S C E NE III

PARPALAID, puis MADAME RÉMY

MADAME RÉMY, glissant un œil.

Il est encore là! (Elle se décide.) Bonjour, monsieur Parpalaid. Vous ne venez pas pour loger, au moins?

LE DOCTEUR

Mais si. . . Comment allez-vous, madame Rémy?

:\IAD.-\ME RÉMY

Nous voilà bien ! Je n'ai plus de chambres.

LE DOCTEUR

C'est donc j our de foire, aujourd'hui ?

MADAME RÉMY

Non, jour ordinaire.

LE DOCTEUR

Et toutes vos chambres sont occupées, un jour lIB

Knock

ordinaire? Qu'est-ce que c'est que tout ce monde-là?

MADAME RÉMY

Des malades.

LE DOCTEUR

Des malades?

MADAME RÉMY

Oui, des gens qui suivent un traitement.

LE DOCTEUR

Et pourquoi logent-ils chez vous?

MADAME RÉMY

Parce qu'il n'y a pas d'autre hôtel à Saint-Maurice.

D'ailleurs, ils ne sont pas si à plaindre que cela, chez nous, en attendant notre nouvelle installation.

Ils reçoivent tous les soins sur place. Et toutes les règles de l'hygiène moderne sont observées.

LE DOCTEUR

Mais d'où sortent-ils?

MADAME RÉMY

Les malades? Depuis quelque temps, il en vient d'un peu partout. Au début, c'étaient des gens de passage.

Acte III, scène III

II9

LE DOCTEUR

Je ne comprends pas.

MADAME RÉMY

Oui, des voyageurs qui se trouvaient à Saint

Maurice pour leurs affaires. Ils entendaient parler du docteur Knock, dans le pays, et à tout hasard ils allaient le consulter. Évidemment, sans bien se rendre compte de leur état, ils avaient le pressentiment de quelque chose. Mais si leur bonne chance ne les avait pas conduits à Saint-Maurice, plus d'un serait mort à l'heure qu'il est.

LE DOCTEUR

Et pourquoI seraient-ils morts?

MADAME RÉMY

Comme ils ne se doutaient de rien, ils auraient continué à boire, à manger. à faire cent autres imprudences.

LE DOCTEUR

Et ·tous ces gens-là sont restés ici?

MADAME RÉMY

Oui, en revenant de chez le docteur Knock, ils se dépêchaient de se mettre au lit, et ils commen

çaient à suivre le traitement. Aujourd'hui, ce n'est déjà plus pareil. Les personnes que nous rece-

120

Knock

vons ont entrepris le voyage exprès L'ennui, c'est

.

que nous manquons de place. Nous a.lons faire construire.

LE DOCTEUR

C'est extraordinaire.

MADAME RÉMY, après réflexion.

En effet, cela doit vous sembler extraordinaire à vous. S'il fallait que vous meniez la vie du docteur Knock, je crois que vous crieriez grâce.

LE DOCTEUR

Hé! quelle vie mène-t-il donc?

MADAME RÉMY

Une vie de forçat. Dès qu il est levé, c'est pour

'

courir à ses visites. A dix heures, il passe à l'hôtel.

Vous le verrez dans cinq minutes. Puis le!? consultations chez lui. Et les visites, de nouveau, jusqu'au bout du canton. Je sais bien qu il a

'

50!} automobile,

une belle voiture neuve qu'il conduit à fond de train. Mais je suis sftre qu'il lui arrive plus d'une fois de déjeuner d'un sandwich.

LE DOCTEUR

C'est exactement mon cas à Lyon.

MADAME RÉMY

Ah? .. Ici pourtant, vous aviez su vous faire une Acte III, seme 111

121

petite vie tranquille. (Gaillarde.) Vous vous rappelez vos parties de billard dans l'estaminet?

LE DOCTEUR

Il faut croire que de mon temps les gens se portaient mieux.

MADAME RÉMY

Ne dites pas cela, monsieur Parpalaid. Les gens n'avaient pas l'idée de se soigner, c'est tout différent. Il y en a qui s'imaginent que dans nos campagnes nous sommes encore des sauvages, que nous n'avons aucun souci de notre personne, que nous attendons que notre heure soit venue de crever comme les animaux, et que les remèdes, les régimes, les appareils et tous les progrès, c'est pour les grandes villes. Erreur, monsieur Parpalaid. Nous nous apprécions autant que quiconque; et bien qu'on n'aime pas à gaspiller son argent, on n'hésite pas à se payer le nécessaire. Vous, monsieur Parpalaid, vous en êtes au paysan d'autrefois, qui coupait les sous en quatre, et qui aurait mieux aimé perdre un œil et une jambe que d'acheter trois francs de médicaments. Les choses ont changé, Dieu merci.

LE DOCTEUR

Enfin, SI les gens en ont assez d'être bien portants, et s'ils veulent s'offrir le luxe d'être malades, 122

Knock

ils auraient tort de se gêner. C'est d'ailleurs tout bénéfice pour le médecin.

MADAME RÉMY, très animée.

