DU M ME AUTEUR

I.

«a ne s'invente pas.

2.

Passez-moi la Joconde.

3.

Sérénade pour une souris défunte

4.

Rue des Macchabées.

5.

Du sirop pour les guèpes.

6.

J'ai essayé: on peut!

7.

En long, en large et en travers.

8.

La vérité en salade.

9.

Tout le plaisir est pour moi.

10.

Fleur de nave vinaigrette.

Il.

Ménage tes méninges.

12.

Le loup habillé en grand-mère.

13.

San-Antonio chez les gones ~.

14.

En peignant la girafe.

15.

Du brut pour les brutes.

16.

J'suis comme ça.

17.

Un os dans la noce.

18.

San-Antonio chez les Mac.

19.

San-Antonio polka.

20.

Les prédictions de Nostrabérus.

21.

Le coup du père François.

22.

Votez Bérurier.

23.

Vas-y, Béru!

24.

Tango chineto que.

25.

Salut, mon pope!

26.

Mets ton doigt o˘ j'ai mon doigt.

27.

Mange et tais-toi.

28.

Faut être logique.

29.

Y a de l'action!

30.

Si, signore.

31.

Béru contre Son-A ntonio.

32.

L'archipel des Malotrus.

33.

Maman, les petits bateaux.

34.

Zéro pour la question.

35.

Bravo, docteur Béru.

36.

La vie privée de Walter Klozett.

37.

Viva Bertaga.

38.

Un éléphant, ça trompe.

39.

Faut-il vous l'envelopper?

40.

Tu vas trinquer, Son-A ntonio.

41.

Le gala des emplumés.

42.

Dis bonjour à la dame.

.43. Laissez tomber la fille.

44.

Les souris ont la peau tendre.

45.

Mes hommages à la donzelle.

46.

Certaines l'aiment chauve.

47.

Du pîomb dans les tripes.

48.

Des dragées sans baptême.

49.

Des clientes pour la morgue.

50.

Descendez-le à la prochaine.

SI. Bas les pattes!

52.

Concerto pour porte-jarretelles.

53.

Deuil express.

54.

J'ai bien I 'hanneur de vous buter

55.

C'est mort et ça ne sait pas!

56.

Messieurs les hommes.

57.

Du mouron à se faire.

58.

Lefilà couper le beurre.

59.

Fais gaffe à tes os.

60.

Sucette boulevard.

61.Atue...etàtoi.

62.

«a tourne au vinaigre.

63.

Les doigts dans le nez.

64.

Remets ton slip, gondolier.

65.

Au suivant de ces messieurs.

66.

Des gueules d'enterrement.

67.

Les anges se font plumer.

68.

La tombola des voyous.

69.

Chérie, passe-moi tes microbes

70.

J'ai peur des mouches.

71.

Le secret de Polichinelle.

72.

Du poulet au menu.

73.

Prenez-en de la graine.

74.

On t'enverra du monde.

75.

Une banane dans l'oreille.

76.

San-Antonio met le paquet.

77.

Entre la vie et la morgue.

78.

San-Antonio renvoie la balle.

79.

Hue, dada!

80.

Berceuse pour Bérurier.

81.

Ne mangez pas la consigne.

82.

Vol au-dessus d'un lit de cocu.

83.

Lafin des haricots.

84.

>'a bon. San-A ntonio.

85.

Sima tante en avait.

86.

De.A ~.jusqu'à~Z"

87.

Bérurier au sérail.

88.

La rate au court-bouillon.

89.

En avant la moujik.

90.

Ma langue au Chah.

91.

Fais-moi des choses.

92.

«a mange pas de pain.

93.

N'en jetez plus!

94.

Moi, vous me connaissez?

95.

Viens avec ton cierge.

96.

Emballage cadeau.

97.

Appelez-moi chérie.

98.

Mon culte sur la commode.

99.

T'es beau, tu sais!

I 00.

Tire-m'en deux, c 'est pour offrir.

lOI. A prendre ou à lécher.

102. Baise-hall à La Boule.

103. Meurs pas. on a du monde.

104. Tarte à la crème story.

105. On liquide et on s'en va.

106.

Champagne pour tout le monde!

107. Réglez-lui son compte!

108. La pute enchantée.

109.

Bouge ton pied que je voie la mer.

110. L 'année de la moule.

III.

Du bois dont on fait les pipes

112.

Va m'attendre chez Plumeau.

113. Morpions Circus.

114. Remouille-moi la compresse.

IlS. Si maman me voyait!

116.

Des gonzesses comme s'il en pleuvait.

117. Les deux oreilles et la queue.

118. Pleins feux sur le tutu.

119. Laissez pousser les asperges.

120.

Poison d'avril ou la vie sexuelle de Lili Pute.

121.

Bacchanale chez la mère Tatzi.

122. Dégustez, gourmandes!

123. Plein les moustaches

124.

Après vous s'il en reste, Monsieur le Président.

125. Chauds, les lapins!

126. A lice au pays des merguez.

127. Fais pas dans le porno...

128. La fête des paires.

129. Le casse de l'oncle Tom.

130. Bons baisers o˘ tu sais.

131. Le trouillomètre à zéro.

132. Circulez, y a rien à voir.

133.

Galantine de volaille pour dames frivoles.

134. Les morues se dessalent.

135. «a baigne dans le béton.

136.

Baisse la pression, tu me les gonfles!

137. Renifle, c'est de la vraie.

138. Le cri du morpion.

139. Papa, achète-moi une pute.

140. Ma cavale au Canada.

141. Valsez, pouffiasses.

142. Tarte aux poils sur co

143. Cocottes-minute.

144. Princesse Poile-en-I 'air.

145. Au bal des rombières.

146. Buffala Bide.

147. Bosphore et fais reluire.

148. Les cochons sont l‚chés.

149. Le hareng perd ses plumes.

150. Têtes et sacs de noeuds.

151. Le silence des homards.

152. Yen avait dans les p‚tes.

153. AI Capote.

154. Faites chauffer la colle.

155. La matrone des sleepinges.

156. Foiridon à Morhac City.

157. Allez donc faire ça plus loin.

158. Aux frais de la princesse.

159. Sauce tomate sur canapé.

160. Mesdames, vous aimez . ça ".

161.

Maman, la dame fait rien qu'à me foire des choses.

162. Les huîtres me font b‚iller.

163. Turlute gratos les jours fériés.

164.

Les eunuques ne sont jamais chauves.

165. Le pétomane ne répond plus.

166.

T'assieds pas surie compte-gouttes.

167. De l'antigel dans te cawure.

168. La queue en trompette.

169. Grimpe-la en danseuse.

170.

Ne soldez pas grand-mère, elle brosse encore.

171. Du sable dans la vaseline.

172. Ceci est bien une pipe.

173. Trempe ton pain dans la soupe.

174. L‚che-le, il tiendra tout seul.

Hors série:

Histoire de France.

Le standinge.

Béru et ces dames.

Les vacances de Bérurier.

Béru-Béru.

La sexualité.

Les Con.

Les mots en épingle de Françoise Dard.

queue-d'‚ne.

Les confessions de l'Ange noir.

Y a-t-il un Français dans la salle?

Les clés du pouvoir sont dans la boite à gants.

Les aventures galantes de Bérurier. Faut-il tuer les petits garçons qui ont les mains sur les hanches ?

La vieille qui marchait dans la mer.

Son-A ntoniaiseri es.

Le mari de Lion.

Les soupers du prince.

Dictionnaire Son-A ntonio.

Ces dames du Palais Rizzi.

La nurse anglaise.

Le dragon de Cracovie.

Napoléon Pommier.

oeuvres complètes Vingt-huit tomes parus.

Morceaux choisis:

I. Réflexions énamourées sur les femmes

2. Réflexions pointées sur le sexe

3. Réflexions poivrées sur la jactance

4. Réflexions appuyées sur la connerie

5. Réflexions sur les gens de chez nous et d'ailleurs 6. Réflexions passionnées sur l'amour

7. Réflexions branlantes sur la philosophie

8. Réflexions croustillantes sur nos semblables 9. Réflexions définitives sur l'au-delà

10. Réflexions jubilatoires sur l'existence

SAN-ANTONIO

Edition originale

parue dans la collection Spécial-Police

sous le numéro 123

A mon ami Pierre TOLLE7

romancier au coeur pur~ avec le

mien pourtant...

S.-A

Le Code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5, c et 30 a), d'une part, que les 'o copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective" et, d'autoe part, que les analyses et les courtes Citations dans un but d'exemple ou d'illustration, toute repre≠sentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite "(art. L. 122-4).

Cette représentation ou reproduction. par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la pro≠priété intellectuelle.

(c) 1957, Fleuve Noir, département d'Havas Poche.

CHAPITRE PREMIER

La première chose que je vois en pénétrant

dans mon burlingue, c'est un magnifique pot de Igéraniums posé sur le radiateur du chauffage central.

Ensuite mon regard se porte sur Pinaud, qui, en veston, le chapeau sur le cr‚ne, est occupé àrepasser son pantalon. Les pans de sa limace pas≠sent sous sa veste et ses calcifs à fleurs sont muselés du bas par des fixe-chaussettes à chan≠gement de vitesse.

Abasourdi, je regarde la scène. Mon valeureux équipier se retourne et me jette un bon sourire.

- Je suis venu dans ton bureau à cause de la prise électrique, explique-t-il. C'est le café d'en

bas qui m'a prêté le fer...

Ses fesses en goutte d'huile pendent dans le

caîbar comme un regard d'enfant de Marie. Il

s'active avec une certaine noblesse. Le fer fait fumer le pantalon et lui arrache une épouvan≠table odeur de crasse chaude.

-

T'as jamais entendu parler du pressing, Pinuche?

-

J'ai été pris de court, m'explique-t-il. Figure-toi que ma femme m'a téléphoné... Elle avait oublié qu'on allait chez les Larose ce soir...

Des gens du monde... Lui, tripier en gros, si ta vois ce que je veux dire?

Comme je n'aurais pas eu le temps d'aller à la maison pour me changer, vu qu'il y a un conseil chez le Vieux en fin de journée...

il

pose le fer à même une pile de dossiers qui en profitent pour roussir.

Je stoppe l'incendie en traitant mon éminent collègue de noms introuvables sur le calendrier des Postes.

Après quoi, je désigne le pot de géraniums.

-

C'est à toi, ce massif?

-

Oui, pour la maîtresse de maison.

-

Tu lui portes des fleurs en pot, ta ignores donc que ça ne se fait pas?

-

Possible, mais ça dure plus longtemps! Et avec ça, il a épinglé sa carte après une tige, le gougnafier! Je la sors de son enveloppe. Pinuche a écrit: " Avec toutes nos amitiés. " Un gars du monde, quoi!

Subrepticement, je la remplace par un rec≠

tangle de papier sur lequel j'ai griffonné: " M.. pour celui qui le lira. "

C'est de la blague pauvre, d'accord, mais i faut bien rire de temps à

autre. Comme ça, la tri pière en gros sera joyce en ligotant ce message La cote de Pinuche va monter dans les abats

Le bigophone se met à grelotter. Je décroche

Le standardiste me dit en roulant les " r (because il est de Perpignan) que le Vieux m~

réclame d'extrême urgence.

Je fonce donc dans les étages. Le boss m'at tend avec impatience car, lorsque je frappe à s~ lourde, c'est lui qui ouvre d'un geste nerveux Chose ahurissante, il porte un costard prince-de Galles. C'est la première fois que je le voi~ autrement qu'en bleu marine. Est-ce qu'il serai tombé

amoureux, le soleil aidant?

Je considère sa tronche sans poils, son cr‚n< luisant comme un suppositoire prêt à prendre se~ fonctions, son regard bleu acier, ses lèvre~ minces et je me demande quelle nana pourrai bien avoir envie de jouer aux quatre jambons avec un désastre pareil

-

Ah, vous voilà, San-Antonio, asseyéz.. vous, j'ai à vous parler.

