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SEPT

Les niveaux supérieurs, tour Coronado

Cortez observa Mag-Kull descendre marche après marche en faisant trembler l’escalier. Ses énormes pieds encastrés dans de l’acier menaçaient même de faire s’effondrer l’escalier à chaque nouveau pas. La pierre se fendit, mais l’ensemble résista.

Derrière lui, il entendit Daecor.

— Celui-là va nous occuper un moment.

Un euphémisme, pensa Cortez.

La bête se tourna et hurla sur ses semblables de plus petite taille. Ils tiraient toujours en direction des Space Marines, mais lorsqu’ils l’entendirent, ils s’arrêtèrent.

Pour Cortez, le message ne pouvait être plus clair. Tout comme l’ork en face des barricades de la colline de Jade, celui-là lançait son propre défi. Décidant de tester sa théorie, il s’avança doucement, avec précaution, pour quitter la couverture que lui offrait le piédestal de la statue.

Quelques balles de mitrailleuse sifflèrent dans sa direction et l’énorme ork rugit à nouveau.

Les tirs cessèrent immédiatement.

— Mais que faites-vous, chuchota Daecor. Avez-vous perdu l’esprit, frère ?

Peut-être, oui, pensa Cortez sans pour autant changer quoi que ce fût.

La monstruosité ork était arrivée en bas des escaliers et se tournait pour lui faire face.

Cortez s’adressa à ses frères.

— C’est entre la bête et moi, compris ? Contentez-vous de monter. Nous manquons de temps. Allez à ces foutues salles de contrôle et faites ce que vous avez à faire.

Les autres se tournèrent vers Kantor pour avoir confirmation. Ils savaient ce que l’honneur exigeait, mais sûrement pas ici ou maintenant.

— Tuez-le, frère, répondit Kantor à Cortez. Tuez-le et rejoignez-nous. C’est un ordre.

Cortez acquiesça sans jamais quitter des yeux sa Némésis.

Kantor s’adressa alors aux autres.

— Au signe du capitaine, dit-il, on fonce par les escaliers jusqu’à la balustrade qui se trouve au-dessus.

— Seigneur…, protesta le sergent Lician.

— C’est un ordre, frère sergent, coupa Kantor. Le capitaine le veut et nous devons passer.

— Alors préparez-vous à bouger dès maintenant, dit Cortez, parce que je vais arracher la tête de celui-là !

Qu’Urzog ait compris ou non les échanges, il reconnut l’agressivité dans le ton de voix de Cortez. Il se redressa et déploya ses bras une fois de plus pour lancer un hurlement de guerre à glacer le sang. De gros jets de salive surgirent de sa bouche.

Cortez rangea son pistolet bolter et sortit son couteau de combat. Il savait que la lame ne pourrait pas percer l’armure jaune vif, mais il avait déjà identifié plusieurs zones où elle pourrait passer et plonger dans les chairs, ou au moins sectionner plusieurs câbles de contrôle de la tenue.

Ayant beuglé son ultime défi, le monstre commença par faire un pas de côté sur la gauche, contournant le capitaine sur l’espace ouvert à la base des escaliers. Il faisait jouer les pinces de sa griffe énergétique et Cortez entraperçut un éclat. Non seulement la serre métallique était entourée par un champ de force, mais en plus, elle semblait traitée avec du diamant de synthèse, un peu comme la lame de son propre couteau. Si c’était bien le cas, ces pinces seraient capables de trancher dans la céramite de son armure comme à travers du papier mouillé.

Ça va être intéressant, se dit Cortez.

Lançant son propre cri de guerre, il chargea. L’air résonna sous l’impact des lames et des poings énergétiques.

Il n’était pas facile de laisser son vieil ami, pris dans un combat contre une créature mesurant deux fois sa taille, mais Kantor savait qu’il ne valait mieux pas interférer. Les combats à un contre un étaient quelque chose de sacré, quelque chose qui devait être respecté. Et il semblait que même les orks étaient d’accord sur ce point. Donc, alors que les coups pleuvaient de part et d’autre en résonnant dans l’air de l’atrium, et que les étincelles jaillissaient aussi bien au niveau de l’ork que de l’Astartes, Kantor profita de l’ouverture que le combat à mort de son ami lui offrit. Lui et les autres montèrent quatre à quatre les marches pour arriver au niveau de la plateforme d’atterrissage au-dessus.

