Notes
1) C'est-à-dire celui qui mérite de verser le sang des autres. Ou peut-être que non. On ne sait jamais trop avec certains gamins. ↵
2) Cette discussion contient presque tout ce qu'il faut savoir de la civilisation humaine. Du moins de tous ses vestiges aujourd'hui engloutis, enceints d'une clôture ou encore fumants. ↵
3) A l'intention des mémoires déficientes, la Mort est de s... du genre masculin. (NdT.) ↵
4) Il faut s'en désoler autant que s'en inquiéter : l'aristocratie a toujours cru que les domestiques n'y verraient que du feu si les alcools étaient servis dans des carafes astucieusement libellées à l'envers. De la même manière, tout au long de l'histoire, les majordomes dotés d'une conscience politique affirmée ont cru en toute confiance, et souvent à juste titre, que leurs employeurs ne remarqueraient rien s'ils refaisaient le niveau de whisky avec de l'eniru. ↵
5) Lapêche n'était pas homme à qui on posait souvent des questions, en dehors de celles commençant par : « Si-si-si-si je vous donne tout mon or, pourriez-vous si possible ne pas me casser l'autre jambe, merci beaucoup ?» ↵
6) Grillage devait son nom à l'amélioration qu'il avait personnellement apportée au système très spécialisé de mise au rebut connu sous le nom de «galoche en ciment». Un système qui souffrait d'un inconvénient fâcheux : des morceaux du client finissaient par se détacher pour venir flotter à la surface et susciter maints commentaires au sein de la population. Suffisamment de grillage, avait-il fait remarquer, résoudrait le problème tout en permettant l'accès des crabes et poissons soucieux de se livrer à leurs activités vitales de recyclage. ↵
7) Les bas-fonds d'Ankh-Morpork, si vastes que les hauts-fonds leur flottaient dessus comme une poule naine cherchant à couver une nichée d'autruchons, comptaient déjà dans leurs rangs un Grand David, un Gros David, un David le Fou, un P'tit Dave et un Dada l'Echalas. Chacun devait trouver son créneau. ↵
8) Voilà qui rappelle beaucoup la suggestion du philosophe quirmien Ventre, lequel disait : « Peut-être les dieux existent-ils, et peut-être pas. Alors pourquoi ne pas y croire à tout hasard ? S'ils existent, un séjour idyllique nous attend à notre mort, et sinon on n'a rien perdu, pas vrai ? » Après son décès, il s'est réveillé encerclé de dieux armés de bâtons menaçants et l'un d'eux lui a annoncé : « On va te montrer ce qu'on pense par chez nous de monsieur le Petit Malin... » ↵
9) Il avait fait de son mieux. Mais le noir, le violet et le jaune vomi sont des couleurs mal assorties pour des guirlandes en papier, et il vaut mieux s'abstenir de clouer par la tête une poupée de fée du Porcher. ↵
10) Comme la fée de la clé du mandrin de la perceuse électrique. ↵
11) Qui était (à en croire la mère de Sidenet) un beau parti vu que son père possédait la moitié d'une boutique de tourte aux anguilles dans la rue de la Lueur, tu la connais sûrement, elle a toutes ses dents et une jambe de bois qu'on remarque à peine, elle a une sœur qui s'appelle Continence, une belle fille, pourquoi ne l'inviterait-elle pas à prendre le thé la prochaine fois qu'il viendrait ? Ce n'est pas qu'elle voyait rarement son grand mage de fils ces temps-ci, mais on ne savait jamais, au cas où la filière magie ne marcherait pas, un quart de parts dans une affaire florissante de tourte aux anguilles, ce n'était pas à dédaigner... ↵
12) Entendez, non pas ce qu'il aurait voulu faire, ou qu'il aurait voulu qu'on lui fasse. Uniquement ce dont il rêvait à l'horrible milieu de la nuit. ↵
13) En réalité, à huit ans, elle avait découvert une collection de crânes d'animaux dans un grenier, survivance d'un ancien duc à l'esprit curieux. Son père était à l'époque absorbé par des affaires d'Etat et elle avait empoché vingt-sept piastres avant qu'on ne découvre le pot aux roses. La molaire d'hippopotame, à la réflexion, était une erreur. Les crânes ne l'effrayaient pas, même en ce temps-là. ↵
14) Le MET, toujours disposé à se battre pour les droits des personnes de format différent, ne se laissait pas rebuter par le fait que la plupart des lutins et des gnomes ne tenaient aucunement à s'affubler de chapeaux pointus à clochettes alors qu'ils connaissaient d'autres passe-temps beaucoup plus intéressants auxquels se livrer. Tout ce folklore tintinnabulant, c'était bon pour les vieux, là-bas au pays, dans la forêt - quand un bout d'homme débarquait à Ankh-Morpork, il préférait se soûler, flanquer des coups de pied à quelques bonnes chevilles et se mettre en quête de bouts de femmes. A vrai dire, le MET passait désormais tellement de temps à expliquer aux gens combien on les frustrait de leurs droits qu'il n'avait même plus une minute pour se battre en leur nom. ↵
