ET LEEBO FUT LE TROISIÈME
Michael Reaves
et Maya Kaathryn Bohnoff
-2 av. BY
Michael Reaves est l’un des auteurs les plus appréciés dans l’univers Star Wars, spécialiste des romans « huis clos » avec très peu de personnages. On lui doit notamment l’excellente duologie Medstar, se déroulant pendant la guerre des Clones, ou encore la trilogie des Nuits de Coruscant, à paraître en France en 2012, sans oublier le roman sur l’Étoile Noire.
Maya Kaathryn Bohnoff est quant à elle en train d’émerger dans cet univers, en qualité de co-écrivain avec Michael Reaves.
On doit à ces deux auteurs le roman Shadow Games, qui paraîtra fin Novembre aux USA, ainsi que cette nouvelle, Et Leebo fut le troisième.
Parue dans l’Insider 128 en Août 2011, cette nouvelle met en scène Dash Rendar et son partenaire Nautolan Eaden Vrill, et raconte comment le droïde Leebo se joint à leur équipage. Dash et le droïde sont bien connus puisqu’ils apparaissent dans le roman Les Ombres de L’Empire. On les retrouvera également dans Shadow Games, se déroulant juste après cette nouvelle.
Titre original : And Leebo Makes Three
Le Rodien observa les alentours du Nid de Nexu comme s’il cherchait quelqu’un qu’il ne souhaitait absolument pas voir. Assis à une table, dans un coin faiblement éclairé de l’établissement portuaire miteux, Dash Rendar se demandait d’un air absent pourquoi il s’évertuait à regarder – l’air n’était qu’un nuage bilieux de fumée de bâtons de la mort et d’autres substances tout aussi illicites, de sorte à rendre le présent plus intéressant et le futur moins accessible. Ses poumons protestèrent malgré son souffle faible.
De l’autre côté de la fumée, le lieu sentait le lubrifiant pour droïde et le fruit pourri. Il avait visité de pires endroits. Il ne servait à rien d’être particulièrement fier en ce moment.
Son partenaire Nautolan, Eaden Vrill, le supportait de la même façon qu’il supportait tout – d’un stoïque silence. Les Nautolans étaient réputés impassibles. Ajoutez à cela les dizaines d’années passées par Eaden à s’entraîner à la discipline martiale du teräs kasi, et le résultat en était un alien vraiment impénétrable. Ils travaillaient ensemble depuis plus de quatre mois, et Dash trouvait toujours difficile de comprendre ce qui se passait derrière les grands yeux marron de l’amphibien.
— Très bien, regarde, dit finalement Kood Gareeda, ses organes vocaux transformant le basique en un son sifflant et râpeux, rendant sa compréhension difficile.
Une fois de plus, Dash s’émerveilla du choix du lieu de rendez-vous du Rodien. Une comédie dansante n’était pas le meilleur choix pour quelqu’un pour qui les sons chuintants et sifflants se ressemblaient tous. Dark Vador lui-même aurait paru plus à son aise ici. Mais se soucier du futur financier de Gareeda signifiait se soucier d’eux-mêmes. Pour ce que Dash en savait, tout était terminé, sauf la comptabilité. Il doutait qu’Eaden veuille dépenser l’argent, mais un mécano multifonction serait utile à bord du Cavalier.
— Rappelle-moi pourquoi il est programmé, fit Dash au Rodien.
Il aurait juré que le Rodien transpirait, et pourtant son espèce n’avait pas de glandes sudoripares.
Gareeda vérifia les données sur son écran.
— Navigation, pilotage, armement, ainsi que les capacités standard de réparation propres aux séries LE.
— Et tu le vends parce que…
Un autre regard vers la porte.
— Parce que j’ai été mal informé. M’a dit que ses protocoles de sécurité avaient été piratés. M’ont menti. (Gareeda jeta un œil au droïde inerte.) C’t’un garde du corps de pacotille. Y tire en direction des humains, mais y réussit pas à les toucher. À quoi s’qui sert ?
Un gros bong en provenance de la porte attira une nouvelle fois l’attention du Rodien. Dash décida qu’il était temps d’en terminer avec cette histoire.
