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Le ferry disparaissait au loin dans la brume. Chen repartait en sifflotant quand son portable vibra dans sa poche. C’était un SMS de Shanshan : « À présent vous avez aussi mon numéro, Shanshan. »

C’est bien, se dit-il en souriant. L’enthousiasme pour la nouveauté était caractéristique de son âge. Lui avait mis deux jours pour apprendre à écrire et envoyer correctement un message. Il s’était acharné parce qu’il n’avait pas eu le choix. C’était une nécessité dans son travail. Mais il n’aimait pas avoir à le faire, tandis que beaucoup de jeunes filles semblaient s’envoyer des textos à tout bout de champ.

Il regarda malgré lui dans la direction du ferry et eut une soudaine intuition. Quelqu’un le regardait, et levait un portable comme pour prendre une photo, puis se détournait brusquement en se voyant observé. Ce pouvait n’être qu’une coïncidence, mais il y avait quelque chose chez cet homme  – âge moyen, taille moyenne, chemise blanche à manches courtes. Chen pensait l’avoir déjà vu quelque part, sans pouvoir toutefois se rappeler de qui il s’agissait.

Ou alors il était trop méfiant, comme d’habitude. Pour une fois, il n’était qu’un simple touriste en vacances à Wuxi. Il n’y avait aucune raison de penser que quelqu’un le suivait.

Quand il reprit sa route, et après être passé devant plusieurs stands, il regarda par-dessus son épaule : l’homme n’était plus là.

Chen se dit que ce qu’il venait d’apprendre pouvait figurer dans le rapport destiné au camarade secrétaire Zhao. Il était convaincu de sa pertinence. Bien entendu, rien ne pressait. Il avait d’abord un travail personnel à accomplir.

Bientôt il se perdit de nouveau. Le plan qu’il sortit de sa poche ne l’aida pas. Après avoir tourniqué un moment sans savoir vraiment où il allait, il avisa un groupe de touristes qui se dirigeaient vers une route bordée de saules, l’un d’eux brandissant un petit drapeau. Ils parlaient, gesticulaient, montraient un panneau indiquant la direction du parc, à travers lequel il pensa pouvoir prendre un raccourci pour retourner au Centre.

Il les suivit jusqu’au parc, où un grand tableau affichait le prix d’entrée : trente yuans. C’était sans doute un prix raisonnable si l’on considérait qu’il s’agissait de l’attraction principale de la ville. Il montra son laissez-passer du Centre et entra gratuitement. Encore un avantage réservé aux cadres du Parti.

Le lieu était très animé. La plupart des touristes venaient de villes voisines. Certains, de Shanghai, comme ce jeune couple qui parlait avec un accent facilement identifiable. La femme, enceinte de quatre ou cinq mois, rayonnante, serrait dans sa main deux minuscules bébés de terre cuite en costume bariolé, une production artisanale typique de Wuxi.

Près du lac, il remarqua une foule qui attendait les bateaux de croisière. L’un d’eux paraissait très moderne, luxueux, rutilant au soleil comme sorti d’un film de Hollywood, mais ça ne correspondait pas à son souvenir du lac.

Vers l’ouest, non loin du quai, plusieurs personnes attendaient leur tour pour prendre une photo devant un énorme rocher dont la surface plate portait quatre grands caractères chinois peints en rouge : Fécondité à Wu Yue. Wu Yue désignait l’endroit, et la phrase était à l’origine un hommage à l’étendue du lac. C’était devenu une toile de fond recherchée par les touristes en raison de la croyance populaire selon laquelle le rocher pouvait être propice aux jeunes couples désireux de fonder une famille.

En passant devant une statue de tortue en bronze, le thème du parc, il aperçut une maison de thé de style traditionnel  – murs blancs, piliers vermillon, fenêtres à lattes, oriflamme en soie jaune flottant sous la brise où était brodé le caractère chinois pour le mot « thé ». À l’extérieur, un nombre considérable de clients buvaient du thé, jouaient au poker ou aux échecs, se reposaient face à l’étendue d’eau parsemée de voiles blanches, tels des nuages.

