, célèbre par son observatoire et son jardin botanique, un des plus riches qu'il y ait au monde.(Retour au texte principal.)

Note 190: Voir plus haut, page 111, la note sur Peltier.(Retour au texte principal.)

Note 191: William Herschell (1738-1822). Le roi George III lui avait donné, au bourg de Slough, une habitation voisine de son château de Windsor. Le célèbre astronome eut pour auxiliaires dans la construction de ses télescopes et dans ses observations son frère Alexandre et sa sœur Caroline, qui mourut, presque centenaire, en 1848.(Retour au texte principal.)

Note 192: Le Purgatoire, chant VIII, vers 5.(Retour au texte principal.)

Note 193: Elle a été insérée par Chateaubriand au tome XXII de ses Œuvres complètes. «S'il a fait, dit Sainte-Beuve, de bien mauvais vers et de médiocres, il en a trouvé quelques-uns de tout à fait beaux et poétiques. Il est bien au-dessus de Marie-Joseph Chénier dans la traduction du Cimetière de Gray.» (Chateaubriand et son groupe littéraire, tome I, p. 98.)(Retour au texte principal.)

Note 194: Caroline-Amélia-Augusta de Brunswick-Wolfenbüttel, née en 1768, avait épousé en 1795 le prince de Galles, depuis George IV. Profondément attaché à Mistress Fitzherbert, à laquelle il s'était uni par un mariage entaché de nullité, celui-ci n'avait consenti à cette union que pour obtenir du roi son père le payement de ses dettes. Aussitôt après la naissance de leur fille, la princesse Charlotte (mariée en 1816 au prince Léopold de Cobourg et morte en couches l'année suivante), le prince et la princesse de Galles s'étaient séparés d'un commun accord (1796). En 1806, le prince provoqua une enquête judiciaire sur la conduite de sa femme, qu'il accusait d'avoir donné le jour à un enfant illégitime. Le roi George III prit parti pour sa belle-fille, et l'enquête n'eut pas de résultat. Appelé au trône en 1820, George IV, non content de se refuser à reconnaître à sa femme le titre et les prérogatives royales, introduisit contre elle au parlement un bill dans lequel il demandait le divorce pour cause d'adultère de la reine avec un ancien valet de pied nommé Bergami. Après de longs débats, dans lesquels Brougham, avocat de la reine Caroline, fit preuve de la plus rare habileté et de la plus puissante éloquence, le bill fut retiré par le gouvernement (6 novembre 1820). Mais au mois de juillet de l'année suivante, l'entrée de Westminster fut refusée à la reine le jour du couronnement de George IV. Le dépit qu'elle conçut de cet affront ne fut pas étranger à sa fin survenue quelques jours plus tard.(Retour au texte principal.)

Note 195: Sur MM. de Lamoignon, voir ci-dessus la note 1 de la page 154.—Leur sœur, Marie-Catherine, née le 3 mars 1759, avait épousé Henri-Cardin-Jean-Baptiste, marquis d'Aguesseau, seigneur de Fresne, avocat général au Parlement, lequel devint membre de l'Académie française (1787), député à la Constituante de 1789, sénateur de l'Empire (1805), pair de la Restauration (1814). Madame d'Aguesseau est morte en 1849, à l'âge de quatre-vingt-dix ans.(Retour au texte principal.)

Note 196: Voir, à l'Appendice, le no V: la Rentrée en France.(Retour au texte principal.)

Note 197: Ce livre, commencé à Dieppe en 1836, a été terminé à Paris en 1837. Il a été revu en décembre 1846.(Retour au texte principal.)

Note 198: Le duc de La Rochefoucauld.(Retour au texte principal.)

Note 199: La duchesse de Berry, dans les derniers temps de la Restauration, avait mis à la mode la plage de Dieppe; elle y allait chaque année, avec ses enfants, dans la saison des bains de mer.(Retour au texte principal.)

Note 200: Les lettres adressées par Chateaubriand au citoyen Fontanes, en 1800 et 1801, portent cette suscription: Rue Saint-Honoré, près le passage Saint-Roch, ou bien: Rue Saint-Honoré, no 85, près de la rue Neuve-du-Luxembourg.(Retour au texte principal.)

Note 201: Il avait sa librairie rue Jacob, no 1186. On numérotait alors les maisons par quartier et non par rue.(Retour au texte principal.)

Note 202: Chateaubriand, à cette date, était à la lettre, sans le sou. Le 30 juillet 1800, il écrivait à Fontanes:

«Je vous envoie, mon cher ami, un Mémoire que de Sales m'a laissé pour vous:

«Rendez-moi deux services; «Donnez-moi d'abord un mot pour le médecin. «Tâchez ensuite de m'emprunter vingt-cinq louis.

«J'ai reçu de mauvaises nouvelles de ma famille, et je ne sais plus comment faire pour attendre l'autre époque de ma fortune, chez Migneret. Il est dur d'être inquiet sur ma vie pendant que j'achève l'œuvre du Seigneur. Juste et belle Révolution! Ils ont tout vendu. Me voilà comme au sortir du ventre de ma mère, car mes chemises même ne sont pas françaises. Elles sont de la charité d'un autre peuple. Tirez-moi donc d'affaire, si vous le pouvez, mon cher ami. Vingt-cinq louis me feront vivre jusqu'à la publication qui décidera de mon sort. Alors le livre paiera tout, si tel est le bon plaisir de Dieu, qui jusqu'à présent ne m'a pas été très favorable.

«Tout à vous,

«LA SAGNE.»

La lettre porte pour suscription: Au citoyen Fontanes, rue Honoré.(Retour au texte principal.)

Note 203: Cette lettre à Mme de Staël avait exactement pour titre: Lettre à M. de Fontanes sur la deuxième édition de l'ouvrage de Mme de Staël (De la littérature considérée dans ses rapports avec la morale, etc.). Cette lettre était signée: l'Auteur du Génie du Christianisme. Elle fut imprimée dans le Mercure du 1er nivôse an IX (22 décembre 1800). C'est un des plus éloquents écrits de Chateaubriand. Il figure maintenant dans toutes les éditions du Génie du Christianisme, auquel il se rattache de la façon la plus étroite.(Retour au texte principal.)

Note 204: Voici cette lettre:

«CITOYEN,

«Dans mon ouvrage sur le Génie du Christianisme, ou les Beautés de la religion chrétienne, il se trouve une partie entière consacrée à la poétique du Christianisme. Cette partie se divise en quatre livres: poésie, beaux-arts, littérature, harmonies de la religion avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. Dans ce livre, j'examine plusieurs sujets qui n'ont pu entrer dans les précédents, tels que les effets des ruines gothiques comparées aux autres sortes de ruines, les sites des monastères dans la solitude, etc. Ce livre est terminé par une anecdote extraite de mes voyages en Amérique, et écrite sous les huttes mêmes des sauvages; elle est intitulée Atala, etc. Quelques épreuves de cette petite histoire s'étant trouvées égarées, pour prévenir un accident qui me causerait un tort infini, je me vois obligé de l'imprimer à part, avant mon grand ouvrage.

«Si vous vouliez, citoyen, me faire le plaisir de publier ma lettre, vous me rendriez un important service.

«J'ai l'honneur d'être, etc.»

La lettre est signée: l'Auteur du Génie du Christianisme. Elle parut dans le Journal des Débats, du 10 germinal, an IX (31 mars 1801).(Retour au texte principal.)

Note 205: Fontanes, dans le Mercure du 16 germinal an IX (6 avril 1801), annonçait, en ces termes, la publication prochaine d'Atala: «L'auteur est le même dont on a déjà parlé plus d'une fois, en annonçant son grand travail sur les beautés morales et poétiques du christianisme. Celui qui écrit l'aime depuis douze ans et il l'a retrouvé, d'une manière inattendue, dans des jours d'exil et de malheurs; mais il ne croit pas que les illusions de l'amitié se mêlent à ses jugements.»—Le Journal des Débats, dans sa feuille du 27 germinal (17 avril) annonça que le petit volume venait de paraître chez Migneret, rue Jacob no 1186. C'était un petit in-12 de xxiv et 210 pages de texte, avec ce titre: Atala ou les amours de deux sauvages dans le désert.(Retour au texte principal.)

Note 206: Un Allemand, qui se faisait appeler Curtius, avait installé à Paris, vers 1770, un Cabinet de figure en cire coloriées, reproduisant, sous leur costume habituel, les personnages fameux morts ou vivants. Ses deux salons, établis au Palais-Royal et au boulevard du Temple, étaient consacrés, l'un aux grands hommes, l'autre aux scélérats. Tous les deux, le second surtout, attirèrent la foule, et leur vogue, que la Révolution n'avait fait qu'accroître, se maintint sous le Consulat et l'Empire. Les salons de figures de cire restèrent ouverts, au boulevard du Temple, jusqu'à la fin du règne de Louis-Philippe. Ils émigrèrent alors en province, et il arrive qu'aujourd'hui encore on en rencontre quelquefois dans les foires de village. Seulement, on n'y trouve plus de grands hommes: les scélérats seuls sont restés.(Retour au texte principal.)

Note 207: Marie-Joseph Chénier—qui aura justement pour successeur à l'Académie l'auteur d'Atala—fut le plus ardent à critiquer l'œuvre nouvelle, à la couvrir de moqueries en vers et en prose. Sa longue satire des Nouveaux Saints lui est en grande partie consacrée:

J'entendrai les sermons prolixement diserts
Du bon monsieur Aubry, Massillon des déserts.
Ô terrible Atala! tous deux avec ivresse
Courons goûter encore les plaisirs de la messe.

Un petit volume, attribué à Gadet de Gassicourt et qui eut aussitôt plusieurs éditions, avait pour titre: Atala, ou les habitants du désert, parodie d'ATALA, ornée de figures de rhétorique.—Au grand village, chez Gueffier jeune, an IX.

L'année suivante paraissaient deux volumes intitulés: Résurrection d'Atala et son voyage à Paris. Mme de Beaumont les signalait en ces termes à Chênedollé, dans une lettre du 25 août 1802: «On a fait une Résurrection d'Atala en deux volumes. Atala, Chactas et le Père Aubry ressuscitent aux ardentes prières des Missionnaires. Ils partent pour la France; un naufrage les sépare: Atala arrive à Paris. On la mène chez Feydel (l'un des rédacteurs du Journal de Paris à cette époque) qui parie deux cents louis qu'elle n'est pas une vraie Sauvage; chez l'abbé Morellet, qui trouve la plaisanterie mauvaise; chez M. de Chateaubriand, qui lui fait vite bâtir une hutte dans son jardin, qui lui donne un dîner où se trouvent les élégantes de Paris: on discute avec lui très poliment les prétendus défauts d'Atala. On va ensuite au bal des Étrangers où plusieurs femmes du moment passent en revue, enfin à l'église où l'on trouve le Père Aubry disant la messe et Chactas la servant. La reconnaissance se fait, et l'ouvrage finit par une mauvaise critique du Génie du Christianisme. Vous croiriez, d'après cet exposé, que l'auteur est païen. Point du tout. Il tombe sur les philosophes; il assomme l'abbé Morellet, et il veut être plus chrétien que M. de Chateaubriand. La plaisanterie est plus étrange qu'offensante; mais on cherche à imiter le style de notre ami, et cela me blesse. Le bon esprit de M. Joubert s'accommode mieux de toutes ces petites attaques que moi qui justifie si bien la première partie de ma devise: «Un souffle m'agite.»—En annonçant cette Résurrection d'Atala, le Mercure disait (4 septembre 1802): «Encore deux volumes sur Atala! En vérité elle a déjà donné lieu à plus de critiques et de défenses que la philosophie de Kant n'a de commentaires.»(Retour au texte principal.)

Note 208: Chateaubriand se venge ici très spirituellement de l'abbé Morellet (l'abbé mords-les, disait Voltaire) et de sa brochure de 72 pages: Observations critiques sur le roman intitulé ATALA. L'abbé Morellet, «qui n'appartenait à l'église, dit Norvins (Mémorial, I, 74), que par la moitié de la foi, la moitié du costume et par un prieuré tout entier», était un homme de talent et de bon sens, mais d'un talent un peu sec et d'un bon sens un peu court. Vieil encyclopédiste, classique impénitent, il ne comprit rien aux nouveautés d'Atala, de René et du Génie du Christianisme, aussi dépaysé devant les premiers chefs-d'œuvre du jeune Chateaubriand que les vieux généraux autrichiens, les Beaulieu et les Wurmser, devant les premières victoires du jeune Bonaparte.(Retour au texte principal.)

Note 209: Dans une lettre à Chênedollé, du 26 juillet 1820, Chateaubriand, qui venait d'être nommé à l'ambassade de Berlin, rappelait à son ami le bon temps où ils fréquentaient ensemble le petit café des Champs-Élysées: «... Ceci n'est pas un adieu, lui écrivait-il; nous nous reverrons, nous finirons nos jours ensemble dans cette grande Babylone qu'on aime toujours en la maudissant, et nous nous rappellerons le bon temps de nos misères où nous prenions le détestable café de Mme Rousseau.»(Retour au texte principal.)

Note 210: Marie-Anne Bonaparte, dite Élisa (1774-1820), mariée en 1797 à son compatriote Félix-Pascal Bacciochi; princesse de Lucques et de Piombino en 1805, grande-duchesse de Toscane de 1808 à 1814; elle prit, en 1815, le titre de comtesse de Compignano. «Elle protégeait hautement le poète Fontanes», dit le baron de Méneval dans ses Mémoires, tome I, p. 67.(Retour au texte principal.)