Comédien ou non, le comportement de Gareeda suggérait qu’il s’attendait à ce que quelque chose de pas spécialement drôle se produise à tout moment. Cela agaçait même Eaden, comme en témoignait l’un de ses épais tentacules qui remuait dès que le regard nerveux de Gareeda se dirigeait vers l’entrée.
De plus, si le Rodien était en quelque sorte pressé par le temps, cela ne pourrait être qu’à leur avantage.
— Mille cinq cents, proposa Dash.
Il reçut un sinistre regard de la part des orbites noires du Rodien. La trompe charnue de l’alien s’agita comiquement pendant un instant, puis…
— Bien. Donnez-moi les créds. Je dois quitter c’caillou.
— Hé bien, si tu as besoin d’un moyen de sortie, nous pouvons également te le proposer.
Les yeux bulbeux du Rodien semblèrent grossir encore plus.
— Non non. Je, heu, j’peux trouver n’autre passage.
— Ce n’est pas la peine. On est là. Mille crédits – et le droïde.
Gareeda fit un son bizarre qui se rapprochait d’un claquement de dents humain, puis tendit l’une de ses mains écailleuses.
— Parfait. Marché conclu. Dans combien d’temps vous – nous – décollons ?
Dash, réprimant un sourire, reprit une puce de mille crédits.
— Une heure. Quai 84-12. L’usine au milieu de la ville.
Gareeda acquiesça et se leva pour partir. Eaden le retint.
— Il a un boulon d’entrave sur lui. Qu’y a-t-il ?
L’odeur puissante de la peur imprégna à nouveau l’air ambiant.
— Rien du tout. J’voulais juste m’assurer qu’il allait pas… partir. C’tout.
— Parfait, fit Dash. Emportons-le.
Il semblait que le Rodien allait pleurer. Dash n’avait jamais vu cela : en fait, il n’était pas sûr que les Rodiens puissent pleurer.
— Écoutez, si j’dois être à vot’ vaisseau dans une heure, j’dois partir.
Il avait l’air tellement désespéré que Dash lui fit un geste, l’enjoignant de partir ; il n’y avait rien d’amusant à torturer des gens dans un tel état.
Gareeda s’envola tel un mynock quittant Mustafar. Il ne partit pas par la porte d’entrée, mais utilisa celle de derrière.
— Bon, fit Eaden. Le voilà parti. Nous laissant plus léger de mille crédits et avec ce qui ressemble fort à un morceau de camelote.
— À ce prix là, qui s’en soucie ? Même s’il ne fonctionne pas, le châssis seul en vaut au moins la moitié.
Il enclencha le commutateur principal du droïde, et fut heureux de voir ses photorécepteurs s’allumer.
— Circuits optiques en parfait état, fit Eaden. (Il s’adressa au droïde.) Es-tu en état de marche ?
— Qui le demande ? demanda aigrement le droïde, avant de scanner la pièce bruyante et brumeuse. Qu’est-ce qui ne va pas avec cette réalité ? Où est mon patron ?
Dash roula des yeux. Merveilleux. Le Rodien avait donné au droïde une personnalité substrat. Plutôt facile à ajouter, et presque impossible à ôter, puisque plus il interagissait avec son entourage, plus le substrat s’imprégnait dans ses circuits. Elle était désormais comme un microprogramme.
Bon, il n’y a rien à y faire.
— Ton patron est parti.
Les senseurs optiques du droïde clignotèrent.
— Il m’a… abandonné ?
— Vendu. Aies une pensée pour mes mille crédits si durement gagnés.
— Mille crédits ? Mais je vaux au moins cinq fois plus que ça !
La voix du droïde était porteuse de tant d’indignation que Dash sourit malgré la situation.
— Tu as une opinion plutôt bonne de toi.
— Croyez-moi, vous n’aimeriez pas connaître l’opinion que j’ai de vous.