C’était un spectacle magnifique. Cependant, pour les habitants qui l’avaient vu des centaines de fois, ce n’était peut-être qu’un endroit où boire du thé.

Chen choisit lui aussi une table de bambou avec vue sur le lac miroitant encadrée d’arbres. L’eau ne paraissait plus aussi sombre qu’il lui avait semblé près du ferry en compagnie de Shanshan.

Une serveuse lui apporta un Thermos recouvert de bambou et une tasse contenant une pincée de feuilles.

« Thé Avant la Pluie, la dernière récolte de l’année, les meilleures feuilles de la maison », dit-elle en remplissant la tasse.

Le thé était d’un vert tendre. Chen ne le goûta pas tout de suite. Il tapota du doigt sur la table en pensant à ce que Shanshan avait dit à propos de l’eau, puis prit un journal dans un casier près de la table. Mais en voyant en première page une photo des dirigeants locaux intervenant dans une conférence économique, il le reposa.

Les mots de Shanshan l’avaient plus qu’impressionné. La protection de l’environnement était longtemps restée une notion secondaire. D’abord lorsque, sous Mao, le peuple chinois mourait de faim, en particulier de 1959 à 1962, les trois années dites de calamité naturelle, puis durant la Révolution culturelle. La grande priorité était alors de se nourrir pour survivre. Puis, sous le gouvernement de Deng, la Chine avait enfin commencé à rattraper son retard ; Deng disait « Le développement est la seule et unique vérité », et la protection de l’environnement n’était toujours pas à l’ordre du jour.

Rien d’étonnant à ce que Shanshan ait eu des ennuis et qu’elle ait reçu des menaces.

Il se demanda s’il devait informer la police locale. Avec le numéro de téléphone de Shanshan, elle pourrait repérer l’inquiétant correspondant. D’autant qu’il y avait maintenant le meurtre de son directeur.

Il appela donc le sergent Huang, de la police de Wuxi.

« Oh, inspecteur principal Chen, vous auriez dû me prévenir, s’exclama Huang sans cacher son excitation. J’aurais pu venir vous chercher à la gare.

— Vous êtes le premier à qui je téléphone ici. Pour moi aussi ce sont des vacances impromptues.

— Je suis très flatté que vous m’appeliez en premier. Et je suis vraiment très heureux que vous ayez choisi Wuxi.

— J’ai reçu un coup de téléphone du camarade Zhao, l’ancien secrétaire général du Comité de discipline du Parti. Il était trop occupé pour profiter des vacances organisées pour lui, et il a souhaité que je vienne à sa place. Alors me voici, en train de déguster une tasse de thé Avant la Pluie dans le parc de la Tête de Tortue.

— C’est formidable, inspecteur principal Chen. J’ai tellement entendu parler de vous  – et de vos liens avec Pékin. Vous avez travaillé sur une affaire de corruption extrêmement sensible sous les ordres du camarade secrétaire Zhao. Quelle enquête ! Je l’ai étudiée plusieurs fois. Je suis un de vos grands admirateurs. J’ai également lu toutes vos traductions. Vous rencontrer exaucerait l’un de mes rêves les plus chers.

— J’en serais très heureux, moi aussi.

— Je suis vraiment tout près. Puis-je vous rejoindre ?

— Naturellement, je suis à la maison de thé, près de la statue de tortue en bronze, dit Chen avant d’ajouter : S’il vous plaît, pas un mot à vos collègues sur ma présence ici.

— Pas un mot à personne, c’est promis, inspecteur principal Chen. Je pars tout de suite. »

 

Moins de vingt minutes plus tard, Huang arriva à grands pas en s’essuyant le front avec le dos de la main. C’était un jeune homme fringant et plein d’entrain au front large et au regard pénétrant ; il sourit en apercevant Chen.

