Je conseille à Valéry Larbaud…
Je conseille, écrit Paul Morand1, à Valéry Larbaud, qui eût voulu, consciencieux touriste, découvrir Paris par arrondissement :
une cure d’air à Sainte-Geneviève, un grand tour au Parc Montsouris, pèlerin passionné qui n’oublie jamais Paris, rêvant d’accomplir sur la rive gauche quelques petits voyages en rond ou en zigzag.
« On ne vit qu’à Paris, et l’on végète ailleurs. » Louis Gresset (1709-1777), auteur malicieux et professeur de collège, a dû se morfondre à Moulins, à Tours, et à Rouen, lorsque, professeur, il y enseignait, pour confesser pareil aveu, à faire dresser les cheveux des zélateurs de la décentralisation. Même son de cloche chez Germaine de Staël : elle s’étiole à Coppet, part boucler un tour d’Europe, et s’empresse de regagner son cher ruisseau de la rue du Bac.
Paris, l’un des « plus nobles ornements du monde » (Montaigne) ; Paris, qui faillit être anéanti un jour d’août 1944 sur l’ordre insensé de celui qui venait de mettre l’Europe à feu et à sang, a vécu sa longue histoire dangereusement, bien des fois. Les ravages des révolutionnaires, les incendies des Communards, ont ruiné nombre de monuments glorieux, mais Paris a toujours fait montre de cœur et de courage face à ses infortunes. Âme du pays, ville lumière, ville des lumières, c’est à Paris que souffle l’esprit enflammant les passions les plus folles, où naissent parfois dans le secret quelques chefs-d’œuvre qui ne restent pas longtemps méconnus des dénicheurs de talents.
Mettons nos pas dans ceux de quelques romantiques et autres bousingots, boutefeux de la culture ; suivons les rues des bourlingueurs et des vadrouilleurs ; asseyons-nous aux terrasses des cafés où immigrants et heimatlos griffonnaient sur des guéridons ; écoutons les propos de table de ces dîners littéraires qui ont nourri le XIXe siècle où vins généreux et saveur des viandes déliaient des langues qui n’étaient pas de bois.
Escorter des écrivains dans « leur Paris » est un voyage à travers l’espace et le temps, une promenade captivante dans la capitale en suivant leur itinéraire parisien ou en retrouvant les logis des personnages de leurs romans auxquels nous identifions leurs auteurs bien souvent.