Avant que Dash puisse répondre, la porte d’entrée du bar s’ouvrit en claquant. Quatre être entrèrent. Deux étaient de grands humains à l’air brutal, suivis par un Barabel. Le dernier était un Trandoshan. Ils étaient sans aucun doute ce que leur attitude laissait paraître : troubles. L’un des humains se concentra lorsqu’il vit la table de Dash et la pointa du doigt. Les autres regardèrent. Puis, tous les quatre se mirent en mouvement – droit vers eux.
Eaden se leva, et fit craquer ses articulations.
Dash se tourna vers le droïde.
— Comment tu t’appelles ?
— Ce n’est pas votre problème ! Je…
— Arrête-là. Procédure de nomenclature de secours enclenchée. Nouveau nom :
Leebo.
— Intégration de la donnée. Nouveau nom : Leebo.
— Ok Leebo, reculons. Nous ne voudrions pas être touchés par des projectiles volants.
Comme Eaden l’avait prévu, Kood Gareeda ne se montra pas ; ils décollèrent sans lui. Mais à peine avaient-ils quitté le puits de gravité de la planète et se préparaient-ils à pénétrer dans l’espace profond qu’ils furent interrompus.
— Arrêtez-vous, fit une voix rugueuse dans l’intercom.
Du Shirywook, remarqua Dash avec surprise.
— Qui est-ce ? demanda-t-il.
— Kravengash, associé d’affaires de Hox Bilan.
Dash cligna des yeux en fixant l’intercom. Aucun des noms ne signifiait quelque chose pour lui, mais il en était autrement pour les mots « associé d’affaires ». Ils signifiaient « danger », et les blasters étaient alors de sortie. Ici, aussi loin dans la Bordure Extérieure, l’omniprésent syndicat du crime, le Soleil Noir, n’était rien de plus qu’un nom, mais un nom qui inspirait la peur. Même l’Empire gardait ses distances avec cette organisation criminelle interplanétaire. Dash leur avait échappé plus d’une fois, et il les détestait de toute sa passion ; une émotion qui se répercutait chaleureusement dans le cœur de chaque criminel, bien que la haine de Dash soit encore plus profonde. Il n’avait néanmoins pas le temps de ressasser tout ça.
Il avait entendu que, dans le Noyau Profond, le rêve de la plupart des petits dirigeants d’organisations, des trafiquants d’épice et d’autres pourvoyeurs de marchandises illégales, était d’accomplir un certain exploit criminel audacieux afin d’être remarqués par les seigneurs du crime galactiques – pour devenir « un vrai de vrai », comme ils disaient.
Dash grinça des dents. Il avait pensé – espéré – qu’en partant si loin il aurait été débarrassé de cet ensemble nocif de coupeurs de gorges, au moins pour un moment. Qu’au moins quelques souvenirs auraient pu disparaître avant qu’il revienne s’installer dans le centre de la Galaxie, plus civilisé.
Apparemment non.
— Il semblerait que nous sachions maintenant pourquoi Gareeda était si anxieux de conclure son marché avec nous, fit doucement Eaden.
— Tu crois ? (Dash coupa l’intercom.) Il est temps de partir. Prépare-toi à passer en vitesse lumière.
Mais le Wookiee était impatient : il se mit à tirer avant qu’ils ne puissent effectuer le saut. Des rayons à particules les frôlèrent, passant suffisamment près pour brûler un peu de peinture.
Dash inclina le vaisseau, mais pas assez rapidement – un rayon s’écrasa contre les déflecteurs arrière, secouant le Cavalier et faisant sursauter son équipage. Une gerbe d’étincelles sortit de la console de commandes.
Eaden se tourna vers Dash.
— L’hyperpropulsion est…
— À nouveau hors service, ouais, je sais, j’ai vu.
Il enclencha les propulseurs, effectua une boucle serrée et se mit à la recherche d’une couverture. Il n’y avait rien hormis la noirceur épaisse de l’espace, avec quelques étoiles scintillantes.
Trop peu, réalisa-t-il.
Quelque part, près d’eux, se trouvait une source de lumière assez importante pour éclipser la lumière des étoiles. Dash consulta l’indicateur de masse et identifia rapidement la source – une géante gazeuse de plus de deux cents mille kilomètres de diamètre. Il ne s’arrêta pas pour réfléchir. Il fit tanguer le vaisseau de bas en haut.