« Je vous ai reconnu de loin, inspecteur principal. J’ai vu votre photo dans le journal. »

Chen fît apporter un autre thé et servit une tasse au jeune policier. Sans perdre de temps, il amena la conversation sur le meurtre de Liu.

Il eut l’agréable surprise d’apprendre que Huang appartenait à l’équipe qui travaillait sur le meurtre. Il se trouvait précisément à l’usine, proche du parc, et en discutait avec ses collègues quand Chen lui avait téléphoné, ce qui expliquait qu’il soit venu si vite.

« Vous avez entendu parler de l’affaire ? demanda Huang qui brûlait d’impatience. Oui, bien sûr, vous n’êtes pas en vacances ici, n’est-ce pas ? »

Chen continua de boire lentement son thé sans le contredire tout de suite. Pour la police locale, sa présence ne pouvait qu’être suspecte, à plus forte raison son intérêt pour l’affaire. Il était connu pour avoir dirigé en secret plusieurs enquêtes particulièrement délicates. Pourtant, il était réellement en vacances à Wuxi.

« Je pensais que ce serait magnifique de pouvoir me reposer ici quelques jours, sans rien faire. Mais au bout d’une journée seulement j’ai trouvé cela plutôt ennuyeux. Je ne me plains pas, mais, comme me l’ont fait remarquer l’inspecteur Yu et sa femme Peiqin, il se peut que mon destin soit d’être policier. J’ai appris par hasard la nouvelle du meurtre. Je me garderais bien de mener l’enquête, ce n’est pas mon secteur. Je cherche juste à tuer le temps.

— Sherlock Holmes doit s’occuper, je comprends parfaitement, chef. Je peux vous appeler chef, inspecteur principal Chen ? »

Qu’il l’ait cru ou non, le jeune policier Huang prouva qu’il avait envie de prendre exemple sur les détectives de roman qu’il admirait. Il commença une présentation détaillée de l’affaire, en se concentrant sur ce qu’il trouvait bizarre, suspect.

L’usine de produits chimiques Numéro Un de Wuxi étant la plus importante de la ville, et Liu, un représentant du Congrès du peuple de la province du Zhejiang, les deux facteurs combinés faisaient de l’affaire la priorité absolue de la police. Une équipe spéciale avait été constituée, et Huang en était le plus jeune membre.

Ils avaient commencé par réunir un dossier sur Liu. Ce dernier travaillait dans cette entreprise d’État depuis plus de vingt ans. Lorsqu’il en avait pris la tête plusieurs années auparavant, elle était au bord de la faillite. Il était parvenu à la sortir du marasme, à la rendre rentable, puis à la développer avec succès. Homme capable, et ambitieux, Liu s’était imposé comme un personnage influent  – un « drapeau rouge » dans la croissance économique de la région. Ces dernières années, toutefois, il avait suscité quelques polémiques. Tout d’abord, l’entreprise était à la veille d’une introduction en Bourse qui en ferait une structure mi-publique mi-privée, une expérience nouvelle en ces temps de réforme économique. Elle était la première à la tenter à Wuxi. Liu allait devenir le plus gros actionnaire, avec des millions de titres à son nom, un Gros-Sous capitaliste, en quelque sorte, tout en restant directeur et membre du Parti.

Non moins sujette à controverse était la pollution induite. Pour accroître la production et maximiser les profits, on déversait dans le lac des tonnes d’eaux résiduaires non traitées. Ce n’était un secret pour personne et l’entreprise n’était pas la seule à jeter ses déchets industriels n’importe où. Mais les populations riveraines commençaient à se plaindre de la détérioration de la qualité de l’eau. Et la plus grande usine du lac était tout naturellement devenue une cible facile. Les autorités municipales tentaient de limiter les dégâts en étouffant les protestations, mais sans grand succès.