Note 211: «M. de Chateaubriand, revenu de l'émigration avant l'amnistie, avait été présenté par M. de Fontanes, son ami intime, à Mme Bacciochi, sœur du Premier Consul, et à son frère Lucien Bonaparte. Le frère et la sœur se déclarèrent les protecteurs de M. de Chateaubriand.» Mémoires du baron de Méneval, tome I, page 84.(Retour au texte principal.)

Note 212: Le château du Plessis-Chamant.(Retour au texte principal.)

Note 213: En 1794, Lucien-Bonaparte, âgé de dix-neuf ans, était garde-magasin des subsistances à Saint-Maximin (Var). Saint-Maximin s'appelait alors Marathon, et Lucien s'appelait Brutus. Brutus fit la cour à la sœur de l'aubergiste chez qui il logeait. Elle avait deux ans de plus que lui, n'avait reçu nulle instruction, ne savait pas même signer son nom—Catherine Boyer. Il l'épousa, le 15 floréal an II (4 mai 1794), par devant Jean-Baptiste Garnier, membre du Conseil général de la commune de Marathon. Nul membre de sa famille ne parut à ce mariage, pour lequel il s'était bien gardé de demander le consentement de sa mère et dont l'acte se trouvait entaché des illégalités les plus flagrantes. Devenu veuf au mois de mai 1800, il épousa, deux ans après, Marie-Laurence-Charlotte-Louise-Alexandrine de Bleschamp, femme divorcée de Jean-François-Hippolyte Jouberthon, ex-agent de change à Paris. La seconde femme de Lucien mourut seulement en 1855.(Retour au texte principal.)

Note 214: Passy, dans l'Yonne, petit village voisin d'Étigny, et à quelques kilomètres de Sens.(Retour au texte principal.)

Note 215: Le comte de Montmorin, père de Mme de Beaumont, ne périt point sur l'échafaud; il fut massacré à l'Abbaye le 2 septembre 1792. «Percé de plusieurs coups en plein corps, dit M. Marcellin Boudet dans son livre sur la Justice révolutionnaire en Auvergne, haché, coupé, tailladé, il vivait encore. Ses bourreaux l'empalèrent et le portèrent ainsi aux portes de l'Assemblée nationale.» Le lendemain, 3 septembre, son cousin, Louis-Victor-Hippolyte-Luce de Montmorin, fut égorgé à la Conciergerie où, par un sanglant déni de justice, il avait été ramené après son acquittement par le tribunal criminel du 17 août.—Mme de Montmorin, mère de Mme de Beaumont, fut guillotinée le 21 floréal au II (10 mai 1794); son second fils fut guillotiné avec elle. Sa fille aînée, mariée au comte de la Luzerne, mourut le 10 juillet 1794, à l'archevêché, devenu l'hôpital des prisons.(Retour au texte principal.)

Note 216: On lit dans une lettre de Mme de Beaumont à Chênedollé, du 7 fructidor an X (25 août 1802): «Il (Chateaubriand) est dans son nouveau logement, Hôtel d'Étampes, no 84. Ce logement est charmant, mais il est bien haut. Toute la société vous regrette et vous désire: mais M. Joubert est dans les grands abattements, M. de Chateaubriand est enrhumé, Fontanes tout honteux et la plus aimable des sociétés ne bat que d'une aile.»(Retour au texte principal.)

Note 217: M. Pasquier, dans ses Mémoires (t. I, p. 206), dit, de son côté: «J'eus l'occasion de connaître Mme de Beaumont: je lui avais cédé l'appartement que j'occupais rue du Luxembourg (rue Neuve-du-Luxembourg). Le charme de sa personne, son esprit supérieur m'attachèrent bien vite à elle... Seule de sa famille, elle avait survécu, retirée dans une chaumière aux environs de Montbard; revenue à Paris pour tâcher de retrouver quelques débris de sa fortune, elle ne tarda pas à réunir autour d'elle une société d'élite. Je citerai en première ligne Mme de Vintimille..., Mme de Saussure venait souvent avec Mme de Staël... M. de Fontanes était parmi les habitués, ainsi que M. Joubert... Je citerai encore MM. Gueneau de Mussy, Chênedollé, Molé, parmi ceux qui, presque chaque jour, venaient depuis sept heures jusqu'à onze heures du soir rue de Luxembourg. Enfin, M. de Chateaubriand, qui devait tenir une si grande place dans la vie de Mme de Beaumont».(Retour au texte principal.)

Note 218: Joseph Joubert, né le 6 mai 1754 à Montignac, dans le Périgord. Après avoir professé quelque temps chez les Pères de la Doctrine chrétienne à Toulouse, il vint à Paris en 1778, et s'y lia avec Marmontel, d'Alembert, La Harpe, surtout avec Diderot, et un peu plus tard avec Fontanes. Élu juge de paix à Montignac en 1790, il exerça deux ans ces fonctions, puis se retira en Bourgogne, où il se maria. Il était voisin du château de Passy, où s'étaient réfugiés tous les membres de la famille Montmorin. Tous furent arrêtés au mois de février 1794 par ordre du Comité de sûreté générale, et jetés dans des charrettes qui devaient les conduire à Paris. Au moment où le triste convoi franchissait les grilles du parc, Mme de Beaumont, malade depuis quelque temps, se trouva dans un tel état de faiblesse que les envoyés du Comité, moins peut-être par un sentiment de pitié que par le désir de ne pas retarder le départ, la firent déposer sur le chemin. Elle erra quelque temps dans la campagne en proie à une grande frayeur et fut recueillie par les paysans, à Étigny, non loin de Passy. M. et Mme Joubert informés de son malheur, voulurent lui venir en aide, et après avoir cherché longtemps sa retraite, ils la découvrirent un jour devant la porte de sa chaumière; ils l'emmenèrent sous leur toit et s'efforcèrent, par des soins assidus, de rétablir sa santé et de calmer sa douleur. M. et Mme Joubert n'avaient pas d'enfant; jusqu'à la fin maintenant, quelque chose de paternel se mêlera à leur affection pour la malheureuse fille des Montmorin. En 1809, Joubert fut nommé, grâce à Fontanes, inspecteur général de l'Université. Il mourut le 4 mai 1824.—Longtemps après sa mort, on a tiré de ses manuscrits deux volumes: Pensées, Essais, Maximes et Correspondance de Joubert;—deux volumes exquis et qui ne périront point, car ils justifient en tout sa devise: Excelle, et tu vivras!(Retour au texte principal.)

Note 219: Voici comment la comtesse de Chastenay, au tome II de ses Mémoires, page 82, s'exprime au sujet de Joubert: «J'ai dit de M. Joubert qu'en lui tout était âme et que cette âme, qui semblait n'avoir rencontré un corps que par hasard, en ressortait de tous côtés et ne s'en arrangeait qu'à peu près. M. Joubert était tout cela et tout esprit, parce qu'il était tout âme. Essentiellement bon, original sans s'en douter, parce qu'il vivait étranger au monde et confiné dans le soin de la plus frêle santé, sa femme l'aimait trop pour qu'il fût égoïste; il ne l'était pas, et j'ai toujours considéré comme une chose salutaire d'être aimé tendrement.»(Retour au texte principal.)

Note 220: Louis-Gabriel-Ambroise, vicomte de Bonald (1754-1840), député de l'Aveyron de 1815 à 1823, pair de France de 1823 à 1830, membre de l'Académie française. Ses principaux ouvrages sont: le Traité du Divorce (1802); la Législation primitive, qui parut, la même année, tout à côté du Génie du Christianisme, et dans le même sens réparateur; les Recherches philosophiques sur les premiers Objets des connaissances morales (1819). Chateaubriand ne rend pas ici suffisante justice à ce grand esprit, pour qui le comte de Marcellus a composé cette épitaphe:

Hic jacet in Christo, in Christo vixitque Bonaldus;
Pro quo pugnavit, nunc videt ipse Deum.
Græcia miraturque suum jacetque Platonem;
Hic par ingenio, sed pietate prior.(Retour au texte principal.)

Note 221: Charles-Julien Lioult de Chênedollé (1769-1833). Il partit pour l'émigration, en septembre 1791, fit deux campagnes dans l'armée des Princes, séjourna en Hollande, à Hambourg et en Suisse et rentra en France en 1799. Il a publié en 1807 le Génie de l'homme, poème en quatre chants, l'Esprit de Rivarol en 1808, et en 1820 ses Études poétiques, qui, malgré de grandes qualités et d'heureuses inspirations, furent comme ensevelies dans le triomphe de Lamartine, qui donnait à la même heure ses premières Méditations.(Retour au texte principal.)

Note 222: Dans la «petite société» qui, au début du siècle, se réunissait dans le salon de Mme de Beaumont, rue Neuve-du-Luxembourg, ou chez Chateaubriand, dans son petit appartement de l'hôtel Coislin, place Louis XV, ou encore, l'été, à Villeneuve-sur-Yonne, sous le toit de M. Joubert, chacun, selon une mode ancienne, avait son sobriquet. Chateaubriand était surnommé le chat, par abréviation de son nom, ou peut-être à cause de son indéchiffrable écriture; Mme de Chateaubriand, qui avait des griffes, était la chatte. Chênedollé et Gueneau de Mussy, plus mélancoliques que René, avaient reçu les noms de grand et de petit corbeau; quelquefois aussi Chateaubriand était appelé l'illustre corbeau des Cordillères, par allusion à son voyage en Amérique. Fontanes était ramassé et avait quelque chose d'athlétique dans sa petite taille. Ses amis le comparaient en plaisantant au sanglier d'Érymanthe et le nommaient le sanglier. Mince et fluette, rasant la terre qu'elle devait bientôt quitter, Mme de Beaumont avait reçu le sobriquet d'hirondelle. Ami des bois et grand promeneur à cette époque, Joubert était le cerf, tandis que sa femme, la bonté et l'esprit même, mais d'humeur un peu sauvage, riait d'être appelée le loup. Jamais on ne vit réunies des bêtes de tant d'esprit.(Retour au texte principal.)

Note 223: Petite-fille du fermier général La Live de Bellegarde, fille d'Ange-Laurent La Live de Jully (1725-1779), introducteur des ambassadeurs, elle avait épousé le comte de Vintimille du Luc, capitaine de vaisseau, «homme de beaucoup d'esprit, dit Norvins, mais s'inquiétant peu de postérité».—«Sans cette indifférence, continue Norvins (Mémorial, I, 58), ce ménage aussi eût été complet, car Mme de Vintimille était une des femmes les plus aimables, les plus instruites et les plus spirituelles de la société, hautement avouée sous ces rapports par sa tante Mme d'Houdetot, et brevetée également par Mme de Damas, par sa fille et par Mme Pastoret, dont la compétence était établie dans la société, et sans déroger elle pouvait avouer son mari.»—Le chancelier Pasquier dit de son côté (Mémoires, I, 206): «Je citerai en première ligne Mme de Vintimille, une des personnes les plus instruites, les plus spirituelles, du jugement le plus sûr et la plus élevé que j'aie rencontrées. Son amitié est de celles dont je m'honore le plus et qui a tenu le plus de place dans ma vie.»(Retour au texte principal.)

Note 224: Mme Hocquart, qui, même à côté de Mme de Vintimille, se faisait remarquer par le charme de sa beauté et l'agrément de son esprit, était la fille de Mme Pourrat, dont le salon, aux belles années de Louis XVI, avait réuni l'élite de la société et de la littérature. La seconde fille de Mme Pourrat était Mme Laurent Lecoulteux, celle dont André Chénier a célébré sous le nom de Fanny

La grâce, la candeur, la naïve innocence.(Retour au texte principal.)

Note 225: Antoine-Hugues-Calixte de Montmorin, ex-sous-lieutenant dans le 5e régiment de chasseurs à cheval. Il avait donné sa démission le 5 septembre 1792, à la suite de l'assassinat de son père. Il fut guillotiné le 10 mai 1794, à l'âge de 22 ans.(Retour au texte principal.)

Note 226: Savigny-sur-Orge, canton de Longjumeau, arrondissement de Corbeil (Seine-et-Oise). Chateaubriand et Mme de Beaumont s'installèrent à Savigny le 22 mai 1801.—Sous ce titre: La Maison de Pauline, M. Adolphe Brisson a publié, dans le Gaulois du 21 septembre 1892, le récit de son pèlerinage à la maison de Mme de Beaumont.(Retour au texte principal.)

Note 227: Roux de Laborie, né en 1769, mort en 1840. Marmontel dit de lui, dans ses Mémoires: «Le jeune homme qui avait pris soin de nous lier, M. Desèze et moi, était ce Laborie, connu dès dix-neuf ans par des écrits qu'on eût attribués sans peine à la maturité de l'esprit et du goût,... âme ingénieuse et sensible... aimable et heureux caractère.» En 1792, il avait été secrétaire de Bigot de Sainte-Croix, ministre des Affaires étrangères. Sous le Consulat, il fut attaché au cabinet de M. de Talleyrand. Norvins, dans son Mémorial, tome II, p. 269, raconte ainsi comment Laborie se «sauva des serres de Bonaparte»:—«Un jour que Paris ne l'avait pas vu, il s'inquiéta et apprit avec le plus grand étonnement qu'il avait passé la frontière. On disait même tout bas que la police n'avait pu l'atteindre, et plus bas encore on l'accusait d'avoir soustrait dans le cabinet de M. de Talleyrand un traité conclu entre le Premier Consul et l'empereur Paul, à qui Bonaparte avait généreusement renvoyé habillés, équipés à neuf et soldés tous les prisonniers de sa nation. Ce traité, ajoutait-on, avait été vendu à l'Angleterre!... Mais, en 1804, quand Laborie obtint son rappel en France, il dut être évident pour tous ceux qui connaissaient l'empereur Napoléon que, si une telle trahison eût été commise par Laborie, jamais il n'en eût été gracié. Le voile qui couvrit alors cette aventure le couvre encore aujourd'hui. Toujours est-il que Laborie fut éloigné des affaires, mais il conserva la faveur de celui qui les faisait, M. de Talleyrand, et plus tard il reparut sous ses auspices sur un tout autre théâtre, après avoir été à Paris avocat consultant et lecteur à domicile de Mme de la Briche. Ce fut, je crois, à cette dernière phase de sa vie que Laborie éprouva la fantaisie de se marier. Je ne sais pourquoi cela parut alors si étrange. Toutefois il épousa une très belle personne, fille du docteur Lamothe, médecin et ami de notre famille, et sœur d'un brillant officier qui fut depuis lieutenant-général. Mais comme la société s'obstinait à ne pas prendre le mariage de Laborie aussi au sérieux que lui-même, quand le bruit de sa paternité se répandit, on la mit sur le compte de sa distraction devenue proverbiale.»—Au mois d'avril 1814, son protecteur Talleyrand le nomma secrétaire du gouvernement provisoire. En 1815, Chateaubriand le retrouvera à Gand, et peut-être alors aurons-nous lieu d'en dire encore quelques mots.(Retour au texte principal.)