— J’ai besoin de calculs, Leebo ! Détermine une trajectoire suffisamment proche de cette géante gazeuse. Si nous arrivons à accumuler suffisamment de vitesse, nous pourrons redémarrer l’hyperpropulsion.
— Mais qu’est-ce qui vous fait penser que je peux faire ça ? demanda Leebo. Et même si par chance je le pouvais, nous risquerions d’endommager la coque, et…
— Et si nous continuons à nous faire tirer dessus, la coque sera encore plus endommagée, tête de boulon ! Gareeda a dit que la navigation orbitale faisait partie de tes compétences. Donc sors-moi ces nombres, sinon je commence à lâcher du lest – et devine qui sera le premier dans le sas ?
— Vous êtes plutôt persuasif, fit Leebo.
Un moment plus tard, le droïde débita un calcul complexe.
— Implémentation, fit sèchement Dash à Eaden.
— Pas le temps de vérifier la séquence, remarqua Eaden. S’il ne se trompe ne serait-ce que d’une décimale…
— Entre les coordonnées !
Le cargo du Wookiee se rapprocha derrière eux comme s’il était happé par un rayon tracteur pendant que Dash fit plonger le Cavalier près de l’atmosphère la planète.
Derrière lui, Leebo débita des coordonnées, des vitesses et des vecteurs.
— Trajectoire optimum dans douze virgule neuf secondes. Augmentez la poussée à zéro virgule quatre-vingt un… quatre-vingt dix-sept degrés vertical, trente-sept degrés à tribord à mon signal, fit le droïde. Quatre… trois… deux… un – maintenant !
Eaden effectua les corrections pendant que Dash actionnait la poussée. Le Cavalier sortit du puits de gravité de la géante gazeuse tel un rayon laser rebondissant contre un miroir et s’évanouissant dans le vide – tellement proche du cargo qu’ils purent voir leurs reflets déformés sur son fuselage.
— Très bien ! s’exclama Dash.
Le vaisseau vibra sous l’effet combiné de la vitesse, de la gravité, et de la poussée des moteurs. Il grinça des dents, mais la coque tint bon.
— L’hyperpropulsion est de retour, fit Eaden, les yeux rivés sur les instruments.
— Enclenchez-là. Quittons ce système.
Le cargo était en train de faire demi-tour, mais il n’eut pas le temps d’achever sa manœuvre. Eaden fit plonger le Cavalier dans l’hyperespace. Les étoiles s’allongèrent un bref instant, puis ils furent de retour dans l’espace normal.
— Mon ancien maître ne m’aurait jamais crié dessus, s’indigna Leebo.
Lorsque Dash le regarda, sa colère transparaissant peu à peu, le droïde ajouta :
— Je disais juste…
Eaden se racla la gorge.
Dash se retourna.
— Quoi ?
— Il semblerait que nous ayons semé Kravengash, fit le Nautolan d’une voix exagérément douce.
— C’est vrai ?
Dash observa les deux scanners, à courte et à longue portée. Aucune signature d’hyperpropulsion n’était à signaler.
— Tu penses toujours que Leebo était un mauvais investissement ? S’il n’avait pas été là, nous serions une boule de plasma à l’heure actuelle.
Eaden ne répondit pas.
— Quoi ? Tu es trop têtu pour admettre que tu avais tort ?
— Pas du tout. Je me demandais simplement ce que ce Hox Bilan nous voulait.
Dash grogna.
— Et où désires-tu te rendre ?
— Retournons à la cantina, où vraisemblablement ces quatre énergumènes étaient à la recherche de quelque chose qu’ils pensaient que nous possédions.
Dash se tourna vers le droïde. Il n’aimait pas la tournure des évènements.
— Ils devaient sûrement avoir une raison parfaitement légitime…
— Et je suppose qu’il s’agit d’une coïncidence que Kood Gareeda ne soit pas sur ce vaisseau, alors qu’il voulait désespérément fuir Rodia. Et également qu’un seigneur du crime local a essayé de nous arrêter juste après notre décollage.