Le soir du meurtre, Liu avait travaillé dans son bureau personnel, un appartement situé à cinq minutes à pied de l’usine, et non chez lui à environ huit kilomètres. Ce n’était apparemment pas inhabituel chez cet homme affairé de passer la nuit là lorsqu’il était débordé de travail. Les dernières semaines avaient été une période trépidante pour l’entreprise, en particulier à cause de toute la paperasserie nécessaire en vue de l’introduction en Bourse. Liu, comme d’autres responsables et secrétaires, était venu travailler ce dimanche-là. Il avait été vu pour la dernière fois alors qu’il entrait seul dans l’immeuble de son appartement-bureau vers dix-neuf heures.

Le lendemain matin, Mi, sa secrétaire, ne le voyant pas arriver à l’usine avait appelé d’abord à son domicile, puis au bureau privé, et enfin sur son portable, en vain. Elle se rendit donc à l’appartement-bureau, pensant qu’il ne s’était pas réveillé. Il avait parfois du mal à s’endormir, surtout quand il travaillait tard, et il prenait des somnifères. Elle vit ses chaussures devant sa porte  – il avait l’habitude de mettre des pantoufles chez lui. Bien qu’elle ait frappé pendant plusieurs minutes, personne n’ouvrit. Elle se décida alors à appeler la police.

Et Liu fut trouvé mort, tué par un coup derrière la tête porté avec un lourd objet contondant, ainsi que le confirma le rapport préliminaire d’autopsie. Importante fracture du crâne avec hémorragie cérébrale, mais presque pas de sang sur les lieux du crime. Ni hématome ni abrasion sur le corps. Ni tissu, ni sang, ni peau sous les ongles du défunt.

Heure estimée de la mort : la veille entre vingt et une heures trente et vingt-deux heures trente.

On ne trouva aucun signe d’effraction ni de lutte. Pas d’arme du crime. Pas d’autres empreintes digitales que celles de Mi sur la glace de la salle de bains, ce qui ne signifiait rien puisque Mi travaillait parfois là elle aussi.

Il ne manquait aucun objet de valeur dans l’appartement. La police avait chargé Mi, puis Mme Liu, de vérifier l’état des lieux.

Le meurtrier pouvait donc ne pas être un inconnu pour Liu.

L’appartement-bureau se trouvait dans un immeuble de luxe bien gardé. D’après les voisins, Liu venait de temps en temps avec sa secrétaire Mi travailler tard dans la nuit, porte close. Toutefois, autant que l’agent de sécurité s’en souvienne, Liu était arrivé seul ce soir-là et n’avait pas reçu de visite ensuite. La règle voulait que les non-résidents indiquent le nom de la personne qu’ils venaient voir.

La police avait interrogé plusieurs proches de Liu. Aucune piste intéressante de ce côté-là non plus.

Mi assurait que Liu n’avait pas dit attendre de visite. Mme Liu se rappela néanmoins que son mari lui avait téléphoné dans la journée pour la prévenir qu’il allait travailler sur un document important et ne rentrerait pas le soir. Elle s’était donc rendue à Shanghai en début de soirée et n’était revenue à Wuxi que le lendemain. Fu Guoqiang, le codirecteur de l’entreprise, et le remplaçant de Liu dans l’immédiat, déclara que Liu avait été tellement débordé ces derniers temps qu’ils s’étaient à peine parlé ce jour-là.

À la fin de son exposé, Huang but une gorgée de thé tiède et se pencha vers Chen. « Vous n’êtes pas un novice, chef. Il y a quelque chose dans cette affaire... Rien d’étonnant à ce qu’une équipe spéciale ait été constituée pour l’occasion, mais ce qui l’est plus, c’est que les hautes autorités du gouvernement s’intéressent beaucoup à l’enquête, et pas seulement au niveau de la ville. Nous avons reçu plusieurs appels des autorités locales. Je viens d’apprendre que la Sécurité intérieure elle-même mène une sorte d’enquête parallèle.

— La Sécurité intérieure, répéta Chen. Ont-ils pris des initiatives ?

