Une fois le repas terminé, Ian, accompagné de son cousin, alla trouver Payton pour discuter.
Lorsqu'il essaya de croiser le regard de Sileas, celle-ci quitta précipitamment la pièce, laissant une vague glaciale dans son sillage.
Ian aurait voulu la rattraper, mais son père attendait qu'il lui relate les événements de la journée. Payton sembla avoir recouvré une partie de sa sagacité tandis qu'ils débattaient de la marche à suivre. Ayant fait une longue sieste, il ne montra les premiers signes de fatigue que bien plus tard.
Lorsque Ian et Alex regagnèrent la salle principale, celle-ci était déserte.
— Eh, merde ! lâcha Ian. J'aurais voulu parler à Sileas, ce soir.
— Parler, hein ? demanda Alex en lui donnant un petit coup de coude. J'avais cru comprendre que tu voulais faire d'elle ta femme dès aujourd'hui.
— Elle ne me facilite pas la tâche, répliqua Ian en prenant le pichet de whisky et deux verres sur l'étagère. On pourrait percer une armure avec les œillades qu'elle me lance.
— Ah ! Elle est simplement énervée que tu l'aies fait attendre, relativisa Alex en se tapant sur la poitrine. Moi, en tout cas, je ne l'aurais pas fait attendre.
attendre.
— Mais oui, bien sûr, tu es prêt pour le mariage, ça ne fait aucun doute, répliqua Ian avant d'avaler son whisky.
— Moi, non. Mais nous savons tous les deux que toi, tu es du genre à te marier. (Alex imita son cousin et lui fit signe de le resservir.) Tu ne trouveras pas mieux que Sileas. Cette fille a du feu dans les veines.
Avant d'engloutir leur deuxième verre, ils trinquèrent et scandèrent :
— Pas de bonne santé sans bonne descente.
— Qu'est-ce que je peux faire ? demanda Ian en s'essuyant la bouche. Elle se comporte comme si elle me détestait. Elle passe son temps à s'enfuir avec ce Gôrdan Graumach.
— Tu ne peux pas laisser Gôrdan te la prendre; il est bien trop insipide pour une femme pareille. Moi, je saurais quoi faire d'un tel feu.
— L'heure n'est pas à la plaisanterie, l'interrompit Ian, de plus en plus irrité. Et ça commence à me fatiguer plus qu'un peu de t'entendre sans cesse dire ce que tu ferais à ma place.
— Qui a dit que je plaisantais ? répondit Alex en haussant une épaule. Tu ne préférerais pas qu'elle soit avec moi plutôt qu'avec Gôrdan ? Ah, quel gâchis cela serait de la voir aux mains d'un homme si peu imaginatif !
— Je n'apprécie pas que tu parles de ma femme comme ça ! s'exclama Ian, les poings serrés.
comme ça ! s'exclama Ian, les poings serrés.
— Si tu es assez stupide pour laisser Sileas partir sans te battre, c'est que tu ne la mérites pas. (Alex, soudain redevenu grave, se pencha en avant.) Et si tu ne fais pas d'elle ta femme rapidement, tu vas la perdre.
— Elle est ma femme, répliqua Ian, la mâchoire crispée. Et j'ai bien l'intention de la garder.
— Dans ce cas, tu ferais bien de te bouger. J'ai grandi avec une femme aigrie et, crois-moi, à force de trop pardonner, elles finissent par te haïr.
Cette pensée les déprima, et ils burent une nouvelle tournée.
— En parlant de tes parents, reprit Ian, quand est-ce que tu comptes aller les voir ?
— Quel que soit celui que j'irai voir en premier, l'autre me le reprochera jusqu'à la fin de ses jours.
(Alex soupira longuement.) Je vais attendre l'assemblée de Samhain, comme ça, je les verrai tous les deux en même temps.
— Combien de fois ta mère a-t-elle essayé d'empoisonner ton père ? demanda Ian sans attendre de réponse. Tu ne trouves pas ça bizarre qu'aucun ne se soit remarié ?
— Remercions Dieu qu'ils n'aient entrepris de torturer personne d'autre. Leur seul point commun, c'est de vouloir que je commette la même erreur qu'eux. Ils souhaitent que je me marie et que je leur donne un héritier, expliqua Alex en secouant la tête.
donne un héritier, expliqua Alex en secouant la tête.
Peut-être devrais-je sauver Sileas des bras de Gôrdan. Ce serait assez agréable de travailler à ma descendance avec elle.
Ian saisit Alex par le devant de sa chemise.
— Je t'ai déjà dit de ne pas parler d'elle comme ça !
Un petit rire l'empêcha de mettre son poing dans la figure de son cousin. Il se retourna et aperçut Dina qui sortait de la cuisine d'un pas nonchalant.
— Vous vous battez déjà pour moi, c'est ça ?
demanda-t-elle.
— Prends ton temps avant de rejoindre la dépendance, dit Alex à son cousin, puis il se leva de table.
Il passa son bras sur l'épaule de Dina, et tous deux se dirigèrent vers la porte.
Ian versa un peu de whisky dans son verre où il fit tournoyer le nectar ambré. S'il avait à choisir, il prendrait sans hésiter un bon whisky écossais plutôt qu'un vin français. Il sentit l'agréable brûlure accompagner le liquide dans sa gorge. Bon sang, il préférerait même un mauvais scotch au meilleur des vins français.
Nom de Dieu, mais pourquoi dormait-il chaque nuit dans un lit froid, à côté d'Alex ? Sileas était sa femme, non ? Elle dormait dans sa chambre à lui, dans son lit, même.
Ils avaient prononcé leur serment devant un Ils avaient prononcé leur serment devant un prêtre. Cela voulait bien dire quelque chose. Certes, il avait été sur le point de renoncer à elle, mais c'était avant qu'il rentre et la retrouve adulte.
Et, par tous les saints, quelle adulte !
Il repensa à sa poitrine galbée, au balancement envoûtant de ses jupes dans l'escalier, à la lueur qui scintillait dans son regard d'émeraude, à la peau laiteuse de son cou.
Son verre étant vide, il but une longue lampée à même le pichet.
Il rêvait de voir plus de cette peau laiteuse. De la sentir. D'y faire courir sa langue. Et rien ne saurait l'en empêcher. Sileas était sienne. L'Église les avait unis.
Bon sang, il n'aurait jamais dû hésiter ! C'était là que résidait à présent le problème. Tout ce qu'il avait à faire, c'était de lui montrer qu'il voulait être son époux.
Mais... était-il prêt à renoncer à toutes les autres femmes ? Était-il prêt à se dire que ce serait la dernière de qui il partagerait jamais la couche ? Il réfléchit quelques instants.
Oh oui.
Il allait lui faire comprendre combien il la désirait. Sil était dotée d'un caractère fougueux, depuis toujours. Elle lui apporterait au lit tout ce dont il pourrait rêver, à n'en pas douter. Et il la satisferait tout autant. Elle ne prêterait plus jamais satisferait tout autant. Elle ne prêterait plus jamais la moindre attention à ce Gôrdan Graumach.
Il reposa violemment son verre sur la table. Le moment était venu. Sa décision prise. Par tous les saints, il était prêt à s'engager.
La nuit à venir serait inoubliable.
Chapitre 9
Ian ôta ses bottes et s'engagea en silence dans l'escalier. Inutile d'informer toute la maisonnée de ses intentions. Il souleva le loquet de la chambre de Sileas — de leur chambre — et se glissa à l'intérieur.
Les ténèbres l'enveloppèrent tandis qu'il refermait la porte derrière lui.
Il tâtonna à la recherche de la barre, qu'il plaça en travers. Autant ne pas être dérangé au petit matin. Quelqu'un d'autre devrait se charger des corvées matinales ; il était bien décidé à garder Sileas au lit jusque tard. Peut-être même ne se lèveraient-ils pas de la journée.
Il se tenait près de la porte, les muscles tendus par l'anticipation, à attendre que ses yeux s'accommodent de l'obscurité. Son sexe était déjà dressé, et presque douloureux. Dans le silence, il percevait la respiration de la jeune femme, aussi douce que des soupirs.
Petit à petit, il discerna sa forme étendue sur le lit. Elle était allongée sur le dos, un bras rejeté en arrière, encadrant l'oreiller où reposait sa tête. Il déglutit. Il garderait à jamais l'image de cette déglutit. Il garderait à jamais l'image de cette première nuit en mémoire. Une vague de tendresse inonda sa poitrine. C'était à lui de protéger cette femme. Sa femme.
Et il était disposé à en assumer la responsabilité.
La douleur qui lui vrillait le bas-ventre lui confirma qu'il était plus que prêt pour le plaisir. Le souffle court, saccadé, il s'approcha du lit.
Ce ne serait pas comme avec les autres femmes.
Elle était son épouse. Elle était Sileas.
Il avait l'estomac noué et la gorge sèche. Il ne pouvait résister à l'envie de la toucher. De lui ôter sa tenue et de faire courir ses mains pour la première fois sur sa peau douce. D'enfoncer ses doigts dans sa chevelure rousse tout en l'embrassant et en la caressant.
Ils seraient nus. Oui, complètement nus, peau contre peau. L'odeur des bruyères lui emplirait le nez. Il défît son kilt et enleva sa chemise, les laissant retomber sur le sol à ses pieds. Sileas soupira lorsqu'il souleva les couvertures pour la rejoindre dessous.
Les
battements
de
son
cœur
l'assourdissaient presque.
Il avança la main et rencontra le tissu raide de la chemise de nuit, tandis que Sileas s'écartait en roulant avec un nouveau soupir. Il s'approcha et posa la main sur le creux de sa taille.
Le désir grondait en lui telle une bête sauvage.
Le désir grondait en lui telle une bête sauvage.
Bon sang, elle était vierge. Il s'efforça de procéder avec lenteur, mais cela promettait d'être difficile.
Il l'attira contre lui et dut se mordre la lèvre pour ne pas succomber au désir qui lui inonda les sens, mettant sa résolution à rude épreuve. Il se contraignit
à
prendre
plusieurs
inspirations
profondes. Il était bien décidé à savourer chaque aspect de cette première fois : l'odeur des cheveux de sa femme, la chaleur de son corps contre le sien.
Il repoussa sa chevelure sur le côté et l'embrassa dans la nuque.
— Mmm, gémit-elle d'une voix rauque.
Il sourit contre sa peau en s'imprégnant de son parfum. Il avait craint de devoir la convaincre, mais elle semblait n'attendre que sa venue.
— Sil, murmura-t-il à son oreille. Je vais t'ôter ta chemise de nuit, maintenant.
Tandis qu'il se blottissait contre son cou, elle laissa échapper un nouveau gémissement qui lui enflamma le bas-ventre. Il eut ensuite le souffle brusquement coupé lorsqu'elle recula, plaquant les fesses contre son sexe douloureux.
Il s'appliquait à faire glisser la chemise de nuit en douceur, se délectant par avance du contact avec sa peau nue. Il la remonta au-dessus de ses hanches... Ah, sa peau était plus douce encore que ce qu'il avait imaginé. Encore un peu et son membre reposerait contre ses fesses nues.
reposerait contre ses fesses nues.
— Tu ne peux pas savoir à quel point c'est bon, dit-il dans un murmure saccadé.
Si bon qu'il faillit lui mordre l'épaule. Mais les choses se passaient mieux que prévu, et il ne voulait pas la brusquer. Il préféra donc l'embrasser tendrement et lutta pour ne pas bouger. Elle poussa un grand soupir d'aise, si profond qu'il se demanda s'il ne s'inquiétait pas un peu trop.
Il regrettait de ne pas avoir de bougie. Il aurait voulu la regarder, mais rien ne saurait le faire sortir de ce lit à présent. C'était une torture délicieuse que de faire décrire à ses doigts la courbe de sa hanche.
Puis, comme animée d'une volonté propre, sa main remonta et se referma sur le sein de la jeune femme.
Oh, Seigneur ! Cette douceur rebondie qui lui emplissait la paume était magnifique. Il sentit le téton durcir et se dresser dans le creux de sa main : il était perdu. Le sang lui martelait les oreilles. Son appétit devenait vorace, irrésistible. Il la voulait, sans plus attendre.
Sa résolution de procéder avec lenteur n'était plus qu'une coquille de noix malmenée dans l'orage rugissant de son désir. Il ne désirait rien d'autre au monde que d'être en elle. En un clin d'œil, il l'allongea sur le dos. Caressant sa poitrine, les mains sous la chemise de nuit, et le sexe plaqué contre ses cuisses, il lui embrassait le cou.
— Ian ! Qu'est-ce que tu fais ?
— Ian ! Qu'est-ce que tu fais ?
Oui, que faisait-il ? Il s'efforça de se ressaisir.
Vierge. Elle est vierge.
Une vierge n'aurait pas dû lui faire tant d'effet.
Il lui prit le visage entre les mains et se pencha pour l'embrasser. L'innocence du baiser qu'elle lui rendit le troubla.
— Ah, Sil, tu es une merveille !
Il fit courir sa langue sur la lèvre de la jeune femme et l'entendit inspirer. Au début, elle sembla résister à ses baisers mais, petit à petit, elle baissa la garde. Lorsqu'il la força à ouvrir la bouche, elle tressaillit, surprise, avant de se laisser aller. Le ballet de leurs langues entremêlées lui donna un aperçu du paradis à venir. Bien vite, il fut submergé par ses baisers.
Tout était parfait. Elle était parfaite.
Il crispa la main dans les cheveux de Sileas.
— N'aie pas peur. Je ferai attention. Tu n'auras pas mal, lui chuchota-t-il à l'oreille en s'avançant un peu. Son cœur manqua un battement lorsque l'extrémité de son sexe rencontra la douce intimité de sa promise.
— Va-t'en ! hurla Sileas en lui martelant la poitrine et les épaules de coups de poing.
— Quoi ? Quel est le problème ?
Elle ne répondit pas et continua à le griffer tout en se débattant furieusement, si bien qu'il roula sur le côté.
le côté.
— Sil, qu'est-ce que j'ai fait ?
Elle rejeta les couvertures et bondit hors du lit. Il aperçut ses longues jambes dans le clair de lune qui filtrait par la fenêtre avant qu'elle tire violemment sur sa chemise de nuit.
Elle alluma une bougie et le fusilla d'un regard assassin.
— Qu'est-ce que tu fais dans mon lit, Ian MacDonald ?
— C'est aussi le mien, répondit-il en essayant de recouvrer l'usage de son cerveau.
Son sexe était si dur qu'il lui faisait mal. Il avait été si proche...
— Comment oses-tu t'introduire ici pendant mon sommeil et espérer coucher avec moi ?
— Tu es ma femme, plaida Ian. Ce qui implique que je peux coucher avec toi.
— Alors, maintenant, je suis ta femme ? Ce n'est pourtant pas ce que tu disais jusqu'ici.
Elle croisa les bras sous sa poitrine, et il sentit sa gorge s'assécher.
— J'ai... j'ai décidé d'accepter la situation, lui expliqua-t-il, le regard et la pensée tournés vers ses seins ; le souvenir de leur contact sur sa peau irradiait dans ses paumes. Je suis prêt à te prendre pour épouse. Tout à fait prêt.
— Vraiment ? Et qu'est-ce qui t'a amené à cette décision après tout ce temps ?
décision après tout ce temps ?
Elle tapa du pied — un mauvais présage. Ah, même ses chevilles étaient jolies...
— Ian ! cria-t-elle pour attirer son attention. Je t'ai demandé ce qui t'avait décidé à vouloir être mon mari. Je croyais que je te dégoûtais.
Il lança ses jambes par-dessus le bord du lit et la scruta lentement de la tête aux pieds.
— Ce n'est plus le cas aujourd'hui, articula-t-il avec difficulté. Et, à en juger par la façon dont tu m'embrassais, je ne te dégoûte pas non plus.
Il ne put s'empêcher de sourire à cette évocation, ce qui était probablement une erreur.
— J'étais endormie !
Elle avait à présent les mains sur les hanches et tapait du pied avec frénésie.
— Peut-être au début, répondit-il, trouvant l'idée de la taquiner amusante. Mais je ne pense pas que tu dormais encore quand tu m'as rendu mes baisers.
— Je croyais être en train de rêver, expliqua-telle sèchement. Je ne savais pas ce que je faisais.
— Pour quelqu'un qui ne sait pas ce qu'il fait, tu te débrouillais plutôt bien, répliqua-t-il avec un rictus. Très bien, même.
Le rouge lui monta aux joues, la rendant plus jolie encore. Il empoigna sa chemise de nuit et l'attira vers lui.
— Je sais que tu as entendu certains mots malheureux à ton égard sortir de ma bouche avant malheureux à ton égard sortir de ma bouche avant mon départ, et je suis désolé de t'avoir blessée. Mais je te trouve séduisante, à présent. (Il baissa les yeux sur sa poitrine galbée.) Très séduisante.
Lorsqu'il releva la tête, il découvrit son regard assassin. Il eut beau réfléchir : il ne comprit pas ce qu'il avait dit de mal. Quelle femme n'appréciait pas les compliments ?
— Ce que tu essaies de m'expliquer, c'est que tu aimerais coucher avec moi, résuma-t-elle.
— Absolument.
— Et c'est pour cette raison que tu souhaites devenir mon époux.
— C'est l'une des raisons, en effet, reconnut-il, sur ses gardes. J'ai aussi vu tout ce que tu avais fait pour les miens et combien ils tiennent à toi. Ma mère t'adore.
— Donc, tu veux me garder car ta mère m'adore, répéta-t-elle. Voilà qui ferait chaud au cœur de n'importe quelle femme.
Ian comprit que la conversation lui échappait.
Elle n'aurait même jamais dû avoir lieu. S'il parvenait à attirer Sileas dans le lit, il lui ferait oublier toutes ces foutaises qui la mettaient hors d'elle. Il se leva et la serra contre lui.
— Je suis désolé si je ne trouve pas les mots adéquats, mais ta peau est si délicieuse, murmura-t-il dans son oreille, et tu sens si bon que j'ai du mal à réfléchir.
Elle haleta lorsqu'il s'empara d'un de ses seins.
Elle haleta lorsqu'il s'empara d'un de ses seins.
Enfin, elle paraissait à court de mots.
— Nous finirons de toute façon dans ce lit, Sil. Ne me fais pas attendre. Je te désire trop.
Elle le repoussa brusquement.
— Vouloir coucher avec moi n'a rien d'extraordinaire, Ian MacDonald. (Elle écarta les bras.) La moitié des hommes du clan pourraient en dire autant. Du moins, je suis persuadée qu'ils ne refuseraient pas si je m'offrais à eux.
Les battements de son cœur l'assourdissaient.
— Si tu t'offrais à eux ? Si tu t'offrais à eux ?