Je pose donc la partie charnue de ma personne sur le cuir d'une chaise rococo. J'attends. Avec

le Vieux, vous le savez, l'attitude idéale pour lui plaire, c' est bouche-cousue-j'écoute.

Il

tire sur ses manchettes, s'assure de la bonne fermeture de ses boutons et finit par s'accoter au radiateur éteint du chauffage.

-

Mon cher ami, commence-t-il.

Pour qui le connaît, ce préambule annonce des choses tout ce qu'il y a de mimi.

-

Mon cher ami, vous n'êtes pas sans avoir entendu parler de l'accident d'aviation de Limetz?

J'acquiesce. Tu parles ! C'était dans tous les baveux de France et des environs.

Un avion anglais en perdition dans le brouil≠lard s'est abattu voici trois jours près de l'écluse de Limetz, à quelques kilomètres de la Roche≠Guyon.

Bilan, trente-huit macchabes, pas le moindre survivant, car le zoziau a explosé...

- En essayant d'identifier les victimes, la commission d'enquête a trouvé

ceci sur l'un des corps calcinés...

Il va à son burlingue et extirpe d'un tiroir une montre-bracelet en acier.

Elle a été noircie par l'incendie. Le verre a pété, le cadran a grillé et il ne reste qu'une espèce de boîte ronde à laquelle adhère un morceau de bracelet de cuir.

Je tourne ce vestige dans mes mains. Le gars qui portait ça au poignet a d˚

comprendre sa

douleur. M'étonnerait qu'il soit un jour capable d'annoncer un carré de valets à la belote

Seulement, je ne vois pas très bien ou le Chef veut en venir avec cette tocante amochée. Apparemment, ce fut une breloque tout ce qu'il y a de normal... Franchement, le mystère me dépasse.

-

Je ne vois pas, Chef...

-

Ouvrez...

Je n'ai pas à forcer le boîtier, car le choc lui a colle un fameux jeu.

J'ouvre et j'aperçois, fixée contre la paroi interne du boîtier, une petite plaque métallique d'un diamètre légèrement inférieur.

Des caractères minuscules sont gravés dedans avec la pointe d'un poinçon ou d'un couteau acéré.

Je bigle d'un peu près et j'arrive à déchiffrer ce curieux message:

"AAI ro 1(2 28-7-61."

J'écris les caractères sur une feuille de papier a cigarette afin de pouvoir le considérer tout àmon aise. Le Vieux me guette de son oeil en forme de tire-bouchon à pédale.

-

«a vous dit quelque chose, San-Antonio?

Je gamberge un bout de temps, histoire de ne pas lui déballer des gognandises, comme dirait mon oncle Gustave qui est lyonnais.

Le Viux ne tolère pas les erreurs d'aiguillage. C'est un vicelard de la précision; un superman du papier quadrillé; un délirant du métronome; un tourmenté du zéro absolu!

- AAl, patron, n'est-ce pas l'appellation... heu, télégraphique si je puis dire, de cette bande internationale spécialisée dans le trafic d'armes?

- Exact...

Je regarde la suite.

- To est une préposition anglaise signifiant

" a "... 1(2, par exemple, ne me dit rien... Enfin, 28-7-61 est, je pense, la date du 28 juillet ? Il n'y a aucun effort de dissimulation là-dedans...

Le vieux s'approche de son calendrier. Au milieu, il y a un énorme éphéméride. Il marque la date d'aujourd'hui, naturliche. C'est-à-dire le 26

juillet... L'homme à la casquette en peau de fesse soulève délicatement deux pages sans les arracher et regarde le chiffre 28 comme s'il pou≠vait y lire des présages...

- 28 juillet, murmure-t-il. Oui, ce doit être cela...

- Reste à traduire 1(2, fais-je, manière de me manifester...

Il se retourne, les paluches au fion.

-

C' est fait, soupire-t-il.

Je le défrime pour vérifier qu'il ne me balance pas une vanne, mais non. Son visage reste impa≠vide.

- Vraiment, Patron?

- Oui. Avant d'arriver à cette traduction, laissez-moi vous dire que le passager carbonisé sur qui cette montre a été découverte vient d'être identifié, il s'agit d'un certain Ah Kazar, agita≠teur arabe réputé. De toute évidence, ce mon≠sieur s'apprêtait à rencontrer les gens de AAl pour négocier avec eux l'achat d'armes destinées aux rebelles d'Afrique du Nord.., ou d'ailleurs!

Tout cela me paraît cousu avec du gros cor≠donnet.

J' ai envie d'insister pour connaître la suite car le Vieux, en orateur consommé, prend des temps, calcule des effets et cherche des poses avanta≠geuses pour mettre en relief sa compétence.

- L'avion anglais assurait le service Londres≠Rome via Florence...

-Ah?

- Oui. Kazar avait pris un billet pour cette dernière ville...

- Il devait donc rencontrer AAl en Toscane?

- C'est ce que j'ai conclu, dit le Vieux. J'ai envoyé quelqu'un au C.I.T., vous savez ce que c'est?

- L'Office italien de tourisme?

- Oui.

Chose curieuse, il paraît déçu, notre mironton. Ce type-là croit toujours qu'il vous apprend quelque chose dès qu'il ouvre le clapoir. Son rêve, ce serait d'enseigner l'alphabet à ses subor≠donnés.

-

Vous pensiez, Chef, que cet Office pouvait vous être de quelque utilité en la conjoncture?

Tiens, v'là que je me mets à employer le style redondant du Vieux.

-

Oui, acquiesce-t-il. Et j'avais raison de penser cela...

-

Vraiment?

-

Oui. Nous avons appris que K2 n'est autre que l'enseigne d'un hôtel situé à Cervia, sur la côte Adriatique, entre Ravenne et Rimîni...

-

Drôle d'enseigne pour un hôtel...

-

K2 est le nom du deuxième sommet de l'Himalaya, autrement nommé

Dapsang. C'est d'ailleurs une cordée italienne qui l'a vaincu. Donc Kazar devait être mandaté par son organi≠sation pour négocier un achat d'armes avec AAL. Maintenant qu'il est mort, ses amis vont adresser quelqu'un d'autre au rendez-vous...

-

C'est probable...

-

J'aimerais que vous assistiez à ces négo≠ciations...

il

cesse enfin de tourniquer autour de mon

siège et consent à déposer sur le sien la partie de son académie réservée à

cet usage.

Je hoche la tête.

-

Je dois partir immédiatement, débarquer àI hotel K2 et observer les autres pensionnaires En admettant que j'arrive à dénicher les envoyés des deux groupes, que devrai-je faire ?...

fl avance ses mains racées sur le cuir de son sous-main, comme s'il voulait les mettre dans une vitrine. Ses manchettes sont impeccables. Leur blancheur Persil me meurtrit la rétine.

-

Lorsque vous les aurez identifiés, dit-il en appuyant sur ce futur chargé de pulvériser mon conditionnel, vous suivrez la piste.

-

Laquelle des deux?

Les deux, puisqu'elles se rejoignent. Vous découvrirez le dépôt d'armes et, s'il n'est pas récupérable pour nous, vous le ferez sauter...

Il

parle d'un ton tranquille, exactement comme s'il était en train de s'acheter une paire de lattes chez le bottier du coin. Vous le voyez, ce qu'il attend de moi est d'une simplicité enfan≠tine.

M'est avis qu'il a trop lu les albums de Tintin, le Vieux, ça lui fausse un peu le sens des réalités. Il a le cervelet qui fait " Tilt " comme un billard électrique. Pourtant, sachant qu'il est inutile et malvenu de la ramener, je me soude les labiales àl'autogène.

-

Vous m'avez bien entendu?

-

Admirablement, Patron.

Comme si j'avais les feuilles constipées, àmon ‚ge!

-

Parfait. Maintenant il y a certains points de détail que nous devons régler... Madame votre mère est-elle à Paris en ce moment?

J'en suis complètement jojo! Le voilà qui s inquiète de la santé de Moman, le croquemi≠taine.

-

Mais... oui...

-

Elle se porte bien?

-

Très bien, merci.

-

Un voyage en Italie lui plairait-il?

Du coup, j'ai l'impression d'avoir pris place sur une fourmilière. «a se met à grouiller dans mon caîbar comme la station Chaussée d'Antin àmidi dix!

-

Vous voudriez que j'emmène ma mère avec moi? articulé-je d'une voix pareille aux premiers exercices vocaux d'un sourd-muet de naissance.

-

Oui, et vous allez comprendre pourquoi, San-Antonio.

Comme je ne demande que ça: piger, je m'aiguise les trompes d'Eustache et je pose sur

le Vieux un regard qui ressemble à deux points d'interrogation majuscules!

-

D'après mes renseignements, Cervia est une station balnéaire fréquentée presque exclusive≠ment par les Italiens, contrairement aux autres coins d'Italie, littéralement envahis par les tou≠ristes. Si vous alliez là-bas, vous attireriez imman≠quablement l'attention, car il y aurait de fortes chances pour que vous fussiez l'unique Fran≠çais...

Comprenez-vous?

Cette fois, j'ai la. coupole qui s'illumine.

-

Compris. Avec une vieille dame, j'aurai l'air du grand garçon en vacances avec sa brave maman?

-

Voilà!

Avouez, les gars, que la situation ne manque pas de sel, comme dit mon ami Cérébos, mainte≠nant les agents secrets sont présentés par leurs parents, comme les apprentis bouchers!

-

Pensez-vous que madame votre mère accepte?

C'est mal connaître madame ma dabuche! Felîcie, vous le savez, ne demande qu'à lever la pioche avec moi. Et comment qu'elle va accepter!

-

En ce cas, allez chez vous et préparez h‚ti- -vement vos bagages, vous prendrez l'avion de nuit. Deux chambres seront retenues à l'hôtel Rafael à Florence... Demain matin, vous trouve- une auto devant l'hôtel...

Ce sera une E immatriculée en Seine-et-Oise. Les papiers cette voiture se trouveront sous le siège arrière. Vous prendrez immédiatement la route Cervia...

Il ouvre un tiroir de son burlingue et prend ui carte routière de l'italie.

-

Je vous ai marqué le chemin à suivre E crayon bleu. Là-bas, descendez à l'hôtel K deux chambres seront également retenues à vot: nom...

Il

a vachement préparé son coup, le Vieu Lorsqu'il sera à la retraite, il pourra monter u office de tourisme, ça boomera. Pour les cro sières organisées, il en connaît un brin.

Je me lève.

-

Eh bien, il ne me reste plus qu'à...

-

Un instant...

Il n'a pas refermé son tiroir. Il en sort, comir un prestidigitateur sort de son chapeau les obje les plus idiots, un stylo d'assez forte dimei

.......

-

Prenez ça!

-

qué zaco?

-

Vous le voyez: un stylographe... Enfin, e apparence. Seulement, dans le corps de rempli! sage se trouve un explosif d'une extrême pui!

sance. Avec ce simple objet, vous pouvez faix sauter l'immeuble...

-

Fichtre! Et vous voulez que je me prc mène avec ça?

-

Il est inoffensif tant que vous ne le " pré parez " pas...

N'empêche que je considère ce Waterman avec une certaine inquiétude. Vive la pointe Bic, le, gnards!

-

Et comment le prépare-t-on?

-

C'est simple, regardez...

il

saisit la plume et l'ôte. Puis il dévisse l'autre extrémité du stylo.

-

Il vous suffit d'introduire la plume à l'inté. rieur du réservoir.

Vous revissez et déposez le stylographe sur les lieux o˘ doit se produire l'explosion... Celle-ci intervient cinq minutes plus tard très exactement... N'oubliez pas...

J'en bave de stupeur.

-

C'est formidable!

-

Non, ingénieux. La plume comporte une particule de radium qui agit sur l'explosif au bout du laps de temps que je viens de vous indi≠.......