— Ils ont saisi les relevés d’appels téléphoniques de Liu avant que nous puissions faire quoi que ce soit.

— C’est un élément. Vous êtes très perspicace, Huang.

— Mais je n’ai eu affaire à aucun d’eux  – je veux dire face à face. Alors je ne sais pas jusqu’à quel point ils sont impliqués.

— Découvrez-le pour moi », dit Chen avant de se rendre compte qu’il avait involontairement adopté le ton familier de l’inspecteur en charge de l’enquête face à un subordonné lui faisant son rapport. Il n’avait pourtant pas encore décidé s’il allait réellement intervenir ou non. Il se dit qu’il n’y avait aucun mal à ce qu’il aille y voir de plus près. « J’ai entendu parler de l’usine. De sa brillante réussite aux dépens de l’environnement, et de la contamination des eaux du lac. »

Ces investigations pouvaient aussi être considérées comme allant dans le sens des instructions du camarade secrétaire Zhao. Surtout après sa conversation avec Shanshan. Il était temps que Chen commence à se pencher sur le problème. Mais mieux valait ne pas poser trop de questions à ce stade, sous peine de provoquer un affolement inutile.

« On dit que des gens tombent malades en buvant l’eau ou en mangeant du poisson, mais rien n’est vraiment prouvé, dit Huang en se grattant la tête. Je ne crois pas qu’il y ait un lien avec le meurtre. Il y a beaucoup d’usines comme celle de Liu ici. Wuxi s’est développé très vite. Comme l’a dit le camarade Deng Xiaoping, “le développement est la seule et unique vérité”.

— Autre chose, Huang, dit Chen tout à coup. Quelqu’un que je connais ici a reçu des menaces par téléphone. Vous pourriez vous renseigner pour moi ?

— Comment s’appelle-t-il ? Quel est son numéro ?

— Elle s’appelle Shanshan, et voici son numéro. » Il inscrivit le numéro sur un bout de papier qu’il tendit à Huang.

« Shanshan ?

— Vous la connaissez ?

— Non. »

Mais Chen crut avoir surpris un brin d’étonnement dans l’expression de Huang.

« Et vous, vous la connaissez bien ?

— Non, je l’ai rencontrée hier.

— Je vérifierai ça pour vous, chef, fit Huang en regardant sa montre et en se levant. Je vais devoir retrouver l’équipe. Il est presque cinq heures.

— Merci beaucoup, Huang. Appelez-moi dès que vous aurez du nouveau. Et tenez-moi informé du développement de l’affaire. »

Chen regarda la silhouette du jeune policier disparaître dans la foule qui commençait à se disperser à l’approche du crépuscule. Il resta assis là, morose, devant sa tasse vide.

Au bout de plusieurs minutes, il leva les yeux sur la statue de tortue en bronze, qui avait dû surprendre  – si elle était douée d’un pouvoir surnaturel comme dans les contes populaires  – ce nouvel épisode de la grande tragédie humaine. Mais la tortue brune resta accroupie, en méditation, indifférente à la souffrance de ce monde. Quel genre d’homme était donc Liu ? Chen n’avait même pas vu de photo de lui, mais sans doute était-il déjà venu ici, s’était assis et avait dégusté son thé en contemplant la tortue.

Le regard de Chen se porta alors vers le toit incliné d’une tour en bois à plusieurs étages qui se découpait contre le ciel où le soir s’étendait. La tour, victime des ans et des intempéries, lui parut soudain très mélancolique. Il eut une impression de déjà-vu, issue peut-être des vers de Su Shi, son poète Song préféré, qu’il se remémora avec un soupir.

 

Ce n’est qu’un rêve,

pour le passé, pour le présent.

Qui s’éveille jamais du rêve ?

Il n’existe qu’un cycle interminable

d’ancienne joie, et de nouvelle peine.

Un jour, quelqu’un d’autre,

à la vue de la tour la nuit,

soupirera peut-être profondément pour moi.