Note 228: Mme de Farcy mourut à Rennes le 26 juillet 1799.(Retour au texte principal.)

Note 229: Chênedollé connut Mme de Caud à Paris en 1802. Bien que plus jeune qu'elle de quelques années, il se prit insensiblement d'une adoration secrète pour cette âme délicate qui préférait la mélancolie et la douleur même à toutes les joies. Chateaubriand approuvait les assiduités de son ami; Mme de Beaumont l'encourageait, lui écrivant: «Elle vous plaint, elle vous plaint.» Un jour, le jeune amoureux parla:—«Vous serez à moi? —Je ne serai point à un autre.»—C'était un aveu. Était-ce un engagement? Retournée en Bretagne, de Rennes d'abord, puis de Lascardais, où l'avait appelée sa sœur, Mme de Chateaubourg, Lucile écrivit à Chênedollé des lettres charmantes et tourmentées comme elle-même. «Elle ne voulait, dit très bien M. Anatole France, ni se lier davantage, ni se délier; son instinct la portait aux sentiments les plus douloureux.» Ils se revirent un moment à Rennes. Cette entrevue devait être la dernière. Chênedollé en a consacré le souvenir dans une page intime, où son cœur brisé éclate en sanglots: «Je n'essayerai pas, dit-il, de peindre la scène qui se passa entre elle et moi le dimanche au soir. Peut-être cela a-t-il influé sur sa prompte mort, et je garde d'éternels remords d'une violence qui pourtant n'était qu'un excès d'amour. On ne peut rendre le délire du désespoir auquel je me livrai quand elle me retira sa parole, en me disant qu'elle ne serait jamais à moi. Je n'oublierai jamais l'expression de douleur, de regret, d'effroi, qui était sur sa figure lorsqu'elle vint m'éclairer sur l'escalier. Les mots de passion et de désespoir que je lui dis, et ses réponses pleines de tendresse et de reproches, sont des choses qui ne peuvent se rendre. L'idée que je la voyais pour la dernière fois (présage qui s'est vérifié) se présenta à moi tout à coup et me causa une angoisse de désespoir absolument insupportable. Quand je fus dans la rue (il pleuvait beaucoup) je fus saisi encore par je ne sais quoi de plus poignant et de plus déchirant que je ne puis l'exprimer.

«Devais-je imaginer que, l'ayant tant pleurée vivante, je fusse destiné à la pleurer morte!

«Quelle pensée! Ce visage céleste, si noble et si beau, ces yeux admirables où il ne se peignait que des mouvements d'amour épuré, de vertu et de génie, ces yeux les plus beaux que j'aie vus, sont aujourd'hui la proie des vers!...»—Et le cri de douleur du poète s'achève en une prière: «Écrions-nous donc avec Bossuet: Oh! que nous ne sommes rien! et demandons à Dieu la grâce d'une bonne mort.»—Voir, sur cet épisode, le Chênedollé de Sainte-Beuve, et Lucile de Chateaubriand, par Anatole France.(Retour au texte principal.)

Note 230: Catherine-Joséphine Rafin, dite Mlle Duchesnois, née le 5 juin 1777 à Saint-Saulves, près Valenciennes. Elle débuta au Théâtre-Français, le 3 août 1802, dans le rôle de Phèdre; quelques mois après, le 29 novembre, Mlle Georges débutait, à son tour, par le rôle de Clytemnestre, d'Iphigénie. Mlle Duchesnois était laide: bouche grande, nez gros et rond comme une pomme, figure marquée de petite vérole; mais son organe était doux, sonore, touchant; sa sensibilité mettait des larmes dans les yeux des auditeurs. Avec moins de talent, Mlle Georges subjugua aussitôt par l'éclat fulgurant de sa beauté la moitié du parterre. Deux partis se formèrent, et la querelle Georges-Duchesnois, la guerre théâtrale (ainsi l'appellent les contemporains) divisa Paris pendant quatre ans, jusqu'au jour où les deux rivales se réconcilièrent (novembre 1806). Mlle Georges, d'ailleurs, le 11 mai 1808, disparaissait, pour aller à Vienne, à Saint-Pétersbourg, pour ne reparaître que le 2 octobre 1813 dans son rôle de début. Depuis 1808 jusqu'au succès de l'art romantique, Mlle Duchesnois occupa sans conteste le premier rang, comme tragédienne, à côté de Talma et de Lafon. Sa dernière représentation eut lieu le 30 mai 1833. Elle mourut le 8 février 1835.(Retour au texte principal.)

Note 231: C'est à Savigny, où il passa l'été et l'automne de 1801, que Chateaubriand acheva le Génie du Christianisme. Dans les premiers jours d'août. Mme de Beaumont écrit à Joubert, qui vient d'envoyer à son ami une traduction d'Atala, en italien: «M. de Chateaubriand me laisse entièrement le soin de vous remercier de son Atala. Il a jeté avec ravissement un coup d'œil sur le vêtement italien de sa fille. C'est un plaisir qu'il vous doit, mais qu'il ne goûte qu'en courant, tant il est plongé dans son travail, il en perd le sommeil, le boire et le manger. À peine trouve-t-il un instant pour laisser échapper quelques soupirs vers le bonheur qui l'attend à Villeneuve. Au reste, je le trouve heureux de cette sorte d'enivrement qui l'empêche de sentir tout le vide de votre absence.» Et quelques lignes plus loin, dans la même lettre: «M. de Chateaubriand me charge de mille tendres compliments. Il est malade de travail.»—Le 19 septembre, elle écrit encore, toujours à Joubert: «M. de Chateaubriand travaille comme un nègre.»—Le 30 septembre, c'est Chateaubriand lui-même qui écrit à Fontanes: «Je touche enfin au bout de mon travail; encore quinze jours et tout ira bien...» et deux jours plus tard, le 2 octobre: «Le grand moment approche; du courage, du courage, vous me paraissez fort abattu. Eh! mordieu, réveillez-vous; montrez les dents. La race est lâche; on en a bon marché, quand on ose la regarder en face.»—À la fin de novembre, il était de retour à Paris et remettait son manuscrit aux imprimeurs.(Retour au texte principal.)

Note 232: Anne-Pierre-Adrien de Montmorency, prince, puis duc de Laval, né à Paris le 19 octobre 1767. Marié à Charlotte de Luxembourg, dont il eut trois enfants, deux filles et un fils, Henri de Montmorency, qui lui fut enlevé à l'âge de vingt-trois ans, au mois de juin 1819.—Adrien de Montmorency fut successivement ambassadeur de France à Madrid en 1814, à Rome en 1821, à Vienne en 1828, à Londres en 1829. Il avait été admis, le 18 janvier 1820, à siéger à la Chambre des pairs, par droit héréditaire, en remplacement de son père, décédé. En 1830, il se démit de ses fonctions d'ambassadeur et de son titre de pair et rentra dans la vie privée. Il est mort à Paris le 16 juin 1837.—Cet homme d'esprit aurait peu goûté cette note, où il n'y a guère que des dates. «Les dates! disait-il un jour avec une certaine moue, c'est peu élégant!»(Retour au texte principal.)

Note 233: L'abbé de Boulogne (Étienne-Antoine) était né à Avignon le 26 décembre 1747. Arrêté trois fois pendant la Terreur, il fut condamné à la déportation, comme journaliste, au 18 fructidor. Napoléon le nomma évêque de Troyes en 1808; en 1811, il le faisait mettre au secret à Vincennes, exigeait sa démission, puis l'exilait à Falaise: l'évêque de Troyes était coupable d'avoir pris parti pour le Pape contre l'Empereur. Il reprit possession de son siège sous la Restauration, fut nommé en 1817 à l'archevêché de Vienne et élevé à la pairie le 31 octobre 1822. Il mourut à Paris le 13 mai 1825.—L'abbé de Boulogne avait collaboré à un grand nombre de revues et de journaux religieux et politiques. Son éloge du Génie du Christianisme a paru en l'an XI (1803) dans les Annales littéraires et morales.(Retour au texte principal.)

Note 234: Ginguené ne consacra pas moins de trois articles à l'ouvrage de son compatriote, dans la Décade philosophique, littéraire et politique (numéros 27, 28 et 29 de l'an X (1802)). Ces trois articles furent immédiatement réunis par leur auteur en une brochure intitulée: Coup d'œil rapide sur le GÉNIE DU CHRISTIANISME, ou quelques pages sur les cinq volumes in-8o, publiés sous ce titre par François-Auguste Chateaubriand; in-8o de 92 pages. Fontanes répondit à Ginguené, dans son second extrait sur le Génie du Christianisme, inséré au Mercure (1er jour complémentaire de l'an X, ou 18 septembre 1802). À quelques jours de là, le 1er vendémiaire an XI (23 septembre), Chateaubriand remerciait en ces termes son ami: «Je sors de chez La Harpe. Il est sous le charme. Il dit que vous finissez l'antique école et que j'en commence une nouvelle. Il est même un peu de mon avis, contre vous, en faveur de certaines divinités. C'est qu'il fait agir Dieu, ses saints et ses prophètes. Il m'a donné des vers pour le Mercure, il veut m'en donner d'autres pour ma seconde édition et faire de plus l'extrait de cette seconde édition. Enfin je ne puis vous dire tout le bien qu'il pense de votre ami, car j'en suis honteux. Il me passe jusqu'aux incorrections, et s'écrie: Bah! bah! Ces gens-là ne voient pas que cela tient à la nature même de votre talent. Oh! laissez-moi faire! Je les ferai crier! Je serre dur!!—Je vous répète ceci, mon cher ami, afin que vous ne vous repentiez pas de votre jugement, en le voyant confirmé par une telle autorité...»(Retour au texte principal.)

Note 235: Voir l'Appendice no VI: Le Génie du Christianisme.(Retour au texte principal.)

Note 236: Ce livre, commencé à Paris en 1837, a été continué et terminé à Paris en 1838, il a été revu en février 1845 et en décembre 1846.(Retour au texte principal.)

Note 237: Le château du Marais, situé dans la commune du Val-Saint-Maurice, canton de Dourdan (Seine-et-Oise). Il fut construit par un M. Le Maître, homme très riche et très somptueux, qui n'eut point d'enfants et laissa toute sa fortune à sa nièce Mme de La Briche. Norvins parle longuement de cette belle habitation, où il fréquenta beaucoup dans sa jeunesse. «Le château du Marais, dit-il, n'est point un château, mais un vaste et superbe hôtel à dix lieues de Paris, de la famille de ceux que le faubourg Saint-Honoré possède sur les Champs-Élysées, mais avec des proportions plus larges pour les dépendances, les cours et les jardins. Le Marais est l'habitation d'un riche capitaliste parisien qui n'a pas voulu cesser de se croire à la ville, et non celle d'un grand seigneur que la campagne délassait de la cour et de la ville. La châtellenie n'y est nulle part, pas plus que le moindre accident de terrain; l'art n'a rien eu à vaincre, il n'a eu qu'à inventer et à dépenser. La nature a laissé faire, elle n'avait rien à perdre ni à regretter; aussi cette grande construction se ressent tout à fait de son origine. On voit au premier coup d'œil que le fondateur, homme d'argent et de luxe, n'a voulu rien épargner pour que sa maison de campagne fût la plus belle et la plus somptueusement bâtie de son temps, où l'on en bâtissait beaucoup et à grands frais.» Le lecteur pourra voir la suite de cette description dans le Mémorial de Norvins, tome I, p. 71.—Dans les premières années de la Restauration, Mme de La Briche donna au Marais des fêtes brillantes, où l'on joua la comédie de société; le récit détaillé s'en trouve dans les Souvenirs du baron de Barante et surtout dans la Correspondance de M. de Rémusat. Le château du Marais appartient aujourd'hui à la duchesse douairière de Noailles. La disposition des lieux a été respectée telle qu'elle était du temps de Mme de La Briche, en sorte que la description de Norvins demeure très exacte.(Retour au texte principal.)