En tout cas, personne ne vous laissera dire que le docteur Knock est intéressé. C'est lui qui a créé les consultations gratuites, que nous n'avions j amais connues ici. Pour les visites, il fait payer les personnes qui en ont les moyens - avouez qu'autrement ce serait malheureux ! - mais il n'accepte rien des indigents. On le voit traverser tout le canton, dépenser dix francs d'essence et s'arrêter avec sa belle voiture devant la cahute d'une pauvre vieille qui n'a même pas un fromage de chèvre à lui donner.

Et il ne faut pas insinuer non plus qu'il découvre des maladies aux gens qui n'en ont pas. Moi, la première, je me suis peut-être fait examiner dix fois depuis qu'il vient quotidiennement à l'hôtel.

Chaque fois il s'y est prêté avec la même patience, m'auscultant des pieds à la tête, avec tous ses instruments, et y perdant un bon quart d'heure.

Il m'a toujours dit que je n'avais rien, que je ne devais pas me tourmenter, que je n'avais qu'à bien manger et à bien boire. Et pas question de lui faire accepter un centime. , La même chose pou�

M. Bernard, l'instituteur, qui s'était mis dans la tête qu'il était porteur de germes et qui n en vivait plus. Pour le rassurer, le docteur Knock a été jusqu'à lui analyser troi� fois ses excréments. D'ailleurs Acte 111, scène III

123

voici M. Mousquet qui vient faire une prise de sang au 15 avec le docteur. Vous pourrez causer ensemble. (Après un temps de 'Iflexion.) Et puis, donnez-moi tout de même votre valise. Je vais essayer de vous trouver un coin.

S C ÈNE I V

PARPALAID, MOUSQUET

MOUSQUET, dont la tenue

est devenue fashionable.

Le docteur n'est pas encore là? Ah? le docteur Parpalaid! Un revenant, ma foi. Il y a si longtemps que vous nous avez quittés.

LE DOCTEUR

Si longtemps? Mais non, trois mois.

MOUSQUET

C'est vrai! 'Irois mois! Cela me semble prodigieux. (Protecteur.) Et vous êtes content à Lyon?

LE DOCTEUR

Très content.

MOUSQUET

Ah! tant mieux, tant mieux. Vous aviez peut

être là-bas une clientèle toute faite?

Acte 111, scène IV

125

LE DOCTEUR

Heu. Je l'ai déjà accrue d'un tiers .. La santé

.

de Mme Mousquet est bonne?

MOUSQUET

Bien meilleure.

LE DOCTEUR

Aurait-elle été souffrante?-

MOUSQUET

Vous ne vous rappelez pas, ces migraines dont elle se plaignait souvent ? D'ailleurs vous n'y aviez pas attaché d'importance. Le doctèur Knock a diagnostiqué aussitôt une insuffisance des sécrétions ovariennes, et prescrit un traitement opothérapique qui a fait merveille.

LE DOCTEUR

Ahl Elle ne souffre plus?

MOUSQUET

De ses anciennes migraines, plus du tout. Les lourdeurs de tête qu'il lui arrive encore d'éprouver proviennent uniquement du surmenage et n'ont rien que de naturel. Car nous sommes terriblement surmenés. Je vais prendre un élève. Vous n'avez personne de sérieux à me recommander?

126

Knock

LE DOCTEUR

Non, mais j'y penserai.

MOUSQUET

Ah! ce n'est plus la petite existence calme d'autrefois. Si je vous disais que, même en me couchant à onze heures et demie du soir, je n'ai pas toujours terminé l'exécution de mes ordonnances.

LE DOCTEUR

Bref, le Pérou.

MOUSQUET

Oh! il est certain que j'ai quintuplé mon chiffre d'affaires, et je suis loin de le déplorer. Mais il y a d'autres satisfactions que celle-là. Moi, mon cher docteur Parpalaid, j 'aime mon métier; et j 'aime à me sentir utile. Je trouve plus de plaisir à tirer le collier qu'à ronger mon frein. Simple question de tempérament. Mais voici le docteur.

SC �NE V

LES !\1Ê:\ŒS, KNOCK

KNOCK

Messieurs. Bonjour, docteur Parpalaid. Je pensais à vous. Vous avez fait bon voyage ?

LE DOCTEUR

Excellent.

KNOCK

Vous êtes venu avec votre auto?

LE DOCTEU R

Non. Par le train.

KNOCK

Ah bon! Il s'agit de l'échéance, n'est-ce pas?

LE DOCTEUR

C'est-à-dire que je profiterai de l'occasion .•.

MOUSQUET

Je vous laisse, messieurs. (A Knock.) Je monte au IS.

S C ÈNE VI

LES MÊMES, moins MOUSQUET

LE DOCTEUR

VOUS ne m'acusez plus maintenant de vous avoir « roulé .l

KNOCK

L'intention y était bien, mon cher confrère.

LE DOCTEUR

VOUS ne nierez pas que je vous ai cédé le poste, et le poste valait quelque chose.

KNOCK

Ohl vous auriez pu rester. Nous nous serions à peine gênés l'un l'autre. M. Mousquet vous a parlé de nos premiers résultats?