— Ton envie de coucher avec moi n'est pas une raison suffisante, poursuivit-elle en traversant la pièce à grandes enjambées. (Une fois à la porte, elle se retourna.) Tu ne me mérites pas !
Elle claqua la porte avec une violence qui ébranla les galets alignés sur le rebord de la fenêtre.
Lui aussi était profondément contrarié. Si elle s'offrait à eux. Comment pouvait-elle dire une chose pareille ?
Il ramassa sa chemise et l'enfila tout en traversant la chambre en trois longues enjambées.
Puis il s'engagea dans l'escalier à la suite de Sileas.
— C'est toi, la première, qui voulais que je sois ton mari. Tu ne peux pas le nier.
— Ne m'approche pas ! hurla-t-elle. Ou je te plante un dirk dans le cœur, je le jure.
— Tu avais tout planifié pour t'éloigner de ton
— Tu avais tout planifié pour t'éloigner de ton beau-père, lui cria-t-il en la suivant dans la salle commune, puis dans la cuisine. Et moi, je n'aurais pas dû avoir mon mot à dire, c'est ça ? Tout le monde aurait obtenu ce qu'il voulait, sauf moi.
Ils étaient à présent dans la cuisine, séparés par le plan de travail. Lorsqu'il tendit le bras pour attraper Sileas par sa chemise de nuit, elle saisit une poêle et la brandit au-dessus de sa tête.
— Et maintenant que je veux que tu sois ma femme pour de bon, tu changes d'avis, poursuivit-il.
Dans quoi est-ce que tu croyais t'engager ? Tu ne t'attendais pas à ce que ton mari veuille partager ton lit ?
— Si, bien sûr, mais il y a un an. Ou un mois, cria-t-elle. Ou même il y a quelques jours, lorsque tu as finalement daigné nous gratifier de ta présence.
— Je suis disposé, maintenant, à devenir ton époux, répéta Ian en serrant les dents.
— Oh, mille mercis ! (Elle leva les yeux au ciel et plaqua une main sur sa poitrine.) Mon cœur s'emballe à ces mots.
— Tu m'as choisi et, que cela te plaise ou non, je suis ton mari à présent. Et je ne veux plus jamais entendre ma femme parler des autres hommes et de ce qu'ils feraient si elle s'offrait à eux !
C'est alors que la poêle l'atteignit en pleine tête.
— Jésus, Marie, Joseph, mais tu m'as frappé !
s'exclama-t-il, courbé en deux.
s'exclama-t-il, courbé en deux.
Il souffrait le martyre.
Sileas semblait aussi choquée que lui de son geste. Il se dit que, si elle était prête à lui pardonner, il pouvait bien en faire autant.
— Viens, chérie, ce n'est pas une manière de commencer notre vie conjugale.
— Non, tu as raison, reconnut-elle d'une voix tremblante.
Il aperçut le couteau de cuisine qu'elle tenait dans l'autre main et tendit le bras pour l'en déposséder.
— Pose cette lame, Sil, et retournons au lit.
Elle le frappa une seconde fois.
Lorsqu'il
reprit
connaissance,
Sileas
le
surplombait, son couteau toujours à la main. A en juger par la flamme qui dansait dans son regard, elle hésitait à le lui planter dans le corps.
— Je pense que cet animal ne t'importunera plus, même sans que tu aies à te servir de mon meilleur couteau.
En entendant sa mère, Ian prit le risque de quitter Sileas des yeux assez longtemps pour l'apercevoir sur le pas de la porte en chemise et bonnet de nuit. Sa longue tresse poivre et sel reposait sur son épaule, et elle avait les mains sur les hanches.
Ian roula sur le côté tandis que le couteau glissait de la paume de Sileas et tombait par terre, à glissait de la paume de Sileas et tombait par terre, à l'endroit où Ian s'était trouvé. Sileas ouvrit la bouche, comme pour répondre à sa belle-mère, puis elle se plaqua une main sur les lèvres et quitta la pièce en courant.
— Merci, mère, dit Ian en se relevant.
Il secoua la tête pour recouvrer ses esprits et essayer de comprendre ce qui venait de se produire.
À un moment, il embrassait Sileas dans son lit et, la minute suivante, elle s'apprêtait à le tuer.
— Non, mais qu'est-ce qui t'a pris ? lui demanda sa mère.
— Moi ? répondit-il. C'est Sileas qui a tenté de m'assassiner dans ta cuisine.
— Bah ! Même à moitié ivre comme tu l'es, je suppose qu'une fille de sa corpulence ne te poserait aucun problème, contra-t-elle en écartant sa remarque de la main. Maintenant, explique-moi pourquoi cette adorable jeune femme te poursuivait dans la cuisine, armée d'un couteau ?
— Je n'ai pas l'intention de parler de cela avec ma mère.
Il ramassa le couteau et la poêle qui gisaient par terre et les déposa brutalement sur la table.
Niall apparut alors sur le seuil de la porte, derrière sa mère.
— Qu'est-ce qu'il a fait à Sileas ? Si elle est blessée, je le tue.
Ian soupira en s'emparant de nouveau de la Ian soupira en s'emparant de nouveau de la poêle, au cas où il lui faudrait se défendre.
— Ça ne te regarde pas, dit sèchement sa mère à son plus jeune fils. Retourne te coucher. Je m'occupe de Ian.
Niall adressa un long regard noir à son frère, les poings serrés, avant d'obéir à sa mère. Lorsque la porte se referma enfin, Ian reposa la poêle. La situation était si grotesque qu'elle lui arracha un sourire.
— Tu vas me gronder, c'est ça, mère ? Ne suis-je pas un peu trop vieux pour ça ?
— J'ai des conseils à te donner, répondit-elle. Et tu ferais bien de m'écouter si tu ne veux pas perdre ta femme.
Laissant échapper un soupir, il suivit sa mère dans la pièce principale et s'assit près de l'âtre. Sa tête résonnait encore des coups qu'il avait reçus. La jeune femme avait un sacré bras.
— Tu n'as presque pas adressé la parole à Sileas depuis ton retour et, soudain, tu t'introduis dans sa chambre pour faire valoir tes droits d'époux, déclara sa mère en secouant la tête.
— Mère, pourrais-tu respecter mon intimité ?
Cette affaire ne concerne que Sileas et moi.
Elle repoussa de nouveau son argument d'un geste dédaigneux.
— Qu'est-ce qui t'a pris ? Tu as sauté sur cette pauvre fille ?
pauvre fille ?
— Non, mère. Je ne lui ai pas sauté dessus, répondit Ian, qui s'efforçait de garder son calme.
Mais elle est ma femme.
— Quelle espèce d'imbécile ai-je élevé ? dit-elle à voix haute en levant les yeux comme pour implorer les cieux.
— Vous m'avez forcé à l'épouser, et maintenant vous me dites que je ne peux pas agir comme son mari ?
— Tu sais parfaitement qu'il existe toutes sortes de mariages, répliqua-t-elle, un doigt pointé sur lui.
Si tu veux que le tien soit heureux, alors écoute-moi bien.
Il pensa aux parents d'Alex, qui se livraient une guerre sans merci depuis aussi longtemps qu'il les connaissait.
— Très bien, mère. Dis-moi ce que tu penses que je devrais faire.
— Tu lui as brisé le cœur et tu l'as blessée dans son orgueil, exposa-t-elle. Par conséquent, tu dois gagner son pardon et retrouver sa confiance.
— Et comment suis-je censé procéder ?
— Parle-lui, passe du temps avec elle. Montre-lui que tu tiens à elle.
— Je tiens à elle.
— Je ne suis pas persuadée qu'elle l'a compris quand tu as fait irruption dans sa chambre en pleine nuit pour réclamer ton dû.
nuit pour réclamer ton dû.
— Je te l'ai dit : ça ne s'est pas passé comme ça.
— Sileas sait qu'on t'a marié de force, reprit sa mère, à présent penchée en avant. Tu vas donc devoir la convaincre que, si le choix t'était donné, ce serait elle, et aucune autre au monde, que tu choisirais.
Il voulait encore d'elle, même après qu'elle l'avait frappé à la tête avec une poêle — à deux reprises.
Certainement, cela signifiait quelque chose.
Mais préférerait-il Sileas à toutes les autres femmes ? Une semaine plus tôt il aurait été convaincu du contraire. À présent, il ne savait plus.
— Le père de Sileas avait plus d'estime pour ses chiens que pour sa propre fille, puis elle a hérité d'un beau-père pire encore, poursuivit sa mère. Cette fille a besoin d'un homme qui voie sa vraie valeur et qui l'aime. Elle le mérite. Si tu ne t'en sens pas capable, tu ferais peut-être mieux de renoncer à elle.
Ian avait toujours bien aimé Sileas. Mais il savait que ce n'était pas à cet amour-là que sa mère faisait référence. Elle parlait de ce qu'elle partageait avec son père.
Elle se leva et prit le visage de son fils entre ses mains.
— J'avais prévu que vous vous marieriez bien avant que ton père et ton oncle te surprennent à dormir avec elle dans la forêt.
Ian haussa les sourcils.
Ian haussa les sourcils.
— Tu aurais peut-être pu m'en parler.
— Ça ne t'aurait pas rendu service, répondit-elle avant de lui déposer un baiser sur le front. Sileas et toi êtes faits l'un pour l'autre. Ne détruis pas tout en te conduisant encore comme un imbécile.
Chapitre 10
A peine Ian fut-il assis à table pour partager le petit déjeuner avec son frère et son cousin que Niall se leva d'un bond, envoyant sa cuillère valser par terre. Après avoir gratifié son aîné d'un regard meurtrier, il quitta la pièce en trombe et sortit de la maison en claquant la porte derrière lui.
— Impossible d'avoir le calme dans cette famille, déclara Alex en faisant la moue. (Il s'étira ensuite avec des mouvements exagérés.) Un bruit effroyable m'a tiré du sommeil, la nuit dernière.
— Je ne veux plus entendre un mot, Alex. Tu es prévenu, répliqua Ian.
— J'en déduis que la nuit de noces ne s'est pas déroulée comme tu l'espérais. Tu veux que je te donne quelques indications, cousin ?
Ian s'apprêtait à bondir par-dessus la table, mais il se ravisa en apercevant le regard de mise en garde d'Alex.
— Belle matinée, Sileas, lança ce dernier.
— Vraiment ? répondit-elle sèchement.
Dédaignant la place libre à côté d'Ian, elle fit tout le tour de la table pour venir s'asseoir près tout le tour de la table pour venir s'asseoir près d'Alex.
Celui-ci adressa un coup d'œil interrogateur à son cousin, puis se mit à engloutir son porridge.
Ian s'éclaircit la voix.
— Bonjour, Sil.
Elle garda les lèvres pincées en une fine ligne et entreprit de remuer le contenu de son bol avec vigueur. Le silence des minutes qui suivirent ne fut interrompu que par le bruit sporadique des couverts.
Bien que visiblement absorbée par son porridge, Sileas mangeait peu.
Finalement, elle reposa sa cuillère. Regardant derrière Ian comme s'il n'existait pas, elle demanda :
— Où est Niall ?
Ian se racla de nouveau la gorge.
— Je crois qu'il est sorti prendre l'air, répondit-il.
Il cherchait désespérément quelque chose d'autre à lui dire.
— Un peu d'air frais te ferait le plus grand bien à toi aussi, dit Alex à la jeune femme. Tu es toute pâle.
Ça te dirait que je t'emmène pêcher aujourd'hui ? La brise marine te redonnera des couleurs.
Sentant le coup de pied d'Ian, il leva le doigt qui reposait contre sa joue pour lui indiquer d'être patient.
Sileas plissa les yeux; elle réfléchissait à la proposition.
— Ce sera avec grand plaisir, finit-elle par
— Ce sera avec grand plaisir, finit-elle par répondre. Ça fait des années que je ne suis pas allée pêcher.
— Retrouve-moi sur la grève dans une heure, et je te montrerai comment il faut s'y prendre.
Nom de Dieu, mais que manigançait-il ?
La porte de la cuisine s'ouvrit soudain, et Dina apparut, s'essuyant les mains sur son tablier.
— Vous avez terminé ? s'enquit-elle. Ou vous en voulez encore ? ajouta-t-elle avec un sourire entendu à l'intention d'Alex.
— Peux-tu t'occuper du petit déjeuner de Payton, Dina ? demanda Sileas en se levant. Je dois régler quelques détails avant de partir à la pêche.
Sans attendre la réponse de Dina — ni adresser le moindre regard à Ian —, elle leur faussa compagnie et disparut dans l'escalier.
Le vent glacial lui mordait les joues et la faisait pleurer. Malgré le coup de rame sûr et régulier d'Alex, leur petite embarcation était ballotée par les eaux agitées.
Sileas était d'une humeur aussi déchaînée que la mer. Elle était furieuse qu'Ian ait tenté de se glisser dans son lit sans le lui avoir au préalable demandé.
Après l'avoir fait languir pendant cinq années, il s'était attendu à ce qu'elle lui soit reconnaissante —
reconnaissante ! — de finalement « accepter la reconnaissante ! — de finalement « accepter la situation ».
Elle n'était pas une « situation ».
Les baisers d'Ian avaient déclenché en elle un orage rugissant d'émotions. Elle avait faim de son affection, et il avait fait naître chez elle un désir si irrésistible qu'elle avait failli s'abandonner. Mais elle savait que, pour lui, il n'était question que de pulsion physique. Ian la désirait, mais pour une mauvaise raison ou, du moins, pas pour celles dont Sileas avait besoin.
— Un peu de mauvais temps ne te fait pas peur, si ? plaisanta Alex.
Elle secoua la tête. Comme lui, elle avait grandi sur l'île et se sentait aussi bien sur terre que sur mer.
— Pour autant, je n'ai pas l'impression que ce soit un jour très propice pour la pêche.
— Tu ne crois tout de même pas que je t'ai amenée ici pour pêcher ?
Elle secoua de nouveau la tête et l'observa, tandis qu'il manœuvrait la barque avec talent pour contourner un récif et gagner une crique abritée, où la mer était plus calme.
— Il était grand temps que nous ayons une petite conversation. (Il reposa les rames et se pencha en avant.) Nous avons un plan à élaborer.
Elle repoussa les cheveux qui lui fouettaient le visage.
— Un plan ?
— Un plan ?
— Oui, confirma Alex. Bon, nous savons tous les deux que tu aimes et que tu as toujours aimé Ian.
— Tu ne sais rien de ce que je ressens.
— Je suis de ton côté, ma belle, répliqua Alex.
Inutile de perdre du temps à se mentir.
Elle croisa les bras et contempla la mer.
— Il est hors de question que je passe ma vie entière à attendre qu'il ait des sentiments pour moi.
— Je n'ai jamais dit que tu devrais accepter moins que ce que tu mérites. Mais j'ai l'impression qu'Ian ignore à quel point il t'aime.
— Si tu veux mon avis, répliqua-t-elle, la mâchoire crispée, ignorer qu'il m'aime revient à ne pas m'aimer.
— Les hommes ont parfois besoin qu'on les pousse un peu, poursuivit Alex. Lui frapper la tête à coups de poêle, deux fois, c'était un bon début.
Sileas sentit la chaleur lui monter aux joues.
— Il l'avait cherché.
— Je n'en doute pas une seconde. Mais tu ne peux pas lui reprocher de vouloir t'entraîner sous les couvertures.
— Pff !
Un phoque sortit la tête de l'eau et l'observa un long moment de ses yeux noirs avant de disparaître dans les vagues.
— Tu te rappelles quand nous naviguions tous les quatre jusqu'à Knock Castle pour t'emmener les quatre jusqu'à Knock Castle pour t'emmener pêcher avec nous ? reprit Alex. L'idée venait chaque fois d'Ian. Non pas que nous autres ne t'appréciions pas, mais nous étions des jeunes en quête d'aventures et nous ne t'aurions pas prise avec nous sans l'insistance d'Ian.
— Il avait pitié de moi.
— Ian a certes toujours eu le cœur tendre, reconnut Alex. Mais il aimait que tu sois là. Il parlait sans cesse des choses amusantes que tu disais, ou de la vitesse à laquelle tu apprenais.
— Je n'étais qu'une enfant, objecta-t-elle. Il ne sait plus qui je suis, aujourd'hui.
— Alors, laisse-lui le temps de le découvrir. Tout ce que je te demande, c'est de ne pas le rejeter trop vite.
— Pourquoi essaies-tu de me convaincre ?
— Parce que je sais que tu feras de lui un homme heureux, répondit Alex avec un sérieux inhabituel.
C'est un type bien, Sileas. C'est même pour ça que tu l'as attendu si longtemps.
— Hum ! ponctua-t-elle, plus confuse que jamais.
Alex plissa les yeux en regardant les nuages qui obscurcissaient l'horizon.
— Nous ferions mieux de rentrer. L'orage approche.
Les vagues, plus violentes qu'à l'aller, secouaient leur embarcation comme un œuf dans une casserole d'eau bouillante. Sileas se tenait fermement au d'eau bouillante. Sileas se tenait fermement au rebord de la barque, savourant la fureur de la mer et la morsure des embruns sur sa peau.
— C'est grandiose, n'est-ce pas ? cria Alex avant d'échanger un sourire avec sa passagère.
La pluie drue s'abattait sur la mer, non loin derrière eux, tandis qu'Alex ramait à toute allure en direction de la grève.
— C'est Ian ? demanda Sileas en hurlant dans le vent, bien qu'elle sache déjà que c'était bien lui qui faisait les cent pas sur la plage.
— Ah, parfait ! s'exclama Alex. Même d'ici, on voit qu'il est dans tous ses états.
Ian les avait aperçus et les contemplait, les mains plantées sur les hanches.
— On reste encore un peu ? proposa Alex. Il mérite de souffrir, tu ne crois pas ?
— À quoi est-ce que tu joues, Alex ?
— Ça fait partie de mon plan pour gagner l'affection d'Ian.
— Son affection ? On le dirait prêt à nous assassiner tous les deux.
— Son attitude trahit ce qu'il ressent, expliqua Alex. Crois-moi, c'est bon signe.
Elle se rapprocha tant bien que mal de lui pour mieux l'entendre malgré le vent.
— Tu as évoqué un plan, mais tu ne m'as pas dit en quoi il consistait.
— Eh bien, tout d'abord, il faut le rendre jaloux,
— Eh bien, tout d'abord, il faut le rendre jaloux, exposa Alex.
— Jaloux ? De toi ?
Alex éclata de rire.
— Crois-le ou non, la plupart des femmes me trouvent irrésistible.
Bien qu'Alex ne soit pas son genre, elle comprenait sans difficulté que ses yeux d'un vert marin et ses traits de guerrier viking, combinés à son immense charme, puissent en séduire plus d'une.
Elle se tourna et vit Ian qui s'avançait dans l'eau d'un pas vif pour venir à leur rencontre. Il avait ce regard enragé qui faisait battre son cœur.