Note 238: Mme de La Briche, née Adelaïde-Edmée Prévost, était veuve d'Alexis-Janvier La Live de la Briche, introducteur des ambassadeurs et secrétaire des commandements de la Reine.—Norvins, qui était son cousin, le duc Pasquier, M. de Barante parlent d'elle comme Chateaubriand. «Nous disions de cette excellente dame, écrit Norvins, qu'elle prenait son bonheur en patience.» Mémorial, I, 64.—«Bien des souvenirs, dit M. Pasquier (t. III, p. 231), m'attachaient à Mme de La Briche, belle-mère de M. Molé; bonne, douce, toujours obligeante, occupée de faire valoir les autres sans jamais penser à elle, elle a, dans la société, occupé une place que personne n'a jamais mieux méritée qu'elle. Elle avait eu la chance de traverser la Terreur sans encombre. La Révolution avait respecté sa personne comme ses propriétés. C'était d'autant plus extraordinaire que le château du Marais, par son élégance, le luxe, l'étendue du domaine, était bien fait pour tenter les appétits populaires. Les temps orageux passés, elle se trouva, avant tout le monde, en situation de réunir autour d'elle tous les débris de l'ancienne société; quand elle eut marié sa fille à M. Molé, son salon fut le rendez-vous de tous ceux qui ne se résignaient pas à fréquenter les salons du Directoire et la société des fournisseurs enrichis.» —Voici enfin comment s'exprime le baron de Barante, dans une lettre au vicomte de Houdetot, en date du 22 juin 1825: «Mme de La Briche est toujours de plus en plus contente: jeune, bienveillante, soigneuse à écarter toute pensée, tout jugement qui troublerait son plaisir. Elle ne souffre pas le pli d'une rose, et malgré cela n'est point égoïste.» (Souvenirs, t. III, p. 251.)(Retour au texte principal.)

Note 239: Mme de Vintimille et Mme de Fezensac étaient sœurs. La seconde, Louise-Joséphine La Live de Jully (1764-1832), «la plus gracieuse et la plus douce des femmes», dit Norvins, avait épousé le comte de Montesquiou-Fezensac. Son fils, le lieutenant-général de Fezensac (1784-1867), vicomte, puis duc par représentation de son oncle l'abbé de Montesquiou, est l'auteur des Souvenirs militaires de 1804 à 1814, une œuvre qui mérite de devenir classique.(Retour au texte principal.)

Note 240: Le château de Champlâtreux, situé dans la commune d'Épinay-Champlâtreux, canton de Luzarches (Seine-et-Oise). Il appartenait à la famille parlementaire des Molé, lorsqu'en 1733 le fils aîné de cette famille, devenu puissamment riche par suite de son mariage avec une des filles du banquier Samuel Bernard, y fit des agrandissements et des embellissements considérables. Confisqué par la République en 1794, il avait été rendu, sous le Consulat, à M. Molé, l'ami de Chateaubriand. En 1838, le comte Molé, alors président du conseil eut l'honneur de recevoir à Champlâtreux la visite du roi Louis-Philippe.—Le château de Champlâtreux appartient aujourd'hui à M. le duc de Noailles.(Retour au texte principal.)

Note 241: Mathieu-Louis, comte Molé, né à Paris, le 24 janvier 1781. Ministre de la Justice sous Napoléon (20 novembre 1813—2 avril 1814); ministre de la Marine sous Louis XVIII (12 septembre 1817—28 décembre 1818), il fut appelé par Louis-Philippe, le 11 août 1830, au ministère des Affaires étrangères, qu'il conserva seulement jusqu'au 1er novembre de la même année. Le 6 septembre 1836, il reprit le portefeuille des Affaires étrangères, avec la présidence du Conseil, et cette fois il garda le pouvoir pendant près de trois ans, jusqu'au 30 mars 1839. Après 1848, il fut envoyé par les électeurs de la Gironde à l'Assemblée constituante et à l'Assemblée législative, où il fut l'un des chefs de la majorité conservatrice. Le 20 février 1840, il avait remplacé Mgr de Quéleu à l'Académie française. Il mourut à son château de Champlâtreux le 25 novembre 1855.(Retour au texte principal.)

Note 242: Édouard-François-Mathieu Molé de Champlâtreux, président au Parlement de Paris, guillotiné le 1er floréal an II (20 avril 1794).(Retour au texte principal.)

Note 243: Louise-Éléonore-Mélanie de Sabran, née à Paris le 18 mars 1770, décédée à Bex, en Suisse, le 25 juillet 1826. Elle avait épousé en 1787 Armand-Louis-Philippe-François de Custine, fils d'Adam-Philippe, comte de Custine, maréchal de camp des armées du roi. Son beau-père avait été guillotiné le 28 août 1793. Son mari était monté sur l'échafaud le 4 janvier 1794. Elle-même avait été enfermée aux Carmes et n'avait dû d'échapper au bourreau qu'à la révolution du 9 Thermidor.—Sa Vie a été écrite par M. A. Bardoux, Madame de Custine, d'après des documents inédits. 1888. Voir l'Appendice, no VII: Chateaubriand et Mme de Custine.(Retour au texte principal.)

Note 244: Le château et le domaine de Fervacques sont situés près de Lisieux (Calvados). Fervacques appartenait au duc de Montmorency-Laval et à sa sœur la duchesse de Luynes. Mme de Custine l'acheta, le 27 octobre 1803, en son nom et au nom de son fils, au prix de 418 764 livres et une rente de 8 691 livres. Le château de Fervacques appartient aujourd'hui à M. le comte de Montgomery, qui a conservé à cette belle demeure son caractère historique.(Retour au texte principal.)

Note 245: Astolphe-Louis-Léonor, marquis de Custine (1793-1857). Son livre sur la Russie en 1839 (4 volumes in-8o, 1843) a obtenu, tant en France qu'à l'étranger, un grand et légitime succès. On lui doit, en outre, plusieurs autres ouvrages, qui furent aussi très justement remarqués: une Étude politique, mêlée de récits de voyages, en quatre volumes: L'Espagne sous Ferdinand VII (1838); des romans: Aloys, ou le Moine de Saint-Bernard (1827); Ethel (1839); Romuald ou la Vocation (1848); un drame en cinq actes et en vers, Béatrix Cenci, joué en 1833 sur le théâtre de la Porte-Saint-Martin. Merveilleusement doué, il eût pu s'élever très haut, si sa vie n'eût dégradé son talent. Philarète Chasles a dit de lui, dans ses Mémoires (tome I, p. 310). «Je n'ai connu que plus tard la véritable vie de cet être extraordinaire et malheureux, problème et type, phénomène et paradoxe, que le vice le plus odieux chevauchait, domptait, opprimait et ravalait; qui, au vu et au su de toute la société française, y pataugeait, y vivait..., qui subissait, tête basse, le mépris public; et qui d'autre côté était, sans se racheter, loyal, généreux, honnête, charitable, éloquent, spirituel, philosophe, distingué, presque poète.»(Retour au texte principal.)

Note 246: Depuis, Mme de Bérenger.(Retour au texte principal.)

Note 247: D'après Sainte-Beuve, l'original d'Ellénore, dans l'Adolphe de Benjamin Constant, était Mme Lindsay.(Retour au texte principal.)

Note 248: Louise-Julie Careau, première femme de Talma, qu'elle avait épousé le 19 avril 1791. Le 6 février 1801, «sur leur demande mutuelle, faite à haute voix», le maire du Xe arrondissement de Paris, prononça entre eux le divorce. Talma se remaria l'année suivante (16 juin 1802) avec une de ses camarades de la Comédie-Française, Charlotte Vanhove, femme divorcée de Louis-Sébastien-Olympe Petit. Une séparation à l'amiable ne tarda pas du reste à éloigner l'un de l'autre Mlle Vanhove et Talma. Quant à Julie Talma, elle mourut en 1805. D'après Benjamin Constant, qui parle d'elle dans ses Mélanges de littérature et de politique, c'était une espèce de philosophe, un esprit «juste, étendu, toujours piquant, quelquefois profond»; elle «avait, ajoute son panégyriste, une raison exquise qui lui avait indiqué les opinions saines».(Retour au texte principal.)

Note 249: Stanislas-Marie-Adélaïde, comte de Clermont-Tonnerre (1757-1792), l'un des membres les plus éloquents de l'Assemblée constituante. Le 10 août 1792, une troupe armée pénétra dans son hôtel, sous prétexte d'y chercher des armes. Conduit à la section, il fut frappé en chemin d'un coup de feu tiré à bout portant; il se réfugia dans l'hôtel de Brissac, où la populace le poursuivit et le massacra.(Retour au texte principal.)

Note 250: Louis-Justin-Marie, marquis de Talaru (1769-1850). Il fut quelque temps, sous la Restauration, ambassadeur de France à Madrid. Nommé pair de France, le 17 août 1815, par la même ordonnance que Chateaubriand, il siégea dans la Chambre haute jusqu'au 24 février 1848.(Retour au texte principal.)

Note 251: On lit dans la Vie de M. Émery, par l'abbé Gosselin, t. I, p. 130: «Mme la comtesse Stanislas de Clermont-Tonnerre, incarcérée au Luxembourg avec La Harpe, avait été l'instrument dont Dieu s'était servi pour la conversion de ce littérateur. Ce fait, rapporté sur un simple ouï-dire par M. Michaud, dans la Biographie universelle (Supplément, article Talaru), est positivement attesté par M. Clausel de Coussergues, dans sa lettre à M. Faillon, du 20 mars 1843.»(Retour au texte principal.)

Note 252: Louis-Claude de Saint-Martin, dit le Philosophe inconnu (1743-1803). Ses principaux ouvrages sont l'Homme de désir et le Ministère de l'Homme-Esprit. Il avait publié en 1799 un poème intitulé: Le Crocodile ou la Guerre du bien et du mal, arrivée sous le règne de Louis XV, poème épico-magique en cent-deux chants, par un amateur de choses cachées.(Retour au texte principal.)

Note 253: Jean-Jacques Lenoir-Laroche (1749-1825), avocat, député de Paris aux États-Généraux, ministre de la police du 16 au 28 juillet 1797, député de la Seine au Conseil des Anciens (1798-1799), membre du Sénat conservateur (1799-1814). Napoléon l'avait fait comte, Louis XVIII le fit pair de France dès le 4 juin 1814, et, par ordonnance du 31 août 1817, décida que la dignité de pair serait héréditaire dans sa famille. Chateaubriand aurait pu apprendre de son voisin d'Aulnay comment on peut cultiver, sous tous les gouvernements, l'Art de garder ses places.(Retour au texte principal.)

Note 254: L'abbé Joseph Faria (et non Furia, comme on l'a imprimé dans toutes les éditions des Mémoires), né à Goa (Indes orientales) vers 1755, mort à Paris en 1819. Il avait acquis comme magnétiseur une réputation qui lui valut d'être mis à la scène, dans un vaudeville intitulé la Magnétismomanie. Tout Paris voulut voir l'abbé Faria sous les traits de l'acteur Potier. Après le théâtre, le roman. Dans le Comte de Monte-Cristo, d'Alexandre Dumas, le célèbre magnétiseur joue un rôle important. Le romancier le fait mourir au château d'If.(Retour au texte principal.)

Note 255: François-Joseph Gall(1758-1828), célèbre médecin allemand, né à Tiefenbrunn, près de Pforzheim (grand-duché de Bade). Il fut naturalisé français le 29 septembre 1819. L'un des créateurs de l'anatomie du cerveau, il fonda sur un ensemble d'observations exactes et d'applications hasardées la prétendue science de la phrénologie, qui fit tant de bruit, dans les premières années de ce siècle, parmi les médecins et les philosophes. Son principal ouvrage, paru de 1810 à 1818 en 4 volumes in-4o, accompagnés de 100 planches, a pour titre: Anatomie et physiologie du système nerveux en général et du cerveau en particulier, contenant «des observations sur la possibilité de reconnaître plusieurs dispositions intellectuelles et morales de l'homme et des animaux par la configuration de leur tête».(Retour au texte principal.)

Note 256: Mon portrait historique et philosophique, par M. de Saint-Martin. Cet écrit posthume du Philosophe inconnu n'a été imprimé que tronqué et très incomplet.(Retour au texte principal.)

Note 257: Saint-Martin dit que le dîner chez M. Neveu eut lieu à l'École polytechnique. Chateaubriand nous a dit tout à l'heure que ce dîner avait eu lieu dans les «communs du Palais-Bourbon». Les deux récits ne se contredisent point. Le dîner est du 27 janvier 1803, et à cette date l'École polytechnique était installée au Palais-Bourbon; c'est seulement en 1804 qu'elle fut transportée dans l'ancien collège de Navarre, rue de la Montagne Sainte-Geneviève.(Retour au texte principal.)

Note 258: Jean-François de Saint-Lambert (1716-1803). Son poème des Saisons, publié en 1769, le fit entrer, l'année suivante, à l'Académie française. Dans son ouvrage sur les Principes des mœurs chez toutes les nations, ou Catéchisme universel (1798, 3 vol. in-8), il enseigna que les vices et les vertus ne sont que des clauses de convention. Ce livre, outrageusement matérialiste, n'en fut pas moins désigné en 1810, par l'Institut, comme digne du grand prix de morale.(Retour au texte principal.)

Note 259: Élisabeth-Françoise-Sophie de La Live (1730-1813). Elle avait épousé en 1748 le général de Houdetot. Sa liaison avec Saint-Lambert subsista pendant presque un demi-siècle, dix ans de plus que celle de Philémon et Baucis, qui dura par deux fois vingt étés. En 1803, Baucis avait 73 ans; Philémon en avait 87. Norvins, qui vit Mme de Houdetot, en 1788, au château de Marais, a tracé d'elle ce portrait (Mémorial, I, 86): «Mme de Houdetot était née laide, d'une laideur repoussante, tellement louche qu'elle en paraissait borgne, et cette erreur lui était favorable. Âgée seulement de cinquante-huit ans en 1788, elle était si déformée que cet automne de la vieillesse était chez elle presque de la décrépitude. Elle ne voyait d'aucun de ces deux yeux dépareillés. Le son de sa voix était à la fois rauque et tremblant. Sa taille plus qu'incertaine était inégalement surplombée par de maigres épaules. Ses cheveux tout gris ne laissaient plus deviner leur couleur primitive. Mon père, qui l'avait vu marier, me disait plaisamment qu'elle était toujours aussi jolie que le jour de ses noces. Mme de Houdetot était une véritable ruine, qui en soutenait une autre...»—La comtesse de Houdetot était la belle-sœur de Mme de La Briche, propriétaire du château du Marais. «Une fois au Marais, dit encore Norvins, elle entrait en vacances... On avait bientôt oublié son incomparable laideur, car l'esprit et le sentiment, et jusqu'à la sociabilité, n'avaient rien perdu en elle de l'action, de la puissance, du charme qui jadis l'avaient si justement distinguée. Rien n'était encore plus imprévu, plus délicat, plus piquant que sa conversation.»(Retour au texte principal.)

