![LegionoftheDamned.ai](/epubstore/R/S-Rob/Space-Marine-Battle-08-La-Legion-Des-Damnes/OEBPS/images/LegionoftheDamned_fmt12.jpeg)
Épilogue
Empereur-Dieu
L’approbator Vaskellen Quast sauta de la rampe de débarquement de la Valkyrie et atterrit sur les cadavres qui jonchaient le sol. Le micro à la main, il négocia ce tapis mou et visqueux le plus vite possible. Des troupes de choc inquisitoriales du 52e Ranger de Pelluciad le suivaient à distance raisonnable afin de ne pas le gêner dans son travail.
Les Thunderhawk des Excoriators avaient précédé la Valkyrie de l’ordo Obsoletus jusqu’au site où l’on avait retrouvé le survivant. Quand Quast arriva enfin, le santiarque Balshazar et une garde d’honneur d’Excoriators entouraient le guerrier, s’assurant de tenir éloignées les équipes frateris qui avaient failli l’incinérer par mégarde et les sœurs Hospitalières qui souhaitaient soigner ses blessures. Des appareils de l’Adeptus Astartes surveillaient les environs. L’approbator se glissa entre les silhouettes des géants en armure et découvrit le survivant de la croisade de sang du Furiocauste, l’unique témoin de sa destruction. Les questions se bousculaient dans la tête de l’approbator cependant, à l’instar des space marines, il observa un silence solennel.
L’Ange était grièvement blessé. Il était adossé contre une pierre tombale, les bras ballants. C’était le capitaine de la Cinquième compagnie des Excoriators. Son armure – qui était à l’origine couleur ivoire – était maculée de sang caillé. Les inscriptions et les anciennes traces de combat avaient disparu sous les stigmates de la bataille. La cuirasse était constellée d’impacts de bolts et d’entailles de haches tronçonneuses par lesquels son fluide vital s’écoulait. Son visage était pareillement couvert de sang – celui de ses ennemis aussi bien que le sien – et noirci par la suie des incendies. Sa tonsure était en bataille. Il lui manquait une oreille et une de ses orbites était occupée par une sphère métallique, témoin muet d’une vieille blessure. Néanmoins, sous cette couche de sang séché et de crasse, l’Excoriator les regardait. Certes, son œil était vitreux et clignait sous la lumière vive du soleil Certusien, mais il les regardait.
La brise souleva l’étendard de compagnie planté à côté de lui. Lorsqu’il avait vu les silhouettes de guerriers de l’Adeptus Astartes se découper dans le ciel matinal, il avait serré contre lui son épée. L’arme était immaculée, contrairement à lui ou au moindre centimètre carré de cette terre. Quast n’était pas un guerrier, pourtant ce glaive attira son attention. Sa large lame était dénuée d’ornements, tout comme son pommeau pyramidal. Seul le fort portait une inscription ou, plus précisément, un numéro : VII.
L’approbator leva instinctivement la tête vers le santiarque. Les space marines fixaient le glaive plutôt que leur frère blessé.
— Capitaine, je…
— Approbator ! gronda Balshazar.
Le santiarque s’avança d’un pas et dégaina sa propre lame. Il s’agenouilla devant le survivant et la lui offrit :
— Je crois savoir que cette arme vous appartient, capitaine-corpus Kersh…
Le Fléau saisit le glaive et le serra contre sa poitrine. Il était aussi fonctionnel et austère que le premier, bien que visiblement de moins bonne facture. Le santiarque essaya de prendre l’autre, mais l’Excoriator resserra son étreinte dessus, refusant de le lui concéder. Quast scruta avec attention Balshazar et le guerrier qu’il avait appelé Kersh.
— Vous êtes venus pour une épée ? s’étonna-t-il.
Le santiarque l’ignora et se tourna vers un des space marines :
— Frère Japhet, contactez le Cerberus. Informez le maître de chapitre Ichabod que nous avons retrouvé la Lame de Dorn. Dites-lui que le capitaine-corpus Kersh veille sur elle et qu’elle sera rapatriée avec lui à bord de la barge de bataille.
— Vous n’aviez par reçu d’appel astro-télépathique ou de signal de détresse et, pourtant, vous étiez déjà en route vers Certus-Minor juste pour récupérer une épée ? demanda Quast.
Le santiarque se redressa de toute sa taille :
— Ce n’est pas n’importe quelle arme, approbator. Il s’agit de l’Épée de Sebastus. La Lame de Dorn. C’est une relique sacrée des fils de Rogal Dorn. Elle a été portée par le primarque lui-même lors des combats dans la Forteresse Éternelle. Elle a versé le sang des traîtres lors de la bataille de la Cage de Fer. C’est un symbole de l’unité des fils de Dorn et des sacrifices auxquels ils ont consenti ensemble en dépit de leur division en chapitres, conformément aux préceptes du Codex Astartes. Cette lame est un élément majeur de l’Histoire de l’Imperium.