LE DOCTEUR

On m'en a parlé.

Acte llI. sùne YI

129

KNOCK, fouillant dans son portefeuille.

A titre tout à fait confidentiel, je puis vous communiquer quelques uns de mes graphiques Vous

-

.

les rattacherez sans peine à notre conversation d'il y a trois mois. Les consultations d'abord. Cette courbe exprime les chiffres hebdomadaires. Nous partons de votre chiffre à vous, que j 'ignorais, mais que j 'ai fixé approximativement à s.

LE DOCTEUR

Cinq consultations par semaine? Dites le double hardiment, mon cher confrère.

KNOCK

Soit. Voici mes chiffres à moi Bien entendu, je

.

ne compte pas les consultations gratuites du lundi.

Mi-octobre, 37. Fin octobre : 90. Fin novembre : 128.

Fin décembre

j e n'ai pas encore fait le relevé, mais nous dépassons 150. D'ailleurs, faute de temps, je dois désormais sacri fier la courbe des consultations à celle des traitements. Par elle-même la consultation ne m'intéresse qu'à demi c'est un art un peu rudimentaire, une sorte de pêche au filet. Mais le traitement, c'est de la pisciculture.

LE DOCTEUR

Pardonnez-moi, mon cher confrère : vos chiffres sont rigoureusement exacts?

I30

Knock

KNOCK

Rigoureusement.

LE DOCTEUR

En une semaine, il a pu se trouver, dans le canton de Saint-Maurice, cent cinquante personnes qui se soient dérangées de chez elles pour venir faire queue, en payant, à la porte du médecin? On ne les y a pas amenées de force, ni par une contrainte quelconque?

KNOCK

Il n'y a fallu ni les gendarmes, ni la troupe.

LE DOCTEUR

C'est inexplicable.

KNOCK

Passons à la courbe des traitements Début

.

d'octobre, c'est la situation que vous me laissiez; malades en trai temen t régulier à domicile 0,

n'est-ce pas? (Parpalaid esquisse une protestation molle ) Fin octobre 32. Fin novembre I2I. Fin

.

décembre . notre chiffre se tiendra entre 245 et

. .

25°·

LE DOCTEUR

J'ai l'impression que vous abusez de ma crédulité.

Acte III, sdne VI

131

KNOCK

Moi, je ne trouve pas cela énorme. N'oubliez pas que le canton comprend 2 853 foyers, et làdessus 1 502 revenus réels qui dépassent 12 00

francs.

L E DOCTEUR

Quelle est cette histoire de revenus?

KNOCK, il se dirige vers le lavabo.

Vous ne pouvez tout de même pas imposer la charge d'un malade en permanence à une famille dont le revenu n'atteint pas douze mille francs.

Ce serait abusif. Et pour les autres non plus, l'on ne saurait prévoir un régime uniforme. rai quatre échelons de traitements. Le plus modeste, pour les revenus de douze à vingt mille, ne comporte qu'une visite par semaine, et cinquante francs environ de frais pharmaceutiques par mois. Au sommet, le traitement de luxe, pour revenus supérieurs à cinquante mille francs, entraîne un minimum de quatre visites par semaine, et de trois cents francs par mois de frais divers : rayons X, radium, massages électriques, analyses, médication courante, etc ...

LE DOCTEUR

Mais comment connaissez-vous les revenus de vos clients ?

132

Knock

KNOCK , il commence un lavage de mains minutieux.

Pas par les agents du fisc, croyez-le. Et tant mieux pour moi. Alors que je dénombre 1 502 revenus supérieurs à 12 00 francs, le contrôleur de l'impôt en compte 17. Le plus gros revenu de sa liste est de 20 00. Le plus gros de la mienne, de 120 000. Nous ne concordons jamais. II faut réfléchir que lui travaille pour l'État.

LE DOCTEUR

VOS informations à vous, d'où viennent-elles?

KNOCK , souriant.

De bien des sources. C'est un très gros travail.

Presque tout mon mois d'octobre y a passé. Et je revise constamment. Regardez ceci c'est joli.

n'est-ce pas?

LE DOCTEUR

On dirait une carte du canton. Mais que signifient tous ces points rouges?

KNOCK

C'est la carte de la pénétration médicale. Chaque point rouge indique l'emplacement d'un malade régulier. Il y a un mois vous auriez vu ici une énorme tache grise : la tache de Chabrières.

Il'' 111. SÙfIe VI

LE DOCTEUR

Platt-il?

KNOCK

Oui, du nom du hameau qui en formait le centre.

Mon effort des dernières semaines a porté principalement là-dessus. Aujourd'hui, la tache n'a pas disparu, mais elle est morcelée. N'est-ce pas? On la remarque à peine.

Silence.

LE DOCTEUR

Même si je voulais vous cacher mon ahurissement, mon cher confrère, je n'y parviendrais pas.

Je ne puis guère douter de vos résultats : ils me sont confirmés de plusieurs côtés. Vous êtes un homme étonnant. D'autres que moi se retiendraient peut être de vous le dire ils le penseraient Ou

-

.

alors, ils ne seraient pas des médecins. Mais me permettez-vous de me poser une question tout haut?

