Chapitre 2

— Tempe Brennan, au téléphone.

— Des travers de porc bien grillés avec le gras qui te dégouline entre les doigts !

Katy !

— Le barbecue de demain !

Et d’illustrer sa description de grognements de cochon pour bien se faire comprendre.

— Je suis occupée, je ne peux pas te parler.

Le cellulaire collé à mon oreille, je me suis tournée de biais à Slidell pour entendre ma fille malgré les grésillements sur la ligne.

Il frappait toujours. Mais contre le cadre de la moustiquaire maintenant, et avec une force digne d’un officier de la Gestapo.

— Monsieur Banks !

— Je passe te prendre demain à midi, a dit Katy.

— Mais je ne connais strictement rien aux cigares !

Parlant le plus bas possible, j’ai tenté de lui faire valoir mon point de vue. Je ne sais pourquoi, elle tenait absolument à ce que je l’accompagne à un pique-nique organisé par le propriétaire d’un magasin de cigares et de pipes.

— Tu resteras près du barbecue.

Boum ! Boum ! Boum !

Le grillage dansait dans son armature.

— Bien sûr, mais...

— Tu adores la musique folk.

Katy sortait la grosse artillerie pour me convaincre.

À ce moment, la porte d’entrée s’est ouverte et une jeune femme noire à l’air bougon est apparue de l’autre côté de la moustiquaire. Côté tonnage, Slidell était largement enfoncé, même s’il l’emportait de trois centimètres pour la taille. Ça ne l’a pas empêché d’aboyer :

— Gideon Banks est là ?

— Vous êtes ?

— Katy, je dois vraiment te laisser, ai-je chuchoté.

— Boyd en rêve depuis des jours. En plus, il a un secret à te dire.

Boyd est le chien de mon ex-mari. En général, quand la conversation dévie sur lui, c’est qu’il y a un problème.

Slidell en était à plaquer son badge contre le voile anti-moustique.

— Je passe te prendre à midi ?

Pour ce qui était de l’obstination, ma fille n’avait rien à envier au policier qui m’accompagnait.

— D’accord, ai-je lâché, et j’ai coupé la communication.

De l’autre côté de la moustiquaire, la femme étudiait l’insigne, les poings sur les hanches, comme un gardien de prison.

J’ai rempoché mon téléphone.

Les yeux de la femme ont dévié du badge de mon compagnon vers son visage pour s’arrêter sur moi.

— Papa est en train de dormir.

— Je crois qu’il vaudrait mieux le réveiller, me suis-je empressée de dire avant que Slidell ne donne libre cours à sa fureur.

— C’est à propos de Tamela ?

— Oui.

— Je suis sa sœur. Genève. Comme la Suisse.

D’après le ton de sa voix, ce n’était pas la première fois qu’elle sortait cette réplique.

Elle a envoyé valdinguer la moustiquaire de la main gauche avec la force d’un joueur de tennis. Le ressort a grincé avec un bruit de piano.

Tout en retirant ses lunettes, Slidell s’est glissé dans l’entrebâillement. J’ai suivi. Je me suis retrouvée dans un petit salon plongé dans la pénombre. Une arche en face de la porte d’entrée donnait sur un couloir où l’on distinguait à droite une cuisine et une porte fermée ; à gauche, deux autres portes fermées ; tout au bout, droit devant moi, la salle de bains.

Six enfants. Le matin, la cavalcade pour les toilettes et la douche.

La jeune femme a laissé retomber son bras. L’écran antimoustique est revenu dans son cadre en cliquetant. Elle a pris le temps de refermer soigneusement la porte intérieure avant de se retourner face à nous. Elle avait la peau d’un brun profond qui rappelait le chocolat, et le blanc des yeux qui tirait sur le jaune, comme les pignons. Je lui ai donné dans les vingt-cinq ans.

Difficile de trouver une entrée en matière dans ce genre de situation.

— C’est un joli nom, Genève. Vous connaissez la Suisse ?