Je m'empare du stylo dont il a remis la plume en place.

-

Hé, dites, Chef, les effets de la plume ne

-

Bon.

Je glisse le stylo dans ma poche en faisant des voeux très sincères pour qu'il ne débloque pas. Si jamais l'aimable fabricant qui a mis cette inven≠tion au point s'est gouré d'un quart de poil, on retrouvera le bon San-Antonio dans les hautes branches d'un platane.

-

Vous avez bien compris, San-AntoniO?

-

Tout, Chef, l'avion de Florence ce soir... L'hôtel Rafael... La DS

21 immatriculée 78 demain... Les papiers sous la banquette... L'hôtel K2 à

Cervia... J'ouvre l'oeil... Je démasque les trafiquants... Je remonte jusqu'au dépôt d'armes... Et enfin je fais sauter celui-ci... Tout est O.K.

Il me tend la main.

-

Eh bien... Bonnes vacances!

Vous parlez d'un culot!

croise Béruner qui amène un prévenu à coups de pompes dans les noix.

-

Salut, San-A, me dit-il en l‚chant son souffre-douleur. Je te vois pour une belote ce soir?

-

Non, mon gros... Et tu peux te chercher un autre partenaire parce que tu ne me verras pas de sitôt...

-

Tu prends tes vacances?

-

Tout juste

-

Et o˘ que tu vas?

-

Au pays du macaroni en branche... La côte Adriatique, mon cher, pas moins... Paraît qu'avec de bonnes jumelles on aperçoit Tito d'une rive à

l'autre par temps clair...

Il hausse les épaules.

-

Moi, Tito, je m'en fous... Ce qui m'inté≠resse, c'est les jolies pépées avec leurs petits maillots de bain à moustaches.

Il

se marre. Un sourire servile flotte sur la frime défraîchie du prévenu. Béruner, qui s'en avise, lui flanque une mandale de trois kilos, his≠toire de lui rappeler les convenances.

-

Amuse-toi bien, me dit-il en me serrant la louche.

-

Je t‚cherai...

Félicie est en train de cueillir des fleurs lorsque je m'annonce à la porte de notre jardinet.

Elle a un sourire radieux.

-

Déjà toi, mon grand?

-

Oui, m'man, je viens te chercher...

-

Me chercher?

-

Nous partons en Italie.

Elle croit que je lui balance des vannes, mais elle s'aperçoit que je parle sérieusement et une sorte d'inquiétude transparaît sur sa bonne figure.

-

Comment ça, en Italie?

-

Oh, c'est bien simple: un de mes col≠lègues de la Grande Taule devait filer ce soir en vacances avec sa ....... Son hôtel est retenu, tout était archiprêt... Et puis il lui tombe un turbin sur le cr‚ne. Comme je devais prendre

mes vacances le mois prochain, on s'est arrangé avec le Vieux et je pars à

sa place, tu saisis ?

L'explication lui suffit. Du reste, ce qu'elle voit dans tout ça, c'est que son petit San-Antonio d'amour va l'emmener en voyage! Y a pas plus brave mère que cette mère-là

Frénésie! Valoches h‚tivement faites... Cavaicade chez le voisin d'à côté

pour lui confier les plantes vertes et lui demander d'arroser un peu le potager... Ruée à la poste pour leur dire de nous conserver le courrier jusqu'à nouvel ordre... Gare des Invalides o˘ un planton de la Grande Taule m'attend avec les billets et les devises...

C'est la première fois que Félicie prend l'avion.

-

Tu crois que je vais supporter ça, Antoine?

-

T'as peur, m'man?

-

Penses-tu, avec toi, que veux-tu qu'il m'arrive?

Je lui achète un tube de bonbons à la menthe. Ensuite, c'est la grande envolée...

-

Je vais voir l'Italie, murmure Félicie toutes les cinq secondes.

Pour la voir, elle va la voir ! Et comment

Je ne vous bonnis rien sur le voyage sans inci≠dent, l'arrivée à l'hôtel Rafael, les exclamations de ma brave femme de mère qui n'était jamais descendue dans un palace et sur notre route jus≠qu'à Cervia. La bagnole promise par le Boss se trouvait effectivement devant l'hôtel et sous le siège arrière, outre les papiers de l'auto se trou≠vait aussi un P 38

flambant neuf avec deux char≠geurs de rabe... De la jolie mécanique de précision, parole! On se sent nettement moins seul‚bre avec un tel compagnon de voyage.

Il

est un peu plus d'une heure de l'après-midi lorsque je débarque à

Cervia. Cette situation-là ne ressemble pas aux autres. Je cherche pourquoi et je finis par trouver: la végétation de l'Adria≠tique n'a rien de commun avec celle de la Méditerranée. Ici, pas de palmiers, mais des pla≠tanes...

Les hôtels ressemblent à des propriétés privées. Ils s'élèvent comme des pavillons dans une luxueuse banlieue. Seule concession: le Casino. Il se dresse au bout de l'avenue, morne et blanch‚tre, très Utrillo. Derrière, il y a la mer, la plage, de la viande...

Je trouve sans difficulté le K2. C'est une magnifique construction moderne, blanche, avec des stores jaunes, des parasols multicolores, et un perron bordé de pots de fleurs.

-

C' est ravissant ! déclare Félicie.

Je m'annonce dans un joli hall à carreaux verts et blancs dont les larges baies comportent des tentures de velours vertes. Les meubles font Primavera en diable. Les fauteuils ressemblent àdes soucoupes volantes...

Je m'annonce à la caisse o˘ une dame à che≠veux blancs, l'air digne, demande avec une insis≠tance polie un numéro de téléphone qu'elle n'arrive pas à obtenir.

Je lui dis qui je suis, d'o˘ je viens et la suite. Mais elle me répond par une phrase désarmante:

-

No parla francese!

" «a démarre bien, me dis-je, en français et en aparté. " Comme j'ai 1'air embêté, la digne per≠sonne, après avoir dit: " Momente! " à la gon≠zesse de la poste, met sa main sur sa passoire àmensonges.

-

Martha ! appelle-t-elle.

Se lève alors d'un fauteuil éloigné une étrange créature. C'est une grande fille p‚le et blonde sans le moindre brin de fard. Elle est fringuée d'une robe verte, très quelconque et porte des espadrilles vertes. Il se dégage de sa personne je ne sais quoi de malsain, malgré sa physionomie souriante.

La vioque de la caisse me confie à elle.

-

Vous êtes français ? me dit-elle. C'est pouvous les deux chambres retenues hier matin par téléphone?

- Oui.

Elle me jette un regard tout bleu afin de prendre mes mesures. Ecoutez, bandede tartes àla crème fouettée, j'ai vu déjà bien des nanas voraces, mais jamais encore des comme celle-ci. Elle est à poil sous sa robe, la chérie... Et ses yeux vous disent gentiment: " O˘ est-ce qu'on se met ? "

Elle doit aimer les malabars de mon gabarit.

Comme elle s'exprime sans l'ombre d'un accent, je questionne à mon tour:

-

Française aussi?

-

Non, allemande!

Vlan ! Du coup, je dégode un peu.

-

Vous parlez pourtant un français sans bavure...

-

J'ai fait mes études à Paris...

-

Vous êtes en vacances ici?

-

Non, j'y habite... Ma soeur a épousé le fils du patron.

Je lui file un coup de saveur encourageant qui lui va droit à la cible.

-

Si vous avez besoin de cours du soir, pour parfaire votre syntaxe, faites-moi signe!

Elle a un sourire un peu énigmatique. Moi je

freine sur le baratin car Félicie qui poireaute dans la bagnole me lance des regards de détresse.

- On peut descendre nos valises et nous conduire à nos chambres?

Naturellement.

Elle appelle

- Gigi!

Un garçon en veste blanche, brun comme tout l'anthracite de la Ruhr, s'avance, souriant. La blonde allemande lui explique le pourquoi du comment du chose et il se précipite vers ma calèche.

quatre minutes plus tard, nous pénétrons dans nos chambres. Cet hôtel est absolument char≠mant. Il y a des divans modernes, avec des tablettes de couleur... Une salle de bains épous≠touflante avec bidet carrossé par Ferrari, change≠ment de vitesse automatique, freins à tambour et injection directe, comme la Mercedes 300 SL Des couleurs vives, une propreté qui ravit Félicie... Du soleil à faire bronzer un cachet d'aspirine ! Je me sens du bonheur dans le tiroir de la cravate.

Nous faisons un brin de toilette, ma dabuche et moi, et nous descendons dans la salle à grailler o˘ une trentaine de pensionnaires sont en train de tortorer du spaghetti. Du haut de l'escadrin surplombant la salle, je les bigle presto. Parm

les lieux, comme un gosse regarde la

vitrine d'un bazar, je poursuis mon inventaire.

J'avise une autre table avec deux petits vieux, genre fonctionnaires en retraite. Ils ont des manières honnêtes, des gestes lents, et des fringues soigneusement entretenues... «a m'éton≠nerait que ces bonnes gens soient acoquinés avec une bande de trafiquants d'armes.

Je les quitte pour passer à une autre tablée o˘ l'on mène grand tapage...

Des gens pleins aux as. Je parierais le dôme des Invalides contre une paire de fixe-chaussettes d'occasion que l'Alfa≠Roméo qu'on aperçoit dans le jardin leur appar≠tient. Encore une fois c'est une famille complète, lui en costar clair, madame en robe imprimée éclatante, les mouflets avec des boutons sur la frite, et une espèce de vioque gouvernante à l'air vachard qui s'efforce de sourire lorsque son patron lance un mot d'esprit. Elle s'occupe parti≠culièrement du petit dernier. Ce gosse-là n'a pas douze piges, mais il doit peser dans les quatre≠vingts kilos. Il tortore à même l'assiette. On dirait le fils préféré du bonhomme Michelin. On a envie de chercher la valve... Le chef de famille est un beau brun assez racé... S'il était seul‚bre, mes soupçons se porteraient sur lui. Mais, tou≠jours la même chose : j'imagine mal un chef dbande venant traiter une affaire avec ses lardons, sa bergère et

C'est à peu près tout. il y a encore, à l'autre bout de la salle, un couple d'amoureux qui se serrent la louche sans arrêt avec un air de se pro≠mettre mutuellement une partie corsée de zizi≠panpan pour un avenir très imminent.

Puis, tout près de la fenêtre du fond, il y a une jeune femme radieuse avec sa petite fille... Voilà... Je vous ai décrit le populo, excusez le mec s'il y a des longueurs, fallait que je vous numérote les artistes avant de vous jouer la pièce. Un générique se place toujours avant le film. Y a des tordus de metteurs en scène qui le mettent après (pour rester seul devant, seulement personne ne le lit).

- A quoi penses-m ? s'inquiète Félicie.

Je reviens à moi et, par la même occase, à elle.

- Pardon, m'man... Je flottais dans la béati≠tude...

- «a va refroidir...

Elle a raison. J'attaque ma porcif d'une four≠chette allègre tandis que le gars Gigi me verse un glass de chianti. J'aime le chianti. C'est un picrate intelligent. Léger comme une chanson napolitaine et gentiment grisant, comme elle.

Après le repas, nous prenons le chemin de la

mer. En Italie, les plages sont découpées en tranches'.

Chaque hôtel a droit à un morceau. Il a ses transatlantiques, ses parasols, ses cabines, ses flacons d'ambre solaire, ses pédalos... Les pen≠sionnaires ont automatiquement droit à un fau≠teuil de toile qui se situe par ordre d'arrivée plus ou moins près de la mer.

Un type en maillot rayé, coiffé d'une casquette sommée d'une ancre marine, nous guide au troi≠sième rang d'orchestre. M'man et moi nous nous asseyons et nous faisons ce que font tous les gens dans notre cas, c'est~àZdire : rien

Le soleil qui met toute la gomme... La mer qu'on voit danser... Et puis le ciel bleu, infini... C'est bon, ça réchauffe l'intérieur. On n'a pas envie de remuer la moindre phalange.

