Les grésillements noyaient pratiquement les voix. En écho aux grésillements, la pluie martelait le toit, coulant par endroits à travers la tôle galvanisée, ruisselant le long des murs. La cheminée s’était transformée en douche, l’eau éclaboussait le plancher.
Emmitouflés dans nos pulls, nous étions tassés autour du petit transistor noir. Les piles étaient fatiguées et nous commencions à avoir du mal à comprendre les voix distordues. Pourtant, ce que nous entendions était réconfortant : c’étaient les premières nouvelles encourageantes que nous recevions du monde extérieur. Nous venions subitement de remonter à la troisième position dans la hiérarchie des informations importantes.
« De nombreux territoires de la côte méridionale ont été repris. Lors d’un violent combat autour de Newington, des forces aériennes et terrestres de Nouvelle-Zélande ont, selon certaines sources, infligé de lourdes pertes à un bataillon ennemi. Un débarquement depuis la Nouvelle-Guinée s’est déroulé avec succès dans le nord du pays, dans la zone de Cape Martindale. Et, à Washington, la sénatrice Rosie Sims a plaidé pour une révision urgente de la politique américaine à la lumière de récents événements dans la zone Asie-Pacifique. Mme Sims soutient un projet d’aide militaire d’un montant de cent millions de dollars en faveur du pays envahi. Même s’il est peu probable qu’elle obtienne un vote positif du Sénat, l’opinion publique, de plus en plus favorable à une intervention, au moins indirecte, semble la soutenir. »
Puis nous avons entendu la voix de notre Grand Chef, le Premier ministre, qui s’était tiré à toute vitesse quand il avait compris que la guerre était perdue.
« Nous continuerons à nous battre jusqu’à la limite de nos forces mais nous ne pouvons… »
Là, il y a eu une mêlée générale quand nous avons tous foncé en même temps pour éteindre la radio. Après cela, allongés sur les quatre vieux matelas que nous avions disposés le long du mur, nous avons contemplé l’eau qui coulait dans le hangar.
Nous étions chez Kevin, installés dans l’ancien atelier de tonte. C’était agréable de dormir à nouveau dans un bâtiment en bois, même un bâtiment aussi délabré que celui-ci. Deux semaines de pluies incessantes nous avaient porté sur les nerfs et finalement chassés de Hell. Tout ce que nous possédions avait commencé par être humide, puis mouillé et enfin trempé.
L’eau avait débordé de nos canaux d’écoulement pour inonder les tentes. Nous n’avions plus envie de nous lever le matin, sachant que nous n’avions nulle part où aller, ni rien à faire. Nous avons donc construit des mangeoires pour les poules, puis nous avons entassé nos affaires dégoulinantes dans des baluchons et nous avons quitté Hell.
Nous ne nous supportions plus les uns les autres et avions désespérément besoin de retrouver un semblant de vie normale. Il avait fallu trois nuits de feux discrets pour sécher nos vêtements mais, enfin, je recommençais à me sentir humaine. Il y avait quelque chose de rassurant dans le fait d’avoir des couvertures et des habits secs, rangés et en ordre, même si nous étions cinq à dormir sur quatre matelas déplumés.
En fait, ce soir-là, nous étions tous plutôt de bonne humeur. Après le bulletin d’informations, nous avons joué au pendu puis aux charades. J’ai maintenu un suspense insoutenable de plus de dix minutes en essayant de leur faire deviner le titre d’un film : De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites. Personne n’en avait jamais entendu parler. Je l’avais vu par hasard à la télé et les autres ont bien failli me tuer quand je leur ai finalement donné la réponse.
La pluie a cessé et Lee est sorti faire un tour. Il voulait que je l’accompagne mais je préférais terminer un livre que j’avais trouvé, une histoire d’amour.
J’étais presque à la fin – sous le regard de Fiona qui guettait mes larmes –, quand il est revenu. Refermant la porte tout doucement derrière lui, il a annoncé :
— Des soldats viennent par ici.
J’ai bondi, oubliant le livre, pour courir à la fenêtre. Mais c’était trop dangereux. Alors j’ai fait comme les autres, j’ai cherché une fente dans le mur par où observer. Deux véhicules remontaient l’allée. Le premier était un camion de transport de l’armée avec une bâche à l’arrière, l’autre, la petite camionnette à plateau du magasin de bricolage de Wirrawee. Ils se sont garés l’un à côté de l’autre à l’ouest de la maison, près du hangar à machines. Des soldats ont sauté des cabines, quatre en tout.
— Oh, Seigneur, gémit Fiona, ils doivent savoir qu’on est là !