15) Ils vivaient souvent chacun selon une conception du temps personnelle. Un grand nombre des plus âgés vivaient bien entendu entièrement dans le passé, mais plusieurs suivaient l'exemple du professeur d'anthropie, lequel avait inventé tout un système temporel fondé sur la conviction que les autres n'étaient qu'illusion. Beaucoup de gens ont conscience des deux principes anthropiques, le faible et le fort. Le faible dit en gros que c'est drôlement étonnant qu'on ait conçu l'univers de telle façon que l'homme puisse évoluer jusqu'à gagner sa vie, par exemple, dans des universités, tandis que le fort prétend, au contraire, que le but de l'univers, c'est de pousser l'homme non seulement à travailler dans des universités mais aussi à écrire dans de très gros ouvrages récapitulatifs où figurent les mots « cosmique » et « chaos (Et c'est parfaitement exact. L'univers agit manifestement dans l'intérêt de l'humanité. Ce que démontre aisément le soleil qui se lève commodément le matin, au moment où on est prêt à démarrer la journée.) » dans le titre. Le professeur d'anthropie de l'UI avait proposé le principe anthropique ultime et radical, à savoir que la seule raison à l'existence de l'univers, c'était l'évolution consécutive du professeur d'anthropie de l'UI. Mais il s'agissait tout bêtement d'un exposé formel de la théorie que tout le monde sans exception, à quelques menus détails près du type « inscrire votre nom ici », tient en secret pour la vérité. ↵
16) Le rite perdure, bien entendu. Quand on abandonne les traditions pour la simple raison qu'on en ignore l'origine, on ne vaut pas mieux qu'un étranger. ↵
17) Ignorant : celui qui ne sait pas ce qu'est un pronom ni la manière de trouver la racine carrée de 27,4, qui ne sait que des choses puériles et vaines comme reconnaître parmi les soixante-dix espèces à peu près identiques de serpents marins violets celles qui sont mortelles, comment traiter la moelle empoisonnée du sagoutier pour en tirer un gruau substantiel, comment prévoir le temps grâce aux déplacements du crabe arboricole monte-en-l'air, comment naviguer pendant deux mille kilomètres sur un océan anonyme au moyen d'un bout de ficelle et d'une petite figurine en terre cuite du grand-père, comment extraire des vitamines indispensables du foie du féroce ours des glaces, et autres fadaises du même ordre. C'est tout de même curieux, mais, une fois instruit, tout le monde connaît le pronom mais personne le sagoutier. ↵
18) Crédule : celui qui a un avis sur le monde, l'univers et la place de l'homme dans cet univers que partagent uniquement les gens simples ainsi que les mathématiciens et physiciens de pointe les plus intelligents. ↵
19) C'est étonnant comme les gouvernements s'y entendent, étant donné leurs résultats dans presque tous les autres domaines, pour étouffer des affaires comme les rencontres avec des extraterrestres. Peut-être que les extraterrestres sont eux-mêmes trop gênés pour en parler. On ignore pourquoi la plupart des espèces de l'univers qui voyagent dans l'espace tiennent à farfouiller dans les sous-vêtements terriens comme prélude à un contact officiel. Mais des représentants de plusieurs centaines d'espèces se sont mis à rôder, à l'insu les uns des autres, dans des campagnes reculées de la planète et, suite à ça, kidnappent à tire-larigot d'autres prétendus kidnappés. Certains se sont à vrai dire fait kidnapper tandis qu'ils attendaient de procéder au kidnapping de deux autres extraterrestres sur le point de kidnapper les extraterrestres qui, suite à des ordres compris de travers, voulaient mettre du bétail en cercle et mutiler des cultures. La planète Terre est désormais interdite à toutes les espèces extraterrestres jusqu'à ce qu'elles puissent comparer leurs notes et savoir combien elles ont réellement enlevé d'humains. Elles se demandent, hélas, s'il n'y en a pas qu'un seul. Gros, poilu et affublé de très grands pieds. La vérité est peut-être ailleurs, mais les mensonges sont dans la tête. ↵
20) « La faine bien dure, c'est bon pour les cochons. » A vrai dire, c'est le gland plutôt que la faine que préfèrent traditionnellement les cochons, mais, alors qu'elle collectait de nombreux chants traditionnels anciens pour la postérité, madame Létreinte avait pris soin de les récrire quand nécessaire afin d'éviter, comme elle disait, de « choquer les esprits raffinés avec des grossièretés injustifiées ». A sa grande surprise, les auditeurs ne remarquaient souvent la grossièreté injustifiée qu'une fois qu'on leur mettait le doigt dessus. Une asperge et un poireau ne sont parfois rien d'autre que des végétaux. ↵
21) Il devait reconnaître que sa réponse serait « cinq et des poussières », mais c'était déjà ça. ↵
22) C'était le dernier vœu qu'avait exprimé M'man Blandelys avant de mourir, même si elle n'en avait rien su sur le moment. Ses dernières paroles à son fils avaient été : « Tâchez de filer jusqu'aux chevaux, moi j'essaye de les retenir dans l'escalier, et s'il m'arrive quelque chose, prends soin de l'abruti ! » ↵
23) Ils le savent d'ordinaire à temps pour donner à nettoyer leur plus belle robe, causer de sérieux dégâts dans la cave à vin et s'offrir un dernier très bon repas. C'est une version en plus agréable du couloir de la mort, sans l'inconvénient des avocats. ↵
24) C'était effectivement un parfum masculin irrésistible. Mais seulement pour les fouines femelles. ↵
25) Qui était mort durant son sommeil. De mort naturelle. A un grand âge. Au terme d'une vie longue et heureuse, dans la mesure où un mouton peut être heureux. Et qui serait certainement ravi de savoir que son décès pouvait dépanner quelqu'un... ↵
26) Arnold n'avait pas de jambes mais, comme une chaussure pouvait rendre bien des services dans les rues, Henri Cercueil lui en avait attaché une au bout d'un grand bâton. Elle était devenue redoutable dans ses mains, et les apaches suffisamment aux abois pour tenter de voler les mendiants se voyaient recevoir sur le crâne des coups de pied d'un type haut comme trois crêpes à genoux. ↵