ÉPILOGUE

Félix ouvrit les yeux sous le plafond riveté de l’Esprit de Grungni. Borek et Ulrika étaient penchés au-dessus de lui. D’après le roulis, le vaisseau volant avait repris l’air.

— Je suis donc toujours en vie, fit-il.

— Il s’en est fallu de peu, lui répondit Borek dont le visage ridé était éclairé d’un léger sourire. Vos blessures s’étaient infectées et je suis tout autant surpris que vous de vous voir encore des nôtres, surtout après qu’Ulrika m’ait détaillé vos aventures. Tuer un dragon de vos propres mains est un exploit dont peu d’hommes peuvent se vanter.

Félix se sentait à la fois embarrassé et soulagé.

— Je suis content de vous revoir, et de voir aussi que vous avez réussi à réparer le vaisseau.

— Malakai avait laissé des instructions très précises.

— Est-ce qu’il va bien ?

— Lui et les autres, même s’ils n’ont toujours pas digéré la perte du trésor.

— Alors, il est vraiment perdu ?

— Rien de ce qui est enfoui sous une montagne n’est jamais vraiment perdu pour un nain, mon jeune ami, lui confia Borek. Il va falloir creuser pendant des années pour l’atteindre, mais nous y arriverons tôt ou tard.

Félix repensa aux corps de Steg et de Grimme, qui avaient finalement reçu une sépulture bien plus imposante que celle qu’il n’aurait jamais pu leur donner. Un peu plus et ils n’auraient pas été les seuls à y être ensevelis, d’ailleurs. Cette pensée lui donna froid dans le dos. Il tendit la main pour attraper celle d’Ulrika.

— Ne t’inquiète pas, le rassura-t-elle. D’après Max, tu seras sur pied avant que nous n’arrivions.

— Que nous arrivions où ? demanda-t-il. Mais il connaissait déjà la réponse.

— À Praag, répondit-elle simplement.

Sa tête retomba sur l’oreiller. C’était justement là que se dirigeait la horde du Chaos la plus importante qu’on ait vue depuis ces deux derniers siècles…