Je n’avais pas remarqué qu’Homer avait quitté sa position mais, soudain, il était à côté de moi me tendant un fusil, celui que j’avais pris au soldat mort au pied des falaises. Il a donné le .410 à Fiona et deux canons sciés à Robyn et Lee, gardant l’arme automatique. Robyn a accepté le fusil. Elle l’a contemplé un moment avant de le poser délicatement sur le sol à ses pieds. Je ne savais pas quoi en penser. Pouvions-nous compter sur elle en cas de coup dur ? Si elle refusait de tirer, avait-elle raison ou tort ? Si elle avait raison, cela signifiait que j’avais tort. J’étais en sueur et ça me grattait, comme si je m’étais frottée avec des orties. Je me suis essuyé le front et j’ai à nouveau regardé à travers la fente.
Des gens sortaient du camion bâché. Les soldats attendaient. Ils portaient encore leurs armes à l’épaule. Ils semblaient tranquilles, plutôt sûrs d’eux. Les gens, visiblement des prisonniers, étaient au nombre de dix, cinq hommes et cinq femmes. Je n’en ai reconnu aucun même si une des femmes me fit penser à la mère de Corrie.
Les prisonniers paraissaient savoir ce qu’on attendait d’eux. Certains prirent des sacs à l’arrière de la camionnette et se dirigèrent vers les arbres fruitiers. Quelques-uns entrèrent dans la maison et deux dans le hangar à machines. Un soldat accompagnait chaque groupe. Le quatrième soldat, resté près des camions, alluma une cigarette.
Je me suis tournée vers Homer.
— Qu’est-ce que tu en penses ?
— Une équipe de travail obligatoire.
— Oui. Et peut-être l’occasion d’obtenir des nouvelles.
— Pour le moment, on se contente de les observer.
— « Le temps passé en reconnaissance… » Il y en avait une qui ressemblait à la mère de Corrie.
— Je ne pense pas que c’était elle, dit Fiona. Elle est trop maigre. Trop vieille.
Nous avons continué notre observation à travers les trous et les fentes. Nous voyions ceux qui travaillaient dans le verger mais pas ceux qui étaient dans les bâtiments. Au bout de dix minutes, le soldat du hangar en est ressorti pour rejoindre celui des camions. Il essayait visiblement de lui soutirer une cigarette. Cela lui a pris un moment mais l’autre a fini par lui en donner une.
Puis ils sont remontés tous les deux dans la cabine du camion pour fumer tranquillement.
— On ferait mieux de partir, suggéra Robyn. Nous avons ces armes avec nous. Inutile de chercher les ennuis.
— D’accord, acquiesça Homer. On efface nos traces d’abord et on sort par-derrière. Les arbres sont tout proches.
— Vous, partez, dis-je. Moi, je vais au hangar.
Ils m’ont regardée d’un air sceptique.
— Je ne sais pas… commença Robyn.
— C’est l’occasion ou jamais, la coupai-je. Ça fait des semaines que nous n’avons plus aucune nouvelle. Je veux savoir comment va Corrie. Et nos familles. Robyn, tu peux prendre mes affaires ?
Elle a accepté, à regret.
— Je viens avec toi, dit Lee.
J’ai été tentée mais je savais que cela ne pouvait pas marcher.
— Merci. Mais à deux, ce serait trop.
Il a hésité mais je n’étais pas d’humeur. Je voulais faire quelque chose, me prouver à moi-même que j’avais encore un peu de courage, que la terrible nuit dans la Holloway Valley ne m’avait pas transformée en zombie. Et puis, toutes ces semaines de pluie m’avaient rendue impatiente. La dernière fois que j’avais essayé d’être indépendante et forte, je m’étais esquinté les mains. Maintenant, j’étais décidée à tenter quelque chose à nouveau, à faire de mon mieux, pour retrouver un peu de respect de moi-même. Et peut-être aussi le respect des autres.
Ils ont entamé leurs préparatifs, rapides et discrets. Je suis sortie par une fenêtre donnant sur le côté. À l’abri des arbres, j’ai contourné l’enclos à moutons. J’ai pu me dissimuler ainsi jusqu’à ce que le hangar soit entre les camions et moi. Près du hangar, un problème m’attendait : il n’y avait qu’une entrée, à l’est, et elle était complètement à découvert. Je n’avais pas le choix : je me suis mise à ramper le long du bâtiment, pour atteindre la seule cachette possible : un réservoir d’eau.
Ces quelques mètres m’ont mis les nerfs à vif. J’ai eu du mal ensuite à me calmer. Les poings serrés, je m’ordonnais en silence de me maîtriser, de me contrôler. Le plus dur restait à faire.
À quatre pattes dans la boue, je me suis glissée sous le réservoir. Puis, avec une lenteur abominable, millimètre par millimètre, j’ai risqué la tête de l’autre côté. Je peux le dire, jamais de ma vie je n’avais fait preuve d’un tel courage.