— Tu es sûre que c'est une bonne idée, Alex ?
— Je te propose un marché, répondit-il. Si j'ai raison et qu'il rampe à tes pieds dans moins de deux semaines, tu devras m'embrasser sur la bouche devant lui.
— Tu es diabolique, dit-elle, incapable de s'empêcher de rire, malgré la tension que l'approche d'Ian faisait peser sur eux. Et si tu te trompes ?
Un grand sourire s'étira lentement sur les lèvres du jeune homme.
— Ma foi, tout pareil, ma chère. Tout pareil.
Des fées avaient dû s'emparer de sa raison pour qu'il laisse son cousin emmener Sileas seule avec lui en mer.
« Tu ne te débrouilles pas si bien que ça, tout
« Tu ne te débrouilles pas si bien que ça, tout seul, lui avait dit Alex. Laisse-moi t'aider à lui faire comprendre ton point de vue. Tu connais ma force de persuasion ».
Ian ne savait que trop combien son cousin pouvait se montrer convaincant. Les femmes se battaient pour se ridiculiser à son bras.
La mer était déchaînée, brutale, et de lourds nuages noirs gorgés de pluie approchaient tandis qu'Ian arpentait la plage. Bon sang, mais où étaient-ils ? À quoi jouait Alex alors que l'orage menaçait ?
Le ciel s'obscurcissait davantage à chaque seconde.
Ian se rappela qu'Alex jouissait d'un sens inné de la navigation, comme si ses ancêtres vikings lui chuchotaient des conseils à l'oreille. Mais, tout de même, il n'aurait pas dû courir le moindre risque avec Sileas à bord.
Ian jeta un nouveau regard à la vieille coque de noix trouée qui reposait plus haut sur la plage. Il était si désespéré qu'il hésitait à la mettre à l'eau pour partir à leur recherche quand il aperçut leur embarcation entre deux vagues. Par tous les saints, Alex était un homme mort.
Tandis que le couple approchait du rivage, Ian entra dans l'eau agitée pour aider à tracter la barque. Ni la mer glaciale ni le vent humide qui lui fouettait le visage ne suffirent à l'apaiser. Ses nerfs s'embrasèrent même davantage lorsqu'il vit Sileas s'asseoir à côté d'Alex et qu'il entendit son rire porté s'asseoir à côté d'Alex et qu'il entendit son rire porté par la houle.
Il saisit le bord de la barque et la stabilisa pendant qu'Alex se laissait tomber dans l'eau. Mais plutôt que d'aider Ian à tirer l'embarcation, il prit Sileas dans ses bras avant de regagner la grève, en maintenant la jeune femme au-dessus des vagues.
Ian dut se charger de tirer la barque comme un vulgaire serviteur.
— Attention à la barque ! lança Alex par-dessus son épaule. Il serait dommage de la perdre.
Une fois à l'abri sur le sable, il se tourna, Sileas toujours dans ses bras, et observa Ian travailler à sa place. Nom de Dieu, mais pourquoi ne la reposait-il pas sur ses pieds, à présent ? Et elle qui souriait à Alex, comme si la situation l'amusait !
Dès que Ian eut remorqué l'embarcation, il les rejoignit à grandes enjambées.
— Ma femme est-elle blessée ?
— Je ne laisserai jamais une chose pareille arriver à ma jeune femme préférée, voyons, répondit Alex en adressant un sourire radieux à Sileas. Mais je ne pouvais quand même pas courir le risque qu'elle se fasse emporter par les vagues. Le temps est plutôt orageux, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué.
— Je te suggère de la reposer avant que je te casse les bras, répliqua Ian. Ou mieux, je vais la prendre.
prendre.
— Je peux marcher, objecta Sileas. Pose-moi par terre.
— Tout ce que tu voudras, ma chère, dit Alex avant de s'exécuter.
L'envie de frapper son cousin pour lui effacer ce sourire démangeait Ian, mais il voulait des réponses.
— Qu'est-ce qui t'a pris de l'emmener en mer alors qu'un orage approchait, nom de Dieu ? Et ne me dis pas que tu ne le savais pas.
— Bien sûr que je l'avais vu venir, répliqua Alex avec une nonchalance désarmante. Je reconnais que j'ai un peu traîné, mais nous partagions un moment tellement magnifique, vois-tu. Et nous sommes rentrés sains et saufs.
Ian foudroya Sileas du regard et n'éprouva pas le moindre remords en la voyant trembler. Les joues colorées par le vent et les cheveux en bataille, elle ressemblait à une néréide qui aurait accosté dans l'espoir de se faire enlever.
— Qu'est-ce qui vous a pris autant de temps ? lui demanda-t-il. Je n'ai pas vu le moindre poisson dans cette maudite barque.
— Ce n'est pas un temps pour pêcher, voyons.
En y repensant, il n'avait pas non plus vu de filet à bord.
— Qu'est-ce que vous avez fait alors pendant si longtemps ? cria-t-il, l'image des bras de Sileas autour du cou d'Alex tandis qu'il la portait sur la autour du cou d'Alex tandis qu'il la portait sur la plage, gravée dans sa mémoire. Ça ne te suffit pas que Gôrdan Graumach te mange dans la main ?
— Ça peut te paraître étrange, mais j'apprécie la compagnie d'un homme qui ne me hurle pas dessus, répliqua-t-elle en criant, elle aussi.
— Tu appréciais la compagnie d'Alex, c'est ça ?
Avec ses yeux d'émeraude embrasés et les mèches folles qui lui battaient le visage, elle était l'incarnation même de la magnifique reine guerrière celte, Scâthach.
— Tes accusations sont sans fondement, rétorqua-t-elle en lui frappant le torse d'un doigt menaçant.
Cette déclaration le réconforta quelque peu.
Sileas n'oserait pas lui mentir.
— Tu devrais faire attention à l'image que tu donnes
en
traînant
avec
d'autres
hommes,
poursuivit-il. Je refuse de passer pour un imbécile.
Sileas éructa ce qui aurait pu être des insultes, mais que le vent emporta. Lorsqu'il lui tendit la main, elle lui retourna un coup de pied dans le tibia.
Il resta planté là, interdit, tandis qu'elle tournait les talons pour courir jusqu'au chemin qui surplombait la grève.
Il regarda son cousin, s'attendant à ce qu'il fasse preuve d'empathie et qu'il lui présente les excuses qui lui étaient dues.
— Nom de Dieu, mais qu'est-ce qui ne tourne pas
— Nom de Dieu, mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ? demanda Alex en levant les mains au ciel. Tu étais obligé de lui crier dessus ?
— Quoi ? C'est toi qui te permets de me faire des reproches ?
— Tu peux m'accuser de ce que tu veux, répliqua Alex d'une voix acerbe, mais insulter Sileas comme tu l'as fait est impardonnable.
— J'espère que tu essaies par-là de me dire qu'il ne s'est rien passé entre vous, là-bas, reprit Ian, les poings serrés.
— Je faisais de mon mieux pour la convaincre que tu n'es pas l'imbécile que tu es. Tu as réussi, je ne sais comment, à obtenir la femme parfaite, et voilà que tu sembles faire tout ce qui est en ton pouvoir pour la perdre. (Alex, qui ne se départait habituellement jamais de son calme, ne tenait pas en place et agitait les mains.) Sileas n'est pas seulement jolie, elle est également douce et attentionnée, poursuivit-il. Et, comme si tout cela ne suffisait pas, ta famille l'adore.
— Je lui ai dit que je voulais d'elle, protesta Ian.
Qu'est-ce qu'elle attend de plus ?
— Pourquoi n'as-tu rien fait pour essayer de te racheter à ses yeux ? demanda Alex, les bras ouverts.
Ce serait trop te demander que de montrer que tu l'admires ? Que tu tiens à elle ? Ecoute, tu m'agaces, j'en ai marre.
Sur ces mots, Alex tourna les talons et laissa son Sur ces mots, Alex tourna les talons et laissa son cousin seul sur la plage. Ian n'avait pas bougé d'un pouce lorsque les cieux s'ouvrirent et le trempèrent jusqu'aux os.
Chapitre 11
Sileas était assise à la petite table de sa chambre, devant sa lettre adressée à feu le roi Jacques et une feuille de parchemin vierge. Comment s'adressait-on à une reine devenue à la fois veuve et régente ? Elle frottait l'extrémité de sa plume contre sa joue tout en réfléchissant à la question.
Votre Majesté.
Voilà qui devrait suffire. Elle se mordit la lèvre tout en recopiant sa première missive. Le fait que ce soit Ian qui lui ait appris à écrire la contrariait.
N'avait-elle donc aucun souvenir agréable de son enfance dans lequel il ne figurait pas ?
Sa mère avait décliné trop tôt pour lui enseigner l'écriture, et il ne serait jamais venu à l'esprit de son père de faire appel à un précepteur. Lorsqu'il était devenu évident que personne ne se donnerait la peine de lui apprendre, Ian s'était proposé. Pour un garçon qui n'aimait pas rester assis, il s'était montré très appliqué et avait passé des heures avec elle. Au final, et bien qu'elle n'ait la main ni féminine ni élégante, Sileas jouissait d'une plume certes lente, mais efficace.
mais efficace.
Elle fit alors une tache d'encre et dut tout recommencer sur une nouvelle feuille de parchemin.
Une fois sa lettre terminée, elle souffla dessus et la relut pour la énième fois. Cela ferait l'affaire.
Le problème à présent était de la faire porter à la reine au château de Stirling.
Elle sursauta en entendant frapper à sa porte.
Elle glissa les lettres sous une liasse de feuilles de comptes empilées sur la table.
— Qui est-ce ? demanda-t-elle.
Ian passa la tête dans l'embrasure de la porte.
Le sourire qu'il lui adressa accéléra son rythme cardiaque. Pourquoi lui faisait-il tant d'effet ? Elle l'avait soigneusement évité depuis la veille — ce qui n'était pas une mince affaire vu qu'ils évoluaient sous le même toit —, de peur que sa résolution ne faiblisse en le voyant.
— Je peux entrer ?
Comme elle ne trouvait aucune réponse, il s'avança dans la pièce et referma la porte derrière lui. Elle sentit ses joues s'enflammer au souvenir de la lettre. Elle dut réprimer une pointe de culpabilité à l'idée qu'elle lui cachait son recours à l'aide royale pour faire annuler leur mariage.
— Je te promets que je ne hurlerai pas et que je ne tenterai pas de te toucher...
Sa voix se perdit tandis que son regard glissait sur le corps de Sileas, comme s'il repensait à chaque sur le corps de Sileas, comme s'il repensait à chaque endroit qu'avaient parcouru ses mains deux nuits plus tôt.
— A moins que tu ne me le demandes.
Elle avait du mal à respirer. Avec ses longs cheveux sombres qui lui couvraient un œil et le début de barbe qui obscurcissait sa mâchoire carrée, Ian semblait impitoyable et dégageait un charme dangereux.
Il fronça les sourcils.
— Je ne te ferai jamais souffrir. J'espère que tu le sais.
Faux. Il l'avait déjà fait.
Il laissa son regard dériver dans la pièce.
— Tu as fait de cette chambre un endroit agréable. (Il inspira avec un léger sourire.) Et ça sent bien meilleur que quand j'y vivais enfant. Il y régnait une odeur de cheval, de chiens... et de moi, je suppose.
Elle se rappelait son odeur à son réveil la nuit où il s'était glissé dans son lit. Les restes de son parfum sur ses draps lui avaient fait vivre une nuit agitée.
Elle déglutit en voyant le regard d'Ian s'attarder sur le lit.
— Je suis venu te poser des questions sur les cahiers de comptes que tu m'as montrés, dit-il en revenant à elle.
Comment un homme pouvait-il avoir des yeux aussi bleus ?
aussi bleus ?
— Je suis persuadé que mon père ne s'encombrait pas de ce genre de suivi, bien que l'un de ses employés s'en soit certainement chargé pour lui. Tu vas donc devoir me montrer comment ça marche.
Elle ne put s'empêcher de hausser les sourcils, vu qu'il n'avait rien écouté la première fois qu'elle avait essayé de lui expliquer.
Il prit d'une main le tabouret qui reposait contre le mur, le posa à côté d'elle et s'assit avec souplesse. Il se déplaçait comme elle pensait qu'un lion le ferait, tout en grâce et en muscles.
Elle sursauta lorsqu'il approcha son siège.
En tendant la main vers la pile de parchemins, il appuya son bras et son épaule contre ceux de la jeune femme, et une vague de chaleur la traversa.
— Alors, jetons un coup d'œil.
Elle sortit brusquement de sa transe et lui arracha les papiers des mains.
— Ils sont classés ! s'écria-t-elle d'une voix étrangement perchée et aiguë.
Il l'observa d'un œil amusé.
Pour masquer son embarras, elle entreprit de lui exposer sa méthode de suivi du bétail de la ferme.
— Tu vois, je répertorie ici tous les vêlages...
Il lui toucha alors la main, et ses mots moururent sur ses lèvres.
— Tu as toujours été meilleure que moi, avec les
— Tu as toujours été meilleure que moi, avec les chiffres, Sil.
— C'est parce que tu manques de patience, voilà tout, rétorqua-t-elle en tentant d'adopter un air de reproche mais, malgré elle, le compliment lui ravissait le cœur.
— L'impatience est en effet l'une de mes faiblesses, avoua-t-il avec un sourire, tout en faisant lentement remonter son doigt sur l'avant-bras de Sileas. Une faiblesse que je combats de toutes mes forces.
Elle déglutit.
— Je sais ce que tu essaies de faire.
— Ah, vraiment ?
Il repoussa une mèche rebelle de sa joue, provoquant un frisson qui la parcourut de la tête aux pieds.
— Tu essaies de me séduire.
— Chacun devrait se contenter de faire ce pour quoi il est doué, commenta-t-il, une étincelle dans le regard. (Sans la quitter des yeux, il désigna la pile de feuilles.) Tu as un don pour les chiffres, tu devrais donc en garder la responsabilité.
Elle ouvrit la bouche pour lui répondre qu'elle ne serait plus là pour s'en charger, mais se retint. Ian était disposé à assumer son rôle pour le bien de sa famille et de son clan, et cela impliquait qu'il fasse d'elle sa femme pour de bon. Il était par conséquent préférable qu'il ignore qu'elle avait d'autres plans en préférable qu'il ignore qu'elle avait d'autres plans en tête.
— Et toi, pour quoi es-tu doué ? s'enquit-elle.
— Tu viens de le dire, répondit-il avec un sourire étincelant, tout en s'approchant d'elle. Pour séduire ma femme.
Elle sentit son visage s'empourprer jusqu'à la racine des cheveux.
— Je ne suis pas ta femme.
— Si.
— Tu n'as rien fait en ce sens depuis cinq ans.
Il posa une main sur sa nuque tout en se penchant vers elle.
— Eh bien, disons que je rattrape le temps perdu.
Que les saints la protègent, Ian s'apprêtait à l'embrasser.
Le souvenir de s'être réveillée sous ses baisers fit naître en elle un désir d'une puissance rare. Derrière ses paupières mi-closes brûlait une chaleur ardente.
Elle se sentit faiblir et se pencher vers lui, tel un papillon de nuit attiré par la flamme.
Il lui donna un baiser tout en douceur et en sensualité, une promesse de tout ce qu'un baiser pouvait offrir. Il se recula, et elle le suivit. Il sourit, puis fit lentement courir sa langue sur la lèvre de Sileas. Comment un contact si ténu pouvait-il susciter un appétit si vorace ? Elle agrippa sa chemise en lin pour se stabiliser.
chemise en lin pour se stabiliser.
Ian émit alors un son guttural qu'elle perçut plus qu'elle ne l'entendit. Lorsqu'il pressa de nouveau les lèvres contre les siennes, ce ne fut pas une simple caresse, mais un baiser qui lui fouetta le sang. Elle sentait le cœur d'Ian battre sous ses doigts tandis qu'il l'attirait à lui.
Elle sentait son cœur s'emballer à mesure que l'étreinte s'accentuait. Elle ne se souvenait pas d'avoir ouvert la bouche, mais leurs langues s'entremêlaient à présent dans un rythme auquel tout son corps faisait écho. Elle percevait le sentiment d'urgence, à la fois effrayant et grisant, qui s'éveillait en lui.
Il avait les doigts enfouis dans ses cheveux, et son corps était parcouru de la même tension que celle qui habitait Sileas. Tandis qu'il déplaçait sa bouche sous son oreille puis dans son cou, elle posa une main sur sa mâchoire. La courte barbe chatouilla la peau sensible de sa paume et envoya de délicieux frissons tout le long de ses bras.
Elle adorait son visage. A présent qu'elle le touchait, elle se rendait compte combien elle s'était languie de le sentir au creux de ses mains.
Elle inspira tant bien que mal tandis qu'il approchait la bouche de son corsage. Maintenant. Il fallait qu'elle l'arrête maintenant.
Mais elle avait envie qu'on la touche. Envie qu'il la touche. Envie d'Ian.
la touche. Envie d'Ian.
Elle cessa de respirer en le sentant glisser lentement la pointe de sa langue sur le haut de ses seins. Il semblait lire son corps comme un livre ouvert. À peine une étrange douleur se réveilla-t-elle entre ses jambes qu'il l'amplifia en posant une lourde main chaude sur sa cuisse. Elle émit un son guttural et, aussitôt, il releva la tête pour s'emparer de sa bouche.
Elle était enivrée, submergée par ses baisers.
Elle aurait été incapable de dire depuis combien de temps leur étreinte durait. Lorsqu'il recula, elle se rendit compte de l'avancée de la main sur sa cuisse et du souffle chaud dans son oreille.
— Nous devrions aller sur le lit, dit-il d'une voix rendue rauque par le désir, une voix qu'elle était prête à suivre n'importe où. Je ne veux pas que notre première fois se passe sur une chaise.
Le fait d'exprimer à voix haute la suite inévitable des événements ramena Sileas à la raison.
— Non, répondit-elle en le repoussant.
Il laissa tomber son front contre l'épaule de sa promise.
— Sil, ne dis pas « non », la pria-t-il comme s'il souffrait. Je t'en supplie.
L'atmosphère de la chambre était devenue étouffante. Seules leurs respirations saccadées y résonnaient.
— J'ai terriblement envie de toi.
Il ne la touchait plus, seul son front reposait sur Il ne la touchait plus, seul son front reposait sur son épaule, pourtant la tension qui les reliait était palpable.
— J'ai dit « non ».
Elle ne le repoussa pas, de peur que le moindre contact ne l'empêche ensuite de renoncer.
Il inspira à pleins poumons et expira lentement.
— Comme tu voudras, marmonna-t-il avant de se redresser sur son tabouret. Peux-tu au moins me dire pourquoi ?