- L'Adriatique est verte, fais-je remarquer àFélicie.

Elle a un hochement de menton, puis elle se met à en écraser, tout doucettement, vaincue par la fatigue du voyage, par la matraque du soleil et par la paix Constrictor de la digestion.

A ces heures, il y a encore peu de trèpe, dans le circus... Les gars de par là vont faire la

I.

En tranches napolitaines, dirait Breffori s'il avait le temps de dire tout ce qu'on lui pretesieste... En Italie, ce beau pays, les gens sont obligés de remonter la sonnerie de leur Jaz pour stopper leur sieste.

Et quand leur sieste est finie, il est l'heure d'aller se pieuter pour de bon.

Peu à peu, le populo se radine... C'est le même carnaval en maillot de bain. Des gosses qui courent dans l'eau en faisant gicler de l'écume... Des messieurs avec un bureau poilu... Des dames avec des bikinis à moustaches dont parlait Bérurier... Des tarderies, mahousses, croulantes, flasques...

Des jeunes gens qui jouent les Apollon du Belvédère avec une petite médaille pieuse sur leur peau bronzée...

C'est dans ces cas-là que je désespère le plus des hommes. Il sont là, presque nus, sur le sable chaud qui sert à parfumer les légionnaires...

Etalés comme de la viande morte, avec leurs ventres, aérophagiques, aérodynamiques, majes≠tueux, gonflés... Avec leurs varices, leurs seins qui, comme les feuilles mortes, peuvent se ramas≠ser à la pelle... Avec leurs désirs assoupis, avec leurs combines en veilleuse... Contents de vivre et de se faire cuire le lard au soleil... Fiers de s'entre-exhiber leur sale bidoche contemporaine; ne se doutant pas, les pauvres lapins, qu'ils sont aussi fugaces que les constructions de sable exé≠cutées par les gamins... Le soleil, la mer, l'im≠mobilité leur font croire à leur éternité..Je ferme les carreaux pour les oublier un peu... Il y a des moments o˘ ils me gênent... Des moments o˘ je me gêne moi-même comme si j'étais placé en travers de mon passage...

Un long moment de flottement amer s'écoule. Et puis le miracle se produit.

Je me mets à gam≠berger à mon turbin. Je ne suis pas ici pour phi≠losopher...

Pour la première fois depuis la veille, je prends le temps de penser sérieusement à ma mission. Jusque-là, j'ai vécu dans une sorte de tourbillon. Maintenant, le calme se fait... J'essaie d'y voir clair. Les pensionnaires du K2 sont tous là...

Je les examine soigneusement à travers mes lunettes de soleil. Mais cette nouvelle revue ne m'apporte rien d'intéressant. Ils paraissent tous plus innocents les uns que les autres. J'en viens àme dire deux choses déprimantes: primo, peut-être le Boss s'est-il carré le médius dans l'orbite en traduisant le message gravé dans la montre par un rancart à cet hôtel... Il se pourrait fort bien que cette enseigne curieuse ait égaré les recherches. Deuxio, même si un rancart était prévu à Cervia, depuis l'accident d'aviation dans lequel Kazar a trouvé la mort, les deux clans qui devaient se contacter ont fort bien pu changer leurs batteries. Il faut aviser d'urgence... J'ai bougrement envie d'interviewer Martha, la petitPLUMEAllemande p‚lichonne, sur les pensionnaires... Leurs fafs m'en apprendraient peut-être plus long que leur figure, non?

Doucement, je touche le bras de Félicie, ce qui l'éveille en sursaut.

- Excuse-moi, m'man. J~ ai envie d'aller me dégourdir un peu les jambes...

Pendant que tu fais la sieste, je vais musarder un peu dans le patelin, attends-moi là...

Elle pige beaucoup de choses, Félicie. Et tou≠jours la discrétion personnifiée.

- Va, mon grand...

Je me lève et quitte la plage en répondant aux saluts courtois que m'adressent les autres habi≠tants du K2.

Les deux petits vieux gisent comme des cha≠rognes d'animaux sous un parasol... La dame a une revue sur le visage et elle ronfle comme un feu de cheminée. Lui s'est mis les mains sur le bide, un bada en paille sur le front... Il me regarde passer d'un oeil aimable. Ensuite c'est le couple d'amoureux serrés l'un contre l'autre, comme s'ils avaient froid. Ce sont eux qui sont arrivés les derniers, probable qu'ils sont allés vérifier si le sommier de leur pageot tenait le coup. Lui me sourit depuis son bonheur... Elle ne me voit même pas passer...

Tout ce petit monde est venu là pour occuper deux mètres carrés de sable étincelant.

Je secoue mes chaussures d'été pour en expul≠ser le sable, je contourne le casino gris et m'en≠gage dans l'avenue plantée d'arbres qui conduit à notre hôtel.

Le K2 est désert... La vieille dame aux crins blancs fait ses comptes derrière la caisse. Martha est dans la seconde partie du hall, lovée dans un fauteuil. Elle regarde la télévision qui transmet un documentaire essentiel sur " La fabrication des cannes à pêche en fibre de verre ". «a ne la passionne pas, mais je sens qu'elle se complaît dans la pénombre. La lumière laiteuse de l'écran de télé éclaire faiblement son visage. Je pige maintenant ce qui lui donne un aspect malsain; elle n'est pas bronzée. Elle a même la peau extrêmement blanche et ce, en plein été, dans une station balnéaire...

Je m'approche d'elle et prends place dans le fauteuil voisin.

Elle me coule un regard qui ferait fondre un bonhomme de neige.

- C'est intéressant? fais-je en montrant le poste.

Sa moue est éloquente. J'approche mon fau≠teuil du sien.

- Je ne vous dérange pas-

Absolument pas.

-

Vous n'allez pas sur la plage?

-

Non.

-

Jamais?

-

Jamais.

-

Pourquoi, vous n'aimez pas vous baigner?

Il se dégage d'elle une odeur de femme qui me chavire un peu. Elle a des seins qui bougent sous la robe... Ses cheveux sont collés à ses tempes par la sueur. Pourtant, il ne fait pas particulière≠ment chaud dans ce hall obscur...

-

Non, répond-elle au bout d'un instant. J'ai horreur de l'eau, de la foule et du soleil. J'ai hor≠reur de l'Italie. J'ai horreur d'un tas d'autres choses encore...

Drôle de fille décidément.

Je lui file mon regard 34 bis à la Rudoîf Valentino, celui que j'utilise dans les cas d'urgence.

-

Puis-je vous poser une question?

-

Oui.

-

Me comprenez-vous dans ce tas d'autres choses qui vous font horreur?

Ma question la fait sourire. Ses grands yeux bleus, un peu fiévreux, s'ouvrent en grand.

-

S˚rement non!

-

Merci...

Décidément, j'ai eu beau nez de radiner mfraise à ce moment de creux.

L'hôtel est presque vide. Les garçons, le ventre ceint d'un tablier, balaient la salle à manger en chantant un truc à la mode, sur Rome. Nous sommes bien. Le speaker de la télé vide son bla-bla à toute vibure comme s'il craignait de rater l'autobus.

- Il y a longtemps que vous habitez ici?

- Trop...

- C'est-à-dire?

- Deux ans!

- Vous vous ennuyez?

- A mourir. Du reste, je crois bien que je suis un peu morte.

Elle hausse les épaules.

- quand je pense qu'il y a des gens qui vien≠nent passer plusieurs semaines ici et qui font semblant de s'y amuser...

- L'hôtel ne travaille qu'avec des pension≠naires, il n'y a pas de clients isolés ?

- Oh si, suivant les disponibilités...

- Et en ce moment, c'est complet?

- Presque...

- Je suis le dernier arrivant, en somme?

- Pour le moment, oui!

J'essaie de ne pas lui donner l'éveil par des questions trop nombreuses et trop poussées, mais je ne puis me retenir longtemps.

- Vous attendez encore du monde Non, je ne pense pas..

-

J'avais un ami qui devait venir, et puis il a eu un empêchement...

Elle fronce le sourcil.

-

Monsieur Kazar?

J'en ai la glotte qui se bloque. le Vieux ! C'est un zig qui sait Chapeau pour o˘ il met ses

pinces!

Moi qui prends des chemins détournés pour essayer de me farcir un détail intéressant, et voilà cette poupée blonde qui me colle le pif en plein dans la tarte.

-

Oui, c'est cela, Kazar...

-

Pour un empêchement, c'en est un, dit-elle. J'ai lu dans les journaux... C'était votre ami?

-

Oh, une relation d'affaires... Comment diantre avez-vous pensé à

Kazar lorsque je vous ai parlé d'un ami qui devait venir?

Elle hausse les épaules.

-

Parce que la lettre par laquelle il avait retenu une chambre était écrite en français...

-

Depuis Londres, n'est-ce pas?

-

Oui.

-

Pauvre vieux Kazar, fais-je du ton pénétré d'un homme " qui se remet difficilement d'un chagrin "... Alors sa chambre est disponible?

-

C'est vous qui l'occupez«a me fait un drôle d'effet.

- Curieux, le hasard, hein?

- Oui.

Depuis un moment, elle me dévisage avec un intérêt accru. Sa main pendante est prise d'un frémissement. Je sens ses doigts effleurer les miens. M'est avis que la Martha doit être vague≠ment hystéro sur les bords.

Je lui cramponne la paluche, manière de me rendre compte si elle va m'envoyer chez Plumeau. Pas du tout! Elle se cambre dans son fauteuil et sa respiration se fait plus haletante. Si j'arrête pas les frais illico, il va y avoir représen≠tation de gala avec champagne facultatif.

- J'aimerais vous parler un peu de la France, fais-je... On ne pourrait pas se voir, ce soir...

Elle met un temps à répondre, d'une voix vicieuse:

-O˘?

J'hésite. Ma chambre est contigue à celle de Félicie. Comme Martha, si j'en crois mon expé≠rience, est s˚rement du genre bruyant, vaut mieux trouver un terrain plus discret pour cette rencontre internationale.

- que diriez-vous de votre chambre?

«a la cloue un brin. Elle s'attendait à la balade au clair de lune.

- Comme~ vous y allezJe souris.

Rien ne vaut quatre murs pour abriter une conversation à b‚tons rompus...

- A quoi?

-

B‚tons rompus... Vieille expression fran≠çaise, je vous en apprendrai d'autres... Alors, d'accord?

Les femmes, qu'elles soient allemandes, musulmanes ou tuberculeuses, possèdent toutes l'art d'éluder les réponses trop directes.

Ma chambre est au deuxième... Tout au fond du couloir... Numéro 28.

J'y serai à minuit...

-

C'est un peu trop tôt.

-

Alors à une heure... D'accord?

Elle détourne la tête et ses longs cheveux blonds forment soudain comme un rideau d'or entre nous ! Mince, me voilà en pleine littéra≠ture ! Si je ne me surveille pas, je vais finir par écrire en bon français Le documentaire sur les cannes à pêches s'achève, et le speaker rengracie avec " La vie des mollusques de Lucrèce Borgia à nos jours ". La télé

italoche me paraît presque aussi passion≠nante que la télé française.

Voyez-vous, fais-je, pour changer de disque, ce qui me plaît ici, c'est que je suis parmi les estivants italiens... Au moins, j'ai le folkloreRien n'est plus casse-bonbon que de se trouver dans un hôtel étranger avec tous les congés payés de France. Vous ne savez pas ce que ça peut être pénible.

Chez nous, on se lave les pieds deux fois par an, mais en hôtel on casse la cabane si le robinet d'eau chaude de la douche est bloqué!

Elle éclate de rire.