Dash cligna des yeux. Ouais. Il n’y avait pas eu besoin de prendre des cours d’astrophysique pour avoir pu déterminer leur course et les intercepter.
— Enclenche l’autopilote. Leebo et tous les deux allons descendre à la salle de réunion pour une petite discussion.
— Il m’a vendu. Je n’arrive toujours pas à y croire.
— Oui, oui, on a compris. Continuons. Pourquoi cet Hox Bilan te chercherait-il ? Et assez sérieusement pour envoyer des costauds et un cargo ?
— Aucune idée. Je n’ai rien fait qui puisse justifier de telles actions… de ce que je me souviens.
— Et Gareeda ? Il n’a pas fait quelque chose ?
— Hormis irriter des spectateurs en étant si tristement pas drôle ? (Le droïde haussa ses épaules.) Bien qu’il n’était probablement pas assez mauvais pour embrasser une carrière criminelle. Sûrement pas.
— C’est curieux, fit Eaden. Pourquoi est-ce que tu l’adores tant ?
Leebo hésita.
— Il m’a programmé pour l’aimer.
Dash éclata de rire.
— Voilà qui est drôle.
— Votre visage est drôle.
Le ton de Leebo était décidément boudeur.
Eaden avait étudié le droïde intensément. Il remarqua :
— Ce boulon d’entrave draine beaucoup trop d’énergie.
Dash le regarda.
— Et comment le sais-tu ?
— J’ai travaillé en tant qu’agent de sécurité dans une usine de droïdes sur Coruscant. Ce n’est pas un modèle standard.
— Va chercher une clé et jetons-y un œil.
Eaden enleva le boulon. Lorsqu’il le retourna, une petite puce mince tomba sur la table.
— Hmmm. On dirait une mini puce de données.
Dash prit le petit objet, qui était aussi long que l’ongle de son pouce mais huit fois plus étroit. Il se tourna vers Leebo.
— Tu as un lecteur ?
— Bien sûr.
Leebo prit la puce et l’enfonça dans le bout d’un de ses doigts. Il y eut une courte pause.
— Elle est cryptée.
Bien sûr qu’elle l’est.
— Est-ce que tu peux craquer le code ? demanda Dash.
— Peut-être.
Dash jura silencieusement. Il aurait parié le Cavalier et tout ce qu’il y avait à son bord que la puce de données appartenait à Bilan et que le criminel souhaitait la récupérer.
Cela sentait mauvais… mais peut-être pas tant que ça. Peut-être qu’ils pourraient passer un marché. S’ils arrivaient à convaincre Kravengash qu’ils ne connaissaient pas ni n’étaient intéressés par le contenu de la puce…
Hey, nous avons obtenu cela par erreur, on sait pas ce que c’est, on s’en fiche, et on est heureux de le rendre et si vous voulez, vous savez, nous donner un petit quelque chose en compensation, nous sommes d’accord, bien sûr…
Que ces escrocs ne soient pas accrocs au moindre crédit jouerait surement en leur faveur. La plupart d’entre eux étaient un peu plus évolués que les pirates de l’espace. Il pourrait gagner leur faveur en utilisant un tel discours.
Cela aurait pu être pire…
Une heure plus tard, Leebo pénétra dans le cockpit.
— J’ai décodé la puce de données.
— Et… fit Dash.
— C’est une liste des Vigos du Soleil Noir du Troisième Quadrant, accompagnée des enregistrements de leurs transactions des six derniers mois, des profits et pertes, avec les noms de ceux profitant de leur masse salariale – notamment des policiers, des militaires, des juges et des politiciens.
— Tout ça… ?
— Ce n’est que le début.
Ok, cela n’aurait pas pu être pire.
— Faisons comme si nous n’avions jamais entendu tout cela. (Il observa Leebo.) Et tu oublies que tu le sais.
— Plutôt difficile sans effacer ma mémoire.
Dash sentit sa tête exploser, comme si elle avait été frappée par un bantha.
— Comment – comment on…
— Peu importe, fit Eaden.
Dash le fixa.