Elle sentait la brûlure de son regard sur sa peau.
Elle se mordit la lèvre, mais refusa de répondre.
— Tu aimes que je t'embrasse... et que je te touche. Tu ne peux pas le nier, insista-t-il d'une voix aussi douce que du miel.
A ces mots, une nouvelle vague incandescente irradia en elle.
— Je suis persuadé que tu aimerais également...
le reste.
Oh oui ! Elle s'était souvent demandé si elle apprécierait les relations conjugales, mais plus aucun doute ne subsistait. En tout cas, pas en ce qui concernait les relations avec Ian. Son cœur battait toujours aussi fort que si elle venait de courir.
D'un doigt, il lui caressa légèrement le bras ce qui lui envoya une nouvelle décharge brûlante dans le ventre.
— Y a-t-il quelque chose qui te tracasse ? Qui te fait peur ?
fait peur ?
Oui, mais elle refusait de lui dire quoi.
— Tu redoutes peut-être la douleur de la première fois, reprit-il, mais j'ai l'impression qu'il y a autre chose.
Elle déglutit, se demandant comment il avait deviné.
— Je ne peux rien faire si tu ne me dis pas ce qui ne va pas.
Ian semblait sincère, du moins d'après ce qui filtrait à travers le martèlement qui lui emplissait les oreilles. Mais elle ne lui dirait rien. Elle avait décrété qu'elle avait besoin de plus que son simple désir. Ce n'était néanmoins pas ce qui l'avait arrêtée ce soir.
En vérité, lorsqu'il l'embrassait ainsi, son manque d'amour et d'attachement était bien la dernière de ses préoccupations.
Non, une peur différente l'avait ramenée à la réalité et lui avait donné la force de mettre un terme à ce qu'ils désiraient pourtant tous les deux.
— Tu m'as toujours fait confiance, poursuivit-il en lui prenant la main, qu'il caressa d'un pouce.
A une certaine époque, elle lui aurait absolument tout dit. Mais elle ne le pouvait plus.
Rien au monde n'aurait pu la convaincre de reconnaître que ce qu'elle redoutait, c'était de voir la flamme dans ses yeux s'éteindre lorsqu'il la découvrirait nue. Dans son ignorance, elle avait pensé qu'il serait possible de rester habillée tandis pensé qu'il serait possible de rester habillée tandis que son mari la mènerait au lit. Mais, vu la détermination avec laquelle Ian s'évertuait à lui ôter ses vêtements, cette éventualité lui paraissait à présent bien improbable.
Impossible, même.
S'il l'avait aimée, elle n'aurait sans doute pas eu cette peur. Et si elle ne l'avait pas tant aimé, cela n'aurait pas eu une telle importance.
— Tu étais une enfant intrépide. (Son regard s'adoucit, et son sourire s'élargit.) À vrai dire, tu me faisais même peur, parfois. J'avais l'impression que tu cherchais volontairement les ennuis, juste pour que je vienne t'en tirer.
— Tu as raison, c'est vrai. (Elle manqua de s'étrangler sur ses aveux ; la chose n'était pas simple à reconnaître.) Je te faisais entièrement confiance.
Mais ce n'est plus le cas aujourd'hui.
Elle aperçut l'éclat de douleur qui lui traversa le regard. Il pinça les lèvres et hocha la tête. Sa bouche s'asséchait à mesure que le silence pesant s'éternisait entre eux.
— J'ai fait défaut à ma famille et à mon clan en n'étant pas auprès d'eux lorsqu'ils avaient besoin de moi. Je veux me racheter, rétablir tout ce qui peut l'être, déclara-t-il. Je veux être ton époux, et pas simplement pour t'avoir dans mon lit, même si je mentirais en disant que cette idée ne me plaît pas.
Mais je te promets d'essayer d'être le mari Mais je te promets d'essayer d'être le mari attentionné que tu mérites.
Sileas sentit sa résolution faiblir, mais il faudrait plus qu'un beau discours pour lui faire oublier les années d'indifférence ou la douleur qu'il lui avait infligée depuis son retour.
— Et ce dont j'ai envie, moi ? demanda-t-elle d'une voix tremblante.
— Je pensais que c'était ce que tu désirais. Tu as été heureuse ici, à partager la vie de ma famille. (Il se pencha et lui adressa un sourire tendre.) Et tu m'as toujours aimé plus qu'un peu.
Ce qu'il ne disait pas, mais que tous deux savaient, c'est qu'Ian était la personne qu'elle avait aimée le plus au monde. Et, à en juger par la façon dont son cœur la faisait souffrir, c'était toujours le cas.
— Je ne veux pas que tu sois mon époux parce que tu y es contraint. (Elle déglutit et regarda ses mains, posées sur ses genoux.) Ou parce que le clan a besoin de mes terres, ou encore parce que ta mère m'adore.
— Je t'adore, moi aussi.
Il tendit le bras pour lui glisser une mèche bouclée derrière l'oreille, mais elle se recula.
— Je ne veux pas que tu sois mon époux parce que tu crois qu'il me faut une protection, ou parce que tu as pitié de moi, poursuivit-elle. Ni même parce que tu n'aimes pas t'occuper des livres de comptes.
que tu n'aimes pas t'occuper des livres de comptes.
— Je t'assure que je te voudrais toujours, même si les chiffres étaient ma passion, répondit-il en lui caressant la joue du dos de la main. (Lorsqu'elle leva les yeux, il lui adressa un regard brûlant qui lui noua l'estomac.) Sil, je te veux.
Elle dégagea sa main et se leva.
Toutes les raisons qu'il avançait auraient pu suffire s'il avait été un autre. Mais, venant d'Ian, elle en espérait davantage. Elle ne passerait pas sa vie à attendre qu'un homme lui rende son amour.
Elle se força à quitter la pièce et referma la porte derrière elle.
Chapitre 12
Alors qu'il ouvrait la porte d'entrée, Ian entendit les éclats de voix de son père.
— Regarde ce que tu m'as fait ! hurlait Payton à Niall, qui l'aidait à traverser la pièce. Tu aurais dû me laisser mourir en homme.
Sileas, qui se tenait de l'autre côté de Payton, l'incitait à avancer.
— Ce sera un grand bonheur que vous puissiez prendre de nouveau vos repas avec toute la famille.
— Tu ne veux pas venir t'asseoir à table, père ?
demanda Niall.
À l'instant où son père brandit sa canne pour en assener un coup à son frère, Ian s'apprêta à se ruer vers lui, mais Sileas était plus proche. Il sentit son cœur s'arrêter en voyant la jeune femme s'interposer entre les deux hommes.
— Je vous interdis de lever la main sur lui ! cria-t-elle.
Voyant son père retenir son coup au dernier moment, Ian respira de nouveau. Payton avait encore des bras puissants et de larges épaules. Il aurait pu la tuer !
aurait pu la tuer !
Niall dépassa Ian pour franchir la porte sans même le voir. Sileas regardait Payton droit dans les yeux, leurs nez se touchant presque — c'est-à-dire qu'ils se seraient touchés si elle avait été plus grande. Aucun d'eux ne sembla remarquer la présence d'Ian, pas plus que le fracas de la porte qui claqua.
— Si vous parlez encore une fois de cette façon à Niall, je jure que je ne vous le pardonnerai jamais, déclara Sileas.
Son buste se soulevait au rythme de sa respiration tandis qu'ils échangeaient des regards meurtriers.
— Il aurait dû me laisser mourir sur le champ de bataille, contra Payton. Il m'a privé de ma virilité en me ramenant chez moi dans cet état.
Elle lui répondit d'une voix posée, mesurée, mais avec un œil d'acier.
— Vous devriez être reconnaissant d'avoir un tel fils, après tout ce qu'il a fait pour vous.
— Reconnaissant ? Regarde-moi ! cria-t-il en désignant son membre manquant.
— Honte à vous, Payton MacDonald, pour avoir souhaité abandonner votre famille ! Voilà bien longtemps déjà que vous auriez dû cesser de vous apitoyer sur votre propre sort.
Elle tourna les talons et quitta la maison en trombe.
trombe.
Payton sautilla jusqu'à la chaise la plus proche, s'y laissa tomber avec un bruit sourd et se passa les mains sur le visage. Ian prit le whisky dans le placard et lui en servit une rasade.
— Tiens, père, offrit-il en posant le verre sur la table.
Il commença à ranger la bouteille avant de se raviser et de la placer devant son père.
Payton s'accrocha à son verre comme s'il s'agissait d'une bouée et s'absorba dans la contemplation du mur.
— Je ferais mieux d'aller trouver Niall, déclara Ian.
Son père hocha la tête sans détourner les yeux du mur.
— Fais donc, mon fils.
Comme il pleuvait à verse, Ian supposa que son frère n'avait pas dû aller bien loin. Il commença par le chercher dans la vieille dépendance, où il trouva Alex et Dina en train de s'adonner aux plaisirs de la chair. Ils ne le remarquèrent même pas. De là, il pataugea entre les flaques jusqu'à l'étable.
L'odeur du bétail et de la paille mouillée lui assaillit les narines lorsqu'il glissa un regard dans la pénombre confinée. Il s'immobilisa et tendit l'oreille.
Derrière le martèlement de la pluie, il perçut un chuchotement ténu qu'il suivit jusqu'à l'arrière du bâtiment. Là, Niall et Sileas étaient assis côte à côte bâtiment. Là, Niall et Sileas étaient assis côte à côte sur une botte de paille, entre deux vaches. Ils ne l'entendirent pas approcher.
— C'est la douleur de ton père qui parle, murmura Sileas. Il ne pense pas ce qu'il dit.
— Si, jusqu'au dernier mot, répliqua Niall en abattant la tranche de son poing derrière lui, sur la paroi de l'étable. Il s'est montré assez clair.
— Écoute, moi, je suis fière de toi, si ça a la moindre valeur à tes yeux, le consola-t-elle en posant une main sur sa joue. Je suis si fière de ce que tu as fait que j'en ai presque le cœur qui explose chaque fois que j'y repense.
— Tu es sincère, Sil ? demanda Niall, à présent rouge comme une pivoine.
— Et comment ! répondit-elle en écartant les doutes du jeune homme d'un revers de la main. Je t'ai vu devenir un homme sur lequel on peut compter les yeux fermés. Pour être honnête, je suis plus que jalouse de la femme que tu choisiras, car je suis persuadée qu'il n'y aura pas meilleur mari que toi dans toute l'Ecosse.
Ian perçut dans sa déclaration la morsure du reproche. Un homme sur lequel on peut compter. Le meilleur mari de toute l'Ecosse. Elle pointait du doigt deux de ses principales faiblesses.
— Mais n'oublie pas que c'est grâce à ton père que tu es devenu l'homme que tu es aujourd'hui, ajouta-t-elle d'un ton plus doux. Je suis folle de rage ajouta-t-elle d'un ton plus doux. Je suis folle de rage contre lui pour l'instant, mais, en même temps, je prie pour qu'il redevienne lui-même. Alors, je sais qu'il regrettera tous ces mots qu'il t'a dits.
— Ah, vous êtes là ! lança Ian, feignant d'arriver dans l'étable.
Tous deux se tournèrent en le voyant approcher.
— Je suis désolé que père ait été si dur avec toi, poursuivit-il.
— Penses-tu que j'ai fait le bon choix en ramenant père à la maison ?
Niall braquait à présent sur son frère un regard intense. Il attendait visiblement son approbation, comme dans le passé.
Ian se doutait qu'il partagerait l'état d'esprit de son père dans pareil cas. Un homme qui ne pouvait plus se battre n'était plus vraiment un homme à part entière. Pour autant, à la place de son jeune frère, il aurait agi de la même façon.
— Je ne sais pas si c'était une bonne chose, répondit-il. Mais tu n'avais pas d'autre choix.
Lorsque Sileas emboîta le pas de Niall qui sortait de l'étable, Ian la saisit par le bras. Une pointe de culpabilité le traversa lorsqu'elle fit volte-face et qu'il découvrit que la méfiance avait remplacé la tendresse qui habitait son regard tandis qu'elle parlait à son frère.
— Merci d'avoir parlé à Niall comme tu l'as fait.
Tu lui as redonné foi en lui.
Tu lui as redonné foi en lui.
L'éloge adoucit les traits de la jeune femme, et Ian se sentit une fois encore coupable. S'il ne fallait rien de plus qu'un compliment mérité pour la satisfaire, il aurait dû y parvenir plus tôt.
— Le temps ne devrait plus tarder à se calmer, reprit-il. Ça te dirait de faire un tour avec moi ?
— J'ai trop de travail à...
— Tu peux te promener avec Gôrdan et Alex, mais pas avec moi ? l'interrompit-il d'un ton acerbe malgré lui.
— Je passe d'agréables moments avec eux, répliqua-t-elle en le regardant droit dans les yeux. Je ne vois pas l'intérêt de prendre du retard dans mes tâches pour me disputer avec toi.
Elle essaya de se dégager, mais il tint ferme.
— Ah, mais je n'ai pas la moindre intention de me disputer avec toi ! Tu veux bien m'accompagner au repaire de Teàrlag ? Tu pourrais lui apporter un panier de provisions.
Il tenait de sa mère que Sileas et la sœur de Duncan s'arrangeaient à tour de rôle pour apporter de la nourriture à la doyenne. Sans ces vivres, Teàrlag n'aurait pas passé l'hiver.
— Je dois en effet lui rendre visite, concéda Sileas qui réfléchissait visiblement, les lèvres pincées.
— Dans ce cas, viens avec moi, tiens-moi compagnie, insista Ian.
compagnie, insista Ian.
— D'accord, accepta-t-elle. Mais pourquoi dois-tu te rendre là-bas ?
— Je suis censé y retrouver Connor et Duncan.
Tu penses être prête d'ici une heure ou deux ? J'ai quelque chose à régler avant de partir.
Sileas s'évertua à contenir son irritation tandis qu'elle montrait à Dina où se trouvaient les ustensiles dans la cuisine. En réalité, « irritation »
était un mot bien trop faible pour décrire ce qu'elle éprouvait.
Non pas que Dina eût fait quoi que ce soit pour l'exaspérer — du moins, jusqu'alors — , mais, chaque fois qu'elle la regardait, elle ne pouvait s'empêcher de la voir collée à Ian, ses jambes croisées dans son dos nu, tandis qu'ils s'agitaient derrière la cabane du berger.
Sileas posa bruyamment un pot sur la table et fut doublement contrariée de ne pas se souvenir de l'usage qu'elle avait prévu pour lui.
Le couple avait été trop absorbé dans la luxure pour remarquer la petite fille de neuf ans qui les observait non loin de là. D'abord trop choquée, Sileas n'avait pas eu le réflexe de se couvrir les yeux, ce qui expliquait sans doute pourquoi elle se rappelait la scène dans ses moindres détails. Mais, même une fois retournée, elle percevait encore les étranges retournée, elle percevait encore les étranges gémissements de Dina et les « Oh oui ! Oui ! » qu'elle criait.
— Oui ?
La voix de Dina la fit sursauter.
La jeune femme la dévisagea d'un œil perplexe.
— Est-ce là que Beitris cache le sel ?
Sileas hocha la tête sans même regarder la direction qu'indiquait Dina. Sa présence sous ce toit lui répugnait. Comment Ian avait-il pu inviter son ancienne amante dans cette maison ? Mais, après tout, elle n'était pas vraiment chez elle ici.
Et peut-être Dina n'était-elle pas non plus seulement l'ancienne amante d'Ian.
Sileas entreprit de trancher des navets à l'aide d'un grand couteau.
Elle en voulait à Ian de rappeler à sa mémoire de douloureuses images. Et constater que cela l'atteignait toujours autant que lorsqu'elle était enfant la contrariait encore plus. Après ce jour, tout avait changé entre elle et Ian. Elle cessa de jouer du couteau. Non, le changement avait déjà commencé avant.
À mesure qu'Ian laissait l'enfance derrière lui, il venait de moins en moins souvent à Knock Castle pour l'emmener faire un tour de cheval ou de bateau.
Puis il était parti étudier dans les plaines pendant plusieurs mois d'affilée.
Lorsqu'il revenait, il ne faisait que s'entraîner au combat avec les hommes, ou flirter avec les jeunes combat avec les hommes, ou flirter avec les jeunes filles assez âgées pour avoir de la poitrine.
Et, parfois, le flirt ne suffisait pas.
— Tu n'as pas émincé grand-chose, souligna Dina en désignant le seul navet tranché qui reposait sur la table.
— Penses-tu pouvoir t'en sortir seule avec le dîner ? demanda Sileas en ôtant son tablier. J'ai une course à faire.
Elle quitta la cuisine sans même attendre la réponse de Dina et se mit en quête d'Ian, bien décidée à lui dire qu'elle avait changé d'avis et qu'elle ne souhaitait plus l'accompagner chez Teàrlag.
Elle
s'immobilisa
brusquement
en
l'apercevant derrière l'étable avec son père.
Sa gorge se noua, et des larmes lui montèrent aux yeux tandis qu'elle observait la scène. Maudit Ian ! Alors qu'elle était enfin prête à reconnaître qu'il ne restait en lui plus rien du jeune homme qu'elle avait aimé, il fallait qu'il fasse ce genre de choses.
Ian avait taillé une pièce de bois qu'il avait fixée à l'aide de sangles à la jambe sectionnée de son père.
Un bras sur les épaules de son fils, Payton apprenait à marcher avec.
Depuis le retour de Payton, ils l'avaient tous traité comme l'invalide qu'ils voyaient en lui. Ils allaient le chercher, l'emmenaient avec eux et —
jusqu'à ce jour —composaient avec sa colère de ne plus être l'homme qu'il avait été. Mais Ian était un plus être l'homme qu'il avait été. Mais Ian était un guerrier et comprenait mieux son père qu'eux.
Elle sentit la culpabilité la ronger en se rendant compte que c'était la première fois que Payton — un homme qui avait l'habitude de passer le plus clair de son temps à l'extérieur — sortait de la maison depuis que Niall l'avait ramené.
Elle observa Ian qui marchait avec son père d'un pas extrêmement lent sur toute la longueur de l'étable avant de revenir et de répéter l'opération.
— Tu prends le coup, père.
Payton grogna.
— Je vais bientôt pouvoir danser, c'est ça ?
— Tu as toujours été un très mauvais danseur, père.
En entendant le rire de Payton, Sileas sentit faiblir un peu plus sa résolution de résister à Ian.
Son geste ressemblait tant au Ian de ses souvenirs. Il avait compris ce qui aiderait son père et s'était attelé à la tâche.
— Tu marcheras seul en un rien de temps, déclara Ian. Et dès que tu y arriveras, on te remettra une épée entre les mains.
— Bien. Je suis bien meilleur bretteur que danseur, concéda Payton.