KNOCK

Je vous en prie.

LE DOCTEUR

Si je possédais votre méthode ... si je l'avais bien en main comme vous ... s'il ne me restait qu'à la pratiquer ...

134

Knock

KNOCK

Oui.

L E DOCTEUR

Est-ce que je n'éprouverais pas un scrupule?

(Silence.) Répondez-moi.

K:-.IOCK

Mais c'est à vous de répondre, il me semble.

LE DOCTEUR

Remarquez que je ne tranche rien. Je soulève un point excessivement délicat.

Silence.

K:-.IOCK

Je voudrais vous comprendre mieux.

LE DOCTEUR

Vous allez dire que Je donne qans le rigorisme, que je coupe les cheveux en quatre. :\fais, est-ce que, dans votre méthode, l'intérêt du malade n'est pas un peu subordonné à l'intérêt du médecin?

K N OC K

Docteur Parpalaid, vous oubliez qu'il y a un intérêt supérieur à ces deux-là.

Acte III, scène VI

135

LE DOCTEUR

Lequel?

KNOCK

Celui de la médecine. C'est le seul dont je me préoccupe.

Silence. Parpalaid médite.

LE DOCTEUR

Oui, oui, oui.

A partir de ce moment et iusqtt'à la fin de la pièce, l'éclairage de la scène prend peu à peu les caractères de la Lumière Médicale, qui, comme on le sait, est Plus riche en rayons verts et violets que la simPle Lumière Terrestre . . .

KNOCK

Vous me donnez un canton peuplé dt> quelques milliers d'individus neutres, indéterminés Mon rôle, c'est de les déterminer, de les amener à l 'existence médicale. Je les mets au lit, et je regarde ce qui va pouvoir en sortir un tuberculeux, un névropathe, un artério-scléreux, ce qu'on voudra, mais quel.

qu'un

bon Dieu ! quelqu un ' Rien ne m agace

,

'

'

comme cet être ni chair n i poisson que vous appelez un homme bien portant .

LE DOCTEUR

Vous ne pouvez cependant pas mettre tout un canton au Iit '

Knock

KNOCK, tandis qu'il s'essuie les mains.

Cela se discuterait. Car j 'ai connu, moi, cinq personnes de la même famille, malades toutes à la fois, au lit toutes à la fois, et qui se débrouillaient fort bien. Votre objection me fait penser à ces fameux économistes qui prétendaient qu'une grande guerre moderne ne pourrait pas durer plus de six semaines. La vérité, c'est que nous manquons tous d'audace, que personne, pas même moi, n'osera aller jusqu'au bout et mettre toute une population au lit, pour voir, pour voir! Mais soit ! Je vous accorderai qu'il faut des gens bien portants, ne serait-ce que pour soigner les autres, ou former, à l'arrière des malades en activité, une espèce de réserve. Ce que j e n'aime pas. c'est que la santé prenne des airs de provocation, car alors vous avouerez que c'est excessif. Nous fermons les yeux sur un certain nombre de cas, nous laissons à un certain nombre de gens leur masque de 'prospérité.

Mais s'ils viennent enSUIte se pavaner devant nous et nous faire la nique, je me �âche. C'est arrivé ici pour M. Raffalens.

LE DOCTEUR

Ah! le colosse? Celui qui se vante de porter sa belle-mère à bras tendu?

KNOCK

Oui. Il m'a défié près de trois mois ... Mais ça y est.

Acte III, scènl VI

137

LE DOCTEUR

Quoi?

KNOCK

II est au lit. Ses vantardises commençaient à affaiblir l'esprit médical de la population.

LE DOCTEUR

II subsiste pourtant une sérieuse difficulté.

KNOCK

Laquelle?

LE DOCTEUR

VOllS ne pensez qu'à la médecine ... Mais le reste?

Ne craignez-vous pas qu'en généralisant l'application de vos méthodes, on n'amène un certain ralentissement des autres activités sociales dont plusieurs sont, malgré tout, intéressantes?

KNOCK

Ça ne me regarde pas. Moi, je fais de la médecine.

LE DOCTEUR

II est vrai que lorsqu'il construit sa ligne de chemin de fer, l'ingénieur ne se demande pas ce qu'en pense le médecin de campagne.

KNOCK

Parbleu! (Il rem01tte vers le fond de la scène et s'approche d'mIe fenêtre.) Regardez un peu ici,

Knock

docteur Parpalaid. Vous connaissez la vue qu'on a de cette fenêtre. Entre deux parties de billard, j adis, vous n 'avez pu manquer d'y prendre garde.

Tout là-bas, le mont Al igre marque les bornes du canton. Les villages de Mesc1at et de Trébures s'aperçoivent à gauche ; et si, de ce côté, les maisons de Saint-Maurice ne faisaient pas une espèce de renflement, c'est tous les hameaux de la vallée que nous aurions en enfilade. Mais vous n'avez dû saisir là que ces beautés naturelles, dont vous êtes friand.