Le feu des mitrailleuses orks les suivit dans leur mouvement et les balles touchèrent la céramite, mais comme il ne s’agissait que de projectiles normaux, aucun ne put percer les armures.

— Continuez à avancer, ordonna Kantor alors que les escouades Lician et Ségala montaient les marches de marbre derrière lui.

Ferragamos Daecor rejoignit le côté de Kantor, les deux techmarines arrivant juste après lui. Sans les hommes de son escouade qui gisaient, morts, au sol, le frère sergent n’avait plus personne à commander. Il avait donc pris la place de Cortez au côté du maître de chapitre, du moins pendant le temps où le capitaine était occupé.

Ensemble, Kantor, Daecor, Anais, Ruzco et deux escouades de cinq hommes de la 2e compagnie débouchèrent sur le niveau supérieur pour filer directement à droite. À la fin d’un couloir se trouvait un large passage voûté, et, au-delà, une légère montée qui allait les emmener à l’étage suivant. Un groupe de soldats orks les prit en chasse en grondant, sortant de derrière leurs couvertures respectives et montant à leur tour les escaliers. L’escouade Ségala s’arrêta, chacun des frères de bataille posant un genou à terre pour former une ligne serrée. Les Space Marines placèrent un bon nombre de bolts dans les crânes des poursuivants les plus rapides. Sur un ordre aboyé par le sergent, les guerriers se relevèrent d’un coup pour reprendre leur course et rattraper Kantor et les autres.

Le maître de chapitre avait atteint la rampe et la remontait en direction d’un rectangle de ciel. Une seconde plus tard, accompagné de ses hommes, il émergea à l’air libre pour se retrouver sur la plateforme Coronado.

Il s’agissait d’un disque plat d’un diamètre de six cent quarante mètres, capable d’accueillir des vaisseaux d’une longueur de cinq cent cinquante mètres de long. Comme toutes les plateformes d’atterrissage du port spatial de la Nouvelle Rynn, celle-ci utilisait des systèmes de suspension antigravitationnelle assez similaires à ceux employés par la plupart des vaisseaux voyageant à travers les étoiles. Une suspension d’une telle puissance permettait d’accepter une pression de millions de tonnes sans compromettre l’intégrité de la structure en dessous. Et il y avait beaucoup de choses en dessous. La plateforme se tenait à plus de trois cents mètres de hauteur et, depuis son bord, la vue sur les terres avoisinantes était époustouflante. Kantor n’avait cependant pas le temps de profiter du panorama. Lorsque ses Astartes et lui-même débouchèrent sur la plaque, des grondements et des hurlements sortirent de dizaines de gorges xenos.

Kantor pivota dans la direction du bruit. Sur sa gauche, formant une ligne grossière qui continuait dans son dos en l’encerclant, il découvrit un grand nombre d’avions de chasse xenos d’un rouge éclatant. Il y avait des équipes d’orks et de gretchins enfournant de nouvelles munitions dans les mitrailleuses placées sous les ailes. Juste en face de l’avant d’un ignoble engin au nez cassé, il vit un groupe de grosses créatures à peau verte habillées de cuir dont les lunettes d’aviateurs pendaient autour du cou. Lorsque leurs regards se croisèrent, ils bondirent dans sa direction, sortant de grands pistolets de leurs holsters.

— Tuez-les ! cria Kantor avant que l’air ne se remplisse de l’aboiement des bolters.

Lodric Lician nota la présence d’un chariot sur lequel étaient empilées des caisses de bombes et de missiles. Il ordonna immédiatement à frère Ramos d’orienter son lance-plasma lourd dans cette direction.

Kantor entendit le rugissement du plasma surchauffé juste avant de cligner des yeux à cause de la lumière aveuglante qui suivit. Les munitions orks explosèrent avec une telle violence qu’elles envoyèrent deux bombardiers basculer par-dessus la plateforme. D’autres avions prirent feu et, peu de temps après ça, leurs réserves d’essence explosèrent à leur tour, les détruisant complètement et projetant des débris incandescents sur les Space Marines.

