4. Une créature du fond des âges
En voyant Léa tendre la main vers le monstre, Tom est pétrifié. A chaque fois que sa sœur voit un animal, il faut qu’elle aille le caresser. Mais là, vraiment, elle exagère !
— Léa ! crie Tom. Ne fais pas ça ! On ne doit jamais toucher une bête qu’on ne connaît pas ! Maman te l’a dit cent fois ! Léa pose son doigt sur la crête du ptéranodon. Elle lui tapote gentiment le cou. Elle lui parle tout bas. Qu’est-ce qu’elle peut bien lui raconter ?
Tom prend une grande inspiration. Parfait ! Puisque c’est comme ça, il descend aussi. Il va observer la créature de plus près. Et il va prendre des notes. C’est ce que font les savants, non ?
Il attrape son sac à dos, empoigne les cordes de l’échelle et entame la descente. Quand il pose le pied par terre, l’animal tourne la tête vers lui et le dévisage de ses petits yeux brillants.
— Il est tout doux ! dit Léa. Aussi doux que Black !
— Ce n’est pas un chien, Léa, c’est un ptéranodon ! Raille Tom pour cacher sa peur.
— Viens, viens le caresser !
Tom reste figé.
— Allez, viens !
Tom avance prudemment, un pas, un autre. Il tend la main. Il la passe lentement le long du cou de la créature. Il se dit : « Intéressant. La peau du ptéranodon est recouverte d’une sorte de fine fourrure. » – C’est doux, hein ? dit Léa.
Tom ne répond pas. Il fouille dans son sac à dos, en sort un carnet et un crayon, et il note :
Peau recouverte de fourrure.
— Qu’est-ce que tu fabriques ? S’étonne Léa.
— Je prends des notes. Nous sommes les premiers humains à voir un ptéranodon en chair et en os.
Il examine de nouveau l’animal, et remarque que la crête osseuse, au sommet de sa tête, est plus longue que son propre bras.
— Je me demande s’il possède une forme d’intelligence, dit Tom.
— Evidemment qu’il est intelligent !
— Tu parles ! Sa cervelle n’est sûrement pas plus grosse qu’un petit pois !
— Même pas vrai ! Il est très intelligent, je le sens ! Et il est gentil. Je vais l’appeler Nono.
Tom note dans son carnet :
Taille du cerveau ?
Puis il suggère :
— C’est peut-être un mutant.
Le ptéranodon remue la tête, et Léa éclate de rire :
— Il n’est pas content que tu le traites de mutant !
— Mais qu’est-ce qu’il fait ici ? Et d’ailleurs, où sommes-nous ?
— Tu sais où on est, toi, Nono ? demande doucement Léa à l’étrange grosse bête. Celle-ci regarde la petite fille en ouvrant et en fermant ses mâchoires, semblables aux lames d’une paire de ciseaux.
— Tu veux me dire quelque chose, Nono ?
— Arrête tes bêtises, grommelle Tom.
Et il écrit :
Mâchoires en forme de ciseaux.
— Tu crois qu’on a remonté le temps, Tom ? S’inquiète Léa. Tu crois qu’on est à l’époque des dinosaures ?
Soudain, elle pousse un cri étranglé :
— Là ! Regarde !
Léa désigne quelque chose d’un doigt tremblant. Tom lève les yeux : au sommet de la colline vient d’apparaître un énorme dinosaure !