Elle m’a lancé un long regard, les traits dénués d’expression. Ses cheveux étaient tirés en arrière et la transpiration marquait de pointillés son front et ses tempes. Visiblement, le climatiseur était censé refroidir plusieurs pièces.

— Je vais chercher papa.

Elle a désigné de la tête un vieux canapé sous une fenêtre ouverte dont les rideaux pendaient mollement, imprégnés de chaleur et d’humidité.

— Voulez v’z’asseoir ?

C’était plus un constat qu’une question.

— Merci.

Genève est partie vers l’arche d’une démarche de canard qui faisait remonter son short en boule entre ses cuisses. Son trognon de queue-de-cheval tout raide faisait presque un angle droit avec son crâne.

Nous avons pris place, chacun à un bout du canapé. J’ai entendu une porte s’ouvrir. Deux secondes plus tard, le son grêle d’une radio a été baissé au beau milieu d’un gospel.

J’ai regardé autour de moi.

Du linoléum par terre. Un fauteuil à dossier ajustable recouvert de vinyle. Des tables basses en formica imitation chêne. Des palmiers en plastique.

Dans ce décor du plus pur style Wal-Mart, on notait cependant l’intervention d’une main attentionnée.

Les rideaux à volants derrière nous sentaient la lessive et l’assouplisseur, et la déchirure de mon accoudoir avait été raccommodée avec soin. Pas un grain de poussière nulle part.

Les étagères et les tables débordaient de photos et d’objets d’art sommaires : un oiseau en terre cuite peint dans des couleurs criardes, un plat en céramique avec l’empreinte d’une petite main d’enfant et le prénom Reggie inscrit au-dessous en demi-cercle, une boîte fabriquée à partir de bâtons de sucettes, des douzaines de trophées bon marché, des protections d’épaule et des casques enchâssés dans du plastique doré. Une photo de quelqu’un en train de sauter. Une coupe remportée à un tournoi de fastball.

J’ai examiné les photos les plus proches de moi, encadrées dans des sous-verres comme on en vend dans les bazars Tout-à-un-dollar : Noëls, anniversaires, équipes sportives.

Slidell a soulevé un coussin, les sourcils en arc de cercle, et l’a reposé entre nous. Dieu est amour, y était-il brodé en bleu et vert. Un ouvrage signé Melba ?

Six enfants sans maman. La tristesse qui couvait en moi depuis que j’avais examiné les restes du bébé de Tamela s’est intensifiée.

Ce coussin, ces photos, ces souvenirs scolaires et sportifs... Oui, n’était le Jésus noir accroché au-dessus de l’arche, j’aurais pu me croire à Beverly, dans la banlieue sud de Chicago, là où j’habitais enfant. Beverly, c’était pour moi une maison entourée de grands arbres qui donnaient de l’ombre, une école où les parents venaient vendre des gâteaux le jour de la kermesse, une véranda où les journaux s’empilaient le matin après le passage du facteur. Ce petit bungalow en brique avait été mon Green Gables, mon Ponderosa, mon Entreprise. Jusqu’à mes sept ans. Jusqu’à ce que le désespoir ramène ma mère dans sa Caroline natale, à la mort de son petit garçon, traînant dans son sillage son mari et ses filles chéries.

Cette maison, je l’avais adorée ; je m’y étais sentie aimée, protégée. Ces mêmes sentiments, je les sentais planer ici, chez Gideon.

Slidell a sorti son mouchoir et s’est épongé le visage tout en me lançant du coin de la bouche :

— J’espère pour lui que le vieux a réquisitionné la chambre avec le climatiseur. S’il en a une à lui, parce qu’avec six gosses, il a pas forcément cette chance.

Je l’ai ignoré.

Dans cette maison minuscule et par cette chaleur, les odeurs stagnaient. Oignons. Friture. Encaustique. Cire lustrante pour le linoléum.

Qui se charge de le faire briller ? me suis-je demandé. Tamela ? Genève ? Banks lui-même ?