— Le capitaine a volé cette relique ?
— Le capitaine-corpus Kersh a gagné honorablement la Lame de Dorn, le corrigea Balshazar en se tournant vers le Fléau. Il a acquis le droit de la porter après avoir remporté l’Assemblée des Lames.
— Dans ce cas, pourquoi vouloir la lui reprendre ?
— Normalement, le capitaine-corpus Kersh aurait dû confier la Lame de Dorn à la frégate Scarifica afin qu’elle l’emmène en sécurité sur Eschara. Au lieu de cela, il l’a remplacée par sa propre lame de combat, celle reçue en devenant un frère de bataille à part entière.
— Pourquoi a-t-il fait cela ? s’enquit Quast en s’agenouillant devant le Fléau sur le sol détrempé de sang. Capitaine, pourquoi avoir fait cela ? dit-il alors en s’adressant directement à Kersh.
L’Excoriator ne répondit pas et leva les yeux vers le santiarque.
— Sans doute pour pousser le maître de chapitre à lui accorder une audience, fit Balshazar sur un ton accusateur. Elle lui avait été refusée. Je suppose que son acte a été motivé par cette raison, bien que le capitaine-corpus ait souvent un comportement énigmatique. Ce que je constate, c’est que si nous étions arrivés ici plus tôt, nous aurions pu faire face avec nos frères contre le Furiocauste. Une fois de plus, l’Épée de Sebastus aurait permis de réunir les fils de Rogal Dorn.
Quast se pencha vers le Fléau, mais la puanteur de sang caillé et de viande avariée qui émanait de son armure le fit reculer.
— Capitaine-corpus, je représente les intérêts des Saints Ordos. Je dois savoir ce qui s’est passé. Ces circonstances étranges appellent des explications.
Kersh bougea soudain. L’approbator recula d’un air surpris et effrayé. Le space marine lâcha son arme de néophyte et se tourna vers la pierre tombale. Du sang s’écoula à gros bouillons d’une entaille dans sa cuirasse. La scène était poignante. Balshazar et Quast auraient voulu l’aider, mais ils ne comprenaient pas. Les doigts du Fléau effleurèrent les sculptures de la pierre tombale. Elle portait un nom, Erzsebet Dorota Catallus, et était dotée d’une clochette, comme les milliers d’autres disséminées dans le nécroplexe. Quast fronça les sourcils. Celle-ci servait peut-être à un rituel de l’Ecclésiarchie ou appartenait aux traditions du monde funéraire. D’un doigt tremblant, Kersh agita la clochette qui émit un tintement léger. Il continua jusqu’à ce que, finalement, l’objet se mette à tinter tout seul.
Quast et le Santiarque échangèrent un regard interrogateur. Tout autour d’eux, d’autres clochettes sonnèrent, avec de plus en plus de véhémence. L’approbator s’approcha pour examiner la stèle. Il remarqua les aérations, le fil qui s’enfonçait sous terre. Il se tourna vers Balshazar :
— Les morts se réveillent, santiarque ! C’est un miracle !
— Approbator ! l’appela le sergent des Rangers de Pelluciad.
Il se tenait à côté d’un soldat équipé d’une radio.
— Les équipes d’excavation signalent du bruit sous les ruines du mausolée mémorial. Le nouveau pontifex demande l’assistance de l’ordo et de l’Adeptus Astartes afin de libérer les survivants et de récupérer les reliques d’Umberto II.
— Dites au pontifex que nous allons avoir besoin de pelles. De beaucoup de pelles !
Les tintements des clochettes résonnaient dans tout le nécroplexe. L’approbator remarqua un objet à moitié enfoui dans la boue ensanglantée. Il le ramassa, l’essuya. C’était une lame de tarot cristalline décorée d’une illustration et d’une inscription. Il avait déjà vu des astropathes utiliser de telles cartes dans le but de prédire le futur. L’inscription disait Deus Imperator. L’illustration représentait l’Empereur sur le Trône d’Or.
— L’Empereur-dieu… murmura Quast.
Il baissa les yeux et repéra une autre lame de tarot, puis une autre, et encore une autre… Chacune se trouvait au pied d’une tombe et arborait l’image de l’Empereur-dieu. Quast était éberlué. Il avait déjà vu des gardes impériaux laisser des cartes à jouer sur les cadavres de leurs victimes en guise de signature. Cependant, il n’avait jamais eu vent de lames de tarot déposées près des survivants d’une bataille. Il revint vers le blessé avec une poignée de cartes.
— Que s’est-il passé ? le pressa-t-il en les lui montrant. Racontez-moi tout…