Ian riait encore lorsqu'il leva les yeux et aperçut Sileas. Elle essuya ses larmes juste avant que Payton la remarque à son tour.
— Ah, Sileas ! lança-t-il, l'œil rieur. C'est une
— Ah, Sileas ! lança-t-il, l'œil rieur. C'est une bien belle journée pour sortir, n'est-ce pas ?
Il régnait un froid glacial et humide.
— Magnifique en effet, Payton, reconnut-elle, le regard voilé. La plus belle depuis bien longtemps.
Chapitre 13
De violentes émotions tiraillaient Sileas : malgré sa colère contre Ian, elle éprouvait pour lui de la reconnaissance pour le geste qu'il avait eu envers Payton. Elle se rendit compte que, à l'occasion de cette balade jusqu'au repaire de Teàrlag, pour la première fois depuis son retour elle se retrouvait seule avec lui — à l'exception bien sûr de ses deux visites dans sa chambre à coucher, lesquelles n'avaient pas été particulièrement propices à la conversation.
— Comment vas-tu t'y prendre pour que Connor soit désigné chef ? demanda-t-elle, faute de mieux.
— Je ferai tout ce qu'il faudra pour le bien du clan, répondit Ian. Je ne reculerai devant rien pour Connor. Il est comme un frère pour moi.
Si Ian avait un plan en tête, il ne semblait pas disposé à le lui exposer.
— Le repaire de Teàrlag est une bonne idée comme point de rendez-vous, reprit-elle. Je ne croise presque jamais personne sur le chemin qui y mène.
— Je soupçonne Connor et Duncan de s'être installés dans la grotte qui borde la plage sous son installés dans la grotte qui borde la plage sous son repaire. Cet endroit est parfait pour y dissimuler la galère de Shaggy.
— Je me souviens de cette grotte, dit-elle en se tournant vers lui. Vous vous y cachiez souvent, et prétendiez être de dangereux pirates.
Les autres garçons avaient été furieux qu'elle les y débusque, jusqu'à ce qu'Ian propose de lui faire jouer une princesse prisonnière qu'ils retenaient contre rançon. A l'époque, se retrouver bâillonnée et attachée lui avait paru être un prix bien faible à payer pour faire partie de leur jeu.
Le chemin s'éloignait de la mer pour le dernier mile, emmenant les voyageurs dans la vallée afin d'éviter les hautes falaises à pic qui s'étiraient le long de la côte. Avant le coude, Sileas et Ian quittèrent le chemin pour gagner un replat herbeux au sommet de la falaise.
— C'est un de mes lieux préférés, déclara la jeune femme.
Elle inspira la fraîche brise marine, le regard rivé sur la colline qui s'élevait de l'autre côté de la crique. L'excitation lui chatouillait le bout des doigts tandis qu'elle écoutait le son des vagues qui s'écrasaient en contrebas. Comme pour beaucoup d'habitants de l'île, le caractère sauvage de la mer résonnait au plus profond de son âme.
— Tu veux aller voir si le tronc est toujours là ?
proposa Ian, le doigt pointé sur leur droite, où un proposa Ian, le doigt pointé sur leur droite, où un sentier longeait l'à-pic.
— D'accord, allons-y.
Ian lui prit la main et lui sourit en la glissant contre sa poitrine pour la garder au chaud. Elle savait qu'il se rappelait, tout comme elle, les fois où ils avaient emprunté cette piste, main dans la main.
— Je ne risque plus de tomber, aujourd'hui, dit-elle en lui rendant son sourire.
— Je préfère quand même te tenir. Le vent souffle fort, et la chute serait terrible.
La première partie du sentier était assez large pour qu'ils avancent de front entre l'affleurement rocheux et le vide. Quelques pas plus loin, ils durent contourner un large rocher. Puis, le sentier se fit plus étroit avant de se terminer brusquement devant une profonde crevasse dans la falaise.
— Le tronc est toujours là, déclara Ian d'un ton guilleret.
Lors d'un orage qui avait éclaté longtemps auparavant, un arbre, jusqu'alors agrippé à la roche escarpée, était tombé en travers du précipice, offrant un pont de fortune d'une trentaine de pieds de long.
Le seul moyen de poursuivre était de l'emprunter, comme le faisaient les chèvres.
Sileas dut retenir son souffle en risquant un regard vers le vide.
— Je n'arrive pas à croire que vous passiez parlà plutôt que de faire tout le tour par le chemin là plutôt que de faire tout le tour par le chemin principal.
— Nous étions des imbéciles. C'est un miracle qu'aucun de nous ne se soit tué, reconnut Ian, qui la retenait. Cela dit, la seule fois où j'ai vraiment eu peur, c'est quand tu nous as suivis.
Sileas ressentait encore le contact du bois glissant sous ses pieds nus, elle entendait également le ressac en contrebas et l'éclat des vagues sur les brisants. Ian lui avait dit de ne pas venir. Elle s'était donc cachée derrière le gros rocher jusqu'à ce que les quatre garçons aient franchi le précipice et disparu de l'autre côté du sentier.
— J'ai perdu une année d'espérance de vie lorsque je me suis retourné et que je t'ai aperçue sur le tronc.
Ian passa un bras sur ses épaules et la serra contre lui.
Elle était arrivée au milieu de la crevasse avant de baisser les yeux et de se pétrifier.
— Pourquoi est-ce que tu t'es retourné, ce jour-là ? lui demanda-t-elle.
Le contact de son bras était agréable ; elle ne put s'empêcher de se coller davantage contre lui.
— J'ai senti une espèce de frisson me glacer la nuque, répondit-il avec un sourire qui la transperça, tout en lui passant un doigt sous le menton.
Sileas observa l'eau qui montait tandis qu'une nouvelle vague emplissait l'étroite crevasse pour nouvelle vague emplissait l'étroite crevasse pour venir
s'écraser
contre
les
parois
verticales.
Lorsqu'elle explosa en mousse et en embruns, Sileas se sentit de nouveau en proie à la peur qui s'était emparée d'elle sur ce tronc, alors qu'elle n'était qu'une petite fille. Ce jour-là, elle avait été incapable d'arracher son regard des flots bouillonnants qui rugissaient sous ses pieds — jusqu'à ce qu'elle entende Ian crier son nom.
« Ne regarde pas en bas, Sil, regarde-moi.
Regarde-moi ! »
Se mordant la lèvre, elle avait décroché ses yeux des tourbillons marins pour les reporter sur Ian.
«Tu n'as rien à craindre, je vais venir te chercher. »
Il avait alors traversé le tronc à sa rencontre, la soutenant du regard et lui parlant sans cesse.
Aujourd'hui encore, elle se souvenait de la vague de soulagement qui l'avait parcourue lorsqu'il lui avait finalement saisi le poignet.
«Je te tiens, maintenant. Je ne te laisserai pas tomber. »
Et il avait tenu parole.
Sileas s'aperçut qu'elle retenait son souffle et expira. Une profonde gratitude lui emplissait le cœur pour le garçon de onze ans qui avait, sans une seconde d'hésitation, traversé le tronc pour voler à son secours. Ian avait toujours été ainsi : téméraire et décisif dans les moments graves. Ce n'était pas la et décisif dans les moments graves. Ce n'était pas la seule fois qu'il l'avait secourue, seulement la plus spectaculaire.
Depuis ce jour, chaque fois qu'elle se trouvait en danger, elle ne priait plus Dieu de la sauver, mais plutôt d'envoyer Ian.
— Sileas, appela-t-il.
Elle détourna son attention du garçon de ses souvenirs pour revenir au jeune homme qui se tenait derrière elle. Il l'adossa contre le rocher et l'étreignit.
— Je pense que tu me dois un baiser pour m'avoir fichu une telle trouille ce jour-là.
Sans attendre son assentiment, il baissa la tête.
Elle ne put lui résister — n'en avait pas envie.
S'agrippant à son tartan pour se stabiliser, elle leva le visage vers lui. Au contact de ses lèvres, elle crut fondre. L'eau qui déferlait avec fracas sous leurs pieds et le vent qui battait violemment les branches au-dessus d'eux faisaient écho au bouillonnement intérieur qui l'animait.
Son cœur battait si vite qu'elle se sentit comme enivrée, tandis qu'il lui embrassait le nez, les paupières, les joues.
— M'as-tu amenée ici en pensant que l'endroit me mettrait dans de meilleures dispositions à ton égard ? demanda-t-elle.
— Oui, répondit-il en lui mordillant l'oreille. Est-ce que ça marche ?
Sous la vanité et le côté redoutable de Ian, Sileas Sous la vanité et le côté redoutable de Ian, Sileas perçut les impressions du garçon au grand cœur qu'elle connaissait. Au souvenir du gamin qui aurait risqué sa propre sécurité pour accourir à sa rescousse, elle était presque disposée à lui faire de nouveau confiance.
Pour autant, ce n'était pas le garçon qui l'avait abandonnée, mais l'homme.
— Tu ne sentais pas si bon, à l'époque, reprit Ian, le nez dans ses cheveux. (Il glissa les mains sous sa cape et les fit remonter sur les flancs de Sileas qui, comme saoule, en eut le souffle court.) J'aime encore plus sentir ton contact.
Il était difficile de réfléchir avec les mains d'Ian sur elle et sa voix au creux de son oreille. Elle parvint finalement à placer les paumes contre son torse.
— Tu as eu ton baiser, dit-elle. Il est temps de se remettre en route.
— Ce baiser n'était que pour la frousse de ce jour-là, répondit-il en l'embrassant doucement le long de la joue. J'ai bien peur que tu ne m'en doives de nombreux autres pour t'avoir fait franchir ce tronc.
Elle sentit son cœur s'emballer lorsqu'il lui prit de nouveau la bouche. Ses lèvres étaient douces, chaudes, et, une fois encore, elle fondit dans ses bras.
Puis elle s'arracha à lui, déboussolée et les joues en feu.
feu.
— Je suis bien content d'avoir attendu pour réclamer mon dû, déclara-t-il avec un sourire et une lueur maligne dans le regard.
— Je ne suis pas un bibelot avec lequel on joue, répliqua Sileas en tentant de le repousser, mais il était aussi immuable que le rocher auquel elle était adossée.
— Je ne vois pas ce que tu veux dire, répondit-il d'une voix où perçait à présent la colère ; son sourire avait disparu. Qu'est-ce qui te fait penser que je te prends à la légère ?
— Peut-être parce que tu as fait comme si ni moi ni ton serment n'existions, au cours des cinq dernières années, expliqua-t-elle. Et n'essaie pas de me dire que tu n'as pas connu de femmes en France, parce que je ne te croirais pas.
— Je ne te considérais alors pas comme mon épouse. (Il lui saisit le menton et riva sur elle son intense regard bleu.) Mais maintenant si.
— Eh bien, moi pas.
Elle se libéra de son bras pour contourner le rocher, mais il la saisit par la taille et la ramena à lui.
— Tu es ma femme, que tu le veuilles ou non, déclara-t-il au-dessus de sa tête. Alors, autant que cela te plaise.
— Cela ne me plaît pas, répliqua-t-elle. Pas du tout.
— Tu mens, Sil, affirma-t-il en la dévorant du
— Tu mens, Sil, affirma-t-il en la dévorant du regard. Tu aimes quand je t'embrasse. Si tu l'as déjà oublié, je vais devoir te le prouver de nouveau.
Il la serra alors dans ses bras et entreprit de lui faire perdre la raison. L'assaut qu'il menait contre ses sens réduisait à néant chacun de ses arguments, l'un après l'autre. C'était comme si, jusque-là, elle avait été affamée de ses baisers sans le savoir. Mais, à présent qu'elle avait identifié l'objet de son manque, il fallait qu'elle s'en repaisse, qu'elle le touche. Elle aurait voulu avaler Ian tout entier, le prendre en elle pour ne jamais le perdre.
Elle s'agrippait à lui, incapable de s'approcher assez.
— Je veux te sentir, souffla-t-il en rejetant sa cape.
Partout où il les posait, ses mains laissaient sur sa peau une intense brûlure qui l'attirait sans cesse davantage. Il baissa la tête pour plaquer ses lèvres contre la veine folle qui battait dans le creux de son cou. Sileas inspira tant bien que mal lorsqu'elle sentit ses paumes couvrir sa poitrine.
— Ah, grogna-t-il. Tes seins sont faits pour mes mains.
Il se pencha plus encore en avant et fit courir sa langue sur sa gorge. Ses lèvres étaient chaudes et humides contre sa peau. Lorsqu'il saisit un de ses tétons, une vague brûlante de désir pur déferla en elle, telle une rasade de whisky.
elle, telle une rasade de whisky.
Elle rejeta la tête en arrière contre le rocher, se laissant envahir par ces nouvelles sensations. En sentant la bouche d'Ian sur sa poitrine, elle sursauta.
Il avait libéré le téton de l'épais tissu de sa robe et faisait jouer sa langue dessus : une sensation si délicieuse qu'elle aurait voulu qu'il n'arrête jamais.
Il referma la bouche sur son sein, et elle frissonna des pieds à la tête. Un fugace instant d'embarras la traversa quand elle laissa échapper un gémissement, mais il fut bien vite englouti dans le tourbillon d'émotions qu'Ian faisait naître en elle. Il remonta vers sa gorge en une ligne de baisers passionnés, la laissant enfin respirer avec peine.
— Ah, j'adore les sons que tu fais ! lui glissa-t-il à l'oreille. J'aimerais te sentir sous moi, Sileas. Je veux me perdre en toi et te donner tant de plaisir que tu crieras mon nom.
Il continua à l'embrasser jusqu'à ce que ses lèvres lui fassent mal. Lorsqu'il cessa, l'air glacial éteignit le feu qui lui embrasait la peau. Privée de ce corps qui s'était pressé contre le sien, elle ressentit comme un manque. Elle était étourdie, désorientée.
Des picotements lui parcouraient les seins, son intimité la faisait presque souffrir, et ses doigts la démangeaient tant elle voulait toucher ses cheveux ou le tissu rugueux de sa chemise.
— Tu vois que tu aimes mes baisers, fanfaronna Ian, bien trop sûr de lui. Et je te promets que tu les Ian, bien trop sûr de lui. Et je te promets que tu les aimeras plus encore lorsque je te mènerai au lit.
Elle passa la langue sur ses lèvres sèches.
— Ça ne veut pas dire pour autant que j'aime être mariée à toi.
— C'est un bon début, répliqua-t-il, une lueur dans le regard.
— Tu es bien vaniteux, Ian MacDonald, déclarat-elle avant de s'appliquer à réajuster sa robe.
Sentant Ian se raidir, elle leva les yeux et vit que son attention était fixée sur quelque chose dans son dos. Il se plaqua un doigt sur les lèvres et désigna le chemin d'un signe de tête. Elle se retourna. Une vingtaine d'hommes le parcourait dans leur direction. À en juger par les épées qu'ils transportaient, ils s'attendaient à rencontrer des ennuis, à moins qu'ils n'aillent les créer eux-mêmes.
Le groupe était mené par Hugh Dubh MacDonald en personne.
Sileas perçut la tension qui habitait Ian lorsqu'il se plaqua contre elle, les collant tous deux au rocher.
— C'est Connor qu'ils viennent chercher, chuchota-t-il tout près de son oreille, tandis que les soldats suivaient le coude du chemin.
— Oh non ! Que pouvons-nous faire ?
— Le sentier de la corniche est le plus court pour aller chez Teàrlag. (Il fit volte-face et lui donna un baiser fougueux.) Je dois prévenir Connor et Duncan. Attends-moi ici, je reviens aussi vite que Duncan. Attends-moi ici, je reviens aussi vite que possible.
— Je viens avec toi. Vous pourriez avoir besoin de moi.
— Non. Tu restes ici. Je n'ai pas le temps de discuter. (Il s'éloigna de quelques pas avant de s'immobiliser.) Diable !
Elle se tourna de nouveau pour voir ce qui l'avait interpellé. Quatre des hommes de Hugh s'étaient postés en bordure du chemin principal, laissant les autres poursuivre leur route.
— Que font-ils ? chuchota-t-elle.
— Hugh a dû se souvenir que nous prenions ce sentier, répondit-il à voix basse. Il laisse des hommes pour couper toute retraite à Connor et Duncan.
Elle leva les yeux et vit qu'il avait la mâchoire crispée et le regard d'un bleu acier.
— Viens, lui dit-il. Je ne peux plus te laisser ici, maintenant.
Chapitre 14
Ian s'engagea sur le tronc comme s'il s'était agi de franchir un vulgaire pas de porte et non une falaise à pic. Lorsque Sileas lui avait annoncé, plus tôt, qu'elle voulait l'accompagner, elle avait été motivée par la seule envie de ne pas être séparée de lui. Mais la peur lui nouait à présent l'estomac.
Ian se tourna de côté sur le pont de fortune et lui tendit la main.
— Accroche-toi, nous allons traverser tous les deux.
Malgré le froid ambiant, elle avait les paumes moites. Elle les essuya sur sa cape avant de répondre à son invitation. La main qui se referma sur la sienne était sèche, chaude et rassurante. Avec précaution, Sileas avança un pied sur le bois.
— Je ne sais pas si je vais y arriver.
— Souviens-toi juste de ne pas regarder en bas.
Nous serons de l'autre côté avant même que tu t'en aperçoives.
Elle fit un nouveau pas. Ses deux pieds reposaient à présent sur le tronc, au-dessus du précipice. Elle avait beau garder les yeux rivés sur précipice. Elle avait beau garder les yeux rivés sur Ian, elle percevait le tumulte en contrebas.
— Tu te débrouilles très bien, l'encouragea Ian.
Je ne te laisserai pas tomber.
Elle progressa un peu plus.
— Il est plus facile de garder ton équilibre en avançant rapidement, dit-il l'incitant à accélérer.
Elle fit un nouveau pas, puis un autre. L'épreuve lui semblait devenir plus simple. Elle se permit même de reprendre son souffle.
A mi-chemin, son pied glissa sur une plaque de mousse. Elle retrouva son équilibre presque aussitôt, mais son regard tomba sur les eaux bouillonnantes au pied de la falaise. Tétanisée par la panique, elle sentit la sueur ruisseler sous ses bras. Ses pieds refusaient de bouger.
— Regarde-moi, l'invita Ian d'un ton rassurant.
Je te tiens, Sil. Je te tiens.
Au prix d'un terrible effort, elle parvint à arracher son regard aux vagues déchaînées pour le porter sur Ian. Il semblait calme et confiant.
— Là, voilà, c'est très bien. Nous y sommes presque.
Pas après pas, elle le suivit, étreignant sa main à en avoir les doigts douloureux. Une éternité plus tard, elle atteignit le bout du tronc, et Ian la prit dans ses bras. Le soulagement qu'elle ressentit en posant le pied sur la terre ferme lui fit tourner la tête.
tête.