Les pilotes orks qui n’avaient pas été tués par l’escouade Ségala se retournèrent pour découvrir que leurs machines adorées avaient été réduites à l’état d’épaves. De grosses volutes de fumée noire s’élevèrent de la plateforme. Des flammes orange dansaient en se propageant partout. Les gretchins
s’éparpillèrent à la recherche d’un abri, mais il n’y avait plus rien d’atteignable avant que les Space Marines ne les fauchent. Daecor et les hommes de l’escouade visèrent les derniers pilotes orks qui chargeaient droit vers les Astartes en tirant avec leurs pistolets.

Cette phase du combat ne dura que quelques secondes.

— Nettoyé, seigneur, annonça Daecor.

Kantor observa la plateforme d’atterrissage.

— Rechargez les armes et suivez-moi.

Il attira leur attention sur un groupement serré de trois fines tours noires reliées à la plateforme Coronado par un pont couvert.

— Nos deux objectifs se trouvent là.

Des lumières pouvaient être aperçues par les fenêtres des tours, diffusées depuis des salles situées à une centaine d’étages de hauteur, ces derniers pouvant, ou pas, être occupés par des peaux-vertes. Kantor savait exactement où ses hommes et lui devaient se rendre. Il espérait bien qu’ils ne rencontreraient qu’une résistance minime. Malgré les réserves de bolts supplémentaires et les recharges qu’ils avaient emportées avec eux, il avait conscience que leurs munitions devaient commencer à s’épuiser, à présent. Il vérifia un compteur dans son viseur et vit que la Flèche de Dorn avait encore exactement quatre cent dix-huit projectiles à tirer avant que la ceinture de munitions ne soit épuisée. Après ça, il devrait s’en remettre à son épée et à son poing énergétique. Le combat au corps à corps ne serait plus que son unique option et les orks étaient bien plus dangereux dans le domaine.

Alors qu’il dirigeait ses Fists vers le pont qui reliait la plateforme Coronado aux tours centrales, il essaya de ne pas s’inquiéter pour Cortez. Le capitaine de la 4e compagnie ne les avait pas encore rejoints, mais cela ne faisait que deux minutes à peine. Kantor se retourna pour vérifier la rampe d’accès. Non. Il n’y avait aucun signe de son ami. Soit il était encore en train de combattre, soit il avait finalement contredit la légende concernant son immortalité.

Par le Saint Trône, pensa Kantor, qu’il ne s’agisse pas de la seconde solution.

À part retourner dans l’atrium et intervenir dans le combat, il n’y avait pas grand-chose qu’il puisse faire. Il avait besoin du port spatial. Il avait besoin de la flotte impériale.

La tour de contrôle aérien, se dit-il. Le système de défense. Si tu meurs, Alessio, je te promets que ce ne sera pas en vain.

Alors que Kantor courait vers le pont couvert à la limite de la plateforme, il leva les yeux vers les trois tours. Les murs extérieurs de chacune d’entre elles étaient ornés de gargouilles qui tenaient des lumières rouges clignotantes : le genre de lumières que tous les bâtiments utilisaient pour avertir de leur présence tout trafic aérien en approche. Elles pulsaient en
suivant une séquence, créant une sorte d’effet de vague qui remontait vers le sommet, avant de reprendre sa course à la base.

Les yeux de Kantor suivirent le mouvement quelques instants et il se retrouva à observer un ciel rempli d’étoiles. La nuit était rapidement tombée, comme c’était toujours le cas non loin de l’équateur. Ici, à plus de trois cents mètres au-dessus du sol, l’air était plus clair, moins envahi par la brume de pollution ork et les nuages de mouches attirés par leurs fosses d’aisance à ciel ouvert. Les étoiles brillaient plus, et plus intensément.

Et certaines d’entre elles bougeaient.

Kantor s’arrêta et leva une main.

— Attendez, dit-il aux autres. Regardez en haut.

Alors que ses hommes observaient les cieux à leur tour, certaines des étoiles qui bougeaient se mirent d’un coup à briller plus intensément, avant de disparaître. D’autres tiraient des rayons bleus ou blancs, fins comme des cheveux. Certaines semblaient se déplacer en formations, d’autres selon des configurations aléatoires.

— J’espère que nous gagnons, déclara le sergent Daecor.

Kantor aussi l’espérait.

Il leur donna l’ordre de reprendre leur course et, rapidement, ils arrivèrent au niveau du pont couvert.