Note 260: Sannois, dans la canton d'Argenteuil, arrondissement de Versailles (Seine-et-Oise).(Retour au texte principal.)

Note 261: Il quitta Paris le 18 octobre 1802. Trois jours avant son départ, il écrivait à son ami Chênedollé, alors en Normandie: Mon cher ami, je pars lundi pour Avignon, où je vais saisir, si je puis, une contrefaçon qui me ruine; je reviens par Bordeaux et par la Bretagne. J'irai vous voir à Vire et je vous ramènerai à Paris, où votre présence est absolument nécessaire, si vous voulez enfin entrer dans la carrière diplomatique.(Retour au texte principal.)

Note 262: Pierre-Simon Ballanche, membre de l'Académie française, né à Lyon, le 4 août 1778, mort à Paris, le 12 juin 1847. Il avait publié, en 1800, un volume intitulé: Du Sentiment dans ses rapports avec la littérature et les arts. Ce fut lui qui donna, avec son père, imprimeur à Lyon, la 2e et la 3e édition du Génie du Christianisme. Ses principaux ouvrages sont Antigone (1814); Essais sur les institutions sociales (1818); l'Homme sans nom (1820); les Essais de Palingénésie sociale et Orphée (1827-1828); la Vision d'Hébal, chef d'un clan écossais (1832). De 1802 jusqu'à sa mort, Ballanche fut un des plus constants amis de Chateaubriand.(Retour au texte principal.)

Note 263: Quelques jours après avoir quitté Lyon, Chateaubriand écrivait à Fontanes: «Je vous avoue que je suis confondu de la manière dont j'ai été reçu partout; tout retentit de ma gloire, les papiers de Lyon, etc., les sociétés, les préfectures; on annonce mon passage comme celui d'un personnage important. Si j'avais écrit un livre philosophique, croyez-vous que mon nom fût même connu? Non; j'ai consolé quelque malheureux; j'ai rappelé des principes chers à tous les cœurs dans le fond des provinces; on ne juge pas ici mes talents, mais mes opinions. On me sait gré de tout ce que j'ai dit, de tout ce que je n'ai pas dit, et ces honnêtes gens me reçoivent comme le défenseur de leurs propres sentiments, de leurs propres idées. Il n'y a pas de chagrin, pas de travail que cela ne doive payer. Le plaisir que j'éprouve est, je vous assure, indépendant de tout amour-propre: c'est l'homme et non l'auteur qui est touché.—J'ai vu Lyon. Je vous en parlerai à loisir. C'est, je crois, la ville que j'aime le mieux au monde...» Lettre écrite d'Avignon, le samedi 6 novembre 1802. (Voir Chateaubriand, sa femme et ses amis, par l'abbé G. Pailhès, p. 109.)(Retour au texte principal.)

Note 264: L'article sur la Législation primitive parut dans le Mercure du 18 nivôse an XI (8 janvier 1803). Il figure, dans les Mélanges littéraires, au tome XXI des Œuvres complètes de Chateaubriand.(Retour au texte principal.)

Note 265: Je lis, dans la lettre ci-dessus citée, de Chateaubriand à Fontanes, du 6 novembre 1802: «Si l'on ne contrefait que les bons ouvrages, mon cher ami, je dois être content. J'ai saisi une contrefaçon d'Atala et une du Génie du Christianisme. La dernière était l'importante; je me suis arrangé avec le libraire; il me paie les frais de mon voyage, me donne de plus un certain nombre d'exemplaires de son édition qui est en quatre volumes et plus correcte que la mienne; et moi, je légitime mon bâtard, et le reconnais comme seconde édition...»(Retour au texte principal.)

Note 266: Onze ans auparavant, les 16 et 17 octobre 1791, la Glacière d'Avignon avait été le théâtre d'un odieux massacre organisé par les chefs du parti révolutionnaire, Jourdan Coupe-Tête, Mainvielle et Duprat, dignes précurseurs des égorgeurs de septembre. «À mesure, dit M. Louis Blanc, que les patrouilles amenaient un captif, on l'abattait d'un coup de sabre ou de bâton; puis, sans même s'assurer s'il était bien mort, on allait le précipiter au fond de la tour sanglante. Rien qui pût fléchir la barbarie des assassins; ni la jeunesse, ni l'enfance... Dampmartin, qui était présent à l'ouverture de la fosse, assure qu'on en retira cent dix corps, parmi lesquels les chirurgiens distinguèrent soixante-dix hommes, trente-deux femmes et huit enfants... D'un autre côté, une relation semi-officielle porte que, quand on ouvrit la fosse, on trouva des corps à genoux contre le mur, dans une attitude qui prouvait qu'ils avaient été enterrés vifs... Jourdan et les siens avaient eu beau jeter des torrents d'eau et des baquets de chaux vive dans l'horrible fosse: sur un des côtés du mur, il était resté, pour dénoncer leur crime, une longue traînée de sang qu'on ne put jamais effacer.» (Louis Blanc, Histoire de la Révolution française, t. VI, p. 163 et 166.)(Retour au texte principal.)

Note 267: Alfieri est mort en 1803. Ses Mémoires furent publiés en 1804.(Retour au texte principal.)

Note 268: Jean Reboul, né à Nîmes, le 23 janvier 1796, mort dans la même ville, le 1er juin 1864. Boulanger de son état, il n'abandonna pas sa profession, lorsque la gloire vint le chercher au fond de sa boutique. Son premier recueil de Poésies (1836) eut cinq éditions. Il publia, en 1839, le Dernier Jour, poème en dix chants. En 1850, il fit jouer sur le théâtre de l'Odéon le Martyre de Vivia, mystère en trois actes et en vers. Les Traditionnelles (1857) mirent le sceau à sa réputation. En 1848, le boulanger-poète avait été envoyé à l'Assemblée constituante par les électeurs royalistes du département du Gard.(Retour au texte principal.)

Note 269: La pièce de Pierre Corneille à laquelle sont empruntés ces vers a pour titre: Sur le canal du Languedoc, pour la jonction des Deux Mers: Imitation d'une pièce latine de Parisot, avocat de Toulouse. Dans le premier vers, Corneille n'a pas dit: «La Garonne et le Tarn», mais:

La Garonne et l'Atax, en leurs grottes profondes...

L'Atax, c'est l'Aude, qui se jette dans la Méditerranée par les étangs de Sijean et de Vendres.(Retour au texte principal.)

Note 270: Histoire de la croisade contre les hérétiques albigeois, écrite en vers provençaux par un poète contemporain, et traduit par M. Fauriel, 1837.(Retour au texte principal.)

Note 271: Louis-Gabriel-Léonce Guilhaud de Lavergne, né à Bergerac, le 24 janvier 1809, mort à Versailles le 18 janvier 1880. En 1834, il avait assisté aux lectures des Mémoires, dans le salon de Mme Récamier, et il en avait rendu compte dans la Revue du Midi, dont il était alors le principal rédacteur. Il collaborait également au Journal de Toulouse, et il était depuis 1830 Maître et Mainteneur des Jeux-Floraux. Devenu en 1840, chef du cabinet de M. de Rémusat, ministre de l'Intérieur, il fut quelque peu malmené par Balzac, dans la Revue parisienne du grand romancier. «Légitimiste jusqu'en 1833, écrivait Balzac, M. Guilhaud devint doctrinaire, il vanta M. de Rémusat, soutint sa candidature à Muret et se glissa chez M. Guizot... M. Duchâtel le nomma maître des requêtes; il convoita dès lors la place de M. Mallac, un de ces jeunes gens capables qui ont assez de cœur pour s'en aller avec leurs protecteurs, là où les Guilhaud restent; aussi M. Guilhaud est-il aujourd'hui chef du cabinet de M. de Rémusat. Voilà comment tout se rapetisse. M. Léonce de Lavergne, incapable d'écrire dans un journal, et que l'Académie a refusé, quand il se présenta pour être reçu docteur, fait la correspondance politique au moyen de M. Havas.» Après avoir été député de Lombez de 1846 à 1848, M. Léonce de Lavergne fut envoyé par les électeurs de la Creuse à l'Assemblée nationale de 1871. Partisan de la monarchie constitutionnelle et parlementaire, il siégea d'abord au centre droit, puis, en 1874, de concert avec quelques députés flottant entre le centre droit et le centre gauche, il fonda un nouveau groupe de représentants, le «groupe Lavergne», qui ne laissa pas de contribuer par son attitude au vote définitif de la Constitution du 25 février 1875. Le 13 décembre 1875, il fut élu, par l'Assemblée nationale, sénateur inamovible, le 33e sur 75. Il était, depuis 1855, membre de l'Académie des Sciences morales et politiques. Ses principaux ouvrages sont un essai sur l'Économie rurale en Angleterre, en Écosse et en Irlande, l'Économie rurale de la France depuis 1789, et les Assemblées provinciales sous Louis XVI.(Retour au texte principal.)

Note 272: «Mademoiselle Honorine Gasc, écrivait, en 1859, le comte de Marcellus, chante toujours admirablement; mais ce n'est plus à Toulouse: c'est à Bordeaux ou à Paris, sous le nom de Ol de Kop, qu'elle partage avec le consul de Danemark, son époux; et ses talents, contre lesquels M. de Chateaubriand la mettait en garde, ne lui ont point, que je sache, «porté malheur». (Chateaubriand et son temps, p. 143.)(Retour au texte principal.)

Note 273: Chateaubriand a jugé ici, d'un mot qui restera, ces hommes de la Gironde, dont le rôle, pendant la Révolution, a été aussi coupable que funeste. Voir la Légende des Girondins, par Edmond Biré.(Retour au texte principal.)

Note 274: Joseph Spon, antiquaire français (1647-1685).(Retour au texte principal.)

Note 275: Jean-François de La Harpe (1739-1803). Son principal ouvrage est le Lycée ou Cours de littérature ancienne et moderne, douze volumes in-8o.(Retour au texte principal.)

Note 276: La Harpe avait publié, en 1797, un éloquent écrit intitulé: Du fanatisme dans la langue révolutionnaire.(Retour au texte principal.)

Note 277: Ce poème parut, en 1814, sous ce titre: Le Triomphe de la Religion ou le Roi martyr, épopée en six chants. Chateaubriand, dans les notes du Génie du Christianisme, a inséré un fragment du poème de La Harpe, les portraits de J.-J. Rousseau et de Voltaire.(Retour au texte principal.)

Note 278: La Harpe avait conservé jusqu'à la fin l'entière possession de son intelligence. Il ne cessait, pendant les derniers jours, de se faire lire les prières des agonisants. M. de Fontanes, étant venu le voir la veille de sa mort, s'approcha de son lit pendant qu'on récitait ces prières. «Mon ami, dit le moribond en lui tendant une main desséchée, je remercie le ciel de m'avoir laissé l'esprit assez libre pour sentir combien cela est consolant et beau.»(Retour au texte principal.)

Note 279: Voir l'Appendice, no VIII: la Mort de La Harpe.(Retour au texte principal.)

Note 280: La Harpe, veuf, s'était remarié, en 1797, avec Mlle de Hatte-Longuerue.—Voir l'Appendice, No VIII.(Retour au texte principal.)

Note 281: Le 8 avril 1802.(Retour au texte principal.)

Note 282: Inferno, ch. XIV, v. 46.(Retour au texte principal.)

Note 283: Jacques-André Émery, né le 27 août 1832 à Gex, mort à Issy le 18 avril 1811. Sa Vie a été écrite par M. l'abbé Gosselin (1861), et par M. l'abbé Élie Méric (1894).(Retour au texte principal.)

Note 284: Joseph Fesch, né à Ajaccio le 3 janvier 1763. Il était le demi-frère de la mère de Napoléon. À l'époque de la convocation des États-Généraux, il était déjà entré dans les ordres; mais les premiers événements de la Révolution le firent renoncer à l'état ecclésiastique. D'abord commis aux vivres (garde-magasin), il devint en 1795 commissaire des guerres, et occupa cette place jusqu'au 18 brumaire. Dès que le rétablissement du culte eût été arrêté dans la pensée du Premier Consul, il reprit le costume ecclésiastique, et s'employa très activement dans les négociations qui préparèrent le Concordat (15 juillet 1801). Archevêque de Lyon en 1802, cardinal le 25 février 1803, il fut, le 4 avril suivant, nommé ambassadeur à Rome. En 1805, il fut investi de la charge de grand aumônier. Tombé en disgrâce en 1811, il fut renvoyé par l'Empereur dans son diocèse de Lyon, où il resta jusqu'en 1814. Après l'abdication de Napoléon, il se retira à Rome. Les Cent-Jours le ramenèrent en France et dans son archevêché. Après les Cent-Jours, il se réfugia de nouveau à Rome, où il fixa définitivement sa résidence. Il refusa obstinément, pendant toute la Restauration, de se démettre de son titre d'archevêque de Lyon; mais il ne put obtenir, malgré l'appui du pape, de rentrer dans son diocèse après la révolution de 1830. Il est mort à Rome le 13 mai 1839.(Retour au texte principal.)

