INTERMÈDE À CORPHELION
Troy Denning
Intermède à Corphelion est une courte nouvelle de l’un des auteurs de Star Wars les plus calés : Troy Denning. C’est à lui qu’on doit le merveilleux Étoile Après Étoile, le surprenant Fantôme de Tatooine et le très bon épilogue au Nouvel Ordre Jedi qu’est la trilogie DarkNest.
Suite à une idée de LucasBooks, elle fut publiée gratuitement en février 2003 sur le site de Del Rey – la maison d’édition détenant la licence Star Wars – à l’occasion de la Saint Valentin.
Cette très courte histoire relate une étape de la lune de miel du couple fétiche de Denning : Leia et Yan. L’intrigue se déroule donc très peu de temps après Le Mariage de la Princesse Leia et prend place sur une petite station située sur un astéroïde servant d’observatoire aux célèbres comètes de Corphelion.
Titre original : The Corphelion Interlude
Le vol de comètes paraissait suspendu au-dessus du dôme d’observation, leurs têtes lumineuses formant une double flèche irrégulière, leurs longues queues se détachant du ciel sombre en un éclat argenté. La plus grosse du groupe avançait lentement à travers l’espace. Une autre… une géante flamboyante munie d’une queue tressée semblant s’étendre à travers la moitié du système… grossissait rapidement jusqu’à prendre la taille d’un melon hubba. La vue était le même que sur la publicité, un cadre parfait pour une lune de miel et Han Solo pouvait dire, en entendant les conversations des trois cents êtres regroupés sur le petit pont d’observation, que tous étaient de son avis.
Leia se tenait au côté de Han, vêtue confortablement, mais à la mode, d’un doublet sans manches accompagné d’un pantalon collant zoosha que Han trouvait particulièrement séduisant. Le visage arborant une expression polie de diplomate plus proche du masque que du sourire, elle fixait de ses yeux bruns le patio au-dessous d’eux.
Derrière eux, un essaim de bourdonnant Kubaz les frôla alors qu’ils se ruaient hors du turbo-élévateur, commentant la fermeture de l’accès au pont d’observation.
Un arrêt pour observer les Comètes de Corphelion lui était apparu comme une façon romantique de commencer leur lune de miel, du moins jusqu’à ce qu’ils découvrent que c’était la pleine saison et que tous les lieux de villégiature de l’astéroïde étaient déjà surpeuplés.
— Désolé pour tout ça, fit Han à Leia. Je suppose que le dôme privé n’est pas très privé, non plus.
— Ce n’est pas grave, tant que nous sommes ici ensemble, fit Leia en prenant la main de Han et commençant à descendre une large série de sombres marches de bois dur. Il y a deux chaises vides au milieu, là-bas. Une fois que nous y serons assis et que nous aurons commandé une boisson, nous ne remarquerons même plus le bruit.
— J’en suis certain. Une Nébuleuse Rose me paraît être une bonne idée.
Jouer des coudes pour pouvoir se déplacer ne correspondait pas exactement à la façon romantique dont Han avait espéré commencer leur mariage, mais les choses allaient nécessairement s’améliorer. Près de Leia, les évènements se passaient toujours ainsi.
— Peut-être que le serveur droïde a des boules Quiès ou quelque chose de ce genre.
Ils étaient au milieu de l’escalier quand une explosion de rayons lumineux emplit le ciel. Les Solo s’arrêtèrent pour regarder et virent la comète géante se fractionner de manière spectaculaire en deux parties identiques. Le patio encombré devint silencieux.
— Voilà qui est mieux, fit Han.
Les jumelles commencèrent à s’éloigner l’une de l’autre, leur queue se croisant au moment où l’une d’entre elles s’inclinait vers le reste du Corphelion. L’autre continua de grossir dans l’obscurité juste au-dessus du dôme. Finalement, quand sa tête atteignit un diamètre apparent de plus d’un mètre, un murmure nerveux commença à se répandre sur le patio au-dessous d’eux.
Leia se retourna vers le haut de l’escalier.
— Peut-être devrions-nous retourner au Faucon.
Han lui attrapa le bras.
— Pas si vite. Il continua d’étudier la comète qui approchait ; où plutôt l’obscurité qui l’entourait, essayant de déterminer à quelle vitesse et avec quelle régularité la tête masquait les étoiles éloignées.
— Je pensais que tu voulais voir les comètes de Corphelion ?
— Pas de si près, Han.
— Détend-toi. Tout est sous contrôle.
Comme il l’avait espéré, les étoiles en bas à gauche de la comète disparaissaient par douzaines ; celles en haut à droite s’effaçaient seulement par deux ou trois.
— Tu as déjà dit ça auparavant, objecta Leia. Tu es sûr que nous ne devrions pas retourner au Faucon ?
— J’en suis sûr. (Han glissa une main sur ses reins.) Et cette fois je peux dire. Tout est sous contrôle, ma chérie.
Leia regarda son mari puis la comète qui approchait, puis de nouveau Han. Son expression devint plus confiante et elle sourit sournoisement.
— Ok, l’acrobate. (Elle prit son bras.) Ma vie est entre tes mains.
Ils descendirent le reste de l’escalier bras dessus bras dessous. La comète avait doublé de volume au cours des dernières secondes, sa queue se transformant en éventail s’étendant sur le quart du dôme. Un couple de Bothans corpulents se levant et se tournant vers l’escalier suffit pour que la foule se précipite vers les postes d’évacuation à l’intérieur de l’astéroïde.