J’ai regardé le Jésus noir. Même tunique jusqu’aux pieds, même couronne d’épines, mêmes mains ouvertes. Seuls la couleur de sa peau et ses cheveux crépus le différenciaient du Jésus accroché au-dessus du lit de ma mère.

Slidell a poussé un soupir bruyant et introduit un doigt dans son col pour l’écarter de son cou.

J’ai fixé le linoléum. Un dessin de gravier gris et blanc.

Comme les os et la cendre récupérés du poêle à bois.

Qu’est-ce que j’allais lui dire ?

Une porte s’est ouverte à ce moment-là. Au grésillement de Going on in the Name of the Lord a succédé un frottement de semelles en feutre sur du linoléum.

Gideon Banks m’a paru plus petit que dans mon souvenir, tout en os et en tendons. Non, ce n’est pas ça. Je biffe la phrase. Ce que je veux dire, c’est qu’il aurait dû me paraître plus grand puisqu’il était chez lui : un roi dans son royaume. Un pater familias. Le souvenir que j’avais de lui était-il faux, ou l’âge avait-il tassé cet homme... ? L’âge ou les soucis.

Arrivé sous l’arche, il a marqué une hésitation. J’ai vu ses paupières se crisper derrière ses verres épais. S’étant redressé, il s’est avancé jusqu’au fauteuil à dossier ajustable et s’y est laissé tomber, les mains serrées autour des accoudoirs.

Slidell s’est penché en avant, prêt à ouvrir la bouche. Je suis intervenue avant qu’il n’ait le temps de proférer un son.

— Merci de nous recevoir, monsieur Banks.

Banks a hoché la tête. Il portait des chaussons Hush Puppies, un pantalon de travail gris et une chemise orange à encolure en V et manches courtes d’où sortaient ses bras maigres comme des brindilles.

— C’est joli, chez vous.

— Merci.

— Vous habitez ici depuis longtemps ?

— Ça fera quarante-sept ans en novembre.

— Je n’ai pas pu m’empêcher de regarder vos photos, ai-je poursuivi en désignant la collection. Vous avez une belle famille.

— Il n’y a plus que Genève et moi à vivre ici, maintenant. Genève, c’est ma deuxième. Elle me donne un coup de main. Tamela, c’est ma plus jeune. Elle est partie il y a deux mois.

Du coin de l’œil, j’ai remarqué le mouvement de Genève dans l’arche.

— Je pense que vous savez pourquoi nous sommes ici, monsieur Banks.

Je tâtais le terrain, ne sachant pas trop comment aborder le sujet.

— Oui. Vous recherchez Tamela.

Slidell s’est raclé la gorge, façon de me signifier d’abréger les politesses.

— Croyez bien, monsieur Banks, que je suis extrêmement désolée de devoir vous l’apprendre, mais les cendres récupérées dans le poêle du salon de Tamela...

— Ce n’était pas chez elle, m’a interrompu Banks.

— D’accord, est intervenu Slidell. L’appartement est loué à un certain Darryl Tyree. Mais des témoins affirment que votre fille y a vécu avec lui pendant presque quatre mois.

Les yeux de Banks n’avaient pas quitté mon visage. Des yeux emplis de douleur.

— Ce n’était pas chez elle.

Il a répété cela sur un ton ni fâché ni buté. Plutôt celui de quelqu’un qui tient à ce que les choses soient exposées correctement.

Ma chemise me collait dans le dos. Le tissu du canapé, de mauvaise qualité, m’irritait la peau des bras. J’ai pris une profonde respiration et j’ai recommencé au début.

— La cendre récupérée dans le poêle de cette maison comporte des fragments d’os provenant d’un nouveau-né.

Mes paroles ont semblé le prendre de court. Il a hoqueté. Son menton a tremblé une fraction de seconde.

— Tamela n’a que dix-sept ans. C’est une gentille fille.

— Oui, monsieur.

— Elle n’a pas d’enfant.

— Si, monsieur, elle en avait un.

— Qui vous l’a dit ?

— Nous tenons l’information de plusieurs sources, est encore intervenu Slidell.