Il fallut se battre pour accéder aux tours centrales. À peine Kantor et ses hommes avaient-ils atteint le bord du pont qu’un torrent d’orks commença à se déverser des portes de l’autre côté. Le pont lui-même était étroit, seulement huit mètres de large. Cela forçait les orks à rester serrés les uns contre les autres, un fait qui favorisait l’utilisation des armes lourdes de l’escouade Lician une fois de plus. Frère Morai s’avança sur le pont, son bolter lourd en main, et commença à faucher les orks par demi-douzaines. Tous ceux qu’il manquait étaient abattus par ses frères de l’escouade Ségala, dont certains annoncèrent qu’ils arrivaient à leur dernière recharge de munitions.

Alors que Morai continuait à nettoyer le passage devant eux, Kantor entendit des cris bestiaux dans son dos. Les soldats orks de l’atrium commençaient à envahir la surface de la plateforme via la rampe
d’accès qu’il venait d’emprunter avec ses hommes. Ils chargèrent, et les Crimson Fists se retrouvèrent assaillis des deux côtés sans aucune sorte de couverture.

Malgré le manque total de précision des orks, ils réussirent à cribler les armures Astartes de leurs balles métalliques, seulement grâce au nombre improbable de tirs. Kantor sentit la sienne touchée et touchée encore, chaque impact envoyant un jet d’étincelles. L’armure avait été autrefois magnifique, sculptée et gravée, enchâssée de gemmes et d’or avec des détails sans comparaison possible. À présent, elle était
maculée de sang xenos, criblée et noircie par les impacts des balles.

— Daecor, vous et moi, nous couvrons l’arrière.

Daecor pivota et ouvrit le feu à l’aide de son bolter, abattant les orks en tête de la charge, décapités et déversant de grandes fontaines de sang par le cou. Kantor leva la Flèche de Dorn au niveau de son épaule et ordonna à l’arme d’ouvrir le feu, la contrôlant par une connexion neurale. L’ordre passa par son système nerveux, puis par les prises dans sa chair, pour filer dans les câbles qui lui permettaient de ne faire plus qu’un avec son armure. Une langue de feu s’échappa du double canon de la relique et un flot de douilles en laiton commença à couvrir le sol. Kantor gardait un œil sur le compteur de munitions dans son viseur, jurant lorsque ce dernier arriva à trois cent cinquante unités, puis trois cents. Les orks s’affalaient devant lui. À chaque fois qu’ils bondissaient hors de la rampe d’accès, il alignait son poing gauche dans leur direction et la Flèche de Dorn, posée sur le dos de sa main, les fauchait pour les transformer en petits morceaux de viande sanguinolente.

D’autres arrivaient lorsqu’il entendit le sergent Ségala dans son oreillette.

— Le pont est nettoyé pour le moment.

— Ségala, dit Kantor. Avancez avec vos hommes et allez prendre le contrôle de la première salle. Lician, que les frères Morai et Ramos prennent position de part et d’autre du pont et couvrent les hommes de Ségala. Envoyez-moi les frères Oro et Padilla. Maintenant. Exécution !

— À vos ordres, seigneur, dit Lician. Vous l’avez entendu, frères, en avant !

Les frères Morai et Ramos se placèrent respectivement à gauche et à droite pour orienter leurs armes en direction des portes à la toute fin du pont, dont les cadavres orks couvraient le sol métallique. La lumière sortant des salles au-dessus se reflétait dans leur sang épais. L’intérieur de la tour était à peine visible à travers les fenêtres d’armaplas teinté.

Les frères Oro et Padilla, qui portaient tous les deux des multifuseurs, coururent pour se placer au côté de Kantor. Oro, le plus grand et le plus expérimenté des deux, demanda :

— Voulez-vous que nous couvrions vos arrières, seigneur ?

Les orks, qui pourtant n’apprenaient pas très rapidement, étaient de plus en plus prudents dans leur poursuite des Crimson Fists. Plutôt que de charger la tête la première au sortir de la rampe en tirant dans tous les sens, ils émergeaient lentement et avec précaution, passant d’abord leur tête pour découvrir que le passage était entouré des corps de leurs camarades tombés. Ils tiraient à l’aide de leurs mitrailleuses par petites rafales avant de retourner à couvert. Une volée de trois balles s’écrasa sur l’épaulière droite de Kantor lorsqu’il s’adressa à Oro et Padilla.