C'est vrai, fait-elle, les Français sont sales Il n'en faut pas plus pour me foutre en renaud. Vous savez, le côté Cyrano de mon personnage se met en court-circuit. " Je me les sers moi-même avec assez de verve; mais je ne permets pas qu'un autre me les serve. " Miss Choucroute qui ose renchérir...

- Notez, riposté-je d'un ton cassant, que si on ne se fait pas de shampooing, on a du moins quelque chose dans le crane...

Mais autant faire de l'esprit avec une douzaine de fines belons. Aucune réaction. Cette nana, elle assimile peut-être Nietzsche, mais je vous le dis, Jean Rigaux ferait un gros bide avec elle. Pour la gamberge ésotérique, on les trouve par≠tants, les gars d' Outre-Rhin ; mais pour le trait d'esprit, ils ne reçoivent qu'une fois par semaine et sur rendez-vous Je me lève.

- A ce soir, ravissante déesse de l'ombreElle a un regard chargé de langueur.

-

Vous partez?

-

Oui, ma bonne vieille maman doit com≠mencer à s'inquiéter. Il faut se donner du mal pour élever ses parents

Je vais retrouver la lumière, la plage, les gigots en maillots CHAPITRE IILorsque nous gagnons- nos turnes, Félicie et moi, après avoir regardé un matc hde boxe à la télé italoche, match au cours duquel Duranle champion d'Italie a battu Gondolfi, l'espoir fran≠ças, il n'est pas loin de minuit. Cette journée de voyage et de grand air nous a vannés. J'embrasse m'man et je m'enferme dans ma carrée.

Je commence à me déloquer et à prendre une bonne douche, ensuite je passe mon pyjama de cérémonie: bleu ciel à parements blancs. La tenue de choc pour visites nocturnes. Là-dedans j'ai l'air d'un prince charmant en exil (en toute modestie).

Il ne me reste plus qu'à attendre une plombe. Pour tromper le temps, je ligote un vieux numéro du Corriere della sera. Je découvre de grosses analogies entre le français et l'italien. Pourtantlorsqu'on jacte rital devant mézigue je n'y entrave que pouic!

quand le moment des effusions est arrivé, je prends le chemin du septième ciel, c'est-à-dire celui de la chambre 28.

L'hôtel est silencieux et je glisse dans les cou≠loirs tel un fantôme.

J' ai pris la précaution de repérer la cambuse de jour. Aussi m'y dirigé-je sans hésiter. Parvenu devant la porte, je frappe discrètement. La môme Martha devait m'attendre, car elle délourde ins≠tantanément.

Vision paradisiaque, les Mecs

Elle a un déshabillé vaporeux, presque trans≠parent, décolleté jusqu'aux genoux et ses longs cheveux p‚les ruissellent sur ses épaules.

Elle ne dit rien et recule jusqu'à son page o˘ elle s'assied. Je ferme la porte, donne un tour de clé et m'approche, très inspiré.

Elle est légère, translucide. J' ai l'impression qu'un coup de vent l'anéantirait.

J'y vais du rapprochement franco-allemand. On devrait me verser dans le corps diplomatique un de ces quatre! On m'attacherait particulière≠ment aux accords culturels avec les ambassa≠drices et je vous parie une balle de tennis contre douze balles dans la peau que le prestige de notre pays y gagneraitSans que la moindre parole ait été dite, je lui montre mon catalogue de fin d'année.

Elle passe aussi sec son bon de commande. En fille avisée elle choisit tour à tour " Le vibro≠masseur ", " La poupée mongole " et les " Délices de Zanzibar ", mes toutes dernières créations, modèles d'automne encore introu≠vables dans le commerce. Elle mène un de ces raffuts qui rappelle la chute de Berlin, en plus tumultueux. Il doit y avoir un fameux branle-bas dans l'hôtel. Les messieurs encore verts doivent virer au rouge. quelle aubaine pour leurs nanas

Heureusement que je suis venu incognito... Je n'oserais jamais reparaître devant les pension≠naires du K2 demain s'ils savaient que j'ai pro≠voqué ce charivari.

Enfin Martha s'apaise comme la mer calmée. Elle file sur moi un regard bordé de reconnais≠sance.

- «a, lui dis-je, doctoral, c'est l'exercice pré≠liminaire... quelque chose comme le cours pré≠paratoire, si tu vois ce que je veux dire ?...

Elle a un sourire qui use ses dernières forces et elle se blottit contre moi, p‚mée.

On doit composer un charmant tableautin. Si le Vieux voyait son envoyé

spécial, il prendrait une congestion cérébrale. J'ai une drôle de façon d'enquêter sur l'envoyé AAmon avis Mavis que le moment est venu de tirer les vers du nez à Martha. Après une séance de pen≠thotal comme celle-ci, elle ne doit pas avoir les réflexes branchés sur la force Lorsqu'un homme vient de se dépenser de cette manière, il n'a à choisir qu'entre deux atti≠tudes: ou bien rentrer chez lui, ou bien allumer une cigarette et parler de la pluie et du beau temps. En Italie, ce serait plutôt du beau temps.

J'avise un paquet de pipes sur la table de chevet. Ce sont des blondes (naturellement).

- Tu permets ? fais-je en en prenant une.

Je l'allume et exhale une bouffée voluptueuse. Martha roucoule, prête à

remettre le couvert.

- Je ne regrette pas d'être venu ici, dis-je... Tu es la fille la plus ravissante que j'aie jamais rencontrée.

Elle en a le valseur qui fait bravo.

- C'est vrai? murmure-t-elle, d'une voix noyée comme une portée de chatons.

Je ne sais pas si vous connaissez bien les gon≠zesses - vous pourriez être des habitués de chez Mme Arthur après tout - mais je peux vous garan≠tir, moi qui les pratique et même, vous venez de le voir, qui les honore, je peux vous garantir, disais-je, qu'elles sont toutes sensibles au bara≠tin.

Oui, toutes : les grandes, les rousses, les catholiques, les apostoliques, les romaines, leparisiennes, les pharisiennes, les bossues, les tor≠dues, les intelligentes, et les autres (les femmes normales), les petites grosses, les grandes maigres, celles qui ont leur bac et celles qui ont un mètre vingt de tour de poitrine; celles qui se nourrissent de biscottes, celles qui se nourrissent de boy-scouts, celles qui dorment sans souliers, celles qui vont au cinéma, celles qui en font, celles qui voudraient en faire et celles qui croient franchement qu'elles en feront un jour Du moment qu'on leur tresse des couronnes de guimauve, elles sont preneuses. Une fille comme Martha, vous vous en doutez (et si vous ne vous en doutez pas, c'est que vous êtes encore plus tarte que je ne le supposais) n'échappe pas àla tradition. Ma salade lui plaît. Elle l'arrose d'un filet de citron et l'avale toute crue.

Je continue de la baratiner comme quoi elle a les plus beaux lampions du monde, les crins les plus romantiques, la menteuse la plus alerte, la peau la plus veloutée.

Ensuite je chique au gars jalmince qui veut garder pour lui tout seul ces trésors.

- Dis-moi, Martha, j'espère qu'il n'y a pas d'autres pensionnaires qui te font du gringue, au moins?

- Du quoi?

-

La cour-Oh non..

Elle rosit un peu... Je la détronche vachement.

-

Mon petit doigt me dit que si... Tu parles, une belle vamp comme te voilà, dans un patelin o˘ les bonshommes ont un brasero dans le baquet!

Mais non, je le jure...

-

A d'autres... Tiens, le beau brun qui a un môme boulimique?

Le signor Cardoni?

-

Je ne sais pas son nom, mais il a des yeux qui feraient fondre le Mont Blanc

Elle secoue la tête.

-

Oh non... Et puis c'est un habitué. Il vient toutes les années avec sa famille...

Je saute par l'ouverture.

-

Oui, en somme, ici vous retrouvez toujours les mêmes bouilles?

-

Les mêmes quoi?

-

Les mêmes frimes... Les mêmes têtes, si tu préferes...

- C'est vrai.

J'aff˚te ma question clé et je la plante carré≠ment dans la conversation.

-

A part ma mère à moi, les autres sont des habitués.

- Pas tous...

C'est ici que les Athéniens s'atteignirencomme dit ertinemment mon honorable collègue Bérurier, lequel a chez lui la collection entière du Vermot.

- quels sont les nouveaux?

Elle ne répond pas tout de suite et me dévisage avec un oeil étrange...

Dans ce lampion, il y a une sorte de surprise attentive.

- Les autres clients t'intéressent, on dirait?

Je ne me dégonfle pas.

- Oui, ils m'intéressent, ....... Autant te le dire tout de suite, je suis d'une jalousie féroce...

Elle a un frémissement d'aise. Rien n'enqui≠quine davantage une donzelle que lorsque vous lui faites une scène de jalousie, mais paradoxale≠ment, rien ne la flatte mieux que ça.

Entre nous et la station Madeleine, la jalousie est un sentiment que j'ignore. Je ne suis pas exclu≠sif. Je pars du principe que la vie étant courte, il faut en profiter au maxi... Etant donné que chaque homme a besoin de plusieurs femmes, ne serait-ce que pour se dépayser un brin, il est bien évident qu'il doit, parfois, emprunter celle des autres... A charge de revanche, nature!

Du coup elle en oublie de répondre à ma fameuse question.

- Hein, ma belle, qui sont les nouveaux?

- Eh bien..réfléchit

-

Il y a Mme Dickson...

-

qui est-ce?

-

La jeune femme avec sa petite fille... C'est une Américaine, elle attend son mari qui est allé à Rome pour ses affaires et qui vient la rejoindre demain...

-

Tu le connais?

-

Non, pas encore...

Elle me file un baiser en dialiscope et mur≠mure:

-

Je ne savais pas que les Français étaient aussi jaloux.

Je hausse les épaules.

-

Ne te moque pas de moi, Martha...

Vite je rengracis

-

Elle est là depuis longtemps, cette dame?

-

Deux jours... Tu t'intéresses à elle?

Bon, la v'là en renaud, du coup... Je moule le sujet...

-

Et à part cette Amerlock, quels sont les nouveaux?

-

Des Suisses...

-

D'o˘ sont-ils?

- Zurich...

-

C'est touts'appellent Canetti... Ils sont de Torino. Tu n'es pas jaloux du mari, si?

J'éclate de rire...

-

Tu en as de bonnes...

Encore un baiser filtrant, une caresse à ven≠touse et je laisse Martha rêver à cette félicité que nous nous sommes dispensée généreusement.

Je rejoins ma base sans encombre. Je suis un peu fatigué, mais ma matière grise donne à plein régime.

Maintenant l'affaire se noue. Gr‚ce aux ren≠seignements que je possède, je puis d'ores et déjà circonscrire le champ de mes investigations. En effet, on ne peut logiquement ranger sur la liste des " suspects " les vieux habitués de la maison. Parmi les nouveaux j'ai trois lots, ce qui ne veut pas du tout dire que ce soit trois affaires. Primo, la dame Dickson qui attend un homme! Objection valable: sa petite fille... Décidément on n'en sort pas des suspects familiaux... Deuxio, les Suisses allemands... Là

itou, leurs chiares me contristent... Enfin les deux petits vieux... Mais ils sont vraiment trop croulants pour pratiquer un turbin aussi délicat et dangereux que celui consistant à cloquer des armes à des mecs dési≠reux de foutre le merdier en quelque point du globe.

Je les raye... Restent les Suisses, la dame..Je me couche et j'éteins. Ma piaule donne sur l'avenue et, bien qu'il soit près de deux plombes, j'entends encore des bruits de conversation dehors... Il y a des lumières... Au fond de tout cela, la mer produit son grondement incessant, déprimant lorsqu'on se met à l'écouter.

Histoire de l'oublier, je pense à " l'affaire "...

D'accord, le Vieux avait misé juste, seulement cet accident d'aviation n'a-t-il pas annulé les rembours?

C'est une possibilité... Un point de vue plutôt, mais il en est d'autres...

