Cet ouvrage de M. O'Connell,--le premier qu'il publie,--se fait remarquer par les mêmes qualités et les mêmes défauts que ses discours. Il est tour à tour diffus et Concis, lourd et vif, éloquent et trivial, grotesque et sublime, mais son auteur demeure toujours le défenseur le plus intrépide des droits et des intérêts de ses concitoyens, l'adversaire le plus passionné, le plus invincible de l'Union.

Des éléments de l'État, ou cinq questions concernant la religion, la philosophie, la morale, l'art et la politique; par E.-A. SEGRETAIN, 2 vol. in-18. Bibliothèque des connaissances utiles. Paris, 1842. Paulin. 7 fr. les deux vol.

«La constitution de l'État, telle qu'on peut et qu'on doit l'asseoir de nos jours, voilà le but de mon ouvrage, dit M. Segretain en terminant son introduction. L'analyse des Éléments de l'État, religion, philosophie, morale, art et politique, voilà les moyens et le plan; en même temps on poursuit, par la réalisation de ce but et de ces plans, une solution de l'éternel problème soumis à la pensée humaine, c'est-à-dire la conciliation de l'unité et de la multiplicité.»

Ainsi M. Segretain partage son ouvrage en cinq livres: le premier traite de la question religieuse. Dans cette question, les rapports de l'unité et de la multiplicité s'établissent principalement entre Dieu, suprême représentant de l'unité, et la liberté humaine, principal agent de la multiplicité dans les êtres raisonnables. C'est sous ce point de vue que M. Segretain les envisage, en recherchant de quelle manière le catholicisme a institué les relations du libre arbitre et du Créateur.

Cet important problème des rapports de la liberté humaine et de Dieu, M. Segretain continue à l'étudier dans le livre second, consacré à la question philosophique. Il essaie de le résoudre par la critique et par la théorie, par l'examen des trois siècles, qui précèdent le nôtre et par un essai de métaphysique.

Le livre 3, la question morale, se divise en deux parties: 1° la morale publique, c'est-à-dire les principes généraux qui règlent la vie d'une société: 2° la morale personnelle, celle qui regarde plus spécialement le caractère des hommes, l'étude de leur coeur, de leurs vices, de leurs vertus. M. Segretain montre comment la question de l'unité et de la multiplicité se débat en morale, ainsi que dans la religion, entre la justice, face principale de l'unité divine, et la volonté, agent humain de la multiplicité.

Dans la question esthétique (livre 4), l'idéal est l'unité, et l'imagination l'agent de la multiplicité. Les oeuvres d'art ne font en effet que développer, suivant un mode indéfini, l'éternel modèle de beauté que chacun de nous porte en sa conscience. Pour traiter ce sujet au point de vue général de son ouvrage, l'auteur des Éléments de l'État a étudié nécessairement les rapports de l'idéal et de l'imagination, et la manière dont celle-ci doit les développer. Dans ses réflexions sur la science esthétique, et dans l'aperçu historique qui le suit, M. Segretain tâche «de démêler, dans le tissu des faits, le jeu de l'imagination développant le» formes changeantes de l'immuable idéal.»

Vient enfin la question publique: en politique, l'unité est représentée par l'autorité, la multiplicité par la liberté. Comment conclure entre ces deux adversaires un traité de paix solide et durable? Tel est le sujet du cinquième livre des Éléments de l'État. Sans négliger la question de la liberté, M. A. Segretain a surtout discuté les moyens de ramener dans la politique du dix-neuvième siècle, en France, l'indispensable principe de l'autorité: car ce n'est point avec la liberté seule que la société se constitue, tandis que l'autorité seule suffit pour l'établir.

Contes fantastiques d'Hoffmann, traduction nouvelle par M. X. MARMIER, précédés d'une notice sur Hoffmann, par le traducteur. Paris, 1843, Charpentier. 1 vol. in-18 (460 pages). 3 fr. 50 c.

Il y a dix ans environ, un critique en vogue à cette époque, M. Loeve-Weimar, traduisit pour la première fois en français les Contes fantastiques d'Hoffmann. Cette traduction,--malheureusement trop légère et trop facile,--obtint un tel succès, qu'elle a eu depuis les honneurs de plusieurs réimpressions. La charmante bibliothèque de M. Charpentier devait tôt ou tard s'enrichir des oeuvres choisies du célèbre conteur allemand; aussi cet habile éditeur a-t-il eu l'heureuse idée d'en faire faire à M. X. Marmier une traduction nouvelle, plus châtiée et plus exacte que celle de M. Loeve-Weimar. Une notice biographique, écrite par le traducteur, a été en outre placée en tête de ce joli volume, qui contient: le Violon de Crémone, les Maîtres Chanteurs, Mademoiselle de Scudéri, le Majorat, Maître Martin et ses Ouvriers, le Bonheur au Jeu, le Choix d'une Fiancée, Marino Falieri, Don Juan et le Voeu, c'est-à-dire dix des productions les plus caractéristiques d'Hoffmann.