Banks est resté un moment sans rien dire. Puis :

— Pourquoi est-ce que vous fouillez parmi les cendres d’un poêle ?

— Un informateur a déclaré qu’un nourrisson y avait été incinéré. Quand on reçoit des dépositions de ce genre, en général on vérifie !

Slidell s’est abstenu de préciser qu’il tenait le tuyau d’un petit dealer arrêté récemment qui cherchait un moyen de se négocier une réduction de peine. Un certain Harrison « Sonny » Pounder.

— Qui vous a dit ça ?

— Aucune importance, a jeté Slidell sur un ton irrité. Ce qui compte, c’est qu’on remette la main sur Tamela.

Banks s’est levé. Traînant les pieds, il est allé prendre une photo sur l’étagère et me l’a remise tout en se rasseyant.

J’ai examiné le portrait, sentant son regard peser sur moi. Genève, restée debout sous l’arche, guettait aussi ma réaction.

Tamela, en jupette plissée et haut doré frappé d’un W noir. Mains sur les hanches, accroupie sur une jambe, l’autre tendue derrière elle, elle se tenait au milieu d’un cercle de majorettes en tenue blanc et or. Sourire éclatant, regard radieux, et deux barrettes en strass dans ses cheveux crépus coupés court. J’ai demandé :

— Votre fille était majorette ?

— Oui.

— Ma fille aussi voulait être majorette quand elle avait sept ans. Dans l’équipe Pop Warner Football, pour les petits. Et puis elle s’est dit qu’elle préférait participer au jeu plutôt que d’être supportrice.

— Ils ont tous leur idée sur la vie, j’imagine.

— Oui, monsieur. C’est bien vrai.

Banks m’a tendu une seconde photo, un polaroïd.

— M. Darryl Tyree, a-t-il dit.

Un jeune homme grand et mince avec des chaînes en or autour du cou et un foulard noir sur la tête, tenant Tamela par l’épaule. Un bras grêle comme une patte d’araignée. La jeune fille avait les traits tirés. On la sentait tendue. Malgré son sourire, toute joie avait disparu de ses yeux.

J’ai rendu les photos et demandé doucement :

— Savez-vous où elle est, monsieur Banks ?

— C’est une grande fille maintenant. Elle dit que je n’ai pas à lui poser de questions.

Silence.

— Si seulement nous pouvions lui parler, il y a sûrement une explication à tout ça.

Re-silence, plus long cette fois.

— Vous connaissez M. Tyree ? a demandé Slidell.

— Tamela allait finir l’école, la même que Reggie, que Harley, que Jonah et que Sammy. L’avait jamais eu de problème avec la drogue ou les garçons.

Nous avons laissé ses paroles planer un instant.

— Et après ? a poignardé Slidell, comme Banks ne se décidait pas à reprendre.

— Darryl Tyree est arrivé.

Banks a quasiment craché le nom. Sa première manifestation de colère.

— Elle a pas mis longtemps à oublier ses livres et dépenser toutes ses économies pour lui. Elle était comme folle quand il ne lui donnait pas signe de vie.

Banks a fait passer son regard de Slidell à moi.

— Elle croyait que je savais pas, mais je savais très bien qui c’était, son Darryl Tyree. Je lui ai dit que c’était pas une fréquentation pour elle. Je lui ai dit que je ne voulais plus le voir tournicoter autour de la maison.

— Et c’est alors qu’elle est partie ? ai-je demandé.

Banks a hoché la tête.

— Quand cela s’est-il produit ?

— Vers Pâques. Ça fait en gros quatre mois.

Des larmes ont scintillé dans ses yeux.

— J’ai bien vu qu’elle avait des idées dans la tête. Je croyais que c’était Tyree. Doux Jésus, je savais pas qu’elle attendait un enfant.

— Vous saviez qu’elle vivait avec M. Tyree ?

— J’y ai pas demandé, le Seigneur me pardonne. Mais j’ai bien pensé qu’elle était partie chez lui.

— Vous imaginez pourquoi votre fille aurait pu vouloir faire du mal à son bébé ?