— Tu vas me devoir un millier de baisers pour ça, dit-il d'une voix avide et tendue. Nous devons nous dépêcher, maintenant.
Mais l'épreuve n'était pas encore terminée; il leur fallait encore progresser à flanc de falaise jusqu'au repaire de Teàrlag.
— Tu peux me lâcher la main ? demanda-t-elle à Ian qui l'entraînait toujours à sa suite. Je ne sens plus mes doigts.
— Non.
Le sentier s'étrécit encore jusqu'à n'être plus qu'une corniche à peine assez large pour y poser un pied. Ils avancèrent en crabe, le dos à la paroi, sur des pierres branlantes. Sous ses orteils, il n'y avait plus rien que le vide, les vagues grises et l'écume blanche.
Sileas entendait le battement de son cœur tandis qu'elle examinait l'à-pic à la recherche de buissons accrochés au roc auxquels elle pourrait se rattraper en cas de chute.
C'est alors que son talon glissa sur le sol instable et que son pied se déroba sous elle. Elle hurla le nom d'Ian et glissa vers sa mort.
Elle continua à crier, les deux jambes dans le vide.
— Je te tiens, dit Ian d'une voix où perçait la tension.
Elle se tut et leva les yeux. Ian avait les genoux Elle se tut et leva les yeux. Ian avait les genoux fléchis, un bras plaqué contre l'affleurement pour ne pas basculer, et son autre main toujours serrée autour du poignet de Sileas. L'effort violent qu'il fournissait était visible tant il avait la mâchoire crispée et les muscles du cou saillants.
Dans un grognement, il la hissa sur la corniche.
Ses genoux tremblaient si fort qu'elle serait retombée aussitôt si Ian ne l'avait pas retenue.
— On ne peut pas s'arrêter ici, dit-il en la regardant droit dans les yeux. Je t'ai dit que je ne te laisserai jamais tomber. Tu dois me faire confiance.
Elle hocha la tête. Ian lui tenait fermement le bras ; il ne la lâcherait pas.
—
Encore
un
petit
effort,
ma
chérie,
l'encouragea-t-il. Je vois presque le repaire de Teàrlag.
Le cœur au bord des lèvres, Sileas parvint malgré tout à le suivre.
— Là, c'est très bien. Plus que trois ou quatre pas, et on y est.
Lorsque le sentier déboucha enfin sur la clairière menant chez la voyante, Sileas n'avait plus qu'une envie : tomber à genoux et embrasser l'herbe.
— Et pour ça, tu me dois un nombre incalculable de baisers, déclara Ian. (Il s'essuya le front d'un revers de la manche.) Maintenant, nous devons trouver Connor et Duncan.
Ils gagnèrent le repaire en courant et y Ils gagnèrent le repaire en courant et y découvrirent les deux hommes attablés, en train de déguster un ragoût dans de grands bols de bois.
— Il est temps de filer, les gars, les informa Ian avec un calme froid. Hugh et vingt de ses hommes armés empruntent le chemin en ce moment.
Connor et Duncan s'étaient levés d'un bond avant même qu'il eut fini de parler.
— On sera dans la grotte, décida Connor qui sanglait sa claymore. Faites du bruit pour nous prévenir s'ils descendent vers la plage.
— Entendu. Partez, maintenant.
— Désolé, Teàrlag, s'excusa Connor par-dessus son épaule avant de franchir la porte.
-Mets-moi mon ragoût de côté, dit Duncan en attrapant une galette d'avoine.
Il les salua d'un geste de la main et emboîta le pas de Connor.
Sileas s'affala sur la chaise encore chaude où était assis Connor peu avant.
— Où est ton whisky, Teàrlag ? demanda Ian.
— Je vais le chercher, répondit la vieille femme.
Incapable de bouger, Sileas regarda les deux autres agir avec vitesse et précision. En un clin d'œil, Ian versa le contenu des bols dans la marmite suspendue dans la cheminée, les essuya avec un linge et les remisa sur l'étagère qui surplombait la table.
Pendant ce temps-là, Teàrlag extirpa un pichet Pendant ce temps-là, Teàrlag extirpa un pichet de sous son matériel à couture, dans le panier qui reposait dans un coin de la pièce, et en versa une généreuse quantité dans deux coupes placées sur la table.
— Bois ça, ordonna Ian à Sileas en lui montrant l'exemple.
La jeune femme manqua de s'étrangler tant la brûlure qui lui ravagea la gorge était intense.
Ian essuya les coupes, les rangea sur l'étagère et s'assit à côté de sa promise.
— Voilà, nous étions en train de faire un brin de causette avec Teàrlag.
Quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit brusquement, et plusieurs hommes, précédés de leur odeur de fauve, se massèrent dans la pièce. Le premier d'entre eux n'était autre que Hugh Dubh.
Sileas ne l'avait pas revu d'aussi près depuis qu'elle était toute gamine. Tandis que Hugh balayait les lieux exigus du regard, elle fut frappée par sa ressemblance avec son frère, l'ancien chef de clan, et avec Ragnall. Il avait le même visage anguleux, la même mâchoire forte, et dégageait la même impression de puissance. Mais son regard, couleur de brume marine, dégageait quelque chose de sinistre.
Le chef et Ragnall avaient été des hommes sévères, mais celui-là était habité par le mal.
— Où sont-ils ? aboya Hugh.
La vache, derrière la demi-cloison qui la séparait La vache, derrière la demi-cloison qui la séparait de la pièce principale, protesta lorsqu'un homme de Hugh la poussa de côté pour sonder sa paille à coups de claymore.
— Si vous lui faites perdre son lait, vous aurez affaire à moi, l'avertit Teàrlag.
— Les trois autres ne peuvent pas être bien loin, si vous êtes ici, déclara Hugh en s'adressant à Ian.
Pourquoi est-ce que tu ne nous épargnerais pas à tous beaucoup d'ennuis en me disant où se trouve mon neveu ? Connor et moi avons à parler.
— Je suis persuadé que vous savez déjà qu'Alex s'est installé chez nous, répondit Ian en se calant dans sa chaise comme s'ils discutaient le bout de gras. Mais je n'ai vu ni Connor ni Duncan.
— Je ne peux m'empêcher de me demander quelle raison a pu pousser Ian MacDonald à consulter cette vieille femme, reprit Hugh en inclinant la tête en direction de Teàrlag. Et la seule réponse qui me vient à l'esprit, c'est : aucune. J'en déduis donc que, si tu es là, c'est que les autres doivent se cacher dans le coin. (Il adressa un geste à ses hommes et regagna la porte.) Venez, les gars.
Allons les trouver.
— Je n'ai fait qu'accompagner mon épouse, expliqua Ian en posant le bras sur le dossier de la chaise de Sileas.
Il attendit que Hugh fasse volte-face pour ajouter :
ajouter :
— Les problèmes de femmes, vous savez.
Hugh dévisagea la jeune femme, lui donnant le sentiment qu'il voyait sous ses vêtements.
— Elle ne me semble pas avoir de problème.
— Elle n'en a aucun, en effet, intervint Teàrlag, s'attirant aussitôt l'attention de tous.
— Je savais qu'Ian mentait, cracha Hugh, qui exhibait déjà son dirk.
— Il est vrai que sa femme l'a conduit ici, poursuivit Teàrlag avec une moue désolée. Il arrive qu'une fille connaisse des difficultés avec son époux, bien que celles-ci se manifestent rarement chez des gens aussi jeunes qu'Ian.
Celui-ci manqua de s'étouffer et faillit bondir de sa chaise.
— Teàrlag ! s'écria-t-il en foudroyant la vieille femme du regard.
— Serais-tu en train de nous dire que notre brave Ian a du mal à satisfaire sa charmante épouse ? demanda Hugh avec un rictus.
— Rien de grave, dit Teàrlag qui semblait vouloir minimiser l'étendue des dégâts.
Sileas retint un rire et posa une main sur la cuisse d'Ian pour l'empêcher de se lever.
— Sileas est d'une patience infinie, reprit Teàrlag, l'air triste. Elle a attendu son époux pendant cinq longues années. Je suis sûre qu'elle est disposée à patienter encore un peu, le temps qu'il se remette de sa... blessure de guerre.
remette de sa... blessure de guerre.
— Ce n'est pas là que j'ai été blessé, protesta Ian.
Mes parties vont très bien, merci.
Hugh et ses hommes éclatèrent de rire.
— C'est parfois là que résident les blessures, dit Teàrlag en désignant sa tempe d'un doigt noueux.
Mais ne t'en fais pas, je vais te préparer une potion qui fonctionne... parfois.
A la vue de l'outrage qui se dessinait sur les traits d'Ian, Sileas dut se mordre les joues pour refouler son hilarité.
Hugh et ses hommes s'esclaffaient. Plus Ian enrageait et plus ils gobaient l'histoire de la doyenne.
— Si tu perds patience avec Ian, je peux toujours te trouver un nouveau mari, proposa Hugh avec un clin d'œil grivois. Un homme qui saura redresser la barre.
Un nouvel éclat de rire parcourut ses rangs.
— Ne vous donnez pas cette peine, répondit Sileas en baissant les yeux. Je suis certaine qu'Ian sera bientôt droit comme la justice.
— C'est une justice bien raide qu'elle espère, glissa un des hommes, qui fut récompensé par une vague de gloussements.
— Je n'ai aucun problème. (Ian se leva d'un bond, les bras tendus, poings serrés.) Et je suis prêt à combattre quiconque dira le contraire.
— Tu ferais mieux d'économiser tes forces, lui répliqua Hugh entre deux éclats de rire. (Il se tourna répliqua Hugh entre deux éclats de rire. (Il se tourna vers Sileas.) N'oublie pas ma proposition.
Voyant qu'Ian s'approchait de Hugh, la jeune femme s'interposa.
Ian avait le souffle court ; Sileas sentait sous ses doigts les muscles tendus de ses bras. Ce serait pure folie que de laisser Ian s'attaquer à Hugh et cinq de ses hommes, sans compter les quinze autres qui attendaient à l'extérieur.
Hugh rejeta la tête en arrière et emplit la petite pièce de son rire sonore. Sileas savait qu'il faisait tout pour provoquer Ian — et qu'il était à deux doigts d'y parvenir.
— Il n'est pas très avisé de rire du malheur des autres, intervint Teàrlag. Surtout lorsqu'on en a de bien pires à affronter soi-même.
Le sourire de Hugh disparut aussitôt.
— Qu'est-ce que tu essaies de dire, vieille femme ?
— Je vois ta mort, Hugh Dubh MacDonald.
Celui-ci blêmit à vue d'œil et recula d'un pas.
Teàrlag plongea la main dans un petit bol qui reposait sur une étagère, près de l'âtre, et jeta une poignée de ce qui ressemblait à des herbes sèches dans les flammes, les faisant crépiter et fumer. Son œil valide se révulsa, et un son aigu, effrayant, émana d'elle tandis qu'elle dansait d'un pied sur l'autre.
— Aucun doute possible, dit-elle d'une voix
— Aucun doute possible, dit-elle d'une voix distante, comme si elle leur parlait depuis l'autre côté du miroir. Tu es étendu sur une longue table, et les femmes préparent ton corps pour la tombe.
— Tais-toi, sorcière ! éructa Hugh en gagnant la porte à reculons, les mains tendues devant lui.
— Je vois ta mort, Hugh Dubh MacDonald, annonça Teàrlag en agitant les bras. Je vois ta mort, et personne ne te pleure !
— Maudite sois-tu, femme ! Tu dis n'importe quoi. Tu ne vois rien du tout ! cria-t-il avant de tourner les talons et de fuir à toutes jambes.
Ses hommes se bousculèrent dans leur empressement pour lui emboîter le pas.
Dès qu'ils eurent quitté les lieux, Ian tourna vers la voyante un regard assassin.
— Pourquoi as-tu estimé nécessaire de leur mentir à propos de ma virilité, Teàrlag ? Je serai devenu la risée de tous les hommes de l'île avant ce soir.
— Des femmes aussi, fit remarquer la vieille femme en exhibant ses trois seules dents saines dans un grand sourire.
— Son histoire a détourné leur attention de Connor et Duncan, intervint Sileas d'une voix apaisante, tout en essayant de dissimuler son propre amusement.
— Ma foi, reprit Teàrlag avec un geste dédaigneux de la main, tu le méritais pour ce que tu dédaigneux de la main, tu le méritais pour ce que tu as fait subir à Sileas.
— Quoi ? s'indigna Ian en frappant du poing sur la table. Je n'ai rien fait qui me vaille d'être humilié.
— Tu crois peut-être que tout le clan n'a pas évoqué la façon dont tu as abandonné Sileas le lendemain matin de votre mariage ? expliqua Teàrlag, un doigt noueux pointé sur lui.
Ian se rassit. Après un long moment, il se tourna vers Sileas et lui prit la main.
— Les femmes se sont moquées de toi ?
— Et comment ! répondit Sileas dans un petit rire sans joie.
D'une voix aiguë, elle entreprit de les imiter :
« N'es-tu pas capable de garder un mari à la maison, Sil ? » «À ton avis, qu'est-ce qui aurait pu retenir Ian ? » « Peut-être que si tu lui avais donné un enfant, ton mari aurait eu envie de rentrer chez lui. »
Ian porta sa main à ses lèvres et y déposa un baiser.
— Je suis désolé. Lorsque j'étais en France, dans mes pensées, tu n'étais encore qu'une petite fille qui n'aurait su que faire d'un époux.
Qui me dit que je figurais vraiment dans tes pensées ?
— Ian, va trouver les autres garçons, lui intima Teàrlag en reprenant les deux bols de l'étagère pour les placer sur la table. Ils n'ont pas fini leur repas.
Voir la vieille femme donner des ordres à Ian Voir la vieille femme donner des ordres à Ian comme s'il n'était qu'un enfant de dix ans et non un homme de trois fois sa taille amusa Sileas. Mais, Ian parti, elle redevint aussitôt grave lorsque Teàrlag riva sur elle son unique œil valide.
— Alors, dis-moi pourquoi tu n'as pas encore attiré ce joli mari dans ton lit, lui demanda-t-elle. Et je sais que cela n'a rien à voir avec la raison que j'ai servie à ce diable de Hugh Dubh.
Sileas sentit ses joues s'embraser et baissa les yeux au sol.
— Laisse-lui du temps, reprit Teàrlag. (Elle couvrit la main de Sileas de la sienne, noueuse.) Au fond de lui, Ian a tout ce que tu attends d'un homme.
Tu as encore la petite bourse que je t'ai donnée ?
Sileas hocha la tête.
— Tu dors en la plaçant près de ton cœur ?
Elle acquiesça de nouveau.
— Tu sais donc ce qu'il te reste à faire, ma chérie.
Chapitre 15
Ian craignait pour sa santé.
Le désir que lui inspirait Sileas le rendait presque stupide. Ce n'était certainement pas bon pour un homme de vouloir à ce point une femme sans obtenir satisfaction. Collecter les baisers qu'elle était supposée lui devoir ne faisait qu'empirer la torture.
La nuit, il veillait, visualisant sa peau laiteuse dans le clair de lune. Chaque fois qu'il entendait sa voix dans une pièce voisine, ou qu'il l'apercevait dans la cour, il se prenait à espérer qu'elle venait le trouver pour lui dire qu'elle était prête.
Il l'imaginait s'approchant de lui lentement, d'une démarche chaloupée, une étincelle dans le regard. Puis elle poserait les mains à plat contre son torse et dirait : «J'ai pris ma décision. Je te veux dans mon lit, Ian MacDonald. »
Il secoua la tête et reposa son marteau avant de se blesser. Chaque fois qu'il attirait la jeune femme dans un coin pour lui voler un baiser, quelqu'un apparaissait pour la lui dérober. Il était parvenu quelques fois à prendre ses seins dans ses paumes —
diable, son sexe s'éveillait à cette simple pensée — , diable, son sexe s'éveillait à cette simple pensée — , mais rien de plus.
Il ne pouvait plus endurer un tel traitement.
Et il n'avait pas de temps à perdre. Deux semaines seulement les séparaient de Samhain ; il leur fallait prévoir un coup spectaculaire. Il en avait discuté avec Connor et Duncan après avoir été les chercher dans la grotte, l'autre jour, près de chez Teàrlag. Tous s'étaient accordés pour dire que la meilleure manière de rallier les membres du clan à la candidature de Connor serait de prendre Knock Castle.
Mais, pour justifier une attaque contre les MacKinnon, Ian devait lever toute ambiguïté quant à sa légitimité à la tête du château en tant que mari de Sileas. Bien sûr, ils pouvaient prendre Knock Castle sans raison — ce qui n'aurait rien d'exceptionnel — , mais cela forcerait la couronne à intervenir. Connor et les MacDonald n'avaient aucun besoin que ce genre d'ennuis vienne s'ajouter à ceux auxquels ils faisaient déjà face.
Ian n'avait par conséquent d'autre choix que celui de consommer son mariage. Et de partager la couche de son épouse. Il s'estimait plutôt chanceux que les besoins du clan et les siens soient en si parfait accord.
Tout était planifié. Ian avait réussi à convaincre sa mère et Niall qu'emmener Payton faire le tour de l'île aux phoques à la voile leur ferait à tous le plus l'île aux phoques à la voile leur ferait à tous le plus grand bien. Et, bien évidemment, Alex n'avait eu aucun mal à persuader Dina de disparaître avec lui pour l'après-midi.
Ian aurait enfin Sileas pour lui seul.
Il la trouva dans la cuisine. Penchée sur le plan de travail, elle étalait une préparation à base d'avoine au fond d'un plat. Il prit une profonde inspiration. Elle était ravissante avec ses cheveux relevés, à l'exception de quelques boucles folles qui lui encadraient le visage et lui tombaient dans le cou.
— Ça sent bon, dit-il.
Une chaude odeur de miel et d'avoine emplissait la cuisine.
Elle sursauta au son de sa voix et leva la tête, les yeux écarquillés.
— Je ne t'ai pas entendu entrer.
— Qu'est-ce que tu prépares ?
— Une surprise pour ton père, confessa-t-elle dans un sourire. Il aime les sucreries, tu sais. Et il m'en restera pour en apporter à Annie. Elle vient d'avoir un nouveau bébé.
Ian remonta ses manches et contourna la table pour venir se placer à côté d'elle.
— J'ai toujours aidé ma mère dans la cuisine.
Elle le regarda du coin de l'œil.
— Je suis sûre que tu lui étais d'un grand secours.
— Ça me blesse que tu ne me croies pas,
— Ça me blesse que tu ne me croies pas, s'offusqua-t-il. Viens, je vais te montrer comme je suis doué.
Elle arqua les sourcils, lui indiquant qu'elle le soupçonnait de ne pas parler seulement de ses qualités de marmiton.
Elle avait vu juste.