— Le Rodien avait probablement besoin d’argent et à accepter de transporter – ou plutôt, de laisser le droïde transporter la puce de données. (Il se tourna vers le droïde.) As-tu une idée de la destination finale de la puce ?
— Désolé, mon patron adorait la phrase « J’ai besoin de savoir. »
Eaden déclara l’évidence :
— Les informations de ce genre représentent un danger à la fois pour le Soleil Noir et pour l’Empire. Les Impériaux vont déplacer les planètes pour obtenir ces données. Avec, ils pourraient éliminer une grande partie des organisations criminelles du Troisième Quadrant. Le Soleil Noir la veut, bien évidemment, et tous ceux qui auront appris ce qu’elle contient seront vaporisés.
Dash se tourna vers le droïde.
— Il y a sûrement un transpondeur d’une certaine sorte dans la puce. Voilà comment ils t’ont suivi.
— Oh, je me sens si aimé. Ne pouvons-nous pas l’éjecter dans l’espace et les laisser la trouver ?
— Ils pourraient se dire qu’elle a été décodée, et nous ne le souhaitons pas, fit Eaden. Notre seul espoir de survie est qu’ils – le Soleil Noir, Bilan, l’Empire ou quiconque la retrouve en premier – pensent que nous n’étions pas au courant de son existence, et encore moins de son contenu.
— Est-ce que cela aiderait, demanda Leebo, si nous étions soudainement dans l’autre moitié de la galaxie ?
— C’est sûr que cela ne ferait pas de mal. Qu’as-tu comme idée ?
Ils approchaient d’une étoile binaire, où une vieille porte de passage Hutt, officiellement hors service, fonctionnait toujours, entretenue par quelques contrebandiers qui laissaient passer les vaisseaux pressés contre un certain prix, bien sûr.
Alors qu’ils s’approchaient, ils remarquèrent deux choses : tout d’abord, l’intercom restait silencieux ; l’équipage de la porte ne répondait pas. Se pouvait-il que l’intercom soit hors-service, ou bien l’équipage était-il absent ?
Ou quelque chose de pire ?
— Aïe, murmura Leebo.
Ses senseurs optiques faiblirent un instant, et Dash savait que c’était l’équivalent droïde d’une intense réflexion.
Dash fut temporairement distrait par un ping provenant du senseur arrière.
Kravengash arrivait rapidement derrière eux.
— Capitaine Rendar, nous avons un problème, fit Leebo.
— Je sais, l’équipage de la porte est parti et le Wookiee est encore sur nos traces.
— Mais c’est le moindre de nos problèmes. (Le droïde montra un schéma holographique du système.) L’étoile secondaire de ce système est une naine blanche.
— Et ?
— Mes senseurs me disent qu’elle a accumulé suffisamment de matière dégénérée provenant de l’étoile primaire pour atteindre son seuil de masse critique.
Dash observa l’écran arrière, qui montrait une vue terrifiante du système binaire. Une liste de caractères alphanumériques défila sur l’écran.
— Et c’est proche comment ? Un millénaire ? Un siècle ? Un an ?
— Dans onze…
Dash ressentit une vague de soulagement.
— Onze ans ? Mais ce n’est pas si…
— … minutes.
Dash resta sans voix. Onze minutes avant que l’étoile ne se transforme en supernova, produisant, pendant quelques instants, plus d’énergie que l’ensemble des milliards d’étoiles de la galaxie réunies ? Ils ne pouvaient surmonter ça ! Plus le temps de s’inquiéter du fait que l’équipage de la porte ne soit plus là. Elle allait de toute façon être arrêtée pour un très long moment…
— Tu n’as rien dit à propos de ceci ! La seule chose que tu aies dite est qu’il y avait un point de passage près d’un système binaire !
— Et j’avais raison.
— Ouais, fit Dash, bouillonnant. Gloire à toi ! Tu aurais du mentionner cette étoile qui – (Il jeta un œil sur son chrono.) – nous transformera en un nuage de quarks dans neuf minutes !
— Hé bien, comment aurais-je pu savoir ? Une étoile vit pendant des milliards d’années – les chances étaient littéralement astronomiques que…
— Assez ! Nous devons passer la porte, fit Eaden. Et nous ne pouvons pas le faire tant que Kravengash bloque notre route. Il sera sur notre dos dès que nous décélérerons pour la franchir.