— Non, madame. Tamela est une gentille fille.

— Peut-être que M. Tyree ne voulait pas l’enfant et qu’il a mis la pression sur votre fille ?

— Ça s’est pas passé comme ça.

D’un mouvement commun, nous nous sommes tous tournés vers Genève.

Dans sa chemise informe et son short affreux, elle nous dévisageait d’un air morne.

— Que voulez-vous dire ?

— Tamela me parle, si vous voyez ce que je veux dire.

— Elle vous confie ses secrets ? lui ai-je demandé.

— Ben ouais. Ses secrets. Ce qu’elle peut pas dire à papa.

— Et qu’est-ce qu’elle ne peut pas me dire ?

Banks avait parlé d’une voix haut perchée, presque cajoleuse.

— Des tas de trucs, papa. Elle pouvait pas te parler de Darryl. Tu te mettais à crier, tu voulais tout le temps qu’elle prie.

— Fallait bien que je pense à son âme...

Slidell n’a pas pris de gants pour interrompre l’échange.

— Tamela vous a parlé de ses relations avec Darryl Tyree ?

— M’a dit des choses.

— Elle vous a dit qu’elle était enceinte ?

— Ouais.

— Quand ça ?

Genève a haussé les épaules.

— C’t hiver.

Les épaules de Banks se sont affaissées.

— Vous savez où est votre sœur ?

— Qu’est-ce qu’on a retrouvé dans le poêle à Darryl ? a demandé Genève sans s’arrêter à la question de Slidell.

— Des fragments d’os carbonisés, ai-je répondu.

— Et v’z’êtes sûre que c’est des os d’bébé ?

— Oui.

— P’t’être que le bébé, il était mort-né ?

— On peut toujours le croire.

Je n’avais aucun doute sur le sujet, mais je n’avais pas la force de soutenir le regard si triste de Genève. J’ai ajouté doucement :

— C’est pour ça qu’il faut absolument retrouver Tamela. Pour découvrir ce qui s’est passé. Pour savoir comment ce bébé est mort, s’il n’a pas été tué. J’espère de tout mon cœur que c’est le cas.

— Peut-être que le bébé, il est né trop tôt ?

— Je suis experte en os, Genève. Je peux reconnaître l’évolution du fœtus tout au long de sa croissance.

Me rappelant à temps le principe de base essentiel : faire simple, j’ai ajouté :

— D’après l’état des os retrouvés, le bébé de Tamela est né à terme.

— Qu’est-ce que ça veut dire ?

— Que la grossesse a duré les trente-sept semaines normales ou presque. Assez longtemps pour que le bébé survive.

— Y a p’t’être eu des problèmes pendant l’accouchement.

— Possible.

— Comment que vous l’savez, qu’c’était le bébé à Tamela ?

Slidell a sauté à pieds joints dans la conversation et s’est mis à énumérer, en comptant sur les saucisses qui lui tiennent lieu de doigts :

— Numéro un, plusieurs témoins ont déclaré que votre sœur était enceinte ; numéro 2, les os ont été trouvés dans le poêle d’un appartement où elle vivait ; numéro 3, elle a disparu et Tyree aussi.

— Ça pourrait être le bébé de quelqu’un d’autre.

— Et moi, je pourrais être mère Teresa !

Genève s’est de nouveau tournée vers moi.

— Et ce truc avec l’ADN ?

— Il n’y avait pas assez de résidus, et ils étaient trop brûlés pour que l’analyse donne des résultats.

Genève n’a pas réagi.

— Vous savez où votre sœur est partie, mademoiselle Banks ?

Le ton de Slidell s’était fait plus brusque.

— Nan.

— Y a-t-il une chose que vous puissiez nous dire ? ai-je insisté.

— Juste une.

Le regard de Genève est passé de son père à moi, puis à Slidell. Une femme blanche et un flic blanc : pas terrible, comme choix.

La femme a dû lui paraître la moins pire des trois, car c’est sur moi qu’elle a décidé de lâcher sa bombe.