Elle enfonça une cuillère de bois dans le pot de miel, qu'elle laissa ensuite goutter sur sa préparation.
— Dina était censée me donner un coup de main.
(Elle frappa violemment la cuillère contre le bord du plat.) Voilà, c'est bon.
— Tu ne verras pas Dina de l'après-midi, l'informa Ian en lui prenant la cuillère des mains pour en lécher le miel. Alex et elle... se tiennent compagnie.
Elle se figea, et ses joues s'empourprèrent.
— Ah, tout s'explique !
Ian ne fut que trop ravi de saisir cette chance de la mettre en garde contre Alex.
— J'espère que Dina ne s'attend pas à être la seule.
— Ça vaut également pour Alex.
Il rit, avant d'ajouter pour la forme :
— Alex n'est pas du genre à partager le lit d'une seule femme.
— Je ne crois pas que tu sois le mieux placé pour critiquer Alex; tu peux difficilement te vanter d'être critiquer Alex; tu peux difficilement te vanter d'être un saint toi-même. (Elle souleva le plat puis l'abattit sur la table si fort que celle-ci trembla.) C'est pour répartir le miel. Je vais attendre qu'ils rentrent pour le mettre à cuire.
Ian se pencha vers elle.
— Je vis comme un moine, maintenant, si ça peut te rassurer.
— Tu parles d'un sacrifice, répliqua-t-elle en déplaçant, sans le moindre but apparent, les ingrédients disposés sur la table. Ça fait combien ?
Au moins une semaine, non ?
Il se plaça derrière elle et s'empara fermement de ses hanches. Ah, qu'il aimait la sentir contre lui.
— Une semaine peut sembler durer une éternité, murmura-t-il contre sa nuque, lorsqu'on passe la moindre de ses secondes à t'imaginer nue.
Il l'embrassa dans le cou, le long de la veine dont il sentait le pouls battre sous ses lèvres. Elle sursauta lorsqu'il appuya son sexe en érection contre ses fesses.
— Je rêverais de t'étendre sur cette table, chuchota-t-il en faisant courir ses mains sur les bras de sa promise.
— Chut ! Quelqu'un pourrait t'entendre.
Elle semblait scandalisée, mais frissonnait néanmoins.
— Il n'y a personne dans la maison, dit-il en lui mordillant le lobe de l'oreille. Rien que toi et moi.
mordillant le lobe de l'oreille. Rien que toi et moi.
La respiration de Sileas changea lorsqu'il fit glisser ses mains sur ses côtes et lui effleura les seins.
— Je pense que, pour la première fois, je devrais te faire l'amour dans notre lit nuptial, déclara-t-il.
Mais si tu veux qu'on le fasse sur cette table, je me plierai à ta volonté.
Sileas s'essuya les mains sur son tablier et lui repoussa les bras.
— Laisse-moi.
Sa résistance n'était pas farouche. Lorsqu'elle lui opposait un refus catégorique, c'était à coups de poêle dans la tête, une lame à la main.
Il lui souffla tendrement dans la nuque et fut récompensé par un soupir qui s'échappa de ses lèvres. Sa peau, aussi soyeuse et crémeuse que le beurre frais, dégageait une odeur de cannelle mêlée de miel. Poussé par l'envie de la goûter, il fit courir sa langue au-dessus du col de sa robe.
Il prit dans ses paumes la douceur rebondie de ses seins et ferma les yeux sous le coup de la violente vague de désir qui le traversa. Oh, comme il la désirait !
Lorsqu'il effleura ses tétons, elle émit un ronronnement qui le rendit fou. Tandis qu'il les titillait, elle rejeta la tête en arrière, contre son épaule, et se mit à haleter.
Il avait également du mal à reprendre son souffle. Cette fois, elle le laisserait s'aventurer sous souffle. Cette fois, elle le laisserait s'aventurer sous ses jupons, il en était convaincu. Que le ciel lui vienne en aide : il allait exploser si elle continuait à se frotter contre lui de la sorte.
Il était temps qu'il emmène sa femme à l'étage.
Enfin. Alors qu'il était prêt à la soulever dans ses bras, il aperçut une marque à la base de sa nuque.
Une fine ligne blanche, à peine visible. Une cicatrice.
Il la souligna du bout du doigt.
— D'où ça vient, ça ?
Elle se raidit et essaya de se dégager de son étreinte, mais il la retint.
— Comment tu t'es fait cette cicatrice ?
— Ce n'est rien, répliqua-t-elle. Laisse-moi partir, maintenant. Je suis sérieuse.
Il repoussa le col pour en voir plus. La balafre se prolongeait vers le bas de son dos, jusqu'à disparaître hors de sa vue.
La jeune femme fit volte-face dans les bras d'Ian et plaqua les mains contre son torse. Levant vers lui un regard provocant, elle lui dit :
— Embrasse-moi.
Il riva les yeux sur ses lèvres entrouvertes, furieusement tenté. Mais pourquoi tenait-elle tant à faire diversion ? Lorsqu'elle s'empara de sa nuque et se pressa contre lui, il eut le plus grand mal à lui résister.
Il lui caressa la joue avec le pouce.
Il lui caressa la joue avec le pouce.
— Qu'est-ce que tu essaies de me cacher ?
Elle serra les lèvres en une fine ligne et plissa les yeux, abandonnant son rôle fugace de séductrice.
Dommage. Mais quelque chose troublait Ian.
Chaque fois qu'il l'embrassait, tout se passait bien — très bien, même — jusqu'à ce qu'il entreprenne de dénouer ses vêtements. En y repensant, il se rendit compte que c'était la première fois qu'il lui voyait les cheveux relevés de cette façon.
— Tu peux choisir de coopérer ou non, mais je vais regarder.
La lèvre inférieure de la jeune femme se mit à trembler. Par tous les saints, que lui arrivait-il ?
Sileas ne pleurait jamais. Même lorsqu'elle n'était qu'une fillette de six ans que son père abandonnait dans des endroits inconnus dont elle devait rentrer seule, sans connaître le chemin du retour, elle ne pleurait pas.
Il lui déposa un baiser sur la tempe et l'invita doucement à se retourner.
— Non, dit-elle d'une petite voix.
Mais Ian savait qu'elle avait renoncé à le voir céder.
Ses doigts lui paraissaient gourds et maladroits tandis qu'il défaisait les minuscules boutons. Une fois arrivé à la taille, il fit glisser la robe des épaules de Sileas. La chemise qu'elle portait en dessous était suffisamment échancrée dans le dos pour qu'il découvre ce qu'elle dissimulait.
découvre ce qu'elle dissimulait.
Une rage d'une violence infinie s'empara de lui ; le sang lui martelait les tempes, et ses mains tremblaient. Il abattit son poing sur la table avec force.
— Je vais le tuer. Je jure que je tuerai celui qui t'a fait ça.
Sileas sanglotait en silence, mais Ian était habité d'une colère telle qu'il avait peur de poser les mains sur elle.
— Qui est-ce qui t'a fait ça ? demanda-t-il. Tu dois me le dire.
Elle s'essuya le visage.
— À ton avis ? Mon beau-père.
— Ah, Sil ! Pourquoi ne m'as-tu rien dit ?
Il aurait voulu rejeter la tête en arrière et hurler son indignation. Elle n'était encore qu'une enfant lorsque Murdoc l'avait ainsi marquée.
— Si j'avais su qu'il te maltraitait, je serais intervenu.
Mais il aurait dû s'en rendre compte. Il avait toujours été son protecteur, et cela avait eu lieu sous son nez.
— Quand t'a-t-il fait ça ?
Il s'efforçait de garder une voix calme, bien conscient que ce n'était pas de sa colère que Sileas avait besoin pour le moment, mais la tâche était ardue tant son corps vibrait de rage.
Elle inspira avec peine.
Elle inspira avec peine.
— La plupart du temps, Murdoc ne se souciait pas de moi. Comme tu le sais, il espérait que ma mère lui donnerait un fils qui hériterait de Knock Castle.
La mère de la jeune femme avait perdu plusieurs bébés avant même leur premier anniversaire. Sans parler de toutes les fausses couches dont Ian n'avait pas connaissance.
— Lorsque la mort de son dernier enfant l'a emportée, Murdoc s'est mis en tête de me marier à son fils Angus afin de garder mes terres. Il ne m'a alors plus laissé aucun répit. Quand je lui ai dit que je n'épouserai jamais un MacKinnon, et encore moins son répugnant rejeton, il a essayé de me faire céder en me rouant de coups.
Ian serrait les mâchoires pour se retenir de hurler des insultes, à tel point que ses muscles lui faisaient mal. Des années plus tôt, Angus MacKinnon avait failli déclencher une guerre de clans en violant une femme appartenant au clan de la mère d'Ian, le clan Ranald. Une forte somme avait permis de calmer les ardeurs belliqueuses, mais la rancœur persistait, tout comme les rumeurs autour du penchant invétéré d'Angus pour la violence.
— Mais tu sais comme je peux être têtue, poursuivit Sileas en lui adressant un sourire amer par-dessus son épaule. Pour finir, Murdoc m'a fait enfermer dans ma chambre, puis il a envoyé chercher son fils.
chercher son fils.
— C'est ce jour-là que je t'ai trouvée ? demanda Ian, même s'il connaissait déjà la terrible vérité.
Elle acquiesça.
— Murdoc ne connaissait pas l'existence du tunnel.
Seigneur, pardonne-moi. Pendant tout ce temps, Ian avait reproché à Sileas leur mariage forcé. Il pensait qu'elle en était responsable, avec son attitude de gamine irréfléchie. Pas un seul instant il n'avait pensé qu'elle puisse réellement être en danger ce jour-là.
D'un autre côté, il n'avait pas fait beaucoup d'efforts non plus pour s'en convaincre.
Elle se cacha le visage dans les mains et déclara d'une voix hachée :
— Je savais que tu me trouverais repoussante une fois que tu aurais vu ça.
— Mon Dieu, Sil, comment peux-tu dire une chose pareille ? (Il la força à se retourner et la serra contre son torse.) Je t'en prie, ne me dis pas que tu as une si piètre opinion de moi.
Il lui caressa les cheveux et y déposa des baisers jusqu'à ce que ses sanglots se tarissent. Puis il la souleva dans ses bras et l'emmena dans l'escalier.
Parfois, les mots ne suffisent pas.
Chapitre 16
Sileas laissait sa tête appuyée contre le torse d'Ian, tandis qu'il la portait dans l'escalier. Elle ne savait plus du tout où elle en était, mais elle se sentait en sécurité dans ses bras, et c'était un sentiment dont elle avait besoin.
Il l'emmena dans sa chambre et referma la porte d'un coup de talon. A peine eut-il reposé Sileas sur ses pieds à côté du lit, qu'elle sentit sa robe tomber et resta plantée là, en sous-vêtements. Elle était bien trop éprouvée pour ressentir un quelconque embarras. Il garda une main posée sur son épaule, comme pour la stabiliser, tandis qu'il repoussait les couvertures. Puis, il la déposa sur le lit.
Avec une douceur surprenante pour un homme de sa carrure, il repoussa les cheveux de son visage du bout des doigts. Son geste lui rappela l'empathie de Payton, le jour où il les avait découverts dans la forêt et qu'il s'était agenouillé à côté d'elle pour lui parler avec gentillesse, tenant sa petite main entre les siennes.
Derrière l'homme redoutable et endurci par la guerre qu'Ian était devenu, demeurait le garçon guerre qu'Ian était devenu, demeurait le garçon attentionné qu'il avait été. Il lui prit le visage entre les mains et se pencha pour l'embrasser. Elle soupira en sentant le doux contact de ses lèvres sur sa bouche.
— Je ne veux pas t'affoler, lui glissa-t-il à mi-voix. Mais je viens au lit avec toi.
Sa gorge s'assécha lorsqu'elle le vit se départir de sa claymore, qu'il déposa au pied du lit, à portée de main. Elle savait qu'il n'agissait que par habitude, pourtant ce geste contribua à la rassurer. Personne ne franchirait cette porte tant qu'Ian serait là.
Elle le regarda ôter ses bottes et ses chaussettes, puis détacher son kilt et le laisser tomber au sol. Il ne portait plus que sa chemise, qui lui descendait jusqu'aux cuisses. Elle observa ses jambes musclées, si différentes de celles qu'il avait étant enfant, puis remonta lentement vers son visage. Ian était vraiment d'une beauté à couper le souffle.
Lorsqu'il croisa son regard et que ses yeux s'assombrirent, elle sentit l'excitation monter en elle.
Même s'il n'éprouvait pour elle qu'une forme de pitié, elle ne put s'empêcher de réagir au désir qu'il affichait. Désir, pitié, devoir. Si telles étaient les seules raisons qui le conduisaient dans son lit, alors il ne serait jamais heureux avec elle. Du moins, pas durablement.
Elle prit une inspiration tremblante tandis qu'il déboutonnait sa chemise. Il s'interrompit à mi-déboutonnait sa chemise. Il s'interrompit à mi-chemin et laissa retomber ses mains.
Finalement, il n'avait plus envie d'elle. Ses cicatrices étaient trop répugnantes.
— Je ne vais pas te prendre ta virginité cette fois-ci. Tu es bien trop troublée, lui annonça-t-il. Je veux que ta décision de m'accepter pour époux soit prise à tête reposée, et avec ton cœur. Le lit trembla lorsqu'il la rejoignit sous les draps. Avant même qu'elle ait pu reprendre sa respiration, il l'attira dans ses bras. Sa chaleur et sa puissance la traversèrent tout entière.
— Ce que je vais faire, reprit-il, si proche de son visage qu'elle sentait la douceur de son souffle sur ses lèvres, c'est te convaincre que j'ai envie de toi et effacer tous tes doutes.
Elle déglutit. Elle le suspectait d'avoir en tête un plan qui impliquerait qu'il la débarrasse du reste de ses vêtements.
— Il fait trop clair, fut tout ce que sa gorge nouée lui permit de dire.
— C'est la première fois que tu es nue devant moi, et je veux te regarder.
La première fois. Y en aurait-il une seconde, s'il voyait son dos ? Il n'avait aperçu qu'une petite partie de ses cicatrices, dans la cuisine. Et, même si les balafres ne le dérangeaient pas, n'allait-elle pas le décevoir de mille autres façons ?
— Tu es aussi ravissante que ton nom, Sileas,
— Tu es aussi ravissante que ton nom, Sileas, dit-il en insistant sur le «sh» initial. J'aurais dû me douter que tu deviendrais magnifique jusqu'au bout des dents.
Elle éclata de rire, ce qu'elle n'aurait pas cru possible vu la situation.
— Quoi, qu'est-ce qu'elles ont mes dents ?
— Rien du tout. (Il fit glisser son pouce sur la lèvre inférieure de Sileas, qui retint son souffle.) C'est juste que j'aime les sentir sur ma peau.
— Tu plaisantes ? demanda-t-elle presque malgré elle.
Il secoua la tête sans la quitter des yeux, et elle sentit son cœur manquer un battement. Ian lui saisit la main et lui mordit doucement le pouce. Une vague de désir la submergea.
Lorsqu'il s'empara de sa bouche, toutes ses inquiétudes furent balayées.
Il l'avait déjà embrassée à de nombreuses reprises, et elle se croyait prête. Mais recevoir ses baisers alors qu'ils étaient allongés constituait une toute nouvelle expérience. Sileas se sentait submergée par la proximité d'Ian, penché sur elle.
Ses lèvres étaient douces et chaudes. Lorsqu'elle posa une paume sur son début de barbe, il émit un ronronnement grave et introduisit sa langue dans sa bouche, ce qui fit naître un tourbillon de plaisir au creux de ses reins. Son cœur battait déjà trop vite, avant même qu'elle sente la chaleur de sa main sur avant même qu'elle sente la chaleur de sa main sur sa poitrine.
Elle haletait lorsqu'il s'écarta.
— Ah, tu es parfaite, Sil, lui chuchota-t-il à l'oreille.
Il lui mordilla le lobe, ce qui la transperça de frissons inattendus. Puis il lui embrassa la joue et descendit vers son cou, lui arrachant de brefs soupirs de ses lèvres entrouvertes. La douceur humide de sa respiration, de ses lèvres, de sa langue; Sileas ne pensait plus à rien d'autre qu'à sa peau. Mais, lorsqu'elle sentit les baisers d'Ian atteindre sa poitrine nue, elle ouvrit subitement les yeux.
Comme elle se redressait, Ian lui enserra les poignets et les plaqua contre le lit, de chaque côté de sa tête. Puis, il poursuivit sa progression. Sileas ne s'était pas aperçue qu'il avait relâché son emprise, mais elle l'attirait à présent contre elle, les deux mains passées autour de son cou.
Elle laissa échapper un grognement de déception lorsqu'il se recula. Il la gratifia d'un sourire brûlant dont l'éclat illuminait son regard.
— Nous ferions mieux de nous débarrasser de la prochaine étape tout de suite, Sil.
Elle se retrouva sur le ventre sans même s'en rendre compte.
Devinant ses intentions, elle agrippa fermement les pans de sa chemise.
— Non, Ian. Non.
— Non, Ian. Non.
Au lieu de la lui arracher des mains comme elle le redoutait, il repoussa ses cheveux et déposa un baiser sur sa nuque. Ses lèvres étaient si douces qu'elles lui arrachèrent un soupir. Il s'attaqua ensuite à son épaule dénudée. Se tenant à quatre pattes au-dessus d'elle, il progressa vers le bas de son corps, tout en la caressant d'une main ferme et en l'embrassant à travers le tissu de sa chemise.
Jamais on ne l'avait touchée ainsi. L'intimité de ce contact se répercutait au creux de ses reins. Elle sursauta soudain lorsqu'il lui mordit légèrement les fesses à travers le tissu. Lorsqu'elle se releva, en appui sur ses coudes, pour regarder derrière elle, il lui adressa un petit sourire diabolique.
Elle laissa sa tête retomber sur la couche et ferma les yeux. Elle se focalisa sur les mains d'Ian qui parcouraient ses hanches puis glissaient sur ses cuisses. Il lui saisit ensuite le pied, dont il couvrit la plante de baisers : une sensation à la fois agréable et drôle. Son pied ! Il devait sans aucun doute tenir un peu à elle pour faire une chose pareille.
Il entreprit de remonter le long de ses jambes, à même la peau cette fois. Elle serra de nouveau les poings sur sa chemise, mais sentit ses doigts se relâcher tandis qu'il s'attardait sur ses cuisses.
— Tu as les muscles noués, lui dit-il. Tu travailles trop dur.
— Hum.
— Hum.
La caresse de ses mains puissantes sur ses jambes douloureuses était délicieuse, même si elle ne pouvait s'empêcher de se tendre chaque fois qu'il s'aventurait vers l'intérieur de ses cuisses.