Par exemple, je trouve curieux ce rendez-vous dans ce coin écarté de l'Italie... Pourquoi se rencontrer si loin des grands centres économiques o˘ en général se trai≠tent toutes les affaires, licites ou non ? Il y a une raison précise à cela... Et cette raison, j'aimerais la découvrir... Je vous jure sur la tête de mon lit que j'y parviendrai!

C'est sur cette bonne résolution que je finis par glisser dans les bras de Morphée. Ils ne valent pas ceux de Martha mais on s'y repose davantage.

CHAPITRE IV

Rien n'est plus vide qu'une existence d'esti≠vant en hôtel. Toute l'année, les gens en bavent pour mériter trois semaines de farniente pennt lesquelles ils vont se faire tartir consciencieuse≠ment dans un trou impossible.

L'ennui commence sitôt le petit déjeuner expédié. On va acheter des cartes postales qu'on adresse à des truffes qui s'enchosent autre part en vous écrivant les mêmes... Puis on se baigne un peu et on bouffe... Sieste, bain de soleil, trem≠pette... Rebouffe... Conversations... Au dodo... La fuite utile des jours qu'il appelait ça, Victor Hugo ! Tu parles ! De quoi prendre de l'eczéma au cervelet à force de se le gratter pour savoir ce qu'on va faire

«a dure comme ça trois semaines... C'est coupé par une excursion à Machin-Chose, un bled o˘ les estivants s' ennuient pendant trois semaineaussi, moins le jour o˘ ils viennent excursionner dans votre bled à vous avec des Kodak autour du ventre et des yeux conquérants.

Et ensuite, on rentre chez soi, la tirelire bour≠rée de souvenirs qui deviennent merveilleux au fur et à mesure qu'on s'éloigne. On les pense avec les mots qui serviront à épater les copains et on finit par être épaté

soi-même... Oui, le miracle se produit: on croit en la beauté des vacances.

On les déguste au passé! Ah! les hommes, je vous jure!

Félicie, elle, est radieuse. S'évader avec son Antoine, c'est un moment paradisiaque. Je la trouve dans la salle commune, elle m'y attend depuis longtemps, figée dans sa robe noire aux plis bien tirés... Droite, aimable, furtive... Prête à sourire à qui la regarde, en attendant son grand poulet de fils comme un insomniaque attend le lever du jour...

Je l'embrasse.

-

En forme, m'man? -

-

-s.

-

Oui, mon chéri...

-

Tu as déjeuné?

-

Je t'ai attendu...

J'intercepte Gigi qui passe en souplesse, por≠tant trois plateaux à la fois. D'un geste éloquent, je lui explique ce que j'attends de lui.

Il a pigé et me fait un signe affirmatifPendant que nous attendons le déjeuner, la belle Américaine à la petite fille descend, tenant l'enfant par la main. Je lui distribue une oeillade veloutée et un sourire révisé

par Colgate. Elle a un bref hochement de tête et s'assied non loin de nous.

Tandis que nous prenons, nous le café au lait, elle the coffee and milk, je ne la quitte pas du regard. C'est une très belle personne d'une tren≠taine d'années, à la chevelure rousse, à la peau bronzée, aux yeux sombres...

Elle est carrossée comme une voiture de course et c'est avec un plaisir non dissimulé que je lui jouerais pour elle toute seule le premier acte de " La grosse mite dans les biches ", féerie enfantine qui a obtenu le prix du meilleur préjugé qui vous co˚tait cher au festival de Pont de Beauvoisin.

Mon attention éveille la sienne. Je constate presto que je ne lui suis pas tout à fait indiffé≠rent. C'est le moment de faire jouer mes ramasse-

miettes ! S'il y avait un grelot accroché à chacun de mes cils, je lui interpréterais " Prenez mon coeur et mes roses " sans accom≠pagnement.

Lorsqu'elle a fini de faire manger l'enfant, elle cramponne son sac de bain et prend le chemin de la plage.

- Charmante femme, déclare Félicie eessayant de chasser toute malice de sa voix et de son regard.

Je ne bronche pas.

- qui ça, m'man?

- La dame qui s'éloigne avec sa petite fille.

- Ah oui ? Je n'ai pas fait attention...

Du coup, Félicie sourit et regarde dans une autre direction.

- que faisons-nous, ce matin? s'informe-

-elle,

- Ben ici, ta sais, y a que la plage... Je pren≠drais bien un bain!

- Tu n'y penses pas, Antoine! Après avoir mange...

- Dans un moment... Je vais m'acheter un slip de bain, j'ai oublié le mien chez nous...

Le ciel est bleu, la mer verte. S'il y avait une fenêtre, je l'ouvrirais tout de suite. Je regarde la flotte en attendant de pouvoir m'y ébattre...

Mais je ronge mon frein car la belle Américaine, moins à cheval que Félicie sur les problèmes de la digestion, fait déjà trempette depuis un bon moment, tandis que sa fillette joue avec d'autres garnements sur la plage.

Enfin, ma brave femme de mère ayant levé son veto, je galope dans l'onde saum‚tre.

quelques brasses savantes et me voici près d'un radeau flottant à une cinquantaine de mètres de lplage. Mistress Dickson y est étalée, superbe dans un maillot de bain blanc qui étincelle...

Nous faisons très Lac aux Dames, elle cruci≠fiée par le soleil sur cette plaque de bois..., moi jouant les terre-neuves autour d'elle.

Je finis par cramponner un bord du radeau, ce qui l'incline fortement. Le beauté rousse me regarde.

-

Hello ! fais-je en américain.

Docile, elle répète d'une voix très nasale:

-

Hello!

La conversation se trouvant de ce fait forte≠ment engagée, je me juche à

ses côtés. Je suis un peu plus libre, car Félicie étant myope, ne peut m'apercevoir depuis son parasol.

Je fais jouer mes pectoraux pour compenser ma carence linguistique.

L'anglais que je suis capable de parler, en effet, tiendrait sur la marge d'un timbre de quittance.

Je m'efforce pourtant de constituer une phrase.

Elle est pauvre mais convenable:

-

The sun is good for you, dis-je aimable-ment. I 1.

Pour ceux qui ont des connaissances plus piètres que les miennes, je traduis " Le soleil est bon pour vous. " En Angleterre on remplace le mot sun par le mot GuinnessElle éclate de rire.

- Il est bon pour tout le monde, rétorque-t-elle dans un français parfait.

Elle a un petit accent qui ajoute à son charme.

- Comment ! Vous parlez français?

Ma stupeur lui fait plaisir. Elle s' amuse comme une petite fille.

- Oui, j'ai fait la guerre en France!

- La guerre ! Mais vous étiez enfant de troupe alors

- Non, j'ai trente-quatre ans...

- Air connu : on ne vous les donnerait pas...

Brusquement, sur ce radeau flottant, près de cette fille rousse, avec le Mahomet qui nous cogne dessus à grands coups de rayons, je me sens envahi par une étrange félicité. Je ne sais pas si vous l'avez remarqué (ça me surprendrait à en juger par vos billes) mais il existe brusque≠ment dans la vie des états de gr‚ce. Des tas de tordus - dont vous s˚rement - croient que le bonheur est un autobus qu'il faut parvenir àattraper! Je peux vous annoncer qu'ils se met≠tent le doigt dans l'oeil jusqu'à l'estomac. Le bonheur, voyez-vous, c'est seulement une espèce de flottement passager pendant lequel vos pensées s'engourdissent. Ce qui revient à dire que le bonheur consiste à ne plus penser, àretourner à l'animal..Un silence interminable s'écoule. Mme Dickson se met sur un coude et me regarde de très près.

-.

Vous n'êtes pas très causant, r

t-elle,

sion c f~.

i... J'ai l'impres≠ge auprès d'une

amuse... M est avis qu eti 'aire tartir sans son Jules. jolie petite fille, dis-j ment cie ce genre fnir to- Pourquoi?

-

Voilà bien ma veine, dis-je. Juste au moment o˘ nous lions connaissance...

Elle se rembrunit un peu (ce qui n'est pas dif≠ficile sous un soleil pareil).

-

qu'espériez-vous ? demande-t-elle.

Cette question trop précise me déconcerte.

-

Mais.., heu.., devenir votre ami

-

La présence de mon mari ne sera pas un empêchement. C'est un homme très gentil...

Il est dans les affaires?

-

Oui, il vend des avions à l'Europe. Il est en ce moment à Rome pour traiter une grosse com≠mande avec le gouvernement italien.

Cette histoire de vente d'avions me fait tiquer. Serais-je sur la bonne piste?

Nous sommes aujourd'hui le 28, c'est-à-dire la date initialement prévue par les deux nj pour une rencontre. Si l'accident de Kazar n pas apporté de contrordre... Oui, ce sera auj ourd'hui.

Bon. En admettant que M. Dickson, de zincs, soit le représentant de AAî, celui groupement arabe ne devrait pas tarder à se senter non plus. Il faut que j'ouvre l'oeil... que je l'ouvre béant.

Après quelques considérations sur le soleil, mer, la nourriture à l'hôtel et la couleucheval blanc d'Henri IV, je prends congé de la jeune femme et je plonge dans la tisane...

Mon absence avait déjà inquiété Félicie qui m'imaginait noyé. Je me sèche et je lui propose d'aller faire une petite virée dans le village que nous ne connaissons que pour l'avoir traversé en arrivant. Elle accepteJ'installema brave femme de mère dans un fauteuil-balançoire du jardin de l'hôtel en lu recommandant de m'attendre pendant que je vais me changer.

Martha est comme à son habitude vautrée dans le coin d'ombre du hall. La vieille dame à che≠veux blancs demande la communication avec Milano pour le compte de l'amoureux qui attend, debout devant la caisse, tandis que sa souris lui gratouille le creux de la main.

Je m'approche de ma petite Allemande.

- Vous avez bien dormi? fais-je sans sour≠ciller.

- Très bien, dit-elle de sa voix à la fois chan≠tante et gutturale.

Je me penche sur elle, l'oeil en vrille.

- Je crois, mon amour, que nos ébats ont empêché une partie de la population de l'hôtel dronfler... Tenez, les deux petits vieux, entre autres, me font grise mine...

Elle hausse les épaules.

- C'est une idée que vous vous faites... Ils habitent le iî, à l'autre étage

- Ah oui?

-

Oui...

-

Excusez-moi, je vais me changer...

Elle m'agrippe par un bras.

- Vous revenez me voir, ce soir?

Mince, elle passe ses commandes de bonne heure, la petite dévoreuse.

- Ben voyons, fais-je, prometteur.

Je m'élance dans l'escadrin jusqu'à ma chambre. Je passe un futal de lin et une mari≠nière blanche... Ensuite je vais à la porte du 11.

J'écoute, pas un bruit. Je frappe légèrement, personne ne répond. D'un geste décidé j'utilise mon petit sésame, l'instrument qui met les ser≠rures à la raison. Cric-crac, me voici dans la strass.

C'est la même chambre que la mienne. Deux pieux jumeaux, avec dessus des pyjamas roco≠co....

Je cavale à la penderie et je l'ouvre. Il y a des costards de coupe ancienne et des robes fanées... Je fouille les deux valises posées sur un treillis. Elles sont vides, leur contenu ayant été rangdans le meuble...

J'inventorie alors les grands tiroirs... J'y déniche du linge de corps aussi désuet que ceux qui le portent. Décidément, ces deux nistons sont bien des petits rentiers en vacances...

Je vais pour m'esbigner sur la pointe des tiges lorsque, ô catastrophe ! je perçois un bruit de pas dans le couloir. Ces pas s'arrêtent pile devant la porte. Une clé farfouille la serrure. Je sens mon raisin qui se caille. Si je me fais piquer dans une carrée qui n'est pas la mienne, ça va faire un sacré cri dans 1' albergo ! Le méchant scandale, avec carabiniers et procession en musique jus≠qu à l'hôtel de police...