Note 285: La lettre de Talleyrand, notifiant à l'auteur du Génie du Christianisme sa nomination de secrétaire, est du 19 floréal, an XI (9 mai 1803). En voici le texte:

«Je m'empresse, citoyen, de vous envoyer une copie de l'arrêté par lequel le Premier Consul vous nomme secrétaire de la légation de la République à Rome. Vos talents et l'usage que vous en avez fait n'ont pu que vous faire connaître d'une manière avantageuse dans votre pays et dans celui où vous allez résider, et je ne doute point du soin que vous mettrez à justifier la confiance du gouvernement. J'ai l'honneur, etc.»(Retour au texte principal.)

Note 286: L'abbé de Bonnevie (Pierre-Étienne), né à Rethel le 6 janvier 1761, mort à Lyon le 7 mars 1849. Pendant l'émigration, il avait été, ainsi que le dit Chateaubriand, aumônier à l'armée des princes. Après le rétablissement du culte, il fut nommé chanoine à la Primatiale de Lyon, et accompagna le cardinal Fesch à Rome en 1803. Une étroite intimité s'établit entre l'auteur du Génie du Christianisme et le très spirituel abbé, qui ne tarda pas à conquérir l'estime et l'affection de Mme de Chateaubriand. Jusqu'à leur mort, il resta l'un de leurs plus fidèles amis. On trouvera dans le livre de M. l'abbé Pailhès sur Chateaubriand, sa femme et ses amis, quelques-unes des lettres écrites par la vicomtesse de Chateaubriand à son cher Comte de Lyon. Elles sont charmantes, surtout celle du 10 juillet 1839, trop longue pour être ici donnée tout entière, mais dont voici au moins quelques lignes:

«... Je vous écris ces lignes pour vous gronder. On dit, l'abbé, que vous vous portez à merveille; que vous êtes jeune et gai comme par le passé; pourquoi donc ne pas venir nous voir? On voyage à tout âge, et dans ce moment surtout que la poste vient de lancer sur les chemins des voitures de courriers qui feraient rougir une voiture d'ambassadeur. Je vous ai dit que nous avons une vilaine chambre à vous donner; mais si vous voulez être logé comme un chanoine, vous pourrez prendre un appartement aux Missions-Étrangères; vous serez là à notre porte, pouvant venir déjeuner, dîner et déraisonner avec nous...»(Retour au texte principal.)

Note 287: Anne-Antoine-Jules, duc de Clermont-Tonnerre (1749-1830). Évêque de Châlons-sur-Marne depuis 1782, député du clergé aux États-Généraux, il avait émigré en Allemagne, et, avant sa rentrée en France, il avait remis, entre les mains du Souverain Pontife sa démission d'évêque de Châlons, conformément au Concordat. La Restauration le nomma pair de France (4 juin 1814), archevêque de Toulouse (1er juillet 1820), et obtint pour lui le chapeau de cardinal (2 décembre 1822). Il a laissé le souvenir d'un prélat imbu de l'orgueil de sa naissance et de son rang, et cependant d'un accès facile, d'un esprit aimable, pénétrant et vif.(Retour au texte principal.)

Note 288: Chateaubriand fit le récit de cette fête dans une longue et admirable lettre adressée à son ami Ballanche et qui, publiée aussitôt à Lyon, y produisit une impression profonde. C'est une des plus belles pages du grand écrivain, et qui devrait figurer désormais dans toutes les éditions du Génie du Christianisme.(Retour au texte principal.)

Note 289: Pour tous les détails de ce voyage, voir, dans le Voyage en Italie de Chateaubriand (Œuvres complètes, tome VI), ses deux lettres à M. Joubert, datées, la première de Turin, le 17 juin 1803, la seconde, de Milan, lundi matin 21 juin 1803.(Retour au texte principal.)

Note 290: La pièce d'où ces vers sont extraits se trouve dans les Poésies de Chateaubriand (Œuvres complètes, tome XXII), où elle porte ce titre: les Alpes ou l'Italie.(Retour au texte principal.)

Note 291: Chateaubriand lui-même ne savait sans doute cela que du matin, pour l'avoir appris de son jeune ami Jean-Jacques Ampère, le seul homme de France qui s'intéressât alors aux choses de Scandinavie.(Retour au texte principal.)

Note 292: Ce Fotrad, fils d'Eupert, est amené ici d'un peu loin. Quand l'auteur composa cette partie de ses Mémoires, il avait encore l'esprit tout plein des longues et savantes recherches qu'il avait faites pour écrire ses Études historiques et ses chapitres sur les Franks.(Retour au texte principal.)

Note 293: Odet de Foix, vicomte de Lautrec, maréchal de France sous Louis XII, fit presque tontes ses armes autour de Milan. Chateaubriand aimait ce nom de Lautrec. Il le choisit ici pour personnifier en Italie la bravoure et la politesse française. Déjà, dans le Dernier Abencerage, il avait fait d'un autre Lautrec un type de vaillance et de chevalerie. Après tout, il y avait eu des alliances entre les Lautrec et les Chateaubriand. «Il était, dit Brantôme, parlant du vicomte de Lautrec, le maréchal de France, il était frère de madame de Chateaubriand, une très belle et très honnête dame que le roi aimait.»(Retour au texte principal.)

Note 294: François de Melzi (1753-1826). Il était vice-président de la République cisalpine, organisée en 1797 par le général Bonaparte, et qui avait pris, en 1802, le nom de République italienne. Lorsqu'au mois de mars 1805, elle devint le Royaume d'Italie, avec Napoléon pour roi et le prince Eugène de Beauharnais pour vice-roi, M. de Melzi fut nommé grand chancelier et garde des sceaux; il fut créé duc en 1807. Après les événements de 1814, il vécut dans la retraite.—Dans sa lettre à Joubert, du 21 juin 1803, Chateaubriand parle en ces termes du dîner de Milan: «J'ai dîné en grand gala chez M. de Melzi: il s'agissait d'une fête donnée à l'occasion du baptême de l'enfant du général Murat. M. de Melzi a connu mon malheureux frère: nous en avons parlé longtemps. Le vice-président a des manières fort nobles; sa maison est celle d'un prince, et d'un prince qui l'aurait toujours été. Il m'a traité poliment et froidement, et m'a toujours trouvé dans des conditions pareilles aux siennes.»(Retour au texte principal.)

Note 295: Napoléon-Charles-Lucien, prince Murat, second fils de Joachim Murat, né à Milan, le 16 mai 1803. Représentant du peuple en 1848 et 1849, sénateur le 26 janvier 1852, puis membre de la famille civile de l'Empereur (21 juin 1853) avec le titre d'Altesse impériale, il fut de 1852 à 1862, grand-maître de la maçonnerie. Il est mort à Paris, le 10 avril 1873.(Retour au texte principal.)

Note 296: «L'indigent patron», c'est saint François d'Assise.(Retour au texte principal.)

Note 297: François Cacault (1743-1805). Il avait débuté dans la diplomatie, en 1785, comme secrétaire d'ambassade à Naples. En 1793, il réussit à détacher la Toscane de la coalition européenne, et fut, en 1797, un des signataires du traité de Tolentino. Il remplit, de 1801 à 1803, les fonctions de ministre plénipotentiaire à Rome.(Retour au texte principal.)

Note 298: Le chevalier Artaud de Montor (1772-1840). Ancien émigré, ayant servi dans l'armée des princes, il était entré en 1798 dans la diplomatie. Il a composé de nombreux ouvrages, dont le plus important est l'Histoire du pape Pie VII.(Retour au texte principal.)

Note 299: Le lendemain, dans la ferveur de son enthousiasme, il écrit à Fontanes:

«Rome, 10 messidor an XI (29 juin 1803).

«Mon cher et très cher ami, un mot pour vous annoncer mon arrivée. Me voilà logé chez M. Cacault qui me traite comme son fils. Il est Breton. (M. Cacault était né à Nantes). Le secrétaire de légation (M. Artaud), que je remplace ou que je ne remplace pas (car il n'est pas encore rappelé), me trouve le meilleur enfant du monde et nous sommes les meilleurs amis. Je reçois compliments sur compliments de tous les grands du monde, et pour achever cette chance heureuse, je tombe à Rome la veille même de la Saint-Pierre, et je vois en arrivant la plus belle fête de l'année, au pied même du trône pontifical.

«Venez vite ici, mon cher ami. Toute ma froideur n'a pu tenir contre une chose si étonnante: j'ai la tête troublée de tout ce que je vois. Figurez-vous que vous ne savez rien de Rome, que personne ne sait rien quand on n'a pas vu tant de grandeurs, de ruines, de souvenirs.

«Enfin, venez, venez: voilà tout ce que je puis vous dire à présent. Il faut que mes idées se soient un peu rassemblées, avant que je puisse vous tracer l'ombre de ce que je vois...»(Retour au texte principal.)

Note 300: Dès le mois de septembre 1802, Chateaubriand avait fait hommage à Pie VII de ses volumes du Génie du Christianisme. La lettre suivante accompagnait l'envoi de l'ouvrage:

TRÈS SAINT-PÈRE,

«Ignorant si ce faible ouvrage obtiendrait quelque succès, je n'ai pas osé d'abord le présenter à Votre Sainteté. Maintenant que le suffrage du public semble le rendre digne de vous être offert, je prends la liberté de le déposer à vos pieds sacrés.

«Si Votre Sainteté daigne jeter les yeux sur le quatrième volume, elle verra les efforts que j'ai faits pour venger les autels et leurs ministres des injures d'une fausse philosophie. Elle y verra mon admiration pour le Saint Siège et pour le génie des Pontifes qui l'ont occupé. Elle me pardonnera peut-être d'avoir annoncé leur glorieux successeur qui vient de fermer les plaies de l'Église. Heureux si Votre Sainteté agrée l'hommage que j'ai rendu à ses vertus, et si mon zèle pour la religion peut me mériter sa bénédiction paternelle.

«Je suis, avec le plus profond respect, de Votre Sainteté, le très humble et très obéissant serviteur.

«de Chateaubriand.
«Paris, ce 28 septembre 1802.»

La présentation de Chateaubriand à Pie VII eut lieu le 2 juillet 1803. Il écrivait, le lendemain, à M. Joubert: «Sa Sainteté m'a reçu hier; elle m'a fait asseoir auprès d'elle de la manière la plus affectueuse. Elle m'a montré obligeamment qu'elle lisait le Génie du Christianisme, dont elle avait un volume ouvert sur sa table. On ne peut voir un meilleur homme, un plus digne prélat, et un prince plus simple: ne me prenez pas pour madame de Sévigné.»(Retour au texte principal.)

Note 301: Hercule Consalvi (1757-1824). Pie VII l'avait nommé cardinal et secrétaire d'État au lendemain de son entrée dans Rome, en 1800. Il vint en France en 1801 pour la conclusion du Concordat. Après l'arrestation du Souverain Pontife, en 1809, il reçut l'ordre de se rendre en France; en 1810, à la suite de son refus d'assister au mariage religieux de Napoléon, il fut interné à Reims. Redevenu secrétaire d'État en 1814, il prit part au Congrès de Vienne et conserva la direction des affaires jusqu'à la mort de Pie VII (20 août 1823). Il mourut lui-même peu de temps après, le 24 janvier 1824. Il n'était que diacre, n'ayant jamais voulu recevoir la prêtrise. Ses Mémoires ont été publiés et traduits, en 1864, par J. Crétineau-Joly.(Retour au texte principal.)

Note 302: Victor-Emmanuel I (1754-1824), le souverain dépossédé que représentait alors à Saint-Pétersbourg le comte Joseph de Maistre.—Avant l'arrivée du cardinal Fesch, qu'il précédait à Rome de quelques jours, Chateaubriand avait cru pouvoir faire visite à l'ex-roi de Sardaigne. Il annonçait du reste lui-même, en ces termes, à M. de Talleyrand, la démarche qui allait attirer sur sa tête un si violent orage:

«12 juillet 1803.
«CITOYEN MINISTRE,

«M. le cardinal Fesch présente ce soir ses lettres de créance au Pape. Avant que notre mission fût officiellement reconnue à Rome, je me suis empressé de voir ici toutes les personnes qu'il était honorable de voir. J'ai été présenté, comme simple particulier et homme de lettres, au roi et à la reine de Sardaigne. Leurs Majestés ne m'ont entretenu que d'objets d'art et de littérature.

«J'ai l'honneur de vous saluer respectueusement.»(Retour au texte principal.)

Note 303: Monseigneur de Clermont-Tonnerre. Voir la note 1 de la page 336.(Retour au texte principal.)

Note 304: L'abbé Guillon (1760-1847). Il avait été aumônier, lecteur et bibliothécaire de la princesse de Lamballe. Le cardinal Fesch, l'avait emmené avec lui à Rome. Appelé à la Faculté de théologie dès sa création, il y fit avec distinction le cours d'éloquence sacrée pendant trente ans, et en devint le doyen. Promu par Louis-Philippe, en 1831, à l'évêché de Beauvais, il ne put obtenir ses bulles du pape, parce qu'il avait administré l'abbé Grégoire, évêque constitutionnel de Blois, sans avoir observé toutes les règles ecclésiastiques; néanmoins, ayant reconnu ses torts, il fut nommé, en 1832, évêque in partibus du Maroc. On lui doit une traduction complète des Œuvres de saint-Cyprien, et une Bibliothèque choisie des Pères grecs et latins, traduits en français, 26 vol. en in-8o.(Retour au texte principal.)

