30. Vendredi se remettait de ses fatigues
Vendredi se remettait de ses fatigues et de ses blessures avec une rapidité qui étonnait toujours Robinson. Quelques jours plus tard, il retournait à la dépouille d’Andoar. Il trancha d’abord la tête qu’il déposa au centre d’une fourmilière. Puis il coupa la peau autour des pattes et sur toute la longueur de la poitrine et du ventre. Enfin il déshabilla le bouc de sa peau qu’il étendit à plat sur le sol. De la bête écorchée, il ne conserva que les intestins. Il les lava à grande eau et les mit à sécher dans les branches d’un arbre. Puis il gagna le bord de la mer en chantonnant avec sous son bras la lourde et grasse peau d’Andoar. Il la rinça dans les vagues pour qu’elle s’imprègne de sable et de sel. Ensuite il la gratta avec un coquillage pour enlever tous les poils. Ce travail lui demanda plusieurs jours. Enfin il l’étendit sur deux arcs de bois qui la tendaient comme une peau de tambour. Quand elle fut bien sèche, il la polit avec une pierre ponce.
— Andoar va voler, Andoar va voler, répétait-il très excité, en refusant toujours de dévoiler ses projets.