C'est un paysage rude , à peine humain, que vous contempliez. Auj ourd'hui , je vous le donne tout imprégné de médecine, animé et parcouru par le feu souterrain de notre art . La première fois que je me suis planté ici, au lendemain de mon arrivée, je n'étais pas trop fier ; je sentais que ma présence ne pesait pas lourd. Ce vaste terroir se passait insolemment de moi et de mes pareils. Mais maintenant, j 'ai autant d'aise à me trouver ici qu'à son clavier l'organiste des grandes orgues. Dans deux cent cinquante de ces maisons - il s'en faut que nous les voyions toutes à cause de l'éloignement et des feuillages - il y a deux cent cinquante chambrcs où quelqu'un confesse la médecine, deux cent cinquante lits où un corps étendu témoigne que la vic a un sens, et grâce à moi un sens médical. La nuit, c'cst encore plus beau, car il y a les lumières. Et presque toutes les lumières sont à moi. Les non-malades dorment dans les ténèbres . Ils sont supprimés. :\Iais les malades ont gardé leur veilleuse ou leur lampe.

Acte III, scène VI

139

fout ce qui reste en marge de la médecine, la nuit m'en débarrasse, m'en dérobe l'agacement et le défi. Le canton fait place à une sorte de firmament dont je suis le créateur continuel. Et je ne vous parle pas des cloches. Songez que, pour tout ce monde, leur premier office est de rappeler mes prescriptions , qu'elles sont la voix de mes ordonnances. Songez que, dans quelques instants, il va sonner dix heures, que pour tous mes malades, dix heures, c'est la deuxième prise de température rectale, et que, dans quelques instants, deux cent cinquante thermomètres vont pénétrer à la fois ...

LE DOCTEUR lui saisissant k bras avec émotion.

Mon cher confrère j'ai quelque chose à vous proposer.

KNOCK

Quoi?

LE DOCTEUR

Un homme comme vous n'est pas à sa place dans un chef-lieu de canton. Il vous faut une grande ville: KNOCK

Je l'aurai, tôt ou tard.

LE DOCTEUR

Attention! Vous êtes juste à l'apogée de vos

Knock

forces. Dans quelques années, elles déclineront déjà.

Croyez en

-

mon expérience.

KNOCK

Alors?

LE DOCTEUR

Alors, vous ne devriez pas attendre.

KNOCK

Vous avez une situation à m'indiquer?

LE DOCTEUR

La mienne. Je vous la donne. Je ne puis pas mieux vous prouver mon admiration.

KNOCK

Oui .. Et

.

vous, qu'est-ce que vous 4eviendriez?

LE DOCTEUR

Moi ? Je me contenterais de nouveau de Saint

Maurice.

KNOCK

Oui.

LE DOCTEUR

Et je vais plus loin. Les quelques milliers de francs que vous me devez, je vous en fais cadeau.

Acte III, scène VI

KNOCK

Oui... Au fond, vous n'êtes pas si bête qu'on veut bien le dire.

LE DOCTEUR

Comment cela?

KNOCK

Vous produisez peu, mais vous savez acheter et vendre. Ce sont les qualités du commerçant.

LE DOCTEUR

Je vous assure que ...

KNOCK

Vous êtes même, en l'espèce, assez bon psychologue. Vous devinez que je ne tiens plus à l'argent dès l'instant que j'en gagne beaucoup; et que la pénétration médicale d'un ou deux quartiers de Lyon m'aurait vite fait oublier mes graphiques de Saint-Maurice. Oh! je n'ai pas l'intention de vieillir ici. Mais de là à me jeter sur la première occasion venue !

S C ÈNE VII

LES M ÊMES, MOUSQUET

Mousquet traverse discrètement la salle pour gagner la rue. Knock l'arrête.

'KNOCK

Approchez-vous, cher ami. Savez-vous ce que me propose le docteur Parpalaid? . . Un échange de postes. J'irais le remplacer à Lyon. Il reviendrait ici.

MOUSQUET

C'est une plaisanterie.

KNOCK

Pas du tout. Une offre très sérieuse.

MOUSQUET

Les bras m'en tombent ... Mais, naturellement, vous refusez?

Acte III, scène VII

143

LE DOCTEUR

Pourquoi le docteur Knock refuserait-il?

MOUSQUET, à Parpalaid.

Parce que, quand en échange d'un hammerless de deux mille francs on leur offre un pistolet à air comprimé « Euréka lI, les gens qui ne sont pas fous ont l'habitude de refuser. Vous pourriez aussi proposer au docteur un troc d'automobiles.

LE DOCTEUR

Je vous prie de croire que je possède à Lyon une clientèle de premier ordre. J'ai succédé au docteur Merlu, qui avait une grosse réputation.

MOUSQUET

Oui, mais il y a trois mois de ça. En trois mois, on fait du chemin. Et encore plus à la descente qu'à la montée. (A Knock.) D abord, mon cher docteur,

'

la population de Saint-Maurice n'acceptera jamais.

'LE DOCTEUR

Qu'a-t-elle à voir là-dedans? Nous ne lui demanderons pas son avis.