Note 305: Antoine-François-Philippe Dubois-Descours, marquis de La Maisonfort (1778-1827). Il était, au moment de la Révolution, sous-lieutenant dans les gardes du corps, à la compagnie de Gramont. Il émigra et fit la campagne de 1792, à l'armée des princes. Rentré en France au début du Consulat, il fut arrêté et interné à l'île d'Elbe, d'où il s'échappa et vint à Rome. C'est alors que le vit Chateaubriand. Il put gagner la Russie et ne revit la France qu'en 1814. Député du Nord, de 1815 à 1816, il fut, après la session, chargé de la direction du domaine extraordinaire de la couronne. Devenu plus tard ministre plénipotentiaire à Florence, il eut la bonne fortune d'y voir arriver, comme secrétaire de la légation, Alphonse de Lamartine. Le marquis de la Maisonfort a publié un grand nombre d'écrits politiques, notamment le Tableau politique de l'Europe depuis la bataille de Leipzig jusqu'au 13 mars 1814. Il devra de vivre à cette double chance d'avoir eu son nom inscrit dans les Mémoires de Chateaubriand et dans les Méditations de Lamartine, qui lui a dédié sa pièce intitulée: Philosophie.

Toi qui longtemps battu des vents et de l'orage.
Jouissant aujourd'hui de ce ciel sans nuage,
Du sein de ton repos contemples du même œil
Nos revers sans dédain, nos erreurs sans orgueil...(Retour au texte principal.)

Note 306: Louis-François Bertin, dit Bertin l'Aîné (1766-1841). Vers la fin de 1799, Louis Bertin et son frère Bertin de Vaux acquirent en commun avec Roux-Laborie et l'imprimeur Le Normant, moyennant vingt mille francs, le Journal des Débats et des Décrets, petite feuille qui existait depuis 1789, et qui se bornait à publier le compte rendu des discussions législatives et les actes de l'autorité. En quelques semaines, les nouveaux propriétaires l'eurent complètement transformée, et le Journal des Débats eut vite fait de gagner la faveur du public. Mais alors que le journal réussissait brillamment, son principal propriétaire et son rédacteur en chef, Louis Bertin, fut arrêté, sur le vague soupçon d'avoir pris part à une conspiration royaliste. Enfermé au Temple, il y passa l'année 1800 presque toute entière, puis à la prison succéda l'exil. Un ordre arbitraire le relégua à l'île d'Elbe. Il obtint à grand'peine la permission de passer en Italie, où la résidence de Florence, et plus tard celle de Rome, lui fut assignée. C'est à Rome qu'il connut Chateaubriand et devint son ami. Las de l'exil et de ses sollicitations sans résultat auprès du ministre de la Police, il prit, au commencement de 1804, le parti assez aventureux de revenir en France sans autorisation, mais avec un passe-port que Chateaubriand lui avait complaisamment procuré. Il dut, pendant assez longtemps, se tenir caché, tantôt dans sa maison de la Bièvre, tantôt à Paris. Chateaubriand, revenu en France, mit tout en œuvre pour obtenir que M. Bertin cessât enfin d'être persécuté. (Voir l'Appendice no VII: Chateaubriand et madame de Custine.)—Lorsque Chateaubriand partit de Paris, en 1822, pour l'ambassade de Londres, il emmena avec lui comme secrétaire intime le fils aîné de son ami, Armand Bertin.(Retour au texte principal.)

Note 307: Pierre-Joseph Briot (1771-1827). Député du Doubs au Conseil des Cinq-Cents, il s'était montré, au 18 brumaire, l'un des plus ardents adversaires de Bonaparte. Il n'en avait pas moins été nommé, le 28 janvier 1803, grâce à la protection de Lucien, commissaire général du gouvernement à l'île d'Elbe, et c'est en cette qualité qu'il avait autorisé M. Bertin à passer en Italie. À l'avènement de l'Empire, Briot demanda un passe-port pour l'étranger et alla à Naples, où il devint successivement, sous le roi Joseph, intendant des Abruzzes, puis de la Calabre, et, sous Joachim Murat membre du Conseil d'État. Quand Murat se tourna contre la France, il le quitta, et rentra en Franche-Comté où il s'occupa, jusqu'à sa mort, d'agriculture et d'industrie. Il n'avait jamais voulu accepter, de Joseph et de Murat, ni titres, ni décoration; et c'est pour cela que Chateaubriand, toujours si exact, même dans les plus petits détails, l'appelle «le républicain M. Briot».(Retour au texte principal.)

Note 308: Marie-Pauline Bonaparte, née à Ajaccio, le 20 septembre 1780, morte à Florence, le 9 juin 1825. Elle avait été mariée deux fois: 1º en 1797, au général Leclerc; 2º en 1803, au prince Camille Borghèse. Elle fut duchesse de Guastalla de 1806 à 1814.(Retour au texte principal.)

Note 309: 30 juillet 1803.(Retour au texte principal.)

Note 310: Le château de Mme de Sévigné en Bretagne.(Retour au texte principal.)

Note 311: Du 30 fructidor an XI (17 septembre 1803).(Retour au texte principal.)

Note 312: Cette maison, située dans le voisinage de la Trinité-du-Mont, était connue sous le nom de villa Margherita.(Retour au texte principal.)

Note 313: M. d'Agincourt (1730-1814), fermier-général sous Louis XV, avait amassé une grande fortune, qu'il consacra tout entière à l'étude et à la culture des beaux-arts. Il se fixa à Rome en 1779, ne cessa plus depuis de l'habiter et y rédigea l'Histoire de l'Art par les Monuments, depuis le IVe siècle jusqu'au XVIe (6 vol. in-fol., avec 336 planches). C'est le plus riche répertoire que l'on ait en ce genre.(Retour au texte principal.)

Note 314: Julie de Wietinghoff, baronne de Krüdener, née à Riga (Livonie), le 21 novembre 1764, doublement célèbre comme romancière et comme mystique. Elle venait de publier, précisément en 1803, le meilleur de ses romans Valérie ou Lettres de Gustave de Linar à Ernest de G... Soudain, vers 1807, au roman mondain succéda pour elle le roman religieux. Elle crut avoir reçu du ciel mission de régénérer le christianisme, se fit apôtre et parcourut l'Allemagne, prêchant en plein air, visitant les prisonniers, répandant des aumônes, et entraînant à sa suite des milliers d'hommes. Les événements de 1814 ajoutèrent encore à son exaltation. Elle prit alors sur l'Empereur Alexandre un ascendant considérable, et le tzar voulut l'avoir à ses côtés, quand il passa dans la plaine des Vertus en Champagne la grande revue de l'armée russe (11 septembre 1815). Quelques jours après, le 26 septembre, était signée à Paris, entre la Russie, l'Autriche et la Prusse, la Sainte-Alliance. Mme de Krüdener en avait été l'inspiratrice. En 1824, elle passa en Crimée, afin d'y fonder une maison de refuge pour les pécheurs et les criminels; elle y mourut la même année, le 25 décembre, à Karasou-Bazar. Sa Vie a été écrite par M. Eynard (Paris, 1849), et par Sternberg (Leipsick, 1856).(Retour au texte principal.)

Note 315: Joseph Michaud (1767-1839); auteur du Printemps d'un proscrit et de l'Histoire des Croisades, membre de l'Académie française et l'un des hommes les plus spirituels de son temps. Condamné à mort par contumace, après le 13 vendémiaire, proscrit après le 18 fructidor, il était ardemment royaliste, et sous la Restauration, directeur de la Quotidienne, qu'il avait fondée en 1794, il prit rang parmi les ultras. L'indépendance, chez ce galant homme, marchait de pair avec la fidélité. «Je suis comme ces oiseaux, disait-il, qui sont assez apprivoisés pour se laisser approcher, pas assez pour se laisser prendre.» Un jour, un ministre, voulant se rendre la Quotidienne favorable, le fit venir et ne lui ménagea pas les offres les plus séduisantes. «Il n'y a qu'une chose, lui dit M. Michaud, pour laquelle je pourrais vous faire quelque sacrifice.—Et laquelle? reprit vivement le ministre.—Ce serait si vous pouviez me donner la santé.» Sa santé, toute pauvre qu'elle était, son vif et charmant esprit, sa plume alerte et vaillante, il avait mis tout cela au service de Charles X; il faisait plus que défendre le roi, il l'aimait. Cela ne l'empêchait pas de lui parler librement, en homme qui n'est ni courtisan ni flatteur. Il avait commis dans sa jeunesse quelques vers républicains; une feuille ministérielle, qui ne pardonnait pas à la Quotidienne de combattre le ministère Villèle, les exhuma. Charles X les lut et en parla à M. Michaud qui répondit: «Les choses iraient bien mieux si le roi était aussi au courant de ses affaires que Sa Majesté paraît l'être des miennes.» Au mois de janvier 1827, M. de Lacrételle avait soumis à l'Académie française la proposition d'une supplique au roi à l'occasion de la loi sur la presse: M. Michaud fut de ceux qui adhérèrent, ce qui lui valut de perdre sa place de lecteur du roi et les appointements de mille écus qui y étaient attachés, seule récompense de ses longs services. Charles X le fit venir, et comme il lui adressait avec douceur quelques reproches: «Sire, dit M. Michaud, je n'ai prononcé que trois paroles, et chacune m'a coûté mille francs. Je ne suis pas assez riche pour parler.» Et il se tut.(Retour au texte principal.)

Note 316: Chateaubriand paraît avoir fait ici une confusion. Le comte de la Luzerne, l'ambassadeur, qui avait eu pour secrétaire à Londres André Chénier et Louis de Chateaubriand, était mort à Southampton, le 14 septembre 1791. Ce n'est donc pas à lui que l'auteur des Mémoires écrivait en 1803. Le correspondant de Chateaubriand, le beau-frère de Mme de Beaumont, était le comte Guillaume de la Luzerne, neveu de l'ambassadeur et fils de César-Henri de la Luzerne, ministre de la Marine sous Louis XVI. Guillaume de La Luzerne avait épousé, en 1787, la sœur aînée de Mme de Beaumont, Victoire de Montmorin, qui, ainsi qu'on l'a vu à la note 2 de la page 255, mourut en prison sous la Terreur.(Retour au texte principal.)

Note 317: Les Saint-Germain, la femme et le mari (Germain Couhaillon), étaient depuis trente-huit ans au service de la famille Montmorin. Chateaubriand, à son tour, les prit à son service, et ils ne le quittèrent plus.(Retour au texte principal.)

Note 318: Madame de Beaumont mourut le vendredi, 4 novembre 1803. Quatre jours plus tard, Chateaubriand adressa à M. Guillaume de la Luzerne une longue lettre sur les derniers moments de sa belle-sœur. Joubert a dit de cette Relation, dont il avait eu en mains une copie: «Rien au monde n'est plus propre à faire couler les larmes que ce récit. Cependant il est consolant. On adore ce bon garçon en le lisant. Et quant à elle, on sent pour peu qu'on l'ait connue, qu'elle eût donné dix ans de vie, pour mourir si paisiblement et pour être ainsi regrettée.»—La lettre de Chateaubriand à M. de la Luzerne a été publiée par M. Paul de Raynal dans son très intéressant volume sur les Correspondants de Joubert.(Retour au texte principal.)

Note 319: Auguste de Montmorin, officier de marine, avait péri en 1793 dans une tempête en revenant de l'Île-de-France.—Dans l'enveloppe qui renfermait le testament de Mme de Beaumont, se trouvait une note ainsi conçue: «Madame de Saint-Germain ouvrira ce paquet, qui contient mon testament; mais je la prie, si ce premier paquet est ouvert à temps, de me faire ensevelir dans une pièce d'étoffe des Indes qui m'a été envoyée par mon frère Auguste. Elle est dans une cassette.»(Retour au texte principal.)

Note 320: Et non en 1827, comme le portent toutes les éditions des Mémoires. Chateaubriand passa toute l'année 1827 à Paris. Ce fut seulement en 1828, sous le ministère Martignac, qu'il fut nommé à l'ambassade de Rome.(Retour au texte principal.)

Note 321: Ce monument, c'était Chateaubriand qui l'avait fait élever, dans l'église Saint-Louis-des-Français. Dans la première chapelle à gauche en entrant, en face du tombeau du cardinal de Bernis, un bas-relief, en marbre blanc représente madame de Beaumont étendue sur sa couche funèbre; au-dessus, les médaillons de son père, de sa mère, de ses deux frères et de sa sœur, avec ces mots: Quia non sunt; dessous, cette inscription:

D. O. M.
Après avoir vu périr toute sa famille.
Son père, sa mère, ses deux frères et sa sœur,
PAULINE DE MONTMORIN,
Consumée d'une maladie de langueur,
Est venue mourir sur cette terre étrangère.
F.-A. de Chateaubriand a élevé ce monument
à sa mémoire.

En cette circonstance, ainsi que cela lui arrivera si souvent, Chateaubriand avait plus écouté ses sentiments qu'il n'avait fait état de sa fortune. Il écrivait à Gueneau de Mussy, le 20 décembre 1803: «Je vous prie de veiller un peu à mes intérêts littéraires; songez que c'est la seule ressource qui va me rester... Le monument de Mme de Beaumont me coûtera environ neuf mille francs. J'ai vendu tout ce que j'avais pour en payer une partie...»(Retour au texte principal.)

Note 322: C'est une épigramme anonyme de l'Anthologie grecque (VII, 346). En voici la traduction complète: «Excellent Sabinus, que ce monument, bien que la pierre en soit petite, te soit un gage de ma grande amitié! Je te regretterai sans cesse; mais toi, ne vas pas, si tu le peux chez les morts, boire une seule goutte de cette eau du Léthé qui te ferait m'oublier.»—Les deux derniers vers de l'épigramme grecque se retrouvent dans l'Anthologie latine de Burmann (t. II, p. 139):

Tu cave Lethæo contingas ora liquore,
Et cito venturi sis memor, oro, viri.
(Retour au texte principal.)