Comme argument, peau de balle! Je ne peux prétendre que j'attends le métro A toute vibre je fonce dans la salle de bains et je vais me carrer dans la douche. Rapidos je tire le rideau en plastique devant moi. Il ne me reste plus qu'à espérer que l'arrivant ne séjournera pas longtemps icigo et surtout qu'il n'aura pas d'idée hydrothérapique derrière la tête.

J'entends fredonner une voix de femme. Elle susurre un air italien. Je respire : il s'agit de la femme de chambre. Il n'y aurait que demi-mal si elle me découvrait dans cette planque. Je m'en tirerais en lui allongeant un bif de mille lires. Du moins je l'espère..La voilà qui entre dans la salle de bains. Par l'ouverture du rideau je la vois cramponner une petite pelle à poussière qu'elle avait oubliée là... Elle se casse... Ouf! Je l'ai échappé belle.

Je quitte mon poste d'observation et je m'ap≠prête à évacuer les lieux lorsque mon pied glisse sur la faÔence du receveur de douche et je vais partir de la lanterne contre le mur. Mon pif dérouille et je me mets à

pisser rouge... Vite je drope au lavabo pour freiner l'hémorragie. «a dure deux minutes, ensuite de quoi ça s'arrête. Tout en me soignant, je regarde les différents objets de toilette disposés sur la tablette et mon regard s'

arrête sur un flacon de teinture. «a retient mon attention parce que la teinture en question est blanche... Vous mordez ? Blanche... Les deux petits vieux, au lieu de se grimer en jeu≠nots, accentuent leur ‚ge par cet artifice. Voilà qui est troublant, n'est-ce pas?

Je quitte la pièce, songeur. Sur les trois groupes de pensionnaires "

inhabituels ", en voici deux de suspects... La rouquine amerlock qui attend son marchand d'avions aujourd'hui VINGT-HUIT! Et les deux vieux qui ne sont peut-être pas des vrais vieux

Il ne me reste plus qu a m intéresser aux Suisses... Ceux-là, ils me paraissent blancs comme la neige de leur patelin. Mais on ne saiLe turbin d'un agent secret consiste à n suivre ses impressions, mais la logique de Je rejoins Félicie.

-

Excuse mon retard, lui dis-je, je me sui nez dans la salle de bains.

Naturlich je ne lui précise pas laquelle.

Nous

déambulons dans les ruelles chaudes d Je suis de plus en plus pensif. Mic

Midi du 28 juillet et il ne s'est encor au K2.

Lorsque nous rentrons, les pensionnaires sor la salle à manger pour la tortore. Nou notre table, derrière les Zurichois. Ce sont solennels comme des cathédrale Franchement, ils sont à écarter...

Après le repas, m'man me dit qu'elle est u~ fatiguée par le soleil et qu'elle s' étendrai

une sieste. En réalité, je vous parie un de chien contre une vie de chienne qu'ell de la sorte uniquement pour me laisser 1

libre. Elle a bien vu que je rôdaillai de deux greluses et elle ne voulait pa

mener à bien mes entreprises...

Je m'approche de

l'Américaine, assise dans 1 J fait de la

balançoire..

-

Votre mari n'est pas encore arrivé?

-

Il ne va pas tarder..Sur le pas de la porte, bravant le soleil, b môme Martha me foudroie du regard. Elle parai en crosse, sans doute craint-elle que je lu échappe au profit de l'Américaine...

Je lui file un dm d'oeil et je vais la rejoindr< dans le salon. On donne un dessin animé polo≠nais à la télévision. C'est passionnant comme ur sermon du Révérend Père Riquet...

- Vous faites du charme à tout le monde, m dit-elle avec humeur.

- Allons donc! Je lui demandais seulemeni le prénom de sa petite fille...

Je me tais, toute mon attention sollicitée pai l'arrivée d'un homme élégant. Il tient une mal≠lette de porc à la main. Il porte un complet beige. en tissu léger, des chaussures de daim cham. pagne, une chemise blanche, une cravate saumon et il est coiffé d'un chapeau de paille à

larges bords. Il a une gueule de gravure de mode. On le prendrait pour un acteur ricain.

Je vois Mme Dickson se précipiter sur lui et lui rouler un patin fignolé

qui donnerait des idées polissonnes à une réception à l'Académie Française.

Bon, voilà le bonhomme...

Il jacte en amerlock avec sa souris. C'est elle qui parlemente à la caisse.

Probable que l'italien ne l'inspire pas, cet homme Martha me laisse un instant pour aller réceu tionner l'arrivant et le mettre dans les pattes de serveurs.

Je l'attends en me farcissant la fin du dessi] animé. Tout de suite après, j'ai droit à un puissan documentaire sur l'élevage des brebis galeuses.

Retour de Martha. Les Dickson se sont enga gés dans les étages. Probable que le Ricain deux mots à bonnir en particulier à sa pépée Dans un sens (et même dans l'autre) je le com≠prends, cet homme...

Martha revient s'asseoir près de moi.

- Etrange, murmure-t-elle...

Elle est songeuse.

- Pourquoi?

- Ce garçon parle mal l'anglais...

Je bondis.

- que dites-vous?

- qu'il parle mal l'anglais... C'est pour cela que je dis " étrange "...

Car enfin, un Américain...

Cette fois je suis certain de tenir du solide.

- Vous avez son passeport?

Elle va farfouiller dans le tiroir de la caisse.

Puis elle revient, tenant un livret cartonné qu'elle me tend.

Je lis qu'il s'agit de Julius Ber Dickson, né àKansas City, le 18 juillet 1924... Demeurnnr I i 7frère.

-«a centn'est peut-être qu'une question d'ac≠

ne.

Il

a usé de termes impropres... J'en

32... La petite s'est fait mal? Ce n'est rienJe galope jusqu'au 32 et je m'immobilise devant la porte avec l'enfant dans les bras. Elle a cessé de chialer justement. Il y a un grand silence dans le couloir. Je dilate mon tympan pour essayer d'esgourder ce qui se dit à l'intérieur.

Je perçois distinctement ceci, proféré par Mme Dickson:

- Ils viennent de partir pour la plage...

EN FRAN«AIS!

Et l'autre, le m‚le, répond, dans un français encore meilleur:

- Alors, allons-y sans perdre de temps.

Là-dessus je frappe.

La belle rouquine ouvre et pousse un cri en voyant la fillette dans mes bras. Je la rassure.

- Ce n'est rien, madame... Je l'ai bousculée alors qu'elle courait et elle a le genou un peu écorché...

Elle me remercie. Le beau gars s' avance et me regarde. Elle se tourne vers lui. Baratin en anglais.

- Je vous présente mon mari, fait-elle.

L'autre me tend sa paluche en disant:

-

How do you do?

Je réponds:

- Pas mal merci, et vous?

Et je prends congé, de plus en plus persuadé que j'ai mis le nez dans du pas très fraisUn homme qui arrive le 28 au K2, qui a un passeport amerlock mais qui parle mal l'anglais. qui parle bien le fançais mais qui affecte de l'ignorer... Voilà de quoi troubler un coeur pur, non?

" Ils viennent de partir pour la plage ", a dit la belle souns...

" Allons-y vite ", a répondu son gars...

Ils, ce sont les autres... Ceux qui viennent trai≠ter le marché. A moins qu'au contraire ce ne soit Dickson qui représente la Ligue Arabe, peu importe... Conclusion: EN ALLANT SUR LA PLAGE, J'ASSISTERAI A LA RENCONTRE...

Je passe dans la carrée de Félicie... Elle dort... Sans bruit, je referme la lourde. Je grif≠fonne un mot: " Plage ", le glisse sous la porte, puis je me casse, le coeur assez battant je l'avoue, toute ma curiosité mise à

vif...

Je m'installe dans le transatlantique gracieuse≠ment mis à ma disposition par la direction de l'hôtel. Autour de moi, les pensionnaires achè≠vent leur sieste avant de se faire mariner les couennes dans l'Adriatique.

Jusque-là, R.A.S., comme disaient les commu≠niqués de 40 lorsque les verts-de-gris entraient dans les faubourgs de Montélimar. Puis la famille Dickson annonce sa trilogie dans le sec≠teur. Ils envahissent des fauteuils et se tiennent

par la main. Les autres, les Ritals du K2, com≠mencent à les détrancher pour viser comment le mari de la belle esseulée est fabriqué.

Les messieurs qui avaient envie de lui tenir compagnie pendant l'absence du mecton doivent se voter des mentions spéciales pour avoir remis ce projet à

une date ultérieure.

Parce que si vous le voyiez torse nu, le Ber, vous prendriez des vapeurs, mesdames ! Des armoires à deux portes commak, on n'en trouve pas chez Lévitan ! Il a des épaules qui ôteraient le hoquet à un ....... Avec ça des deltoÔdes de catcheur, des biscotos d'haltérophile, une poi≠trine couverte d'astrakan et un petit air de ne pas supporter qu'on prenne son échine pour un paillasson.

Je croyais qu'il allait bondir carrément sur " ceux " qui l'attendaient, mais pas du tout. Une main derrière la nuque, tenant de l'autre celle de sa femme, il se contente de regarder jouer la petite fille... Riant de sajoie...

Du coup, je ne sais plus si c'est du lard ou du cochon. qu'est-ce que tout ça veut dire ?... Hein ? Je vous le demande, tas de foies blancs Je bigle les autres, ils se sont lassés de zieuter l'arrivant et ils jouent le second acte de " J'ai la gueule de boa "...Mes deux petits vieux sont juste derrière moi. Lui lit un bouquin dont la présentation me laisse penser qu'il doit être prodigieusement emmer≠dant. Sa pétroleuse tricote un cache-naze pour l'hiver prochain... Je consacre mon attention àcette dernière... Je vois que ses cheveux sont teints, non pas en blanc, mais en gris...

J'examine alors son débris de mari et je pige le pourquoi de la teinture...

Il a les cheveux réel≠lement blancs, mais son bouc doit pousser gris et c'est par coquetterie en somme qu'il se le teint en blanc... Je comprends la chose en voyant que sur ses joues, la barbe pousse plutôt foncée... Je crois que j'en ai fait trop h‚tivement un suspect. Tout ça, croyez-moi, commence à me peser sin≠gulièrement sur la patate.

Ce soleil, ces estivants internationaux unifiés par l'ennui, cette vie d'hôtel morne à crever, cette incertitude, et la fille blême qui m'attend cette nuit pour une nouvelle partie de bilboquet, oui, cela m'accable prodigieusement.

M'man vient me rejoindre une heure plus tard, soudante.

-

Bien dormi?

Comme une souche!

Il faut vous dire que Félicie n'a jamais été douée pour les métaphores.

Elle s'installe et nous restons une grande

partie de l'après-midi à flotter dans une chaude torpeur coupée par les glapissements aigus des mômes et par l'énorme floooc de la mer.

Dickson n'a pas bougé. Il n'a parlé à per≠sonne. Mieux, n'a regardé

personne... Sa femme non plus... La petite fille paraît être leur unique souci. Ils n'ont d'yeux que pour elle. Gentille famille Sur le soir, dislocation du cortège. Un à un, les mecs regagnent l'hôtel, histoire de se loquer pour la tortore... C'est fou ce que les toilettes sont urf au dîner. Ils font ça à l'anglaise, les bourgeois transalpins.

Ils jouent à s'épater.

Je vais me nipper à mon tour, en proie à un pressentiment Je sens (tout mon corps me le dit) qu'il va se passer quelque chose avant la fin de la soirée.

Je possède un sens infaillible pour renifler la casse à la grande porte vitrée. Celle-ci est fermée à clé et la chiave est restée sur la porte. Il délourde en souplesse, en prenant soin de ne pas faire de bruit. Le paquet qu'il tient se met alors àremuer et je me rends compte qu'il s'agit d'un enfant... Le type (car le clair-obscur est suffisant pour que je puisse voir que c'est un homme) ouvre sans bruit et sort. La lune lui choit dessus, pareille à une grosse bouse de vache dorée. Je reconnais Dickson...