Un soldat aurait pu se trouver là, à moins d’un mètre. Il n’y en avait pas. Le terrain s’étalait devant moi, nu, brun et humide. Les arbres, à une cinquantaine de mètres, me parurent immenses et menaçants. J’ai rampé encore un peu afin de jeter un œil à l’intérieur du hangar. Il y avait un tracteur, une faucheuse et une vieille Jeep. Plus loin se dressait une pile de balles de laine. Je ne voyais personne mais je percevais un murmure de voix dans le fond.
J’ai hésité encore quelques secondes avant de respirer un bon coup. Je me suis préparée, comme en cours de gym quand on attend le coup de feu, puis j’ai foncé, courant silencieusement vers les balles, utilisant le tracteur pour me dissimuler. Si j’avais eu une touffe de poils blancs au derrière, on aurait pu me prendre pour un lapin.
Tremblante mais saine et sauve, je me suis collée contre l’enveloppe lisse d’une balle. Les voix continuaient à me parvenir, avec de petites variations, comme le chuchotis d’une rivière. Je ne comprenais pas ce qu’elles disaient. Je me suis dirigée vers le fond du hangar en longeant les balles, surveillant l’entrée pour vérifier que personne ne venait. Je suis arrivée au bout de la pile. Les voix étaient claires et distinctes à présent. J’étais en nage, je tremblais et, tout à coup, j’ai eu envie de pleurer.
Je venais de reconnaître une de ces voix.
C’était Mme Mackenzie, la mère de Corrie. Ma première impulsion a été de m’asseoir là et de brailler comme un bébé. Mais je ne pouvais pas me le permettre. Ce genre de faiblesse appartenait à une autre vie, celle qui avait disparu, avec les mouchoirs en papier, les sacs de supermarché et les vaporisateurs… tous ces luxes inutiles qui nous paraissaient si normaux avant la guerre. Normaux et importants. À présent, ils m’étaient aussi étrangers que le luxe de se mettre à pleurer de soulagement au son d’une voix familière.
La mère de Corrie. Mme Mackenzie. J’avais bu mille tasses de thé et avalé cinq milles scones, ses fameux petits pains au lait, à la table de sa cuisine. Elle m’avait appris à faire des caramels, des paquets cadeaux pour Noël, à envoyer un fax. Je lui avais parlé de la mort de mon chat, de mon béguin pour M. Hawthorne et de mon premier baiser. Quand j’en avais marre de mes parents, c’était sur elle que je déversais toute ma frustration et elle me comprenait.
J’ai risqué un œil au-delà des balles. Sans électricité, le hangar était sombre, mais je distinguais un établi avec des outils bien rangés et deux personnes qui y travaillaient. Un homme, qui me tournait le dos, bricolait quelque chose. Je ne l’ai pas reconnu mais, de toute manière, ce n’était pas lui qui m’intéressait. Je dévorais des yeux Mme Mackenzie, totalement incrédule.
Elle était de profil et nettoyait un carburateur avec une brosse à dents. J’avais du mal à croire que c’était elle. La Mme Mackenzie qui se trouvait devant moi était vieille et maigre, avec des cheveux argentés, longs et emmêlés. Celle que j’avais connue était une femme d’âge moyen, aux jolies formes pleines, aussi rousse que sa fille.
Ma déception s’est muée en colère. Je ne voulais pas que ce soit elle. Mais, petit à petit, j’ai été forcée de la reconnaître, à la façon dont elle se tenait, dont elle se déplaçait. Puis elle a posé la brosse à dents pour repousser une mèche de cheveux. Dans ce geste, j’ai retrouvé la mère de Corrie. Sous le choc et dans un élan d’affection, j’ai crié :
— Madame Mackenzie !
Elle a sursauté violemment et s’est retournée, bouche bée, ce qui lui faisait un visage encore plus mince et plus long. Elle a blêmi.
— Ellie…
J’ai cru qu’elle allait s’évanouir mais elle s’est simplement appuyée contre l’établi, une main sur les yeux. Je voulais aller à elle mais je ne pouvais pas. L’homme, après un rapide regard vers les camions, a dit très vite :
— Reste où tu es.
Ce qui m’a agacée, j’avais deviné ça toute seule. Je me reprochais déjà d’avoir crié. Enfin, Mme Mackenzie m’a regardée avec une tendresse infinie. Nous étions à cinq mètres l’une de l’autre mais ces cinq mètres étaient comme des centaines de kilomètres.
— Corrie, tu vas bien ?
Elle m’avait appelée Corrie sans s’en rendre compte. Cela m’a choquée mais j’ai essayé de rester naturelle.
— Nous allons bien, madame Mackenzie. Et vous ?
— Oh, je vais bien ! Nous allons tous bien. J’ai juste perdu un peu de poids, Ellie, mais cela faisait des années que j’en avais besoin.
— Comment va Corrie ?
