10. De retour avant la nuit

Tom ouvre les yeux. À ses pieds, le livre est toujours ouvert à la page du bois de Belleville. Dehors, un oiseau chante. Tom se précipite à la fenêtre. C’est le même bois, leur bois !

— On est revenus chez nous, Léa !

Dans la belle lumière de fin d’après-midi, les feuilles brillent comme de l’or. Le soleil va bientôt se coucher.

— On a voyagé dans le temps, et le temps n’a pas passé, murmure Tom.

— Tom ! Léa ! Clame une voix lointaine.

— Maman nous appelle, dit Léa.

Les deux enfants se penchent à la fenêtre.

Ils aperçoivent leur mère, sur le seuil de leur maison, là-bas, une toute petite dame devant une maison de poupée !

Léa lui adresse un grand signe de la main et crie :

— On est là ! On arrive !

Tom se sent encore tout étourdi. Il prend sa sœur par le bras et demande :

— Léa, que nous est-il arrivé ?

— On a voyagé dans une cabane magique, répond Léa, comme si c’était parfaitement normal.

Mais on dirait qu’il ne s’est pas écoulé une minute depuis notre départ !

Léa hausse les épaules.

— Et comment avons-nous été emportés si loin dans le temps ? poursuit Tom.

— Ben, tu as pris un livre, tu as fait un vœu, et, comme on était dans une cabane magique…

— Mais qui l’a construite, cette cabane ? Qui a mis tous ces livres dedans ?

— Un magicien, je suppose.

— Un magicien ? Oh, ça me rappelle… J’allais oublier !

Et Tom sort de sa poche le médaillon en or :

— Quelqu’un a perdu ça, dans la vallée des dinosaures. Regarde, il y a une lettre dessus, un M.

Léa ouvre des yeux ronds :

— Un M ? Comme Magicien ?

— Je ne sais pas. Ça prouve seulement que quelqu’un est allé là-bas avant nous.

— Tom ! Léa ! Crie de nouveau la voix au loin.

— On arrive, maman ! répond Léa.

Tom replace le médaillon au fond de sa poche. Il sort le livre sur les dinosaures de son sac et le dépose au milieu des autres livres. Puis il jette un dernier regard autour de lui.

— Au revoir, cabane, dit Léa.

Tom met son sac sur son dos et il se dirige vers la trappe.

Ils arrivent en bas de l’échelle ; ils reprennent le chemin dans les bois.

— Personne ne voudra croire à notre histoire, murmure Tom.

— On n’est pas obligés de la raconter, déclare Léa.

— Papa dirait qu’on a rêvé, reprend Tom.

— Maman dirait qu’on a trop d’imagination, continue Léa.

— Mon maître dirait que je raconte n’importe quoi, renchérit Tom.

— On n’est pas obligés de la raconter, répète Léa.

Tom soupire, et il ajoute : -Je ne suis même pas sûr d’y croire moi-même ! Ils sortent du bois. Ils arrivent dans leur rue, ils passent devant les maisons des voisins, avec leurs pelouses bien tondues, leurs haies bien taillées. Le voyage au pays des dinosaures n’était-il pas un rêve ?

Tom enfonce la main dans sa poche pour tâter le médaillon. Il sent sous ses doigts la lettre gravée, le mystérieux M. Il se met à rire. Il se sent soudain tellement joyeux ! Il est incapable d’expliquer ce qui leur est arrivé, aujourd’hui. Mais il est sûr qu’il n’a pas rêvé, que leur aventure était réelle.

— Demain, décide Tom, on retournera dans les bois.

— Sûr ! approuve Léa.

— Et on montera dans la cabane.

— Sûr !

— Et on verra bien ce qui se passera !

— Sûr, on verra ! On fait la course jusqu’à la maison ?

Et ils s’élancent tous les deux en riant.

 

A suivre…