C'est sa petite nièce qu'il coltine...

Il

contourne l'hôtel en marchant sur la partie dallée. Il est en chaussettes et ses lattes sont atta≠chées à son cou par les lacets... Il va derrière le b‚timent, là o˘ sont garées les tires dans des boxes en roseaux. Il s'approche d'une petite Fiat immatriculée à Rome (je vous casse ces car la lune illumine le patelin comme le ~ son mec le père Durand), ouvre sans bruit la por≠tière arrière, y dépose son vivant fardeau1 et la voiture de sa travée en la poussant à la main Comme elle est rangée très près de la ~11~ pc~t ~ikép ~. mnnoenvrer. il l1.

Mon honneteté, aussi foncière que le crédit du nom, m'oblige à

avouer que l'expression " vivant i~ n'est pas de moi. J'ai d˚ l'avoir empruntée soit à La des Chaumières, soit à un roman de Pierre Benoît, cc vemez alors le gars San-A., vous seriez obligées de vous entifler dare-dare une cuillerée de souris de l'abbé Jouvence, mesdames ! En moins de temps qu'il n'en faut à Brigitte Bardot pour se déguiser en Eve, j'ai gagné ma propre tire et me suis placé sur le siège. Lorsque j'en≠tends ronfler la Fiat de Dickson, j'actionne le démarreur de la mienne. Une manoeuvre express et je m'avance jusqu'à la petite rue. Une fois là, je descends voir o˘ en est la situation. Tout ce que j'asperge, c'est deux feux rouges à

cent mètres de là. Je leur emboîte la roue, toutes cal-bombes éteintes...

La Fiat vire à droite, puis encore à droite pour retrouver l'avenue, et enfin à gauche en direction du village... Je continue d'y filer le train (un train de pneus of course) àbonne encablure pour ne pas trop attirer l'atten≠du Ricain... Sa promenade nocturne avec la crevette ne me dit rien qui vaille. J'ai

à débloquer qui fait équipe de nuit, vous me croire...

Nous traversons Cervia o˘ règne encore une ~ animation, puis nous prenons la route de

C'est une voie rectiligne filant à perte dvue le long du littoral. Dickson bombe à pleins gaz.

O˘ m'emmène-t-il, ce Chinois vert ? J'ai bonne mine, en robe de chambre et nu-pieds... Pas un faf, pas un laranquet sur moi... Si jamais un per≠dreau de nuit fait du zèle, je n'aurai que la res≠source de chiquer au somnambule!

Nous parcourons plusieurs bornes, dépassons Milano Maritime, la coquette cité construite par messieurs les Milanais, et nous reprenons le che≠minement rectiligne...

Soudain, j'aperçois au loin, sens contraire ànous, les loupiotes d'une tire arrêtée... Dickson fait un appel de phares. La voiture à l'arrêt répond par trois petits coups brefs... J'ai bien fait de laisser beaucoup d'avance à

mon zig, car sans cela les lampions de l'autre endoffé allaient me cueillir comme le rayon d'un projo.

Dickson ralentit. Moi j? arrête tout et je me range sur l'accotement. L'

Américain a stoppé àla hauteur de l'autre bagnole.

Je regarde de mes deux yeux en regrettant de ne pas en avoir davantage pour mieux voir.

Deux hommes sont descendus de l'auto qui attendait. Dickson sort de la sienne à son tour. Ces messieurs ont une brève conversation puis les deux gougnafiers ouvrent la porte arrière de la Fiat, prennent la nistoune et la portent à leuvoiture... Les trois compères se saluent. Dickson allume une cigarette en regardant manoeuvrer la voiture de ceux qui viennent de prendre livraison de sa pièce. Ladite carriole décrit un arc de cercle, une marche arrière, un nouvel arc de cercle qui la met dans la position opposée à celle qu'elle occupait à l'arrêt. Puis elle fonce sur Ravenne.

J'attends, éberlué, en me demandant ce que va faire Dickson. Du diable si je pige quelque chose à ces gifles ! Je m'attendais à tout sauf à ça...

Le silence de la nuit étoilée (pour tous rensei≠gnements complémentaires, écrire à Lamartine Alphonse de, en joignant un timbre pour la réponse) n'est troublé que par le grondement de la mer... Malgré la clarté lunaire, on ne la voit pas danser au fond des golfes clairs car il y a un bois d'arbres maigrichons entre elle et la route...

Je suis aussi immobile qu'une sentinelle qu'on a oublié de relever à la porte du Kremlin une nuit d'hiver.

Je suis prêt à vous parier un air d'harmonica contre un hercule que Dickson va faire demi-tour et regagner le pageot o˘ l'attend madame sa rou≠quine...

C'est dans l'ordre des choses... Pour≠tant il n'en fait rien. Il éteint ses phares, met son feu de position gauche et tire du coffre de son bahut un truc que je n'identifie pas prestoC'est au bout d'un moment seulement que je constate qu'il s'agit d'un sac de couchage...

Cette nouille aux oeufs frais (l'eusses-tu cru ?)î traîne l'objet dans le fossé et s'y insinue. Au bout d'un instant, plus rien ne bouge autour de la Fiat. Le gars en écrase comme s'il était payé aux pièces pour ça!

J'attends cinq minutes, puis cinq autres encore, ce qui fait dix en tout si mes souvenirs scolaires sont exacts.

Je me t‚te... Ce qui vient de se passer est tel≠lement époustouflant, tellement peu prévisible surtout, que je suis sans volonté. Pourquoi pionce-t-il sur un talus alors qu'il est à un quart d'heure de son étable?

Comme je ne trouve pas de réponses à ces questions, je me traite d'un tas de noms intradui≠sibles en patois japonais. Combien grand a été mon manque d'à-propos ! Bonté divine, je devais suivre les types de l'autre bagnole...

Si le Vieux apprend que je me suis tressé les poils des bras en attendant que ça se tasse, il va piquer un d.

Je tiens à suggérer au passage qles

articles concernant le sport soient étudiés dans les classes de français, afin de montrer aux élèves ce qu'est le style " cliché ". Ce style n'a de pire que celui des critiques du music-hall qui, en fait de ponctuation, ne connaissent que le point d'exclamation.

ces coups de sang qui font grimper le thermo≠mètre à la cabane poulets.

Je me t‚te encore un peu, puis, brusquement, j'opte pour l'action. Assez louvoyé... J'en ai classe de mater par les trous de serrure... Je ne suis pas un valet de chambre mais un agent secret. C'est bon pour les vide-pots de grande taule de se décoller la rétine (encore que les nou≠velles serrures aient porté un coup sérieux à la profession par leur étroitesse).

Je soulève la banquette arrière de ma guinde, là o˘ un pote prévoyant a dissimulé un petit appareil à gommer le curriculum. Gentil petit objet...

Calibre impressionnant. «a n'est pas celui de l'homme élégant et il alourdirait le costume de ville. Mais pour le pardingue ou la fouille de robe de chambre, il convient à merveille...

Je m'en saisis et, à pas de velours, je m'approche de la Fiat immobilisée en bordure de la route. Dickson dort gentiment dans son sac de couchage...

Un vrai petit ange!

Je m'accroupis auprès de lui et je lui braque soudainement en pleine poire la lampe électrique que j'ai dénichée dans le vide-fouilles de mon baquet.

C'est radical. Il plisse ses lucarnes puis les ouvre, ce qui représente deux mouvements contraires, mais normaux de la part d'un garçon éveillé en sursaut.

Il se voile aussitôt la face pour échapper àl'impitoyable faisceau. Je rigole bien. C'est très divertissant.

- Alors, Dickson, attaqué-je, on est claustro≠phobe, à ce qu'il paraît?

Il attend un instant et gronde:

- Ecartez votre sacrée lumière, vous m'aveu≠glez!

Je me garde bien de lui obéir.

- Si ça te gêne, mon gars, ferme tes jolis yeux. Pour parler, t'as pas besoin d'y voir clair, hein?

qui êtes-vous?

Si je te le disais, tu ne voudrais pas me croire...

Courageusement il fait front à la lumière pour t‚cher de m'apercevoir par-delà cette source éclatante. Mais ça lui est impossible.

- que me voulez-vous?

- J'aimerais savoir à qui tii as remis la char≠mante petite que ta appelles ta nièce.

Il ne répond pas... J'ai une sainte horreur de ces pieds-plats qui se mettent du sparadrap sur la bouche dès que vous leur posez une question.

Pour le lui prouver, je balance un méchant coup de tatane dans le sac de couchage. Il ne bronchpas. Peut-être que le duvet intérieur a amorti le choc, pas vrai?

- Je t'ai posé une question précise, Dickson... Alors tu vas être un amour et y répondre de même.

-

De quoi vous mêlez-vous ! gronde l'homme.

Ses yeux étincellent de fureur. S'il n'était pas coincé dans son sac de couchage comme un rat dans une nasse, je vous prie de croire qu'il me ferait poîker les ratiches... Mais il se sent entravé et ça lui coupe le sifflet.

Je biche de ma main qui tient le pétard la cor≠delière fermant le haut du sac et je tire après avoir mis le pied dessus. Il est coincé là-dedans, le pauvre zig, et il fait triste mine.

- Tu me rappelles une momie avec qui j'ai eu des relations coupables dans les temps très anciens, lui dis-je... On l'appelait Velpo parce qu'elle faisait bande à .....

Il ricane.

-

Très drôle...

- A qui as-ta remis l'enfant, Dickson? A son père...

- Il ne pouvait pas venir la chercher jusqu'au K2?

- Peut-être que non...

Je me contrôle de moins en moins.

- Tu devines ce qui se passerait si je foutai le feu à tes plumes? «a

flamberait comme une lampe à souder, et toi dedans... Tu t'aimes com≠ment, bleu ou à point?

Il dit, d'un ton uni:

-

A votre go˚t, mon vieux... Faites comme pour vous!

Serais-je tombé sur un petit marrant?

CHAPITRE VDans mon job, on

devient psychologue, fatale≠ment, même lorsqu'on est une crêpe, style Bérurier. Dans le cas présent, je pige illico que le gars Dickson est un vieux de la vieille, c'est-à-dire un coriace. C'est pas en faisant " hou !

"dans son dos que vous lui ferez passer le hoquet, croyez-moi. Ce bipède a les nerfs bien accrochés et les trucs susceptibles de lui faire perdre son sang-froid pourraient être gravés sur le chaton d'une blague de petite fille.

Avec ce genre de guignol, il faut de suite employer les moyens extrêmes.

Ils prennent ça pour un lever de rideau et ça les fait réfléchir sur la suite du spectacle. L'imagination faisant son boulot, vous risquez d'obtenir un résultat.

Je prends une voix très calme. Je laisse du

blanc entre mes phrases pour qu'elles fassent plus lilialDickson. J'aime bien marcher sur du terrain solide. Alors je te préviens tout de suite : ta parleras-. -Et si tu ne-parles pas, tu réuni≠ras toutes les conditions requises pour faire un beau mort avant la fin de la nuit, ta piges?

Il ricane:

- J'ai déjà entendu ça dans une superproduc≠tion d'Hollywood... «a s'appelait " Numérote tes plumes, il va pleuvoir... " ou quelque chose dans ce genre...

- Eh bien, je vais te faire un remake de la chose, gars Aux grands maux les grands remèdes. Il prend un coup de talon sur le pif qui lui arrache un gémissement en même temps que le bout du

......

Je le contemple à la lumière de la lampe. «a pisse épais.

- Les massages faciaux te réussissent, lui dis-je... D'ici trois minutes de ce régime, ta vas ressembler à un boxer... Dans une exposition canine, t'

auras tes chances contre les gayes de la duchesse de Windsor...

Il grommelle des insultes...