Quand il lui mordilla de nouveau les fesses, plus aucun tissu ne séparait ses dents de sa peau. Mais elle trouvait cela si agréable qu'elle ne protesta pas.
Elle flottait dans un océan de plaisir lorsque Ian se pencha en avant pour lui glisser à l'oreille :
— Je dois le voir.
Elle sentit alors un souffle d'air froid dans son dos, puis entendit le soupir choqué d'Ian qui sembla se pétrifier.
— Non ! s'écria-t-elle en essayant de se redresser malgré la ferme emprise d'Ian sur ses épaules.
Il resta silencieux un long moment, puis déclara, d'une voix tendue :
— Pour être franc, on voit à peine les cicatrices, elles sont très légères.
— Arrête de me mentir. Tu supportes à peine de me regarder.
— Non, non, pas du tout.
Elle inspira tant bien que mal et laissa sa tête retomber sur le lit.
— C'est juste que j'imagine à quoi elles ont dû ressembler à un moment, à ce qu'il t'a fait, expliqua-t-il. Et ça me rend fou. A tel point que j'ai envie de le tuer de mes propres mains.
tuer de mes propres mains.
En sentant ses lèvres se poser sur son dos avec une douceur infinie, Sileas eut les larmes aux yeux.
— Depuis que ton père est rentré mutilé, je vis dans la peur que Murdoc ne vienne me récupérer.
Elle regarda Ian par-dessus son épaule et le vit grimacer, comme si ses mots le blessaient.
— Tu ne crains plus rien, maintenant, dit-il. Je ne le laisserai jamais t'emmener.
— Je sais, souffla-t-elle dans l'oreiller.
— Merci, Sil, glissa-t-il avec douceur.
Depuis qu'elle avait reçu ces coups de fouet, elle ne s'était jamais sentie bien dans sa peau. Après avoir caché ses stigmates pendant de si longues années, elle acceptait enfin sa nudité, tandis qu'Ian couvrait son dos de tendres baisers. Il lui caressait les flancs, lui effleurait les seins puis redescendait les mains le long de sa taille, de ses hanches.
— Ah, Sileas, tu es si belle ! J'aimerais te toucher tout entière.
Gôrdan et d'autres hommes lui avaient déjà dit qu'elle était belle, mais elle ne les avait jamais crus.
Les mains d'Ian, en revanche, parvenaient presque à l'en convaincre. Il l'effleurait avec une révérence qui l'apaisait.
Mieux
encore,
son
attitude
respectueuse
commençait à panser la plaie qu'elle portait au cœur.
Cinq ans plus tôt, les mots acerbes d'Ian, le jour de leur mariage, avaient agi comme de l'alcool sur ses balafres à vif. Ils n'avaient fait qu'approfondir la ses balafres à vif. Ils n'avaient fait qu'approfondir la blessure qui la meurtrissait. C'était peut-être pour cela que lui seul pouvait la guérir.
Ian roula pour s'étendre à côté d'elle, l'entraînant avec lui, de sorte qu'elle perçut la chaleur réconfortante de son corps l'envelopper. Elle ferma de nouveau les yeux et suivit le parcours de sa main le long de sa cuisse, puis au creux de sa hanche, jusqu'à sa taille.
C'est alors qu'elle sentit, dans son dos, une pression insistante qui fit aussitôt voler en éclats son sentiment de paix. Les battements de son cœur redoublèrent de violence. Bien que Ian lui eût déclaré qu'il n'avait pas l'intention de prendre sa virginité — «cette fois-ci» —, elle prit soudain conscience de sa vulnérabilité, en se voyant là, étendue nue à côté d'un homme excité.
Elle se passa la langue sur les lèvres.
— Même si cela a été vraiment très agréable, je ferais mieux de me lever, maintenant.
Elle parvint à s'asseoir, mais Ian l'imita.
— Pas encore, dit-il, une main résolue posée sur sa hanche. Fais-moi confiance.
— J'imagine sans problème ce qui va suivre, dit-elle en tentant de se libérer.
— J'en doute, répliqua-t-il en raffermissant son emprise. Mais je suis bien décidé à te le montrer.
Elle se tourna vers lui.
— Je sais que tu te sens coupable pour des choses
— Je sais que tu te sens coupable pour des choses dont tu n'es pas responsable — comme la jambe de ton père ou les balafres dans mon dos —, et pour d'autres qui sont peut-être de ta faute. Mais ce n'est pas en te liant à moi que tu les résoudras.
— Je te l'ai dit, je ne franchirai pas cette limite, répondit-il en lui caressant le visage. Je sais que tu n'es pas prête. Tu peux me faire confiance.
Confiance ou pas, elle le laissa l'étendre de nouveau sur le lit. Elle était allongée sur le flanc, Ian derrière elle.
— Ta peau sent les bruyères d'été, déclara-t-il contre sa nuque.
Elle retint son souffle tandis qu'il passait la main sur son ventre, puis laissa échapper un soupir lorsqu'il s'empara d'un de ses seins. Tous ses sens étaient en alerte, la chaleur d'Ian l'enveloppait de toutes parts. Il sembla respirer avec plus de difficulté à mesure qu'il ponctuait son cou de baisers torrides.
Puis il la serra contre lui, et leurs deux corps se mirent à décrire de concert un lent mouvement de va-et-vient.
— J'ai envie de toi, murmura-t-il. Dis-moi que tu le sais.
— Oui.
Il la désirait, c'était certain, mais sans doute aurait-il éprouvé le même désir pour n'importe quelle femme nue collée contre lui dans un lit.
Il l'arracha à sa réflexion lorsqu'il saisit son Il l'arracha à sa réflexion lorsqu'il saisit son téton entre deux doigts. La sensation sembla naître au plus profond d'elle-même. Il la fit alors rouler sur le dos et prit la pointe de son sein dans sa bouche.
Tous les hommes savaient-ils faire ça ? Elle ne parvenait plus à respirer. Elle cambrait les reins comme pour le supplier de ne pas arrêter, tandis que les vagues de plaisir déferlaient en elle pour se concentrer dans son ventre.
Elle voulait sentir sa peau.
— Tu ne veux pas ôter ta chemise ?
— Tu vas me tuer, protesta-t-il en s'exécutant malgré tout.
Il l'attira alors dans ses bras, et elle serra les dents sous le déferlement de sensations qui l'assaillirent au contact de ses muscles durs et de son torse velu contre sa poitrine. Il l'embrassa jusqu'à ce qu'elle ait l'impression de flotter dans les airs.
Pendant tout ce temps, il décrivait du bout des doigts de lents cercles entre sa hanche et le haut de sa cuisse. Chaque fois qu'il effleurait la zone qui s'était éveillée entre ses jambes, un frisson merveilleux la traversait. La sensibilité extrême de cet endroit confinait à la torture ; des gémissements de déception lui échappaient presque dès qu'il s'en éloignait.
Lorsque, enfin, il glissa un doigt en elle, elle ne put retenir un « oui ! » qu'il accueillit d'un ronronnement grave avant de l'embrasser dans un ronronnement grave avant de l'embrasser dans un nouvel élan.
Son baiser n'était plus lent et sensuel, mais fougueux, affamé. Elle s'agrippait à lui, comme pour l'attirer toujours plus près, et se sentait prête à devenir folle tant ses caresses étaient divines.
Il s'écarta et posa sur elle son regard bleu sombre.
— Je veux te voir atteindre ta délivrance, dit-il d'une voix rauque. Tu comprends ce que je veux dire ?
Malgré les mouvements délicieux de sa main, Sileas parvint à se concentrer assez pour secouer la tête.
— Je veux te donner du plaisir jusqu'à t'entendre crier.
— Vraiment ? demanda-t-elle, en proie au doute.
Tu en es sûr ?
— Et comment ! répondit-il avec un sourire diabolique. Fais-moi confiance. Laisse-moi faire.
Ils échangèrent un nouveau baiser passionné.
Puis il s'aventura vers sa poitrine, sans que ses doigts cessent leur ronde envoûtante. Lorsqu'il prit son sein entre ses lèvres, elle s'entendit émettre de petits sons plaintifs et aigus. Le plaisir la transportait, tout son corps vibrait d'une tension douloureuse, et elle en voulait davantage.
Elle avait l'impression d'être sur le point de se briser en mille éclats, mais Ian ne lui laissait aucun briser en mille éclats, mais Ian ne lui laissait aucun répit.
C'est alors qu'elle ressentit une extase presque insupportable. Elle s'entendit hurler tandis que tout son corps se crispait, en proie à des spasmes délicieux. Puis elle fut parcourue de tremblements.
Sans la laisser reprendre son souffle, Ian revint l'embrasser, animé d'un désir qui fit naître en elle une nouvelle vague de plaisir. Ses mains étaient partout, à presser, à caresser, et sa bouche toujours plus avide.
Lorsqu'il roula sur elle et la força à écarter les jambes avec son genou, elle se garda de lui rappeler sa promesse. Elle voulait la même chose que lui. Elle souhaitait le sentir en elle, s'unir à lui, ne faire plus qu'un.
Le fait que ce soit Ian, l'homme qui, depuis toujours, était destiné à devenir son mari, lui arracha une larme qui coula lentement sur le côté de son visage. C'était lui qu'elle voulait pour premier et dernier amant. Ce ne pouvait être que lui.
Elle sentit son membre contre son intimité, et le désir déferla en elle comme une immense vague qui se brise sur la grève. Elle empoigna ses épaules et l'attira à elle.
Mais, alors, il se cambra et posa doucement le front sur sa poitrine. Elle était si excitée que sa peau humide réagissait au simple souffle d'Ian.
— Je fais tout mon possible pour respecter ma
— Je fais tout mon possible pour respecter ma promesse, expliqua-t-il.
— Je te demande de l'oublier. S'il te plaît, Ian.
Mais il se redressa et se laissa retomber sur le dos, à côté d'elle. La tension était presque palpable dans l'air qui les séparait. Tous deux peinaient à reprendre haleine.
— Il fallait que je fasse une pause, dit-il.
Elle roula sur le flanc et posa timidement la main sur le ventre d'Ian. Il tressaillit à son contact, puis lui prit la main et la porta à ses lèvres pour l'embrasser.
Il se tourna face à elle et lui caressa le visage.
— Ça t'a plu ?
— Oui.
Elle rougit, soudain gênée.
— Tu étais magnifique, dit-il en lui caressant les cheveux. J'adore les sons que tu fais, et j'aime te sentir sous mes doigts.
A ces mots, elle sentit le désir renaître en elle.
Elle déglutit. L'intensité du regard qu'Ian posait sur elle n'arrangeait en rien les choses. Lorsqu'il avança de nouveau une main entre ses jambes, elle eut le souffle coupé.
Les yeux toujours rivés aux siens, il dit :
— J'aime te sentir si excitée, Sil. Tu es belle. Tu es tout ce que je veux.
— Je ne sais pas quoi faire. Ne devrais-je pas...
Elle essayait de ne pas perdre le fil de ses Elle essayait de ne pas perdre le fil de ses pensées, mais les caresses d'Ian rendaient toute réflexion impossible.
— Non, mon amour. Ce moment est le tien, entièrement, l'interrompit-il en l'invitant à rouler sur le dos.
Puis il l'embrassa, et elle se laissa emporter par la magie.
Chapitre 17
Ian se chargea d'accueillir personnellement chaque homme qui pénétrait dans l'église afin de s'assurer qu'aucun intrus n'y prendrait place.
— Père Brian, c'est une décision courageuse de nous avoir permis de nous réunir ici, dit-il alors que le prêtre approchait. Mais vous n'auriez pas dû courir le risque de venir, ce soir.
— J'ai adressé mes prières à Dieu, qui m'a donné sa bénédiction, répondit l'ecclésiastique avant d'entrer dans l'église.
Ian avait entendu dire que le prêtre vivait avec une femme et supposa que Dieu lui avait également donné sa bénédiction pour cela.
L'heure était venue de commencer.
Ian fit un pas dans la nuit et tendit l'oreille. Ne percevant rien d'autre que le souffle du vent, il retourna à l'intérieur et signala à Connor que tout était prêt.
Duncan et Alex le rejoignirent au fond de l'église, où ils seraient les premiers à recevoir d'éventuels intrus, tandis que Connor prenait place face à l'assistance. Étant donné la proximité de face à l'assistance. Étant donné la proximité de Dunscaith Castle, seules deux bougies, placées de part et d'autre de Duncan, avaient été allumées. Les hommes trouvèrent un siège, puis le silence retomba dans la salle. Même si l'église était plongée dans l'obscurité, Ian sentait que tous les yeux étaient rivés sur Connor.
— Vous êtes venus ce soir, déclara celui-ci d'une voix qui emplit la salle, parce que les MacKinnon nous ont dérobé Knock Castle et parce que vous savez qu'il nous faut le reprendre.
Plusieurs hommes crièrent alors en brandissant le poing ou en frappant leur claymore contre le sol.
— Vous avez servi mon père lorsqu'il était le chef du clan, poursuivit Connor quand le silence fut revenu.
— Il n'aurait jamais accepté que les MacKinnon s'emparent d'un de nos fiefs, jamais !
Cette saillie de l'un des anciens fut accueillie par un murmure d'assentiment général.
— Nous avons besoin de Knock Castle pour protéger nos terres des envahisseurs qui viendraient par l'est, poursuivit Connor. C'est un grand danger pour tous nos foyers de ne pas l'avoir aux mains des MacDonald.
Ian, qui appréciait la simplicité avec laquelle Connor présentait les choses, sourit. Il parlait un langage vrai que tous comprenaient, pas comme Hugh qui mentait comme un arracheur de dents, que Hugh qui mentait comme un arracheur de dents, que les circonstances l'exigent ou non.
— Pour le bien du clan, nous devons le récupérer, conclut Connor, une fois encore salué par l'approbation de tous. Tout le problème est de savoir comment y parvenir sans un meneur.
— Il est grand temps que nous ayons un chef de clan désireux de se battre pour nous ! lança un homme.
Il avait raison, mais Connor était assez sage pour ne pas s'engager encore sur ce terrain-là.
Il laissa le brouhaha croître, puis leva les mains pour réclamer le silence.
— Hugh s'est autoproclamé chef, déclara-t-il, soulignant au passage que le clan n'avait pas eu son mot à dire dans la nomination de Hugh. Je ne souhaite forcer personne à aller à l'encontre de celui qui pourrait devenir notre chef pour de bon.
Des grommellements s'élevèrent de l'assistance.
Jusqu'alors, tout se passait comme ils l'avaient prévu.
— Même si Hugh a refusé de prendre les armes pour Knock Castle, il n'a jamais interdit que d'autres s'en chargent.
Connor se tut, le temps que les hommes réfléchissent à ses propos et tirent les conclusions qu'il attendait — un art dans lequel il excellait.
— Il existe un homme qui peut prétendre légitimement à ce château, reprit-il. Et je dis qu'un légitimement à ce château, reprit-il. Et je dis qu'un homme qui jouit d'un tel droit ne devrait pas avoir à attendre que son chef de clan agisse à sa place, s'il se sent capable de mener la tâche à bien lui-même.
Plusieurs des hommes se tournèrent pour apercevoir Ian dans l'obscurité de l'église.
— Et si des membres du clan veulent lui prêter main-forte, c'est encore mieux !
Des
cris
enthousiastes
accueillirent
sa
proposition.
Un homme s'avança au centre de la nef et attendit que Connor lui adresse un signe de la tête pour prendre la parole.
— Si c'est d'Ian MacDonald que tu parles, il n'a aucun droit sur Knock Castle.
A peine avait-il ouvert la bouche qu'Ian reconnut en lui le maudit Gôrdan.
— Seule Sileas en est l'héritière — puis son enfant, après elle. Autant que je sache, dit-il en se tournant pour lancer un regard à Ian, elle ne porte l'enfant de personne.
Un enfant assurerait à n'en pas douter la légitimité d'Ian. Pour le moment, il ne pouvait revendiquer le château que pour Sileas et leur future descendance.
— Ça ne fait qu'une semaine qu'il est rentré, cria Alex. Laissez-lui un peu de temps.
Sa remarque déclencha plusieurs éclats de rire et dissipa quelque peu la tension née de l'intervention dissipa quelque peu la tension née de l'intervention de Gôrdan.
Mais celui-ci ne s'en laissa pas conter.
— Ian l'a abandonnée, reprit-il. Si Sileas décide de choisir un autre mari, personne ne pourra l'en blâmer.
— Elle n'a jamais fait, et ne fera jamais, une chose pareille ! intervint Ian qui luttait pour se libérer du bras de Duncan afin d'aller coller son poing dans la figure de Gôrdan.
— Tout ce que je sais, répliqua celui-ci en se tournant de nouveau pour s'assurer qu'Ian n'en manque pas un mot, c'est qu'un homme ne risque pas de donner un enfant à sa femme si elle ne partage pas son lit.
Cette fois, Duncan ne put retenir Ian, qui se jeta sur Gôrdan. Tous deux roulèrent au sol, mais Ian ne put assener que quelques coups de poing avant que Connor et Alex s'interposent. En se relevant, Gôrdan essaya à son tour de frapper Ian, mais Duncan l'attrapa par-derrière et l'en empêcha.
— Si tu n'as pas encore couché avec elle, siffla Connor tout près du visage d'Ian, veille à y remédier avant que nous réunissions les hommes pour reprendre le château.
— Tu peux compter sur moi, répondit Ian, la mâchoire crispée et un regard assassin rivé sur son cousin.
— Quant à toi, Gôrdan MacDonald, reprit
— Quant à toi, Gôrdan MacDonald, reprit Connor en saisissant son interlocuteur par le devant de sa chemise, si tu crois que Sileas devrait te choisir pour époux, je te suggère de la fermer et de garder ton venin pour le combat visant à récupérer son château.
— Sileas est ma femme, déclara Ian sans quitter son rival des yeux. Si Gôrdan veut me la ravir, il devra d'abord me passer sur le corps. (Sur ces mots, il se dégagea de l'étreinte de Connor et remonta toute l'assemblée pour venir se placer au centre de la salle.) Un MacDonald se bat pour ce qui lui appartient, cria-t-il aux hommes réunis. Je vous demande de vous joindre à moi et de combattre à mes côtés, au nom de notre clan, pour reprendre Knock Castle. Mais que vous vous ralliiez à moi ou non, je le récupérerai. Parce que je suis un MacDonald et que je protège ce qui m'appartient. (Il laissa son regard dériver lentement sur l'assistance, puis dégaina sa claymore et la brandit.) Je suis Ian MacDonald, mari de Sileas, et je vais reprendre Knock Castle !
Le plancher de l'église vibra sous le martèlement des pieds et des claymores, tandis que les hommes donnaient de la voix avec Ian, ébranlant tout l'édifice avec leurs cris de guerre.
— Knock Castle ! Knock Castle ! Knock Castle !
Chapitre 18