— Vous allez devoir tenir cette position seuls, frères, dit-il. Mais la rampe est étroite, un parfait goulot d’étranglement, idéal pour vos armes. Combien d’énergie avez-vous dans vos fuseurs ?

— J’ai encore la moitié d’une charge dans ce module, monseigneur, et deux d’avance, déclara Padilla.

— Et vous ? demanda le maître de chapitre à Oro.

À côté de lui, le pistolet bolter du sergent Daecor aboya. Un autre ork s’affala, mort, au sommet de la rampe.

— Presque une charge complète, ici, déclara Oro en caressant le module d’énergie actuellement fixé sur la grosse arme métallique. Par contre, je n’ai plus rien en réserve.

Kantor se tourna vers Padilla et dit :

— Alors vous savez quoi faire.

Padilla acquiesça, détacha de sa ceinture l’un des lourds modules et le tendit à Oro, qui le prit en grognant un remerciement.

— Avec tout le respect que je vous dois, seigneur, dit Oro en se tournant vers le maître de chapitre, je peux très bien couvrir seul la rampe. Prenez frère Padilla avec vous, conseilla-t-il en montrant de la tête les tours derrière eux. J’ai le sentiment que vous allez avoir besoin de toute la puissance de feu possible là-dedans.

Kantor n’espérait pas, mais de fait, il pensait la même chose.

— Très bien. Mais s’ils arrivent à passer la rampe, vous lâchez cette position et vous nous rejoignez.

Le bolter de Daecor aboya à nouveau.

— Sans vouloir vous offenser, monseigneur, dit le sergent, plus nous passons de temps ici, plus les orks dans cette tour auront du temps pour se préparer. Un seul multifuseur devrait être suffisant.

Kantor avait déjà laissé Cortez se battre seul et il n’aimait pas l’idée qu’un autre de ses frères soit à nouveau laissé en arrière. Il en restait tellement peu ! Mais Oro et Daecor avaient tous les deux raison. Il ne pouvait pas se permettre de laisser deux hommes ici. Oro allait devoir tenir le pont.

— Padilla, dit-il, vous êtes avec nous. Frère Oro, que Dorn vous protège. Si le capitaine Cortez survit à son combat contre la bête en dessous, ne l’incinérez pas par erreur lorsqu’il remontera.

Kantor aurait voulu éviter de dire « si », mais plus les minutes s’écoulaient, plus il avait du mal à chasser ses doutes. La seule chose positive pour le moment était que le seigneur de guerre monstrueux, Mag-Kull, ne s’était pas montré en haut de la rampe.

Dans le comm-link, il entendit la voix du sergent Ségala.

— Nous avons pris le contrôle du rez-de-chaussée de l’autre côté du pont. Les points d’accès sont couverts. Nous attendons vos ordres, seigneur.

Kantor salua frère Oro, poing sur le plastron, reçut un salut rapide en retour, et se tourna pour diriger Daecor et Padilla sur le pont.

— Tenez la salle, sergent, dit-il à Ségala. Lician, faites avancer vos hommes maintenant.

— Bien monseigneur, répondit Lician.

Kantor se tourna à moitié pour regarder du côté d’Oro. Un groupe d’orks levant de grands fendoirs noirs tenta de le charger depuis la sortie de la rampe. Oro les accueillit calmement, calant et orientant le multifuseur dans leur direction. Il y eut un bruit de tonnerre suivi d’un souffle d’air ionisé lorsque l’arme carbonisa les corps des xenos, noircissant tout, les muscles comme les os. Les orks eurent à peine le temps de crier. Leurs armes comme leurs armures tombèrent au sol, perdant leurs formes pour créer un petit tas de bouillie fumante. La puanteur de la chair cuite s’intensifia dans l’air, avant d’être chassée par des bourrasques.

Kantor se tourna et continua à avancer. Il avait foi en tous ses Astartes. Le programme d’entraînement et le conditionnement psychologique qu’ils subissaient n’avaient pas d’équivalent. Oro allait tenir ce point. Il allait le tenir jusqu’à ce qu’Alessio se montre, en sang, peut-être, mais bien vivant. Il devait y croire. Alors que ses pieds l’emportaient sur les plaques de titane du pont, il n’arrêtait pas de se répéter qu’Alessio allait survivre.

Après tout, il s’agissait de Cortez, l’Immortel.