Dash réfléchissait rapidement et furieusement.
— Peut-être qu’il n’est pas au courant. Si nous pouvions lui dire, alors peut-être pourrions nous tous les deux sortir de…
— Oh, il le sait, fit Eaden. Il ne fait aucun doute qu’on l’a prévenu qu’il subirait une démission lente et douloureuse s’il échouait à retrouver la puce. Donc il a le choix entre une torture prolongée et une annihilation si rapide qu’il ne ressentira rien.
— Cela ne nous aide pas, fit Dash. Dans quatre minutes, nous serons tous des rayons gamma.
— Je vais le distraire, fit Leebo.
Dash cligna des yeux.
— Et comment ?
— Je vais prendre une capsule de sauvetage et le harceler. Les capsules sont-elles armées ?
— Oui, mais…
— Vous pourrez passer la porte pendant que je garderai le Wookiee occupé. Après quelques minutes, il ne pourra plus vous suivre.
— Toi non plus, constata Eaden.
Les servos de Leebo gémirent alors qu’il haussait les épaules.
— Vous avez fait preuve de plus de gentillesse envers moi en quelques heures que mes précédents propriétaires ne l’ont jamais fait. Je vous dois bien cela.
Lorsque le Wookiee arriva pour tirer, la capsule de sauvetage de Leebo zigzagua par-dessous et se mit à tirer. Les blasters de la capsule n’étaient pas très puissants, mais ils l’étaient suffisamment pour que Kravengash s’en occupe.
Dash observa par la visière.
— Allez… Leebo, murmura-t-il.
Il observa la puce dans sa main. Il imagina la garder… pendant seulement trois secondes. Il l’éjecta dans l’espace. Bonne chance pour la retrouver après l’explosion de l’étoile !
Dash dirigea le Cavalier vers la porte et Eaden pianota le code d’entrée. Dash espéra qu’il fonctionnait toujours – sinon ils allaient se retrouver du mauvais côté de la porte, en plein milieu de la sphère mortelle d’une supernova.
Il ne restait plus qu’une minute et dix secondes… il enclencha les moteurs…
… et ressentit la secousse familière du transfert d’énergie au moment où les porte les envoya dans une autre portion de la galaxie.
— C’est tellement dommage pour le droïde, fit Eaden lorsqu’ils furent saufs après leur saut. Je commençais à… bien l’apprécier.
— Quoi ?
Eaden suivit le regard de Dash par la visière.
La porte se dilatait à nouveau.
Non. Pas le Wookiee.
Il y eut un flash de lumière et une capsule de secours jaillit.
Ce n’est pas possible. Dash activa l’intercom.
— Leebo ?
Le visage du droïde apparut sur l’écran qui surplombait la visière arrière.
— Vous attendiez quelqu’un d’autre ?
— Comment ?
— J’ai réussi. Je me trouvais entre la porte et le vaisseau, combattant courageusement pour vos vies…
— Oui, fit Eaden. Est-ce que par chance le cargo n’éclipsait pas le système binaire lorsque l’étoile s’est transformée en nova ?
— Peut-être…
— Ah, dit Eaden. L’énergie de la supernova a interagi avec la matière présente dans les transmissions des deux vaisseaux pour créer localement une distorsion de l’espace-temps qui t’a protégé. Il a seulement fallu que la coque du cargo protège la capsule pendant une seconde.
Dash l’observa comme si une seconde tête venait de lui pousser.
Eaden haussa les épaules.
— De l’astrophysique élémentaire – pour un droïde correctement programmé.
Dash fixa Leebo ironiquement.
— Donc tu savais pour tout ce bazar depuis le début. Et tu m’as fait croire que tu allais te sacrifier.
— Je me sens insulté, fit Leebo. J’ai effectué cette mission loyalement, sans être égoïste, sans aucune pensée pour ma propre sécurité.
— Mais bien sûr, fit Dash. Reviens à bord. Et bienvenue dans l’équipage, boîte de conserve…