J’étais rongée par une crainte atroce, mais il fallait que je demande. Maintenant qu’elle m’avait à nouveau appelée par mon nom, je me disais que je le pouvais. Il lui a fallu un long moment pour répondre. C’était étrange, elle semblait à moitié endormie.
— Elle va bien, Ellie. Elle a perdu beaucoup de poids, elle aussi. Nous attendons qu’elle se réveille.
— Et mes parents ? Et les autres ?
— Ils vont bien. Ils vont tous bien.
— Tes parents sont en bonne santé, intervint l’homme. Nous avons traversé des moments difficiles mais tes parents vont bien.
Je ne savais toujours pas qui c’était.
— Des moments difficiles ?
Cette conversation se déroulait à voix basse, avec des regards incessants vers les camions.
— Nous avons perdu quelques-uns des nôtres.
— Comment ça, « perdu » ?
— Ils ont un nouveau avec eux, continua l’homme.
— Que voulez-vous dire ?
— Ils ont ramené un Australien, un type de la ville. Un mouchard. Il choisit des gens pour les interroger et beaucoup d’entre eux disparaissent quand il en a fini avec eux.
— Disparaissent ?
— On ne sait pas ce qu’ils deviennent. Ils ne nous le disent pas. On espère simplement qu’ils ne passent pas devant un peloton d’exécution.
— Qui choisit-il ?
— Oh, d’abord, ça a été les réservistes de l’armée ! Il les connaissait. Puis, les flics, et Bert Heagney, et même certains de tes professeurs. Tous ceux qui avaient la trempe d’un chef, si tu vois ce que je veux dire ? Il ne connaît pas tout le monde mais il en connaît pas mal. Il en prend à peu près cinq par jour et, avec un peu de chance, il y en a trois qui reviennent le soir.
— Je croyais qu’il y avait déjà des mouchards au champ de foire ?
— Pas comme lui. Les autres ne sont que des lèche-bottes. Ils n’ont pas autant de pouvoir. Ils ne font pas d’interrogatoires. Pas comme cette ordure.
Dans sa colère, il avait élevé la voix. Je me suis tapie dans l’ombre un moment mais personne n’est venu. Je ne pouvais pas m’éterniser ici mais j’avais encore envie d’entendre Mme Mackenzie. Elle semblait si tendue et si fatiguée, complètement lessivée.
— Comment va la famille de Lee ? Et celles de Fiona, d’Homer et de Robyn ?
Mme Mackenzie a simplement hoché la tête.
— Ils vont bien, dit l’homme.
— Que faites-vous ici ? demandai-je.
— On prépare le terrain et les machines. Des colons vont venir s’installer dans quelques jours. Vous, les gosses, soyez prudents. Il y a des équipes de travail un peu partout maintenant. On attend des centaines de colons dans la région.
J’en étais malade. Ils nous submergeaient. Peut-être qu’un jour je devrais accepter l’inacceptable, l’impensable : nous allions devenir des esclaves pour le restant de nos jours. Un avenir qui n’en était pas un, une vie qui n’était pas une vie. Mais ce n’était pas le moment de penser à ça.
— Il faut que je parte, madame Mackenzie.
Horrifiée, je l’ai vue éclater en sanglots, me tournant le dos pour s’effondrer sur l’établi. Elle pleurait et criait en même temps. J’avais l’impression qu’on m’envoyait du deux cent vingt volts dans la cervelle. Comme si on m’avait rasé la tête en une fraction de seconde. Effrayée, j’ai battu en retraite le long des balles. J’ai entendu une porte de camion s’ouvrir et un soldat entrer dans le hangar.
— Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-il.
— Je n’en sais rien, dit l’homme.
Il avait l’air très convaincant, comme s’il s’en moquait éperdument.
— Elle s’est mise à pleurer d’un coup. C’est à cause de ces foutus carburateurs. Ils feraient pleurer n’importe qui.
J’ai failli sourire tandis que je me blottissais là dans l’ombre.
Pendant un moment, il ne s’est rien passé. On entendait simplement les sanglots de Mme Mackenzie qui se calmaient petit à petit. Je l’entendais hoqueter tandis qu’elle tentait de respirer à nouveau normalement.
— Allons, ma chérie, dit l’homme.
Il y a eu des bruits de pas qui ressemblaient à ceux du soldat. Il s’en allait.
— Tu peux t’en sortir, Ellie, dit l’homme sur le ton de la conversation comme s’il parlait à Mme Mackenzie.
Je devais me fier à lui, alors je suis sortie, me glissant le long du hangar, dépassant le réservoir pour finalement pénétrer dans le bush. Je suis arrivée parmi les arbres comme si c’étaient mes amis, ma famille. Je me suis cachée derrière un tronc, le serrant dans mes bras le temps de reprendre haleine. Puis j’ai grimpé la colline, pour retrouver mes autres amis.