Note 323: L'amitié de M. de Fontanes va beaucoup trop loin: madame de Beaumont m'avait mieux jugé, elle pensa sans doute que si elle m'eût laissé sa fortune, je ne l'aurais pas acceptée. Ch.(Retour au texte principal.)

Note 324: Madame de Beaumont avait fait son testament, non à Rome, dans sa dernière maladie, mais à Paris le 15 mai 1802. Elle avait fait à Chateaubriand le seul legs qu'il pût accepter. La disposition qui le concernait était ainsi conçue: «Je laisse tous mes livres sans exception à François-Auguste de Chateaubriand. S'il était absent, on les remettrait à M. Joubert, qui se chargerait de les lui garder jusqu'à son retour ou de les lui faire passer.»—Le fidèle Joubert non plus n'était pas oublié. «Je laisse, ajoutait-elle, à M. Joubert l'aîné ma bibliothèque en bois de rose (celle qui a des glaces), mon secrétaire en bois d'acajou ainsi que les porcelaines qui sont dessus, à l'exception de l'écuelle en arabesques fond d'or, que je laisse à M. Julien.» Elle faisait son beau-frère, Guillaume de La Luzerne, son exécuteur testamentaire.—Le texte complet de ce testament a été inséré par M. A. Bardoux dans l'Appendice de son volume sur la Comtesse Pauline de Beaumont.(Retour au texte principal.)

Note 325: La Lettre à M. de Fontanes sur la Campagne romaine est datée du 10 janvier 1804. Elle a paru, pour la première fois, dans le Mercure de France, livraison de mars 1804. Voici le jugement qu'en a porté Sainte-Beuve dans Chateaubriand et son groupe littéraire sous l'Empire, tome I, p. 396: «La Lettre à M. de Fontanes sur la Campagne romaine est comme un paysage de Claude Lorrain ou du Poussin: Lumière du Lorrain et cadre du Poussin... En prose, il n'y a rien au delà. Après de tels coups de talent, il n'y a plus que le vers qui puisse s'élever encore plus haut avec son aile... «N'oubliez pas, m'écrit un bon juge, Chateaubriand comme paysagiste, car il est le premier; il est unique de son ordre en français. Rousseau n'a ni sa grandeur, ni son élégance. Qu'avons-nous de comparable à la Lettre sur Rome? Rousseau ne connaît pas ce langage. Quelle différence! L'un est génevois, l'autre olympique.»—Cette belle Lettre a produit en français toute une école de peintres, une école que j'appellerai romaine. Mme de Staël, la première, s'inspira de l'exemple de Chateaubriand: son imagination en fut piquée d'honneur et fécondée; elle put figurer Corinne, ce qu'elle n'eût certes pas tenté avant la venue de son jeune rival.»(Retour au texte principal.)

Note 326: Cette lettre à Joubert est datée de Rome, décembre 1803.(Retour au texte principal.)

Note 327: On trouve la confirmation de tous ces détails dans la lettre suivante, écrite par Chateaubriand à Fontanes le 12 novembre 1803:

«Rome, 12 novembre.

«J'espère que cette lettre, que je mets à la poste de Milan, vous parviendra presque aussi vite que le récit de la mort de ma malheureuse amie, que je vous ai fait passer par la poste directe, mercredi soir. Je vous apprends que ma résolution est changée. J'ai parlé au cardinal, il m'a traité avec tant de bonté, il m'a fait sentir tellement les inconvénients d'une retraite dans ce moment, que je lui ai promis que j'accomplirais au moins mon année, comme nous en étions convenus dans le principe.

«Par ce moyen, je tiens ma parole à ma protectrice (madame Bacciochi); je laisse le temps aux bruits philosophiques de Paris de s'éteindre, et, si je me retire au printemps, je sortirai de ma place à la satisfaction de tout le monde, et sans courir les risques de me faire tracasser dans ma solitude. Il n'est donc plus question pour le moment de démission; et vous pouvez dire hautement, car c'est la vérité, que non seulement je reste, mais que l'on est fort content de moi. Mes entrées chez le Pape vont m'être rendues; on va me traduire au Vatican, et la Gazette de Rome fait aujourd'hui même un éloge pompeux de mon ouvrage, qui, selon les chimistes, est mis à l'index. Le cardinal écrira mardi au ministre des relations extérieures pour désapprouver tous les bruits et s'en plaindre. On me donne un congé de douze jours pour Naples afin de me tirer un moment de cette ville où j'ai eu tant de chagrins.

«Je désire que cette lettre, mon cher ami, vous fasse autant de plaisir que les autres ont pu vous faire de peine; mais je n'en suis pas moins très malheureux. J'espère vous embrasser au printemps. En attendant, souvenez-vous que je ne pars plus. Mille amitiés.»—Bibliothèque de Genève. Orig. autog.(Retour au texte principal.)

Note 328: Chateaubriand parle de cette proposition dans une autre lettre à Fontanes, en date du 16 novembre 1803: «... Je ne sais dans laquelle de vos lettres vous me parlez de mes projets pour le Nord. Par un hasard singulier, il y a ici un général russe, très aimé de l'empereur de Russie et en correspondance avec lui, qui m'a fait demander pour causer avec moi du dessein qu'avait eu la princesse de Mecklembourg de me placer gouverneur auprès du grand-duc de Russie. Cette place est très belle, très honorable, et après six ou huit ans de service (le prince a huit ans), elle me laisserait une fortune assez considérable pour le reste de mes jours. Mais un nouvel exil de huit ans me fait trembler. On m'offre aussi une place à l'Académie de Pétersbourg avec la pension; mais, par une loi de la République, aucun Français ne peut recevoir une pension de l'étranger. Ainsi non seulement on vous persécute, mais on vous empêche encore de jouir des marques d'estime que des étrangers aimeraient à vous donner...»—Bibliothèque de Genève. Original autog.(Retour au texte principal.)

Note 329: «Je puis, dit ici M. de Marcellus (Chateaubriand et son temps, p. 149), je puis attester ce scrupuleux respect pour l'histoire et cette abnégation de soi-même. J'en ai été le confident; j'en ai tenu les preuves dans mes mains, et, si M. de Chateaubriand a commis des fautes dans sa carrière politique, il n'a rien fait pour en supprimer les traces.»(Retour au texte principal.)

Note 330: Les Martyrs, livre V.(Retour au texte principal.)

Note 331: «Je propose à mon guide de descendre dans le cratère; il fait quelque difficulté, pour obtenir un peu plus d'argent. Nous convenons d'une somme qu'il veut avoir sur-le-champ. Je la lui donne. Il dépouille son habit; nous marchons quelque temps sur les bords de l'abîme, pour trouver une ligne moins perpendiculaire, et plus facile à descendre. Le guide s'arrête et m'avertit de me préparer. Nous allons nous précipiter.—Nous voilà au fond du gouffre...»—Voyage en Italie, au chapitre sur le Vésuve, 5 janvier 1804.(Retour au texte principal.)

Note 332: «Un jour, j'étais monté au sommet de l'Etna.... Je vis le soleil se lever dans l'immensité de l'horizon au-dessous de moi, la Sicile resserrée comme un point à mes pieds, et la mer déroulée au loin dans les espaces. Dans cette vue perpendiculaire du tableau, les fleuves ne me semblaient plus que des lignes géographiques tracées sur une carte; mais tandis que d'un côté mon œil apercevait ces objets, de l'autre il plongeait dans le cratère de l'Etna, dont je découvrais les entrailles brûlantes, entre les bouffées d'une noire vapeur.»—René.(Retour au texte principal.)

Note 333: Antoine Canova (1757-1822). En 1813, lors du premier séjour de Mme Récamier en Italie, Canova fit, d'après elle, de souvenir, pendant une absence de la belle Française, qui s'était rendue à Naples, deux bustes modelés en terre, l'un coiffé simplement en cheveux, et l'autre avec la tête à demi couverte d'un voile. Dans les deux bustes, le regard était levé vers le ciel. Lorsque le grand sculpteur les lui montra, il ne parut pas que cette surprise lui fût agréable, et Canova, doublement blessé comme ami et comme artiste, ne lui en parla plus, jusqu'au jour où Mme Récamier lui demandant ce qu'il avait fait du buste au voile, il répondit: «Il ne vous avait pas plu; j'y ai ajouté une couronne d'olivier et j'en ai fait une Béatrix.» Telle est l'origine de ce beau buste de la Béatrice de Dante que plus tard le statuaire exécuta en marbre et dont un exemplaire fut envoyé à Mme Récamier, après la mort de Canova, par son frère l'abbé, avec ces lignes:

«Sovra candido vel, cinta d'oliva,
Donna m'apparve.....

DANTE

«Ritratto di Giuletta Recamier modellato di memoria da Canova nel 1813 e poi consacrato in marmo col nome di Beatrice(Retour au texte principal.)

Note 334: Ici se termine le récit des six mois passés à Rome par l'auteur des Mémoires comme secrétaire de la légation. Sur cet épisode de sa vie, il faut lire les remarquables articles sur les Débuts diplomatiques de Chateaubriand, par M. le comte Édouard Frémy (le Correspondant, numéros de septembre et octobre 1893), et le chapitre V du livre de l'abbé Pailhès sur Chateaubriand, sa femme et ses amis.(Retour au texte principal.)

Note 335: Aujourd'hui l'hôtel de France et de Lorraine, au no 5 de la rue de Beaune.(Retour au texte principal.)

Note 336: «M. de Chateaubriand descendit dans un modeste hôtel, rue de Beaune, et ne vit d'abord qu'un petit nombre d'amis. Un soin important le préoccupait, sa réunion avec Mme de Chateaubriand; le sage conseil écarté d'abord avait été compris; et, à part même la bienséance du monde, il sentait ce qu'avait d'injuste cette séparation si longue d'une personne vertueuse et distinguée, à laquelle il avait donné son nom, et qu'il ne pouvait accuser que d'une délicate et ombrageuse fierté dans le commerce de la vie. Un motif généreux venait aider, en lui, au sentiment du devoir. La perte ancienne de presque toute la fortune de Mme de Chateaubriand s'aggravait par la ruine d'un oncle débiteur envers elle. Les instances de M. de Chateaubriand durent redoubler pour obtenir enfin son retour, et, résolue de l'accompagner dans sa mission du Valais, elle vint promptement le rejoindre à Paris.»—M. de Chateaubriand, sa vie, ses écrits et son influence, par M. Villemain, p. 137.(Retour au texte principal.)

Note 337: Et non le 20 mars, comme le portent toutes les éditions, conformes d'ailleurs en cela au manuscrit des Mémoires. Il y a eu là évidemment une erreur de plume. L'exécution du duc d'Enghien eut lieu, non le 20, mais le 21 mars 1804.(Retour au texte principal.)

Note 338: Mémoires de M. de Bourrienne, tome V, p. 348.(Retour au texte principal.)

Note 339: Ici encore le manuscrit dit à tort: le 20 mars.(Retour au texte principal.)

Note 340: Voici le texte de la lettre de démission de Chateaubriand:

«Citoyen ministre,

«Les médecins viennent de me déclarer que Mme de Chateaubriand est dans un état de santé qui fait craindre pour sa vie. Ne pouvant absolument quitter ma femme dans une pareille circonstance, ni l'exposer au danger d'un voyage, je supplie Votre Excellence de trouver bon que je lui remette les lettres de créance et les instructions qu'elle m'avait adressées pour le Valais. Je me confie encore à son extrême bienveillance pour faire agréer au Premier Consul les motifs douloureux qui m'empêchent de me charger aujourd'hui de la mission dont il avait bien voulu m'honorer. Comme j'ignore si ma position exige quelque autre démarche, j'ose espérer de votre indulgence ordinaire, citoyen ministre, des ordres et des conseils; je les recevrai avec la reconnaissance que je ne cesserai d'avoir pour vos bontés passées.

«J'ai l'honneur de vous saluer respectueusement,
«Chateaubriand.
«Paris, rue de Beaune, hôtel de France.
«1er germinal an XII (22 mars 1804).»(Retour au texte principal.)

Note 341: Moreau avait été arrêté le 15 février; Pichegru, le 28, et Georges Cadoudal le 9 mars 1804.(Retour au texte principal.)

Note 342: Voir l'Appendice no IX: les Quatre Clauses.(Retour au texte principal.)

Note 343: «Mme Bacciochi, qui nous était fort attachée, jeta les hauts cris en apprenant ce qu'elle appelait notre défection. Pour Fontanes, il devint fou de peur; il se voyait déjà fusillé avec M. de Chateaubriand et tous nos amis.» Souvenirs de Mme de Chateaubriand.—Voir l'Appendice no X: Le Cahier rouge.(Retour au texte principal.)

Note 344: «Avant la mort du duc d'Enghien, la bonne société de Paris était presque toute en guerre ouverte avec Bonaparte; mais aussitôt que le héros se fut changé en assassin, les royalistes se précipitèrent dans ses antichambres, et quelques mois après le 21 mars, on aurait pu croire qu'il n'y avait qu'une opinion en France, sans les quolibets que l'on se permettait encore, à huis clos, dans quelques salons du faubourg Saint-Germain. Au surplus, la vanité causa encore plus de défections que la peur. Les personnes tombées prétendaient avoir été forcées, et l'on ne forçait, disait-on, que celles qui avaient un grand nom ou une grande importance; et chacun, pour prouver son importance et ses quartiers, obtenait d'être forcé à force de sollicitations.» Souvenirs de Mme de Chateaubriand.(Retour au texte principal.)