MOUSQUET

Elle vous le donnera. Je ne vous dis pas qu'elle fera des barricades. Ce n'est pas la mode du pays

Knock

et nous manquons de pavés; Mais elle pourrait vous remettre sur la route de Lyon. (Il aperçoit Mme Rémy.) D'aillE'urs, vous allez en juger.

Entre madame Rémy, portant des assiettes.

SCENE VIII

LES MÊMES, MADAME RÉMY

MOUSQUET

Madame Rémy, apprenez une bonne nouvelle.

Le docteur Knock nous quitte, et le docteur Parpalaid revient.

Elle lâche sa pile d'assiettes, mais les rat trape à temps, et les tient appliqt,ées sur sa poitrine, en rosace.

MADAME RÉMY

Ah ! mais non ! Ah ! mais non ! Moi je vous dis que ça ne se fëra pas. (A Knock.) Ou alors il faudra qu'ils vous enlèvent de nuit en aéroplane, parce que j 'avertirai les gens et on ne vous laissera pas partir. On crèvera plutôt les pneus de votre voiture.

Quant à vous, monsieur Parpalald, si c'est pour ça que vous êtes venu, j 'ai le regret de vous dire que je ne dispose plus d'une seule chambre, et quoique

Knock

nous soyons le 4 janvier, vous serez dans l'obligation de coucher dehors.

Elle va mettre ses assiettes sur une table.

LE DOCTEUR, très ému.

Bien . bien ! L'attitude de ces gens envers un homme qui leur a consacré vingt-cinq ans de sa vie est un scandale. Puisqu'il n'y a plus de place à Saint-Maurice que pour le charlatanisme, je préfère gagner honnêtement mon pain à Lyon - honnêtement, et d'ailleurs largement. Si j 'ai songé un instant à reprendre mon ancien poste, c'était, je l'avoue, à cause de la santé de ma femme, qui ne s'habitue pas à l'air de la grande ville. Docteur Knock, nous réglerons nos affaires le plus tôt possible. Je repars ce soir.

KNOCK

Vous ne nous ferez pas cet affront, mon cher confrère. Mme Rémy, dans la surprise d'une nouvelle d'ailleurs inexacte, et dans la crainte où elle était de laisser tomber ses assiettes, n'a pu garder le contrôle de son langage. Ses paroles ont trahi sa pensée. Vous voyez maintenant que sa vaisselle est en sécurité, Mme Rémy a retrouvé sa bienveillance naturelle, et ses yeux n'expriment plus que la gratitude que partage tout e la population de Saint-Maurice pour vos vingt-cinq années d'apostolat silencieux

Acte 111, scène VIII

I47

MADAME RÉMY

Sûrement, M. Parpalaid a tOUjOurs été un très brave homme. Et il tenait sa place aussi bien qu'un autre tant que nous pouvions nous passer de médecin. Ce n'était ennuyeux que lorsqu'il y avait épidémie. Car vous ne me direz pas qu'un vrai médecin aurait laissé mourir tout ce monde au temps de la grippe espagnole.

L E DOCTEUR

Un vrai médecin ! Quelles choses il faut s'entendre dire ! Alors, vous croyez, madame Rémy, qu'un

« vrai médecin li peut combattre une épidémie mondiale? A peu près comme le garde champêtre peut combattre un tremblement de terre. Attendez la prochaine, et vous verrez si le docteur Knock s'en tire mieux que moi.

MADAME RÉMY

Le docteur Knock .. . écoutez, monsieur Parpalaid.

Je ne discuterai pas d'automobile avec vous, parce que je n'y entends rien. Mais je commence à savoir ce que c'est qU'un malade. Eh bien, je puis vous dire que dans une population où tous les gens chétifs sont déjà au lit, on l'attend de pied ferme, votre épidémie mondiale. Ce qu'il y a de terrible, comme l'expliquait l'autre jour encore M. Bernard, à la conférence, c'est un coup de tonnerre dans un ciel bleu.

Knock

MOUSQUET

Mon cher docteur, j e ne vous conseille pas de soulever ici des controverses de cet ordre. L'esprit pharmaco-médical court les rues. Les notions abondent. Et le premier venu vous tiendra tête.

KNOCK

Ne nous égarons pas dans des querelles d'école.

Mme Rémy et le docteur Parpalaid peuvent différer de conceptions, et garder néanmoins les rapports les plus courtois. (A Mme Rémy.) Vous avez bien une chambre pour le docteur?

MADAME RÉMY

Je n'en ai pas. Vous savez bien que nous arrivons à peine à loger les malades. Si un malade se présentait, j e réussirais peut-être à le caser, en faisant l'impossible parce que c'est mon devoir.

KNOCK

Mais si je vous disais que le docteur n'est pas en état de repartir dès cet après-midi, et que, médicalement parlant, un repos d'une j ournée au moins lui est nécessaire ?

MADAME RÉMY

Ah! ce serait autre chose ... Mais ... M. Parpalaid n'est pas venu consulter?

Acte III, scène VIII

149

KNOCK

Serait-il venu consulter que la discrétion professionnelle m'empêcherait peut-être de le déclarer publiquement.

LE DOCTEUR

Qu'allez-vous chercher là? Je repars ce soir et voilà tout.