Collection des types de tous les corps et les uniformes militaires de la République et de l'Empire. Cinquante planches coloriées, comprenant les portraits de Napoléon, premier consul; de Napoléon, empereur; du prince Eugène, de Murât et de Poniatowski, d'après les dessins de M. HIPPOLYTE BELLANGÉ. Trente livraisons composées chacune d'une ou de deux planches coloriées et d'un texte explicatif. 1 vol. in-8. Paris, 1843. (Dubochet.) 50 c. la livraison.

Cette curieuse collection est destinée à prendre place, dans toutes les bibliothèques, à côté des histoires de la Révolution française, de l'Empire ou de Napoléon, dont elle forme pour ainsi dire le complément indispensable. Elle se compose de cinquante gravures dessinées par M. H. Bellangé, et coloriées à l'aquarelle. Une notice explicative, dont la rédaction a été confiée à un homme spécial, fait connaître l'histoire des transformations successives de l'uniforme dans les différents corps de l'armée française, depuis l'infanterie de ligne de 1795, jusqu'aux élèves de l'École Polytechnique, en 1815; depuis le général de brigade, jusqu'au timbalier et au tambour de la garde.

Tableau historique et critique de la poésie française et du théâtre français au XVIe siècle, par C.-A. SAINTE-BEUVE. Paris, 1843. (Charpentier, libraire-éditeur.) 1 vol. in-18.

Ce volume, de 500 pages, contient, outre l'ouvrage publié par l'auteur en 1828, sur la poésie française et le théâtre français, huit portraits littéraires, qui ont paru depuis dans la Revue de Paris et dans la Revue des Deux-Mondes.

Modes.

ORFÈVRERIE,

Nous ne savons trop pourquoi le caprice est toujours plus disposé à accueillir les modes étrangères que les modes françaises. Il semble qu'un mérite, aux yeux de l'élégance parisienne, soit d'arriver d'outre-mer. L'orfèvrerie, par exemple, dont nous nous occupons aujourd'hui, justifie tout à fait cette observation.

Cependant, l'orfèvrerie anglaise, dont la mode a rapproché toutes ses créations, est traitée comme dessins et comme travail avec une grande négligence, et peu de goût. En général, les formes sont lourdes et ne reproduisent guère que la ressemblance dénaturée des formes françaises, que Thomas Germain, Claude Balin, Marteau et Debèche ciselaient et rétreignaient au dix-huitième siècle avec une grande perfection. Les Anglais ont compris assez mal ce genre d'une richesse artistique; chez eux, presque toujours, la richesse est lourde et massive; le caprice n'est pas motivé, et les ornements manquent de goût.

En France, nous avons pour modèles les maîtres du dix-huitième siècle, et pour artistes des dessinateurs et des sculpteurs qui, s'ils s'éloignent des précédents, ne peuvent que perfectionner en faisant de l'innovation.

Pourquoi donc, lorsque nous avons les éléments d'une supériorité certaine, les artistes français acceptent-ils une rivalité qui devrait les blesser?

Il y a peut-être un point fondamental, étranger à l'orfèvrerie elle-même: c'est une question de luxe. Les grandes fortunes manquent en France, et celles qui restent font peu de dépenses. Un bel ouvrage ne serait pas acheté; on ne cite guère que les tables royales pour lesquelles, depuis longues années, nos grands orfèvres aient fait de beaux ouvrages. Aussi le bronze étant bien plus à la portée des fortunes moyennes, ou des idées reçues, a-t-il fait de grands progrès depuis plusieurs années. L'habileté d'une maison intelligente a, pour ainsi dire, opéré une révolution, en travaillant le bronze avec une finesse merveilleuse, sans augmenter les prix accepté pour les ouvrages d'une exécution relâchée, qui laissent beaucoup à désirer.


La ciselure était portée, au seizième siècle, à sa plus grande perfection, et l'exécution des figures ronde-bosse, par le repoussé, était regardée comme une des grandes difficultés de l'art. Ce genre de travail, presque négligé de nos jours, vient de nous être rendu par M. Morel, dont les ouvrages peuvent rivaliser avec les ouvrages anciens.

M. Morel, par un procédé fort simple, pour lequel il a obtenu un brevet d'invention, est parvenu à incruster un métal dans un autre métal avec toute la perfection des plus belles incrustations du seizième siècle, même dans les détails les plus fins. Les modèles que nous avons sous les yeux nous semblent des chefs-d'oeuvre de justesse et de dessin. L'artiste a appelé à son aide tout ce qui pouvait contribuer à la magnificence et à l'élégance de son oeuvre --des formes pittoresques, des ligures habilement groupées, des massifs de fleurs disposées en guirlandes gracieuses; le détail est en même temps artistique et coquet. C'est une richesse pompeuse qui donne l'idée d'une conception large. L'or et l'argent heureusement alliés impriment à l'ensemble une physionomie toute particulière, et ce procédé nous parait destiné à un grand succès.

Ce système, appliqué à l'orfèvrerie en général, sera d'un effet magnifique en services complets. Nous nous proposons de suivre avec attention les progrès de cette industrie savante; nous signalerons les premiers ouvrages importants que nous donnera l'industrie parisienne. L'innovation a cela de bon, qu'elle fait naître des innovateurs. L'invention est mère de l'invention.


RÉBUS.

EXPLICATION DU DERNIER RÉBUS:

Requiescant in pace.


RÉBUS D'UN AVARE.

L'explication à la prochaine livraison.