Leia attira Han dans un coin calme et leva ses deux mains. Alors que les humains et les extra-terrestres, tout en marmonnant et grognant, continuaient de se ruer vers le haut des escaliers, proches de la panique, elle noua ses doigts derrière le cou de Han et plongea son regard dans le sien.
Le cœur de Han commença à battre plus vite.
— Comment as-tu arrangé ce coup là ? demanda Leia.
— Arrangé quoi ?
Han paraissait sincèrement troublé. Leia attira lentement la tête de Han près de sa bouche.
— La comète. (Elle a donna un petit coup de langue le long du lobe de son oreille, puis continua d’une voix sensuelle.) Allons, l’acrobate, tu peux me le dire. Est-ce que c’est Wedge qui t’a aidé ?
— Wedge ? Tu penses que Wedge est dehors, et se déplace autour des comètes ?
Leia lui mordilla doucement le lobe de son oreille. Il sentit une douce chaleur l’envahir… Il se sentait bien, merveilleusement bien.
— Lando, alors. Il a tiré sur ce grand astéroïde, c’est bien son style. Grandiose, efficace. (Elle jeta leva les yeux vers le patio maintenant déserté.) Et juste un petit peu tordu.
— Lando est occupé sur Nkllon. Tu le sais bien, lui répondit Han, tout en gardant un œil sur la comète.
— Tu ne veux pas me le dire ? répondit Leia en glissant ses mains sous l’ourlet de la tunique de Han avant de faire courir ses doigts avec espièglerie vers le haut de son dos. Tu es sûr ?
— Et bien, je suis… (Leia pressa du bout des doigts la chair derrière ses épaules.) Pratiquement sûr… Je pense.
La comète était maintenant de la taille d’une lune d’Endor et il commençait à se demander si son œil de pilote ne l’avait pas trahi. La rapidité avec laquelle disparaissaient les étoiles environnantes suggérait qu’elle approchait selon un certain angle mais, à moins que les étoiles de droite n’arrêtent de disparaître… et rapidement… la comète ne pourrait probablement pas éviter la station.
— Euh, Leia ?
— Non, j’ai changé d’avis, Han. (Leia baissa les mains et, un bras toujours enroulé autour de la taille de son compagnon, se tourna pour regarder le ciel.) Je ne veux pas savoir comment tu as arrangé ça.
— Mais…
— Chut, fit-elle en lui posant un doigt sur les lèvres. Je veux simplement regarder. Cela me fait juste regretter le fait que nous ne puissions pas laisser tomber Coruscant et rester ici pour toujours.
— Sans blague !
La comète était maintenant grande comme un bantha. Han jeta un coup d’œil vers l’escalier vide, essayant d’estimer pendant combien de temps il pourrait encore garder son secret… le fait qu’il puisse avoir mal calculé la trajectoire de la comète… avant qu’ils ne doivent se ruer comme des fous vers les abris d’évacuation.
— Je devrais être capable d’arranger ça.
— Si seulement tu pouvais, fit Leia, inclinant la tête contre son épaule.
— Oh, je pourrais…
La comète était devenue si brillante que son éclat éclairait entièrement le dôme et il n’y avait plus aucune étoile visible aux alentours. Décidant que les choses commençaient à devenir dangereuses, Han sortit Leia du coin où ils s’étaient réfugiés.
— En fait…
La traînée blanche d’une antiqueue1 apparut finalement devant la tête de la comète, et l’astre entier commença à changer de cap, s’écartant du dôme… s’éloignant de la station. Han laissa échapper un soupir, puis prenant son plus beau sourire en coin se tourna vers sa femme.
— En fait quoi, Han ? demanda Leia, perplexe.
— En fait… (Han attendit alors que la comète dérive au-dessus de leurs têtes vers l’autre côté du dôme, puis déclara :) Tu vas vraiment être impressionnée par ce que j’ai organisé après.
— Tu as l’air bien sûr de toi ? fit-elle en plissa le front.
— J’ai mes raisons, fit Han en hochant la tête.
L’astéroïde passa dans la queue de la comète et des milliards de minuscules grains de poussière explosèrent contre le bouclier à particule de la station. L’espace au-dessus d’eux éclata en un voile brillant de micro-flashes.
— D’accord, je suis impressionnée, concéda Leia. Vraiment impressionnée.
— Ça ce n’était rien. Voilà ce dont je te parlais.
Il attira Leia à lui et posa ses lèvres sur les siennes. Elle se serra contre son mari et lui rendit son baiser passionnément. Ils restèrent ainsi jusqu’à ce qu’une acclamation bruyante provenant du haut de l’escalier ne les interrompe.
Han ouvrit un œil et, découvrant un public de deux douzaines d’observateurs de comète les lorgnant depuis l’étage, mit fin au baiser.
— Leia ?
— Oui, Han ?
— Peut-être devrions-nous retourner au Faucon après tout.
Leia prit sa main et avança vers l’escalier.
— Han, je pensais que tu ne le demanderais jamais.
1 L’antiqueue d’une comète est une traînée lumineuse, généralement courte et étroite, apparaissant parfois, par un effet de perspective dans le prolongement du noyau en direction du soleil à l’opposée de la queue principale. Elle est due à l’accumulation de grain de grosses tailles ( > 50 mm) qui s’échappent lentement du noyau et ont été émis à une époque bien antérieure.