KNOCK, le regardant.

Mon cher confrère, je vous parIe très sérieusement. Un repos de vingt-quatre heures vous est indispensable. Je déconseille le départ aujourd'hui, et au besoin je m'y oppose.

MADAME RÉMY

Bien, bien, docteur. Je ne savais pas. M. Parpalaid aura un lit, vous pouvez être tranquille. Faudra-t-il prendre sa température?

KNOCK

Nous recauserons de cela tout à l''heure.

Mme Rémy se retire.

MOUSQUET

Je vous laisse un instant, messieurs. (A Knock.) J'ai cassé une aiguille, et je vais en prendre une autre à la pharmacie.

Il sort.

S C � NE IX

KNOCK, PARPALAlD

LE DOCTEUR

Dites donc, c'est une plaisanterie ? (Petit silence.) Je vous remercie, de toute façon. Ça ne m'amusait pas de recommencer ce soir même huit heures de voyage. (Petit silence.) Je n'ai plus vingt ans et je m'en aperçois. (Silence.) C'est admirable, comme vous gardez votre sérieux. Tantôt, vous avez eu un air pour me rlire ça .. . (Il se lève.) J'avais beau savoir que c'était une plaisanterie et connaître les ficelles du métier .. . oui, un air et un œil . . . comme si vo us m'aviez scruté j usqu'au fond des organes .. .

Ah ! c'est très fort.

KNOCK

Que voulez-vous! Cela se fait un peu malgré moi. Dès que je suis en présence de quelqu'un, je ne puis pas empêcher qu'un diagnostic s 'ébauche en moi. .. même si c'est parfaitement inutile, et hors de propos. (Confidentiel.) A ce point que, depuis quelque temps, j 'évite de me regarder dans la glace.

Ac�e III, scène IX

151

LE D OCTE U R

Mais ... un diagnostic ... que voulez-vous dire ? un diagnostic de fantaisie, ou bien ? . .

KNOCK

Comment, de fantaisie ? Je vous dis que malgré moi quand j e rencontre un vIsage, mon regard se j ette, sans même que j'y pense, sur un tas de petits signes imperceptibles .. . la peau, la sclérotique, les pupilles, les capillaires, l'allure du souffle, le poil. . . que sais-je encore, et mon appareil à construire des diagnostics fonctionne tout seul. Il faudra que je me surveille, car cela devient idiot.

LE DOCTEUR

Mais c'est que. . . pennettez. . . J'insiste d'une manière un peu ridicule, mais j 'ai mes raisons .. .

Quand vous m'avez dit que j 'avais besoin d'une journée de repos, était-ce par simple jeu, ou bien ? . .

Encore une fois, si j 'insiste, c'est que cela répond à certaines préoccupations que j e puis avoir. Je ne suis pas sans avoir observé sur moi-même telle ou telle chose, depuis quelque temps .. . et ne fût-ce qu'au point de vue purement théorique, j 'aurais été très curieux de savoir si mes propres observations coïncident avec l'espèce de diagnostic involontaire dont vous parlez.

KNOCK

Mon cher confrère, laissons cela pour l'instant.

Knock

(Sonnerie de cloches.) Dix heures sonnent. Il faut que je fasse ma tournée. Nous déjeunerons ensemble, si vous voulez bien me donner cette marque d'amitié. Pour ce qui est de votre état de santé, et des décisions qu'il comporte peut-être, c'est dans mon cabinet, cet après-midi, que nous en parlerons plus à loisir.

Knock s'éloigne. Dix heures achèvent de sonner. Parpalaid médite, aUaissé Stlr une chaise.

Scipion, la bonne, Mme Rémy paraissent, porteurs d'instruments rituels, et défilent, au sein de la Lumière Médicale.

RIDEAU

Acte 1.

II

Acte II.

51

Acte III.

1°9

DU MÊME AUTEUR

MORCEAUX CHOISIS (Galimard).

Œuvres poétiques

LA VIE UNAN I M E (Gallimard) .

U N ÊTRE EN MARC H E (F1ammarion) .

O D E S ET PRIÈRES (Gallimard).

E U RO P E (Gallimard) .

LE VOYAGE D E S AMANTS (Gallimard).

CHANT D E S D I X ANN É E S (Gallimard) .

L ' H O M M E B LAN C (F1ammarion) .

P I E RRES LEVÉ E S , suivi de MAI S O N S (F1ammarion) .

C H O I X D E P O È M E S (Gallimard) .

PETIT TRAITÉ D E VERSIFICAT I O N (Gallimard).

Romans et contes

LE B O U RG RÉGÉNÉRÉ (Gallimard) .

M O RT D E QU ELQU ' U N (Gallimard) . Folio n" 1882.

LES C O PAINS (Gallimard) . Folio n° 182.

D O N O G O O-TONKA (Gallimard) .

P SYC H É .

1. L U C I E N N E (Gallimard) .

ll. LE D I E U D E S C ORPS (Gallimard) .

Ill. QUAND L E NAVIRE ... (Gallimard).

PSYCHÉ 1 , I I , I I I (Folio n" 1671) .

LES H OM M E S D E BONNE VOLONTÉ (27 vol.) (Flammarion).

LES H O M M E S DE B O N N E VOLONTÉ (édition intégrale en 4 vol.) (Flammarion) .

B ERTRAN D D E GAN GES (F1ammarion).

LE M O U LI N ET L ' H O S P I C E (F1amarion) .

VIO LATION D E FRONTIÈRES (Flammarion) .

VERD UN (Flammarion) .

LE F I L S D E JERPHAN I O N (Flammarion) .

UNE F E M M E SINGULIÈRE (Flammarion).

LE BESOIN D E VOIR CLAI R (Flammarion) .

MÉMOIRES D E MADAME CHAUVEREL (2 vol.) (Flammarion).

U N GRAND H O NNÊTE H O M M E (Flammarion).

P O RTRAITS D ' INCONNUS (Flammarion) .

Théâtre

CROMEDEYRE-LE-VIEIL (Gallimard).

M . LE TROUHADEC SAI SI PAR LA DÉBAUCHE (Gallimard). Folio n" 651.

KN OCK (Gallimard). Folio n" 60 et Folio Théâtre nU 2.

LE MARIAGE DE LE TROUHADEC (Gallimard).

LE D I CTATEUR (Gallimard).

JEAN LE MAUFRAN C (Gallimard) .

MUSSE (Gallimard).

VOLPONE (en collaboration avec Stefan Zweig) (Gallimard).

D O N O G O O (Gallimard).

BOËN (Gallimard).

GRÂCE ENCORE POUR LA TERRE (Gallimard).

PIÈCES EN U N ACTE (Gallimard).

Esais

PUISSANCES DE PARIS (Gallimard). L'Imaginaire nO IS.

LA VIS I O N EXTRA-RÉTINIENNE ET LE SENS PAROP·

TIQUE (Gallimard).

LA VÉRITÉ EN BO UTEILLES (Trémois).

PRO BLÈMES EUROPÉENS (Flammarion).

VISITE AUX AMÉRI CAINS (Flammarion) .

P O U R L'ESPRIT ET LA LIBERTÉ (Gallimard).

LE COUPLE FRAN CE-ALLE MAGNE (Flammarion).

CELA D ÉPEND D E VOUS (Flammarion).

SEPT MYSTÈRES D U D ESTIN D E L ' EUROPE (Éd. de la Maison Française).

U N E VUE DES CHOSES (Éd. de la Maison Française).

RETROUVER LA FOI (Flammarion) .

LE PROBLÈME N° 1 (Plon) .

PARIS DES H O MMES D E B O N N E VOLONTÉ (avec il et Plans) (Flammarion).

SALSETTE D É C O UVRE L ' AMÉRIQU E . suivi de LETTRES

DE SALSETTE (Flammarion).

SAINTS D E N O TRE CALE N D RIER (Flammarion) .

INTERVIEWS AVEC DIEU (Flammarion).

EXAMEN D E CONSCIENCE D E S FRANÇAIS (Flammarion) .

PASSAGERS D E CETTE PLANÈTE, OÙ ALLON S

N O U S ? (Grasset).

S OUVENIRS ET CONFIDENCES D ' UN ÉCRIVAIN

(Arthème Fayard).

SITUATI O N D E LA TERRE (Flammarion).

HOMMES. MÉDECINS. MACHI N E (Flammarion).

LES HAUTS ET LES BAS D E LA LIBERTÉ (Flamon).

POUR RAISON GARD ER (8 vo!.) (Flamon).

NAPOLÉON PAR LUI-MÊME (librairie Académique Perrin) .

LETTRES À U N AMI (première et deuxièl;ne série) (Flam rion) .

AI-JE FAIT C E QUE J 'AI VOULU ? (Wesmael-Charlier).

LETTRE O UVERTE CONTRE UNE VASTE CONSPIRA

TION (Albin Michel).

MARC-AURÈLE

OU

L ' EMPEREUR DE

BONNE

VOLONTÉ (Flammarion) .

AMITI ÉS ET RENCONTRES (Flammarion).

C ONNAISSAN C E D E JULES ROMAI NS (en colL av« André

&lurin) (Flammarion).

D I S C O U RS D E RÉCEPTI ON D E M . JULES ROMAINS

A L'ACADÉMIE FRANÇAISE ET RÉPONSE D E

M . G E O RGES D U HAMEL (Flammarion).

DISCOURS D E RÉCEPTION D E M . FERNAND GREGH

A L'ACADÉMIE FRANÇAISE ET RÉPONSE DE

M. JULES ROMAINS (Flammarion).

D I S C O U RS D E RÉCEPTION D E M . J EAN RO STAND

À L'ACADÉMIE FRANÇAISE ET RÉPONSE DE

M. JULES ROMAI N S (Gallimard).

Impression Bussière Camedan Imprimeries à Saint-Amand (Cher),

le 15 novembre 2001.

Dép{jt légal : novembre 2001.

1" dép{jt légal dans la collection : mars 1972.

Numéro d'imprimeur : 015250/1.

ISBN 2-07-036060-IJImprimé en France.